De Goa, Capitale des Indes.
1LE Pere Antoine Thomas*
Flamanddenation,quipar- - tit de Lisbonne avecdix autres
Jefuites le 18. Aunl16Î0. pour
aller aux Indes, à la Chine r&
au Japon.) nous écrit en ces termes
de Goa du 11. Oélobre 1680.
Je fuis arrivé icy le 26. Septembre,
apres avoir essuyé
mille dangers sur la Mer, ôc
perdumon cherCompagnon
le jeune P. Adam, avec lequel
je devois aller au Japon.
J'apprens icy des nouvelles
prodigieuses de cet
Empire. L'Empereur du Ji
ponn'ayant point deFils,
adopté celuy de la second
Personne du Royaume qu'o
nomme Suma. Ce petit En
fant par innocence de son
âge, demanda congé à l'Empereur
laveillede Noëld'alleren
la Maison de son Perc
pour assister à une gran d
Feste,&y entendre la Messe
L'Empereur surpris, dissimu
la,ôc luy ayant permis ce qui
souhaitoit, fit la nuit suivan
te investir la Maison de Su
ma, que l'on prit avec le Prêtre
qui avoit célébréla Met
se. Il les fit venir en son Palais,
ôc dit à Suma qu'il ne
pouvoit ignorer qu'il avoit
défendu laLoy Chrestienne.
Suma reponditqu'il le sçavoir,
mais qu'il l'avait défendue
injustement, puis que
cette Loy qui estoit d'ailleurs
la veritable, ne rempeschoit
pas de luy rendre tous les services
qu'illuy devoit. L'Empereur
le cÓdanlna à la mort,
mais un grand nombre des
principaux de la Cour qui
estoient présens, dirent hautenlcnr,
que si professer laLoy
Chrestienne estoit un crime
digne de mort, il les devoit
tous faire mourir
3
& plus dj
la moitié de ses Sujets; lliail
que cela feroit fort injustes
puis qu'ils le servoient plui
fidellement qu'aucun autre
& que dans les dernieres
Guerres Civiles, les Chrêtiens
avoient estépresque Ici
seuls à conserver sa Personne
au péril mesme de leurs vies
L'Empereurtouché de ce
discours,
leur dit qu'ils continuaffent,
& leur laissa
une
pleine liberté d'estre Chrêtiens.
UnMedecinFrançois
venu de Siam, m'a dit qu'il
avoit appris cette nouvelle
d'unCapitaine deVaisseauJaponois,&
j'ay [cen d'unPortugais
venu icy ces jours passez
deMalaca,que lesHollandois
racontoient la mefmechofe.