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1
p. 284-294
ELOGE de Madame de Bois de la Pierre. Lettre écrite à M. D. L. R. par M. A. D. V. D.
Début :
Je m'acquite, Monsieur, de ce que je vous ai promis au sujet de la mort [...]
Mots clefs :
Monastère, Normandie, Canton, Religieuse, Modestie , Poésie, Gaieté, Chapelle, Noblesse, Madame de Bois de la Pierre
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texteReconnaissance textuelle : ELOGE de Madame de Bois de la Pierre. Lettre écrite à M. D. L. R. par M. A. D. V. D.
ELOGE de Madame de Bois de la Pierre.
Lettre écrite à M. D. L. R. par M. A.
D. V. D.
J
E m'acquite , Monsieur , de ce que
je vous ai promis au sujet de la mort
de Madame de Bois de la Pierre . Tout
notre Canton s'interesse tellement à la
Ferte que nous avons faite de cette pieuse
et sçavante Dame , qu'il a fallu laisser
passer
FEVRIER. 1731. 285
passer quelque tems pour recueillir de
ses Parens et de ses amis affligés les instructions
dont j'avois besoin pour rendre
à sa mémoire les devoirs qui lui sont
si legitimement dûs , et pour satisfaire
aussi à mon inclination et à mes engagemens.
,
par
Mais je dois vous dire Monsieur
avant toutes choses, que je n'aurois jamais,
eu cette satisfaction entiere , si je n'avois
pas été particulierement aidé la Lettre
que M. l'Abbé Morel de Breteuil ,
dont vous connoissez le mérite et la réputation
, écrivit sur ce sujet à Madame
de Courteilles , Religieuse Religieuse de Chaize-
Dieu , Monastere celebre de l'Ordre de
Fontevraud , et digne soeur de notre illustre
defunte , laquelle m'a aussi fait
l'honneur de me donner des instructions.
Cet Abbé étoit plus en état que personne
de faire connoître son veritable caractere,
et de parler dignement de ses rares qualités
, aussi a t'il fait un Portrait très - ressemblant
et des mieux executés , comme
vous le verrez dans la suite de ma Lettre.
Louise Marie de Lanfernat nâquit au
Château de Courteilles le 4. Decembre.
1663. de parens nés dans la Religion
P. R. Ils éleverent leurs Enfans dans
cette même secte ; mais Dieu ayant éclairé
en differens tems le Pere et la Mere , it's
firent
286 MERCURE DE FRANCE
firent aussi en differens tems leur abju
ration , exemple qui fut suivi des deux
filles qui composoient alors toute leur
famille , sçavoir , la Dame dont il s'agit
ici , et Madame de Courteilles , sa soeur ,
aujourd'hui, comme je l'ai dit , Religieuse
de Fontevraud ; elles eurent un frere qui
fut tué à l'Armée.
1
>
La premiere se trouvant au décès de
ses pere et mere seule heritiere de son
nom et de sa Maison en Normandie
par conséquent Dame de Courteilles le
Guerin , du Teil , de Chammoteux & c.
épousa François de l'Omosne , Seigneur
de Bois de la Pierre , Exempt des Gardes
du Corps du Roi , Chevalier de S. Louis,
lequel fut tué en 1709. à la Bataille de
Malplaquay , dont elle n'eut point d'Enfans.
Madame de Bois de la Pierre fut sensiblement
touchée de cette perte ; mais
soumise aux ordres du Ciel , elle mit à
profit son adversité , et ne s'occupa presque
plus que de sa Religion . Le tems qui
fui restoit après ses exercices de pieté fur
rempli par l'étude , et destiné à entretenir
un agréable commerce , avec un nombre
choisi de personnes vertueuses et
éclairées , ce qui a duré jusqu'à sa mort.
Pour entrer là- dessus dans quelque détail
, empruntons une meilleure plume
que
FEVRIER . 1735. 287
que la mienne. Trouvez bon , Monsieur,
que j'inserc ici la Lettre de l'illustre Abbé
dont je vous ai parlé au commencement;
vous m'en sçaurez gré , et le Public avec
yous.
גכ
Ce n'est point négligence , Madame,
c'est surprise , si j'ai differé jusqu'à ce
»jour de vous écrire ; on m'avoit assuré
>> qu'on vous avoit caché la perte que vous
avez faite agréez donc que je joigne
>> mes regrets aux vôtres , ils ne sont que
trop justes ; mais je vois un moyen in-
> nocent de les adoucir ; vous trouverez
» bon que je le mette en oeuvre pour
votre consolation et pour la mienne,
» C'est , Madame , de retracer à nos
>>yeux quelques- uns des traits qui ont
>> rendu cette chere defunte si digne de
>> l'amitié et de la veneration des person-
» nes qui la connoissoient , et qui ont eu
avec elle quelque relation ."
» Avec un esprit solide , capable des
» choses les plus relevées , et rempli des
>> lumieres que peut donner une longue
»application , Madame de Bois de la
»Pierre étoit d'une modestie admirable
» et sa bonté naturelle lui faisoit trouver
» du plaisir à converser avec les person-
»nes les plus simples , même avec des
»Enfans.
Un rare talent pour la Poësie qu'elle
avoit
288 MERCURE DE FRANCE
}
et
» avoit cultivé dès sa plus grande Jeu-
» nesse , ne lui enfla point le coeur ,
»les louanges que ce talent lui attira
» non plus que la liaison qu'il mit entre elle
» et les meilleurs esprits de son tems , ne
» la rendirent point présomptueuse. Elle
>> écrivoit en Prose avec une facilité , une
élegance , une précision qui étonnoient
» les plus habiles de ses amis , et elle en
» eut d'un génie fort au - dessus du com-
>>
>> mun.
Consultée sur toute sorte d'Ouvrages ,
» elle donnoit des avis remplis de justesse.
» Par tout y brilloient cette honnêteté et
» ces manieres gracieuses qui la firent tou-
» jours respecter des personnes qui avoient
» quelque goût pour la vraye et naïve po-
» litesse . Ce caractere domina chez elle
» dans tous les tems et dans toute sa con-
» duite.
ןכ
Sa plus forte inclination fut toujours
» d'obliger ceux qui avoient avec elle
quelque societé. Son extrême attention
» à eviter tout ce qui pourroit faire de la
» peine de sa part , lui avoit appris à dis-
» cerner les défauts opposés dans les au-
» tres. Elle y étoit bien sensible, mais elle
» étoit ingénieuse à les excuser ; les Es-
» prits vains , présomptueux , envieux
médisans , critiques , lui étoient fort à
charge ; elle se contentoit dans ces occafions
FEVRIER. 1731. 289
casions de quelques traits délicats , ca-`
» pables de corriger des personnes intel-
» ligentes et attentives , sans choquer
>> inutilement celles qui manquent de ces
» qualités.
