Oeuvre commentée (1)
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1
p. 223-227
COMEDIE ITALIENNE.
Début :
Le 3 Juillet, les Comédiens Italiens ont donné la premiere représentation du [...]
Mots clefs :
Comédiens-Italiens, Comédie-Italienne, Bouquet, Plaisir, Danser
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texteReconnaissance textuelle : COMEDIE ITALIENNE.
COMEDIE ITALIENNE.
E 3 Juillet, les Comédiens Italiens ont
donné la premiere repréſentation du
Prix de la beauté , ou du Jugement de Paris,
Comédie- Ballet , en un acte , en vers. Le
public l'a reçue favorablement. M. Mailhol
en eft l'auteur. Elle eft accompagnée de la
Soirée villageoife , divertiffement de la compofition
de M. Deheffe. Tout le ballet eft
amufant & bien deffiné , mais il y a furtout
un pas de trois extrêmement piquant,
& parfaitement exécuté par Mlle Catinon
en berger , par Mile Camille en payſanne,
& par le fieur Billioni en payfan. Ce dernier
qui furprend la payfanne qu'il aime
danfant avec le berger , fait éclater fa jaloufie
, ce qui occafionne entr'eux une difpure
qui finit par un raccommodement dont le
payfan eft la dupe .
>
Je faifis cette occafion pour parler d'un
très-joli divertiffement intitulé le Bouquet ,
que Mlle Catinon , Mlle Louifon fa foeur ,
& le jeune Vifentini ont donné à M. Deheffe
chez lui à Fontarabie (a) , la veille de
la S. Jean. On peut dire que la reconnoiſſan-
(a) Fontarabie eft à l'extrêmité du Fauxbourg
Antoine.
Kiv
224 MERCURE DE FRANCE.
ce a imaginé cette fête , & que le zele l'a
exécutée . Elle eft compofée de trois fcenes
qui amenent le baller . Vifentini paroit ſeul
dans lapremiere avec une corbeille de fleurs,
faifant un bouquet. Catinon furvient ,
& veut lui ravir la corbeille , mais quand
elle apprend que les fleurs font deftinées à
former un bouquet pour M. Deheffe , elle
compofe avec Vifentini & lui propofe de
faire ce bouquet enfemble , il y confent ;
à peine l'ont- ils fim que Louifon qui les
épie , s'en faifit fur le tabouret où ils l'ont
laiffé ; nouveau fujet de difpute . Louifon
ne veut pas céder , & leur dit que puiſqu'ils
font obligés tous trois à la même reconnoiffance
, le bouquet doit être commun
entr'eux . Dans cet embarras , ils tirent au
doigt mouillé. Le fort favorife Catinon
qui récite la fable fuivante avant que de
préfenter le bouquet.
A peine éclofe , une jeune Fauvette
D'une aîle foible effay oit le reffort .....
Pour raifonner jeuneffe n'eft pas faite.
Quand elle réuffit c'eſt l'ouvrage du fort.
Notre Fauvette donc , pour éprouver les forces
S'éleve , prend fon vol , & s'admire dans l'air ,
Premiers fuccès font des amorces.
Bientôt elle s'élance , & part comme un éclair.
Un homme près de là logeoit... homme admirable,
A O UST. 1755. 225
Qui poffédoit tous les talens ,
Sçavoit les enfeigner d'une maniere aimable ,
Et répandre fur eux des regards bienfaifans .
Dans fa chambre par la fenêtre
La Fauvette entre & ſe poſe fur lui ;
Il la prend , il la flatte , enfin lui fait connoître
Qu'elle n'a rien à craindre , & qu'il eft fon appui.
Depuis ce moment là , fes foins , fa patience
Ont pris plaifir à la former.
A fa table avec complaifance
Il la place , il la fifle ... Ah ! qu'on fe fait aimer ,
Quand aux bienfaits on joint la douceur , la conftance
,
Auffi l'oifeau plein de reconnoiffance .....
Ah ! cher,coufin , eft- il befoin qu'ici
Je poufle plus avant cette fable imparfaite ?
Tout Paris connoît l'homme à qui j'écris ceci ,
Et l'on fçait bien que je fuis la Fauvette. (a )
Catinon préfente le bouquet . On danfe . Enfuite
on chante plufieurs couplets , dont je ne
mets que les deux fuivans par le peu de place
qui me reste.
