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1
p. 1200
« On a remis depuis peu au Théatre la petite Comédie en trois Actes et [...] »
Début :
On a remis depuis peu au Théatre la petite Comédie en trois Actes et [...]
Mots clefs :
Charles Dufresny
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texteReconnaissance textuelle : « On a remis depuis peu au Théatre la petite Comédie en trois Actes et [...] »
Na remis depuis peu au Théatre
la petite Comédie en trois Actes et
en Vers , de feu M. Dufresni , intitulée
le Lot supposé , que le Public revoit avec
beaucoup de plaisir .
la petite Comédie en trois Actes et
en Vers , de feu M. Dufresni , intitulée
le Lot supposé , que le Public revoit avec
beaucoup de plaisir .
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2
p. 1201-1210
LE RENDEZ-VOUS, ou l'Amour Supposé, Comédie, en un Acte, représentée au Théatre François avec beaucoup de succès, le 27. May. Extrait.
Début :
ACTEURS. Lucile, jeune veuve. La Dlle Gaussin. Valere, Le [...]
Mots clefs :
Rendez-vous, Lucile, Valère, Lisette, Crispin, Amour, Départ, Succès, Entendre
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texteReconnaissance textuelle : LE RENDEZ-VOUS, ou l'Amour Supposé, Comédie, en un Acte, représentée au Théatre François avec beaucoup de succès, le 27. May. Extrait.
LE RENDEZ -VOUS , ou l'Amour
Supposé , Comédie , en un Acte , représentée
au Théatre François avec beaucoup
de succès , le 27. May. Exttait.
·
ACTEURS.
Lucile , jeune veuve.
Valere
و
La Dlle Gaussin.
Le sieur Dufresne.
Lisette , Suivante de Lucile , La Dlle Quinauit
,
Crispin , Valet de Valere, Le sieur Poisson ,
M. Jacquemin , Sous - Fermier , amoureux
, & c. Le sieur Lathorilliere.
Charlot , Jardinier de Lucile , Le sieur
de Montmesnil.
La Scene est dans une Ville de Bretagne
et le Théatre représente l'Avenuë d'un
Château.
Valere et Lucile , qui sont les principaux
Personnages de cette Piece , viennent
de terminer un Procès , auquel un
Testament qui les nommoit , l'un héritier
, et l'autre Légataire , avoit donné
lieu . Valere est sur le point de partir
de Bretagne pour s'en retourner à
Paris ; ce prompt départ n'est pas au
gré de Crispin , non plus que de Lisette
; ils s'aiment et voudroient bien n'ê
I. Vol.
tre
1202 MERCURE DE FRANCE
tre pas séparez. C'est ici que l'action
theatrale commence ; ils ont imaginé
une ruse dont le succès est fondé
sur cette maxime : aimez et vous serez
aimé ; en effet , à peine Crispin a- t'il fait
croire à Valere que Lucile l'aime , que
la reconnoissance prépare son coeur à l'amour
; il en est de même de Lucile , à qui
Lisette fait entendre que Valere l'adore ,
sans avoir jamais osé le lui déclarer . Crispin
dit à son Maître que Lucile doit se
promener ce soir dans le Jardin , dans
P'esperance de l'y trouver et de le voir
du moins pour quelques momens avant
un départ qui doit lui donner la mort.
Voici les propres termes de Crispin :
Sous cet épais feuillage ,
Cette Beauté cedant à l'amour qui l'engage ,
Comme pour prendre l'air , doit se trouver ce
soir ;
Avant votre départ , elle voudroit vous voir ;
On m'a sollicité pour vous le faire entendre ,
Si donc , ce soir aussi, vous vouliez vous y ren
dre ,
Notre Veuve discrette , aux yeux de son vainqueur
,
Exposeroit le feu qu'elle cache en son coeur ,
Sans causer de scandale et sans qu'on en murmure.
I. Vol. Valere
JUIN. 1733. 1203
Valere donne dans le piége ; Crispin
lui a déja fait entendre que Lucile a
donné des indices plus sûrs de l'amour
secret qu'elle a pour lui et dont Lisette
lui a fait confidence ; il lui a appris que
Lucile n'avoit pû soutenir la funeste
nouvelle de son départ , et qu'elle étoit
tombée en pamoison entre les bras de sa
Suivante.Cet adroit mensonge ne le laisse
point douter qu'il ne soit éperdument
aimé ; mais son amour propre le lui
suade bien mieux , comme Crispin le fait
connoître par ce petit Monologue.
per-
Le mensonge est lâché ; courage , il croit qu'on
l'aime ;
La bonne opinion et l'amour de soi - même ,
Chez lui seront encore , à ce que je conçoi ,
Et meilleurs Orateurs et plus fourbes que moi.'
