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p. 2782-2789
EXTRAIT d'un Mémoire sur les causes qui ont altéré l'Eau de la Seine, pendant la sécheresse de l'année 1731. Par M. Jussieu l'aîné, lû à la rentrée publique de l'Academie Royale des Sciences, le 14 Novembre 1733.
Début :
Pour que l'eau soit salubre, il faut qu'elle soit pure, limpide, sans aucune [...]
Mots clefs :
Jussieu l'aîné, Académie royale des sciences, Seine, Eau, Sécheresse , Cause, Rivière, Plantes aquatiques, Odeur, Maladies
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texteReconnaissance textuelle : EXTRAIT d'un Mémoire sur les causes qui ont altéré l'Eau de la Seine, pendant la sécheresse de l'année 1731. Par M. Jussieu l'aîné, lû à la rentrée publique de l'Academie Royale des Sciences, le 14 Novembre 1733.
EXTRAIT d'un Mémoire sur les causes
qui ont altéré l'Eau de la Seine , pendant
la sécheresse de l'année 1731.Par
M. Jussieu l'aîné , lû à la rentrée publique
de l'Academie Royale des Sciences
le 14 Novembre 1733 .
Our que l'eau soit salubre , il faut
P qu'elle soit pure , l'impide , sans aucune
odeur , ni saveur sensibles , et que
son usage ne cause aucune maladie.
Quoiqu'en 1731 , l'Eau de la Seine fut
devenue pendant l'Eté et l'Automne plus
légere et plus limpide qu'à l'ordinaire ;
cependant ceux qui étoient obligez d'en
boire furent sujets à des sécheresses de
bouche qui leur causoient une altération
fréquente , à des dégoûts et à des nausées
dont on ignoroit la cause , à des maux
de gorge qui degeneroient en Squinancie
, à des fluxions à la tête et à plusieurs
sortes de fièvres irrégulières et opiniâtres
; ces maladies ne se guérissoient que
par le changement de boisson , ou par les
Prisannes , dont la coction servoit dé
correctif à la mauvaise qnalité de l'eau ;
les personnes au contraire, qui ne buvoient
que de l'eau de Fontaine furent
I Vol. excmDECEMBRE.
1733. 2783
exemtes de toutes ces incommoditez.
Cette observation indiquoit bien en
general qu'il devoit y avoir dans l'eau
des particules étrangeres , qui pour être
imperceptibles à la vuë , ne laissoicnt pas
d'être sensibles par les maladies qu'elles
causoient ; mais il restoit encore à dé
terminer quelle étoit la nature de ces
corpuscules . La Riviere de Seine étoit
tres- basse , on la voïoit de jour en jour
se resserrer au milieu de son lit , son sable
étoit tres - pur , et bien lavé ; le fond
n'étoit point limoneux , et l'eau n'en-.
trainoit avec elle aucune terre ni substance
étrangere , qui put lui faire contracter
quelque mauvaise qualité. Quelle pouvoit
donc être la cause de l'altération de
l'eau Devoit on s'imaginer que ce fut
certaines Plantes qui à l'occasion de la
sécheresse , étoient plus abondantes qu'à
l'ordinaire et mieux nourries à la vérité ;
on voïoit le même Phénoméne dans la
Marne , dans tous les Ruisseaux , dans
les Etangs et dans les Réservoirs , mais
ces Plantes naturellement aquatiques n'avoient
elles pas accoutumé de croître
dans la Seine Si elles y ont cru , pourquoi
les Etez précédens les mêmes maladies
n'ont- elles point regné ? C'est icy
que la Physique est obligée d'implorer le
-
II. Vol.
Biiij se2784
MERCURE DE FRANCE
secours de la Botanique , pour examiner
un peu ces Plantes aquatiques et pour
rechercher leurs différentes qualitez .
Les Plantes aquatiques ont en général
des qualitez plus sensibles que celles de la
plupart des Plantes terrestres ; les unes se
font distinguer par une odeur aromatique
tres forte, comme les Menthes d'eau;
les autres ont une odeur foetide et marécageuse
; par exemple , les Mille - feuilles
et le Preles d'eau ; presque toutes ont
une âcreté intérieure , plus ou moins sensible
au goût , comme les Cressons , les
Poivres d'eau , les Renoncules aquatiques ,
&c. quelques unes enfin , telles que les
Conserves ou Mousses d'eau , échauffent
subitement la main qui les presse , et produisent
un sentiment semblable à celui
que l'Ortie cause quand on l'a touchée.
