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1
p. 80-124
A Quebec le 12e. Novembre 1709.
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Il y a déja plusieurs années que je vous envoye une Relation / MONSIEUR, La Description étonnante que vous me faites de l'Hyver [...]
Mots clefs :
Québec, Relation, Hiver, Froid, Nouvelle France, Colonie, Capitaine, Pierriers, New Yorck, Manhate, Espions, Canada, Troupes
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texteReconnaissance textuelle : A Quebec le 12e. Novembre 1709.
Il y a déja plufieurs années
que je vous envoye une Relation de ce qui s'eft paffé en
Canada pendant le cours de
chaque année ; mais quelques
incidens font caufe que je vous
envoye celle que vous allez lire , quelques mois plus tard
quevous n'avez accoûtumé de
la recevoir tous les ans. Elled
vient d'un Officier François quis
eft dans l'Armée Canadienne.
"
GALANTNY 81
$ srpos ench notede af M
A Quebec le 12°. Novembre
299NING 27731709. riba vit
MONSIEUR,
La Defcription étonnante que
vous mefaites de l'Hyver qui a
ravagé l'Europe cette année , m’a
fait faire les reflexions ordinaires
fur le froid que l'on fent en ce
pays - cy. Et effectivement j'ay
admiré plus d'une fois.comment
les racines des Plantes , les Bois,
లో les Animaux, fans parler des
Habitans , refiftoient non-feulement a de tels froids , mais encore
82 MERCURE
à celuy que nous avons éprouvé
icy , vers la fin de l'année 1708 .
peu prés vers le temps que je
finiffois les dernieres Lettres queje
vous ay adreffées ; car il a eftéfi
pénetrant & fi vif, que s'il avoit
continué de la mêmeforce , je crois
quenous aurions tous peri & que
nous ferions tous morts dans les
commencemens d'un Hyverfi affreux. Mais le Seigneur n'a point
permis que nous avons fouffert au
deffus de nos forces.
Ainfi quelque rude qu'ait éfté
Hyver dans vos climats temperez d'ailleurs , il l'a efté incompa
rablement davantage en Canada,
GALANT 83
où la gelée commença vers la fin
de Novembre & perfevera fi
fortement, que dans les derniers
jours de Decembre ( 1708. ) le
Fleuve de S. Laurent , fe trouvaglacéjusqu'à laprofondeur de
dix pieds , & qu'il y avoit déja
quatre pieds de nége fur terre. Je
le repete encore , Monfieur , jepenfe que la Colonie auroit peryſi la
gelée avoit continué de cette violence. Et certes les Anglois fiirritez contre nous auroient eu alors
bon marché du Canada.
Ce froid exceffif nous quitta
fans doute pour vous aller rendre
vifte, puifque vous me marquez
84. MERCURE
que le premierjour de la grande
gelée commença le 6. ou 7. deFanvier de l'année fuivante ( 1709)
ce que je puis vous dire , c'est que
toutes ces horreurs de la nature ,
n'ontpoint efté un obftacle à la terre dela Nouvelle France , de nous
donnerd'affez bonsfruits, &aux
hommes de vivre ; au contraire
nous remarquons que ce froid
tribue à la fanté, & que la nége
qui regnefi longtemps dans l'AmeriqueSeptentrionale , l'engraifmerveilleufement , la moiffon
ayant efté abondante cette année-ci
en bled & enfruits; quoy qu'on
ne féme qu'à lafin d'Avril , le
fe
con-
GALANT 85
blé eft preft à couper au mois
( Je ne commenceray points
Monfieur, les Nouvelles que j'ay
à vous mander de ce pays-cy, par
ce qui s'eft paffé en l'Ile de Terre
Neuve au Fort S. Jean que nous
avons pris aux Anglois , parce
queje connois par vos Lettres que
vous en avez eftéinftruit en France , même d'aſſez bonne heure ;
à quoy je vous prie de faire
attention icy , eft que cette entreprife qui a estéexecutée avecbeaucoupde vigueur où entr'autres,
le fieur de la Ronde , d'une ancien="
ciennefamille de Canada s'eft dif-
86 MERCURE
tingué parfa bravoure intrigue
fort, non - feulement les Anglois
nos voiſins , mais encore ceux que
nous appellons icy les Anglois de
la Vieille- Angleterre, qui au
retour de ce qu'ils poffedent aux
Ifles - Antilles & ailleurs dans
l'Amerique, venoientfe relâcher,
ou radouber en ce Port , qui par
confequent leur eftoit fort commode.
Plufieurs des noftres difent icy
que la prife de ce Pofle & le ravage qu'on afait aux environs ,
va àfix millions. On dit que
Pefche que l'on faifoit proche la
Rade de S.Jean & aux Bancs
la
GALANT 87
voifins , valloit quatre millions de
rente à la Reine Anne. Nous
avons icy le Commandant ( le
Colonel Lloyd ) de ce Fort , prifonnieravecplufieurs Officiers, &
Soldats on Habitans de fon Gouvernement. Ila , àce qu'onpublie
dans Quebec , cent mille livres de
bien, & il veut fe marier icy &
époufer la veuve de Mr de Maricourt mort en 1704. Il eftoit
Capitaine dans cette Colonie &
freredu fameux Mr d'Yberville
qui s'eft fi fort diftingué fur mer
par fa valeur. Un Ecclefiaftique
tres-zelé, du Seminaire de Saint
Sulpice de Ville - Marie en l'Ifle
88 MERCURE
de Montreal, qui fait parfaite
ment l'Anglois , eft defcendu icy
pour travailler à la converfion de
ce Gouverneur Anglois , car
prétend, & il a témoigné librementfon deffein là-deffus , renoncer à la Religion Proteftante &
fe faire Catholique.
L'affaire de l'habitation de S.
Jean en Terre-Neuve futfuivie
d'une autre entrepriſe dans laBaye
d'Hudson , au lieu appellé le petit
Nord.
Mr Capitai- de Mantet
ne dans la Colonie enfut le Chef;
ce fut au mois d'Avril de cette
année 1709. Le Partife trouva
compofé de centhommes tous Ha.
GALANT 89
bitans & mariez pour la pluspart , mais alertes & entrepre P
nans ; Mr de la Nouě Lieutenant commandoit en ſecond ; à ces
deux Officiers s'en joignirent quel.
ques autres Subalternes ; la marche dura un peu plus de deux
mois , au bout duquel temps , nos
gens arrivez au but , déterminerent lejour de l'attaque au fixiémejour de Juillet. On choifit la
nuitpourcela: les Enfans perdus ,
je veux dire ceux qui marcherent
les premiers , donnerent brufquement & tefte baiffée fur un des
Fortsflanqué de quatre Baſtions ,
Février 1710. H
90 MERCURE
munisfelon le rapport de quelquesuns de ceux qui enfont revenus
de foixantepieces de Canon & de
plufieurs Pierriers. Des Boucaniers a qui le gardoient firent une
decharge terrible & du canon &
de leurs longs fufils qui cependant n'empêcha point ces premiers
des noftres , de pouffer leur pointe
avec une ardeur étonnante , de
rompre la paliẞade faite de gros ·
a Gens déterminez, Chaffeurs , propres
à la découverte , foit dans les terres
foit en mer; on pourroit les appeller
Flibuftiers de terre , auffi bien quede
mer. Les Boucaniers vivent fans façon de chair rôtic plus à la fumé
qu'au feu..
