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p. 875-877
LETTRE de M. D.... à Mad. la Marquise de Saint A... en lui envoyant le Portrait en Vers de Mlle Malcrais de la Vigne. / PORTRAIT DE MLLE MALCRAIS DE LA VIGNE.
Début :
Il y a long-temps, Madame, que vous m'avez demandé le Portrait de / A la plus touchante Beauté, [...]
Mots clefs :
Portrait, Mlle Malcrais de La Vigne, Vers
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texteReconnaissance textuelle : LETTRE de M. D.... à Mad. la Marquise de Saint A... en lui envoyant le Portrait en Vers de Mlle Malcrais de la Vigne. / PORTRAIT DE MLLE MALCRAIS DE LA VIGNE.
LETTRE de M. D.... à Mad. la
Marquise de Saint A ... en lui envoyant
Le Portrait en Vers de Mlle Malcrais
de la Vigne.
L
I y a long - temps , Madame , que
vous m'avez demandé le Portrait de
Mile Malcrais de la Vigne , qui vous est
connue si avantageusement par ses Ouvrages
, par les jolies choses qu'elle a
données au Public ; et il y a long- temps
que moi - même j'ai eû l'honneur de vous
le promettre. Mais des obstacles invincibles
m'ont empêché jusqu'ici de satis
faire une curiosité aussi aimable que la
vôtre. Les Peintres d'un certain goût sont
très- rares en basse Bretagne ; que viendroient-
ils y chercher ? Quelle sorte de
hazard les y attireroit ? Et cependant ,
Madame , vous sçavez que pour peindre
une Deshoulieres , il ne faut rien moins
qu'une
36 MERCURE DE FRANCE
qu'une Cheron. Pour bien représenter
un objet distingué , il faut un Pinceau
qui donne de la vie et une sorte d'ame
à tout ce qu'il touche. Tel seroit le Portrait
de Mlle Malcrais de la Vigne , si
j'avois trouvé une main assez legere et
assez sçavante pour le tracer. Mais cette
main , j'aurois dû m'y attendre , m'a manqué
tout-à- fait. A son défaut , contentez
vous d'un Portait en Vers , et pour tout
dire , d'un Portrait de ma façon. J'avoûë ,
Madame , que c'est perdre au change et
y perdre infiniment. Les Vers ne disent
point tout ce qu'on sent à la vûë d'une
personne aimable , tout ce qu'elle inspire.
A peine méritent- ils d'être comparez à
une gravûre , à qui manque cette expression
de la verité que donne le coloris.
PORTRAIT
DE MLLE MALCRAIS DE LA VIGNE
A La plus touchante Beauté ,
Joindre un air de délicatesse ;
Pour s'entendre louer sans cesse ,
Ne point avoir plus de fierté ;
Voyez le Poëme qui commence par ces mots ,
La sçavante Cheron , &c. parmi les Oeuvres de
Mad. Deshoulieres.
Des
MAY. $739 1733.
Des Vers qu'enfante le Génie ,
Se faire un doux amusement ;
Dans une lecture choisie
Trouver toujours de l'Agrément ;
A ces fleurs qu'offre le Parnasse
Donner encore un nouveau prix ,
Pour en couronner avec grace ,
Ceux qui brillent par leurs Ecrits ;
Sçavoir penser dans le bel âge
Où l'on pense si rarement ,
Et de l'amoureux badinage .
Se défendre avec jugement ;
Etre toujours ce qu'on doit être ,
Dérober encor plus d'esprit ,
Qu'en parlant on n'en fait paroître ;
Laisser douter quand on soûrit ,
Si l'on approuve ou si l'on blâme ,
Rallier enfin dans son ame ,
Tout ce qu'offrent de plus flateur ,
Et le bon sens et le bon coeur.
Voila , me direz-vous , une belle chimere ,
Un objet recherché , peint des plus nobles traits į
Non , de l'adorable Malcrais ,
C'est l'image naïve et le vrai caractere,
Marquise de Saint A ... en lui envoyant
Le Portrait en Vers de Mlle Malcrais
de la Vigne.
L
I y a long - temps , Madame , que
vous m'avez demandé le Portrait de
Mile Malcrais de la Vigne , qui vous est
connue si avantageusement par ses Ouvrages
, par les jolies choses qu'elle a
données au Public ; et il y a long- temps
que moi - même j'ai eû l'honneur de vous
le promettre. Mais des obstacles invincibles
m'ont empêché jusqu'ici de satis
faire une curiosité aussi aimable que la
vôtre. Les Peintres d'un certain goût sont
très- rares en basse Bretagne ; que viendroient-
ils y chercher ? Quelle sorte de
hazard les y attireroit ? Et cependant ,
Madame , vous sçavez que pour peindre
une Deshoulieres , il ne faut rien moins
qu'une
36 MERCURE DE FRANCE
qu'une Cheron. Pour bien représenter
un objet distingué , il faut un Pinceau
qui donne de la vie et une sorte d'ame
à tout ce qu'il touche. Tel seroit le Portrait
de Mlle Malcrais de la Vigne , si
j'avois trouvé une main assez legere et
assez sçavante pour le tracer. Mais cette
main , j'aurois dû m'y attendre , m'a manqué
tout-à- fait. A son défaut , contentez
vous d'un Portait en Vers , et pour tout
dire , d'un Portrait de ma façon. J'avoûë ,
Madame , que c'est perdre au change et
y perdre infiniment. Les Vers ne disent
point tout ce qu'on sent à la vûë d'une
personne aimable , tout ce qu'elle inspire.