-
Les Plantes aquatiques qui naissent
tous les ans dans la Seine , y parurent à
la vérité dès le Printems de 1731 , mais
bien différemment des années précedentes
; car celles dont la qualité est la plus
mauvaise et qui ordinairement sont
moins communes, y pullulerent en abondance
; celles au contraire dont la qualité
n'est point nuisible et qui devoient ▼
être en plus grand nombre , s'y trouverent
en moindre quantité , en comparai-
II. Vol. son
DECEMBRE. 1733. 2789
son des autres. Il est facile aux Botanistes
de rendre raison de ce Phénoméne.
La pluspart de ces Plantes , que nous
regardons comme pernicieuses , par les
effets les plus apparens qu'elles produisent
, ne végétent que dans les endroits
du lit de la Riviere où l'eau est la plus
basse et la plus dormante car pour que
les Plantes aquatiques fleurissent , il faut
qu'elles s'élevent au dessus de la superficie
de l'eau ; operation après laquelle
leurs sommitez rentrent ordinairement
dans l'eau , afin que leurs gfaines y meurissent
et s'y répandent ; c'est pourquoi
ces Plantes ne pulluloient que tres- peu
les années précedentes , parce que leur
tige dont la longueur est en quelque fa
çon déterminée ne pouvoit atteindre à la
surface de l'eau ..
De la facilité de végéter qu'avoient
ces Plantes pernicieuses, et de leur abondance
, il s'ensuivoit la suffocation des
Plantes ordinaires , dont les effets ne sont
point à craindre .
On apperçoit le même Phénoméne
'dans la végétation des Plantes terrestres au
Printems des années humides et pluvieuses
, car pour lors le bon grain est étouf
fé et maigri par une multitude de mauvaises
Plantes , aussi ce sont ces années-
II. Vol By là
2786 MERCURE DE FRANCE
là où les maladies populaires sont plus
fréquentes , soit par la mauvaise qualité
des grains qui n'ont pas eu assez de nourriture
, soit par le mélange qui se fait des
semences de ces Plantes.
Entre les Plantes aquatiques , dont on
ressent les dangereux effets , il y en a deux
principales; l'une que les Botanistes nomi
ment Hippuris , genre de Plante sembla
ble par son port exterieur à la Prele de
nos campagnes l'autre porte en latin le
nom de Confema , er en françois celui de
Mousse d'eau , à cause de sa verdure et de
son étenduë.
La premiere de ces Plantes est d'une
odeur foetide et marécageuse , qu'elle
communique facilement à la main qui la
touche et à l'eau qui l'environne ; la se
conde produit non - seulement une are
deur cousiderable à la main qui la serre ,
mais encore elle laisse à l'eau dans laquelle
on la met tremper un feu , qui quand on
la boit , cause dans la bouche une sécheresse
incommode ; et dans le gosier une
âcreté insupportable
C'étoit sur tout de ces deux especes de
Plantes que
les petites marres d'eau dormantes
, répandues tout le long de la Riviere
, étoient remplies ; et comme elles
manquoient d'eau pour être couvertes ·
II.Vol. en
DECEMBRE. 1733 2787.
entierement , la chaleur des rayons du
Soleil fanoit l'extrêmité de leurs feuilles,
et les faisoit corrompre ensuite par le
pied. M. de Jussieu ne se contenta pas
de ces observations , qui à tout autre auroient
paru suffisantes , il voulut encore
assurer son sentiment par de nouvelles
expériences.
Il fit arracher de la Riviere une quantité
suffisante d'Hippuris et de Confema ,
il fit infuser ces Plantes , tantôt séparément
, tantôt toutes deux ensemble dans
des vaisseaux pleins d'eau de Fontaine ,
et il les y laissa en expérience pendant
quelque temps; ces Plantes communiquérent
à l'eau dans laquelle elles trempoient ,
la même odeur et la même saveur désa- -
gréable que cet Académicien avoit remarquée
dans l'eau de la Seine,buë au courant
même de la Riviere au dessus de
Bercy .
M.de Jussieu ne négligea point non plus
d'examiner avec le Microscope , cette eau
macérée , dans laquelle , comme dans
celle de la Seine , il découvrit plusieurs
Insectes tres - petits , qui ne se voient ni
dans l'eau de Fontaine , ni dans celle de
Riviere qui n'aura point été altérée par
la corruption de ces sortes de Plantes.
