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p. 118-144
APOLOGIE D. P. D. C. par lui-même.
Début :
Qui fit des vers, des vers encor fera ; [...]
Mots clefs :
Vers, Auteur, Poésie, Rimes, Marot, Censeurs, Temps, Muse, Dieu, Lyre, Auteurs, Odes
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texteReconnaissance textuelle : APOLOGIE D. P. D. C. par lui-même.
APOLOGIE D. P. D. C.
par /ui-m?rtle.
Qui Se des vers, des vers
encor fera;
C'est le moulin qui moulut&
moudra.
Contre l'étoile il n'est dé-
pit qui tienne,
Et je me cabre en vain contre
la mienne;
Malgré mes soins, ma Muse
prend l'essor
J'ai fait des , vers, & j'en
refais encor.
Que deleçons,&mêmeà
juste titre,
Ai-jeessuyé pourtant sur
cechapitre !
Aigres censeurs me l'ont
tant reproché,
Tant vrais amis m'ont sur
cela prêche:
Héquoy toûjours des vers?
êtes-vous sage?
Ah renoncez à ce vain badinage,
Occupez-vous, grave &
solide auteur,
D'un plus utile, & plus noble
labeur,
Et pour charmer nos coeurs
& nos oreilles,
Tournez ailleurs vos talens
& vos veilles.
Combien de fois, touché
derepentir,
Me suis- je vu prêt à me
convertir,
Honteux,' confus de mes
rimes passées,
Rimes
(Urïtep,cent fois par mes pkurs cffacecs?
J'avois jurecent fois d'un
coeur contr,
De ne tracer vers, ni grand ;, ni petit: Juré
:
àcent,fois, je l'avouë ma honte,
J'eus beau, jurer,Apol-
Ion nen tint conu
Fe.
Tyrancruel?il rit de nos
sermens,
Comme l'amour rit de
lemceeturxodveys ,aaimpeannitsen.t Je me trouvai penitent
infidèle,
En vray relais , embarque
de plus bel-
- le,
D'un nouveau feu je me
sentis bruler,
- -. Et malgré moy je vois
des vers couler.
Dans cet état de contrainte
cruelle,
- Plaignez-moy - vous dont
j'honore le zele,
Sages amis oJ , , j'écoute vos
leçons:
Mais j'en reviens toujours
à mes chan.
sons.
Pour vous, Censeurs, qui
de mes foibles rimes
Osez par tout me faire
autant de cri-
- mes
Exorcisez le démon qui
m'obsède
Ou , par pitié souffrez que
je lui cede.
Mais quoy rimer ainsi que
je l'ay fait,
Est-ce après tout un si
grave forfait ?
Vous écrivez ce qu'il
vous plaît en pro- se prof.,)
N'osay
- je en vers faire
la mêmechose?
Un sentiment par lui-meme
estimé
Est-il mauvais quand il
devient riméJ
Et dans des vers, d'ailleurs
- pleins d'innocence
L'ordre, le tour met -il
quelque indecence?
Censeurs malins) & peutêtre
jaloux,
Sidans mes vers j'offense
autre que vous,
Si la vertu, si l'austere
sagesse
- 1 » Y rrouve rien qui Ierfleureoulablesse,
Si froid auteur j'ennuie
enmesécrits
Condamnez-moy
,
j'ai tort,
& j'y souscris
:
Mais qu^rtd suivant uRç
injuste maxime,
Precisément sur ce point
- que je rime
Vous prétendrez me faire
mon procez,
Vous le ferez sans fruit &-
,
sans succez.
Or, rimez donc, dit cet
ami fidele:
Mais quel auteur prenezvous
pour modèle?
C'est une honte, y penfezvous,
Marot ?
Homme verreux & digne
du garrot,
Et dont jadis la Muse
évaporée
A grande peine échappa
la bourée : Défaites-vous de ce stile
badin,
Et laissant là Marot avec
dédain,
Dà'unlv'Ooldlegeer,elevezvous ; Pièce si noble & sifort à
,
la mode,
: Et dont le. chant h,ardi,
mélodieux, ,,', CharmelesRois,& Charme: les,Rois, &
touche jusqu'aux
Dieux.