La bonté de son coeur éclatoit sur tout
» dans sa Maison , jamais elle ne contrista
>> sans une necessité bien marquée aucun
» de ceux qui la servoient ; rien ne la fla-
» toit plus que de voir regner chez elle
» un air de gayeté et de satisfaction , et
» elle ne dédaignoit pas d'en procurer de
>> tems en tems les innocens moyens.
» A l'égard de ses amis , elle ne croyoit
» jamais avoir assez fait pour eux ; elle
prévenoit leurs demandes avec un soin
qui alloit jusqu'au scrupule , et jamais
» ils ne lui en firent d'inutiles . Elle avoit
»
» pour les pauvres et pour les affligés une
» tendresse de Mere . Nulles paroles ne
» peuvent exprimer les sentimens qu'elle
» eut pour sa très digne soeur.
>>
"
»
Tout cela dans Madame de Bois de la
Pierre paroissoit comme naturel ; mais
» un grand fonds de pieté en relevoit infiniment
le mérite. Elle avoit embrassé
» la Religion Catholique dans toute la
sincerité de son coeur ; elle en avoit
» gouté et penetré l'esprit , et si sa naissance
, une excellente éducation et la
candeur de son ame avoient quelque
">
part
190 MERCURE DE FRANCE.
>
» part à tant d'actions dignes de l'estime
» du monde même , elle n'ignoroit pas
» l'essentiel , qui est de faire tout dans
» la vûë de plaire à Dieu. C'étoit une
>> douceur toute chrétienne une sage
» humilité , une charité éclairée qui for-
» moient une conduite si exemplaire .
» L'apparence , ou si cela se peut dire ,
le phantôme de ces vertus peut bien se
>> rencontrer dans une fausse Religion et
» dans le parti de l'heresie , mais leur réa-
» lité ne se trouve que dans la vraye Egli-
» se , aussi ne se lassoit - elle point de ren-
» dre graces à Dieu de son heureux chan-
» gement.
Elle souhaita d'avoir dans sa Maison
» une Chapelle , afin d'assister tous les
» jours aux saints Mysteres , et de parti-
» ciper plus fréquemment à la victime
» de notre salut , car éloignée de son
» Eglise Paroissiale et des autres Eglises
» de son quartier , il s'en falloit beau-
» coup que sa dévotion ne fut satisfaite
>> sur ces points.
22
Ses longues infirmités et plusieurs
grandes maladies par lesquelles il a plû
à Dieu de la préparer à la mort , ne
»l'avoient point rendue d'une humeur
» sombre et fâcheuse ; on l'a toujours vûe
la même jusqu'à la fin . Je sens bien ,
disoit- elle , un peu avant que Dieu
Pait
FEVRIER. 1731. 29
W
l'ait appellée , que je n'ai plus qu'un
» soufle de vie ; mais par la bonté divine,
»je ne me trouve point fort effrayée de
» cette derniere heure : j'ai une entiere
>> confiance dans le sacrifice du Sauveur.
>>
Enfin Dieu la frappa pour la derniere
»fois , et permit que son esprit fut pres
>> que aussi abbatu que son corps ; mais
" pour lui faire consommer le sacrifice
de sa vie d'une maniere plus parfaite ,
» pour consoler un peu sa Maison deso-
» lée , et pour édifier ceux qui entendroient
» parler de sa mort , il lui rendit toute
» sa raison , afin qu'elle participat aux
» Sacremens de l'Eglise , ce qu'elle fit
» d'une maniere touchante. Elle rendit
» ensuite son esprit à Dieu et mourut
» dans la paix du Seigneur le 14. du mois.
de Septembre dernier dans le même
» lieu où elle avoit pris naissance.
" Je prie Dieu pour elle , bien per-
»suadé qu'elle sera bientôt en état de me
rendre au centuple ce que j'aurai tâché
de faire pour le repos éternel de son
ame. J'ai l'honneur d'être en une sincere
societé de douleur avec vous , et
avec un très profond respect , Madame,
votre &c. figné MOREL , Prêtre.
A Breteuil le 18. Octobre 1739.
Je n'ai , Monsieur , que peu de chose
292 MERCURE DE FRANCE
à ajouter à ce que vous venez de lire . Il
est bon de ne pas vous laisser ignorer
que cette sçavante Dame a fait plusieurs
Ouvrages qui mériteroient d'être publiés.
Voici ceux qui sont venus à ma connoissance.
L'Histoire du Monastere de
Chaize-Dieu , dont elle étoit voisine , et
où demeure aujourd'hui Madame sa soeur,
dont les grandes qualités mériteraient dés
à présent un Eloge. Ce Monastere nommé
dans les Chartes Casa Dei , fut fondé
dans le 12. siecle par l'ancienne Maison
de Laigle ; il est très distingué dans l'Ordre
de Fontevraud , et encore aujourd'hui
il est composé de soixante Dames de
Choeur , de la premiere Noblesse des
quatre Diocèses qui l'environnent. Il est
de celui d'Evreux , et situé à deux lieuës
de Verneuil , de Breteuil et de Laigle , au
milieu de ces trois Villes. Vous en parlerez,
sans doute, dans la suite de votre Voyage
Litteraire de Normandie.
L'Histoire de l'ancienne Maison de Laigle.
La Genealogie avec les preuves de
toute la veritable noblesse de notre Pays;
on y voit la sienne avec toutes les preu-,
ves qu'elle avoit recueillies des Provinces
de Bourgogne et de Champagne , où il
y a encore des Branches de la Maison
de Lanfernat. Elle est originaire de Brie.
Un Gentilhomme de cette Maison vint
s'établir
·
FEVRIER. 1731. 293
s'établir dans le Perche en 1490. c'étoit
le Trisayeul de notre Sçavante . Lanfernat
porte d'Azur à trois Lozanges d'Or , deux
et une , un Casque de front , pour Supports
un Ange et un Sauvage , et pour Cri ou
Devise : QUI FAIT BIEN L'ENFER
N'A.
Elle a de plus rassemblé plusieurs Mémoires
pour servir à l'Histoire de Normandie
, dans lesquels il se trouve quantité
de choses curieuses qui regardent les
Comtes d'Evreux , les Ducs d'Alençon ,
les Comtes de Mortain , de Mortagne
de Ponthieu , de Breteuil & c.
Enfin cette Dame étoit en relation avec
beaucoup de personnes de Lettres d'un
nom distingué , comme le R. P. de Monfaucon
à qui elle a communiqué bien des
choses pour ses Monumens de la Monar
chie & c. M. de Fontenelle et autres
Membres des differentes Académies , dont
on a trouvé plusieurs Lettres dans son
Cabinet. On y a trouvé aussi l'Histoire
Génealogique de la Maison Royale de France
&c. que le feu P. Simplicien lui avoit
envoyée par reconnoissance des Mémoires
qu'elle lui avoit fournis en grand
nombre. Je n'oublierai pas le sçavant
Charles d'Hozier encore vivant , fils du
celebre Pierre d'Hozier , votre compatrioté
, que vous n'avez pas oublié dans
Marseille Sçavante &c.
