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1
p. 172-187
ENVOY. / EXTRAIT d'une Lettre écrite de Paris à Mr MODEY Conseiller en la Cour souveraine de la Province d'Utrecht, par Mr *** le 28. Décembre 1711.
Début :
On vous envoye, Monsieur, cet Extrait de Lettre tres-curieux [...]
Mots clefs :
Rois Mérovingiens, Charlemagne, Éloge des derniers rois mérovingiens
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texteReconnaissance textuelle : ENVOY. / EXTRAIT d'une Lettre écrite de Paris à Mr MODEY Conseiller en la Cour souveraine de la Province d'Utrecht, par Mr *** le 28. Décembre 1711.
E NV O Y.
On vous envoyeMonsieur,
cet Extrait de Lettre très-curieux
,
C'F si vousjuge^ apropos de l'inserer dansleMercure on continuera devousfaire
part de pluficurs autres Disserrationshistoriques
,
que lePublic ne regardera pas comme
indifférentes, EXTRAIT
d'une Lettre écrite de arts àMr MO DEY Conseilseiller en la Coursouverainede la Province d'Utrecht, par AIr * ** le
28. Décembre 1711.
Le public est redevable
à Mr Herman Sehminkè
vostre compatriote
,
de la
nouvelle Edition delaVie
de Charlemagne par Eginhard
,avec des Notes qu'il
viene de faire imprimer;
&quoyque je n'aye paillé
d'autreconnoissance de
cette Edition que celle que
j'ay tirée de la lecture de
nostre Journal des Sçavans
du sept de ce mois qui en parle, je ne laisse pas de
comprendre que les matières historiques luy sont familieres, & qu'ilen fait une
estude particulière. Je suis
persuadé que j'en aurai encore une meilleure opinion
lorsque j'aurai pu voir le
Livre entier & les Notes
qu'il y a
faites.
t~
Cependant,Monsieur,
vous croirez peut
-
estre
aussi bien que moy
y
qu'une histoire entiere deCharlemagne, & traitée par une
fçavante main, auroit encore esté plus agreable.
ment receuë du Public,
que l'Edition d'Eginhard
qui n'en contient qu'un
petit abrégé.
La vie de ce grand Empereur cft trop racourcie
dans Eginhard & l'est
mesme tellement qu'elle
ne satisfait pas le lecteur
pour peu qu'il soit instruit
de nostre Histoire : & ce n'est, pour ainsi dire,qu'un
petit éloge. De. plus la vérité des faits de ce Monarque, ne se trouve point
dans tout ce qu'Eginhard
en rapporte. Eginhardne
parle point des premieres
années de la vie de CharLemagne, parce que, dit- il,iln'yavoitplus person-
ne lorsqu'il écrivoit qui
pust l'en instruire
: ce qui
fait connoistre qu'il n'a
composé cet Abregé ou
plustost cet Eloge que 1
quelques années après le
deceds de ce Monarque,
d'où il est facile de conclure qu'il ne la composé
que de memoire, & non
pasamesurequelesactions
se sont parsées; & à moins
que par les Notes que Mr
Schminke y a
faites, il n'aie
rempli tous les faits qui
manquent dans Eginhard,
& corrigé ceux qu'il rap-
porte contre la verité
,
je
suispersuadé que ce ne
peut estre un ouvrage où
il ne reste encore beaucoup
dechoses à desirer.
,..
Ce queMr SchminKe
dit dans la seconde Dissertation, que le nom de Chapelain estoit pour lors ce
que nous
appellons aujourd'huy Secretaire d'Estatsouffre
,
ce me semble, quelques difficultez
,
puisque
l'on ne voit pas qu'avant
Mr de Laubespine, sous le
regne du Roy Henry II. il
y en ait eu aucun qui se soit
qualifié du titre de Secretaire d'Estat; mais ce qu'il
dit que lodrchlcbapelaiii estoit le premier Secretaire
d'Estat de nos Rois, est en..
core bien plus esloigné de
la verité de l'histoire
: car
quoyqu'on voye que l'ona
quelquefois désigné les
simples Secrétaires fous le
titre de Chapelains
; ce qui
estoit cependant rare fous
le regne de Charlemagne;
on ne voit pas qu'on ait
donné le nom d'Archichapelains à d'autrespersonnes qu'a ceux que nous ap-
pellons aujourd'hui grands
Aumofniers.
