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1
p. 91-93
MATHÉMATIQUES..
Début :
J'AI l'honneur, Monsieur, de vous adresser ci-joint deux Problêmes qui ont [...]
Mots clefs :
Problème, Arithméticiens, Siège, Jeu de Piquet
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texteReconnaissance textuelle : MATHÉMATIQUES..
MATHÉMATIQUES.
J'AI "AI l'honneur , Monfieur , de vous
adreffer ci-joint deux Problêmes qui ont
été propofés dans les Annonces de notre
Province , lefquels font reftés indécis
par la différence des folutions fournies
; je vous crois trop amateur des
Sciences , Monfieur , pour vous refuſer ,
à la prière que je vous fais au nom
d'une Société , de vouloir bien les admettre
dans votre Mercure , pour en
procurer une décifion certaine , par
MM. les Arithméticiens qui font invités
de vouloir bien la donner pour fi
xer les opinions.
PREMIER PROBLEM E.
On compte dans une Ville affiégée
35000 habitans , dont le nombre d'hommes
eft en proportion à celui des femmes
, comme les
nombre 75 font aux
du nombre 238 1 .
des moins 8 du
127
des , plus 27
92 MERCURE DE FRANCE .
Cette Ville peut foutenir un fiége de
fix mois , & fournir à chacun de fes
habitans 28 onces de pain par jour.
On demande quel temps ( la même ration
journalière continuée ) le fiége
pourroit être foutenu , fi l'on faifoit
fortir toutes les femmes ?
MM. Vincent , Satis & Denis ne s'étant
pas trouvés d'accord fur le nombre
d'hommes & de femmes qui compofent
les 35000 habitans , & d'ailleurs leurs
opérations étant juftes , fuivant leurs
fentimens , l'on demande feulement combien
il fe doit trouver d'hommes & de
femmes dans la Ville en queftion.
II. PROB LÊ ME.
Les Cartes peintes du jeu de Picquet
étant fupprimées , faire avec les vingt
qui restent deux lots inégaux , & tels
que chaque lot contienne autant de
cartes qu'il y aura de fois fept points
dans l'autre lot, l'as n'y étant compté que
pour un point.
Meffieurs les Arithméticiens font
priés de donner une formule qui convienne
à tous les cas poffibles.
MM. Dumanoir , le Clerc , Mallet ,
Loifel , le Baron & le Doyen ont bien
donné leurs folutions fervant de inoJANVIER.
1763 . 93
déle à la formule demandée ; mais aucune
ne fixe le nombre des cas poffbles
, ce que l'on defire fçavoir.
J'ai Phonneur d'être , & c.
LE COMPTE.
J'AI "AI l'honneur , Monfieur , de vous
adreffer ci-joint deux Problêmes qui ont
été propofés dans les Annonces de notre
Province , lefquels font reftés indécis
par la différence des folutions fournies
; je vous crois trop amateur des
Sciences , Monfieur , pour vous refuſer ,
à la prière que je vous fais au nom
d'une Société , de vouloir bien les admettre
dans votre Mercure , pour en
procurer une décifion certaine , par
MM. les Arithméticiens qui font invités
de vouloir bien la donner pour fi
xer les opinions.
PREMIER PROBLEM E.
On compte dans une Ville affiégée
35000 habitans , dont le nombre d'hommes
eft en proportion à celui des femmes
, comme les
nombre 75 font aux
du nombre 238 1 .
des moins 8 du
127
des , plus 27
92 MERCURE DE FRANCE .
Cette Ville peut foutenir un fiége de
fix mois , & fournir à chacun de fes
habitans 28 onces de pain par jour.
On demande quel temps ( la même ration
journalière continuée ) le fiége
pourroit être foutenu , fi l'on faifoit
fortir toutes les femmes ?
MM. Vincent , Satis & Denis ne s'étant
pas trouvés d'accord fur le nombre
d'hommes & de femmes qui compofent
les 35000 habitans , & d'ailleurs leurs
opérations étant juftes , fuivant leurs
fentimens , l'on demande feulement combien
il fe doit trouver d'hommes & de
femmes dans la Ville en queftion.