A peine méritent- ils d'être comparez à
une gravûre , à qui manque cette expression
de la verité que donne le coloris.
PORTRAIT
DE MLLE MALCRAIS DE LA VIGNE
A La plus touchante Beauté ,
Joindre un air de délicatesse ;
Pour s'entendre louer sans cesse ,
Ne point avoir plus de fierté ;
Voyez le Poëme qui commence par ces mots ,
La sçavante Cheron , &c. parmi les Oeuvres de
Mad. Deshoulieres.
Des
MAY. $739 1733.
Des Vers qu'enfante le Génie ,
Se faire un doux amusement ;
Dans une lecture choisie
Trouver toujours de l'Agrément ;
A ces fleurs qu'offre le Parnasse
Donner encore un nouveau prix ,
Pour en couronner avec grace ,
Ceux qui brillent par leurs Ecrits ;
Sçavoir penser dans le bel âge
Où l'on pense si rarement ,
Et de l'amoureux badinage .
Se défendre avec jugement ;
Etre toujours ce qu'on doit être ,
Dérober encor plus d'esprit ,
Qu'en parlant on n'en fait paroître ;
Laisser douter quand on soûrit ,
Si l'on approuve ou si l'on blâme ,
Rallier enfin dans son ame ,
Tout ce qu'offrent de plus flateur ,
Et le bon sens et le bon coeur.
Voila , me direz-vous , une belle chimere ,
Un objet recherché , peint des plus nobles traits į
Non , de l'adorable Malcrais ,
C'est l'image naïve et le vrai caractere,
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Résumé : LETTRE de M. D.... à Mad. la Marquise de Saint A... en lui envoyant le Portrait en Vers de Mlle Malcrais de la Vigne. / PORTRAIT DE MLLE MALCRAIS DE LA VIGNE.
La lettre de M. D.... à Madame la Marquise de Saint A... traite de l'envoi du portrait en vers de Mlle Malcrais de la Vigne. La Marquise avait demandé ce portrait depuis longtemps, mais des obstacles, notamment la rareté des peintres de talent en Basse-Bretagne, ont retardé sa réalisation. M. D.... souligne la nécessité d'un artiste exceptionnel pour peindre une personne distinguée. En l'absence de tel artiste, il propose un portrait en vers, qu'il reconnaît moins expressif qu'une peinture. Le portrait en vers décrit Mlle Malcrais de la Vigne comme une personne à la beauté touchante et à l'air délicat, évitant la fierté malgré ses talents. Elle apprécie les vers inspirés par le génie, trouve du plaisir dans la lecture choisie et sait couronner les écrivains brillants. Elle pense avec sagesse à un âge où cela est rare et se défend avec jugement contre les badinages amoureux. Elle sait également cacher son esprit et laisse douter de ses approbations ou désapprobations. Enfin, elle allie bon sens et bon cœur, offrant une image naïve et véritable de sa personnalité.
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p. 265-274
ODE A M. des Landes, Contrôleur General de la Marine, à Brest, et de l'Academie Royale des Sciences. Par Mlle. de Malcrais de la Vigne, sur la Mort de son Pere, Maire Doyen de la Ville du Croisic en Bretagne.
Début :
Ce n'est point en ces Vers, cher Lecteur, que j'aspire [...]
Mots clefs :
Vers, Pleurs, Père, Mort, Tombe, Douleur
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texteReconnaissance textuelle : ODE A M. des Landes, Contrôleur General de la Marine, à Brest, et de l'Academie Royale des Sciences. Par Mlle. de Malcrais de la Vigne, sur la Mort de son Pere, Maire Doyen de la Ville du Croisic en Bretagne.
ODE
A M. des Landes , Contrôleur General
de la Marine, à Brest , et de l'Academie
Royale des Sciences. Par Mlle. de Mal
crais dela Vigne,surla Mort de son Pere,
Maire Doyen de la Ville du Croisic en
Bretagne.
E n'est point en ces Vers , cher Lecteur , que Cj'aspire
Aux applaudissemens ;
J'en veux à ta pitié , plains avec moi , soûpire
L'excès de mes tourmens,
Que du Scythe inhumain la fierté s'adoucisse ,
En entendant ines cris.
Rendons , comme autrefois fit l'Epoux d'Euridice ;
Les Rochers attendris.
Sortez , sanglots, enfans de ma pieuse flamme ;
Parlez , vives douleurs ;
Et laissez à mes yeux pour soulager mon ame
La liberté des pleurs.
Coulez
266 MERCURE DE FRANCE
Coulez, larmes , soyez desormais mon breuvage ,
Soupirs , soyez mon pain ;
Conduis moi, desespoir , en quelque Antre sauvage ,
Ou je trouve ma fin.