( a ) Cette fable , toute ingénieufe qu'elle eft ,
perd la moitié de fa grace fur le papier. L'aimable
Catinon en la récitant devant fon coufin y mettoit
un fentiment fi naïf & fi vrai , elle étoit fi touchée,
qu'elle arrachoit des larmes de tous les fpectateurs,
& j'avouerai que j'étois du nombre.
Kv
226 MERCURE DE FRANCE.
Air. De la ronde de la fête d'amour ,
Sans le plaifir d'aimer , &c.
Catinon.
C'eſt lui qui m'a fait avancer
Dans l'art de bien danfer.
Auffi c'eft à me furpaffer
Qu'en ce jour je m'apprête
Sans le plaifir d'danfer
Eft- il de bonne fête.
Vifentini.
'Ah ! mon oncle , c'eſt bien penfer ,
Quel plaifir d'danfer.
De tous nos coeurs fans balancer ,
Vous faites la conquête.
Ah ! quel plaifir d'danfer ,
Quand c'eft pour votre fête.
On finit par la contredanfe .
Il eſt doux d'être ainfi célébré par de
jeunes talens , dont on eft le protecteur , &
qu'on a adoptés pour fa famille. Peut- on
être mieux payé de fes bienfaits ? La fête
dont le coeur fait les frais & les honneurs
eft toujours la plus intéreffante. Voilà pourquoi
je m'empreffe de la publier pour le
bon exemple,
1
A O UST. 1755. 227
LE NOUVEAU DOCTEUR , Continue fon début
dans différentes pieces italiennes. Les
connoiffeurs le voient toujours avec la
même fatisfaction. C'eft dommage qu'un
docteur italien foit un perfonnage peu intéreffant
pour un public françois.
Voici l'extrait du Maître de musique que
nous avions promis .
E 3 Juillet, les Comédiens Italiens ont
donné la premiere repréſentation du
Prix de la beauté , ou du Jugement de Paris,
Comédie- Ballet , en un acte , en vers. Le
public l'a reçue favorablement. M. Mailhol
en eft l'auteur. Elle eft accompagnée de la
Soirée villageoife , divertiffement de la compofition
de M. Deheffe. Tout le ballet eft
amufant & bien deffiné , mais il y a furtout
un pas de trois extrêmement piquant,
& parfaitement exécuté par Mlle Catinon
en berger , par Mile Camille en payſanne,
& par le fieur Billioni en payfan. Ce dernier
qui furprend la payfanne qu'il aime
danfant avec le berger , fait éclater fa jaloufie
, ce qui occafionne entr'eux une difpure
qui finit par un raccommodement dont le
payfan eft la dupe .
>
Je faifis cette occafion pour parler d'un
très-joli divertiffement intitulé le Bouquet ,
que Mlle Catinon , Mlle Louifon fa foeur ,
& le jeune Vifentini ont donné à M. Deheffe
chez lui à Fontarabie (a) , la veille de
la S. Jean. On peut dire que la reconnoiſſan-
(a) Fontarabie eft à l'extrêmité du Fauxbourg
Antoine.
Kiv
224 MERCURE DE FRANCE.
ce a imaginé cette fête , & que le zele l'a
exécutée . Elle eft compofée de trois fcenes
qui amenent le baller . Vifentini paroit ſeul
dans lapremiere avec une corbeille de fleurs,
faifant un bouquet. Catinon furvient ,
& veut lui ravir la corbeille , mais quand
elle apprend que les fleurs font deftinées à
former un bouquet pour M. Deheffe , elle
compofe avec Vifentini & lui propofe de
faire ce bouquet enfemble , il y confent ;
à peine l'ont- ils fim que Louifon qui les
épie , s'en faifit fur le tabouret où ils l'ont
laiffé ; nouveau fujet de difpute . Louifon
ne veut pas céder , & leur dit que puiſqu'ils
font obligés tous trois à la même reconnoiffance
, le bouquet doit être commun
entr'eux . Dans cet embarras , ils tirent au
doigt mouillé. Le fort favorife Catinon
qui récite la fable fuivante avant que de
préfenter le bouquet.
A peine éclofe , une jeune Fauvette
D'une aîle foible effay oit le reffort .....
Pour raifonner jeuneffe n'eft pas faite.
Quand elle réuffit c'eſt l'ouvrage du fort.
Notre Fauvette donc , pour éprouver les forces
S'éleve , prend fon vol , & s'admire dans l'air ,
Premiers fuccès font des amorces.
Bientôt elle s'élance , & part comme un éclair.
