Résultats : 3 texte(s)
Accéder à la liste des mots clefs.
Détail
Liste
1
p. 70-77
Ce qu'ils ont veu & dit le jour qu'ils ont esté aux Chartreux. [titre d'après la table]
Début :
Ils allerent le mesme jour au Convent des Chartreux, & [...]
Mots clefs :
Couvent des chartreux, Couvert, Couvent, Religieux, Humilité, Cloître, Pères, Cour, Porte, Tableaux
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : Ce qu'ils ont veu & dit le jour qu'ils ont esté aux Chartreux. [titre d'après la table]
Ils allerent le même jour
au Convent des Chartreux
des Amb. de Siam.
67
10
-bi
& defcendirent de Carofle
dans la court devant la porte
de l'Eglife. On leur dit qu'on
ne venoit point le recevoir , parce
que ces Religieux ayant entierement
renoncé au monde ,&fai-
Sant profeſſion de la plus exacte
humilité , ils n'alloient au devant
de personne. Ils entrerent dans
l'Egliſe où il ne ſe trouva que
celuy qui leur en ouvrit la
porte qui eſtoit fermée parce
qu'il eſtoit déja tard. M
Torf s'étant mis d'abord à
genoux , ils ſuivirent ſon exemple
, & ne ſe releverent
jo
qu'aprés luy. Ils admirerent
enfuite toute la menuiferie ,
Fij
68 Suite du Voyage
qui eſt des plus belles que
l'on voye dans le Royaume.Ils
firent le tour du Choeur pour
en conſiderer les Tableaux.Ils
ont eſté faits par les plus excellens
Peintres que nous
ayons aujourd'huy. Mr Coepel
eſt du nombre. Ils remarquerent
une figure de Bronze
qui eft fur un tombeau devant
le grand Autel , & demanderent
le nom de celuy
qu'elle repreſentoit. On leur
dit que c'eſtoit un Chancelier
de France qui avoit fait
du bien à ce Convent. Hs
paſſerent de- là dans la Sacriitie
,& enſuite dans une gran
des Amb. de Siam . 69
de Salle où il y a des Tableaux
anciens & modernes ,
qu'ils trouverent tres -beaux ,
aprés quoy ils furent conduits
dans le Cloiſtre où toute
la vie de S. Bruno eſt peinte
par Feu Male Sueur. C'eſt
un grand ouvrage & fort
eſtimé de tous les connoiffeurs.
Il eſt couvert par des
volets ſur leſquels font peints
divers Païſages. On les ouvrit
tous pour leur mieux faire
voir la vie de ce Saint , qui
eſt Fondateur de l'Ordre. Aprés
avoir été quelque temps
dans le Cloiſtre où ils trouverent
le P. Vicaire qui les ac-
Füj
70 Suite du Voyage
cópagna avec quelques Religieux
dás tous les autres lieux
où ils allerent , ils entrerent
dans le Refectoire où le couvert
eſtoit mis , parce qu'ils
faifoient ce ſoir la collation
en commun . Ils remarquerent
qu'il y avoit un godet
de terre à chaque couvert
& on leur dit que l'humilité
dont ces Peres faisoient
profeſſion ne leur permettoit pas
de boire dans autre chose. Ils vi-
Grerent enfuite une des Cel
lules , & regarderent le lit ,
la Bibliotheque , & le jardin.
Ils vinrent aprés cela voir une
pompe qui eſt au milieu
,
des Amb. de siam.
71
de la court du grand Cloiſtre,
& qui éleve l'eau & la diftribuë
dans les Cellules. Le pre-
- mier Ambafſfadeur examina
tout ce qui dépend de cette
- machine, & fa curiofité le fit
paffer par des endroits d'un
accés aſſez difficile. Comme
il eſtoit déja tard , il n'eut
pas le temps de voir le reſte
de ce Convent & d'aller
dans le grand Jardin. Il fortit
par un lieu couvert , affez
long , bâty en maniere de
Cloître , & qui donne dans la
court. Il ne s'aperçeut point
que les Peres qui l'avoient
accompagné , ne l'avoient
72 Suite du Voyage
)
pas ſuivy dans ce lieu ; on
luy dit lors qu'il fut au bout
que leur Regle ne leur permettoit
pas de reconduire perſonne. Cela
l'obligea de retourner ſur ſes
pas juſqu'au bout du lieu
qu'il avoitdéja traverſé, pour
remercier ces Peres de leur
honneſteté. Les trois Ambaffadeurs
, & les Mandarins
de leur fuite furent fort édifiez
de l'humilité & de l'aufterité
de ceux de cét Ordre.
