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1
p. 242-254
SONGE D'ARISTE. A PHILEMON. Sur le Projet de la Médaille de BEL ESPRIT.
Début :
Je ne me souviens point Philemon, d'avoir fait de Songe [...]
Mots clefs :
Duc, Songe, Dames, Maison de campagne, Nature, Savants, Tragédie, Bel esprit, Âme, Émotions, Coeur, Auteurs, Médaille, Ouvrages, Honneur
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texteReconnaissance textuelle : SONGE D'ARISTE. A PHILEMON. Sur le Projet de la Médaille de BEL ESPRIT.
SONGE D'ARISTE .
I
A PHILEMON.
Sur le Projet de la Médaille de
- BEL ESPRIT.
E ne me fouviens point Philemon
, d'avoir fait de Songe
plus agréable , que celuy que je
fis l'année derniere à .... Mai.
fon de Plaisance de M' le Duc
de .... éloignée de Paris de cinq
lieuës . Le recit en a paru fi nouveau
& fi fingulier , que je me fuis
trouvé engagé d'en faire plufieurs
Copies , pour fatisfaire les
Dames fçavantes que vous connoiffez.
du Mercure Galant.
243
La Saifon ne pouvoit eftre alors
plus agréable pour paffer quelque
temps à la Campagne , ny
le lieu où je me trouvois plus délicieux
pour en joüir. La Maifon
de ce Duc eft baftie fur une
éminence. Il y a des Jardins, des
Bois , des Plaines & des Colines,
& cette forte de décoration ne
peut eftre plus belle , parce qu'
elle ne peut eftre plus diverfifiée.
Elle prefente tantoft toutes ces
chofes enſemble à la veuë &
tantoft en particulier , & avec
tant de plaifir , que la veuë mef
me en demeure quelquefois confuſe
, ne fçachant de quelle maniere
elle doit fe divertir le plus .
Entre les beautez de cette Maifon
, on compte de tres- grandes
décentes d'efcalier , ornées de
X ij
244
Extraordinaire
baluftres , qui fe détachant ma
jeftueufement de ce Bâtiment fuperbe
, par un double rang , dé
cendent par une grande longueur
de chemin , prefque jufqu'au
bord de la Seine , qui en
ferpentant doucement , s'écoule
dans la Plaine , & par une fuite
affez lente , & par plufieurs détours
va agréablement chercher
fon lit. Comme il y a plufieurs
terraffes les unes fur les autres , les
veuës y font fi belles & fi étéduës,
que plufieurs fois elles font au
delà de la portée de la veuë même
& les dernieres femblent toûjours
eftre plus agreables & plus
charmantes que les premieres.
C'eft dans ce fejour enchanté que
j'ay fait le Songe dont vous allez
lire le recit.
du Mercure Galant.
245
peut
Je m'imaginay entendre plu
fieurs Sçavans qui difputoient enfemble
fur la connoiffance des
veritables beautez de la Tragedie.
On difoit
que ce n'eftoit pas affez
que la Tragédie fe fervift des avantures
les plus touchantes , & les
plus terribles que l'Histoire
fournir , pour exciter dans le
coeur les mouvemens qu'elle prétend
, afin de guerir l'efprit des
vaines frayeurs , qui font capables
de le troubler , & des fottes
compaffions qui le peuvent amolir.
Il faut encore , difoit on,
que le Poëte mette en ufage ces
grands objets de terreur & de pitié
, comme les deux plus puiffans
refforts qu'ait l'Art pour pro
duire le plaifir que peut donner
la Tragedie , & ce plaifir qui eft
"
X iij
246
Extraordinaire
proprement celuy de l'efprit ,
confifte dans l'agitation de l'ame
émeuë par les paffions . La Tragédie
ne devient agréable au
Spectateur , que parce qu'il de.
vient luy-mefme fenfible à tout
ce qu'on luy repréfente ; qu'il entre
dans tous les differens fentimens
des Acteurs ; qu'il s'intereſ
fe dans leurs avantures ; qu'il
craint & qu'il efpére ; qu'il s'afflige
, & qu'il fe réjoüit avec eux .