MonPere est mort ! ô jour ! ô déplorable Aurore
D'un Soleil malheureux !
Il est mort... sort barbare ! et je respire encore
Après ce coup affreux !
Approche, ô fier trépas ! répands sur ma pauz
piere ,
Tes pavots éternels ;
Et bornant pour toûjours ma fatale carrière ,
Finis mes maux cruels.
Frappe , ô Mort ! qu'attends- tu ? quoi ? ton bras
s'intimide ,
Et recule aujourd'hui !
Je ne puis provoquer ta rigueur parricide ,
A me rejoindre à lui !
Mais où vais- je ! où m'emporte , en forçant tout
obstacle ,
Un vol prodigieux e
Qu'ap-
FEVRIER 1132. 267
Qu'apperçois-je ! ou fuirai-je ! un terrible spec- tacle ,
રે
Se dévoile à mes yeux.
諾
J'erre à pas chancelans dans une Forêt sombre
Tout m'y glace d'effroi ;
Des Spectres mutilez,des fantômes sans nombre,
Marchent autour de moi.
Le terrain n'y produit que de nuisibles Plantes ,
Que de tristes Ciprès ;
De pleurs mêlez de sang ,
tantes ,
les branches degouPoussent de longs regrets.
Des flambeaux attachez à ces arbres funebres ,
Font le jour qui me luit ;
Flambeaux dont la vapeur épaissit les tenebres,
Jour plus noir que la nuit.
來
Un Fleuve empoisonné roule ses eaux plaintives ,
Sur de froids ossemens.
Des Corbeaux affamez font retentir les Rives ,
De leurs croassemens.
Que d'objets effrayans ! desDragons à trois têtes !
Des
268 MERCURE DE FRANCE
Des Lions en fureur !
Accourez , hâtez - vous , vos dents sont - elles
prêtes ,
A déchirer mon cœur ?
來
Faites , Monstres cruels , d'horribles funerailles
A mon corps par morceaux.
Que vos ongles tranchans cherchent dans mes
entrailles ,
La source de mes maux.
Qu'ai-je dit ? ô douleur ! ô plainte criminelle
O transport furieux !
Coupable desespoir , ma volonté tend- elle
A résister aux Dieux ?
Un sort magique a-t'il dans mon ame affligée ,}
Distilé du poison ?
Daignez, Dieux, qui l'avez dans la douleur plongée ,
La rendre à la raison.
Tout Mortel pour franchir les écueils de ce
monde,
Doit passer par la mort.
De-
FEVRIER. 1732. 269
Devrois-je donc gémir , qu'ici bas vagabonde ,
Sa Barque fut au Port ?
Admis dans ces Palais d'éternelle structure
Au nombre des Elus ,
Il voit avec dédain des pleurs que la Nature ;
A pour lui répandus.
M
Chere Ombre , excuse-moi , mes pleurs, s'ils sont
des crimes ,
Sont dignes de pitié.
Ouvre-toi toute entiere aux tributs légitimęs
De ma pure amitié.
Peut-on bannir si-tôt de sa perte subite
Le souvenir cuisant ?
Je le voi , je lui parle , et son rare mérite
Nuit et jour m'est present.
諾
Sçavant, ingenieux , l'agrément et la gloire
De la Societé ,
Il citoit à propos , et la Fable et l'Histoire
Avec fruit écouté.
Il possedoit des Loix , la connoissance utile ;
D Mais
270 MERCURE DE FRANCE
Mais desinteressé ,
C'étoit pour secourir la Veuve et le Pupile ,
Et le pauvre oppressé.
諾
Aux devoirs d'honnête homme il fut toujours
fidelle ,
Excellent Citoyen ,
Il aima sa Patrie , et prodigua pour elle,
Et son temps et son bien.
Il laisse à treize enfans , quatre sœurs et neuf
frcres ,
De petits revenus.
Heureux ! s'ils heritoient des talens non vule
gaires ,
Qu'ils ont en lui connus.
來
La plupart de ses fils sont en butte à Neptune
Sur les flots en courroux ,
Sans être encore instruits de la dure infortune
Qui nous accable tous.
Combien à leur retour tu paroîtras deserte ,
Maison de nos Ayeux !
Quel déluge de pleurs , apprenant notreperte,
Va sortir de leurs yeux.
Je
FEVRIER. 1732. 271
Je les voi , les voilà .... quel abord ... quel silence ....
A l'aspect de ce deüil !
Quels regards ? quels baisers ? mon Pere ! ah leur
presence ,
Nous rouvre ton Cercueil.
Mais quel autre accident de vos larmes ameres, "
Fait grossir le Torrent ?
Je languis , prononcez , ah mes sœurs ! ah mes freres !
Tout mon cœur le pressent.
Qu'ai-je entendu ! monfrere aux Côtes Libiennes
A trouvé le trépas.
Faut-il malheur fatal que jamais tu ne viennes ,
Sans un autre ici bas ?
Il voloit sur les eaux aux pénibles richesses ,
Projet flatteur et vain !