Elle
294 MERCURE DE FRANCE
Elle étoit petite niéce de l'Abbé Tallemant
l'ancien , et niéce du dernier , dont
elle a gardé quantité de Lettres qui pourront
un jour faire une suite curieuse de
leur commerce Litteraire .
Quand les scellés apposés dans sa Maison
seront levés , j'aurai de plus grands
éclaircissemens à vous donner pour tout
ce qui concerne Histoire , Erudition
Littérature , par rapport à cette illustre
Dame. Je suis toujours , Monsieur &c.
A Evreux le 15. Decembre 1730.
Lettre écrite à M. D. L. R. par M. A.
D. V. D.
J
E m'acquite , Monsieur , de ce que
je vous ai promis au sujet de la mort
de Madame de Bois de la Pierre . Tout
notre Canton s'interesse tellement à la
Ferte que nous avons faite de cette pieuse
et sçavante Dame , qu'il a fallu laisser
passer
FEVRIER. 1731. 285
passer quelque tems pour recueillir de
ses Parens et de ses amis affligés les instructions
dont j'avois besoin pour rendre
à sa mémoire les devoirs qui lui sont
si legitimement dûs , et pour satisfaire
aussi à mon inclination et à mes engagemens.
,
par
Mais je dois vous dire Monsieur
avant toutes choses, que je n'aurois jamais,
eu cette satisfaction entiere , si je n'avois
pas été particulierement aidé la Lettre
que M. l'Abbé Morel de Breteuil ,
dont vous connoissez le mérite et la réputation
, écrivit sur ce sujet à Madame
de Courteilles , Religieuse Religieuse de Chaize-
Dieu , Monastere celebre de l'Ordre de
Fontevraud , et digne soeur de notre illustre
defunte , laquelle m'a aussi fait
l'honneur de me donner des instructions.
Cet Abbé étoit plus en état que personne
de faire connoître son veritable caractere,
et de parler dignement de ses rares qualités
, aussi a t'il fait un Portrait très - ressemblant
et des mieux executés , comme
vous le verrez dans la suite de ma Lettre.
Louise Marie de Lanfernat nâquit au
Château de Courteilles le 4. Decembre.
1663. de parens nés dans la Religion
P. R. Ils éleverent leurs Enfans dans
cette même secte ; mais Dieu ayant éclairé
en differens tems le Pere et la Mere , it's
firent
286 MERCURE DE FRANCE
firent aussi en differens tems leur abju
ration , exemple qui fut suivi des deux
filles qui composoient alors toute leur
famille , sçavoir , la Dame dont il s'agit
ici , et Madame de Courteilles , sa soeur ,
aujourd'hui, comme je l'ai dit , Religieuse
de Fontevraud ; elles eurent un frere qui
fut tué à l'Armée.
1
>
La premiere se trouvant au décès de
ses pere et mere seule heritiere de son
nom et de sa Maison en Normandie
par conséquent Dame de Courteilles le
Guerin , du Teil , de Chammoteux & c.
épousa François de l'Omosne , Seigneur
de Bois de la Pierre , Exempt des Gardes
du Corps du Roi , Chevalier de S. Louis,
lequel fut tué en 1709. à la Bataille de
Malplaquay , dont elle n'eut point d'Enfans.
Madame de Bois de la Pierre fut sensiblement
touchée de cette perte ; mais
soumise aux ordres du Ciel , elle mit à
profit son adversité , et ne s'occupa presque
plus que de sa Religion . Le tems qui
fui restoit après ses exercices de pieté fur
rempli par l'étude , et destiné à entretenir
un agréable commerce , avec un nombre
choisi de personnes vertueuses et
éclairées , ce qui a duré jusqu'à sa mort.
Pour entrer là- dessus dans quelque détail
, empruntons une meilleure plume
que
FEVRIER . 1735. 287
que la mienne. Trouvez bon , Monsieur,
que j'inserc ici la Lettre de l'illustre Abbé
dont je vous ai parlé au commencement;
vous m'en sçaurez gré , et le Public avec
yous.
גכ
Ce n'est point négligence , Madame,
c'est surprise , si j'ai differé jusqu'à ce
»jour de vous écrire ; on m'avoit assuré
>> qu'on vous avoit caché la perte que vous
avez faite agréez donc que je joigne
>> mes regrets aux vôtres , ils ne sont que
trop justes ; mais je vois un moyen in-
> nocent de les adoucir ; vous trouverez
» bon que je le mette en oeuvre pour
votre consolation et pour la mienne,
» C'est , Madame , de retracer à nos
>>yeux quelques- uns des traits qui ont
>> rendu cette chere defunte si digne de
>> l'amitié et de la veneration des person-
» nes qui la connoissoient , et qui ont eu
avec elle quelque relation ."
» Avec un esprit solide , capable des
» choses les plus relevées , et rempli des
>> lumieres que peut donner une longue
»application , Madame de Bois de la
»Pierre étoit d'une modestie admirable
» et sa bonté naturelle lui faisoit trouver
» du plaisir à converser avec les person-
»nes les plus simples , même avec des
»Enfans.
Un rare talent pour la Poësie qu'elle
avoit
288 MERCURE DE FRANCE
}
et
» avoit cultivé dès sa plus grande Jeu-
» nesse , ne lui enfla point le coeur ,
»les louanges que ce talent lui attira
» non plus que la liaison qu'il mit entre elle
» et les meilleurs esprits de son tems , ne
» la rendirent point présomptueuse. Elle
>> écrivoit en Prose avec une facilité , une
élegance , une précision qui étonnoient
» les plus habiles de ses amis , et elle en
» eut d'un génie fort au - dessus du com-
>>
>> mun.
Consultée sur toute sorte d'Ouvrages ,
» elle donnoit des avis remplis de justesse.
» Par tout y brilloient cette honnêteté et
» ces manieres gracieuses qui la firent tou-
» jours respecter des personnes qui avoient
» quelque goût pour la vraye et naïve po-
» litesse . Ce caractere domina chez elle
» dans tous les tems et dans toute sa con-
» duite.
ןכ
Sa plus forte inclination fut toujours
» d'obliger ceux qui avoient avec elle
quelque societé. Son extrême attention
» à eviter tout ce qui pourroit faire de la
» peine de sa part , lui avoit appris à dis-
» cerner les défauts opposés dans les au-
» tres. Elle y étoit bien sensible, mais elle
» étoit ingénieuse à les excuser ; les Es-
» prits vains , présomptueux , envieux
médisans , critiques , lui étoient fort à
charge ; elle se contentoit dans ces occafions
FEVRIER. 1731. 289
casions de quelques traits délicats , ca-`
» pables de corriger des personnes intel-
» ligentes et attentives , sans choquer
>> inutilement celles qui manquent de ces
» qualités.