Un homme près de là logeoit... homme admirable,
A O UST. 1755. 225
Qui poffédoit tous les talens ,
Sçavoit les enfeigner d'une maniere aimable ,
Et répandre fur eux des regards bienfaifans .
Dans fa chambre par la fenêtre
La Fauvette entre & ſe poſe fur lui ;
Il la prend , il la flatte , enfin lui fait connoître
Qu'elle n'a rien à craindre , & qu'il eft fon appui.
Depuis ce moment là , fes foins , fa patience
Ont pris plaifir à la former.
A fa table avec complaifance
Il la place , il la fifle ... Ah ! qu'on fe fait aimer ,
Quand aux bienfaits on joint la douceur , la conftance
,
Auffi l'oifeau plein de reconnoiffance .....
Ah ! cher,coufin , eft- il befoin qu'ici
Je poufle plus avant cette fable imparfaite ?
Tout Paris connoît l'homme à qui j'écris ceci ,
Et l'on fçait bien que je fuis la Fauvette. (a )
Catinon préfente le bouquet . On danfe . Enfuite
on chante plufieurs couplets , dont je ne
mets que les deux fuivans par le peu de place
qui me reste.
( a ) Cette fable , toute ingénieufe qu'elle eft ,
perd la moitié de fa grace fur le papier. L'aimable
Catinon en la récitant devant fon coufin y mettoit
un fentiment fi naïf & fi vrai , elle étoit fi touchée,
qu'elle arrachoit des larmes de tous les fpectateurs,
& j'avouerai que j'étois du nombre.
Kv
226 MERCURE DE FRANCE.
Air. De la ronde de la fête d'amour ,
Sans le plaifir d'aimer , &c.
Catinon.
C'eſt lui qui m'a fait avancer
Dans l'art de bien danfer.
Auffi c'eft à me furpaffer
Qu'en ce jour je m'apprête
Sans le plaifir d'danfer
Eft- il de bonne fête.
Vifentini.
'Ah ! mon oncle , c'eſt bien penfer ,
Quel plaifir d'danfer.
De tous nos coeurs fans balancer ,
Vous faites la conquête.
Ah ! quel plaifir d'danfer ,
Quand c'eft pour votre fête.
On finit par la contredanfe .
Il eſt doux d'être ainfi célébré par de
jeunes talens , dont on eft le protecteur , &
qu'on a adoptés pour fa famille. Peut- on
être mieux payé de fes bienfaits ? La fête
dont le coeur fait les frais & les honneurs
eft toujours la plus intéreffante. Voilà pourquoi
je m'empreffe de la publier pour le
bon exemple,
1
A O UST. 1755. 227
LE NOUVEAU DOCTEUR , Continue fon début
dans différentes pieces italiennes. Les
connoiffeurs le voient toujours avec la
même fatisfaction. C'eft dommage qu'un
docteur italien foit un perfonnage peu intéreffant
pour un public françois.
Voici l'extrait du Maître de musique que
nous avions promis .
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Résumé : COMEDIE ITALIENNE.
Le 3 juillet, les Comédiens Italiens ont présenté la première représentation de la comédie-ballet 'Le Prix de la beauté, ou du Jugement de Paris', écrite par M. Mailhol. Cette pièce, en un acte et en vers, a été bien accueillie par le public. Elle était accompagnée du divertissement 'Soirée villageoise', composé par M. Deheffe. Le ballet était amusant et bien structuré, avec un pas de trois particulièrement remarquable exécuté par Mlle Catinon, Mlle Camille et le sieur Billioni. Dans cette scène, Billioni, jaloux, surprend la paysanne qu'il aime en train de danser avec le berger, ce qui provoque une dispute se terminant par un raccommodement où le paysan est dupé. L'auteur mentionne également un autre divertissement intitulé 'Le Bouquet', donné par Mlle Catinon, Mlle Louison et le jeune Vincentini à M. Deheffe chez lui à Fontarabie, la veille de la Saint-Jean. Ce divertissement, composé de trois scènes menant au ballet, a été imaginé et exécuté avec zèle. Vincentini apparaît seul avec une corbeille de fleurs, formant un bouquet. Catinon survient et veut lui ravir la corbeille, mais ils décident de faire le bouquet ensemble. Louison, qui les épie, s'en empare, ce qui provoque une nouvelle dispute. Ils tirent au sort pour décider du destin du bouquet. Catinon récite une fable avant de présenter le bouquet, suivie de danses et de chants. La fête se termine par une contredanse, soulignant la douceur d'être célébré par de jeunes talents protégés.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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