Plus les Regles des Religieux
qu'ils voïent font aufteres
, plus ils les eſtiment.
au Convent des Chartreux
des Amb. de Siam.
67
10
-bi
& defcendirent de Carofle
dans la court devant la porte
de l'Eglife. On leur dit qu'on
ne venoit point le recevoir , parce
que ces Religieux ayant entierement
renoncé au monde ,&fai-
Sant profeſſion de la plus exacte
humilité , ils n'alloient au devant
de personne. Ils entrerent dans
l'Egliſe où il ne ſe trouva que
celuy qui leur en ouvrit la
porte qui eſtoit fermée parce
qu'il eſtoit déja tard. M
Torf s'étant mis d'abord à
genoux , ils ſuivirent ſon exemple
, & ne ſe releverent
jo
qu'aprés luy. Ils admirerent
enfuite toute la menuiferie ,
Fij
68 Suite du Voyage
qui eſt des plus belles que
l'on voye dans le Royaume.Ils
firent le tour du Choeur pour
en conſiderer les Tableaux.Ils
ont eſté faits par les plus excellens
Peintres que nous
ayons aujourd'huy. Mr Coepel
eſt du nombre. Ils remarquerent
une figure de Bronze
qui eft fur un tombeau devant
le grand Autel , & demanderent
le nom de celuy
qu'elle repreſentoit. On leur
dit que c'eſtoit un Chancelier
de France qui avoit fait
du bien à ce Convent. Hs
paſſerent de- là dans la Sacriitie
,& enſuite dans une gran
des Amb. de Siam . 69
de Salle où il y a des Tableaux
anciens & modernes ,
qu'ils trouverent tres -beaux ,
aprés quoy ils furent conduits
dans le Cloiſtre où toute
la vie de S. Bruno eſt peinte
par Feu Male Sueur. C'eſt
un grand ouvrage & fort
eſtimé de tous les connoiffeurs.
Il eſt couvert par des
volets ſur leſquels font peints
divers Païſages. On les ouvrit
tous pour leur mieux faire
voir la vie de ce Saint , qui
eſt Fondateur de l'Ordre. Aprés
avoir été quelque temps
dans le Cloiſtre où ils trouverent
le P. Vicaire qui les ac-
Füj
70 Suite du Voyage
cópagna avec quelques Religieux
dás tous les autres lieux
où ils allerent , ils entrerent
dans le Refectoire où le couvert
eſtoit mis , parce qu'ils
faifoient ce ſoir la collation
en commun . Ils remarquerent
qu'il y avoit un godet
de terre à chaque couvert
& on leur dit que l'humilité
dont ces Peres faisoient
profeſſion ne leur permettoit pas
de boire dans autre chose. Ils vi-
Grerent enfuite une des Cel
lules , & regarderent le lit ,
la Bibliotheque , & le jardin.
Ils vinrent aprés cela voir une
pompe qui eſt au milieu
,
des Amb. de siam.
71
de la court du grand Cloiſtre,
& qui éleve l'eau & la diftribuë
dans les Cellules. Le pre-
- mier Ambafſfadeur examina
tout ce qui dépend de cette
- machine, & fa curiofité le fit
paffer par des endroits d'un
accés aſſez difficile. Comme
il eſtoit déja tard , il n'eut
pas le temps de voir le reſte
de ce Convent & d'aller
dans le grand Jardin. Il fortit
par un lieu couvert , affez
long , bâty en maniere de
Cloître , & qui donne dans la
court. Il ne s'aperçeut point
que les Peres qui l'avoient
accompagné , ne l'avoient
72 Suite du Voyage
)
pas ſuivy dans ce lieu ; on
luy dit lors qu'il fut au bout
que leur Regle ne leur permettoit
pas de reconduire perſonne. Cela
l'obligea de retourner ſur ſes
pas juſqu'au bout du lieu
qu'il avoitdéja traverſé, pour
remercier ces Peres de leur
honneſteté. Les trois Ambaffadeurs
, & les Mandarins
de leur fuite furent fort édifiez
de l'humilité & de l'aufterité
de ceux de cét Ordre.
Plus les Regles des Religieux
qu'ils voïent font aufteres
, plus ils les eſtiment.