La bonté de son coeur éclatoit sur tout
» dans sa Maison , jamais elle ne contrista
>> sans une necessité bien marquée aucun
» de ceux qui la servoient ; rien ne la fla-
» toit plus que de voir regner chez elle
» un air de gayeté et de satisfaction , et
» elle ne dédaignoit pas d'en procurer de
>> tems en tems les innocens moyens.
» A l'égard de ses amis , elle ne croyoit
» jamais avoir assez fait pour eux ; elle
prévenoit leurs demandes avec un soin
qui alloit jusqu'au scrupule , et jamais
» ils ne lui en firent d'inutiles . Elle avoit
»
» pour les pauvres et pour les affligés une
» tendresse de Mere . Nulles paroles ne
» peuvent exprimer les sentimens qu'elle
» eut pour sa très digne soeur.
>>
"
»
Tout cela dans Madame de Bois de la
Pierre paroissoit comme naturel ; mais
» un grand fonds de pieté en relevoit infiniment
le mérite. Elle avoit embrassé
» la Religion Catholique dans toute la
sincerité de son coeur ; elle en avoit
» gouté et penetré l'esprit , et si sa naissance
, une excellente éducation et la
candeur de son ame avoient quelque
">
part
190 MERCURE DE FRANCE.
>
» part à tant d'actions dignes de l'estime
» du monde même , elle n'ignoroit pas
» l'essentiel , qui est de faire tout dans
» la vûë de plaire à Dieu. C'étoit une
>> douceur toute chrétienne une sage
» humilité , une charité éclairée qui for-
» moient une conduite si exemplaire .
» L'apparence , ou si cela se peut dire ,
le phantôme de ces vertus peut bien se
>> rencontrer dans une fausse Religion et
» dans le parti de l'heresie , mais leur réa-
» lité ne se trouve que dans la vraye Egli-
» se , aussi ne se lassoit - elle point de ren-
» dre graces à Dieu de son heureux chan-
» gement.
Elle souhaita d'avoir dans sa Maison
» une Chapelle , afin d'assister tous les
» jours aux saints Mysteres , et de parti-
» ciper plus fréquemment à la victime
» de notre salut , car éloignée de son
» Eglise Paroissiale et des autres Eglises
» de son quartier , il s'en falloit beau-
» coup que sa dévotion ne fut satisfaite
>> sur ces points.
22
Ses longues infirmités et plusieurs
grandes maladies par lesquelles il a plû
à Dieu de la préparer à la mort , ne
»l'avoient point rendue d'une humeur
» sombre et fâcheuse ; on l'a toujours vûe
la même jusqu'à la fin . Je sens bien ,
disoit- elle , un peu avant que Dieu
Pait
FEVRIER. 1731. 29
W
l'ait appellée , que je n'ai plus qu'un
» soufle de vie ; mais par la bonté divine,
»je ne me trouve point fort effrayée de
» cette derniere heure : j'ai une entiere
>> confiance dans le sacrifice du Sauveur.
>>
Enfin Dieu la frappa pour la derniere
»fois , et permit que son esprit fut pres
>> que aussi abbatu que son corps ; mais
" pour lui faire consommer le sacrifice
de sa vie d'une maniere plus parfaite ,
» pour consoler un peu sa Maison deso-
» lée , et pour édifier ceux qui entendroient
» parler de sa mort , il lui rendit toute
» sa raison , afin qu'elle participat aux
» Sacremens de l'Eglise , ce qu'elle fit
» d'une maniere touchante. Elle rendit
» ensuite son esprit à Dieu et mourut
» dans la paix du Seigneur le 14. du mois.
de Septembre dernier dans le même
» lieu où elle avoit pris naissance.
" Je prie Dieu pour elle , bien per-
»suadé qu'elle sera bientôt en état de me
rendre au centuple ce que j'aurai tâché
de faire pour le repos éternel de son
ame. J'ai l'honneur d'être en une sincere
societé de douleur avec vous , et
avec un très profond respect , Madame,
votre &c. figné MOREL , Prêtre.
A Breteuil le 18. Octobre 1739.
Je n'ai , Monsieur , que peu de chose
292 MERCURE DE FRANCE
à ajouter à ce que vous venez de lire . Il
est bon de ne pas vous laisser ignorer
que cette sçavante Dame a fait plusieurs
Ouvrages qui mériteroient d'être publiés.
Voici ceux qui sont venus à ma connoissance.
L'Histoire du Monastere de
Chaize-Dieu , dont elle étoit voisine , et
où demeure aujourd'hui Madame sa soeur,
dont les grandes qualités mériteraient dés
à présent un Eloge. Ce Monastere nommé
dans les Chartes Casa Dei , fut fondé
dans le 12. siecle par l'ancienne Maison
de Laigle ; il est très distingué dans l'Ordre
de Fontevraud , et encore aujourd'hui
il est composé de soixante Dames de
Choeur , de la premiere Noblesse des
quatre Diocèses qui l'environnent. Il est
de celui d'Evreux , et situé à deux lieuës
de Verneuil , de Breteuil et de Laigle , au
milieu de ces trois Villes. Vous en parlerez,
sans doute, dans la suite de votre Voyage
Litteraire de Normandie.
L'Histoire de l'ancienne Maison de Laigle.
La Genealogie avec les preuves de
toute la veritable noblesse de notre Pays;
on y voit la sienne avec toutes les preu-,
ves qu'elle avoit recueillies des Provinces
de Bourgogne et de Champagne , où il
y a encore des Branches de la Maison
de Lanfernat. Elle est originaire de Brie.
Un Gentilhomme de cette Maison vint
s'établir
·
FEVRIER. 1731. 293
s'établir dans le Perche en 1490. c'étoit
le Trisayeul de notre Sçavante . Lanfernat
porte d'Azur à trois Lozanges d'Or , deux
et une , un Casque de front , pour Supports
un Ange et un Sauvage , et pour Cri ou
Devise : QUI FAIT BIEN L'ENFER
N'A.
Elle a de plus rassemblé plusieurs Mémoires
pour servir à l'Histoire de Normandie
, dans lesquels il se trouve quantité
de choses curieuses qui regardent les
Comtes d'Evreux , les Ducs d'Alençon ,
les Comtes de Mortain , de Mortagne
de Ponthieu , de Breteuil & c.
Enfin cette Dame étoit en relation avec
beaucoup de personnes de Lettres d'un
nom distingué , comme le R. P. de Monfaucon
à qui elle a communiqué bien des
choses pour ses Monumens de la Monar
chie & c. M. de Fontenelle et autres
Membres des differentes Académies , dont
on a trouvé plusieurs Lettres dans son
Cabinet. On y a trouvé aussi l'Histoire
Génealogique de la Maison Royale de France
&c. que le feu P. Simplicien lui avoit
envoyée par reconnoissance des Mémoires
qu'elle lui avoit fournis en grand
nombre. Je n'oublierai pas le sçavant
Charles d'Hozier encore vivant , fils du
celebre Pierre d'Hozier , votre compatrioté
, que vous n'avez pas oublié dans
Marseille Sçavante &c.
