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1
p. 1678-1683
SENTIMENS D'UN IROQUOIS À la vûë des diverses Marchandises étalées à une Foire de France. Sur l'Air : Iris, je ne sçais comment, &c. Par le P. P. B. F.
Début :
A La Foire me voici, [...]
Mots clefs :
Iroquois, Marchandises, Foire, Emplette, prévaricateur, Beaux parleurs
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texteReconnaissance textuelle : SENTIMENS D'UN IROQUOIS À la vûë des diverses Marchandises étalées à une Foire de France. Sur l'Air : Iris, je ne sçais comment, &c. Par le P. P. B. F.
Mercure.
EPITA PHE ,
D'UN AVARE.
Par M. de Malerais de la Vigne.
CY gât un homme peu chrétien
Dont l'avarice étoit extrême
Le
JUILLET . 1731 . 1663
Le bien des autres fût le sien ,
Et jamais il ne prêta rien ,
Qu'au denier
même.
quatre ou cinq , fût-ce à son Pere
Mets l'oreille à sa Tombe, ô Passant , et fremis ;
Ses os s'entrefroissant font un affreux murmure,
Et semblent s'irriter que tu fasses lecture ,
De son Epitaphe gratis.
AUTRE EPITAPHE
D'UN PRETENDU BEL ESPRIT.
Par la Même.
CYgit qui s'estimoit l'Arbitre des Arbitres ;
De la Langue au hazard il décidoit les cas ;
Qui le contredisoit ne s'y connoissoit pas ;
Des Livres il sçût tous les titres ,
Et ne lût que les Almanachs .
***:****XXX :XXXXX
ECLAIRCISSEMENS demandés
>
par
une Lettre écrite de Soissons , inserée dans
le Mercure d'Avril 1731. sur la Vie de
Saint Front on Frontor
L paroît un peu singulier qu'on démande
desEclaircissemens sur un Saint Im
aussi
1670 MERCURE DE FRANCEaussi
connu que S. Fronton, Saint, qu'une
Eglise de ce Royaume reconnoît pour
son Fondateur , et pour son Apôtre ,
sans que la Critique ait encore ose le lui
disputer. Il est parlé de ce Saint dans tous
les Martyrologes au 25. d'Octobre , dans
le Martyrologe Romain , dans ceux de
France et d'Espagne , dans Baronius ,
dans Surius , dans Ribadeneira &c. Cependant
nous exposerons ici avec la briéveté
requise , ce que nous en apprenons
dans les Actes de sa vie, rapportés par M.
Bosquet dans son Histoire de l'Eglise
Gallicane.
Saint Front , ou Fronton , que quelques
uns font naître à Perigueux , d'autres
en Orient , ayant été connu de Saint
Pierre dans un Voyage qu'il fit à Rome ,
et en ayant été jugé digne de porter la
foy parmi les Idolatres , ce Prince des
Apôtres l'envoya dans les Gaules avec un
compagnon , nommé Georges , pour y
publier l'Evangile . Ces deux hommes
Apostoliques aprés beaucoup de Stations
faites dans les lieux de leur passage pour
y semer la parole de Dieu , arriverent à
Perigueux. Ce fut là qu'ils s'arrêterent
davantage , et que le Champ répondant
aux soins du Laboureur , la Moisson devint
bientôt trés-abondante. L'Evangile
JUILLET. 1731. 1871
y fit en peu de tems un progrés considerable.
Il y avoit alors un Gouverneur
en Perigord , nommé Squirius , homme
fort attaché à l'Idolâtrie. Cet homme
politique ou superstitieux s'efforça d'arrêter
le progrès d'une Religion incompatible
avec celle de ses Peres ; il fit arrêter
pour cela un grand nombre de fideles
; il emprisonnà les uns , il exila les
autres , il en fit mourir plusieurs la
persecution augmentant tous les jours
força bientôt le reste des Fideles à chercher
dans la fuite une ressource contre
les vives poursuites du Gouverneur .
Les Fideles allerent donc se cacher dans
un Desert voisin de la Riviere de Dordogne
, avec leur Pasteur qu'ils entraînerent
avec eux : Saint Fronton chassa de
cet endroit un Dragon qui infectoit tout
le Pays.
par
fin
des menaces ,
par
par
Mais Dieu qui vouloit établir son culte
dans cette Province , força le Gouverneur
des fleaux , et endes
avis qu'il lui donna en songe,
de plier sous le joug de la Foy.La paix fût
rendue à cette Eglise naissante . Le Gouverneur
alla lui -même chercher S. Fronton
dans le Desert , il ramena avec lui
le Pasteur et le Troupeau. S. Fronton
bâtit ensuite à Perigueux , du consentement
1672 MERCURE DE FRANCE
ment du Gouverneur une Eglise en l'honncur
de S. Etienne , premier Martyr.