GALANT 91
un
pieux de traverſer un foffe
plein d'eau , large de quinzepieds,
qui estoit au de- là ; comme le feu
de l'Ennemy eftoit violent & continuel , & que le canonfaifoit
fracas horrible , & qu'avec cela
le nombre des Soldats oppofez aux
moftres eftoit tout-à-faitfuperieur,
il fallut fe retirer.
Mrde Mantet qui s'eft particulierement fignalé dans cette action , une des plus vives qui fe
foit faite en Amerique , y a efté
tues MrdeMartigny & douze
on quinze Canadiens ont eu le
mêmefort.
Hij
92 MERCURE
Les Anglois de la Vieille er de
la Nouvelle Angleterre ont efté
cette année dans de grands mouvemens pour s'emparer , fuivant
leur deffein , des trois Gouvernemens de la Colonie ; il neferoit
pas facile de vous expliquer combien ilsfe font remuez pour celae
voicy à peu prés la manœuvre
qu'ils ontfaite pourl'execution
ce projet.
uer.comDés que les Anglois de la Nouvelle Angleterre , & furtout ceux
de Bafton qui en eft la Capitale ,
eurentfçu certainement laprife de
leur Habitation du Port S.Jean ,
une des plus confiderables , ſans
GALANT 93
contredit , qu'ils euffent en TerreNeavepour la Pefche & lafureté de leurs Vaiffeaux qui paſſent
ouquireviennent d'Amerique , its
en donnerent avis à la Reine Anne par de petits Baftimens qu'ils
firent partir en diligence ; de forte
que vers la fin de May, un de
nos PartisSauvages ayantpris un
Officier Anglois du cofté de Bafton,
nous apprimes de luy qu'il leur
eftoit arriué des ordres de leur
Reine , par le Capitaine V'éché ,
dont voicy le contenu , autant que
jay pû m'en reſſouvenir: Que
tous les paysde fa domination
voifins de la Nouvelle - Angle-
$
94 MERCURE
terre ; fçavoir b la NouvelleYorck , le New-Jersey , bla
Penſylvanie , Mariland ( qui
veut dire terre de Marie ) la Vir
ginie & la Caroline ( quifemble
eftre une partie de la Floride ) feroient inceffamment proviſion
de vivres & de munitions de
guerre ; Qu'il feroit levé mille
hommes bien équipez & armez , qui fe joindroient à huit
mille Ecoffois prefts à s'embarquer au premier vent favora
ble & former une Efcadre de
dix Vaiffeaux de ligne , fans
Tous ces Pays font entre les 45. & 30.
degrez de Latitude Nord.
GALANT 95
compter les Baftimens de char
ge pour les munitions & les
vivres dont on pouvoit avoir
befoin , & cela pour venir
moüiller devant Bafton à la fin
du mois de Juin. Ces Ecoffois
aidez des Anglois de la Nouvelle
Angleterre devoient , felon leur
intention , affieger Quebec &fe
rendre maiftres detoutes les Coftes
d'en bas , jufqu'à la mer;
pays devoit , dans la pensée de la
Reine, leur demeurer , pour récom
penfe de la dépense & des avan
ces faites par ces Ecoffois les
mêmes ordres de la Reine Anne
marquoient : Que les Habitans
o
7
ce
96 MERCURE
du Gouvernement d'Orange
dans New-Yorck avecceux de
Manhate & les Sauvages leurs
Alliez ou Amis , s'uniroient
enfemble pour faire un Corps
d'Armée de trois mille hommes , qui iroit tomber fur le
Montreal , & feroit ainfi diverfion des forces des François.
d'arMrle Marquis de Vaudreüil,
Gouverneur general de la Nonvelle-France ne faifoit que
river à Ville-Marie , la feule
Ville quifoitdans l'Ile de Montreal éloignée foixante lieues de
Quebec ,lors qu'il apprit les deffeins
GALANT 97
feins des Anglois nos voisins, il
affembla le Confeil de Guerre
pour déliberer fur les mesures
qu'onavoit à prendre , &on fut
d'avis d'aller au devant des Ennemis & de les prévenir. Mr de
Ramezay Gouverneur de Mont
real fut destiné pour né pour commander
les Troupes ou Milices defon Gouvernement , &l'on convint d'y
joindre les Sauvages Iroquois
Algonkins , Abnakis , les autres qui font dans le voisinage.
Tout eftant preft ne vous attendez point icy , Monfieur , à des
Arméesdecent mille hommes comme en Europe , mais à des Partis
Février 1710. I
98 MERCURE.
pluteft qu'à des Armées , proportionnez aux Habitans de ces Regions froides ) la petite Armée , ou
le Partifi vous l'aimez mieux ,
commença à fe mettre en marche
vers le 15. deFuillet, & elle fe
* trouva cftre de treize àquatorze
cens hommes ; compofée des Habitans du Gouvernement de lIfle
de Montreal & de Sauvages de
plufieurs Nations. Onfut juf
qu'au c Lac Champlain , ainfi
eCe Lac s'etend depuis le 44. environ,
jufqu'au 45. degré de latitude Septentrionale. On en diftingue deux à
fes extremitez ; c'eft-à dire au Nord
& au Sud, le Lac de S. François au
Nord, & le Lac, dit du S. Sacrement,
au Sud.
QUA
LYON
GALANT 99
DE
appellé d'un ancien Gour
de Canada de ce nom ; Mrle
Marquis de Vaudreuil qui eft
fage & tres vigilantfaifoit pendantce temps- la fortifier de nouveau Quebec & Ville Marie ,
vulgairement dite Montreal ,
l'Habitation la plus importante
de l'Ifle de ce nom. Les Forts des
environs de l'Ile de Montrealfurent vifitez &reparez où ilfalloit on s'attacha beaucoup à d
celuy de Mrle Baron de Longüeil
Major de Montreal qui eft de
d Le Fort de Longueil eft à peu prés au
Sud de l'Ile de Montreal, fur le bord
du Fleuve S. Laurent.
I ij
100 MERCURE
pierre & un desplus confiderables
dela Colonie; celuy de la Prairie,
dité de la Madeleine , au Sudde
de l'Ifle de Montrealfut auffifortifié de nouveau en même temps
que celuy de e Chambly qui eftoit
Le plus expofe aux infultes de
l'Ennemi ; on en conftruifit un de
pierres à Lorette , Miffionfauvage au Nord de Ville -Marie ,
gouvernée par Mrsde S. Sulpice.
Les Découvreurs marchant devant noftre Arméejufques à trois
ou quatre licuës , rencontrerent un
eCe Fott cft au Nord du Lac Champlain , & à environ dix lieues de la
Rivierb de S. Laurent.
GALANT 101
Parti ennemi au lieu dit la Poinre , fà la chevelure de cent vingt
hommes ou environ ; Mr de Ra
mezay le Commandantfut auſſitoft averti , ilfit rangerfes gens en
ordrede Bataille le fignal donné,
on marcha droit aux Anglois , les
noftres donnerent avec vigueurfur
l'Ennemi en tuerent on firent
Prifonniers une bonne partie
mirent le refte en fuite ; quatre
de nos Sauvages qui s'eftoient un
f Ce lieu est éloigné de Quebec d'environ 6o. lieuës , & il n'eft aing nommé qu'à l'occafion de quelques chevelares levées par des Sauvages; mes
Lettres vous ont déja dit comment
cela fe faifoit.
I iij
102 MERCURE
25.
peu trop avancez ,yfurent tuez.