II. PROB LÊ ME.
Les Cartes peintes du jeu de Picquet
étant fupprimées , faire avec les vingt
qui restent deux lots inégaux , & tels
que chaque lot contienne autant de
cartes qu'il y aura de fois fept points
dans l'autre lot, l'as n'y étant compté que
pour un point.
Meffieurs les Arithméticiens font
priés de donner une formule qui convienne
à tous les cas poffibles.
MM. Dumanoir , le Clerc , Mallet ,
Loifel , le Baron & le Doyen ont bien
donné leurs folutions fervant de inoJANVIER.
1763 . 93
déle à la formule demandée ; mais aucune
ne fixe le nombre des cas poffbles
, ce que l'on defire fçavoir.
J'ai Phonneur d'être , & c.
LE COMPTE.
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Résumé : MATHÉMATIQUES..
L'auteur d'une lettre anonyme présente deux problèmes mathématiques issus des annonces d'une province, sollicitant l'aide des arithméticiens pour résoudre les divergences d'opinions. Le premier problème concerne une ville assiégée de 35 000 habitants, avec une ration journalière de 28 onces de pain par habitant, permettant de soutenir un siège de six mois. L'auteur demande combien de temps le siège pourrait durer si toutes les femmes quittaient la ville, tout en maintenant la même ration. Les arithméticiens Vincent, Satis et Denis ne s'accordent pas sur le nombre d'hommes et de femmes. Le second problème consiste à diviser les vingt cartes restantes du jeu de Picquet en deux lots inégaux, de sorte que chaque lot contienne autant de cartes qu'il y a de fois sept points dans l'autre lot, l'as comptant pour un point. Les arithméticiens Dumanoir, le Clerc, Mallet, Loisel, le Baron et le Doyen ont proposé des solutions, mais l'auteur souhaite connaître le nombre de cas possibles.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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2
p. 93-95
GÉOGRAPHIE. MAPPEMONDE, en deux grands Hémisphères, Oriental, & Occidental, par M. D'ANVILLE , de l'Académie Royale des Belles-Lettres.
Début :
APRÉS avoir donné au Public des Cartes très-amples des quatre Parties du [...]
Mots clefs :
Cartes, Mers, Îles
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texteReconnaissance textuelle : GÉOGRAPHIE. MAPPEMONDE, en deux grands Hémisphères, Oriental, & Occidental, par M. D'ANVILLE , de l'Académie Royale des Belles-Lettres.
GÉOGRAPHIE.
MAPPE MONDE , en deux grands
Hémisphères , Oriental , & Occiden
tal , par M. D'ANVILLE , de
l'Académie Royale des Belles - Lettres.
APPRRIÉS avoir donné au Public des
Cartes très-amples des quatre Parties du
Monde , M. d'Anville rend complet cet
affortiment de morceaux Géographie .
ques , par la Mappemonde , qui raffemble
fous un coup d'oeil ce qu'il avoit
fallu partager en plufieurs divifions
pour pouvoir figurer les objets avec
plus de détail & de précifion que dans
les Cartes précédentes. D'ailleurs , les
Parties du Monde laiffent à l'écart de
grands efpaces fur la furface du Globe
, de vaftes Mers parfemées d'Ifles
en grand nombre dans quelques en94
MERCURE DE FRANCE.
*
droits , & qui n'entrent point dans les
Cartes des Parties du Monde . On ne
s'étend point dans une Carte de l'Amérique
fur tout ce que la Mer du
Sud couvre d'étendue dans l'Hémisphère
Occidental , ou du nouveau Monde.
Il étoit donc néceffaire que M.
d'Anville fit fes Hémisphères plus grands
qu'on ne les avoit , pour que ces fupplémens
aux Parties du Monde fuffent
donnés d'une manière qui correſpondît
autant qu'il étoit poffible à la richeffe
du détail des Cartes de fa collection.