Quand S. Fronton vit cette Eglise suffisamment
affermie , il y laissa un Disciple
nommé Anien pour la gouverner
pendant son absence , et envoya son compagnon
au Puy - en -Velay , où S. George
fonda une nouvelle Eglise dont il fût le
premier Evêque . Pour S. Fronton il alla
prêcher l'Evangile dans la Saintonge et
dans le Poitou ; il passa même par Paris
et pénetra jusques dans le Beauvaisis et
dans le Soissonnois. On voit encore dans
le Diocèse de Soissons unChâteau appellé
Neulli Saint Front , ce qui porteroit à
croire que ce qu'on dit des Voyages de
ce Saint n'est pas sans fondement. Quoyqu'il
en soit , S. Fronton aprés être retourné
dans son Diocèse , passa dans un
autre Voyage par les Villes de Bourdeaux
et de Bayonne , et s'avança jusqu'à Valance
en Espagne. Enfin fatigué , épuisé par
son grand âge et par ses travaux , il rétourna
dans son Siege,où il y mourut en
paix. On rapporte de lui plusieurs Miracles.
En voilà assés sur les Actes de S. Fronton,
premiet Evêque de Perigueux. Il ne
faut pas le confondre avec un aurre Saint
Fronton , Abbé , marqué au 14. Avril
dans
JUILLET. 1731. 1673
'dans le petit ouvrage intitulé * Fasti Mariani
, que l'Auteur Jesuite , dit avoir tiré
de la vie des Peres.
Cependant comme les Actes de Saint
Fronton , Fondateur de l'Eglise de Perigueux
, ont été rejettés par plusieurs critiques
, et en particulier par M. M. de
Tillemont et Baillet , nous rapporterons
ici en peu de mots ce qu'en dit ce dernier,
soit dans les Notes qu'il a mises au commencement
du mois d'Octobre , soit dans
ce qu'il dit de la vie de ce Saint au 25 .
du même mois.
Il commence la vie de S. Front par le
reconnoître pour l'Apôtre de Perigueux :
mais il a soin de mettre à la
marge , 3 .
ou 4. Siecle , ce qui ruine absolument
tout ce qu'on dit de son Voyage à Rome ,
et de sa mission dans les Gaules par Saint
Pierre , & c .
On ne peut , dit- il , entrer dans aucun
détail des actions de ce Saint , ni so
flatter même d'en pouvoir produire dont
on soit assuré , si l'on en excepte la conversion
du Peuple de Perigueux , qu'on
a tout sujet de regarder comme le fruit
de ses travaux et de ses souffrances . Tout
a paru , continue- t-il, tellement insoûtena-
1. Vol 1 Antuerpia 1633-
C
1674 MERCURE DE FRANCE
ble dans les premiers Actes qu'on avoit
publiés de sa vie , qu'on s'est crû obligé
d'en composer d'autres , qui sont cependant
tombés comme les premiers.
M. Baillet regarde aussi comme douteuse
la Tradition qui lui donne pour
compagnon dans ses travaux Apostoliques
un Prêtre , nommé George , aussi - bien
que la fondation de l'Eglise du Puy- en-
Velay,que la même Tradition fait remonter
comme celle de Perigueux au premier
Siecle.
Tous les Actes s'accordent à le faire
mourir en paix. Mais il n'en faut pas conclure
, ajoûte M. Baillet , qu'il ne soit
venu en Perigord qu'aprés la paix donnée
à l'Eglise par Constantin , à moins qu'on
ne voulût raisonner de même de S. Marrial
de Limoges , de S. Julien du Mans ,
de S. Gatien de Tours , et de beaucoup
d'autres Confesseurs , à qui les Payens
n'ont point ôté la vie.
La Fête de S, Fronton est marquée au
25. d'Octobre dans les Martyrologes
d'Adon et d'Usuard , en quoy on les a
suivis dans le Romain moderne. On dit
que le corps de S. Front fût trouvé quelques
années aprés la mort de Clovis I. et
transporté dans une Eglise que fit bâtir
en son honneur Chronope , Evêque de
Perigueux
JUILLET. 1731. 1875
Perigueux , du tems duquel la Ville passa
de la domination des Wisigoths sous
celle des François. On fait Mémoire de
cette Translation le 14. d'Octobre.