Les Prifonniers nous apprirent que
les Anglois s'eftoient retranchez à
lieues en deça d'Orange , le
long d'une petite riviere , appellée
la Riviere au Chicot , g qu'ils
faifoient conftruire en cet endroit
de grands Batteaux & des Pirogues &un bon nombre de Canots pour venir ravager le Canada, à lafaveur de la Riviere de
Saint Laurent , dans laquelle ils
feroient entrez par le moyen du
Lac Champlain les Anglois
g
s
Du cofté du Lac du S. Sacrement &
vers l'entrie du Lac Champlain, dans
le voisinage de la Nouvelle- Angleterre & de New-Yorck.
GALANT 103.
avoient en effet élevé trois Forts
avec de gros & grands pieux de
bois de cedre blanc qui eft commun
dans l'Amerique Septentrionale,
dans l'un defquels on diſoit qu'ily
avoit fix ou buitpieces de canon ,
des bombes , quantitédegrenades ,
environ quinze ou dix - huit
cens hommespour les garder.
Sur le rapport de ces Prifonniers Anglois , Mr de Ramezay
affembla tous les Officiers de fa
petite Armée, le Confeil trouvantque ceferoit , cefemble , une
temerité quede s'expofer en avançant contre des Ennemis & plus
nombreux, avec cela tres - bien
I iiij)
104 MERCURE
retranchez , on prit le parti de les
attendre de pied ferme , s'ils en
vouloient venir aux mains ; cer
pendant les Efpions des Anglois
ayant rapporté àleur Camp que
noftre Armée eftoitformidable
que le Lac Champlain eftoit tout
couvert de canots , l'allarme fe mit
parmi eux , & aucun des- leurs
neparoiffant , aprésplufieursjours
d'attente , le Chefdu Parti Canadien confiderant que la recolte
dans l'Ile de Montreal & aux
contrées adjacentespreffait, &mêmé qu'elle eftoit déja commencées
renvoya la Milice & les Habitans de Montreal & des Coftes
+
GALANT 105
cela n'empêchapoint qu'on ne laiffaft des Découvreurs aux environs du Pofte que l'on quittoit ,
c'eft à dire vers les Lacs S. François , de Champlain & du S. Sacrement , celuy - cy cftant le plus.
proche des Ennemis , pour avertir
de tout en cas de befoin. La moiffonfefit pendant ce temps- là &a
efté abondante , non-feulement en
blé , mais encore en legumes & en
fruits tels qu'on les peut conferver
en Canada.
On ramaffoittranquilement les
biens que le Ciel nous avoit don
nez de fa main toute liberale , lors
que vers le 15.du mois de Septem-
106 MERCURE
bre tout à coup un Sauvage qui
avoitdefertédu Camp des ennemis».
vintdire au Montreal queles En
nemis eftoient enmarche du cofté du
LacChamplain. MrdeRamezay
envoya en diligence ce Sauvage à
Mr le Marquis de Vaudreuil
qui eftoit defcendu à Quebecpour .
j bien recevoir les Ennemis , qui
felon le bruit qui couroit, prétendoient l'affieger avec des forces
nombreuſes &par mer &parterre. Les Officiers s'eftant affemblez
chez Mrle Gouverneur general ,
onconclutque le Montrealfe trouvant endanger, ilfalloit lefecou
courir, les Découvreurs que Mr
GALANY 107.
deVaudreuilavoit envoyez àplus
de foixante lieuës au - deffous de
Quebec , ne voyant rien fur le
Fleuve nyfur les Coftes ; l'ordre
ayant donc efté donnépour monter
le Fleuve de S. Laurent , il fe
trouva mille hommes du Gouver
ment de Quebec , preſts à marchers
Mr le Marquis deVaudreuil General de toute la Colonie , fe mit
à la tefte & fut droit au Fort
Chambly, vers l'entrée du Lac
Champlain tous les Sauvages
d'enbas premierement ceux des
environs de Quebec & des trois
Rivieres , fejoignirent à la Milice de la Cpitaledu Canada. Ace
108 MERCURE
Corps de Troupes fe joignit celuy
du Gouverneur de Montreal Mr
de Ramezay , ce qui forma une
Armée d'environ trois mille hom
mes. Le lieu du Campfut affigné
auLac & Fort de Chambly affez
prés du LacS. François quife communique à celuy de Champlain
mais comme aprés trois semaines
ou environ , l'Ennemi ne faifoir
aucun mouvement , on commença
à fe défier du Sauvage deferteur
de fon rapport: ce futen cette
fituation que Mr le Gouverneur
general reçut avis de Quebec , au
commencement d'Octobre , que la
Bellone Fregatte Françoise venois
GALANT 109
"de mouiller devant cette Ville , &
que l'Efcadre Ecoffoife deftinée
pourfaire le Siege de la Capitale
du Canada & favorifer l'attaque
des Anglois par en haut , c'est- àdire du cofté de Montreal , avoit
eu ordre de la Reine Anne de faire
voile vers le Portugal , à caufe
que MrleMarquis de Bay Commandant en Eftramadoure pour
PhilippeV. Roy d'Espagne, avoit
battue défait les Portugais &
les Anglois leurs Alliez. Mr le
General les Officiers de l'Armée Canadiennejugeantdoncqu'il
n'y avoit plus rien à craindre , la
faifon d'ailleurs eftant fort avan
براج
110 MERCURE
cée , on congedia la plupart des
Troupes. Neanmoins MrdeVaudreüil permit à Mr de Montigny
Capitaine tres-brave defaperfonne , que vous avez pu voir à la
Courily a quelques années , accompagné d'un ChefdesSauvages de la nation des Abnakis , de
fe mettre à la tefte d'un petit Parti, compofé de Canadiens experimentez &de Sauvages aguèrris,
pour tacher defaire quelques Prifonniers. Quelques- uns de ce petit
Parti , s'avancerent fi prés des
Forts des Anglois , qu'ils en fçûrent aisément & le nombre
forme. Fuſques à prefent , nous
la
*
GALANT III
n'avons perdu aucun des noftres ,
fice n'eft quatre Sauvages qui s'étoient engagez trop avant , dans
-le combat fous Mrde Ramezay.
Les Ennemis, fi on en croit un
Anglois amené depuis peu par un
Sauvage Abnaki , appellé Carnaret , efperent executer l'année
prochaine ce qu'ils n'ont pas fait
・
celle-cy.
La conclufion de toute la manœuvre des Anglois nos voisins &
de tout ce qu'avoit projetté leur
Reine , eft qu'il leur en coûte environfix millionspour le tout. On
compte cinq millions cinq ou fix
recent mille livres pour la Flotte
112 MERCURE
d'Ecoffe , fur lefquels cinq mil
lions , la Reine avoit fourni la
fomme de cinq ou fix cens mille
Livres , pour encourager les Ecoffois à fe rendre maiftres de toute
la Nouvelle- France , &environ
un million , tant au Baftonnois
qu'à ceuxde la Ménade on Manhate e d'Orange à qui la Reine
Anne donnoit en recompenfe tout
le Pays de Canada qui eft depuis
l'Ile de Montreal jufqu'à Quebec.
Lefuccés n'ayant point répondu à l'atente des Peuples de la
Nouvelle- Angleterre , de NewYork , & autres Pays fujets àla
CALANT 113
Reine Anne en Amerique , fur
lefquels on avoit levé de rudes
impôts & tiré d'exceffives contributions , ils commencent déja à
temoigner hautement leur mécontentementfur tout contre Pitref
culle , Major d'Orange , le principalboute-feu de la Guerre alumée contre nous qui jufqu'à .
prefent les à leurré de vaines
promeffes , leur faifant entendre
qu'il attireroit dans le parti de
l'Angleterre toutes les Nations
Iroquoifes par de magnifiques &
de riches prefens ; fur de fi belles
paroles les Habitans d'Orange,
d'Efope , & de Corlard , abanFévrier 1710.