Quiparle ainsicertes ne
connoît gueres
De l'Helicon lés loix &
les
mystees
; Esclaves nez du Dieu ca- ,.pricieux,
Dont le pouvoir règle
tout en ces lieux,.
Nous n'avons pas de
choixdans son Empire
, * Et nous chantons selon
qu'il nousinspire,'
Sans consultersur cela
nosfouhaitsy
Ce Dieu dispense à-
son
gré des bienfaits,
Donne à chacun en1le
faisant Poète
A l'un la lyre,àl'autrela
trcJmpette,1
A celuy-cichauffelebfbi
dequin,
Elevel'autre au Cothurne
f
diviny
Accorde à tel la force &
l'énergie,
Reduit tel autre à la tendre
etegie;
Dans lasatyre il rend l'unsans
égal,
Et borne l'autre au imple
•
Madrigal.
DDeetotouuss cc'eess' dons ',MMaarroott
n'eut en partage
Qu'un élégant & naïf ba-
¡ dinage,
Et si j'en aiquelque chose
hérité
Cest , un vernis de sa naïveté.
Sans m'égarer dansdes
routes sublimes,
De ce vernis je colore mes
rimes,
Et de ce simple & naïf
coloris
Mes-petits vers ont tire
tout leur prix.
Par ce recours,emprunte
si ma Mufe
Ne charme pas, pour le
moins elle amufe
»
Et per le
vray
qu'elle
joint au plaisant,
Quelquefois même instruit
en amusant.
e m'en tiens là sans toucher
à la lyre,
Qu'au Dieu des vers il
plut de m'interdire.
Pour ses cheris il reserve
ce don.
Laissons c hanter sur ce
sublimeton
Rousseau, la Mothe, &
tel autre génie
Qui de la lyre a conçu
l'harmonie,
Et n'allons pas, Poëtes
croassans,
De leurs concerts troubler
les doux accens.
De nos François, je ne
sçaurois m'en taire,
C'est la folie & l'écuëil
ordinaire;
Sriédanus unn gienere un auteur
D'imitateurs un nuage grossît.
Vous les voyez bienrôt,
quoy qu'il en coûre,
En vrais moutons suivre
la même route,
intrer en lice, & courant
au hazard
,
Le disputer presque aux
maîtres de l'art.
Depuis le. temps la Mothe
* que ta plume
Sçut nous donner d'Ol
des un beau volume,
Combien d'auteurs qupietans
sur tes
droits, - Au ton de l'Ode ont ajuste
leur voix?
Plus d'autres vers , tout
chez eux devient
Odes,
Et déformais comme autant
de pagodes,
A ce seul point fixez également,
Ils nont plus tousqu'-
un meAme mouvement.
Je ris de voir leurs Muses
pulmoniques,
Impudemment pour Odes
pindariques
, Nous fredonner sur des
tons presque usez
Des Madrigaux en tfrophes
divisez.
Que dans son volle Poëce
-;Ss'éegagrea,re, Tout est permis en invo..t
quant Pindare,
De ce démon tout paroîc
possedé,
Et le Parnasse est d'Odes
inondé.
Irois-je encor me perdant
dans la nuë
De ces Meilleurs augmenter
la cohuë?
Non, j'aime mieux avec
moins de fracas
Me contenter d'un étage
plus bas.
Quant: à Maroc, il me
plaît, je ravÓuë, j
Pour bon Poëte en tout
v lieux on leloue,
Je le voudrois encorfromme,
de' bien,
Et me déplaît qu'ilfût un
peu vaurien,
Vous,l'imitez, telqu'il est.
je limitey',
Dans.son.stile, oui,mais
non dans sa conduite
Et n'a-t-il pas ce Lstile
quoyque yieuXj
Je ne sçai quoyde fin,de
gracieux?