M. Baillet dit que les Actes de la vie
de ce Saint furent publiés par M. Bosquet
,dans la deuxième partie de son Histoire
de l'Eglise Gallicane , liv . 5. pag. ș.
ils ont été vûs , ajoûte t-il , par Adon de
Vienne ; ainsi ils ne peuvent être
rieurs au IX. Siecle.
poste
M. de Tillemont, Tom. 4. pag. 502. les
tient tout-à- fait insoutenables, tant pour
le fond que pour la composition. Un
Abbé de Solignac dans le Concile de Lis
moges , tenu l'an 1031. les rejetta devant
toute l'Assemblée , comme une fausse Piece
, et soutint que s'étoit une Fable composée
par un Gausbert Chorévêque de
Limoges , qui l'avoit faite même pour en
tirer de l'argent. Depuis l'onzième Siecle ,
comme on ne voyoit plus d'apparence à
soutenir cette Histoire de S. Front , on
en inventa une autre sous le nom des
Evêques ses Successeurs . Mais cette Piece,
dont M. Bosquet a donné l'Extrait , est
encore plus ridicule que la premiere , au
jugement du même M. de Tillemont.
Voilà ce qu'on peut recueillir de divers
Auteurs sur la vie de S. Front ; mais
Cij
comme
1676 MERCURE DE FRANCE
comme il nous est venu un Mémoire
d'un autre Endroit sur le même sujet ,
posterieur à la Lettre de Soissons , dans
lequel on demande plusieurs autres Eclaircissemens
, nous ajoûterons ici le précis
de ce Mémoire.
On demande d'abord si l'Auteur de
la Lettre inserée dans le Mercure d'Avril
travaille au Breviaire de ce Diocèse. On
prie ensuite de s'informer par la voye du
Mercure , de Messieurs de Perigueux ,
19. Si la Tradition de leur Eglise n'est pas
que le corps entier de S. Front y étoit
conservé lorsque les Calvinistes la pille-`
rent. 29. Si l'on a des preuves que la
Translation de ce corps ait été faite un
peu aprés l'an 1441. comme il paroît
qu'elle a dû être faite par une Bulle du
Pape Eugene IV. qui est dans le Gallia
Christiana.
Nous remarquerons sur ce second article
, qu'il faudroit donc supposer qu'il
eût été fait deux Translations du corps de
ce Saint , puisque M. Baillet parle d'une
Translation qu'on croit avoir été faite
vers la fin du cinquiéme Siecle , ou au
Commencement du sixième.
3º . s'il n'est rien échappé des Reliques
de ce Saint Evêque depuis le pillage des
Calvinistes , et supposé que l'on ait sauvé
quelques
JUILLET. 1731. 1677.
quelques parties de son corps , quelles
sont ces parties ? et en quelles Eglises elles
sont ? 4°. Si l'on a eu le Chef de ce Saint
enchassé en entier avec le refte du corps ,
ou séparement. 5º . En quels jours se celebrent
les Fêtes de la Translation du
corps ou des Reliques de ce même Saint.
Nous avons satisfait en partie à ce dernier
Article, en rapportant aprés M. Baillet
, qu'on fait la Fête de sa Translation
le 14. Octobre . L'Auteur de ce nouveau
Mémoire paroît avoir quelques
Eclaircissemens plus particuliers à donner
au Public sur la vie de S. Fronton.
Il y a lieu d'esperer que M M. de Perigueux
n'oublieront pas de contribuer, de
tout leur pouvoir à ce qui peut faire honneur
à la mémoire de leur Saint Apôtre ,
et qu'ils voudront bien exposer la Tradition
de leur Eglise sur les Articles de
ce dernier Mémoire.
Ciliijj . SENTI
1778 MERCURE DE FRANCE
SENTIMENS
D'UN IROQUOIS ,
A la vûë des diverses Marchandises étalées
à une Foire de France.
Sur l'Air : Iris , je ne sçais comment , &
Par le P P. B. 7.
'A La Foire me voici
Dieu ! quel monde est celui- cy !
Je ne vois que gens ,
Allans et vénans ;
Chacun fait son emplette ::2
Je vois qu'on offre tout ceans ,
Mais il faut qu'on l'achette ,
Morbleu ,
Mais il faut qu'on l'achette.
L'on vous dit , Monsieur , prenez ;
Et l'on sous-entend , donnez.
Ici rien pour rien,
Le tien et le mien ,
*
Sont les deux seuls mobiles ..
A ce prix est-ce un si grand bien ,
D'avoir bâti des Villes ?
Morbleu , &c.
Lâches
JOH JUILLET
1731. 1679
Lâches Prévaricateurs &
L'interêt gâte vos moeurs.
Chez vous sur ce pié
Droiture, amitié ,
Ne sont plus en usage ;
It vous nous laissez par pitié ,
L'innocence en partage.
Morbleu , &
Gardez bien, Peuples polis ,
Les vices vos favoris.
Noirceurs , trahisons ,
Maux de cent façons :
Ils sont tous à vos gages.