Le Theatre eft froid & languiffant
dés qu'il ceffe de produire
ces mouvemens dans l'ame des
Spectateurs , mais comme de toutes
les paffions la crainte & la pitié
font celles qui font de plus
grandes impreffions fur le coeur
de l'Homme , par la difpofition
naturelle qu'il à à s'épouvanter
du Mercure Galant. 247
> & à s'attendrir Ariftote les a
choifies entre les autres pour tou
cher davantage les efprits , par
ces fentimens tendres qu'elles
caufent quand le coeur s'en laiffe
penétrer. En effet , dés que l'ame
eft ébranlée par des mouvemens
fi naturels & fi humains,
toutes les impreffions qu'elle reffent
luy deviennent agréables.
Son trouble luy plaift , & ce qu'-
elle.reffent d'émotion , eft pour
elle une espéce de charme qui la
jette dans une douce & profonde
réverie , & qui la fait entrer infenfiblement
dans tous les intérefts
qui jouent fur le Theatre.
C'est alors que le coeur s'abandonne
à tous les objets qu'on luy
propofe , que toutes les Images
le frappent , qu'il époufe tous les
X iiij
248
Extraordinaire
fentimens de tous ceux qui parlent
, & qu'il devient fufceptible
de toutes les paffions qu'on luy
montre , parce qu'il eft émeu , &
c'eſt dans cette émotion que confifte
tout le plaifir qu'on eft capable
de recevoir en voyant repréfenter
une Tragédie , car l'efprit
de l'Homme fe plaift aux mouvemens
differens que luy caufent
les differens objets , & les diver-
Les paffions qu'on luy expofe.
C'eſt par cét Art admirable que
L'Oedipe de Sophocle ( dont Ariftote
parle toûjours comme du
modelle le plus achevé de la Tragedie
) faifoit de fi grands effets
fur le Peuple d'Athénes lors
qu'on le repréfentoit , & ce n'eft
pas fans raifon que.... Ces régles
& ces remarques font fort juſtes,
du Mercure Galant. 249
1
;
mais
interrompit quelqu'un de la
Compagnie , & l'exemple d'Oe.
dipe eft tout à fait beau
tout le Monde ne peut pas porter
la gloire de la compofition auffi
haut que les illuftres Corneilles
& Racine. Il eft quantité de jeu
nes. Autheurs & de Plumes naiffantes
, qui n'afpirent pas à la
gloire de Virgile ny d'Horace ,
mais cependant chacun d'eux a
fon talent different , & fon merite
particulier , & quoy que plu .
Leurs.Perfonnes n'ayent pas l'efprit
tout à fait fublime , ny du
premier ordre , ils ne laiffent
pas
de prétendre aux honneurs du
Parnaffe à proportion de ce
qu'on les eftime . On dit à ce fujet
que quelques Académies d'Italie
ont étably un Ordre , qui eft une
250 Extraordinaire
certaine marque d'honneur qu'on
appelle Médaille de Bel Efprit. Elle
eft d'or. Il y a d'un coſté le
Portrait du Prince , & de l'autre
la Devife de l'Académie de la
Ville . On la donne , ou l'on permet
d'en acheter à ceux , qui de
temps en temps ont fait part au
Public de quelques Ouvrages en
Vers ou en Profe ; les Dames mefme
n'en font point excluës . On
porte cette Médaille avec un
Cordon bleu paffé en Baudrier
entre leJufte-au- corps & laVeſte,
& ceux qui ont moins de vanité
la portent feulement attachée à
une
boutonniere du Jufte-aucorps
, & les Dames à l'endroit
où elles mettent ordinairement
la Croix de Diamants. On la reçoit
des mains du Protecteur de
du Mercure Galant. 251
l'Académie , avec les Lettres Patentes
qui donnent permiffion de
la porter publiquement .
Cette Médaille a de grands
priviléges d'honneur . Elle fert
de paffe -port pour l'entrée libre
dans toutes les Maifons des Princes
aux cerémonies , & aux feftes.
publiques . On doit remarquer
qu'il faut que les ajuſtemens des
habits foient d'une telle propretė
ou régularité , qu'ils ne faffent
point de tort aux Chevaliers du
Mont Parnaffe ; car nous fommes
dans un Siecle où les Sçavans qui
paroiffent indigens , n'ont pas un
accez fort facile dans la Maifon
des Princes.