Depuis longtemps Marot
plaît,
plait, on le goutc,
Si je fais mal en marchant
sur saroute,
se fuis helas ! par un pareil
endroit
Bien plus coupable encor
que l'on ne croit.
Tant que je puis, avec la
même audace
rose imiter Virgile, Homere,
Horace,
Grecs & Romains,auteurs
qui dans leurs temps
Vecûrent tous Payens &
mecrcans.
Si je le fais sans en être
blâmable,
Pourquoy me rend-il plus
coupable?
Un Heretique est» il pis
qu'un Payen?
Marot du moins, Maroc
éroit Chrétien.
Qu'on le condamne & que
l'on se recrie
Et sur l'erreur & sur rido.
latrie,
J'en fais de même, Se ma
foy. ni mes moeurs
Ne prendront rien jamais
de tels auteurs:
Mais pourcet art, cette
noble sinesse
Prisée- en France, à Rome
&dans la Grece ,
Puissaijehelas, ! puissài-je
': ren mes écrits
Suivre deloin ces merveil- leuxesprits,
Et recueillant des beautez
chez eux nées,
• Mais dans leurs vers trop
souventprofanées,
Sur des meilleurs & plus
dignes sujets
D'un pinceau chaste en répandre
les traits.
Tel au printemps qu'on
,
voit la fage abeille,
En voltigeant sur la rose
vermeille,
Laisser l'épine, & du suc,
de la fleur
Tirer pour nous un miel
plein de douceur. ',-
Sur ces leçons que l'abeille
lui donne
A petit bruit ma Muse se
\) façonne,
Et d'un auteur dontelle
prend le ton,- N'imire rien quece qu'il
ade bon.
Qu'il soit méchant/celerar,
hypocrite
De ses talens sans risque
l'on profite,
Et n'y pûc-onreüssir qu'à
demi,
Toûjours autant de pris sur
l'ennemi.
Désormais donc sur Marot qu'on (e taise,
Je n'en prends point de
teinture mauvaise,
Qu'on me laisse avec foin
éIlcremer,
Et que sans trouble on me
laisse rimer;
J'y suis fort sobre, & quoique
l'on en dise
y Je n'en fais pas métier &
marchandée.
A ces petits) mais doux
amusemens,
Ce que j'ai mis quelquefois
demomens, Qu'on les rassemble en heures&
journées,
- Ne fera pas six mois dans
uneannee.
C" peu de remps n'est point
un
-
temps perdu,
L'esprir ne peur toujours
être tendu,
L'un se repose, un autre se
promene,
Fais-je pis qu'eux en exerçantmaveine?
rj
Las d'un travail plus noble
& pluschrétien, Je fais des vers quand d'autrès
ne font rien.
Changeant de grain la terre
le repose,
En travaillant je fais la même
choie.
Ce changement de travail
& d'employ
Fut de tout temps un vrai
repos pour moy.
Personne enfin n'est parfait
dans la vie,
J'aime à rimer quand il
m'en prend envie.
De maints défauts dont je
suis luriné
Pour , mon malheur c'est le
plus obUine,
Défaut pourtant,qui quoyque
l'onen gronde,
Ne déplaît pas pourtant à
tout le monde.
Je me fuis vü par tels rers
dénigré,
Dont en bon lieu l'on m'a
fçû quelque gré.
Si j'ose même ici pour ma
défense
Sur ce point-là dire ce que
je pense
Tel me censure & me
damne bien haut
Qui dans son coeur m'absout
de ce défaut.
par /ui-m?rtle.
Qui Se des vers, des vers
encor fera;
C'est le moulin qui moulut&
moudra.
Contre l'étoile il n'est dé-
pit qui tienne,
Et je me cabre en vain contre
la mienne;
Malgré mes soins, ma Muse
prend l'essor
J'ai fait des , vers, & j'en
refais encor.
Que deleçons,&mêmeà
juste titre,
Ai-jeessuyé pourtant sur
cechapitre !