Lisette joie à peu près le même côle
auprès de sa Maîtresse ; elle lui dit , nonseulement
qu'elle est adorée de Valere ,
mais qu'elle est surprise qu'elle ne s'en
soit pas apperçuë . Elle lui parle entre autres
choses d'une Lettre de Valere qu'elle
a trouvée sur sa Toilette , et qui , ditelle
, sous des termes ordinaires , cache
adroitement une déclaration d'amour
dans toutes les formes ; cette Lettre déją
lûë par Lisette , autorise le Commentaire
1. Vol. in1204
MERCURE DE FRANCE
ingénieux qu'elle semble en faire sur le
champ, et qui ne seroit pas si vrai- semblable
, s'il n'avoit été étudié à loisir ; voila
donc nos deuxAmans disposez à se trouver
au rendez -vous imaginé par leurs Domesti
ques ; Lucile y résiste d'abord , mais Lisette
tranche toutes les difficultez par
ce Vers :
Enfin que voulez- vous ? j'ai donné ma parole,
Ce qui confirme Lucile dans l'opinion
qu'elle est aimée de Valere , c'est là brusque
incartade que lui vient faire M. Jac
quemin , Sous- Fermier et l'un de ses soupirans
, à qui , par une nouvelle fourberie
, Crispin à fait entendre que son
Maître est son Rival . Jacquemin éclate
contre Lucile et retire la parole qu'il
lui avoit donnée de l'épouser .
Crispin et Lisette s'applaudissent déja
d'un plein succès , mais par malheur ils
ont été entendus de Charlot , Amoureux
de Lisette , qui pour se venger de la préference
qu'elle donne à Crispin , veut
observer de plus près ce complot , dont
il n'a encore qu'une legere connoissance
, et en empêcher la réussite .
Valere se trouve le premier au prétendu
rendez - vous , accompagné de Crispin
; Lucile ne tarde pas d'y venir , sui-
I. Vel.
vie
JUIN. 1733. 1205
vie de Lisette. Cette Scene , est sans contredit
, neuve et charmante ; ce qui nous
engage à en inserer ici quelques fragmens.
Valere à Lucile.
Puis qu'un hazard heureux auprès de vous me
guide ,
Avant que de partir , Madame , il m'est bien
doux ,
De pouvoir librement prendre congé de vous.
Lucile.
Vous partez donc , Valere
Helas !
Crispin.
Il le faut bien , Madame ;
Lisette.
Crispin.
Tais-toi , Lisette , où je vais rendre l'ame.
Valere.
Je l'avouerai pourtant , si , contre mon espoir ,
En ce dernier moment je pouvois entrevoir ,
Un destin trop flateur pour moi , trop favo
rable ,
L'Arrêt de mon départ n'est point irrévocable,
Lucile.
Quel sort attendez - vous ? quand on n'ose parler,
Quand l'amour avec art prend soin de se voiler ,
Ses feux sont étouffez par l'extrême prudence ,
I. Vol. Et
1207 MERCURE DE FRANCE
Et l'on est quelquefois victime du silence.
Valere.
Ah ! lorsque cent raisons nous forcent de cou
vrir ,
Un penchant dont le coeur se plaît à se nourrir ,
Dans un objet épris tout en rend témoignage ;
Il est pour s'exprimer, il est plus d'un langage ;
Un regard , un soupir , au défaut de la voix
Ont souvent malgré nous déclaré notre choix.
Oui , madame , les yeux les yeux révelent le mystere , & c.
"
>
A ce dernier Vers prononcé passionné
ment , Crispin baise la main de Lucile
qui croit que c'est Valere même à qui
l'excès de sa passion a fait prendre cette
liberté ; le reproche qu'elle lui en fait est
conçû en des termes qui lui font croire
qu'elle l'y invite elle même ; il lui baisë
la main avec transport , en disant :
Ah ! que m'accordez- vous !
à part.
Quelle aimable franchise !
Je n'en sçaurois douter , elle m'aime éperdument.
Il la presse de prononcer sur son départ
; comme elle ne répond rien , il veut
se retirer ; mais Lisette le retient secrettement
; il croit que c'est Lucile mê
me qui s'oppose à son départ , et ce qui
I. Vol. Ty
JUI N.