Fermer
Résumé : Ce qu'ils ont veu & dit le jour qu'ils ont esté aux Chartreux. [titre d'après la table]
Les ambassadeurs de Siam visitèrent le couvent des Chartreux. Ils furent informés que les religieux ne les accueillaient pas en raison de leur vœu d'humilité. Ils admirèrent l'église, sa menuiserie et ses tableaux, notamment ceux de Mr Coepel. Ils remarquèrent une figure de bronze sur un tombeau, représentant un chancelier de France ayant aidé le couvent. Ils visitèrent la sacristie, une grande salle avec des tableaux anciens et modernes, et le cloître, où la vie de Saint Bruno est peinte par Feu Male Sueur. Accompagnés par le Père Vicaire et quelques religieux, ils observèrent dans le réfectoire que chaque couvert avait un godet de terre, symbole de l'humilité des religieux. Ils visitèrent également une cellule, la bibliothèque, le jardin et une pompe dans la cour du grand cloître. L'ambassadeur examina la pompe avec curiosité. En raison de l'heure tardive, ils ne purent voir le reste du couvent ni le grand jardin. Les religieux ne les reconduisirent pas, conformément à leur règle. Les ambassadeurs furent impressionnés par l'humilité et l'austérité des religieux.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Fermer
2
p. [1415]-1421
LA SCIENCE, ODE.
Début :
Fuyez, Esclaves volontaires, [...]
Mots clefs :
Grèce, Humilité, Arrogance, Pyrrhonisme, Sophisme, Mânes
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : LA SCIENCE, ODE.
LA
SCIENCE ,
O D E.
Uyez , Esclaves volontaires ,
D'un aveuglement séducteur.
Craignez que mes traits salutaires ,
Ne percent un masque imposteur,
Loin ces hommes dont l'arrogance ,
Pour prix d'une vaine Science ,
Semble demander des Autels :
Je hais ces lumieres steriles ,
II, Vol A ij Qui
1416 MERCURE
DE FRANCE
Qui sans les rendre plus habiles ,
Les ont rendus plus criminels.
諾T
Celui qui des Mysteres sombres ,
Connoît toute la profondeur
Se cache sous d'épaisses ombres ,
Et nous dérobe sa grandeur.
Ainsi , privez de sa lumiere ,
Toûjours une vapeur grossiere ,
Obscurcit nos foibles esprits :
Heureux ! si limitant leur vûë ,
Le Ciel eût borné l'étenduë ,
De l'orgueil dont ils sont épris !
Mais , helas ! suivant avec joye ,
D'agréables impressions ,
Les hommes se livrent en proye ,
A de douces illusions.
Un foible rayon vient -il luire ? }
Si leur esprit cherche à s'instruire,
Leur vanité le croit instruit ;
Et ces insensez qu'on adore ,
Abusant d'une belle Aurore ,
Restent dans une affreuse nuit,
Ainsi par des routes chéries ,
11. Vol. L'orgueil
JUIN. 173. 1417
L'orgueil nous promene à son gré.
De ses subtiles flatteries ,
L'esprit est bien- tôt enyvré.
Dans le piege d'un vain systême ,
Que le coeur se tend à lui -même ,
L'homme aveuglé cherche à perir ;
Et jusqu'au sein de l'ignorance ,
S'enorgueillit d'une science ,
Qu'il ne peut pas même acquerir.
que
Telle est la misere orgueilleuse ,
D'un Philosophe * ambitieux ,
Dont la lumiere tenebreuse ,
Croit avoir penetré les Cieux .
Plus hardi les Zoroastres ,
Il veut de la Terre et des Astres
Regler les sublimes ressorts ;
Mais le Ciel qui l'avoit fait naître ,
Le créa bien moins pour connoître ,.
Que pour jouir de ses trésors.
A des Estres imaginaires ,
Livrant sa coupable raison ,
Des plus ridicules chimeres ,
Un autre ** avale le poison..
Le Phisicien.
** Le Métaphisicizen.
II. Vol. A iij Dans
1418 MERCURE DE FRANCE
14
Dans sa sublime extravagance ,
Il seche pour sonder l'essence ,
D'un objet qu'il ne connoît pas ;
La verité fuit sa poursuite ;
Mais l'orgueil qui marche à sa suite
A pour lui, les mêmes appas..
23
Et vous (a ) qui des siecles antiques ;
Confondez les Evenemens ;
Vous , dont les pompeuses Chroniques
Obscurcissent l'ordre des tems ;、
Parlez , quel est votre avantage ?