Il estvray que souvent
J & mesme d'ordinaireces -
1
grands Aumofniers ouArjehiehapelains devenoient
ensuite,& estoientenmesrne temps grands Chan-
^.cclicrs ou Apocrisaires:
mais, non premiers Secretaires d'Estat
: & je ne sçay
quelle bonne raison Mr
SchminKe pourroit en
donner, puifqu'on trouve
plusieurs preuves dans l'eftat de la maison de nos
Rois par Adalard, & dans
d'autres anciens Autheurs,
& en particulier dans le
Glossaire de du Gange, &
dans les autres Glossaires
Latins fous les mots Anhïcapellanus ÔC Apocrysarius
,
que l'un & l'autre ne signifioient autre chose que
Grand Aumosnier de nos
Rois de la premiere& de
la seconderace.
-
Il paroist par le mesme
Journal des Sçavants que
Mr SchminKe deffend fortement la reputation d'Eginhard contre l'Autheur
de l'Esprit de Gerson
,
qui
s'est efforcé de rendresuspecte la bonne foy de cet
ancien Autheur
,
sur tout
par rapport aux Rois Merovingiens, accusant Eginhard d'avoir prisà tasche
derabbaisser ceux-cy
,
ôc
de les noter de faineantise
pour donner plus de relief
à la valeur des Carlovingiens qu'il avoit tentrepris
de Hacrer..
Monsieur le Noble qui
est l'Autheur del'Esprit de
Gerson
,
ne parle pas coumeil faut de la basseflatterie d'Eginhardàce sujet
;
Pl
iD
& quand il auroit eu des
raisonssolides,Mr Schminkeavoitunplusgrand adverfaire à combattre; c'est
le sçavant & celebre Pere
le Cointe, qui a
clairement
prouvé en plusieurs endroits de ses Annales Ecclesiastiques des François,
l'injustice de cette basse
flatterie d'Eginhard, fondée sur un mensonge manifeste. Ceux qui ne cherchent uniquement que la
verité dans l'histoire, auroient veu avec plaisir les
coups que Mr Schminke
au*oic porté au Pere le
Cointe c'est à dire les
preuves >
s'il s'en rrouvp
aucune qui ioit assez forrepour resucer le sentiment
de ce sçavant Autheur de
nos Annales Ecclesiastiques
,
qui a
demonstrativement prouvé que lesderniers Rois de la premiere
race depuis Clovis II. fils
du grand Dagobert
,
estoient de grands Princes,
<5< que ce qu'ils n'ont pû
faire dans le cours de leur
Regne, ne doit estre attribue qu'aleur bas âgeic'est
.Ce que l'on voit dans les
Annales du Pere le Cointe
sous l'an 6.,1.. depuis le
nombre 6. pag.265.jusqu'au nombre 30. pag. 275.
Tome 4. fous l'an 694. pag.
298. Sous l'an 711. nombre 3. pag. soi. Sous l'année715. nombres 19. & 42,.
pag.360. &551. Sous 1année 73 7. nombre 37.pag.
886. Sous l'an 640. nombre 8. Tome 5. pag. 34. ôc
35. nombre 13. pag. 325.&
suivantes.
C'est dans les endroits
citez ci-dessus que ce sça-
.,. vant
vant fait voir que ceux des
Rois de la premiere race
qui ont tilé d'âge à
faire
la Guerre, l'ont fait avec
courage ôc vigueur, foie
contre les Ennemies de
l'Etat, foit contre Pepin &
ses fils
,
pour secouer le
joug qu'ils vouloient imposer, ou qu'ils avoient déja imposé à leurs Majestez.
Qu'ils ont rendu la justice
par eux-mesmes avec tant
d'équité,que quelques uns
d'entre eux, comme Childebert, ont merité le furnom de Justes, & qu'enfin
loin qu'ils residassent toute l'année dans leur prétendu Palais de Mamacas,
comme le dit faussement
Eginhard
,
on a
des Jugemens rendus par ces Monarques, & un grand nombre de Chartes qu'ils ont
données dans divers Palais
ou differens lieux situez
dans les diverses Provinces qui composoient laMonarchie Françoise, quijustifient le contraire. Le Pere le Cointe y
fait voirenfin que ces Princes ont eu
de la valeur & de la pru-
dencc, & qu'il ne leur a
manque pour devenir des
Rois excellents
,
qu'uq.
plus grand nombre dannées.&unplus long regne.