1733. 1207
l'y confirme , c'est que Lucile lui dit dans
le moment.
Pourquoi donc vous livrer à tant de défiance?
Ah ! concevez plutôt une juste esperance , &c.
Jusques- là Crispin et Lisette chantent
victoire ; mais Charlot qui a tout entendu
sans être apperçû , les fait bientôt déchanter.
Cette nouvelle Scene est toutà
-fait comique ; Crispin et Lisette s'efforcent
de fermer la bouche à Charlot ;
mais il ne laisse pas de jaser et de dire
à Valere et à Lucile ;
Vous ne vous aimez pas , je vous en avertis ;
Valere,
Il a bu surement,
Charlot,
Non , morgué, je le dis
Vous n'avez nullement d'amiquié . l'un pous
l'autre ;
C'est cette fine mouche avec ce bon Apotre ,
Qui vous laissont tous deux donner dans le pa¬
niau ;
Tout votre bel amour n'est que dans leur cer
yiau ;
Ils avont à par eux manigancé la chose ,
Et si vous vous aimez , j'en devine la cause ;
I. Vol.
11
108 MERCURE DE FRANCE
•
Il faut qu'ils soient sorciez comme des bas Normands
,
Et sçachiont un secret pour faire aimer les
.gens.
Valere et Lucile ne doutent point que
Charlot ne soit yvre ; 'on le chasse : Lisette
ajoute à ce soupçon d'yvresse un
autre motif , et dit :
Non , Madame , voici la vérité du fait ;
Charlot m'aime , et Crispin lui donne de l'ombrage
;
La peur qu'il a , je crois que Monsieur ne s'enj
gage
Par estime pour vous , à séjourner icy ,
Sans rime et sans raison , le fait parler ainsi.
Crispin et Lisette sont à peine sortis de
la premiere allarme que Charlot leur a
donnée , qu'ils retombent dans une seconde
, dont ils désesperent de pouvoir
se tirer.
Valere demande à Lucile si elle est toutà
- fait remise de l'indisposition qu'elle a
euë le jour précédent Lucile fort étonnée
, lui répond qu'elle n'a nullement
été indisposée ; elle lui parle à son tour
de la Lettre énigmatique que Lisette a si
joliment commentée.
Valere lui répond qu'il ne sçait ce que
c'est que cette Lettre , il ajoute :
I. Vol. Jc
JUIN.
1209 1733
Je n'ai point eu , je croi , l'honneur de vous
écrire
,
Si ce n'est quatre mots , quand vous me fîtes
dire ,
Que sur nos différens vous vouliez terminer ;
Mon Procureur dicta , je ne fis que signer.
7
Cette double explication déconcerte
entierement Crispin et Lisette ; Valere
outré de colere contre Crispin , lui jure
de lui faire payer cher son mensonge ;
Lucile en promet autant à Lisette ; pour
surcroit de malheur M.Jacquemin , désabusé
par Charlot , fait dire à Lucile qu'il
viendra la voir pour faire sa paix avec
elle.Lucile répond froidement au Laquais
de M. Jacquemin ;
Dis lui que rien ne presse et que je len tiens
quitte.
lere
Cette froide réponse fait esperer à Vaque
la feinte pourroit bien devenir
ane vérité , comme il le souhaite. Il coninue
à lui parler d'amour ; elle l'écoute
vec plaisir ; il pardonne à Crispin , elle
ait grace à Lisette ; et le rendez - vous a
out le succès que le Valet et la Suivante
uroient pû esperer.
Cette Piece a paruë tres - jolie , et a fait
ouhaiter au public que M, Fagan, qui en
I. Vol. est
210 MERCURE DE FRANCE
est l'Auteur , continuât à lui faire part de
ses productions. Au reste les Acteurs s'y
sont tous distinguez par leur maniere de
joier.
Supposé , Comédie , en un Acte , représentée
au Théatre François avec beaucoup
de succès , le 27. May. Exttait.
·
ACTEURS.
Lucile , jeune veuve.
Valere
و
La Dlle Gaussin.
Le sieur Dufresne.
Lisette , Suivante de Lucile , La Dlle Quinauit
,
Crispin , Valet de Valere, Le sieur Poisson ,
M. Jacquemin , Sous - Fermier , amoureux
, & c. Le sieur Lathorilliere.
Charlot , Jardinier de Lucile , Le sieur
de Montmesnil.