Ne nous donnez plus de faux noms }}
Yousêtes les Sauvages.
Morbleaux , &e
A consulter votre orgueil ,
On vous verroit d'un autre oeil ;
Ce Peintre flatteur
Vous peint dans le coeur ,
Meilleurs que nous ne sommes.
Moy je ne vous fais pas l'honneur ,
De vous croire des hommes,
Morbleu , &c.
Chez mes Confreres les Ours
C iiij
On
160 MERCURE DE FRANCE
On voit moins de méchans tours,
Moins cruels que vous ,
Moins fiers , moins jaloux ,
Chez les Ours on s'entraime :
Les François plus humains , plus doux
Ont un autre sistême.
Morbleu , &c.
Mais laissons-là ce propos :
Marchands, ouvrez vos Ballots .:
Que de pompeux riens ;
O Ciel , que de biens !
Dont je n'ai point affaire !
De grace , laissez- moi les miens ;
Gardez votre misere.
Morbleu , & c
Votre luxe dangereux ,
Vous a rendus malheureux .
Quoi ! foibles humains ,
De vos propres mains ,
Vous forgez vos entraves.
Nous sommes les vrais Souverains ;
Vous êtes des Esclaves.
Morbleu , &c.
D'où sont nez tant de besoins ?
De yos Arts et de vos soins ,
Votre
JUILLET. 1731 1681
Votre esprit maudit ,
Fomente et nourrit ,
Votre délicatesse.
L'Iroquois libre qui s'en rit ,
Foule aux pieds la richesse.
Morbleu , &c,
Toute votre vanité ,
Naut- elle ma liberté ?
Au fond des Deserts ;
Sans peur des revers
Je vois brûler ma hutte ;
Mon coeur même de l'Univers ,
Ne craindroit pas la chute.
Morbleu , &c.
Dans la Foire , beaux Esprits ,
Vos Livres sont à tout prix,
L'avide Imprimeur
Et le pâle Auteur ,
>
N'ont chez nous gain ni gloire ,
Et l'instrument de ma valeur ,
Ecrit seul mon Histoire.
Morbleu , & c.
Philosophes orgueilleux ,
Vos Ecrits sont merveilleux ;
Mais en verité
CY
Je
1682 MERCURE DE FRANCE
Je suis enchanté ,
De ne les pouvoir lire.
Le bon sens par vous maltraité ,
Dans nos Bois se retire .
Morbleu , &c
Que faites-vous , beaux parleurs
Vous semez partout des fleurs ;
En tours bien tissus ,
En mots ambigus ,
Votre esprit se distile ;
Mon silence seul en dit plus ,
Que votre pompeux stile.
Morbleu , &c.
Mon habit choque vos yeux ;
Mais le vôtre siet-il mieux }
Tout cet attirail ,
Fruit d'un long travail ,
Vous rend la tête folle ,
Quoi ! vous filez jusqu'au Métail ,
Pour parer une Idole !
Morbleu , & c.
Il faut pour flatter vos goûts ,
Mets exquis , sausses , ragouts
Mais votre santé ,
Malgré Caffé , Thế ,
Suse dès la jeunesse ;
I
JUILLET. 1731. 1683
Au prix de la sobrieté ,
J'achette la viellesse.
Morblen , &c.
Jamais on ne vous voit sains ,
Vous avez des Medecins ;
Mourez dans leurs bras,
C'est votre trépas ,
Qui leur sert de parure .
Allez , je ne vous plaindrai pas ,
Ils vengent la Nature.
Morbleu , & c.
Aussi , François délicats ,
Nous vous voyons aux Combats
Prisonniers charmans ,
Vos vrais sentimens ,
Nous dévoilent votre ame.
Et moi je brave les tourmens ,
Je chante dans la flamme.
Morbleu , & c. >
Marchands , fermez vos paquets
Je sçais vivre à peu de frais ;
J'ai tout et n'ai rien :
Laissez- moi pour bien
Mon heureuse indigence.
Vos désirs sont votre lien ,
Et j'ai l'indépendance.
Morbleu ,&C
EPITA PHE ,
D'UN AVARE.
Par M. de Malerais de la Vigne.
CY gât un homme peu chrétien
Dont l'avarice étoit extrême
Le
JUILLET . 1731 . 1663
Le bien des autres fût le sien ,
Et jamais il ne prêta rien ,
Qu'au denier
même.
quatre ou cinq , fût-ce à son Pere
Mets l'oreille à sa Tombe, ô Passant , et fremis ;
Ses os s'entrefroissant font un affreux murmure,
Et semblent s'irriter que tu fasses lecture ,
De son Epitaphe gratis.