La fortune et la mort, ces aveugles Déesses ;
Se tenoient par la main.
讚
De la Mort en fureur , rentre , terrible épée ,
* Il étoit Capitaine en second sur la Frégate ,
Entreprenante de Bayonne.
Dij Dans
272 MERCURE DE FRANCE
Dans ton sanglant fourreau ;
D'un sang cheri ta lame étoit assez trempée ,
Sans ce meurtre nouveau.
Hâte-toi , Dieu puissant , ma Mere est fou
droyée ,
Si bien-tôt tu n'accours ,
Elle use en soupirant , dans ses larmes noyée ,
Et les nuits et les jours.
M
Son seizième Printemps sous le joug d'Himenée;
Vit son cœur captivé.
Duplus fidele Epoux , sa cinquantiéme année
L'a pour toujours privé.
*
Son amour maternel détacha sa jeunesse
Des differens plaisirs ;
Notre éducation anima sa tendresse ;
Et borna ses desirs,
Depuis elle a vécu dévote et séparée ,
Des terrestres Mortels ,
Où dans son domestique humblement retirée
Ou priant aux Autels,
Mort, veux-tu la ravir ? tout notre espoir suce combe,
FEVRIER 1732 273
Sous tes coups triomphans.
Enferme donc encore en une même tombe,
La Mere et les Enfans.
Non , mes cris ont percé l'étincelante voute
Ou s'assied le Seigneur.
D'un regard pitoyable il me voit , il écoute,
Ma sincere douleur.
Des jours par le Très- Haut , sont promis à ma
Mere ,
Longs , tranquiles , heureux.
l' sçait , lui qui sçait tout , combien sa vie est chere ,
A ses enfans nombreux.
Ses Brebis répondront autour d'elle amassées,"
A son tendre travail ;
Et, le Pasteur frappé , loin d'être dispersées j´
Resteront au Bércail.
M
Deslandes, je t'appris le sujet de mes larmes ,
Tu
sus les partager ;
Et le poids accablant de mes fortes allarmes;
M'en parut plus leger.
D iij Ton
274 MERCURE DE FRANCE
Ton esprit délicat , poli , docte , sublime ;
A ton nom fait honneur ;
Mais sur tout , cher ami , je cultive et j'estime
La bonté de ton cœur.
A M. des Landes , Contrôleur General
de la Marine, à Brest , et de l'Academie
Royale des Sciences. Par Mlle. de Mal
crais dela Vigne,surla Mort de son Pere,
Maire Doyen de la Ville du Croisic en
Bretagne.
E n'est point en ces Vers , cher Lecteur , que Cj'aspire
Aux applaudissemens ;
J'en veux à ta pitié , plains avec moi , soûpire
L'excès de mes tourmens,
Que du Scythe inhumain la fierté s'adoucisse ,
En entendant ines cris.
Rendons , comme autrefois fit l'Epoux d'Euridice ;
Les Rochers attendris.
Sortez , sanglots, enfans de ma pieuse flamme ;
Parlez , vives douleurs ;
Et laissez à mes yeux pour soulager mon ame
La liberté des pleurs.
Coulez
266 MERCURE DE FRANCE
Coulez, larmes , soyez desormais mon breuvage ,
Soupirs , soyez mon pain ;
Conduis moi, desespoir , en quelque Antre sauvage ,
Ou je trouve ma fin.
MonPere est mort ! ô jour ! ô déplorable Aurore
D'un Soleil malheureux !
Il est mort... sort barbare ! et je respire encore
Après ce coup affreux !
Approche, ô fier trépas ! répands sur ma pauz
piere ,
Tes pavots éternels ;
Et bornant pour toûjours ma fatale carrière ,
Finis mes maux cruels.
Frappe , ô Mort ! qu'attends- tu ? quoi ? ton bras
s'intimide ,
Et recule aujourd'hui !
Je ne puis provoquer ta rigueur parricide ,
A me rejoindre à lui !
Mais où vais- je ! où m'emporte , en forçant tout
obstacle ,
Un vol prodigieux e
Qu'ap-
FEVRIER 1132. 267
Qu'apperçois-je ! ou fuirai-je ! un terrible spec- tacle ,
રે
Se dévoile à mes yeux.
諾
J'erre à pas chancelans dans une Forêt sombre
Tout m'y glace d'effroi ;
Des Spectres mutilez,des fantômes sans nombre,
Marchent autour de moi.
Le terrain n'y produit que de nuisibles Plantes ,
Que de tristes Ciprès ;
De pleurs mêlez de sang ,
tantes ,
les branches degouPoussent de longs regrets.
Des flambeaux attachez à ces arbres funebres ,
Font le jour qui me luit ;
Flambeaux dont la vapeur épaissit les tenebres,
Jour plus noir que la nuit.
來
Un Fleuve empoisonné roule ses eaux plaintives ,
Sur de froids ossemens.
Des Corbeaux affamez font retentir les Rives ,
De leurs croassemens.
Que d'objets effrayans ! desDragons à trois têtes !
Des
268 MERCURE DE FRANCE
Des Lions en fureur !