La Scene est dans une Ville de Bretagne
et le Théatre représente l'Avenuë d'un
Château.
Valere et Lucile , qui sont les principaux
Personnages de cette Piece , viennent
de terminer un Procès , auquel un
Testament qui les nommoit , l'un héritier
, et l'autre Légataire , avoit donné
lieu . Valere est sur le point de partir
de Bretagne pour s'en retourner à
Paris ; ce prompt départ n'est pas au
gré de Crispin , non plus que de Lisette
; ils s'aiment et voudroient bien n'ê
I. Vol.
tre
1202 MERCURE DE FRANCE
tre pas séparez. C'est ici que l'action
theatrale commence ; ils ont imaginé
une ruse dont le succès est fondé
sur cette maxime : aimez et vous serez
aimé ; en effet , à peine Crispin a- t'il fait
croire à Valere que Lucile l'aime , que
la reconnoissance prépare son coeur à l'amour
; il en est de même de Lucile , à qui
Lisette fait entendre que Valere l'adore ,
sans avoir jamais osé le lui déclarer . Crispin
dit à son Maître que Lucile doit se
promener ce soir dans le Jardin , dans
P'esperance de l'y trouver et de le voir
du moins pour quelques momens avant
un départ qui doit lui donner la mort.
Voici les propres termes de Crispin :
Sous cet épais feuillage ,
Cette Beauté cedant à l'amour qui l'engage ,
Comme pour prendre l'air , doit se trouver ce
soir ;
Avant votre départ , elle voudroit vous voir ;
On m'a sollicité pour vous le faire entendre ,
Si donc , ce soir aussi, vous vouliez vous y ren
dre ,
Notre Veuve discrette , aux yeux de son vainqueur
,
Exposeroit le feu qu'elle cache en son coeur ,
Sans causer de scandale et sans qu'on en murmure.
I. Vol. Valere
JUIN. 1733. 1203
Valere donne dans le piége ; Crispin
lui a déja fait entendre que Lucile a
donné des indices plus sûrs de l'amour
secret qu'elle a pour lui et dont Lisette
lui a fait confidence ; il lui a appris que
Lucile n'avoit pû soutenir la funeste
nouvelle de son départ , et qu'elle étoit
tombée en pamoison entre les bras de sa
Suivante.Cet adroit mensonge ne le laisse
point douter qu'il ne soit éperdument
aimé ; mais son amour propre le lui
suade bien mieux , comme Crispin le fait
connoître par ce petit Monologue.
per-
Le mensonge est lâché ; courage , il croit qu'on
l'aime ;
La bonne opinion et l'amour de soi - même ,
Chez lui seront encore , à ce que je conçoi ,
Et meilleurs Orateurs et plus fourbes que moi.'
Lisette joie à peu près le même côle
auprès de sa Maîtresse ; elle lui dit , nonseulement
qu'elle est adorée de Valere ,
mais qu'elle est surprise qu'elle ne s'en
soit pas apperçuë . Elle lui parle entre autres
choses d'une Lettre de Valere qu'elle
a trouvée sur sa Toilette , et qui , ditelle
, sous des termes ordinaires , cache
adroitement une déclaration d'amour
dans toutes les formes ; cette Lettre déją
lûë par Lisette , autorise le Commentaire
1. Vol. in1204
MERCURE DE FRANCE
ingénieux qu'elle semble en faire sur le
champ, et qui ne seroit pas si vrai- semblable
, s'il n'avoit été étudié à loisir ; voila
donc nos deuxAmans disposez à se trouver
au rendez -vous imaginé par leurs Domesti
ques ; Lucile y résiste d'abord , mais Lisette
tranche toutes les difficultez par
ce Vers :
Enfin que voulez- vous ? j'ai donné ma parole,
Ce qui confirme Lucile dans l'opinion
qu'elle est aimée de Valere , c'est là brusque
incartade que lui vient faire M. Jac
quemin , Sous- Fermier et l'un de ses soupirans
, à qui , par une nouvelle fourberie
, Crispin à fait entendre que son
Maître est son Rival . Jacquemin éclate
contre Lucile et retire la parole qu'il
lui avoit donnée de l'épouser .
Crispin et Lisette s'applaudissent déja
d'un plein succès , mais par malheur ils
ont été entendus de Charlot , Amoureux
de Lisette , qui pour se venger de la préference
qu'elle donne à Crispin , veut
observer de plus près ce complot , dont
il n'a encore qu'une legere connoissance
, et en empêcher la réussite .