Il est encore à remarquer , que dans
cette collection , de grands Hémisphères
tiendront lieu de Cartes générales .
Quoique l'Europe occupe le moins de
place fur le Globe , les grands Etats
s'y trouvent bien diftingués : la Hongrie
n'y eft point confondue avec ce
qui eft donné pour Turquie d'Europe
dans les autres Mappemondes. Si la
Mappemonde n'eft pas fufceptible d'un
détail d'Etats particuliers , tels que ceux
de l'Allemagne & de l'Italie , il faut du
moins que
les Villes qui tiennent le
premier rang dans chacun de ces Etats ,
fervent à les repréfenter , felon le plan
qu'a fuivi M. d'Anville. Un deffein exact
& févére dans la configuration du local ,
JANVIER. 1763 . 95
& exécuté par le plus habile Graveur
rend un grand détail de pofitions compatible
avec beaucoup de netteté dans
les objets. Et on peut dire de la Mappemonde
de M. d'Anville , que c'eft la
mieux conçue dans fa compofition ,
comme la plus élégante au coup d'oeil,
qui ait paru jufqu'à préfent. On voit
dans cet important morceau de Géographie
une continuation des bienfaits
dont Moufeigneur le Duc d'ORLEANS
favorife les travaux de l'Auteur.
* M. De la Haye , Graveur du Roi pour la
Géographie .
MAPPE MONDE , en deux grands
Hémisphères , Oriental , & Occiden
tal , par M. D'ANVILLE , de
l'Académie Royale des Belles - Lettres.
APPRRIÉS avoir donné au Public des
Cartes très-amples des quatre Parties du
Monde , M. d'Anville rend complet cet
affortiment de morceaux Géographie .
ques , par la Mappemonde , qui raffemble
fous un coup d'oeil ce qu'il avoit
fallu partager en plufieurs divifions
pour pouvoir figurer les objets avec
plus de détail & de précifion que dans
les Cartes précédentes. D'ailleurs , les
Parties du Monde laiffent à l'écart de
grands efpaces fur la furface du Globe
, de vaftes Mers parfemées d'Ifles
en grand nombre dans quelques en94
MERCURE DE FRANCE.
*
droits , & qui n'entrent point dans les
Cartes des Parties du Monde . On ne
s'étend point dans une Carte de l'Amérique
fur tout ce que la Mer du
Sud couvre d'étendue dans l'Hémisphère
Occidental , ou du nouveau Monde.
Il étoit donc néceffaire que M.
d'Anville fit fes Hémisphères plus grands
qu'on ne les avoit , pour que ces fupplémens
aux Parties du Monde fuffent
donnés d'une manière qui correſpondît
autant qu'il étoit poffible à la richeffe
du détail des Cartes de fa collection.
Il est encore à remarquer , que dans
cette collection , de grands Hémisphères
tiendront lieu de Cartes générales .
Quoique l'Europe occupe le moins de
place fur le Globe , les grands Etats
s'y trouvent bien diftingués : la Hongrie
n'y eft point confondue avec ce
qui eft donné pour Turquie d'Europe
dans les autres Mappemondes. Si la
Mappemonde n'eft pas fufceptible d'un
détail d'Etats particuliers , tels que ceux
de l'Allemagne & de l'Italie , il faut du
moins que
les Villes qui tiennent le
premier rang dans chacun de ces Etats ,
fervent à les repréfenter , felon le plan
qu'a fuivi M. d'Anville. Un deffein exact
& févére dans la configuration du local ,
JANVIER. 1763 . 95
& exécuté par le plus habile Graveur
rend un grand détail de pofitions compatible
avec beaucoup de netteté dans
les objets. Et on peut dire de la Mappemonde
de M. d'Anville , que c'eft la
mieux conçue dans fa compofition ,
comme la plus élégante au coup d'oeil,
qui ait paru jufqu'à préfent. On voit
dans cet important morceau de Géographie
une continuation des bienfaits
dont Moufeigneur le Duc d'ORLEANS
favorife les travaux de l'Auteur.