Elle
294 MERCURE DE FRANCE
Elle étoit petite niéce de l'Abbé Tallemant
l'ancien , et niéce du dernier , dont
elle a gardé quantité de Lettres qui pourront
un jour faire une suite curieuse de
leur commerce Litteraire .
Quand les scellés apposés dans sa Maison
seront levés , j'aurai de plus grands
éclaircissemens à vous donner pour tout
ce qui concerne Histoire , Erudition
Littérature , par rapport à cette illustre
Dame. Je suis toujours , Monsieur &c.
A Evreux le 15. Decembre 1730.
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Résumé : ELOGE de Madame de Bois de la Pierre. Lettre écrite à M. D. L. R. par M. A. D. V. D.
Madame de Bois de la Pierre, de son nom de naissance Louise Marie de Lanfernat, est née le 4 décembre 1663 au Château de Courteilles dans une famille protestante qui se convertit par la suite au catholicisme. Elle épousa François de l'Omosne, qui fut tué à la bataille de Malplaquet en 1709. N'ayant pas d'enfants, elle se consacra après cette perte à sa foi et à l'étude, cultivant des relations avec des personnes vertueuses et éclairées. L'Abbé Morel de Breteuil, dans une lettre à Madame de Courteilles, sœur de Madame de Bois de la Pierre et religieuse à Fontevraud, décrit son caractère comme étant marqué par un esprit solide, la modestie, la bonté, ainsi qu'un talent pour la poésie et la prose. Elle était également connue pour sa piété sincère et sa charité. Madame de Bois de la Pierre a écrit plusieurs ouvrages, parmi lesquels l'Histoire du Monastère de Chaize-Dieu, l'Histoire de l'ancienne Maison de Laigle, et des mémoires sur la noblesse et l'histoire de Normandie. Elle entretenait des relations avec des personnalités littéraires telles que le Père de Montfaucon et Fontenelle. Madame de Bois de la Pierre est décédée le 14 septembre 1730, entourée de sa famille et de ses amis, après avoir reçu les sacrements de l'Église.
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2
p. 1827-1830
EXTRAIT d'une Lettre écrite d'Evreux, par M. A. C. D. V. le 14. Juillet au sujet du Tonnerre &c.
Début :
Je ne vous parlerois pas, Monsieur, du Tonnerre tombé dans cette Ville [...]
Mots clefs :
Tonnerre, Attestation juridique, Église, Danger de mort
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texteReconnaissance textuelle : EXTRAIT d'une Lettre écrite d'Evreux, par M. A. C. D. V. le 14. Juillet au sujet du Tonnerre &c.
EXTRAIT d'une Lettre écrite d'Evreux,
par M. A. C. D. V. le 14. Juillet an
sujet du Tonnerre &c.
J
E ne vous parlerois pas , Monsieur ,
du Tonnerre tombé dans cette Ville
avec des circonstances singulieres , si
je n'en trouvois un exemple dans vôtre
1. vol . du Mercure de Juin , voici le fait
en peu de mots.
Pendant Vêpres du jour de S. Pierre
S. Paul 29. du passé , il y eut dans cette
Ville , et 3. lieues à la ronde , un orage
et un Tonnerre effroyable , lequel ayant
commencé sur le midi , tomba enfin dans
F'Eglise Paroissiale de S. Thomas , en
passant par une des ouvertures du haut
de la Tour du Clocher , et descendant
par le bel Escalier de pierre , qui y est
enfermé , où il déplaça quelques pierres ;
il entra dans l'Eglise par la porte de cet
Escaliers et avant qu'on se fût apperçu
de sa chûte , quatre hommes de suite s'en
trouverent marqués : l'un tout le long du
bras depuis l'epaule jusqu'au poignet ,
l'autre sur le haut du col , l'autre au derriere
, quoyqu'il fût assis , le quatrième
à la main. Celui qui est marqué sur le
haut du col , ressemble tout à fait à un
I vj homme ,
1828 MERCURE DE FRANCE
homme, qui auroit été marqué pour
quelque mal-fait ; cela est si vray que
cet homme demande actuellement une
attestation Juridique de cet accident à
M". du Présidial pour se préserver de
tout soupçon , en cas qu'il fut obligé de
se deshabiller ailleurs qu'à Evreux , pour
quelque raison que ce soit ; ils montrent
tous quatre leurs marques à tous ceux qui
veulent les voir.
Quand le Tonnerre eût fait ce coup
il parut comme un Tourbillon de
feu dans l'Eglise , qui monta jusqu'aw
Choeur , pendant les encencemens du
Magnificat , ce qui fit coucher tous les
Assistants par terre dans le Choeur et dans
la Nef; le seul Curé , qui a la vûë trẻs
basse, ne s'apperçût de rien, et n'eut peur
que du coup qui accompagna la chûte.
Le Tonnerre remonta par le Rond point
du Choeur , où il brisa uneCroix de pierre,
et démolit 3. ou 4. pierres des environs
le tout en un instant , in ictu oculi : le
Service interrompu fût repris aprés un
délay suffisant , pour s'assurer si les
hommes frappés n'étoient pas en danger
de mort ; on les remena chez eux où ils
furent saignés sur le champ ; et enfin ils
en ont été quittes pour la peur. Le lendemain
on celebra dans la même Eglise,
>
4.
une
t
JUILLE T. 1731. 1829
une Messe d'Action de graces.
Puisque dans le même Mercure que
j'ai cité vous avés marqué la mort de
MIC. de Braque , comme vous avés mar◄
qué en son temps celle de M. sa mere ,
je vous prie de vouloir bien faire mention
de la naissance d'un de ses neveux , nôtre
futur Seigneur, Car une soeur de la Dile
dont vous venez d'annoncer la mort
fût mariée en 1723. à Cæsar Charles le
Franc du Val David , cette Dame vient
d'accoucher d'un fils chez M. le Comte
de Braque son Pere : huit belles Terres
dont il est l'heritier présomprif le mettront
un jour en état de soutenir son illustre
naissance ; la Maison est très ancienne
, et n'a point changé depuis 4. Siecles
et plus.
On donne avis que le Marquis de Flamenville,
autorisé par Arrêt du Conseil , a fait construire
un Port dans sa Terre de Flamenville , qui sera
d'un grand secours aux Bâtimens qui passent le
Raz Blachard , autrement dit Cap de la Hague,
et au Sud-Est la grande Ance de Vauville , dit
Blanc Sablon.