N'est- ce pas d'errer d'âge en âge ,
Pour en débrouiller le cahos ?
'Aussi le fruit de votre étude
N'est qu'une triste incertitude ,
Qui vient traverser vos travaux.
Mais que sert l'audace sévere ,
De mes transports injurieux ,
Tandis que notre esprit révere ,
Ceux qui nous ont fermé les yeux ?
Si des traits douteux de l'Histoire , (b)
Ils ont alteré la memoire ,
(a) Les Chronologistes .
(b) Les Sçavans qui travaillent à l'Histoires
t
11. Vol Nous
JUIN. 1419 1731 .
Nous sommes leurs adorateurs
Et leur redoutable imposture ,
D'une incertaine conjecture ,
Nous fait adopter les erreurs.
NE
Ainsi trompé par l'apparence ,
L'homme est éclairé sans rien voir;
> Et sa fastueuse ignorance
Se produit sous un faux sçavoir.
Paré d'une science vaine ,
Jadis un Sçavant de Priène , (a )
N'en conserva que les dehors ;
Et , des débris de sa Patrie ,
Il n'emporta que sa folie ,
Le plus cher de tous ses trésors.
Illustres Morts , superbes Mânes ,
Sortez d'un Tombeau plein d'horreur ;
Dépouillez ces titres prophanes ,
Que vous consacra notre erreur .
Où sont ces Couronnes sacrées ,2
Que sur vos têtes reverées ,.
(a) Bias , qui voyant sa Ville au pillage , ne
voulut rien sauver de ses richesses , disant
qu'il portoit tout son bien , c'est-à-dire , toute
SA Science avec lui.
II. Vol..
A. iiij.
La
1420 MERCURE DE FRANCE
Mit jadis un Peuple insensé ? ...
La fausse gloire est disparuë ,
Et la vanité confonduë ,
Lui dit qu'il s'étoit abusé.
Non , que d'un frivole Sophisme
Empruntant le subtil secours ,
Sur un dangereux Pyrrhonisms ,
Je veuille appuyer mes discours.
Je sçais que les forces humaines ,
De quelques veritez certaines ,
Ont sçû nous frayer les chemins ;
Mais des routes si favorables ,
Nous ont rendus plus miserables ,
En ne nous rendant que plus vains.
M
Laisson la superbe arrogance ,
D'un Pédant rempli de fierté ;
Tâchons d'acquerir sa Science ,
Mais non pas sa fatuité.
Alors , d'un sçavoir légitime ,
Une humilité magnanime ,
Sera le plus ferme soutien ;
Et nous suivrons l'humble sagesse ,
11. Vel.
De
JUIN. 1731 .
14: 1
De ce vrai Sçavant de la Grece , *
Qui sçavoit qu'il ne sçavoit rien.
* Socrate disoit que tout ce qu'il "sçavoir"
'étoit qu'il ne sçavoit rien .
Par René-Vincent des F ****
SCIENCE ,
O D E.
Uyez , Esclaves volontaires ,
D'un aveuglement séducteur.
Craignez que mes traits salutaires ,
Ne percent un masque imposteur,
Loin ces hommes dont l'arrogance ,
Pour prix d'une vaine Science ,
Semble demander des Autels :
Je hais ces lumieres steriles ,
II, Vol A ij Qui
1416 MERCURE
DE FRANCE
Qui sans les rendre plus habiles ,
Les ont rendus plus criminels.
諾T
Celui qui des Mysteres sombres ,
Connoît toute la profondeur
Se cache sous d'épaisses ombres ,
Et nous dérobe sa grandeur.
Ainsi , privez de sa lumiere ,
Toûjours une vapeur grossiere ,
Obscurcit nos foibles esprits :
Heureux ! si limitant leur vûë ,
Le Ciel eût borné l'étenduë ,
De l'orgueil dont ils sont épris !
Mais , helas ! suivant avec joye ,
D'agréables impressions ,
Les hommes se livrent en proye ,
A de douces illusions.
Un foible rayon vient -il luire ? }
Si leur esprit cherche à s'instruire,
Leur vanité le croit instruit ;
Et ces insensez qu'on adore ,
Abusant d'une belle Aurore ,
Restent dans une affreuse nuit,
Ainsi par des routes chéries ,
11. Vol. L'orgueil
JUIN. 173. 1417
L'orgueil nous promene à son gré.