* M. De la Haye , Graveur du Roi pour la
Géographie .
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Résumé : GÉOGRAPHIE. MAPPEMONDE, en deux grands Hémisphères, Oriental, & Occidental, par M. D'ANVILLE , de l'Académie Royale des Belles-Lettres.
Le texte décrit une carte du monde en deux hémisphères, orientale et occidentale, réalisée par M. d'Anville, membre de l'Académie Royale des Belles-Lettres. Après avoir publié des cartes détaillées des quatre parties du monde, M. d'Anville complète son œuvre avec une mappemonde qui rassemble en un seul regard ce qui était auparavant divisé. Cette carte inclut des espaces marins vastes et de nombreuses îles souvent omises dans les cartes précédentes. La nécessité de créer des hémisphères plus grands permet de fournir des suppléments détaillés correspondant à la richesse des cartes précédentes. La mappemonde remplace les cartes générales et distingue clairement les grands États en Europe, comme la Hongrie, qui n'est pas confondue avec la Turquie d'Europe. Bien que les détails des États particuliers comme l'Allemagne et l'Italie ne soient pas inclus, les villes principales de ces États sont représentées. La carte est exécutée avec précision et élégance par M. De la Haye, graveur du Roi pour la géographie, et bénéficie du soutien de Monsieur le Duc d'Orléans.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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3
p. 95-99
ASTRONOMIE. LETTRE de M. DELALANDE, de l'Académie Royale des Sciences, à M. DE LA PLACE, sur une Anecdote Littéraire.
Début :
Vous avez appris déja, Monsieur, avec satisfaction, les preuves que le [...]
Mots clefs :
Académie des sciences, Turquie, Porte, Interprète, Grand vizir
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texteReconnaissance textuelle : ASTRONOMIE. LETTRE de M. DELALANDE, de l'Académie Royale des Sciences, à M. DE LA PLACE, sur une Anecdote Littéraire.
ASTRONOMI E.
LETTRE de M. DELALANDE , de
l'Académie Royale des Sciences , à
M. DE LA PLACE , fur une Anecdote
Littéraire.
Vous ous avez appris déja , Monfieur
avec fatisfaction , les preuves que le
Grand- Seignenr nous a données en
dernier lieu de fon goût pour les Sciences.
Le détail de ce petit événement fera
plaifir aux Gens de Lettres. Il eft d'ail96
MERCURE DE FRANCE.
leurs honorable à l'Académie des Sciencés
, & vous y trouverez peut -être une
raifon d'efpérer qu'un jour la Turquie
cette belle partie de l'Europe , fortira
de l'engourdiffement où elle eft depuis
la deftruction de l'Empire Grec.
I
Les Juillet dernier 5 M. le Chevalier de
Vergennes , Ambaffadeur de France à
Conftantinople , eut une vifite de l'interprété
de la Porte , qui venoit de la
part du Grand- Vifir. Cet Interprête lui
dit que le Grand-Seigneur avoit été informé
qu'il y avoit en France des Aſtronomes
célébres qui avoient publié nouvellement
des ouvrages généralement
eftimés . Sa Hauteffe ( ajouta- t-il ) qui a
du goût pour ce genre d'étude , defire
qu'on lui faffe venir avec le moins de
délai qu'il fera poffible , les meilleures
Tables d'Aftronomie , les obfervations
les plus parfaites & les découvertes les
plus récentes qui ont paru. Pour cet
effet le Grand-Vifir requit M. l'Ambaffadeur
de vouloir bien expédier un
Courier exprès pour les demander en
France & pour les rapporter . M. de Vergennes
l'affura de fon empreffement à
fe conformer aux ordres de fa Hauteffe ,
& à fatisfaire fon goût. Il promit d'en
rendre compte à M. le Duc de Praf.
,
lin
JANVIER. 1763 . 97
lin , Ministre des affaires étrangères ,
ne doutant pas qu'il ne donnât fes foins
pour que cette commiffion fut faite avec
autant de choix que de promptitude.