Il y a une Kade admirable et de bonne tenuë
où l'on mouille à 10. 12. et 15. brasses d'eau , fond
de sable. Le Port qui est fermé par une Chaussée
de plus de 100. toises de longueur , est à l'abri de
tous vents ; il y monte 18. 20. et 22. pieds d'eau
de grande Mer , 8. 1c. et 12. de mort'eau. On y
trouvera
1830 MERCURE DE FRANCE
trouvera les rafraîchissemens necessaires. Ce Port
est marqué sur les Cartes de France , entre l'Ance
de Vauville et le Cap de Flamenville , dit Gros
Nez. Ce Port se nomme Dielette.
Le sieur de Fleury , est seul possesseur d'un
Elixir efficace , d'une odeur agréable , avec lequel,
il blanchit parfaitement les dents sans aucune
douleur , arrête la carie , fond dans l'instant le
Tartre qui y est attaché , purifie les gencives sans
les couper ni altérer , il en chasse les mauvaises
matieres , et sans se servir d'aucun ferrement.
Les effets de ce Remede se font sur le champ ;
il arrête la douleur des dents cariées sans aucune
suite fâcheuse ni autre inconvenient. Le sieur de
Fleury , après un très - grand nombre d'experiences
, ayant été à la Cour par ordre de la Reine ,
a fait usage de son Elixir pour plusieurs personnes
de grande consideration. Le Public doit
tirer une grande utilité de ce Remede , l'application
en est très-facile , elle ne se fait qu'avec des
petits morceaux de bois en forme de Curedent.
Après qu'on a fait usage une seule fois de cet
Elixir , on peut aisément se conserver les dents .
blanches et les gencives saines , en prenant les
Brécautions suivantes .
1. Se ratisser la langue tous les matins avec un
couteau d'yvoire ou autre. 2. Se laver la bouche
et les dents avec une petite Eponge. 3. Se frotter
les dents avec du papier brûlé, et se rinser la bous
che ensuite.
Le sieur de Fleury , demeure vis - à- vis M. le
Président de Luber , chez Madame Moulé , ruë
de Clery.
par M. A. C. D. V. le 14. Juillet an
sujet du Tonnerre &c.
J
E ne vous parlerois pas , Monsieur ,
du Tonnerre tombé dans cette Ville
avec des circonstances singulieres , si
je n'en trouvois un exemple dans vôtre
1. vol . du Mercure de Juin , voici le fait
en peu de mots.
Pendant Vêpres du jour de S. Pierre
S. Paul 29. du passé , il y eut dans cette
Ville , et 3. lieues à la ronde , un orage
et un Tonnerre effroyable , lequel ayant
commencé sur le midi , tomba enfin dans
F'Eglise Paroissiale de S. Thomas , en
passant par une des ouvertures du haut
de la Tour du Clocher , et descendant
par le bel Escalier de pierre , qui y est
enfermé , où il déplaça quelques pierres ;
il entra dans l'Eglise par la porte de cet
Escaliers et avant qu'on se fût apperçu
de sa chûte , quatre hommes de suite s'en
trouverent marqués : l'un tout le long du
bras depuis l'epaule jusqu'au poignet ,
l'autre sur le haut du col , l'autre au derriere
, quoyqu'il fût assis , le quatrième
à la main. Celui qui est marqué sur le
haut du col , ressemble tout à fait à un
I vj homme ,
1828 MERCURE DE FRANCE
homme, qui auroit été marqué pour
quelque mal-fait ; cela est si vray que
cet homme demande actuellement une
attestation Juridique de cet accident à
M". du Présidial pour se préserver de
tout soupçon , en cas qu'il fut obligé de
se deshabiller ailleurs qu'à Evreux , pour
quelque raison que ce soit ; ils montrent
tous quatre leurs marques à tous ceux qui
veulent les voir.
Quand le Tonnerre eût fait ce coup
il parut comme un Tourbillon de
feu dans l'Eglise , qui monta jusqu'aw
Choeur , pendant les encencemens du
Magnificat , ce qui fit coucher tous les
Assistants par terre dans le Choeur et dans
la Nef; le seul Curé , qui a la vûë trẻs
basse, ne s'apperçût de rien, et n'eut peur
que du coup qui accompagna la chûte.
Le Tonnerre remonta par le Rond point
du Choeur , où il brisa uneCroix de pierre,
et démolit 3. ou 4. pierres des environs
le tout en un instant , in ictu oculi : le
Service interrompu fût repris aprés un
délay suffisant , pour s'assurer si les
hommes frappés n'étoient pas en danger
de mort ; on les remena chez eux où ils
furent saignés sur le champ ; et enfin ils
en ont été quittes pour la peur. Le lendemain
on celebra dans la même Eglise,
>
4.
une
t
JUILLE T. 1731. 1829
une Messe d'Action de graces.
Puisque dans le même Mercure que
j'ai cité vous avés marqué la mort de
MIC. de Braque , comme vous avés mar◄
qué en son temps celle de M. sa mere ,
je vous prie de vouloir bien faire mention
de la naissance d'un de ses neveux , nôtre
futur Seigneur, Car une soeur de la Dile
dont vous venez d'annoncer la mort
fût mariée en 1723. à Cæsar Charles le
Franc du Val David , cette Dame vient
d'accoucher d'un fils chez M. le Comte
de Braque son Pere : huit belles Terres
dont il est l'heritier présomprif le mettront
un jour en état de soutenir son illustre
naissance ; la Maison est très ancienne
, et n'a point changé depuis 4. Siecles
et plus.
On donne avis que le Marquis de Flamenville,
autorisé par Arrêt du Conseil , a fait construire
un Port dans sa Terre de Flamenville , qui sera
d'un grand secours aux Bâtimens qui passent le
Raz Blachard , autrement dit Cap de la Hague,
et au Sud-Est la grande Ance de Vauville , dit
Blanc Sablon.
Il y a une Kade admirable et de bonne tenuë
où l'on mouille à 10. 12. et 15. brasses d'eau , fond
de sable. Le Port qui est fermé par une Chaussée
de plus de 100. toises de longueur , est à l'abri de
tous vents ; il y monte 18. 20. et 22. pieds d'eau
de grande Mer , 8. 1c. et 12. de mort'eau. On y
trouvera
1830 MERCURE DE FRANCE
trouvera les rafraîchissemens necessaires. Ce Port
est marqué sur les Cartes de France , entre l'Ance
de Vauville et le Cap de Flamenville , dit Gros
Nez. Ce Port se nomme Dielette.
Le sieur de Fleury , est seul possesseur d'un
Elixir efficace , d'une odeur agréable , avec lequel,
il blanchit parfaitement les dents sans aucune
douleur , arrête la carie , fond dans l'instant le
Tartre qui y est attaché , purifie les gencives sans
les couper ni altérer , il en chasse les mauvaises
matieres , et sans se servir d'aucun ferrement.