Valere se trouve le premier au prétendu
rendez - vous , accompagné de Crispin
; Lucile ne tarde pas d'y venir , sui-
I. Vel.
vie
JUIN. 1733. 1205
vie de Lisette. Cette Scene , est sans contredit
, neuve et charmante ; ce qui nous
engage à en inserer ici quelques fragmens.
Valere à Lucile.
Puis qu'un hazard heureux auprès de vous me
guide ,
Avant que de partir , Madame , il m'est bien
doux ,
De pouvoir librement prendre congé de vous.
Lucile.
Vous partez donc , Valere
Helas !
Crispin.
Il le faut bien , Madame ;
Lisette.
Crispin.
Tais-toi , Lisette , où je vais rendre l'ame.
Valere.
Je l'avouerai pourtant , si , contre mon espoir ,
En ce dernier moment je pouvois entrevoir ,
Un destin trop flateur pour moi , trop favo
rable ,
L'Arrêt de mon départ n'est point irrévocable,
Lucile.
Quel sort attendez - vous ? quand on n'ose parler,
Quand l'amour avec art prend soin de se voiler ,
Ses feux sont étouffez par l'extrême prudence ,
I. Vol. Et
1207 MERCURE DE FRANCE
Et l'on est quelquefois victime du silence.
Valere.
Ah ! lorsque cent raisons nous forcent de cou
vrir ,
Un penchant dont le coeur se plaît à se nourrir ,
Dans un objet épris tout en rend témoignage ;
Il est pour s'exprimer, il est plus d'un langage ;
Un regard , un soupir , au défaut de la voix
Ont souvent malgré nous déclaré notre choix.
Oui , madame , les yeux les yeux révelent le mystere , & c.
"
>
A ce dernier Vers prononcé passionné
ment , Crispin baise la main de Lucile
qui croit que c'est Valere même à qui
l'excès de sa passion a fait prendre cette
liberté ; le reproche qu'elle lui en fait est
conçû en des termes qui lui font croire
qu'elle l'y invite elle même ; il lui baisë
la main avec transport , en disant :
Ah ! que m'accordez- vous !
à part.
Quelle aimable franchise !
Je n'en sçaurois douter , elle m'aime éperdument.
Il la presse de prononcer sur son départ
; comme elle ne répond rien , il veut
se retirer ; mais Lisette le retient secrettement
; il croit que c'est Lucile mê
me qui s'oppose à son départ , et ce qui
I. Vol. Ty
JUI N.
1733. 1207
l'y confirme , c'est que Lucile lui dit dans
le moment.
Pourquoi donc vous livrer à tant de défiance?
Ah ! concevez plutôt une juste esperance , &c.
Jusques- là Crispin et Lisette chantent
victoire ; mais Charlot qui a tout entendu
sans être apperçû , les fait bientôt déchanter.
Cette nouvelle Scene est toutà
-fait comique ; Crispin et Lisette s'efforcent
de fermer la bouche à Charlot ;
mais il ne laisse pas de jaser et de dire
à Valere et à Lucile ;
Vous ne vous aimez pas , je vous en avertis ;
Valere,
Il a bu surement,
Charlot,
Non , morgué, je le dis
Vous n'avez nullement d'amiquié . l'un pous
l'autre ;
C'est cette fine mouche avec ce bon Apotre ,
Qui vous laissont tous deux donner dans le pa¬
niau ;
Tout votre bel amour n'est que dans leur cer
yiau ;
Ils avont à par eux manigancé la chose ,
Et si vous vous aimez , j'en devine la cause ;
I. Vol.
11
108 MERCURE DE FRANCE
•
Il faut qu'ils soient sorciez comme des bas Normands
,
Et sçachiont un secret pour faire aimer les
.gens.
Valere et Lucile ne doutent point que
Charlot ne soit yvre ; 'on le chasse : Lisette
ajoute à ce soupçon d'yvresse un
autre motif , et dit :
Non , Madame , voici la vérité du fait ;
Charlot m'aime , et Crispin lui donne de l'ombrage
;
La peur qu'il a , je crois que Monsieur ne s'enj
gage
Par estime pour vous , à séjourner icy ,
Sans rime et sans raison , le fait parler ainsi.
Crispin et Lisette sont à peine sortis de
la premiere allarme que Charlot leur a
donnée , qu'ils retombent dans une seconde
, dont ils désesperent de pouvoir
se tirer.