Accourez , hâtez - vous , vos dents sont - elles
prêtes ,
A déchirer mon cœur ?
來
Faites , Monstres cruels , d'horribles funerailles
A mon corps par morceaux.
Que vos ongles tranchans cherchent dans mes
entrailles ,
La source de mes maux.
Qu'ai-je dit ? ô douleur ! ô plainte criminelle
O transport furieux !
Coupable desespoir , ma volonté tend- elle
A résister aux Dieux ?
Un sort magique a-t'il dans mon ame affligée ,}
Distilé du poison ?
Daignez, Dieux, qui l'avez dans la douleur plongée ,
La rendre à la raison.
Tout Mortel pour franchir les écueils de ce
monde,
Doit passer par la mort.
De-
FEVRIER. 1732. 269
Devrois-je donc gémir , qu'ici bas vagabonde ,
Sa Barque fut au Port ?
Admis dans ces Palais d'éternelle structure
Au nombre des Elus ,
Il voit avec dédain des pleurs que la Nature ;
A pour lui répandus.
M
Chere Ombre , excuse-moi , mes pleurs, s'ils sont
des crimes ,
Sont dignes de pitié.
Ouvre-toi toute entiere aux tributs légitimęs
De ma pure amitié.
Peut-on bannir si-tôt de sa perte subite
Le souvenir cuisant ?
Je le voi , je lui parle , et son rare mérite
Nuit et jour m'est present.
諾
Sçavant, ingenieux , l'agrément et la gloire
De la Societé ,
Il citoit à propos , et la Fable et l'Histoire
Avec fruit écouté.
Il possedoit des Loix , la connoissance utile ;
D Mais
270 MERCURE DE FRANCE
Mais desinteressé ,
C'étoit pour secourir la Veuve et le Pupile ,
Et le pauvre oppressé.
諾
Aux devoirs d'honnête homme il fut toujours
fidelle ,
Excellent Citoyen ,
Il aima sa Patrie , et prodigua pour elle,
Et son temps et son bien.
Il laisse à treize enfans , quatre sœurs et neuf
frcres ,
De petits revenus.
Heureux ! s'ils heritoient des talens non vule
gaires ,
Qu'ils ont en lui connus.
來
La plupart de ses fils sont en butte à Neptune
Sur les flots en courroux ,
Sans être encore instruits de la dure infortune
Qui nous accable tous.
Combien à leur retour tu paroîtras deserte ,
Maison de nos Ayeux !
Quel déluge de pleurs , apprenant notreperte,
Va sortir de leurs yeux.
Je
FEVRIER. 1732. 271
Je les voi , les voilà .... quel abord ... quel silence ....
A l'aspect de ce deüil !
Quels regards ? quels baisers ? mon Pere ! ah leur
presence ,
Nous rouvre ton Cercueil.
Mais quel autre accident de vos larmes ameres, "
Fait grossir le Torrent ?
Je languis , prononcez , ah mes sœurs ! ah mes freres !
Tout mon cœur le pressent.
Qu'ai-je entendu ! monfrere aux Côtes Libiennes
A trouvé le trépas.
Faut-il malheur fatal que jamais tu ne viennes ,
Sans un autre ici bas ?
Il voloit sur les eaux aux pénibles richesses ,
Projet flatteur et vain !
La fortune et la mort, ces aveugles Déesses ;
Se tenoient par la main.
讚
De la Mort en fureur , rentre , terrible épée ,
* Il étoit Capitaine en second sur la Frégate ,
Entreprenante de Bayonne.
Dij Dans
272 MERCURE DE FRANCE
Dans ton sanglant fourreau ;
D'un sang cheri ta lame étoit assez trempée ,
Sans ce meurtre nouveau.
Hâte-toi , Dieu puissant , ma Mere est fou
droyée ,
Si bien-tôt tu n'accours ,
Elle use en soupirant , dans ses larmes noyée ,
Et les nuits et les jours.
M
Son seizième Printemps sous le joug d'Himenée;
Vit son cœur captivé.
Duplus fidele Epoux , sa cinquantiéme année
L'a pour toujours privé.
*
Son amour maternel détacha sa jeunesse
Des differens plaisirs ;
Notre éducation anima sa tendresse ;
Et borna ses desirs,
Depuis elle a vécu dévote et séparée ,
Des terrestres Mortels ,
Où dans son domestique humblement retirée
Ou priant aux Autels,
Mort, veux-tu la ravir ? tout notre espoir suce combe,
FEVRIER 1732 273
Sous tes coups triomphans.
Enferme donc encore en une même tombe,
La Mere et les Enfans.
Non , mes cris ont percé l'étincelante voute
Ou s'assied le Seigneur.
D'un regard pitoyable il me voit , il écoute,
Ma sincere douleur.
Des jours par le Très- Haut , sont promis à ma
Mere ,
Longs , tranquiles , heureux.
l' sçait , lui qui sçait tout , combien sa vie est chere ,
A ses enfans nombreux.