Les Couriers ne pouvant paffer à
Vienne en Autriche , fans être affujettis
à une longue quarantaine , M. de Vergennes
dépêcha un Janiffaire fur la frontière
de Turquie , avec une recommandation
de M. de Schwacheim au Commandant
Impérial à Semlin , pour le
prier de faire paffer par un Staffette fon
paquet à M. le Comte du Chatelet , Ambaffadeur
de France à Vienne , qui devoit
l'envoyer à Paris. M. de Vergennes,
pria M. le Duc de Praflin de lui faire
parvenir fa réponſe par la même voie ;
l'objet de la diligence qui lui étoit fi fort
recommandée pouvant être rempli fans
beaucoup de dépenfe par M. le Comte
de Kaunitz, qui ordonneroit l'expédition
d'un Janiffaire attaché au fervice de la
Poſte Impériale : il y a toujours plufieurs
de ces Janiffaires à Belgrade.
M. de Vergennes demandoit principalement
les obfervations du paffage de
Vénus fur le foleil , les ouvrages faits
fur les cometes depuis quelques années ,
& les découvertes nouvelles relatives à
l'Aftronomie. Les Turcs auroient bien
II. Vol. ES
98 MERCURE DE FRANCE.
voulu qu'il y joignît quelques ouvrages
d'aftrologie judiciaire & de prédiction
fur l'avenir ; mais il répondit décidément
qu'on n'en trouveroit point en
France , parce que ces fortes d'études Y
étoient totalement décriées .
*
Le Roi ayant appris l'empreffement
& la curiofité du Sultan , voulut lui
donner en cette occafion une marque
de complaifance & d'amitié ; & M. le
Comte de S. Florentin me fi : l'honneur
de me charger , en conféquence des
ordres du Roi , de remettre un état de
tout ce qui pouvoit être raffemblé à ce
fujet à M. Bignon , Bibliothécaire du
Roi , & de concerter avec lui l'envoi
de Livres qui pourroient plaire au Grand
Seigneur. Je m'acquittai avec empreffement
de cette commiſſion : mais vous
favez , Monfieur , qu'il n'y a en France
que trois Traités d'aftronomie élémentaire
, ceux de M. Caffini , de M. Le
Monnier & de M. de la Caille. J'y joignis
des traités particuliers , tels que ceux
de la figure de la terre , de M. de Maupertuis
, de M. de la Condamine , de
M. Bouguer & de M. Clairaut , les
tables aftronomiques de Halley , dont
j'avois donné en 1759 une feconde édition
, mon expofition du calcul aftronoJANVIER.
1763. 99
1
mique , la connoiffance des temps de
plufieurs années , où il eft parlé du paffage
de Vénus , le traité des cometes de
M. Clairaut , le traité de navigation de
M. de la Caille , & c. Tout cela fut relié
avec toute la propreté imaginable , &
envoyé à Marseille , d'où le Grand Seigneur
a reçu cet envoi avec une extrême
fatisfaction .
Il n'eft pas fort étonnant ,
fort étonnant , Monfieur
que les travaux , les voyages , les entreprifes
de l'Académie des Sciences , fous
la protection d'un Miniftre éclairé
ayent étendu la réputation littéraire de
la France jufques dans ces climats.
Il l'eft au contraire bien davantage
que l'efprit de recherche , d'obfervation
& de curiofité n'ait pas fait des
progrès plus rapides du côté du Levant.
On a vu dans les Etats de l'Impératrice
Reine , des Mathématiciens célébres, tels
que le P. Hell , enfeigner les Mathématiques
jufqu'aux confins de la Turquie ;
& l'on favoit à peine dans Conftantinople
à quoi ces études pouvoient fervir.
Puiffe le goût & la curiofité de Muftapha
II produire en faveur des Sciences
une heureufe révolution !
J'ai l'honneur d'être & c.
DE LA LANDE.
LETTRE de M. DELALANDE , de
l'Académie Royale des Sciences , à
M. DE LA PLACE , fur une Anecdote
Littéraire.