Valere demande à Lucile si elle est toutà
- fait remise de l'indisposition qu'elle a
euë le jour précédent Lucile fort étonnée
, lui répond qu'elle n'a nullement
été indisposée ; elle lui parle à son tour
de la Lettre énigmatique que Lisette a si
joliment commentée.
Valere lui répond qu'il ne sçait ce que
c'est que cette Lettre , il ajoute :
I. Vol. Jc
JUIN.
1209 1733
Je n'ai point eu , je croi , l'honneur de vous
écrire
,
Si ce n'est quatre mots , quand vous me fîtes
dire ,
Que sur nos différens vous vouliez terminer ;
Mon Procureur dicta , je ne fis que signer.
7
Cette double explication déconcerte
entierement Crispin et Lisette ; Valere
outré de colere contre Crispin , lui jure
de lui faire payer cher son mensonge ;
Lucile en promet autant à Lisette ; pour
surcroit de malheur M.Jacquemin , désabusé
par Charlot , fait dire à Lucile qu'il
viendra la voir pour faire sa paix avec
elle.Lucile répond froidement au Laquais
de M. Jacquemin ;
Dis lui que rien ne presse et que je len tiens
quitte.
lere
Cette froide réponse fait esperer à Vaque
la feinte pourroit bien devenir
ane vérité , comme il le souhaite. Il coninue
à lui parler d'amour ; elle l'écoute
vec plaisir ; il pardonne à Crispin , elle
ait grace à Lisette ; et le rendez - vous a
out le succès que le Valet et la Suivante
uroient pû esperer.
Cette Piece a paruë tres - jolie , et a fait
ouhaiter au public que M, Fagan, qui en
I. Vol. est
210 MERCURE DE FRANCE
est l'Auteur , continuât à lui faire part de
ses productions. Au reste les Acteurs s'y
sont tous distinguez par leur maniere de
joier.
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Résumé : LE RENDEZ-VOUS, ou l'Amour Supposé, Comédie, en un Acte, représentée au Théatre François avec beaucoup de succès, le 27. May. Extrait.
La pièce 'LE RENDEZ-VOUS, ou l'Amour' est une comédie en un acte représentée avec succès le 27 mai. L'action se déroule dans une ville de Bretagne et met en scène plusieurs personnages, dont Lucile, une jeune veuve, et Valere, son héritier. Après un procès lié à un testament, Valere s'apprête à partir pour Paris, ce qui attriste ses serviteurs, Crispin et Lisette, qui sont amoureux l'un de l'autre et ne veulent pas être séparés. Crispin et Lisette élaborent un plan pour réunir Lucile et Valere, en leur faisant croire mutuellement qu'ils sont aimés. Crispin convainc Valere que Lucile l'aime secrètement et l'invite à un rendez-vous dans le jardin. De même, Lisette persuade Lucile que Valere l'adore. Lucile résiste d'abord, mais accepte après que Lisette lui montre une lettre prétendument écrite par Valere. Au rendez-vous, Valere et Lucile se retrouvent et échangent des mots tendres. Cependant, Charlot, le jardinier amoureux de Lisette, révèle la supercherie. Valere et Lucile découvrent la vérité et sont furieux contre leurs serviteurs. Jacquemin, un soupirant de Lucile, désabusé par Charlot, tente de se réconcilier avec Lucile, mais elle reste froide. Finalement, Valere et Lucile pardonnent à leurs serviteurs et la pièce se termine sur une note positive. La pièce a été bien accueillie par le public et les acteurs ont été salués pour leur performance.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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3
p. 1210-1212
EPITRE, A Mlle Dufresne, sur les deux premiers Rôles qu'elle a jouëz, en paroissant sur la Scene.
Début :
Je ne résiste plus, c'est trop long-temps me taire ; [...]
Mots clefs :
Dufresne, Scène, Beau
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : EPITRE, A Mlle Dufresne, sur les deux premiers Rôles qu'elle a jouëz, en paroissant sur la Scene.
EPITRE ,
A Me Dufresne , sur les deux premiers
Rôles qu'elle a jouez , en paroissant
sur la Scene.
J
E ne résiste plus , c'est trop long-temps me
taire ;
Mes transports sont trop vifs , pour ne pas
éclater ;
DUFRESNE , j'ose te chanter ;
Voi , d'un oeil favorable , un hommage sincere ,
Pour me désabuser d'un projet téméraire ,
J'ai beau me dire à tout moment ,
Que pour te louer dignement ,
C'est peu de brûler , d'un beau zéle ,
Qu'il faut encor , d'une plume immor
telle ,
Pouvoir faire couler des Vers aussi pompeux ;
Aussi touchants que ceux ,
A qui tu sçais prêter une grace nouvelle.