De ses subtiles flatteries ,
L'esprit est bien- tôt enyvré.
Dans le piege d'un vain systême ,
Que le coeur se tend à lui -même ,
L'homme aveuglé cherche à perir ;
Et jusqu'au sein de l'ignorance ,
S'enorgueillit d'une science ,
Qu'il ne peut pas même acquerir.
que
Telle est la misere orgueilleuse ,
D'un Philosophe * ambitieux ,
Dont la lumiere tenebreuse ,
Croit avoir penetré les Cieux .
Plus hardi les Zoroastres ,
Il veut de la Terre et des Astres
Regler les sublimes ressorts ;
Mais le Ciel qui l'avoit fait naître ,
Le créa bien moins pour connoître ,.
Que pour jouir de ses trésors.
A des Estres imaginaires ,
Livrant sa coupable raison ,
Des plus ridicules chimeres ,
Un autre ** avale le poison..
Le Phisicien.
** Le Métaphisicizen.
II. Vol. A iij Dans
1418 MERCURE DE FRANCE
14
Dans sa sublime extravagance ,
Il seche pour sonder l'essence ,
D'un objet qu'il ne connoît pas ;
La verité fuit sa poursuite ;
Mais l'orgueil qui marche à sa suite
A pour lui, les mêmes appas..
23
Et vous (a ) qui des siecles antiques ;
Confondez les Evenemens ;
Vous , dont les pompeuses Chroniques
Obscurcissent l'ordre des tems ;、
Parlez , quel est votre avantage ?
N'est- ce pas d'errer d'âge en âge ,
Pour en débrouiller le cahos ?
'Aussi le fruit de votre étude
N'est qu'une triste incertitude ,
Qui vient traverser vos travaux.
Mais que sert l'audace sévere ,
De mes transports injurieux ,
Tandis que notre esprit révere ,
Ceux qui nous ont fermé les yeux ?
Si des traits douteux de l'Histoire , (b)
Ils ont alteré la memoire ,
(a) Les Chronologistes .
(b) Les Sçavans qui travaillent à l'Histoires
t
11. Vol Nous
JUIN. 1419 1731 .
Nous sommes leurs adorateurs
Et leur redoutable imposture ,
D'une incertaine conjecture ,
Nous fait adopter les erreurs.
NE
Ainsi trompé par l'apparence ,
L'homme est éclairé sans rien voir;
> Et sa fastueuse ignorance
Se produit sous un faux sçavoir.
Paré d'une science vaine ,
Jadis un Sçavant de Priène , (a )
N'en conserva que les dehors ;
Et , des débris de sa Patrie ,
Il n'emporta que sa folie ,
Le plus cher de tous ses trésors.
Illustres Morts , superbes Mânes ,
Sortez d'un Tombeau plein d'horreur ;
Dépouillez ces titres prophanes ,
Que vous consacra notre erreur .
Où sont ces Couronnes sacrées ,2
Que sur vos têtes reverées ,.
(a) Bias , qui voyant sa Ville au pillage , ne
voulut rien sauver de ses richesses , disant
qu'il portoit tout son bien , c'est-à-dire , toute
SA Science avec lui.
II. Vol..
A. iiij.
La
1420 MERCURE DE FRANCE
Mit jadis un Peuple insensé ? ...
La fausse gloire est disparuë ,
Et la vanité confonduë ,
Lui dit qu'il s'étoit abusé.
Non , que d'un frivole Sophisme
Empruntant le subtil secours ,
Sur un dangereux Pyrrhonisms ,
Je veuille appuyer mes discours.
Je sçais que les forces humaines ,
De quelques veritez certaines ,
Ont sçû nous frayer les chemins ;
Mais des routes si favorables ,
Nous ont rendus plus miserables ,
En ne nous rendant que plus vains.
M
Laisson la superbe arrogance ,
D'un Pédant rempli de fierté ;
Tâchons d'acquerir sa Science ,
Mais non pas sa fatuité.
Alors , d'un sçavoir légitime ,
Une humilité magnanime ,
Sera le plus ferme soutien ;
Et nous suivrons l'humble sagesse ,
11. Vel.
De
JUIN. 1731 .
14: 1
De ce vrai Sçavant de la Grece , *
Qui sçavoit qu'il ne sçavoit rien.
* Socrate disoit que tout ce qu'il "sçavoir"
'étoit qu'il ne sçavoit rien .