Enfin , quoique la pourriture des petits
11. Vol.
Bvi Pois2788
MERCURE DE FRANCE
Poissons , qui faute d'une quantité suffisante
d'eau, périssent pendant la sécheres
se, puisse communiquet à l'eau une odeur
foetide ; elle ne doit point être regardée
comme la cause principale , mais seulement
la production extraordinaire de ces
Plantes aquatiques si pernicieuses ; car par
la comparaison de l'état de la Seine pen
dant l'Eté et l'Automne de l'année dernie
re et de celle - ci , avec l'état où elle étoit
en 1731 , on n'y a remarqué que les Plantes
ordinaires ; aussi n'a- t- on point observé
dans la pratique de la Médecine , les maladies
qui ont regné pendant l'Eté et
l'Automne de 1731 .
pent
Tout bon Citoyen , et à plus forte rai-
´son un Médecin zélé , doit , par ses conseils
et ses avis salutaires , mettre les Magistrats
en état de prévenir tout ce qui
altérer la santé des habitans ; c'est
pourquoi M. de Jussieu termine son Mêmoire
par trois observations, qui contiennent
les remedes propres à se garantir des
mauvais effets que pourroit produire la
sécheresse de pareilles années.
Il conseille , 1 ° . de faire nettoyer le lit
de la Riviere , sur tout au dessus de Paris
, et d'empêcher qu'il ne se forme sur
ses bords des Mares où l'eau croupisse.
2. De tenir dans une grande propreté
II. Fol les
DECEMBR E. 1733 . 2789
les cuvettes de tous les Reservoirs qui
distribuent l'eau de la Riviere , et de
faire arracher , toutes les Plantes en forme
de mousse , qui naissent à leurs parois.
3. Enfin , de tenir en bon état les
Aqueducs et les Canaux des Fontaines
d'eau vive , afin que l'eau qu'ils conduisent
puisse par son abondance suppléer
au deffaut de celle de la Riviere , dont
l'usage pendant les années de secheresse
pourroit être dangereux à la santé des
Citoyens.
qui ont altéré l'Eau de la Seine , pendant
la sécheresse de l'année 1731.Par
M. Jussieu l'aîné , lû à la rentrée publique
de l'Academie Royale des Sciences
le 14 Novembre 1733 .
Our que l'eau soit salubre , il faut
P qu'elle soit pure , l'impide , sans aucune
odeur , ni saveur sensibles , et que
son usage ne cause aucune maladie.
Quoiqu'en 1731 , l'Eau de la Seine fut
devenue pendant l'Eté et l'Automne plus
légere et plus limpide qu'à l'ordinaire ;
cependant ceux qui étoient obligez d'en
boire furent sujets à des sécheresses de
bouche qui leur causoient une altération
fréquente , à des dégoûts et à des nausées
dont on ignoroit la cause , à des maux
de gorge qui degeneroient en Squinancie
, à des fluxions à la tête et à plusieurs
sortes de fièvres irrégulières et opiniâtres
; ces maladies ne se guérissoient que
par le changement de boisson , ou par les
Prisannes , dont la coction servoit dé
correctif à la mauvaise qnalité de l'eau ;
les personnes au contraire, qui ne buvoient
que de l'eau de Fontaine furent
I Vol. excmDECEMBRE.
1733. 2783
exemtes de toutes ces incommoditez.
Cette observation indiquoit bien en
general qu'il devoit y avoir dans l'eau
des particules étrangeres , qui pour être
imperceptibles à la vuë , ne laissoicnt pas
d'être sensibles par les maladies qu'elles
causoient ; mais il restoit encore à dé
terminer quelle étoit la nature de ces
corpuscules . La Riviere de Seine étoit
tres- basse , on la voïoit de jour en jour
se resserrer au milieu de son lit , son sable
étoit tres - pur , et bien lavé ; le fond
n'étoit point limoneux , et l'eau n'en-.
trainoit avec elle aucune terre ni substance
étrangere , qui put lui faire contracter
quelque mauvaise qualité. Quelle pouvoit
donc être la cause de l'altération de
l'eau Devoit on s'imaginer que ce fut
certaines Plantes qui à l'occasion de la
sécheresse , étoient plus abondantes qu'à
l'ordinaire et mieux nourries à la vérité ;
on voïoit le même Phénoméne dans la
Marne , dans tous les Ruisseaux , dans
les Etangs et dans les Réservoirs , mais
ces Plantes naturellement aquatiques n'avoient
elles pas accoutumé de croître
dans la Seine Si elles y ont cru , pourquoi
les Etez précédens les mêmes maladies
n'ont- elles point regné ? C'est icy
que la Physique est obligée d'implorer le
-
II. Vol.
Biiij se2784
MERCURE DE FRANCE
secours de la Botanique , pour examiner
un peu ces Plantes aquatiques et pour
rechercher leurs différentes qualitez .