Mais si l'infléxible Apollon ,
A mes désirs, refuse un si beau don ;
1. Vol.
Je
JUIN. 1733. 1211
Je me fate du moins d'avoir , pour mon par◄
tage ,
Uu coeur qui sçait sentir ;
Une ame prompte à compatir :
Pour rehausser ta gloire , en faut - il davantage
Tu la tires du sentiment ;
Tu le sçais mieux qu'un autre , exprimer vive
ment ;
C'est à lui seul d'achever mon ouvrage.
Où suis -je ! Quels sanglots ont fait couler mes
pleurs ?
Je n'en sçaurois douter, c'est Electre , elle- mêmes
Je gémis de ses maux , je sens tous ses malheurs;
Que je hais ses persécuteurs !
Ah ! si bien-tôt sensible à ta tendresse extrême ,
Ton cher Oreste enfin n'appaisoit tes douleurs
La pitié m'animant d'une audace intrépide ,
Egiste éprouveroit le courroux qui me guide ,
Princesse , par sa mort , j'irois briser tes fers ,
Trop heureux de pouvoir , au péril de ma vie ,
Apprendre à l'Univers ,
Combien de tes tourmens mon ame est atteng
drie !
Mais quels nouveaux accents , viennent troubles
mon coeur !
Ah ! je la reconnois ! c'est Camille en fureur ;
2-1. Vol. H Elle
1212 MERCURE DE FRANCE
1
Elle demande compte à son barbare frere ,
D'un sang que son amour lui rendoit précieux ;
J'approuve déja sa colere ;
Le farouche vainqueur , me devient odieux ,
Et ne m'attachant plus à la gloire d'Horace
Je souhaite plutôt le sort de Curiace ;
Je le trouve trop doux , puisque si vivement ,
Il avoit pu toucher l'objet le plus charmant,
Poursais , Actrice inimitable !
Nos coeurs émus au gré de tes désirs
Feront , de ton art admirable ,
Leurs plus agréables plaisirs.
Quand sur la Scene on te voit reparoître ,
Qui ne croit voir renaître ,
La Champ-meslé , là le Couvreur ?
Surton art et le leur ,
De décider sans doute il seroit difficile ;
Mais je sçais , qu'à leur voix , Electre ni Cas
mille ,
N'auroient pû , dans mes sens ,
terreur,
A Me Dufresne , sur les deux premiers
Rôles qu'elle a jouez , en paroissant
sur la Scene.
J
E ne résiste plus , c'est trop long-temps me
taire ;
Mes transports sont trop vifs , pour ne pas
éclater ;
DUFRESNE , j'ose te chanter ;
Voi , d'un oeil favorable , un hommage sincere ,
Pour me désabuser d'un projet téméraire ,
J'ai beau me dire à tout moment ,
Que pour te louer dignement ,
C'est peu de brûler , d'un beau zéle ,
Qu'il faut encor , d'une plume immor
telle ,
Pouvoir faire couler des Vers aussi pompeux ;
Aussi touchants que ceux ,
A qui tu sçais prêter une grace nouvelle.
Mais si l'infléxible Apollon ,
A mes désirs, refuse un si beau don ;
1. Vol.
Je
JUIN. 1733. 1211
Je me fate du moins d'avoir , pour mon par◄
tage ,
Uu coeur qui sçait sentir ;
Une ame prompte à compatir :
Pour rehausser ta gloire , en faut - il davantage
Tu la tires du sentiment ;
Tu le sçais mieux qu'un autre , exprimer vive
ment ;
C'est à lui seul d'achever mon ouvrage.
Où suis -je ! Quels sanglots ont fait couler mes
pleurs ?
Je n'en sçaurois douter, c'est Electre , elle- mêmes
Je gémis de ses maux , je sens tous ses malheurs;
Que je hais ses persécuteurs !
Ah ! si bien-tôt sensible à ta tendresse extrême ,
Ton cher Oreste enfin n'appaisoit tes douleurs
La pitié m'animant d'une audace intrépide ,
Egiste éprouveroit le courroux qui me guide ,
Princesse , par sa mort , j'irois briser tes fers ,
Trop heureux de pouvoir , au péril de ma vie ,
Apprendre à l'Univers ,
Combien de tes tourmens mon ame est atteng
drie !