Vous ous avez appris déja , Monfieur
avec fatisfaction , les preuves que le
Grand- Seignenr nous a données en
dernier lieu de fon goût pour les Sciences.
Le détail de ce petit événement fera
plaifir aux Gens de Lettres. Il eft d'ail96
MERCURE DE FRANCE.
leurs honorable à l'Académie des Sciencés
, & vous y trouverez peut -être une
raifon d'efpérer qu'un jour la Turquie
cette belle partie de l'Europe , fortira
de l'engourdiffement où elle eft depuis
la deftruction de l'Empire Grec.
I
Les Juillet dernier 5 M. le Chevalier de
Vergennes , Ambaffadeur de France à
Conftantinople , eut une vifite de l'interprété
de la Porte , qui venoit de la
part du Grand- Vifir. Cet Interprête lui
dit que le Grand-Seigneur avoit été informé
qu'il y avoit en France des Aſtronomes
célébres qui avoient publié nouvellement
des ouvrages généralement
eftimés . Sa Hauteffe ( ajouta- t-il ) qui a
du goût pour ce genre d'étude , defire
qu'on lui faffe venir avec le moins de
délai qu'il fera poffible , les meilleures
Tables d'Aftronomie , les obfervations
les plus parfaites & les découvertes les
plus récentes qui ont paru. Pour cet
effet le Grand-Vifir requit M. l'Ambaffadeur
de vouloir bien expédier un
Courier exprès pour les demander en
France & pour les rapporter . M. de Vergennes
l'affura de fon empreffement à
fe conformer aux ordres de fa Hauteffe ,
& à fatisfaire fon goût. Il promit d'en
rendre compte à M. le Duc de Praf.
,
lin
JANVIER. 1763 . 97
lin , Ministre des affaires étrangères ,
ne doutant pas qu'il ne donnât fes foins
pour que cette commiffion fut faite avec
autant de choix que de promptitude.
Les Couriers ne pouvant paffer à
Vienne en Autriche , fans être affujettis
à une longue quarantaine , M. de Vergennes
dépêcha un Janiffaire fur la frontière
de Turquie , avec une recommandation
de M. de Schwacheim au Commandant
Impérial à Semlin , pour le
prier de faire paffer par un Staffette fon
paquet à M. le Comte du Chatelet , Ambaffadeur
de France à Vienne , qui devoit
l'envoyer à Paris. M. de Vergennes,
pria M. le Duc de Praflin de lui faire
parvenir fa réponſe par la même voie ;
l'objet de la diligence qui lui étoit fi fort
recommandée pouvant être rempli fans
beaucoup de dépenfe par M. le Comte
de Kaunitz, qui ordonneroit l'expédition
d'un Janiffaire attaché au fervice de la
Poſte Impériale : il y a toujours plufieurs
de ces Janiffaires à Belgrade.
M. de Vergennes demandoit principalement
les obfervations du paffage de
Vénus fur le foleil , les ouvrages faits
fur les cometes depuis quelques années ,
& les découvertes nouvelles relatives à
l'Aftronomie. Les Turcs auroient bien
II. Vol. ES
98 MERCURE DE FRANCE.
voulu qu'il y joignît quelques ouvrages
d'aftrologie judiciaire & de prédiction
fur l'avenir ; mais il répondit décidément
qu'on n'en trouveroit point en
France , parce que ces fortes d'études Y
étoient totalement décriées .