Les Plantes aquatiques ont en général
des qualitez plus sensibles que celles de la
plupart des Plantes terrestres ; les unes se
font distinguer par une odeur aromatique
tres forte, comme les Menthes d'eau;
les autres ont une odeur foetide et marécageuse
; par exemple , les Mille - feuilles
et le Preles d'eau ; presque toutes ont
une âcreté intérieure , plus ou moins sensible
au goût , comme les Cressons , les
Poivres d'eau , les Renoncules aquatiques ,
&c. quelques unes enfin , telles que les
Conserves ou Mousses d'eau , échauffent
subitement la main qui les presse , et produisent
un sentiment semblable à celui
que l'Ortie cause quand on l'a touchée.
-
Les Plantes aquatiques qui naissent
tous les ans dans la Seine , y parurent à
la vérité dès le Printems de 1731 , mais
bien différemment des années précedentes
; car celles dont la qualité est la plus
mauvaise et qui ordinairement sont
moins communes, y pullulerent en abondance
; celles au contraire dont la qualité
n'est point nuisible et qui devoient ▼
être en plus grand nombre , s'y trouverent
en moindre quantité , en comparai-
II. Vol. son
DECEMBRE. 1733. 2789
son des autres. Il est facile aux Botanistes
de rendre raison de ce Phénoméne.
La pluspart de ces Plantes , que nous
regardons comme pernicieuses , par les
effets les plus apparens qu'elles produisent
, ne végétent que dans les endroits
du lit de la Riviere où l'eau est la plus
basse et la plus dormante car pour que
les Plantes aquatiques fleurissent , il faut
qu'elles s'élevent au dessus de la superficie
de l'eau ; operation après laquelle
leurs sommitez rentrent ordinairement
dans l'eau , afin que leurs gfaines y meurissent
et s'y répandent ; c'est pourquoi
ces Plantes ne pulluloient que tres- peu
les années précedentes , parce que leur
tige dont la longueur est en quelque fa
çon déterminée ne pouvoit atteindre à la
surface de l'eau ..
De la facilité de végéter qu'avoient
ces Plantes pernicieuses, et de leur abondance
, il s'ensuivoit la suffocation des
Plantes ordinaires , dont les effets ne sont
point à craindre .
On apperçoit le même Phénoméne
'dans la végétation des Plantes terrestres au
Printems des années humides et pluvieuses
, car pour lors le bon grain est étouf
fé et maigri par une multitude de mauvaises
Plantes , aussi ce sont ces années-
II. Vol By là
2786 MERCURE DE FRANCE
là où les maladies populaires sont plus
fréquentes , soit par la mauvaise qualité
des grains qui n'ont pas eu assez de nourriture
, soit par le mélange qui se fait des
semences de ces Plantes.
Entre les Plantes aquatiques , dont on
ressent les dangereux effets , il y en a deux
principales; l'une que les Botanistes nomi
ment Hippuris , genre de Plante sembla
ble par son port exterieur à la Prele de
nos campagnes l'autre porte en latin le
nom de Confema , er en françois celui de
Mousse d'eau , à cause de sa verdure et de
son étenduë.
La premiere de ces Plantes est d'une
odeur foetide et marécageuse , qu'elle
communique facilement à la main qui la
touche et à l'eau qui l'environne ; la se
conde produit non - seulement une are
deur cousiderable à la main qui la serre ,
mais encore elle laisse à l'eau dans laquelle
on la met tremper un feu , qui quand on
la boit , cause dans la bouche une sécheresse
incommode ; et dans le gosier une
âcreté insupportable
C'étoit sur tout de ces deux especes de
Plantes que
les petites marres d'eau dormantes
, répandues tout le long de la Riviere
, étoient remplies ; et comme elles
manquoient d'eau pour être couvertes ·
II.Vol. en
DECEMBRE. 1733 2787.
entierement , la chaleur des rayons du
Soleil fanoit l'extrêmité de leurs feuilles,
et les faisoit corrompre ensuite par le
pied. M. de Jussieu ne se contenta pas
de ces observations , qui à tout autre auroient
paru suffisantes , il voulut encore
assurer son sentiment par de nouvelles
expériences.