AUTRE EPITAPHE
D'UN PRETENDU BEL ESPRIT.
Par la Même.
CYgit qui s'estimoit l'Arbitre des Arbitres ;
De la Langue au hazard il décidoit les cas ;
Qui le contredisoit ne s'y connoissoit pas ;
Des Livres il sçût tous les titres ,
Et ne lût que les Almanachs .
***:****XXX :XXXXX
ECLAIRCISSEMENS demandés
>
par
une Lettre écrite de Soissons , inserée dans
le Mercure d'Avril 1731. sur la Vie de
Saint Front on Frontor
L paroît un peu singulier qu'on démande
desEclaircissemens sur un Saint Im
aussi
1670 MERCURE DE FRANCEaussi
connu que S. Fronton, Saint, qu'une
Eglise de ce Royaume reconnoît pour
son Fondateur , et pour son Apôtre ,
sans que la Critique ait encore ose le lui
disputer. Il est parlé de ce Saint dans tous
les Martyrologes au 25. d'Octobre , dans
le Martyrologe Romain , dans ceux de
France et d'Espagne , dans Baronius ,
dans Surius , dans Ribadeneira &c. Cependant
nous exposerons ici avec la briéveté
requise , ce que nous en apprenons
dans les Actes de sa vie, rapportés par M.
Bosquet dans son Histoire de l'Eglise
Gallicane.
Saint Front , ou Fronton , que quelques
uns font naître à Perigueux , d'autres
en Orient , ayant été connu de Saint
Pierre dans un Voyage qu'il fit à Rome ,
et en ayant été jugé digne de porter la
foy parmi les Idolatres , ce Prince des
Apôtres l'envoya dans les Gaules avec un
compagnon , nommé Georges , pour y
publier l'Evangile . Ces deux hommes
Apostoliques aprés beaucoup de Stations
faites dans les lieux de leur passage pour
y semer la parole de Dieu , arriverent à
Perigueux. Ce fut là qu'ils s'arrêterent
davantage , et que le Champ répondant
aux soins du Laboureur , la Moisson devint
bientôt trés-abondante. L'Evangile
JUILLET. 1731. 1871
y fit en peu de tems un progrés considerable.
Il y avoit alors un Gouverneur
en Perigord , nommé Squirius , homme
fort attaché à l'Idolâtrie. Cet homme
politique ou superstitieux s'efforça d'arrêter
le progrès d'une Religion incompatible
avec celle de ses Peres ; il fit arrêter
pour cela un grand nombre de fideles
; il emprisonnà les uns , il exila les
autres , il en fit mourir plusieurs la
persecution augmentant tous les jours
força bientôt le reste des Fideles à chercher
dans la fuite une ressource contre
les vives poursuites du Gouverneur .
Les Fideles allerent donc se cacher dans
un Desert voisin de la Riviere de Dordogne
, avec leur Pasteur qu'ils entraînerent
avec eux : Saint Fronton chassa de
cet endroit un Dragon qui infectoit tout
le Pays.
par
fin
des menaces ,
par
par
Mais Dieu qui vouloit établir son culte
dans cette Province , força le Gouverneur
des fleaux , et endes
avis qu'il lui donna en songe,
de plier sous le joug de la Foy.La paix fût
rendue à cette Eglise naissante . Le Gouverneur
alla lui -même chercher S. Fronton
dans le Desert , il ramena avec lui
le Pasteur et le Troupeau. S. Fronton
bâtit ensuite à Perigueux , du consentement
1672 MERCURE DE FRANCE
ment du Gouverneur une Eglise en l'honncur
de S. Etienne , premier Martyr.
Quand S. Fronton vit cette Eglise suffisamment
affermie , il y laissa un Disciple
nommé Anien pour la gouverner
pendant son absence , et envoya son compagnon
au Puy - en -Velay , où S. George
fonda une nouvelle Eglise dont il fût le
premier Evêque . Pour S. Fronton il alla
prêcher l'Evangile dans la Saintonge et
dans le Poitou ; il passa même par Paris
et pénetra jusques dans le Beauvaisis et
dans le Soissonnois. On voit encore dans
le Diocèse de Soissons unChâteau appellé
Neulli Saint Front , ce qui porteroit à
croire que ce qu'on dit des Voyages de
ce Saint n'est pas sans fondement. Quoyqu'il
en soit , S. Fronton aprés être retourné
dans son Diocèse , passa dans un
autre Voyage par les Villes de Bourdeaux
et de Bayonne , et s'avança jusqu'à Valance
en Espagne. Enfin fatigué , épuisé par
son grand âge et par ses travaux , il rétourna
dans son Siege,où il y mourut en
paix. On rapporte de lui plusieurs Miracles.