Cette marque d'honneur
n'eſt
point heréditaire
, & ne peut fervir
qu'à celuy qui a merité de la
2.5,2
Extraordinaire
porter pendant la vie . Parla fuite
des temps , on peut avoir place
dans l'Académie , & l'on eft
choififans qu'il foit néceſſaire de
briguer , ny de s'expliquer fur ce
deffein . On ne connoift la pluf
part des Autheurs que de nom
& par leurs Ouvrages , & leur
viſage eft fouvent inconnu ; mais
cette glorieuſe marque de diftination
les fait reconnoiftre de tout
le monde , envier de quelques-
& eftimer des autres . Cela
fert d'émulation
à pluſieurs pour
meriter cette récompenfe
de
merite.Il feroit à fouhaiter, reprit
un autre , que cette glorieuſe Intitution
paffaft jufqu'en France.
On ne prétendroit pas tourner la
chofe en artifice , pour ufurper le
droit que plufieurs Perfonnes ont
uns ,
du Mercure Galant. 253
de porter des marques de leur
- qualité , & les Médailles de Bel
Esprit feroient formées de telle
maniere , qu'elles feroient aifément
reconnues de tout le Monde
pour ce qu'on prétendroit feulement
qu'elles fignifiaffent.
Chacun parut approuver ce
deffein , & délibera de la maniere
de dreffer un élegant Placet pour
préfenter au Roy.
Uue Etoille brillante , qui porta
fa lumiere fur mes yeux , m'éveilla
dans ce moment , & depuis
j'ay conté mon Songe à bien
des Gens qui ne defefperent pas
de la réüffite du projet , pourveu
que les beaux Efprits qui font
en faveur , y prennent part . En
effet, Philemon , l'expérience fait
voir que les chofes qui flattent
254
Extraordinaire
& la vanité , l'amour propre
troduifent aifément.
C. D. S.
I
A PHILEMON.
Sur le Projet de la Médaille de
- BEL ESPRIT.
E ne me fouviens point Philemon
, d'avoir fait de Songe
plus agréable , que celuy que je
fis l'année derniere à .... Mai.
fon de Plaisance de M' le Duc
de .... éloignée de Paris de cinq
lieuës . Le recit en a paru fi nouveau
& fi fingulier , que je me fuis
trouvé engagé d'en faire plufieurs
Copies , pour fatisfaire les
Dames fçavantes que vous connoiffez.
du Mercure Galant.
243
La Saifon ne pouvoit eftre alors
plus agréable pour paffer quelque
temps à la Campagne , ny
le lieu où je me trouvois plus délicieux
pour en joüir. La Maifon
de ce Duc eft baftie fur une
éminence. Il y a des Jardins, des
Bois , des Plaines & des Colines,
& cette forte de décoration ne
peut eftre plus belle , parce qu'
elle ne peut eftre plus diverfifiée.
Elle prefente tantoft toutes ces
chofes enſemble à la veuë &
tantoft en particulier , & avec
tant de plaifir , que la veuë mef
me en demeure quelquefois confuſe
, ne fçachant de quelle maniere
elle doit fe divertir le plus .
Entre les beautez de cette Maifon
, on compte de tres- grandes
décentes d'efcalier , ornées de
X ij
244
Extraordinaire
baluftres , qui fe détachant ma
jeftueufement de ce Bâtiment fuperbe
, par un double rang , dé
cendent par une grande longueur
de chemin , prefque jufqu'au
bord de la Seine , qui en
ferpentant doucement , s'écoule
dans la Plaine , & par une fuite
affez lente , & par plufieurs détours
va agréablement chercher
fon lit. Comme il y a plufieurs
terraffes les unes fur les autres , les
veuës y font fi belles & fi étéduës,
que plufieurs fois elles font au
delà de la portée de la veuë même
& les dernieres femblent toûjours
eftre plus agreables & plus
charmantes que les premieres.
C'eft dans ce fejour enchanté que
j'ay fait le Songe dont vous allez
lire le recit.
du Mercure Galant.
245
peut
Je m'imaginay entendre plu
fieurs Sçavans qui difputoient enfemble
fur la connoiffance des
veritables beautez de la Tragedie.