Ses Brebis répondront autour d'elle amassées,"
A son tendre travail ;
Et, le Pasteur frappé , loin d'être dispersées j´
Resteront au Bércail.
M
Deslandes, je t'appris le sujet de mes larmes ,
Tu
sus les partager ;
Et le poids accablant de mes fortes allarmes;
M'en parut plus leger.
D iij Ton
274 MERCURE DE FRANCE
Ton esprit délicat , poli , docte , sublime ;
A ton nom fait honneur ;
Mais sur tout , cher ami , je cultive et j'estime
La bonté de ton cœur.
Fermer
Résumé : ODE A M. des Landes, Contrôleur General de la Marine, à Brest, et de l'Academie Royale des Sciences. Par Mlle. de Malcrais de la Vigne, sur la Mort de son Pere, Maire Doyen de la Ville du Croisic en Bretagne.
L'ode est un poème écrit par Mlle de Malcrais de la Vigne en mémoire de son père, le maire doyen de la ville du Croisic en Bretagne. Le texte exprime la douleur intense de la poétesse face à la perte de son père, qu'elle décrit comme un homme savant, ingénieux et dévoué à sa famille et à sa patrie. Elle évoque son désespoir et son désir de rejoindre son père dans la mort, tout en étant terrassée par des visions effrayantes. Le poème détaille également les qualités de son père, son engagement envers les lois et les nécessiteux, ainsi que son amour pour sa patrie. La poétesse mentionne que son père laisse derrière lui treize enfants, quatre sœurs et neuf frères, dont plusieurs sont en mer et ignorent encore la tragédie. Elle apprend également la mort de son frère, capitaine sur une frégate, victime de la fureur de la mort. Elle implore Dieu de protéger sa mère, veuve depuis peu, et de lui accorder une longue vie heureuse. Enfin, elle adresse ses remerciements à M. des Landes, Contrôleur Général de la Marine et membre de l'Académie Royale des Sciences, pour son soutien et sa compassion.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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2
p. 1257-1262
L'ASTROLOGIE JUDICIAIRE ODE. Présentée à l'Académie des Jeux Floraux, pour le Prix de cette année 1733. A M. Deslandes, Contrôleur Général de la Marine, à Brest, et de l'Académie Royale des Sciences. Par Mlle de Malcrais de la Vigne du Croisic, en Bretagne.
Début :
Funeste et vaine Astrologie, [...]
Mots clefs :
Vol, Astres, Ciel, Académie des jeux floraux, Astrologie judiciaire, Deslandes
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : L'ASTROLOGIE JUDICIAIRE ODE. Présentée à l'Académie des Jeux Floraux, pour le Prix de cette année 1733. A M. Deslandes, Contrôleur Général de la Marine, à Brest, et de l'Académie Royale des Sciences. Par Mlle de Malcrais de la Vigne du Croisic, en Bretagne.
L'ASTROLOGIE JUDICIAIRE
O DE.
Présentée à l'Académie des Jeux Floraux , pour le
Prix de cette année 1733.
A M. Deslandes , Contrôleur Général de la
Marine , à Brest , et de l'Académie Royale
des Sciences. <
Par Mlle de Malcrais de la Vigne du Croisie
en Bretagne.
Uneste et vaine Astrologie ,
F
Qui dans les ténébreux replis ,
De ta séduisante Magie ,
Tiens tant de coeurs ensevelis ,
Reste à jamais dans la Chaldée ,
11. Vol. A ij UA
1250 MERCURE DE FRANCE
Une coupable et fausse idée ,
Nous a trop long - temps égarez ;
Ses Peuples qu'à tort on crut sages ,
Rendront bien sans nous leurs hommages ,
Aux Astres par eux adorez.
Monstre à qui fit voir la lumiere ,
L'avide curiosité ,
Tu ne dûs ta grandeur premiere ,
Qu'à l'humaine crédulité.
Tu profitas de nos foiblesses ,
L'appas trompeur de tes promesses ,
Masqua tes mensonges divers :
La peur fit valoir ton audace ,
Et ton Idole prit la place
Du Souverain de l'Univers,
M
Mortels , dont les cervelles folles ;
Changent les Astres en métaux ,
Vous voulez que des noms frivoles ,
Operent nos biens ou nos maux ?
Vous frémissez , Payens impies ,
De voir présider sur nos vies ,
Saturne ou Mars à l'oeil de fer ;
Garans d'une heureuse affluence ,
Pour ceux qu'anima l'influence ,
Deyénus ou de Jupiter ,
11. Voli Yous
JUIN.
1733. 1259
Vous prêtez à tels et tels Astres ,
De bizarres aversions ,
Cruels Messagers des désastres ,
Par leurs tristes conjonctions.
Le Scorpion me pronostique ,
Si dans ma Planette il s'implique
L'Exil , le Désespoir , la Mort ;
Et ma trame est infortunée ,
Si de sa queue empoisonnée ,
Le Dragon infecte mon sort .
Quoi cette Masse étincelante ,
Qui dans l'air roule loin de moi ,
Rendra mon ame chancelante ;
Entre l'espérance et l'effroi ?