En voilà assés sur les Actes de S. Fronton,
premiet Evêque de Perigueux. Il ne
faut pas le confondre avec un aurre Saint
Fronton , Abbé , marqué au 14. Avril
dans
JUILLET. 1731. 1673
'dans le petit ouvrage intitulé * Fasti Mariani
, que l'Auteur Jesuite , dit avoir tiré
de la vie des Peres.
Cependant comme les Actes de Saint
Fronton , Fondateur de l'Eglise de Perigueux
, ont été rejettés par plusieurs critiques
, et en particulier par M. M. de
Tillemont et Baillet , nous rapporterons
ici en peu de mots ce qu'en dit ce dernier,
soit dans les Notes qu'il a mises au commencement
du mois d'Octobre , soit dans
ce qu'il dit de la vie de ce Saint au 25 .
du même mois.
Il commence la vie de S. Front par le
reconnoître pour l'Apôtre de Perigueux :
mais il a soin de mettre à la
marge , 3 .
ou 4. Siecle , ce qui ruine absolument
tout ce qu'on dit de son Voyage à Rome ,
et de sa mission dans les Gaules par Saint
Pierre , & c .
On ne peut , dit- il , entrer dans aucun
détail des actions de ce Saint , ni so
flatter même d'en pouvoir produire dont
on soit assuré , si l'on en excepte la conversion
du Peuple de Perigueux , qu'on
a tout sujet de regarder comme le fruit
de ses travaux et de ses souffrances . Tout
a paru , continue- t-il, tellement insoûtena-
1. Vol 1 Antuerpia 1633-
C
1674 MERCURE DE FRANCE
ble dans les premiers Actes qu'on avoit
publiés de sa vie , qu'on s'est crû obligé
d'en composer d'autres , qui sont cependant
tombés comme les premiers.
M. Baillet regarde aussi comme douteuse
la Tradition qui lui donne pour
compagnon dans ses travaux Apostoliques
un Prêtre , nommé George , aussi - bien
que la fondation de l'Eglise du Puy- en-
Velay,que la même Tradition fait remonter
comme celle de Perigueux au premier
Siecle.
Tous les Actes s'accordent à le faire
mourir en paix. Mais il n'en faut pas conclure
, ajoûte M. Baillet , qu'il ne soit
venu en Perigord qu'aprés la paix donnée
à l'Eglise par Constantin , à moins qu'on
ne voulût raisonner de même de S. Marrial
de Limoges , de S. Julien du Mans ,
de S. Gatien de Tours , et de beaucoup
d'autres Confesseurs , à qui les Payens
n'ont point ôté la vie.
La Fête de S, Fronton est marquée au
25. d'Octobre dans les Martyrologes
d'Adon et d'Usuard , en quoy on les a
suivis dans le Romain moderne. On dit
que le corps de S. Front fût trouvé quelques
années aprés la mort de Clovis I. et
transporté dans une Eglise que fit bâtir
en son honneur Chronope , Evêque de
Perigueux
JUILLET. 1731. 1875
Perigueux , du tems duquel la Ville passa
de la domination des Wisigoths sous
celle des François. On fait Mémoire de
cette Translation le 14. d'Octobre.
M. Baillet dit que les Actes de la vie
de ce Saint furent publiés par M. Bosquet
,dans la deuxième partie de son Histoire
de l'Eglise Gallicane , liv . 5. pag. ș.
ils ont été vûs , ajoûte t-il , par Adon de
Vienne ; ainsi ils ne peuvent être
rieurs au IX. Siecle.
poste
M. de Tillemont, Tom. 4. pag. 502. les
tient tout-à- fait insoutenables, tant pour
le fond que pour la composition. Un
Abbé de Solignac dans le Concile de Lis
moges , tenu l'an 1031. les rejetta devant
toute l'Assemblée , comme une fausse Piece
, et soutint que s'étoit une Fable composée
par un Gausbert Chorévêque de
Limoges , qui l'avoit faite même pour en
tirer de l'argent. Depuis l'onzième Siecle ,
comme on ne voyoit plus d'apparence à
soutenir cette Histoire de S. Front , on
en inventa une autre sous le nom des
Evêques ses Successeurs . Mais cette Piece,
dont M. Bosquet a donné l'Extrait , est
encore plus ridicule que la premiere , au
jugement du même M. de Tillemont.
Voilà ce qu'on peut recueillir de divers
Auteurs sur la vie de S. Front ; mais
Cij
comme
1676 MERCURE DE FRANCE
comme il nous est venu un Mémoire
d'un autre Endroit sur le même sujet ,
posterieur à la Lettre de Soissons , dans
lequel on demande plusieurs autres Eclaircissemens
, nous ajoûterons ici le précis
de ce Mémoire.