On difoit
que ce n'eftoit pas affez
que la Tragédie fe fervift des avantures
les plus touchantes , & les
plus terribles que l'Histoire
fournir , pour exciter dans le
coeur les mouvemens qu'elle prétend
, afin de guerir l'efprit des
vaines frayeurs , qui font capables
de le troubler , & des fottes
compaffions qui le peuvent amolir.
Il faut encore , difoit on,
que le Poëte mette en ufage ces
grands objets de terreur & de pitié
, comme les deux plus puiffans
refforts qu'ait l'Art pour pro
duire le plaifir que peut donner
la Tragedie , & ce plaifir qui eft
"
X iij
246
Extraordinaire
proprement celuy de l'efprit ,
confifte dans l'agitation de l'ame
émeuë par les paffions . La Tragédie
ne devient agréable au
Spectateur , que parce qu'il de.
vient luy-mefme fenfible à tout
ce qu'on luy repréfente ; qu'il entre
dans tous les differens fentimens
des Acteurs ; qu'il s'intereſ
fe dans leurs avantures ; qu'il
craint & qu'il efpére ; qu'il s'afflige
, & qu'il fe réjoüit avec eux .
Le Theatre eft froid & languiffant
dés qu'il ceffe de produire
ces mouvemens dans l'ame des
Spectateurs , mais comme de toutes
les paffions la crainte & la pitié
font celles qui font de plus
grandes impreffions fur le coeur
de l'Homme , par la difpofition
naturelle qu'il à à s'épouvanter
du Mercure Galant. 247
> & à s'attendrir Ariftote les a
choifies entre les autres pour tou
cher davantage les efprits , par
ces fentimens tendres qu'elles
caufent quand le coeur s'en laiffe
penétrer. En effet , dés que l'ame
eft ébranlée par des mouvemens
fi naturels & fi humains,
toutes les impreffions qu'elle reffent
luy deviennent agréables.
Son trouble luy plaift , & ce qu'-
elle.reffent d'émotion , eft pour
elle une espéce de charme qui la
jette dans une douce & profonde
réverie , & qui la fait entrer infenfiblement
dans tous les intérefts
qui jouent fur le Theatre.
C'est alors que le coeur s'abandonne
à tous les objets qu'on luy
propofe , que toutes les Images
le frappent , qu'il époufe tous les
X iiij
248
Extraordinaire
fentimens de tous ceux qui parlent
, & qu'il devient fufceptible
de toutes les paffions qu'on luy
montre , parce qu'il eft émeu , &
c'eſt dans cette émotion que confifte
tout le plaifir qu'on eft capable
de recevoir en voyant repréfenter
une Tragédie , car l'efprit
de l'Homme fe plaift aux mouvemens
differens que luy caufent
les differens objets , & les diver-
Les paffions qu'on luy expofe.
C'eſt par cét Art admirable que
L'Oedipe de Sophocle ( dont Ariftote
parle toûjours comme du
modelle le plus achevé de la Tragedie
) faifoit de fi grands effets
fur le Peuple d'Athénes lors
qu'on le repréfentoit , & ce n'eft
pas fans raifon que.... Ces régles
& ces remarques font fort juſtes,
du Mercure Galant. 249
1
;
mais
interrompit quelqu'un de la
Compagnie , & l'exemple d'Oe.
dipe eft tout à fait beau
tout le Monde ne peut pas porter
la gloire de la compofition auffi
haut que les illuftres Corneilles
& Racine. Il eft quantité de jeu
nes. Autheurs & de Plumes naiffantes
, qui n'afpirent pas à la
gloire de Virgile ny d'Horace ,
mais cependant chacun d'eux a
fon talent different , & fon merite
particulier , & quoy que plu .