Aigres censeurs me l'ont
tant reproché,
Tant vrais amis m'ont sur
cela prêche:
Héquoy toûjours des vers?
êtes-vous sage?
Ah renoncez à ce vain badinage,
Occupez-vous, grave &
solide auteur,
D'un plus utile, & plus noble
labeur,
Et pour charmer nos coeurs
& nos oreilles,
Tournez ailleurs vos talens
& vos veilles.
Combien de fois, touché
derepentir,
Me suis- je vu prêt à me
convertir,
Honteux,' confus de mes
rimes passées,
Rimes
(Urïtep,cent fois par mes pkurs cffacecs?
J'avois jurecent fois d'un
coeur contr,
De ne tracer vers, ni grand ;, ni petit: Juré
:
àcent,fois, je l'avouë ma honte,
J'eus beau, jurer,Apol-
Ion nen tint conu
Fe.
Tyrancruel?il rit de nos
sermens,
Comme l'amour rit de
lemceeturxodveys ,aaimpeannitsen.t Je me trouvai penitent
infidèle,
En vray relais , embarque
de plus bel-
- le,
D'un nouveau feu je me
sentis bruler,
- -. Et malgré moy je vois
des vers couler.
Dans cet état de contrainte
cruelle,
- Plaignez-moy - vous dont
j'honore le zele,
Sages amis oJ , , j'écoute vos
leçons:
Mais j'en reviens toujours
à mes chan.
sons.
Pour vous, Censeurs, qui
de mes foibles rimes
Osez par tout me faire
autant de cri-
- mes
Exorcisez le démon qui
m'obsède
Ou , par pitié souffrez que
je lui cede.
Mais quoy rimer ainsi que
je l'ay fait,
Est-ce après tout un si
grave forfait ?
Vous écrivez ce qu'il
vous plaît en pro- se prof.,)
N'osay
- je en vers faire
la mêmechose?
Un sentiment par lui-meme
estimé
Est-il mauvais quand il
devient riméJ
Et dans des vers, d'ailleurs
- pleins d'innocence
L'ordre, le tour met -il
quelque indecence?
Censeurs malins) & peutêtre
jaloux,
Sidans mes vers j'offense
autre que vous,
Si la vertu, si l'austere
sagesse
- 1 » Y rrouve rien qui Ierfleureoulablesse,
Si froid auteur j'ennuie
enmesécrits
Condamnez-moy
,
j'ai tort,
& j'y souscris
:
Mais qu^rtd suivant uRç
injuste maxime,
Precisément sur ce point
- que je rime
Vous prétendrez me faire
mon procez,
Vous le ferez sans fruit &-
,
sans succez.
Or, rimez donc, dit cet
ami fidele:
Mais quel auteur prenezvous
pour modèle?
C'est une honte, y penfezvous,
Marot ?
Homme verreux & digne
du garrot,
Et dont jadis la Muse
évaporée
A grande peine échappa
la bourée : Défaites-vous de ce stile
badin,
Et laissant là Marot avec
dédain,
Dà'unlv'Ooldlegeer,elevezvous ; Pièce si noble & sifort à
,
la mode,
: Et dont le. chant h,ardi,
mélodieux, ,,', CharmelesRois,& Charme: les,Rois, &
touche jusqu'aux
Dieux.
Quiparle ainsicertes ne
connoît gueres
De l'Helicon lés loix &
les
mystees
; Esclaves nez du Dieu ca- ,.pricieux,
Dont le pouvoir règle
tout en ces lieux,.
Nous n'avons pas de
choixdans son Empire
, * Et nous chantons selon
qu'il nousinspire,'
Sans consultersur cela
nosfouhaitsy
Ce Dieu dispense à-
son
gré des bienfaits,
Donne à chacun en1le
faisant Poète
A l'un la lyre,àl'autrela
trcJmpette,1
A celuy-cichauffelebfbi
dequin,
Elevel'autre au Cothurne
f
diviny
Accorde à tel la force &
l'énergie,
Reduit tel autre à la tendre
etegie;
Dans lasatyre il rend l'unsans
égal,
Et borne l'autre au imple
•
Madrigal.