On demande d'abord si l'Auteur de
la Lettre inserée dans le Mercure d'Avril
travaille au Breviaire de ce Diocèse. On
prie ensuite de s'informer par la voye du
Mercure , de Messieurs de Perigueux ,
19. Si la Tradition de leur Eglise n'est pas
que le corps entier de S. Front y étoit
conservé lorsque les Calvinistes la pille-`
rent. 29. Si l'on a des preuves que la
Translation de ce corps ait été faite un
peu aprés l'an 1441. comme il paroît
qu'elle a dû être faite par une Bulle du
Pape Eugene IV. qui est dans le Gallia
Christiana.
Nous remarquerons sur ce second article
, qu'il faudroit donc supposer qu'il
eût été fait deux Translations du corps de
ce Saint , puisque M. Baillet parle d'une
Translation qu'on croit avoir été faite
vers la fin du cinquiéme Siecle , ou au
Commencement du sixième.
3º . s'il n'est rien échappé des Reliques
de ce Saint Evêque depuis le pillage des
Calvinistes , et supposé que l'on ait sauvé
quelques
JUILLET. 1731. 1677.
quelques parties de son corps , quelles
sont ces parties ? et en quelles Eglises elles
sont ? 4°. Si l'on a eu le Chef de ce Saint
enchassé en entier avec le refte du corps ,
ou séparement. 5º . En quels jours se celebrent
les Fêtes de la Translation du
corps ou des Reliques de ce même Saint.
Nous avons satisfait en partie à ce dernier
Article, en rapportant aprés M. Baillet
, qu'on fait la Fête de sa Translation
le 14. Octobre . L'Auteur de ce nouveau
Mémoire paroît avoir quelques
Eclaircissemens plus particuliers à donner
au Public sur la vie de S. Fronton.
Il y a lieu d'esperer que M M. de Perigueux
n'oublieront pas de contribuer, de
tout leur pouvoir à ce qui peut faire honneur
à la mémoire de leur Saint Apôtre ,
et qu'ils voudront bien exposer la Tradition
de leur Eglise sur les Articles de
ce dernier Mémoire.
Ciliijj . SENTI
1778 MERCURE DE FRANCE
SENTIMENS
D'UN IROQUOIS ,
A la vûë des diverses Marchandises étalées
à une Foire de France.
Sur l'Air : Iris , je ne sçais comment , &
Par le P P. B. 7.
'A La Foire me voici
Dieu ! quel monde est celui- cy !
Je ne vois que gens ,
Allans et vénans ;
Chacun fait son emplette ::2
Je vois qu'on offre tout ceans ,
Mais il faut qu'on l'achette ,
Morbleu ,
Mais il faut qu'on l'achette.
L'on vous dit , Monsieur , prenez ;
Et l'on sous-entend , donnez.
Ici rien pour rien,
Le tien et le mien ,
*
Sont les deux seuls mobiles ..
A ce prix est-ce un si grand bien ,
D'avoir bâti des Villes ?
Morbleu , &c.
Lâches
JOH JUILLET
1731. 1679
Lâches Prévaricateurs &
L'interêt gâte vos moeurs.
Chez vous sur ce pié
Droiture, amitié ,
Ne sont plus en usage ;
It vous nous laissez par pitié ,
L'innocence en partage.
Morbleu , &
Gardez bien, Peuples polis ,
Les vices vos favoris.
Noirceurs , trahisons ,
Maux de cent façons :
Ils sont tous à vos gages.
Ne nous donnez plus de faux noms }}
Yousêtes les Sauvages.
Morbleaux , &e
A consulter votre orgueil ,
On vous verroit d'un autre oeil ;
Ce Peintre flatteur
Vous peint dans le coeur ,
Meilleurs que nous ne sommes.
Moy je ne vous fais pas l'honneur ,
De vous croire des hommes,
Morbleu , &c.
Chez mes Confreres les Ours
C iiij
On
160 MERCURE DE FRANCE
On voit moins de méchans tours,
Moins cruels que vous ,
Moins fiers , moins jaloux ,
Chez les Ours on s'entraime :
Les François plus humains , plus doux
Ont un autre sistême.
Morbleu , &c.
Mais laissons-là ce propos :
Marchands, ouvrez vos Ballots .:
Que de pompeux riens ;
O Ciel , que de biens !
Dont je n'ai point affaire !
De grace , laissez- moi les miens ;
Gardez votre misere.
Morbleu , & c
Votre luxe dangereux ,
Vous a rendus malheureux .
Quoi ! foibles humains ,
De vos propres mains ,
Vous forgez vos entraves.
Nous sommes les vrais Souverains ;
Vous êtes des Esclaves.
Morbleu , &c.