K
114 MERCURE
#
donent leurs habitations &leurs
biens , courent aux armes.
Ceux de Manhate qui eft da
principale Place de la NouvelleYork , avec leur Gouverneur fe
·laiffent auffi éblouir par les difcours qu'on a foinde femer parmy.
eux , les Habitans de Bafton les
entrainent comme , malgré eux
dans cet expedition ; ils fe mettent
en marche , charient quantité
de provifions de bouche , bâtiffent
des Forts , pour leur fervir de
refuge en cas de défavantage , ils
fontde grandes dépenfes pour des
Convoys & des Munitons prodigieufes en Bombes , Canons ,
GALANT
Grenades , Pierriers . Toutes
ces démarches fembloient devoir
porter la terrear non feulement à
ta nouvelle France ; mais encore à
toute l'Amerique Septentrionalle ,
attirer tous les Sauvages dans
leur parti , neanmoins les Iroquois les plus aguerris d'entr'eux
nebranlentpoint , & les Sonontboüans demeurent neutres. Les
François loin de craindre les Anglois , vont au - devant d'eux ,
battent un de leur parti , font des
Prifonniers & les provoquent
de nouveau au Combat fans que
ces mêmes François ayant perdu
ancun des leurs. Tout nouvelleKij
116 MERCURE
ment nous venons de leur prendre
un Lieutenant qu'on a amené icy
Prifonnier. Une Flutte GardeCôtede Baftonavoit eſtépriſe par
nos gens avec buit Barques chargées de munitions qui alloient audevant de la Flote d'Ecoffe , qui
avoit ordre de la Reine Anne de
Se rendre maistre du Canada.
Ajoutez à cela tous nos petits
partis , difperfez çà , & là, qui
nous ont aporté plufieurs cheve
lures d'Anglois , ce qui a furieufement inquieté nos Ennemis
comptant laplupartdes Sauvages
dans leur parti,
pran
Nous avons vu icy au mois
GALANT 117
de Juillet un Phénomene qui a
fait parler diferemment bien des
fortes de ge
moyenne région de l'Air & avoit
à peu prés le difque apparent de
la Lune. Il yen eut à qui ilne
Sembla eftre qu'à la hauteur des
Arbres àdeuxcents pas d'eux,
tout Montreal l'a vu auffi- bien
que Quebec. Comme tout eft extrême en ce Pays- cy, & quepar
opofition au grandfroid , ilyfait
une chaleur exceffive en Esté
cette exhalaifon s'eft aparamment
formée d'une matiere déja toute
prefte:mais laiffons à Meffieurs
les Philofophes deviner ces effets
gens. Il parut dans la
118 MERCURE
de la nature , racontons quel
que chose qui vous touchera
peut- êtredavantage.
Les Iroquois quoyque battus
deux ou troisfois parles Outaouacs
depuis la Paix , n'ont pas encore remué , quoyque dans l'ame ,
ils ayent , à ce que quelques gens
croyent , bien envie defe vanger.
Les Aniés une des cinq Nations ,
la bonne amie des Anglois la
plus voifine de New York
incitez par nos Ennemis ,fe font
hazardez de venir , par une
lâchefurprife , lever la chevelure
à trois on quatre de nos Iroquois,
du Sant Saint Louis , à une lieuë
GALANT 119
&demie du Montreal,
Nous ménageons les Sauvages & ce n'eft pas peu de les
conferver dans la neutralité
contre lesfollicitations importunes
tres artificieufes de PeterSchuyler , vulgairement appellé
Pitre-Schulle , Major d'Elbanie où Orange en New York, fin
Renard , quipar des prefens réïterez e des difcours adroits
tâche de les metre ( au moins quelques Nations ) dans le parti des
Anglois. Mr de Jonquiere
réuffi merveilleufement auprés des
Sononthouans des Goyogouens
durant plufieurs années qu'il
120 MERCURE
efté auprés d'eux , pour les tenir
affectionnez à la Colonie , ce qui
luy a fait effuyer bien des fatigues. Mr le Baron de Longüeil
Major de Montreal , cheri de
pere en fils de ces Nations , eft allé
chez eux en Ambaffade pour Ne
gotier au moins une neutralité qui
foit ferme & pour les tenir en
refpect. La Nation des Sononthoüans femble être toute entiere.
pournous , & celle des Goyogoüins
enpartie ; ceux - cy quoyque gouvernezpar les premiers , je veux
dire par les Sononthoüans , une
des cinq Nations laplus nombreuSe,font partagez ce qu'ily a
de
GALANT 121
les
de remarquable c'est que les Iro
quois appellent les François ( en
la perfonne de leur Gouverneur
General ) leur Pere , & que
Anglois ne font confiderez chez
eux (fi peut-être on n'en excepte
les Aniez qui depuis du temps
paroiffent leurs grands amis ) que
comme leur Frere.
Voicy les morts les plus confiderables dans la Colonie , de cette
année. Mrle Marquis de Chryfaphi Gouverneur de la Ville des
Trois Rivieres , je ne vous apren
dray point icy , comme une chofe
nouvelle que cette Place eft égale
ment éloignée de Quebec , & de
Février 1710. L
122 MERCURE
Montreal , c'est ce que vous avez
pú connoître par mes precedentes
auffi-bien que beaucoup d'autres
éclairciffemens ou explications
que je ne repeteray pas dans cette
Lettre- ci, depeurde vous ennuyer.
Nous avons auffiperdu Mr de
Linetot MajordesTrois Rivieres.
Mrde Lorimier Capitaine. Mr
de Lor Biniere Doyen des Confeillers du Confeil Souverain de
Quebec un Chanoine de la
Cathedrale , ( Mr Petit ) jou
bliois le Pere ChauffetierJefuite ,
ce bon Pere-ci prétendoit il y a
quelques années avoir trouvé
le fecret de faire du pain avec
د
*
GALANT 123
certaine racine , qui auroit pû
fupléer au pain ordinaire dans un
befoin.
Je finis ma Lettre , que vous
recevez par la Bellone , petite
Fregate defeize Canons , en vous
marquant les perfonnes les plus
confiderables quipaffent en France dans ce Vaiffeau. Me la
Marquife de Vaudreuil femme
de Mrle Gouverneur General ,
s'y embarqua avec Me du Mefnil femme du Major des Troupes
de la Colonie. Mrle Vallet Chanoine de cette Ville & Secretaire
de Monfeigneurde Saint Vallier
noftre Evêque , Mr le Vaſſeur
Lij
124 MERCURE
Ingenieur envoyépar le Roy , c.
C'est avec les mêmes fentimens d'eftime & de wespect que
j'auray toujours pour vous , que
je fuis tres-parfaitement.
·
MONSIEUR,
Voftre tres- humble tresobéiffant ferviteur,
N.D.D
que je vous envoye une Relation de ce qui s'eft paffé en
Canada pendant le cours de
chaque année ; mais quelques
incidens font caufe que je vous
envoye celle que vous allez lire , quelques mois plus tard
quevous n'avez accoûtumé de
la recevoir tous les ans. Elled
vient d'un Officier François quis
eft dans l'Armée Canadienne.