Les effets de ce Remede se font sur le champ ;
il arrête la douleur des dents cariées sans aucune
suite fâcheuse ni autre inconvenient. Le sieur de
Fleury , après un très - grand nombre d'experiences
, ayant été à la Cour par ordre de la Reine ,
a fait usage de son Elixir pour plusieurs personnes
de grande consideration. Le Public doit
tirer une grande utilité de ce Remede , l'application
en est très-facile , elle ne se fait qu'avec des
petits morceaux de bois en forme de Curedent.
Après qu'on a fait usage une seule fois de cet
Elixir , on peut aisément se conserver les dents .
blanches et les gencives saines , en prenant les
Brécautions suivantes .
1. Se ratisser la langue tous les matins avec un
couteau d'yvoire ou autre. 2. Se laver la bouche
et les dents avec une petite Eponge. 3. Se frotter
les dents avec du papier brûlé, et se rinser la bous
che ensuite.
Le sieur de Fleury , demeure vis - à- vis M. le
Président de Luber , chez Madame Moulé , ruë
de Clery.
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Résumé : EXTRAIT d'une Lettre écrite d'Evreux, par M. A. C. D. V. le 14. Juillet au sujet du Tonnerre &c.
Le 29 juin, un violent orage accompagné de tonnerre a frappé la ville d'Évreux et ses environs. Le tonnerre a pénétré dans l'église paroissiale de Saint Thomas par une ouverture dans la tour du clocher, déplaçant quelques pierres et marquant quatre hommes. Les blessures incluaient des marques sur le bras, le cou, le dos et la main. Un des hommes a demandé une attestation juridique pour éviter tout soupçon. Après l'incident, un tourbillon de feu est apparu dans l'église, faisant tomber les assistants à terre. Le tonnerre a ensuite remonté par le chœur, brisant une croix de pierre et démolissant quelques pierres. Le service religieux a été interrompu puis repris après un délai suffisant pour s'assurer que les hommes marqués n'étaient pas en danger. Le lendemain, une messe d'action de grâces a été célébrée. Le texte mentionne également la naissance d'un neveu de Michel de Braque, futur seigneur, issu du mariage d'une sœur de la défunte avec César Charles le Franc du Val David. La maison de Braque est décrite comme très ancienne et inchangeable depuis plus de quatre siècles. Le Marquis de Flamenville a fait construire un port à Flamenville, nommé Dielette, qui est d'un grand secours pour les bâtiments naviguant près du Raz Blachard et de la grande Ance de Vauville. Ce port est marqué sur les cartes de France et offre des conditions de mouillage sécurisées. Enfin, le sieur de Fleury possède un élixir efficace pour blanchir les dents, arrêter la carie et purifier les gencives. Cet élixir a été utilisé à la cour par ordre de la Reine et est disponible chez Madame Moulé, rue de Clery, vis-à-vis du Président de Luber.
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3
p. 2198-2199
Difficulté Historique sur la Ville d'Evreux. [titre d'après la table]
Début :
DIFFICULTÉ Historique sur la Ville d'Evreux ; Extrait d'une Lettre écrite d'Evreux, le [...]
Mots clefs :
Normandie, Histoire manuscrite
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : Difficulté Historique sur la Ville d'Evreux. [titre d'après la table]
DIFFICULTE' Historique sur la Ville d'E.
vreux ; Extrait d'une Lettre écrite d'Evreux , le
premier Juillet 1731 .
J'ay , Monsieur
une difficulté
que je vous
prie de m'éclaircir
, ou de me faire éclaircir. Elle
regarde
l'ancien
nom d'Evreux
. Selon M. le
Brasseur
dans son Histoire
manuscrite
de Normandie
, c'étoit Mediolanum
ou Mediolanium
Aulercorum
; mais depuis qu'on a divisé les
Aulerques
en Eburovices
, Cenomans
et Diablin¬
tres , Evreux fût nommé
Mediolanum
Eburovicum
en François Evreux , d'où l'on a fait
dans la suite pat corruption Ebroica , Ebroica ,
Ebroa. On appelloit Evreux Mediolanum Eburovicum
, comme ceux de Saintes , Mediolanum
Sancionum .
2- M. le Brasseur dans son Histoire d'Evreux
fait une Remarque qui me paroît frivole ; il
prétend que le nom Mediolauum ou Mediolanium
se donnoit autrefois à la Capitale de tout
un Pays : Cependant je ne connois que trois Villes
qui portent ce nom Milan , Mediolanum Insubrium
, Saintes , Mediolanum Sanetonum , et
Evreux Mediolanum Eburovicum. Si cette déno .
mination avoit été la dénomination ordinaire
> d'une Ville Capitale on en verroit une infinité
qui porteroient ce même nom ; si Meun sur
Yeure étoit une Capitale , il serviroit à autoriser
lc
SEPTEMBRE . 1731. 2199
le sentiment de M. le Brasseur ; Mais par malheur
il ne l'est pas. Armoris , 1. 3. c. 49. l'appelle
Castrum Mediolanense , sed Biturigi , dit
ce Moine , Apud Castrum Mediolanense quod
nunc Magdunum dicitur quindecim armatorum
millia desiderio duci opponentes cum eo conflixere
: faites attention , je vous prie , à cette diffic
culté , et donnez - en communication aux Experts
par la voye du Mercure , afin d'en avoir la réso
lution , &e.
vreux ; Extrait d'une Lettre écrite d'Evreux , le
premier Juillet 1731 .
J'ay , Monsieur
une difficulté
que je vous
prie de m'éclaircir
, ou de me faire éclaircir. Elle
regarde
l'ancien
nom d'Evreux
. Selon M. le
Brasseur
dans son Histoire
manuscrite
de Normandie
, c'étoit Mediolanum
ou Mediolanium
Aulercorum
; mais depuis qu'on a divisé les
Aulerques
en Eburovices
, Cenomans
et Diablin¬
tres , Evreux fût nommé
Mediolanum
Eburovicum
en François Evreux , d'où l'on a fait
dans la suite pat corruption Ebroica , Ebroica ,
Ebroa. On appelloit Evreux Mediolanum Eburovicum
, comme ceux de Saintes , Mediolanum
Sancionum .
2- M. le Brasseur dans son Histoire d'Evreux
fait une Remarque qui me paroît frivole ; il
prétend que le nom Mediolauum ou Mediolanium
se donnoit autrefois à la Capitale de tout
un Pays : Cependant je ne connois que trois Villes
qui portent ce nom Milan , Mediolanum Insubrium
, Saintes , Mediolanum Sanetonum , et
Evreux Mediolanum Eburovicum. Si cette déno .
mination avoit été la dénomination ordinaire
> d'une Ville Capitale on en verroit une infinité
qui porteroient ce même nom ; si Meun sur
Yeure étoit une Capitale , il serviroit à autoriser
lc
SEPTEMBRE . 1731. 2199
le sentiment de M. le Brasseur ; Mais par malheur
il ne l'est pas. Armoris , 1. 3. c. 49. l'appelle
Castrum Mediolanense , sed Biturigi , dit
ce Moine , Apud Castrum Mediolanense quod
nunc Magdunum dicitur quindecim armatorum
millia desiderio duci opponentes cum eo conflixere
: faites attention , je vous prie , à cette diffic
culté , et donnez - en communication aux Experts
par la voye du Mercure , afin d'en avoir la réso
lution , &e.