Leurs.Perfonnes n'ayent pas l'efprit
tout à fait fublime , ny du
premier ordre , ils ne laiffent
pas
de prétendre aux honneurs du
Parnaffe à proportion de ce
qu'on les eftime . On dit à ce fujet
que quelques Académies d'Italie
ont étably un Ordre , qui eft une
250 Extraordinaire
certaine marque d'honneur qu'on
appelle Médaille de Bel Efprit. Elle
eft d'or. Il y a d'un coſté le
Portrait du Prince , & de l'autre
la Devife de l'Académie de la
Ville . On la donne , ou l'on permet
d'en acheter à ceux , qui de
temps en temps ont fait part au
Public de quelques Ouvrages en
Vers ou en Profe ; les Dames mefme
n'en font point excluës . On
porte cette Médaille avec un
Cordon bleu paffé en Baudrier
entre leJufte-au- corps & laVeſte,
& ceux qui ont moins de vanité
la portent feulement attachée à
une
boutonniere du Jufte-aucorps
, & les Dames à l'endroit
où elles mettent ordinairement
la Croix de Diamants. On la reçoit
des mains du Protecteur de
du Mercure Galant. 251
l'Académie , avec les Lettres Patentes
qui donnent permiffion de
la porter publiquement .
Cette Médaille a de grands
priviléges d'honneur . Elle fert
de paffe -port pour l'entrée libre
dans toutes les Maifons des Princes
aux cerémonies , & aux feftes.
publiques . On doit remarquer
qu'il faut que les ajuſtemens des
habits foient d'une telle propretė
ou régularité , qu'ils ne faffent
point de tort aux Chevaliers du
Mont Parnaffe ; car nous fommes
dans un Siecle où les Sçavans qui
paroiffent indigens , n'ont pas un
accez fort facile dans la Maifon
des Princes.
Cette marque d'honneur
n'eſt
point heréditaire
, & ne peut fervir
qu'à celuy qui a merité de la
2.5,2
Extraordinaire
porter pendant la vie . Parla fuite
des temps , on peut avoir place
dans l'Académie , & l'on eft
choififans qu'il foit néceſſaire de
briguer , ny de s'expliquer fur ce
deffein . On ne connoift la pluf
part des Autheurs que de nom
& par leurs Ouvrages , & leur
viſage eft fouvent inconnu ; mais
cette glorieuſe marque de diftination
les fait reconnoiftre de tout
le monde , envier de quelques-
& eftimer des autres . Cela
fert d'émulation
à pluſieurs pour
meriter cette récompenfe
de
merite.Il feroit à fouhaiter, reprit
un autre , que cette glorieuſe Intitution
paffaft jufqu'en France.
On ne prétendroit pas tourner la
chofe en artifice , pour ufurper le
droit que plufieurs Perfonnes ont
uns ,
du Mercure Galant. 253
de porter des marques de leur
- qualité , & les Médailles de Bel
Esprit feroient formées de telle
maniere , qu'elles feroient aifément
reconnues de tout le Monde
pour ce qu'on prétendroit feulement
qu'elles fignifiaffent.
Chacun parut approuver ce
deffein , & délibera de la maniere
de dreffer un élegant Placet pour
préfenter au Roy.
Uue Etoille brillante , qui porta
fa lumiere fur mes yeux , m'éveilla
dans ce moment , & depuis
j'ay conté mon Songe à bien
des Gens qui ne defefperent pas
de la réüffite du projet , pourveu
que les beaux Efprits qui font
en faveur , y prennent part . En
effet, Philemon , l'expérience fait
voir que les chofes qui flattent
254
Extraordinaire
& la vanité , l'amour propre
troduifent aifément.
C. D. S.
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Résumé : SONGE D'ARISTE. A PHILEMON. Sur le Projet de la Médaille de BEL ESPRIT.
Le texte 'SONGE D'ARISTE' est une lettre adressée à Philemon, dans laquelle l'auteur décrit un rêve agréable qu'il a fait à la campagne, dans la maison du Duc de..., située à cinq lieues de Paris. Cette demeure, construite sur une éminence, offre une vue diversifiée et agréable sur les jardins, bois, plaines et collines. Elle est également ornée de grandes descentes d'escalier avec des balustres, menant jusqu'à la Seine. Dans ce rêve, l'auteur assiste à une dispute entre savants sur les beautés de la tragédie. Les savants discutent de l'importance des mouvements du cœur et des passions, notamment la crainte et la pitié, pour rendre une tragédie agréable. Selon Aristote, ces passions touchent davantage les esprits et causent des impressions agréables sur l'âme. La conversation aborde également la diversité des talents et des mérites des auteurs. Elle mentionne la 'Médaille de Bel Esprit', décernée par certaines académies italiennes pour récompenser les œuvres en vers ou en prose. Cette médaille, portée avec fierté, offre des privilèges d'honneur et n'est pas héréditaire. Elle stimule l'émulation parmi les auteurs. L'auteur exprime le souhait que cette institution soit adoptée en France afin de reconnaître et honorer les beaux esprits. Un éclair le réveille, et il partage son rêve avec plusieurs personnes, espérant que les beaux esprits en faveur soutiendront le projet.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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2
p. 167-168
A Mlle de Chanville, SONGE.
