A M. BOUHIER ,
Nommé premier Evêque de Dijon.
ODE.
Dieu , dont la bonté féconde ,
Par des Miracles divers ,
Remplissant la Terre et l'Onde ,
Embrasse tout l'Univers :
Fais retentir sur ma Lyre ,
Ce qu'un saint amour m'inspire ,
En un jour si plein d'attraits.
J'encourage le Fidele ,
A s'enflammer d'un beau zele ,
Pour celebrer tes bienfaits.
Je n'irai point au Parnasse ,
Pour y chercher des accords.
Je n'ai pas besoin d'Horace y
Pour animer mes efforts.
Je suis la verité pure ,
Et méprisant la censure ,
Je
NOVEMBRE. 1731 ° 2569
Je publie avec éclat ,
Du grand BоUHIER la noblesse ,
Les Vertus et la Sagesse ,
Qui l'ont fait notre Prélat.
Je consacre les prémices ;
Du feu qui saisit mon coeur ,
A faire sous ses auspices ,
L'essai de ma noble ardeur.
'Aux vertus qu'il fit paroître ,
Depuis qu'on le put connoître ,
J'offre un légitime encens .
Heureux ! si ma voix timide ,
Dans le transport qui me guide ,
Exprime ce que je sens !
Comme on voit une Fontaine ,
Par le secours de ses Eaux ,
'Arroser toute une Plaine
Et former mille Ruisseaux :
BOUHIER , ainsi ta Famille ,
Ici se répand et brille ;
De Dijon elle est l'honneur
Du Peuple la Protectrice
De l'Orphelin la Nourrice ,
De tous elle est le bonheur.
Combien
2570 MERCURE DE FRANCE
Combien en a- t'on vû naître
De Guerriers et de Héros ?
Que de Magistrats paroître ,
Pour remplir nos Tribunaux !
Dans le Sénat équitable ,
Dans les Combats redoutable
Son lustre éclata toûjours .
Du Peuple , des Grands , chérie,
Elle fit de sa Patrie ,
Et la gloire et les amours.
Tu suis noblement les traces ,
De tes illustres Ayeux ;
graces ,
Que de vertus , que de
Tu fais briller à nos yeux !
Quant à la Cour on t'honore ;
A tous tu parois encore ,
Bien plus grand par ta vertu
Que par le glorieux Titre ,
Et par la brillante Mitre ,
Dont Louis t'a revétu.
Le courage que te donne
Ton amour pour l'équité
Te fait la ferme Colomne ,
Qui soutient la verité
Thémis , à qui tu sçûs plaire ,
Te fit dans son Sanctuaire ,
・
1
L'inNOVEMBRE
1731. 2579.
L'Interprete de ses Loix ;
Te mit en main sa Balance ;
Et sûre de ta prudence ,
T'abandonna tous ses droits.
C'est de toi que la Province ,
A reçû tant de bienfaits ,
Par toi , son AUGUSTE PRINCE ,
Comble nos plus doux souhaits.
A ton zele infatigable ,
La Bourgogne est redevable ,
De ces sçavantes leçons ,
Qui dans une illustre Ecole ,
De Gratien , de Barthole ,
Instruisent les Nourrissons.
La vertu toûjours entiere
Depuis long-temps éclatoit ;
Dans l'Eglise ta lumiere ,
De plus en plus s'augmentoit
Il étoit temps que la France ,
Vît placer en évidence ,
Ton Chandelier sur l'Autel ,
Que la divine Sagesse ,
Accomplissant sa promesse ,
Rendit ton nom immortel.
Plus ta vertu favorite ,
Te
2572 MERCURE DE FRANCE
Te faisoit fuir la grandeur ;
Plus le prix qu'elle mérite ,
Fera briller ta splendeur.
C'est ainsi que sur la Terre
La main qui tient le Tonnerre
Exalte l'humilité :
Cette humilité profonde ,
Trouve son prix dans le monde ;
Comme dans l'Eternité.
L *. B *.