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Résumé : Difficulté Historique sur la Ville d'Evreux. [titre d'après la table]
Le 1er juillet 1731, une lettre discute de l'ancien nom de la ville d'Évreux. L'auteur mentionne que, selon M. le Brasseur, Évreux était initialement nommé Mediolanum ou Mediolanium Aulercorum. Après la division des Aulerques en Eburovices, Cenomans et Diablintes, Évreux fut renommé Mediolanum Eburovicum, évoluant ensuite en Ebroica, Ebroica, Ebroa. L'auteur conteste l'affirmation de M. le Brasseur selon laquelle Mediolanum désignait une capitale, notant que seules trois villes portent ce nom : Milan, Saintes et Évreux. Il argue que si cette dénomination avait été courante pour les capitales, davantage de villes porteraient ce nom. Il cite également Meun-sur-Yèvre et un moine parlant du Castrum Mediolanense. L'auteur demande à son destinataire de résoudre cette difficulté en consultant des experts via le Mercure.
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4
p. 1395-1396
ENFANT né avec deux Langues. Extrait d'une Lettre écrite d'Evreux, le 3 Juin 1732. par M. le Curé de Valdavid, à M. D. L. R.
Début :
Que penser, Monsieur, d'une fille venuë au monde il [...]
Mots clefs :
Double langue, Académie de chirurgie
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texteReconnaissance textuelle : ENFANT né avec deux Langues. Extrait d'une Lettre écrite d'Evreux, le 3 Juin 1732. par M. le Curé de Valdavid, à M. D. L. R.
ENFANTné avec deux Langues. Extrait d'une Lettre écrite d'Evreux, le 3
Juin 1732. par M. le Curé de Valdavid,
à M. D. L. R.
Q
Ue penser, Monsieur , d'une fille
venue au monde il y a environ 15
jours , avec une double langue bien distincte et bien conditionnée ? L'enfant est
d'une bonne santé; le pere et la mere sont
surpris de cet Evenement , avec tout le
public. La mere a été bien questionnée
sur les differens temps de la production de
sa fille , ce qui n'a pas donné beaucoup
d'éclaircissement. On ne doute pas qu'il
ne faille couper une de ces langues ; mais
dans quels temps et avec quelles précautions ? J'ai proposé de la faire porter à la
nouvelle Academie de Chirurgie , ou à
II. Vol Saint
1396 MERCURE DE FRANCE
S. Côme. C'est une petite Bourgeoise de
notreVille, voisine deM.notre Promoteur,
qui me charge de ses complimens , et de
Vous prier de rendre la chose publique ,
our exercer la sagacité des Physiciens ,
et pour ce qui concerne l'opération , &c
Juin 1732. par M. le Curé de Valdavid,
à M. D. L. R.
Q
Ue penser, Monsieur , d'une fille
venue au monde il y a environ 15
jours , avec une double langue bien distincte et bien conditionnée ? L'enfant est
d'une bonne santé; le pere et la mere sont
surpris de cet Evenement , avec tout le
public. La mere a été bien questionnée
sur les differens temps de la production de
sa fille , ce qui n'a pas donné beaucoup
d'éclaircissement. On ne doute pas qu'il
ne faille couper une de ces langues ; mais
dans quels temps et avec quelles précautions ? J'ai proposé de la faire porter à la
nouvelle Academie de Chirurgie , ou à
II. Vol Saint
1396 MERCURE DE FRANCE
S. Côme. C'est une petite Bourgeoise de
notreVille, voisine deM.notre Promoteur,
qui me charge de ses complimens , et de
Vous prier de rendre la chose publique ,
our exercer la sagacité des Physiciens ,
et pour ce qui concerne l'opération , &c
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Résumé : ENFANT né avec deux Langues. Extrait d'une Lettre écrite d'Evreux, le 3 Juin 1732. par M. le Curé de Valdavid, à M. D. L. R.
Le 3 juin 1732, une fille naît à Évreux avec deux langues distinctes. En bonne santé, elle surprend ses parents et le public. Les circonstances de la grossesse n'apportent pas d'éclaircissements. La famille, des bourgeois, souhaite rendre l'affaire publique pour obtenir des avis médicaux sur une éventuelle opération.
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5
p. 79-80
ENIGME.
Début :
Lecteur, ma figure est ovale : [...]
Mots clefs :
Oeuf
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texteReconnaissance textuelle : ENIGME.
ENIG ME.
LECTEUR ECTEUR , ma figure eft ovale :
J'ai des frères fans nombre; & je n'ai point de foeur.
On voit en moi deux brillantes couleurs.
Pour ne te rien cacher , ma forme eft inégale ,
Prefque rond par un bout , par l'autre plus aigu.
Je fers au Grand , au Bourgeois , au Vulgaire."
Juge par là fi je fuis néceſſaire !
Div
80 MERCURE DE FRANCE.
Et fi je dois être connt ?
Ce n'eft pas tout : car je fuis l'origine ,
D'un très-grand nombre d'animaux.
De plus , j'ai produit les jumeaux ,
Connus par l'union divine ,
Qu'on vit toujours régner entre eux.
Je fuis un mêts délicieux ;
Surtout dans la convalefcence ,
Chacun vante mon excellence .
Trouve-moi , Lecteur , fi tu peux.
Par M. H. S. D'EVREUX,
LECTEUR ECTEUR , ma figure eft ovale :
J'ai des frères fans nombre; & je n'ai point de foeur.
On voit en moi deux brillantes couleurs.
Pour ne te rien cacher , ma forme eft inégale ,
Prefque rond par un bout , par l'autre plus aigu.
Je fers au Grand , au Bourgeois , au Vulgaire."
Juge par là fi je fuis néceſſaire !
Div
80 MERCURE DE FRANCE.
Et fi je dois être connt ?
Ce n'eft pas tout : car je fuis l'origine ,
D'un très-grand nombre d'animaux.
De plus , j'ai produit les jumeaux ,
Connus par l'union divine ,
Qu'on vit toujours régner entre eux.
Je fuis un mêts délicieux ;
Surtout dans la convalefcence ,
Chacun vante mon excellence .
Trouve-moi , Lecteur , fi tu peux.
Par M. H. S. D'EVREUX,
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8
p. 151
LOGOGRYPHE.
Début :
Sur mes huit pieds, Lecteur, je fais bien du chemin. [...]
Mots clefs :
Boussole
10
p. 41
ÉNIGME.
Début :
Je suis petit, léger, & de peu de valeur ; [...]
Mots clefs :
Pain à cacheter
Pas de résultat.