On vous envoyeMonsieur,
cet Extrait de Lettre très-curieux
,
C'F si vousjuge^ apropos de l'inserer dansleMercure on continuera devousfaire
part de pluficurs autres Disserrationshistoriques
,
que lePublic ne regardera pas comme
indifférentes, EXTRAIT
d'une Lettre écrite de arts àMr MO DEY Conseilseiller en la Coursouverainede la Province d'Utrecht, par AIr * ** le
28. Décembre 1711.
Le public est redevable
à Mr Herman Sehminkè
vostre compatriote
,
de la
nouvelle Edition delaVie
de Charlemagne par Eginhard
,avec des Notes qu'il
viene de faire imprimer;
&quoyque je n'aye paillé
d'autreconnoissance de
cette Edition que celle que
j'ay tirée de la lecture de
nostre Journal des Sçavans
du sept de ce mois qui en parle, je ne laisse pas de
comprendre que les matières historiques luy sont familieres, & qu'ilen fait une
estude particulière. Je suis
persuadé que j'en aurai encore une meilleure opinion
lorsque j'aurai pu voir le
Livre entier & les Notes
qu'il y a
faites.
t~
Cependant,Monsieur,
vous croirez peut
-
estre
aussi bien que moy
y
qu'une histoire entiere deCharlemagne, & traitée par une
fçavante main, auroit encore esté plus agreable.
ment receuë du Public,
que l'Edition d'Eginhard
qui n'en contient qu'un
petit abrégé.
La vie de ce grand Empereur cft trop racourcie
dans Eginhard & l'est
mesme tellement qu'elle
ne satisfait pas le lecteur
pour peu qu'il soit instruit
de nostre Histoire : & ce n'est, pour ainsi dire,qu'un
petit éloge. De. plus la vérité des faits de ce Monarque, ne se trouve point
dans tout ce qu'Eginhard
en rapporte. Eginhardne
parle point des premieres
années de la vie de CharLemagne, parce que, dit- il,iln'yavoitplus person-
ne lorsqu'il écrivoit qui
pust l'en instruire
: ce qui
fait connoistre qu'il n'a
composé cet Abregé ou
plustost cet Eloge que 1
quelques années après le
deceds de ce Monarque,
d'où il est facile de conclure qu'il ne la composé
que de memoire, & non
pasamesurequelesactions
se sont parsées; & à moins
que par les Notes que Mr
Schminke y a
faites, il n'aie
rempli tous les faits qui
manquent dans Eginhard,
& corrigé ceux qu'il rap-
porte contre la verité
,
je
suispersuadé que ce ne
peut estre un ouvrage où
il ne reste encore beaucoup
dechoses à desirer.
,..
Ce queMr SchminKe
dit dans la seconde Dissertation, que le nom de Chapelain estoit pour lors ce
que nous
appellons aujourd'huy Secretaire d'Estatsouffre
,
ce me semble, quelques difficultez
,
puisque
l'on ne voit pas qu'avant
Mr de Laubespine, sous le
regne du Roy Henry II. il
y en ait eu aucun qui se soit
qualifié du titre de Secretaire d'Estat; mais ce qu'il
dit que lodrchlcbapelaiii estoit le premier Secretaire
d'Estat de nos Rois, est en..
core bien plus esloigné de
la verité de l'histoire
: car
quoyqu'on voye que l'ona
quelquefois désigné les
simples Secrétaires fous le
titre de Chapelains
; ce qui
estoit cependant rare fous
le regne de Charlemagne;
on ne voit pas qu'on ait
donné le nom d'Archichapelains à d'autrespersonnes qu'a ceux que nous ap-
pellons aujourd'hui grands
Aumofniers.
Il estvray que souvent
J & mesme d'ordinaireces -
1
grands Aumofniers ouArjehiehapelains devenoient
ensuite,& estoientenmesrne temps grands Chan-
^.cclicrs ou Apocrisaires:
mais, non premiers Secretaires d'Estat
: & je ne sçay
quelle bonne raison Mr
SchminKe pourroit en
donner, puifqu'on trouve
plusieurs preuves dans l'eftat de la maison de nos
Rois par Adalard, & dans
d'autres anciens Autheurs,
& en particulier dans le
Glossaire de du Gange, &
dans les autres Glossaires
Latins fous les mots Anhïcapellanus ÔC Apocrysarius
,
que l'un & l'autre ne signifioient autre chose que
Grand Aumosnier de nos
Rois de la premiere& de
la seconderace.
-
Il paroist par le mesme
Journal des Sçavants que
Mr SchminKe deffend fortement la reputation d'Eginhard contre l'Autheur
de l'Esprit de Gerson
,
qui
s'est efforcé de rendresuspecte la bonne foy de cet
ancien Autheur
,
sur tout
par rapport aux Rois Merovingiens, accusant Eginhard d'avoir prisà tasche
derabbaisser ceux-cy
,
ôc
de les noter de faineantise
pour donner plus de relief
à la valeur des Carlovingiens qu'il avoit tentrepris
de Hacrer..