Par René-Vincent des F ****
Fermer
Résumé : LA SCIENCE, ODE.
Le poème critique la science et l'orgueil humain, mettant en garde contre les dangers de la vanité et de l'arrogance intellectuelle. L'auteur dénonce ceux qui, sous couvert de science, cherchent à dominer et à être vénérés. Il souligne que la véritable connaissance est souvent cachée et que les hommes, aveuglés par leur orgueil, se laissent tromper par des illusions et des chimères. Le texte critique également les philosophes, les physiciens et les métaphysiciens, qui, dans leur quête de savoir, finissent par se perdre. Les chronologistes et les historiens sont également visés, leurs travaux étant souvent marqués par des erreurs et des incertitudes. Le poème se conclut par un appel à l'humilité, en prenant l'exemple de Socrate, qui reconnaissait l'étendue de son ignorance. L'auteur invite à acquérir la science sans fatuité, afin de cultiver une humilité magnanime.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Fermer
3
p. 53-56
EPITRE A M. l'Abbé CAMU, à Versailles.
Début :
ABBÉ fait pour la bienséance, [...]
Mots clefs :
Bienséance, Reconnaissance, Intrigue oblique, Ambition, Prélat, Humilité
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : EPITRE A M. l'Abbé CAMU, à Versailles.
EPITRE
A M. l'Abbé CAMU , à Versailles.
ABBE fait pour la bienſéance ,
Et qui fçais fi bien obliger ,
Ciij
54 MERCURE DE FRANCE.
Qu'on te voit prèſque t'affliger
Au feul mot de reconnoillance ;
Je confens de le fupprimer
Ce terme aimable qui t'offenſe
Et que tu me fais réformer ;
Mais quand il faut par complaifance
A tes defirs me conformer ,
Penfe au moins tout ce que je penſe.
Paifibe Habitant de la Cour ,
Qui vois d'un oeil philofophique
La ſcène active & magnifique
Qu'on y contemple chaque jour ,
Et que font mouvoir tour- à- tour
L'ambition , la politique ,
L'avarice , l'intrigue oblique ,
Et fouvent la haine & l'amour.
Charmant & vertueux Stoïque !
Dans ce tumultueux féjour ,
Je le vois bien , ton âme admire
Avec un doux raviffement
Ce Prélat que fi fagement
Louis pour nous voulut élire ,
Et dont tu viens de me décrire
Avec tes naïves couleurs ,
Les talens & ces traits vainqueurs ,
Qui lui gagnent par tout l'Empire
Des efprits ainfi que des coeurs .
De vertus quel rare affemblage !
La grandeur & l'humanité ,
FEVRIER. 1763. 55
La fcience & l'humilité ,
Compofent fa brillante image ,
Où mon oeil reconnoit l'ouvrage
De la fublime piété.
Courtilan , il a le courage:
Et la voix de la vérité ;
Chef & Paſteur , il m'offre un Sage
Aux mains de qui l'autorité
N'a d'autre objet ni d'autre uſage ,
Que de prêter à l'équité
Les fentimens , le vrai langage ,
Et l'accent de la Charité.
A l'enjoûment , à la fineſſe
Que l'efprit verſe en fes difcours ,
Il joint cette chaleur qui preffe ,
Eléve l'âme & l'intéreſſe ;.
On voudroit l'entendre toujours
Ou toujours on voudroit le lire.
Dans les lettres quel agrément !
Quelle grace ! tout y reſpire
L'élégance & le fentiment.
C'eſt par ces glorieuſes marques
Que cher à la Ville , à la Cour
Il a du premier des Monarques
Mérité l'eftime & l'amour.
Telle eft , ami , l'aimable eſquiſſe
Que me préſente ton pinceau ;
Mais le dirai-je ? la juftice
Civ
56 MERCURE DE FRANCE
En examinant ce tableau
Le trouve incomplet , & déclare
Qu'on peut par quelque trait nouveau ,
Rendre plus fidéle & plus beau
Le portrait de cet homme rare.
Tu le penſes ainfi que moi :
Je veux donc, m'uniffant à toi ,
Et rival fecret de ton zèle ,
Si bien contempler ce modèle ,
Qu'un jour par toi-même éxcité ,
A l'infçu du Prélat modefte ,
Sous les yeux de la vérité
Son Chancelier dira le reſte.