Début :
Qu'on bâtit en rêvant de Châteaux en Espagne ! [...]
Mots clefs :
Songe, Adieu, Coeur, Richesse
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : A Mlle de Chanville, SONGE.
A‘ M”. de Chanvälr ‘, ' i j:
. ‘- SONGEÇ -:
U’on bâtit cnrêrant de Châteauxen-ifisä
pagne Z ‘
Je m’étois cette nuit "fait un destin ;si doux ,
(Ëe tout ce que lïon fruit du pays de Coca-l
gne _ ' s
Etoit millcrfois air-dessous.
‘ ]’avois recouvré ma jeunesse‘, _
Mon esprit , belle Iris , avoir presque‘
. 10m‘ r
“t...
Du vôtre la délicatesse ,
]’étois , comme on dit, fait ai. tout ,1
Et favois du Perou tout l’or et la richesse.
je vous Poifrois avec mon coeur;
Cette offre eut rheureux sort de ne vous pasdé-‘v
laize z
Ê sa‘
‘k8 MERCURE Dl! FRANCHE
Il ne manquait donc plus qu’un point amoÿ
bonheur; - ’
Ijl-lymen alloit y satisfaire.
Mais un maudit réveil, fatal à mes souhaits‘;
A renversé toute Parfaire: '
lTrop fidele portrait‘ du pot i‘ la Laitiere;
A ' rai vû tomber tous mes projets.
Adieu bonlair ,'adieu jeunesse ; l
. Adieu génie, adieu richesse.
fics dons (en. sont allés, comme ils étoient vcê
nus ,
Il me reste pourtant encore l e
ce coeur constant qui_vous adore ,
Mais , tout seul , c’est moins qu’un E51»;
. ‘- SONGEÇ -:
U’on bâtit cnrêrant de Châteauxen-ifisä
pagne Z ‘
Je m’étois cette nuit "fait un destin ;si doux ,
(Ëe tout ce que lïon fruit du pays de Coca-l
gne _ ' s
Etoit millcrfois air-dessous.
‘ ]’avois recouvré ma jeunesse‘, _
Mon esprit , belle Iris , avoir presque‘
. 10m‘ r
“t...
Du vôtre la délicatesse ,
]’étois , comme on dit, fait ai. tout ,1
Et favois du Perou tout l’or et la richesse.
je vous Poifrois avec mon coeur;
Cette offre eut rheureux sort de ne vous pasdé-‘v
laize z
Ê sa‘
‘k8 MERCURE Dl! FRANCHE
Il ne manquait donc plus qu’un point amoÿ
bonheur; - ’
Ijl-lymen alloit y satisfaire.
Mais un maudit réveil, fatal à mes souhaits‘;
A renversé toute Parfaire: '
lTrop fidele portrait‘ du pot i‘ la Laitiere;
A ' rai vû tomber tous mes projets.
Adieu bonlair ,'adieu jeunesse ; l
. Adieu génie, adieu richesse.
fics dons (en. sont allés, comme ils étoient vcê
nus ,
Il me reste pourtant encore l e
ce coeur constant qui_vous adore ,
Mais , tout seul , c’est moins qu’un E51»;
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Résumé : A Mlle de Chanville, SONGE.
Dans le poème 'Songe' de Jean de La Fontaine, le narrateur relate un rêve agréable où il retrouve sa jeunesse, son esprit et sa délicatesse, ainsi que toutes les richesses du Pérou. Il exprime son amour et son désir de faire une offre à une personne nommée Iris. Cependant, ce bonheur est brutalement interrompu par un réveil qui détruit tous ses projets et rêves, le ramenant à la réalité. Il doit alors dire adieu à son bonheur, sa jeunesse, son génie et sa richesse. Malgré cela, il conserve un cœur constant qui adore Iris, bien que cela soit insuffisant sans les autres éléments de son bonheur rêvé.
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