Monsieur le Noble qui
est l'Autheur del'Esprit de
Gerson
,
ne parle pas coumeil faut de la basseflatterie d'Eginhardàce sujet
;
Pl
iD
& quand il auroit eu des
raisonssolides,Mr Schminkeavoitunplusgrand adverfaire à combattre; c'est
le sçavant & celebre Pere
le Cointe, qui a
clairement
prouvé en plusieurs endroits de ses Annales Ecclesiastiques des François,
l'injustice de cette basse
flatterie d'Eginhard, fondée sur un mensonge manifeste. Ceux qui ne cherchent uniquement que la
verité dans l'histoire, auroient veu avec plaisir les
coups que Mr Schminke
au*oic porté au Pere le
Cointe c'est à dire les
preuves >
s'il s'en rrouvp
aucune qui ioit assez forrepour resucer le sentiment
de ce sçavant Autheur de
nos Annales Ecclesiastiques
,
qui a
demonstrativement prouvé que lesderniers Rois de la premiere
race depuis Clovis II. fils
du grand Dagobert
,
estoient de grands Princes,
<5< que ce qu'ils n'ont pû
faire dans le cours de leur
Regne, ne doit estre attribue qu'aleur bas âgeic'est
.Ce que l'on voit dans les
Annales du Pere le Cointe
sous l'an 6.,1.. depuis le
nombre 6. pag.265.jusqu'au nombre 30. pag. 275.
Tome 4. fous l'an 694. pag.
298. Sous l'an 711. nombre 3. pag. soi. Sous l'année715. nombres 19. & 42,.
pag.360. &551. Sous 1année 73 7. nombre 37.pag.
886. Sous l'an 640. nombre 8. Tome 5. pag. 34. ôc
35. nombre 13. pag. 325.&
suivantes.
C'est dans les endroits
citez ci-dessus que ce sça-
.,. vant
vant fait voir que ceux des
Rois de la premiere race
qui ont tilé d'âge à
faire
la Guerre, l'ont fait avec
courage ôc vigueur, foie
contre les Ennemies de
l'Etat, foit contre Pepin &
ses fils
,
pour secouer le
joug qu'ils vouloient imposer, ou qu'ils avoient déja imposé à leurs Majestez.
Qu'ils ont rendu la justice
par eux-mesmes avec tant
d'équité,que quelques uns
d'entre eux, comme Childebert, ont merité le furnom de Justes, & qu'enfin
loin qu'ils residassent toute l'année dans leur prétendu Palais de Mamacas,
comme le dit faussement
Eginhard
,
on a
des Jugemens rendus par ces Monarques, & un grand nombre de Chartes qu'ils ont
données dans divers Palais
ou differens lieux situez
dans les diverses Provinces qui composoient laMonarchie Françoise, quijustifient le contraire. Le Pere le Cointe y
fait voirenfin que ces Princes ont eu
de la valeur & de la pru-
dencc, & qu'il ne leur a
manque pour devenir des
Rois excellents
,
qu'uq.
plus grand nombre dannées.&unplus long regne.
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Résumé : ENVOY. / EXTRAIT d'une Lettre écrite de Paris à Mr MODEY Conseiller en la Cour souveraine de la Province d'Utrecht, par Mr *** le 28. Décembre 1711.
Dans une lettre datée du 28 décembre 1711, adressée à Monsieur Mo Dey, conseiller à la cour souveraine de la province d'Utrecht, l'auteur discute de la nouvelle édition de la 'Vie de Charlemagne' par Eginhard, éditée par Herman Schminke. Bien que l'auteur reconnaisse la compétence de Schminke en matière historique, il estime qu'une histoire complète de Charlemagne, rédigée par une main savante, aurait été plus appréciée du public. La version d'Eginhard est jugée trop abrégée et ne satisfait pas les lecteurs instruits en histoire. Eginhard ne traite pas des premières années de Charlemagne et a composé son ouvrage de mémoire, plusieurs années après la mort de l'empereur. L'auteur exprime des doutes sur les notes de Schminke, qui pourraient ne pas corriger toutes les inexactitudes d'Eginhard. La lettre aborde également des divergences historiques, notamment sur le rôle des chapelains et des secrétaires d'État sous Charlemagne. L'auteur conteste les affirmations de Schminke concernant ces titres, en se basant sur des sources anciennes comme Adalard et le Glossaire de Du Cange. De plus, Schminke défend la réputation d'Eginhard contre les accusations de l'auteur de 'L'Esprit de Gerson', qui critique la partialité d'Eginhard envers les rois mérovingiens. L'auteur regrette que Schminke n'ait pas engagé un débat plus approfondi avec le Père le Cointe, qui a démontré l'injustice des critiques d'Eginhard envers les rois mérovingiens.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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