Il fit arracher de la Riviere une quantité
suffisante d'Hippuris et de Confema ,
il fit infuser ces Plantes , tantôt séparément
, tantôt toutes deux ensemble dans
des vaisseaux pleins d'eau de Fontaine ,
et il les y laissa en expérience pendant
quelque temps; ces Plantes communiquérent
à l'eau dans laquelle elles trempoient ,
la même odeur et la même saveur désa- -
gréable que cet Académicien avoit remarquée
dans l'eau de la Seine,buë au courant
même de la Riviere au dessus de
Bercy .
M.de Jussieu ne négligea point non plus
d'examiner avec le Microscope , cette eau
macérée , dans laquelle , comme dans
celle de la Seine , il découvrit plusieurs
Insectes tres - petits , qui ne se voient ni
dans l'eau de Fontaine , ni dans celle de
Riviere qui n'aura point été altérée par
la corruption de ces sortes de Plantes.
Enfin , quoique la pourriture des petits
11. Vol.
Bvi Pois2788
MERCURE DE FRANCE
Poissons , qui faute d'une quantité suffisante
d'eau, périssent pendant la sécheres
se, puisse communiquet à l'eau une odeur
foetide ; elle ne doit point être regardée
comme la cause principale , mais seulement
la production extraordinaire de ces
Plantes aquatiques si pernicieuses ; car par
la comparaison de l'état de la Seine pen
dant l'Eté et l'Automne de l'année dernie
re et de celle - ci , avec l'état où elle étoit
en 1731 , on n'y a remarqué que les Plantes
ordinaires ; aussi n'a- t- on point observé
dans la pratique de la Médecine , les maladies
qui ont regné pendant l'Eté et
l'Automne de 1731 .
pent
Tout bon Citoyen , et à plus forte rai-
´son un Médecin zélé , doit , par ses conseils
et ses avis salutaires , mettre les Magistrats
en état de prévenir tout ce qui
altérer la santé des habitans ; c'est
pourquoi M. de Jussieu termine son Mêmoire
par trois observations, qui contiennent
les remedes propres à se garantir des
mauvais effets que pourroit produire la
sécheresse de pareilles années.
Il conseille , 1 ° . de faire nettoyer le lit
de la Riviere , sur tout au dessus de Paris
, et d'empêcher qu'il ne se forme sur
ses bords des Mares où l'eau croupisse.
2. De tenir dans une grande propreté
II. Fol les
DECEMBR E. 1733 . 2789
les cuvettes de tous les Reservoirs qui
distribuent l'eau de la Riviere , et de
faire arracher , toutes les Plantes en forme
de mousse , qui naissent à leurs parois.
3. Enfin , de tenir en bon état les
Aqueducs et les Canaux des Fontaines
d'eau vive , afin que l'eau qu'ils conduisent
puisse par son abondance suppléer
au deffaut de celle de la Riviere , dont
l'usage pendant les années de secheresse
pourroit être dangereux à la santé des
Citoyens.
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Résumé : EXTRAIT d'un Mémoire sur les causes qui ont altéré l'Eau de la Seine, pendant la sécheresse de l'année 1731. Par M. Jussieu l'aîné, lû à la rentrée publique de l'Academie Royale des Sciences, le 14 Novembre 1733.
En 1731, l'eau de la Seine devint plus légère et limpide durant l'été et l'automne, mais sa consommation provoqua divers symptômes tels que des sécheresses de bouche, des nausées, des maux de gorge, des fluxions et des fièvres. Ces symptômes disparaissaient en changeant de boisson ou en utilisant des correctifs. Les personnes buvant de l'eau de fontaine étaient exemptes de ces maladies, suggérant la présence de particules étrangères dans l'eau de la Seine, imperceptibles à l'œil mais causant des maladies. La Seine était basse et son sable pur, excluant la présence de terre ou de substances étrangères. La cause de l'altération de l'eau fut attribuée à des plantes aquatiques, plus abondantes en raison de la sécheresse. Ces plantes, comme l'Hippuris et la Confema, avaient des odeurs et des saveurs désagréables, et leur prolifération étouffait les plantes ordinaires. M. de Jussieu réalisa des expériences en infusant ces plantes dans de l'eau de fontaine, reproduisant ainsi les symptômes observés. Il découvrit également des insectes microscopiques dans l'eau macérée. La pourriture des petits poissons, bien que contribuant à une odeur fétide, n'était pas la cause principale des maladies. Pour prévenir ces problèmes, M. de Jussieu recommanda de nettoyer le lit de la Seine, de maintenir la propreté des réservoirs et des cuvettes, et de maintenir en bon état les aqueducs et canaux des fontaines d'eau vive.
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