"
GALANTNY 81
$ srpos ench notede af M
A Quebec le 12°. Novembre
299NING 27731709. riba vit
MONSIEUR,
La Defcription étonnante que
vous mefaites de l'Hyver qui a
ravagé l'Europe cette année , m’a
fait faire les reflexions ordinaires
fur le froid que l'on fent en ce
pays - cy. Et effectivement j'ay
admiré plus d'une fois.comment
les racines des Plantes , les Bois,
లో les Animaux, fans parler des
Habitans , refiftoient non-feulement a de tels froids , mais encore
82 MERCURE
à celuy que nous avons éprouvé
icy , vers la fin de l'année 1708 .
peu prés vers le temps que je
finiffois les dernieres Lettres queje
vous ay adreffées ; car il a eftéfi
pénetrant & fi vif, que s'il avoit
continué de la mêmeforce , je crois
quenous aurions tous peri & que
nous ferions tous morts dans les
commencemens d'un Hyverfi affreux. Mais le Seigneur n'a point
permis que nous avons fouffert au
deffus de nos forces.
Ainfi quelque rude qu'ait éfté
Hyver dans vos climats temperez d'ailleurs , il l'a efté incompa
rablement davantage en Canada,
GALANT 83
où la gelée commença vers la fin
de Novembre & perfevera fi
fortement, que dans les derniers
jours de Decembre ( 1708. ) le
Fleuve de S. Laurent , fe trouvaglacéjusqu'à laprofondeur de
dix pieds , & qu'il y avoit déja
quatre pieds de nége fur terre. Je
le repete encore , Monfieur , jepenfe que la Colonie auroit peryſi la
gelée avoit continué de cette violence. Et certes les Anglois fiirritez contre nous auroient eu alors
bon marché du Canada.
Ce froid exceffif nous quitta
fans doute pour vous aller rendre
vifte, puifque vous me marquez
84. MERCURE
que le premierjour de la grande
gelée commença le 6. ou 7. deFanvier de l'année fuivante ( 1709)
ce que je puis vous dire , c'est que
toutes ces horreurs de la nature ,
n'ontpoint efté un obftacle à la terre dela Nouvelle France , de nous
donnerd'affez bonsfruits, &aux
hommes de vivre ; au contraire
nous remarquons que ce froid
tribue à la fanté, & que la nége
qui regnefi longtemps dans l'AmeriqueSeptentrionale , l'engraifmerveilleufement , la moiffon
ayant efté abondante cette année-ci
en bled & enfruits; quoy qu'on
ne féme qu'à lafin d'Avril , le
fe
con-
GALANT 85
blé eft preft à couper au mois
( Je ne commenceray points
Monfieur, les Nouvelles que j'ay
à vous mander de ce pays-cy, par
ce qui s'eft paffé en l'Ile de Terre
Neuve au Fort S. Jean que nous
avons pris aux Anglois , parce
queje connois par vos Lettres que
vous en avez eftéinftruit en France , même d'aſſez bonne heure ;
à quoy je vous prie de faire
attention icy , eft que cette entreprife qui a estéexecutée avecbeaucoupde vigueur où entr'autres,
le fieur de la Ronde , d'une ancien="
ciennefamille de Canada s'eft dif-
86 MERCURE
tingué parfa bravoure intrigue
fort, non - feulement les Anglois
nos voiſins , mais encore ceux que
nous appellons icy les Anglois de
la Vieille- Angleterre, qui au
retour de ce qu'ils poffedent aux
Ifles - Antilles & ailleurs dans
l'Amerique, venoientfe relâcher,
ou radouber en ce Port , qui par
confequent leur eftoit fort commode.
Plufieurs des noftres difent icy
que la prife de ce Pofle & le ravage qu'on afait aux environs ,
va àfix millions. On dit que
Pefche que l'on faifoit proche la
Rade de S.Jean & aux Bancs
la
GALANT 87
voifins , valloit quatre millions de
rente à la Reine Anne. Nous
avons icy le Commandant ( le
Colonel Lloyd ) de ce Fort , prifonnieravecplufieurs Officiers, &
Soldats on Habitans de fon Gouvernement. Ila , àce qu'onpublie
dans Quebec , cent mille livres de
bien, & il veut fe marier icy &
époufer la veuve de Mr de Maricourt mort en 1704. Il eftoit
Capitaine dans cette Colonie &
freredu fameux Mr d'Yberville
qui s'eft fi fort diftingué fur mer
par fa valeur. Un Ecclefiaftique
tres-zelé, du Seminaire de Saint
Sulpice de Ville - Marie en l'Ifle
88 MERCURE
de Montreal, qui fait parfaite
ment l'Anglois , eft defcendu icy
pour travailler à la converfion de
ce Gouverneur Anglois , car
prétend, & il a témoigné librementfon deffein là-deffus , renoncer à la Religion Proteftante &
fe faire Catholique.
L'affaire de l'habitation de S.
Jean en Terre-Neuve futfuivie
d'une autre entrepriſe dans laBaye
d'Hudson , au lieu appellé le petit
Nord.
Mr Capitai- de Mantet
ne dans la Colonie enfut le Chef;
ce fut au mois d'Avril de cette
année 1709. Le Partife trouva
compofé de centhommes tous Ha.
GALANT 89
bitans & mariez pour la pluspart , mais alertes & entrepre P
nans ; Mr de la Nouě Lieutenant commandoit en ſecond ; à ces
deux Officiers s'en joignirent quel.
ques autres Subalternes ; la marche dura un peu plus de deux
mois , au bout duquel temps , nos
gens arrivez au but , déterminerent lejour de l'attaque au fixiémejour de Juillet. On choifit la
nuitpourcela: les Enfans perdus ,
je veux dire ceux qui marcherent
les premiers , donnerent brufquement & tefte baiffée fur un des
Fortsflanqué de quatre Baſtions ,
Février 1710. H
90 MERCURE
munisfelon le rapport de quelquesuns de ceux qui enfont revenus
de foixantepieces de Canon & de
plufieurs Pierriers. Des Boucaniers a qui le gardoient firent une
decharge terrible & du canon &
de leurs longs fufils qui cependant n'empêcha point ces premiers
des noftres , de pouffer leur pointe
avec une ardeur étonnante , de
rompre la paliẞade faite de gros ·
a Gens déterminez, Chaffeurs , propres
à la découverte , foit dans les terres
foit en mer; on pourroit les appeller
Flibuftiers de terre , auffi bien quede
mer. Les Boucaniers vivent fans façon de chair rôtic plus à la fumé
qu'au feu..
GALANT 91
un
pieux de traverſer un foffe
plein d'eau , large de quinzepieds,
qui estoit au de- là ; comme le feu
de l'Ennemy eftoit violent & continuel , & que le canonfaifoit
fracas horrible , & qu'avec cela
le nombre des Soldats oppofez aux
moftres eftoit tout-à-faitfuperieur,
il fallut fe retirer.
Mrde Mantet qui s'eft particulierement fignalé dans cette action , une des plus vives qui fe
foit faite en Amerique , y a efté
tues MrdeMartigny & douze
on quinze Canadiens ont eu le
mêmefort.