D'où sont nez tant de besoins ?
De yos Arts et de vos soins ,
Votre
JUILLET. 1731 1681
Votre esprit maudit ,
Fomente et nourrit ,
Votre délicatesse.
L'Iroquois libre qui s'en rit ,
Foule aux pieds la richesse.
Morbleu , &c,
Toute votre vanité ,
Naut- elle ma liberté ?
Au fond des Deserts ;
Sans peur des revers
Je vois brûler ma hutte ;
Mon coeur même de l'Univers ,
Ne craindroit pas la chute.
Morbleu , &c.
Dans la Foire , beaux Esprits ,
Vos Livres sont à tout prix,
L'avide Imprimeur
Et le pâle Auteur ,
>
N'ont chez nous gain ni gloire ,
Et l'instrument de ma valeur ,
Ecrit seul mon Histoire.
Morbleu , & c.
Philosophes orgueilleux ,
Vos Ecrits sont merveilleux ;
Mais en verité
CY
Je
1682 MERCURE DE FRANCE
Je suis enchanté ,
De ne les pouvoir lire.
Le bon sens par vous maltraité ,
Dans nos Bois se retire .
Morbleu , &c
Que faites-vous , beaux parleurs
Vous semez partout des fleurs ;
En tours bien tissus ,
En mots ambigus ,
Votre esprit se distile ;
Mon silence seul en dit plus ,
Que votre pompeux stile.
Morbleu , &c.
Mon habit choque vos yeux ;
Mais le vôtre siet-il mieux }
Tout cet attirail ,
Fruit d'un long travail ,
Vous rend la tête folle ,
Quoi ! vous filez jusqu'au Métail ,
Pour parer une Idole !
Morbleu , & c.
Il faut pour flatter vos goûts ,
Mets exquis , sausses , ragouts
Mais votre santé ,
Malgré Caffé , Thế ,
Suse dès la jeunesse ;
I
JUILLET. 1731. 1683
Au prix de la sobrieté ,
J'achette la viellesse.
Morblen , &c.
Jamais on ne vous voit sains ,
Vous avez des Medecins ;
Mourez dans leurs bras,
C'est votre trépas ,
Qui leur sert de parure .
Allez , je ne vous plaindrai pas ,
Ils vengent la Nature.
Morbleu , & c.
Aussi , François délicats ,
Nous vous voyons aux Combats
Prisonniers charmans ,
Vos vrais sentimens ,
Nous dévoilent votre ame.
Et moi je brave les tourmens ,
Je chante dans la flamme.
Morbleu , & c. >
Marchands , fermez vos paquets
Je sçais vivre à peu de frais ;
J'ai tout et n'ai rien :
Laissez- moi pour bien
Mon heureuse indigence.
Vos désirs sont votre lien ,
Et j'ai l'indépendance.
Morbleu ,&C
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Résumé : SENTIMENS D'UN IROQUOIS À la vûë des diverses Marchandises étalées à une Foire de France. Sur l'Air : Iris, je ne sçais comment, &c. Par le P. P. B. F.
Le texte présente plusieurs épitaphes et des éclaircissements sur la vie de Saint Front, également connu sous le nom de Fronton. Une épitaphe décrit un homme avare, tandis qu'une autre critique un prétendu bel esprit. Le texte principal se concentre sur Saint Front, premier évêque de Périgueux. Selon les Actes de sa vie, rapportés par M. Bosquet, Saint Front, originaire de Périgueux ou d'Orient, fut envoyé par Saint Pierre pour prêcher l'Évangile en Gaule. Il arriva à Périgueux accompagné de son compagnon Georges et y fit de nombreux convertis malgré la persécution du gouverneur Squirius. Saint Front chassa un dragon et bâtit une église en l'honneur de Saint Étienne. Il fonda également des églises dans d'autres régions, telles que le Puy-en-Velay, la Saintonge et le Poitou. Saint Front mourut en paix à Périgueux après avoir accompli de nombreux miracles. Cependant, les Actes de Saint Front ont été rejetés par plusieurs critiques, notamment M. de Tillemont et M. Baillet, qui les jugent insoutenables et douteux. M. Baillet reconnaît la conversion du peuple de Périgueux comme le principal fruit des travaux de Saint Front, mais remet en question les détails de sa vie et ses voyages. La fête de Saint Front est célébrée le 25 octobre, et son corps fut retrouvé après la mort de Clovis Ier. Le texte mentionne également des demandes d'éclaircissements sur les reliques de Saint Front et les traditions de l'Église de Périgueux. Enfin, un poème d'un Iroquois critique la société française, mettant en avant la liberté et l'innocence des peuples sauvages par rapport aux vices et aux besoins artificiels des Français.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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