Mais quels nouveaux accents , viennent troubles
mon coeur !
Ah ! je la reconnois ! c'est Camille en fureur ;
2-1. Vol. H Elle
1212 MERCURE DE FRANCE
1
Elle demande compte à son barbare frere ,
D'un sang que son amour lui rendoit précieux ;
J'approuve déja sa colere ;
Le farouche vainqueur , me devient odieux ,
Et ne m'attachant plus à la gloire d'Horace
Je souhaite plutôt le sort de Curiace ;
Je le trouve trop doux , puisque si vivement ,
Il avoit pu toucher l'objet le plus charmant,
Poursais , Actrice inimitable !
Nos coeurs émus au gré de tes désirs
Feront , de ton art admirable ,
Leurs plus agréables plaisirs.
Quand sur la Scene on te voit reparoître ,
Qui ne croit voir renaître ,
La Champ-meslé , là le Couvreur ?
Surton art et le leur ,
De décider sans doute il seroit difficile ;
Mais je sçais , qu'à leur voix , Electre ni Cas
mille ,
N'auroient pû , dans mes sens ,
terreur,
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Résumé : EPITRE, A Mlle Dufresne, sur les deux premiers Rôles qu'elle a jouëz, en paroissant sur la Scene.
L'épître est adressée à Me Dufresne et met en lumière les deux rôles interprétés par une actrice sur scène. L'auteur exprime son admiration et son émotion face aux performances de l'actrice, notamment dans les personnages d'Électre et de Camille. Il souligne la capacité de l'actrice à susciter des émotions intenses, telles que la pitié et la colère, chez les spectateurs. L'auteur compare également l'actrice à des figures légendaires du théâtre, comme La Champmeslé et Le Couvreur, soulignant la difficulté de les départager en termes de talent. Il conclut en louant l'art de l'actrice, capable de toucher profondément les cœurs des spectateurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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4
p. 1212-1213
« Le 6 de ce mois, les Comédiens Italiens donnerent une Comédie nouvelle, en [...] »
Début :
Le 6 de ce mois, les Comédiens Italiens donnerent une Comédie nouvelle, en [...]
Mots clefs :
Musique, Marivaux, Académie royale de musique, Fêtes grecques et romaines
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texteReconnaissance textuelle : « Le 6 de ce mois, les Comédiens Italiens donnerent une Comédie nouvelle, en [...] »
Le 6 de ce mois , les Comédiens Italiens
donnerent une Comédie nouvelle , en
Prose , de M. de Marivaux, que le Public
a reçuë tres-favorablement, Nous en par
lerons plus au long,
1. Vol.
L
JUIN. 1733. 8213
Le 1 Juin , l'Académie Royale de
Musique remit au Théatre les Fêtes Grecques
et Romaines, Ballet Héroïque , représenté
dans sa nouveauté en Juillet 1723 .
Le Poëme est de M. Fuselier , et la Musique
de M. de Blamon , Sur- Intendant de
la Musique du Roy . Cette Piéce qui est
parfaitement bien remise au Théatre , a
été reçue tres-favorablement du public.
On peut voir l'Extrait du Poëme .
dans leMercure de Juillet 1723. page 134.
donnerent une Comédie nouvelle , en
Prose , de M. de Marivaux, que le Public
a reçuë tres-favorablement, Nous en par
lerons plus au long,
1. Vol.
L
JUIN. 1733. 8213
Le 1 Juin , l'Académie Royale de
Musique remit au Théatre les Fêtes Grecques
et Romaines, Ballet Héroïque , représenté
dans sa nouveauté en Juillet 1723 .
Le Poëme est de M. Fuselier , et la Musique
de M. de Blamon , Sur- Intendant de
la Musique du Roy . Cette Piéce qui est
parfaitement bien remise au Théatre , a
été reçue tres-favorablement du public.
On peut voir l'Extrait du Poëme .
dans leMercure de Juillet 1723. page 134.
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Résumé : « Le 6 de ce mois, les Comédiens Italiens donnerent une Comédie nouvelle, en [...] »
En juin 1733, deux événements ont marqué le théâtre parisien. Le 6 juin, les Comédiens Italiens ont présenté une comédie en prose de Marivaux, bien accueillie. Le 1er juin, l'Académie Royale de Musique a repris 'Les Fêtes Grecques et Romaines', un ballet héroïque de 1723, avec un poème de Fuselier et la musique de Blamon. Les représentations ont été bien exécutées et appréciées.
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