Hij
92 MERCURE
Les Anglois de la Vieille er de
la Nouvelle Angleterre ont efté
cette année dans de grands mouvemens pour s'emparer , fuivant
leur deffein , des trois Gouvernemens de la Colonie ; il neferoit
pas facile de vous expliquer combien ilsfe font remuez pour celae
voicy à peu prés la manœuvre
qu'ils ontfaite pourl'execution
ce projet.
uer.comDés que les Anglois de la Nouvelle Angleterre , & furtout ceux
de Bafton qui en eft la Capitale ,
eurentfçu certainement laprife de
leur Habitation du Port S.Jean ,
une des plus confiderables , ſans
GALANT 93
contredit , qu'ils euffent en TerreNeavepour la Pefche & lafureté de leurs Vaiffeaux qui paſſent
ouquireviennent d'Amerique , its
en donnerent avis à la Reine Anne par de petits Baftimens qu'ils
firent partir en diligence ; de forte
que vers la fin de May, un de
nos PartisSauvages ayantpris un
Officier Anglois du cofté de Bafton,
nous apprimes de luy qu'il leur
eftoit arriué des ordres de leur
Reine , par le Capitaine V'éché ,
dont voicy le contenu , autant que
jay pû m'en reſſouvenir: Que
tous les paysde fa domination
voifins de la Nouvelle - Angle-
$
94 MERCURE
terre ; fçavoir b la NouvelleYorck , le New-Jersey , bla
Penſylvanie , Mariland ( qui
veut dire terre de Marie ) la Vir
ginie & la Caroline ( quifemble
eftre une partie de la Floride ) feroient inceffamment proviſion
de vivres & de munitions de
guerre ; Qu'il feroit levé mille
hommes bien équipez & armez , qui fe joindroient à huit
mille Ecoffois prefts à s'embarquer au premier vent favora
ble & former une Efcadre de
dix Vaiffeaux de ligne , fans
Tous ces Pays font entre les 45. & 30.
degrez de Latitude Nord.
GALANT 95
compter les Baftimens de char
ge pour les munitions & les
vivres dont on pouvoit avoir
befoin , & cela pour venir
moüiller devant Bafton à la fin
du mois de Juin. Ces Ecoffois
aidez des Anglois de la Nouvelle
Angleterre devoient , felon leur
intention , affieger Quebec &fe
rendre maiftres detoutes les Coftes
d'en bas , jufqu'à la mer;
pays devoit , dans la pensée de la
Reine, leur demeurer , pour récom
penfe de la dépense & des avan
ces faites par ces Ecoffois les
mêmes ordres de la Reine Anne
marquoient : Que les Habitans
o
7
ce
96 MERCURE
du Gouvernement d'Orange
dans New-Yorck avecceux de
Manhate & les Sauvages leurs
Alliez ou Amis , s'uniroient
enfemble pour faire un Corps
d'Armée de trois mille hommes , qui iroit tomber fur le
Montreal , & feroit ainfi diverfion des forces des François.
d'arMrle Marquis de Vaudreüil,
Gouverneur general de la Nonvelle-France ne faifoit que
river à Ville-Marie , la feule
Ville quifoitdans l'Ile de Montreal éloignée foixante lieues de
Quebec ,lors qu'il apprit les deffeins
GALANT 97
feins des Anglois nos voisins, il
affembla le Confeil de Guerre
pour déliberer fur les mesures
qu'onavoit à prendre , &on fut
d'avis d'aller au devant des Ennemis & de les prévenir. Mr de
Ramezay Gouverneur de Mont
real fut destiné pour né pour commander
les Troupes ou Milices defon Gouvernement , &l'on convint d'y
joindre les Sauvages Iroquois
Algonkins , Abnakis , les autres qui font dans le voisinage.
Tout eftant preft ne vous attendez point icy , Monfieur , à des
Arméesdecent mille hommes comme en Europe , mais à des Partis
Février 1710. I
98 MERCURE.
pluteft qu'à des Armées , proportionnez aux Habitans de ces Regions froides ) la petite Armée , ou
le Partifi vous l'aimez mieux ,
commença à fe mettre en marche
vers le 15. deFuillet, & elle fe
* trouva cftre de treize àquatorze
cens hommes ; compofée des Habitans du Gouvernement de lIfle
de Montreal & de Sauvages de
plufieurs Nations. Onfut juf
qu'au c Lac Champlain , ainfi
eCe Lac s'etend depuis le 44. environ,
jufqu'au 45. degré de latitude Septentrionale. On en diftingue deux à
fes extremitez ; c'eft-à dire au Nord
& au Sud, le Lac de S. François au
Nord, & le Lac, dit du S. Sacrement,
au Sud.
QUA
LYON
GALANT 99
DE
appellé d'un ancien Gour
de Canada de ce nom ; Mrle
Marquis de Vaudreuil qui eft
fage & tres vigilantfaifoit pendantce temps- la fortifier de nouveau Quebec & Ville Marie ,
vulgairement dite Montreal ,
l'Habitation la plus importante
de l'Ifle de ce nom. Les Forts des
environs de l'Ile de Montrealfurent vifitez &reparez où ilfalloit on s'attacha beaucoup à d
celuy de Mrle Baron de Longüeil
Major de Montreal qui eft de
d Le Fort de Longueil eft à peu prés au
Sud de l'Ile de Montreal, fur le bord
du Fleuve S. Laurent.
I ij
100 MERCURE
pierre & un desplus confiderables
dela Colonie; celuy de la Prairie,
dité de la Madeleine , au Sudde
de l'Ifle de Montrealfut auffifortifié de nouveau en même temps
que celuy de e Chambly qui eftoit
Le plus expofe aux infultes de
l'Ennemi ; on en conftruifit un de
pierres à Lorette , Miffionfauvage au Nord de Ville -Marie ,
gouvernée par Mrsde S. Sulpice.
Les Découvreurs marchant devant noftre Arméejufques à trois
ou quatre licuës , rencontrerent un
eCe Fott cft au Nord du Lac Champlain , & à environ dix lieues de la
Rivierb de S. Laurent.
GALANT 101
Parti ennemi au lieu dit la Poinre , fà la chevelure de cent vingt
hommes ou environ ; Mr de Ra
mezay le Commandantfut auſſitoft averti , ilfit rangerfes gens en
ordrede Bataille le fignal donné,
on marcha droit aux Anglois , les
noftres donnerent avec vigueurfur
l'Ennemi en tuerent on firent
Prifonniers une bonne partie
mirent le refte en fuite ; quatre
de nos Sauvages qui s'eftoient un
f Ce lieu est éloigné de Quebec d'environ 6o. lieuës , & il n'eft aing nommé qu'à l'occafion de quelques chevelares levées par des Sauvages; mes
Lettres vous ont déja dit comment
cela fe faifoit.
I iij
102 MERCURE
25.
peu trop avancez ,yfurent tuez.
Les Prifonniers nous apprirent que
les Anglois s'eftoient retranchez à
lieues en deça d'Orange , le
long d'une petite riviere , appellée
la Riviere au Chicot , g qu'ils
faifoient conftruire en cet endroit
de grands Batteaux & des Pirogues &un bon nombre de Canots pour venir ravager le Canada, à lafaveur de la Riviere de
Saint Laurent , dans laquelle ils
feroient entrez par le moyen du
Lac Champlain les Anglois
g
s
Du cofté du Lac du S. Sacrement &
vers l'entrie du Lac Champlain, dans
le voisinage de la Nouvelle- Angleterre & de New-Yorck.
GALANT 103.
avoient en effet élevé trois Forts
avec de gros & grands pieux de
bois de cedre blanc qui eft commun
dans l'Amerique Septentrionale,
dans l'un defquels on diſoit qu'ily
avoit fix ou buitpieces de canon ,
des bombes , quantitédegrenades ,
environ quinze ou dix - huit
cens hommespour les garder.