*
Le Roi ayant appris l'empreffement
& la curiofité du Sultan , voulut lui
donner en cette occafion une marque
de complaifance & d'amitié ; & M. le
Comte de S. Florentin me fi : l'honneur
de me charger , en conféquence des
ordres du Roi , de remettre un état de
tout ce qui pouvoit être raffemblé à ce
fujet à M. Bignon , Bibliothécaire du
Roi , & de concerter avec lui l'envoi
de Livres qui pourroient plaire au Grand
Seigneur. Je m'acquittai avec empreffement
de cette commiſſion : mais vous
favez , Monfieur , qu'il n'y a en France
que trois Traités d'aftronomie élémentaire
, ceux de M. Caffini , de M. Le
Monnier & de M. de la Caille. J'y joignis
des traités particuliers , tels que ceux
de la figure de la terre , de M. de Maupertuis
, de M. de la Condamine , de
M. Bouguer & de M. Clairaut , les
tables aftronomiques de Halley , dont
j'avois donné en 1759 une feconde édition
, mon expofition du calcul aftronoJANVIER.
1763. 99
1
mique , la connoiffance des temps de
plufieurs années , où il eft parlé du paffage
de Vénus , le traité des cometes de
M. Clairaut , le traité de navigation de
M. de la Caille , & c. Tout cela fut relié
avec toute la propreté imaginable , &
envoyé à Marseille , d'où le Grand Seigneur
a reçu cet envoi avec une extrême
fatisfaction .
Il n'eft pas fort étonnant ,
fort étonnant , Monfieur
que les travaux , les voyages , les entreprifes
de l'Académie des Sciences , fous
la protection d'un Miniftre éclairé
ayent étendu la réputation littéraire de
la France jufques dans ces climats.
Il l'eft au contraire bien davantage
que l'efprit de recherche , d'obfervation
& de curiofité n'ait pas fait des
progrès plus rapides du côté du Levant.
On a vu dans les Etats de l'Impératrice
Reine , des Mathématiciens célébres, tels
que le P. Hell , enfeigner les Mathématiques
jufqu'aux confins de la Turquie ;
& l'on favoit à peine dans Conftantinople
à quoi ces études pouvoient fervir.
Puiffe le goût & la curiofité de Muftapha
II produire en faveur des Sciences
une heureufe révolution !
J'ai l'honneur d'être & c.
DE LA LANDE.
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Résumé : ASTRONOMIE. LETTRE de M. DELALANDE, de l'Académie Royale des Sciences, à M. DE LA PLACE, sur une Anecdote Littéraire.
En juillet 1762, le Chevalier de Vergennes, ambassadeur de France à Constantinople, reçut la visite d'un interprète du Grand Vizir. Cet interprète transmit la demande du Sultan d'obtenir les meilleures tables d'astronomie, les observations les plus parfaites et les découvertes les plus récentes publiées en France. Vergennes promit de transmettre cette demande au Duc de Praslin, ministre des affaires étrangères, et d'envoyer un courrier express pour récupérer ces documents. En raison des quarantaines imposées à Vienne, Vergennes envoya un janissaire avec une recommandation pour le commandant impérial à Semlin, afin que le paquet soit transmis à l'ambassadeur de France à Vienne, qui devait l'envoyer à Paris. Vergennes demanda également au Duc de Praslin de faire parvenir sa réponse par la même voie, espérant que le Comte de Kaunitz ordonnerait l'expédition d'un janissaire attaché au service postal impérial. Le Sultan souhaitait également des ouvrages d'astrologie judiciaire et de prédiction, mais Vergennes répondit qu'il n'en existait pas en France, ces études y étant totalement décriées. Le Roi de France, informé de la curiosité du Sultan, décida de lui envoyer divers ouvrages d'astronomie. Delalande, membre de l'Académie Royale des Sciences, fut chargé de préparer une liste des ouvrages à envoyer. Il inclut des traités d'astronomie élémentaire, des travaux sur la figure de la Terre, des tables astronomiques, et des traités sur les comètes et la navigation. Ces ouvrages furent reliés avec soin et envoyés à Marseille, d'où ils furent expédiés au Sultan, qui les reçut avec satisfaction. Delalande souligna que les travaux de l'Académie des Sciences avaient étendu la réputation littéraire de la France jusqu'en Turquie, mais regretta que l'esprit de recherche et de curiosité n'ait pas progressé plus rapidement dans cette région. Il exprima l'espoir que le goût du Sultan pour les sciences produise une révolution favorable à leur développement.
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