DDeetotouuss cc'eess' dons ',MMaarroott
n'eut en partage
Qu'un élégant & naïf ba-
¡ dinage,
Et si j'en aiquelque chose
hérité
Cest , un vernis de sa naïveté.
Sans m'égarer dansdes
routes sublimes,
De ce vernis je colore mes
rimes,
Et de ce simple & naïf
coloris
Mes-petits vers ont tire
tout leur prix.
Par ce recours,emprunte
si ma Mufe
Ne charme pas, pour le
moins elle amufe
»
Et per le
vray
qu'elle
joint au plaisant,
Quelquefois même instruit
en amusant.
e m'en tiens là sans toucher
à la lyre,
Qu'au Dieu des vers il
plut de m'interdire.
Pour ses cheris il reserve
ce don.
Laissons c hanter sur ce
sublimeton
Rousseau, la Mothe, &
tel autre génie
Qui de la lyre a conçu
l'harmonie,
Et n'allons pas, Poëtes
croassans,
De leurs concerts troubler
les doux accens.
De nos François, je ne
sçaurois m'en taire,
C'est la folie & l'écuëil
ordinaire;
Sriédanus unn gienere un auteur
D'imitateurs un nuage grossît.
Vous les voyez bienrôt,
quoy qu'il en coûre,
En vrais moutons suivre
la même route,
intrer en lice, & courant
au hazard
,
Le disputer presque aux
maîtres de l'art.
Depuis le. temps la Mothe
* que ta plume
Sçut nous donner d'Ol
des un beau volume,
Combien d'auteurs qupietans
sur tes
droits, - Au ton de l'Ode ont ajuste
leur voix?
Plus d'autres vers , tout
chez eux devient
Odes,
Et déformais comme autant
de pagodes,
A ce seul point fixez également,
Ils nont plus tousqu'-
un meAme mouvement.
Je ris de voir leurs Muses
pulmoniques,
Impudemment pour Odes
pindariques
, Nous fredonner sur des
tons presque usez
Des Madrigaux en tfrophes
divisez.
Que dans son volle Poëce
-;Ss'éegagrea,re, Tout est permis en invo..t
quant Pindare,
De ce démon tout paroîc
possedé,
Et le Parnasse est d'Odes
inondé.
Irois-je encor me perdant
dans la nuë
De ces Meilleurs augmenter
la cohuë?
Non, j'aime mieux avec
moins de fracas
Me contenter d'un étage
plus bas.
Quant: à Maroc, il me
plaît, je ravÓuë, j
Pour bon Poëte en tout
v lieux on leloue,
Je le voudrois encorfromme,
de' bien,
Et me déplaît qu'ilfût un
peu vaurien,
Vous,l'imitez, telqu'il est.
je limitey',
Dans.son.stile, oui,mais
non dans sa conduite
Et n'a-t-il pas ce Lstile
quoyque yieuXj
Je ne sçai quoyde fin,de
gracieux?
Depuis longtemps Marot
plaît,
plait, on le goutc,
Si je fais mal en marchant
sur saroute,
se fuis helas ! par un pareil
endroit
Bien plus coupable encor
que l'on ne croit.
Tant que je puis, avec la
même audace
rose imiter Virgile, Homere,
Horace,
Grecs & Romains,auteurs
qui dans leurs temps
Vecûrent tous Payens &
mecrcans.
Si je le fais sans en être
blâmable,
Pourquoy me rend-il plus
coupable?
Un Heretique est» il pis
qu'un Payen?
Marot du moins, Maroc
éroit Chrétien.