Sur le rapport de ces Prifonniers Anglois , Mr de Ramezay
affembla tous les Officiers de fa
petite Armée, le Confeil trouvantque ceferoit , cefemble , une
temerité quede s'expofer en avançant contre des Ennemis & plus
nombreux, avec cela tres - bien
I iiij)
104 MERCURE
retranchez , on prit le parti de les
attendre de pied ferme , s'ils en
vouloient venir aux mains ; cer
pendant les Efpions des Anglois
ayant rapporté àleur Camp que
noftre Armée eftoitformidable
que le Lac Champlain eftoit tout
couvert de canots , l'allarme fe mit
parmi eux , & aucun des- leurs
neparoiffant , aprésplufieursjours
d'attente , le Chefdu Parti Canadien confiderant que la recolte
dans l'Ile de Montreal & aux
contrées adjacentespreffait, &mêmé qu'elle eftoit déja commencées
renvoya la Milice & les Habitans de Montreal & des Coftes
+
GALANT 105
cela n'empêchapoint qu'on ne laiffaft des Découvreurs aux environs du Pofte que l'on quittoit ,
c'eft à dire vers les Lacs S. François , de Champlain & du S. Sacrement , celuy - cy cftant le plus.
proche des Ennemis , pour avertir
de tout en cas de befoin. La moiffonfefit pendant ce temps- là &a
efté abondante , non-feulement en
blé , mais encore en legumes & en
fruits tels qu'on les peut conferver
en Canada.
On ramaffoittranquilement les
biens que le Ciel nous avoit don
nez de fa main toute liberale , lors
que vers le 15.du mois de Septem-
106 MERCURE
bre tout à coup un Sauvage qui
avoitdefertédu Camp des ennemis».
vintdire au Montreal queles En
nemis eftoient enmarche du cofté du
LacChamplain. MrdeRamezay
envoya en diligence ce Sauvage à
Mr le Marquis de Vaudreuil
qui eftoit defcendu à Quebecpour .
j bien recevoir les Ennemis , qui
felon le bruit qui couroit, prétendoient l'affieger avec des forces
nombreuſes &par mer &parterre. Les Officiers s'eftant affemblez
chez Mrle Gouverneur general ,
onconclutque le Montrealfe trouvant endanger, ilfalloit lefecou
courir, les Découvreurs que Mr
GALANY 107.
deVaudreuilavoit envoyez àplus
de foixante lieuës au - deffous de
Quebec , ne voyant rien fur le
Fleuve nyfur les Coftes ; l'ordre
ayant donc efté donnépour monter
le Fleuve de S. Laurent , il fe
trouva mille hommes du Gouver
ment de Quebec , preſts à marchers
Mr le Marquis deVaudreuil General de toute la Colonie , fe mit
à la tefte & fut droit au Fort
Chambly, vers l'entrée du Lac
Champlain tous les Sauvages
d'enbas premierement ceux des
environs de Quebec & des trois
Rivieres , fejoignirent à la Milice de la Cpitaledu Canada. Ace
108 MERCURE
Corps de Troupes fe joignit celuy
du Gouverneur de Montreal Mr
de Ramezay , ce qui forma une
Armée d'environ trois mille hom
mes. Le lieu du Campfut affigné
auLac & Fort de Chambly affez
prés du LacS. François quife communique à celuy de Champlain
mais comme aprés trois semaines
ou environ , l'Ennemi ne faifoir
aucun mouvement , on commença
à fe défier du Sauvage deferteur
de fon rapport: ce futen cette
fituation que Mr le Gouverneur
general reçut avis de Quebec , au
commencement d'Octobre , que la
Bellone Fregatte Françoise venois
GALANT 109
"de mouiller devant cette Ville , &
que l'Efcadre Ecoffoife deftinée
pourfaire le Siege de la Capitale
du Canada & favorifer l'attaque
des Anglois par en haut , c'est- àdire du cofté de Montreal , avoit
eu ordre de la Reine Anne de faire
voile vers le Portugal , à caufe
que MrleMarquis de Bay Commandant en Eftramadoure pour
PhilippeV. Roy d'Espagne, avoit
battue défait les Portugais &
les Anglois leurs Alliez. Mr le
General les Officiers de l'Armée Canadiennejugeantdoncqu'il
n'y avoit plus rien à craindre , la
faifon d'ailleurs eftant fort avan
براج
110 MERCURE
cée , on congedia la plupart des
Troupes. Neanmoins MrdeVaudreüil permit à Mr de Montigny
Capitaine tres-brave defaperfonne , que vous avez pu voir à la
Courily a quelques années , accompagné d'un ChefdesSauvages de la nation des Abnakis , de
fe mettre à la tefte d'un petit Parti, compofé de Canadiens experimentez &de Sauvages aguèrris,
pour tacher defaire quelques Prifonniers. Quelques- uns de ce petit
Parti , s'avancerent fi prés des
Forts des Anglois , qu'ils en fçûrent aisément & le nombre
forme. Fuſques à prefent , nous
la
*
GALANT III
n'avons perdu aucun des noftres ,
fice n'eft quatre Sauvages qui s'étoient engagez trop avant , dans
-le combat fous Mrde Ramezay.
Les Ennemis, fi on en croit un
Anglois amené depuis peu par un
Sauvage Abnaki , appellé Carnaret , efperent executer l'année
prochaine ce qu'ils n'ont pas fait
・
celle-cy.
La conclufion de toute la manœuvre des Anglois nos voisins &
de tout ce qu'avoit projetté leur
Reine , eft qu'il leur en coûte environfix millionspour le tout. On
compte cinq millions cinq ou fix
recent mille livres pour la Flotte
112 MERCURE
d'Ecoffe , fur lefquels cinq mil
lions , la Reine avoit fourni la
fomme de cinq ou fix cens mille
Livres , pour encourager les Ecoffois à fe rendre maiftres de toute
la Nouvelle- France , &environ
un million , tant au Baftonnois
qu'à ceuxde la Ménade on Manhate e d'Orange à qui la Reine
Anne donnoit en recompenfe tout
le Pays de Canada qui eft depuis
l'Ile de Montreal jufqu'à Quebec.
Lefuccés n'ayant point répondu à l'atente des Peuples de la
Nouvelle- Angleterre , de NewYork , & autres Pays fujets àla
CALANT 113
Reine Anne en Amerique , fur
lefquels on avoit levé de rudes
impôts & tiré d'exceffives contributions , ils commencent déja à
temoigner hautement leur mécontentementfur tout contre Pitref
culle , Major d'Orange , le principalboute-feu de la Guerre alumée contre nous qui jufqu'à .
prefent les à leurré de vaines
promeffes , leur faifant entendre
qu'il attireroit dans le parti de
l'Angleterre toutes les Nations
Iroquoifes par de magnifiques &
de riches prefens ; fur de fi belles
paroles les Habitans d'Orange,
d'Efope , & de Corlard , abanFévrier 1710.
K
114 MERCURE
#
donent leurs habitations &leurs
biens , courent aux armes.
Ceux de Manhate qui eft da
principale Place de la NouvelleYork , avec leur Gouverneur fe
·laiffent auffi éblouir par les difcours qu'on a foinde femer parmy.
eux , les Habitans de Bafton les
entrainent comme , malgré eux
dans cet expedition ; ils fe mettent
en marche , charient quantité
de provifions de bouche , bâtiffent
des Forts , pour leur fervir de
refuge en cas de défavantage , ils
fontde grandes dépenfes pour des
Convoys & des Munitons prodigieufes en Bombes , Canons ,
GALANT
Grenades , Pierriers . Toutes
ces démarches fembloient devoir
porter la terrear non feulement à
ta nouvelle France ; mais encore à
toute l'Amerique Septentrionalle ,
attirer tous les Sauvages dans
leur parti , neanmoins les Iroquois les plus aguerris d'entr'eux
nebranlentpoint , & les Sonontboüans demeurent neutres. Les
François loin de craindre les Anglois , vont au - devant d'eux ,
battent un de leur parti , font des
Prifonniers & les provoquent
de nouveau au Combat fans que
ces mêmes François ayant perdu
ancun des leurs. Tout nouvelleKij
116 MERCURE
ment nous venons de leur prendre
un Lieutenant qu'on a amené icy
Prifonnier. Une Flutte GardeCôtede Baftonavoit eſtépriſe par
nos gens avec buit Barques chargées de munitions qui alloient audevant de la Flote d'Ecoffe , qui
avoit ordre de la Reine Anne de
Se rendre maistre du Canada.