Prête à m'en louer , ou m'en plaindre ,
J'aurai la bassesse de craindre ,
Un corps privé de sentiment ,
Qui n'a jamais connu son être ,
Et n'est pas lui- même le Maître ,
De regner sur son mouvement !
M
Croirai -je , étrange extravagance !
Que le Ciel à votre Art soumis ,
Au point qu'il fut à ma naissance ,
Puisse à vos yeux être remis ?
son compas infaillible , Seul de
II. Vol.
Dieu
A iij
260 MERCURE DE FRANCE
Dieu marque du temps insensible ,
Tous les espaces écoulez ,
Eternel Torrent ! cours immense !
Pendant que mon esprit y pense ,
Mille instans se sont envolez.
Si suivant votre absurde fable ;
La même Etoile au même aspect ,
D'un bonheur ou malheur semblable ,
Porte un présage non suspect ;
Pourquoi ne sont- ils pas insignes ,
Tant d'hommes nez sous mêmes signes ,
Que les Rois et les Conquérans ?
Où pourquoi le même naufrage ,
Perd-t-il cent Nochers à tout âge ,
Nez sous des signes differens ?
Celui-là vit et meurt infame ;
Cet autre est porté vers le bien ,
Et l'Astre seul captive une ame ,
Sous ce doux ou fatal lien :
Maudis ton sort , misérable homme ;
Ta liberté n'est qu'un Fantôme ;
N'attends plus rien des Immortels ,
Tes voeux sont désormais stériles ,
Détruits des Temples inutiles ,
Ravage et brûle leurs Autels.
11. Vol. Non
JUIN. 1251
1733.
Non, la ronde et vaste Machine ,
Du seul vrai Dieu connoît les Loix ,
Le Ciel à son aspect s'incline ,
Il parle et tout tremble à sa voix.
Toujours unie à sa justice ,
Sa volonté n'est point complice ,
De l'iniquité des humains ;
Le libre arbitre qu'il leur donne ,
De la honte ou de la couronne ,
Laisse le choix entre leurs mains.
學
Mais par de criminels prestiges ,
N'allons pas , esprits indiscrets ,
Chercher dans les airs les vestiges ,
De ses immuables Décrets .
Auroit-il de sa Providence ,
Fait aux Astres la confidence ?
L'idée en révolte mes sens :
Il créa ces Corps que j'admire ,
Pour éclairer , non pour prédire ,
pour recevoir mon encens. Ni
DESLANDES , mon hardi génie ,
Alla , loin des terrestres Lieux ,
Saisir la force et l'harmonie ,
Du brillant langage des Dieux.
Mon entousiasme intrépide ,
11.Vol. Aiiij Brive
126 2 MERCURE DE FRANCE
Brave en prenant le Nord pour guide ,
D'Icare l'éternel affront >
LefilsdeJapet sur son aîle
M'enleve , et m'offre une étincelle ,
Dont j'embrase le sacré Mont .
Cependant ma vigueur Lyrique ,
S'arma dans les Tournois FloraUX ,
Et le Laurier Académique ,
Récompensa d'autres travaux.
N'importe , ton docte suffrage ,
Me console et me dédommage
Du prix vainement espéré ;
Si conviens que des Couronnes
L'honneur à des Piéces moins bonnes ,
Plus d'unefois fut déféré.
O DE.
Présentée à l'Académie des Jeux Floraux , pour le
Prix de cette année 1733.
A M. Deslandes , Contrôleur Général de la
Marine , à Brest , et de l'Académie Royale
des Sciences. <
Par Mlle de Malcrais de la Vigne du Croisie
en Bretagne.
Uneste et vaine Astrologie ,
F
Qui dans les ténébreux replis ,
De ta séduisante Magie ,
Tiens tant de coeurs ensevelis ,
Reste à jamais dans la Chaldée ,
11. Vol. A ij UA
1250 MERCURE DE FRANCE
Une coupable et fausse idée ,
Nous a trop long - temps égarez ;
Ses Peuples qu'à tort on crut sages ,
Rendront bien sans nous leurs hommages ,
Aux Astres par eux adorez.
Monstre à qui fit voir la lumiere ,
L'avide curiosité ,
Tu ne dûs ta grandeur premiere ,
Qu'à l'humaine crédulité.
Tu profitas de nos foiblesses ,
L'appas trompeur de tes promesses ,
Masqua tes mensonges divers :
La peur fit valoir ton audace ,
Et ton Idole prit la place
Du Souverain de l'Univers,
M
Mortels , dont les cervelles folles ;
Changent les Astres en métaux ,
Vous voulez que des noms frivoles ,
Operent nos biens ou nos maux ?
Vous frémissez , Payens impies ,
De voir présider sur nos vies ,
Saturne ou Mars à l'oeil de fer ;
Garans d'une heureuse affluence ,
Pour ceux qu'anima l'influence ,
Deyénus ou de Jupiter ,
11. Voli Yous
JUIN.
1733. 1259
Vous prêtez à tels et tels Astres ,
De bizarres aversions ,
Cruels Messagers des désastres ,
Par leurs tristes conjonctions.