Qu'on le condamne & que
l'on se recrie
Et sur l'erreur & sur rido.
latrie,
J'en fais de même, Se ma
foy. ni mes moeurs
Ne prendront rien jamais
de tels auteurs:
Mais pourcet art, cette
noble sinesse
Prisée- en France, à Rome
&dans la Grece ,
Puissaijehelas, ! puissài-je
': ren mes écrits
Suivre deloin ces merveil- leuxesprits,
Et recueillant des beautez
chez eux nées,
• Mais dans leurs vers trop
souventprofanées,
Sur des meilleurs & plus
dignes sujets
D'un pinceau chaste en répandre
les traits.
Tel au printemps qu'on
,
voit la fage abeille,
En voltigeant sur la rose
vermeille,
Laisser l'épine, & du suc,
de la fleur
Tirer pour nous un miel
plein de douceur. ',-
Sur ces leçons que l'abeille
lui donne
A petit bruit ma Muse se
\) façonne,
Et d'un auteur dontelle
prend le ton,- N'imire rien quece qu'il
ade bon.
Qu'il soit méchant/celerar,
hypocrite
De ses talens sans risque
l'on profite,
Et n'y pûc-onreüssir qu'à
demi,
Toûjours autant de pris sur
l'ennemi.
Désormais donc sur Marot qu'on (e taise,
Je n'en prends point de
teinture mauvaise,
Qu'on me laisse avec foin
éIlcremer,
Et que sans trouble on me
laisse rimer;
J'y suis fort sobre, & quoique
l'on en dise
y Je n'en fais pas métier &
marchandée.
A ces petits) mais doux
amusemens,
Ce que j'ai mis quelquefois
demomens, Qu'on les rassemble en heures&
journées,
- Ne fera pas six mois dans
uneannee.
C" peu de remps n'est point
un
-
temps perdu,
L'esprir ne peur toujours
être tendu,
L'un se repose, un autre se
promene,
Fais-je pis qu'eux en exerçantmaveine?
rj
Las d'un travail plus noble
& pluschrétien, Je fais des vers quand d'autrès
ne font rien.
Changeant de grain la terre
le repose,
En travaillant je fais la même
choie.
Ce changement de travail
& d'employ
Fut de tout temps un vrai
repos pour moy.
Personne enfin n'est parfait
dans la vie,
J'aime à rimer quand il
m'en prend envie.
De maints défauts dont je
suis luriné
Pour , mon malheur c'est le
plus obUine,
Défaut pourtant,qui quoyque
l'onen gronde,
Ne déplaît pas pourtant à
tout le monde.
Je me fuis vü par tels rers
dénigré,
Dont en bon lieu l'on m'a
fçû quelque gré.
Si j'ose même ici pour ma
défense
Sur ce point-là dire ce que
je pense
Tel me censure & me
damne bien haut
Qui dans son coeur m'absout
de ce défaut.
Fermer
Résumé : APOLOGIE D. P. D. C. par lui-même.
L'auteur exprime sa passion inébranlable pour l'écriture poétique, malgré les critiques et les conseils de ses amis et censeurs. Ces derniers lui reprochent de gaspiller son temps avec des 'vains badinages' et lui suggèrent de se consacrer à des œuvres plus utiles et nobles. L'auteur avoue avoir souvent été tenté d'abandonner la poésie, mais il se retrouve toujours attiré par elle, se décrivant comme un 'pénitent infidèle' incapable de résister à l'inspiration poétique. L'auteur reconnaît les critiques sur la qualité de ses rimes mais défend son droit de s'exprimer en vers, comparant cela à l'écriture en prose. Il affirme que ses vers sont innocents et ne contiennent rien de répréhensible. Il mentionne également qu'il n'a pas choisi Marot comme modèle, bien qu'il admire son style badin et élégant. Il se compare à une abeille qui butine les fleurs pour en tirer du miel, imitant les grands auteurs sans en copier les défauts. L'auteur conclut en affirmant qu'il écrit des vers pour se détendre et se reposer, sans que cela nuise à ses autres activités. Il reconnaît avoir un défaut, mais ce défaut n'est pas universellement condamné. Il finit par dire qu'il aime rimer quand il en a envie, malgré les critiques.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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