Ajoutez à cela tous nos petits
partis , difperfez çà , & là, qui
nous ont aporté plufieurs cheve
lures d'Anglois , ce qui a furieufement inquieté nos Ennemis
comptant laplupartdes Sauvages
dans leur parti,
pran
Nous avons vu icy au mois
GALANT 117
de Juillet un Phénomene qui a
fait parler diferemment bien des
fortes de ge
moyenne région de l'Air & avoit
à peu prés le difque apparent de
la Lune. Il yen eut à qui ilne
Sembla eftre qu'à la hauteur des
Arbres àdeuxcents pas d'eux,
tout Montreal l'a vu auffi- bien
que Quebec. Comme tout eft extrême en ce Pays- cy, & quepar
opofition au grandfroid , ilyfait
une chaleur exceffive en Esté
cette exhalaifon s'eft aparamment
formée d'une matiere déja toute
prefte:mais laiffons à Meffieurs
les Philofophes deviner ces effets
gens. Il parut dans la
118 MERCURE
de la nature , racontons quel
que chose qui vous touchera
peut- êtredavantage.
Les Iroquois quoyque battus
deux ou troisfois parles Outaouacs
depuis la Paix , n'ont pas encore remué , quoyque dans l'ame ,
ils ayent , à ce que quelques gens
croyent , bien envie defe vanger.
Les Aniés une des cinq Nations ,
la bonne amie des Anglois la
plus voifine de New York
incitez par nos Ennemis ,fe font
hazardez de venir , par une
lâchefurprife , lever la chevelure
à trois on quatre de nos Iroquois,
du Sant Saint Louis , à une lieuë
GALANT 119
&demie du Montreal,
Nous ménageons les Sauvages & ce n'eft pas peu de les
conferver dans la neutralité
contre lesfollicitations importunes
tres artificieufes de PeterSchuyler , vulgairement appellé
Pitre-Schulle , Major d'Elbanie où Orange en New York, fin
Renard , quipar des prefens réïterez e des difcours adroits
tâche de les metre ( au moins quelques Nations ) dans le parti des
Anglois. Mr de Jonquiere
réuffi merveilleufement auprés des
Sononthouans des Goyogouens
durant plufieurs années qu'il
120 MERCURE
efté auprés d'eux , pour les tenir
affectionnez à la Colonie , ce qui
luy a fait effuyer bien des fatigues. Mr le Baron de Longüeil
Major de Montreal , cheri de
pere en fils de ces Nations , eft allé
chez eux en Ambaffade pour Ne
gotier au moins une neutralité qui
foit ferme & pour les tenir en
refpect. La Nation des Sononthoüans femble être toute entiere.
pournous , & celle des Goyogoüins
enpartie ; ceux - cy quoyque gouvernezpar les premiers , je veux
dire par les Sononthoüans , une
des cinq Nations laplus nombreuSe,font partagez ce qu'ily a
de
GALANT 121
les
de remarquable c'est que les Iro
quois appellent les François ( en
la perfonne de leur Gouverneur
General ) leur Pere , & que
Anglois ne font confiderez chez
eux (fi peut-être on n'en excepte
les Aniez qui depuis du temps
paroiffent leurs grands amis ) que
comme leur Frere.
Voicy les morts les plus confiderables dans la Colonie , de cette
année. Mrle Marquis de Chryfaphi Gouverneur de la Ville des
Trois Rivieres , je ne vous apren
dray point icy , comme une chofe
nouvelle que cette Place eft égale
ment éloignée de Quebec , & de
Février 1710. L
122 MERCURE
Montreal , c'est ce que vous avez
pú connoître par mes precedentes
auffi-bien que beaucoup d'autres
éclairciffemens ou explications
que je ne repeteray pas dans cette
Lettre- ci, depeurde vous ennuyer.
Nous avons auffiperdu Mr de
Linetot MajordesTrois Rivieres.
Mrde Lorimier Capitaine. Mr
de Lor Biniere Doyen des Confeillers du Confeil Souverain de
Quebec un Chanoine de la
Cathedrale , ( Mr Petit ) jou
bliois le Pere ChauffetierJefuite ,
ce bon Pere-ci prétendoit il y a
quelques années avoir trouvé
le fecret de faire du pain avec
د
*
GALANT 123
certaine racine , qui auroit pû
fupléer au pain ordinaire dans un
befoin.
Je finis ma Lettre , que vous
recevez par la Bellone , petite
Fregate defeize Canons , en vous
marquant les perfonnes les plus
confiderables quipaffent en France dans ce Vaiffeau. Me la
Marquife de Vaudreuil femme
de Mrle Gouverneur General ,
s'y embarqua avec Me du Mefnil femme du Major des Troupes
de la Colonie. Mrle Vallet Chanoine de cette Ville & Secretaire
de Monfeigneurde Saint Vallier
noftre Evêque , Mr le Vaſſeur
Lij
124 MERCURE
Ingenieur envoyépar le Roy , c.
C'est avec les mêmes fentimens d'eftime & de wespect que
j'auray toujours pour vous , que
je fuis tres-parfaitement.
·
MONSIEUR,
Voftre tres- humble tresobéiffant ferviteur,
N.D.D
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Résumé : A Quebec le 12e. Novembre 1709.
En novembre 1709, une lettre décrit divers événements survenus au Canada. L'hiver 1708-1709 a été particulièrement rigoureux, avec des températures extrêmement basses et une épaisse couche de neige. Malgré ces conditions, la colonie a produit de bons fruits et la neige a fertilisé les terres. La lettre relate également des victoires militaires françaises. Les Français ont pris le Fort Saint-Jean à Terre-Neuve, dirigé par le sieur de la Ronde, causant des pertes financières significatives aux Anglais. Une autre expédition française a attaqué un fort anglais dans la baie d'Hudson. Les Anglais préparaient une grande offensive pour s'emparer des gouvernements de la colonie française, mais les Français ont renforcé leurs positions et organisé des patrouilles. Une confrontation à la Pointe à la Chevelure a vu la victoire des Français, qui ont capturé des prisonniers révélant les plans anglais de construire des bateaux pour envahir le Canada. Sur le plan militaire, les officiers français, sous le commandement de Monsieur de Ramezay, ont décidé de ne pas avancer contre les ennemis plus nombreux et bien retranchés, préférant les attendre. Les espions anglais ont rapporté que l'armée française était formidable, provoquant une alarme parmi les Anglais. Monsieur de Vaudreuil, gouverneur général, a rassemblé une armée de trois mille hommes près du lac Champlain. Après trois semaines sans mouvement ennemi, les Français ont appris que la flotte écossaise destinée à attaquer Québec avait été redirigée vers le Portugal. Les Français ont alors congédié la plupart des troupes. Monsieur de Montigny a mené une petite expédition contre les prisonniers anglais. Malgré leurs efforts et dépenses, les Anglais n'ont pas réussi à attirer les nations iroquoises dans leur camp. Les Français ont capturé des prisonniers et des munitions, et les Iroquois sont restés neutres. Le texte mentionne également des phénomènes naturels et des décès notables dans la colonie.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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