> Chancelier de DESAULX , Chanoine de Reims
l'Univerfité, de la Société Royale des Infcriptions
& Belles-Lettres de Nancy.
A M. l'Abbé CAMU , à Versailles.
ABBE fait pour la bienſéance ,
Et qui fçais fi bien obliger ,
Ciij
54 MERCURE DE FRANCE.
Qu'on te voit prèſque t'affliger
Au feul mot de reconnoillance ;
Je confens de le fupprimer
Ce terme aimable qui t'offenſe
Et que tu me fais réformer ;
Mais quand il faut par complaifance
A tes defirs me conformer ,
Penfe au moins tout ce que je penſe.
Paifibe Habitant de la Cour ,
Qui vois d'un oeil philofophique
La ſcène active & magnifique
Qu'on y contemple chaque jour ,
Et que font mouvoir tour- à- tour
L'ambition , la politique ,
L'avarice , l'intrigue oblique ,
Et fouvent la haine & l'amour.
Charmant & vertueux Stoïque !
Dans ce tumultueux féjour ,
Je le vois bien , ton âme admire
Avec un doux raviffement
Ce Prélat que fi fagement
Louis pour nous voulut élire ,
Et dont tu viens de me décrire
Avec tes naïves couleurs ,
Les talens & ces traits vainqueurs ,
Qui lui gagnent par tout l'Empire
Des efprits ainfi que des coeurs .
De vertus quel rare affemblage !
La grandeur & l'humanité ,
FEVRIER. 1763. 55
La fcience & l'humilité ,
Compofent fa brillante image ,
Où mon oeil reconnoit l'ouvrage
De la fublime piété.
Courtilan , il a le courage:
Et la voix de la vérité ;
Chef & Paſteur , il m'offre un Sage
Aux mains de qui l'autorité
N'a d'autre objet ni d'autre uſage ,
Que de prêter à l'équité
Les fentimens , le vrai langage ,
Et l'accent de la Charité.
A l'enjoûment , à la fineſſe
Que l'efprit verſe en fes difcours ,
Il joint cette chaleur qui preffe ,
Eléve l'âme & l'intéreſſe ;.
On voudroit l'entendre toujours
Ou toujours on voudroit le lire.
Dans les lettres quel agrément !
Quelle grace ! tout y reſpire
L'élégance & le fentiment.
C'eſt par ces glorieuſes marques
Que cher à la Ville , à la Cour
Il a du premier des Monarques
Mérité l'eftime & l'amour.
Telle eft , ami , l'aimable eſquiſſe
Que me préſente ton pinceau ;
Mais le dirai-je ? la juftice
Civ
56 MERCURE DE FRANCE
En examinant ce tableau
Le trouve incomplet , & déclare
Qu'on peut par quelque trait nouveau ,
Rendre plus fidéle & plus beau
Le portrait de cet homme rare.
Tu le penſes ainfi que moi :
Je veux donc, m'uniffant à toi ,
Et rival fecret de ton zèle ,
Si bien contempler ce modèle ,
Qu'un jour par toi-même éxcité ,
A l'infçu du Prélat modefte ,
Sous les yeux de la vérité
Son Chancelier dira le reſte.
> Chancelier de DESAULX , Chanoine de Reims
l'Univerfité, de la Société Royale des Infcriptions
& Belles-Lettres de Nancy.
Fermer
Résumé : EPITRE A M. l'Abbé CAMU, à Versailles.
L'épître est adressée à l'Abbé Camu à Versailles. L'auteur évite d'utiliser le mot 'reconnaissance' pour ne pas offenser l'Abbé. Il admire la vision philosophique de l'Abbé sur la cour, où se mêlent ambition, politique, avarice, intrigue, haine et amour. L'auteur loue un prélat choisi par Louis, décrit comme ayant des talents et des vertus exceptionnels. Ce prélat allie grandeur, humanité, science et humilité, et se distingue par son courage et sa vérité. En tant que chef et pasteur, il utilise son autorité pour promouvoir l'équité et la charité. Ses discours sont élégants, empreints de sentiment et de chaleur, élevant l'âme. Ses écrits montrent également agrément et grâce, lui valant l'estime et l'amour du roi. L'auteur reconnaît l'admiration du portrait tracé par l'Abbé mais suggère qu'il pourrait être complété par d'autres traits pour en rendre le portrait plus fidèle et beau. Il exprime son désir de contempler ce modèle pour en dire davantage, sous l'œil de la vérité.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Fermer