Le Scorpion me pronostique ,
Si dans ma Planette il s'implique
L'Exil , le Désespoir , la Mort ;
Et ma trame est infortunée ,
Si de sa queue empoisonnée ,
Le Dragon infecte mon sort .
Quoi cette Masse étincelante ,
Qui dans l'air roule loin de moi ,
Rendra mon ame chancelante ;
Entre l'espérance et l'effroi ?
Prête à m'en louer , ou m'en plaindre ,
J'aurai la bassesse de craindre ,
Un corps privé de sentiment ,
Qui n'a jamais connu son être ,
Et n'est pas lui- même le Maître ,
De regner sur son mouvement !
M
Croirai -je , étrange extravagance !
Que le Ciel à votre Art soumis ,
Au point qu'il fut à ma naissance ,
Puisse à vos yeux être remis ?
son compas infaillible , Seul de
II. Vol.
Dieu
A iij
260 MERCURE DE FRANCE
Dieu marque du temps insensible ,
Tous les espaces écoulez ,
Eternel Torrent ! cours immense !
Pendant que mon esprit y pense ,
Mille instans se sont envolez.
Si suivant votre absurde fable ;
La même Etoile au même aspect ,
D'un bonheur ou malheur semblable ,
Porte un présage non suspect ;
Pourquoi ne sont- ils pas insignes ,
Tant d'hommes nez sous mêmes signes ,
Que les Rois et les Conquérans ?
Où pourquoi le même naufrage ,
Perd-t-il cent Nochers à tout âge ,
Nez sous des signes differens ?
Celui-là vit et meurt infame ;
Cet autre est porté vers le bien ,
Et l'Astre seul captive une ame ,
Sous ce doux ou fatal lien :
Maudis ton sort , misérable homme ;
Ta liberté n'est qu'un Fantôme ;
N'attends plus rien des Immortels ,
Tes voeux sont désormais stériles ,
Détruits des Temples inutiles ,
Ravage et brûle leurs Autels.
11. Vol. Non
JUIN. 1251
1733.
Non, la ronde et vaste Machine ,
Du seul vrai Dieu connoît les Loix ,
Le Ciel à son aspect s'incline ,
Il parle et tout tremble à sa voix.
Toujours unie à sa justice ,
Sa volonté n'est point complice ,
De l'iniquité des humains ;
Le libre arbitre qu'il leur donne ,
De la honte ou de la couronne ,
Laisse le choix entre leurs mains.
學
Mais par de criminels prestiges ,
N'allons pas , esprits indiscrets ,
Chercher dans les airs les vestiges ,
De ses immuables Décrets .
Auroit-il de sa Providence ,
Fait aux Astres la confidence ?
L'idée en révolte mes sens :
Il créa ces Corps que j'admire ,
Pour éclairer , non pour prédire ,
pour recevoir mon encens. Ni
DESLANDES , mon hardi génie ,
Alla , loin des terrestres Lieux ,
Saisir la force et l'harmonie ,
Du brillant langage des Dieux.
Mon entousiasme intrépide ,
11.Vol. Aiiij Brive
126 2 MERCURE DE FRANCE
Brave en prenant le Nord pour guide ,
D'Icare l'éternel affront >
LefilsdeJapet sur son aîle
M'enleve , et m'offre une étincelle ,
Dont j'embrase le sacré Mont .
Cependant ma vigueur Lyrique ,
S'arma dans les Tournois FloraUX ,
Et le Laurier Académique ,
Récompensa d'autres travaux.
N'importe , ton docte suffrage ,
Me console et me dédommage
Du prix vainement espéré ;
Si conviens que des Couronnes
L'honneur à des Piéces moins bonnes ,
Plus d'unefois fut déféré.
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Résumé : L'ASTROLOGIE JUDICIAIRE ODE. Présentée à l'Académie des Jeux Floraux, pour le Prix de cette année 1733. A M. Deslandes, Contrôleur Général de la Marine, à Brest, et de l'Académie Royale des Sciences. Par Mlle de Malcrais de la Vigne du Croisic, en Bretagne.
Le texte 'L'ASTROLOGIE JUDICIAIRE' a été présenté à l'Académie des Jeux Floraux en 1733 par Mlle de Malcrais de la Vigne du Croisie en Bretagne. L'auteur y critique sévèrement l'astrologie, qu'elle décrit comme une 'vain' et 'séduisante magie' ayant longtemps égaré les peuples. Elle dénonce l'astrologie comme un 'monstre' issu de la curiosité et de la crédulité humaines, qui a usurpé la place de Dieu. Le texte met en garde contre les fausses croyances astrologiques, qui attribuent aux astres des pouvoirs sur les vies humaines. L'auteur souligne l'absurdité de craindre des corps célestes privés de sentiment. Elle affirme que Dieu seul connaît les lois de l'univers et que les astres sont créés pour éclairer, non pour prédire. L'auteur exprime son admiration pour la science et la raison, illustrée par son 'entousiasme intrépide' et son désir de comprendre les lois divines. Malgré l'absence de récompense académique, elle trouve consolation dans le suffrage docte et l'honneur académique.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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