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1
p. 312-314
La Mort des Enfans de Brute, Tragédie, [titre d'après la table]
Début :
En 1648. au mois de Mai, il parut sans nom d'Auteur une Tragédie intitulée La mort des [...]
Mots clefs :
Tragédie, Brutus , Conjuration , République, Rome, Théâtre, Versification
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texteReconnaissance textuelle : La Mort des Enfans de Brute, Tragédie, [titre d'après la table]
En 1648. au mois de Mai , il parut sans nom
d'Auteur une Tragédie intitulée La mort des
Enfans deBrute ; elle a été imprimée deux fois
chez Toussaints Quinet.
Cette Piece , quelque defectueuse qu'elle puisse
être , n'est pas sans quelque mérite , et nous eu
parlons ici d'autant plus librement que ni Mademoiselle
Bernard , ni M. de Voltaire ne lui sont
redevables d'aucune des beautés , ni même d'au
cune des situations qu'on a admirées dans leur
Ouvrage.
Le sujet est extrémement chargé , selon la coûttume
de ce tems - là ; mais parmi beaucoup d'incidens
qui ne servent gueres qu'à ralentir l'action
principale , il s'en trouve quelques- uns qui pourroient
interesser des spectateurs moins délicats
qu'ils ne le sont devenus ensuite.
›
On suppose que dans l'instant de la révolution
qui fit perdre la Couronne à Tarquin et qui
Pobligea de prendre la fuite , une partie de sa famille
ne put échaper à la fureur du peuple , et
que Servilie et Tullie , toutes deux filles du Roi ,
y périrent . La premiere avoit épousé Vitellius
qui se trouve en même- tems beau- frere de Brutus
, et la seconde étoit aimée des deux fils du
Consul.
Tandis que ces deux freres , après avoir donné
des regrets à la perte de la Princesse , comptent
n'avoir plus d'autre obstacle à surmonter pour
se livrer tout entiers aux sentimens qu'ils doiven:
à la République , Vitellius , leur oncle , fait
paroître Tullie qu'il a heureusement sauvée , ent
substituant une Esclave & c.
Suivant ce Plan , Tullie se trouve au milieu
de Rome d'une façon assez naturelle , obligée.
qu'elle
FEVRIER. 1731. 313
qu'elle est à demeurer cachée dans le Palais de
son beau- frere , elle a toute la liberté d'appuyer
la conjuration , et l'on sent assez , sans qu'il soit
besoin d'Ambassadeur , les divers interêts qui engagent
Vitellius à conspirer en faveur de Tarquin
dont il est le gendre , et de Tullie , sa belle- soeur.
On voit aussi ce qui le détermine à émouvoir
Titus et Tiberinus , ses neveux , sur le sort d'une
Maîtresse qui venoit de courir un si grand danger.
ན
Il y a peu de vers assez beaux de suite pour
pouvoir en donner des Scenes entieres , cependant
en voici quelques morceaux sur lesquels on
pourra juger.
Acte III. Au milieu de la premiere Scene ,
Titus cherche à raffermir . son frere , et dit en
parlant de Brutus :
Cessons de nous flater ·
L'ennemi des Tarquins , et l'Auteur de leur .
chute ,
De quel oeil verra - t - il que son sang ait osé
Remettre Rome au joug que sa main a brisé ?
Il a crú , suggeré par un fatal génie ,
En bannissant les Rois , bannir la tyrannie î
Blesser par nos complots l'objet de son amour ,
C'est plus que lui ravir la lumiere du jour ,
Et dans son sentiment , à Rome être perfide -
C'est être plus qu'impie et plus que parricide.
44
>
ne
Au même Acte , Scene troisiéme , Vitellius dé-
Couvert et qu'on a mené devant Brutus ,
craint point d'embrasser la querelle du Roi chassé.
Est-ce à vous , dit -il au Consul ,
314 MERCURE DE FRANCE
1
Est- ce à vous à punir ? est- ce à vous àjuger?
Les Dieux portent la foudre et sçavent se venger.
Pourquoi si leur clemence et leurs soins nous
conservent ,
Vouloir vous usurper un droit qu'ils se reservent?
Malgré sa pesanteur , c'est avoir trop osé ,
Que de rompre le joug qu'ils nous ont imposé
& c.
Brutus répond :
Souvent de leur courroux nous sommes les or
ganes ,
Les Dieux ne daignant pas les fraper de leurs
mains
Ont voulu se servir de celle des Romains ;
1
Et s'ils eussent voulu condamner notre Ouvrage
Son retablissement en rendroit témoignage.
Au dernier Acte , Junie , mere de Titus et de
Tiberinus , déplore leur mort avec amertume
Brutus lui dit :
> et
Cache mieux tes douleurs ,
Souviens- toi qu'un Romain punit jusques aux
pleurs.
On peut juger à ce dernier trait que l'Auteur
avoit en vue la Scene d'Horace qui avoit déja été
mise au Théatre , d'autant plus que Brutus le
cite à la premiere Scene où il paroît dans cette
ancienne Tragédie.
d'Auteur une Tragédie intitulée La mort des
Enfans deBrute ; elle a été imprimée deux fois
chez Toussaints Quinet.
Cette Piece , quelque defectueuse qu'elle puisse
être , n'est pas sans quelque mérite , et nous eu
parlons ici d'autant plus librement que ni Mademoiselle
Bernard , ni M. de Voltaire ne lui sont
redevables d'aucune des beautés , ni même d'au
cune des situations qu'on a admirées dans leur
Ouvrage.
Le sujet est extrémement chargé , selon la coûttume
de ce tems - là ; mais parmi beaucoup d'incidens
qui ne servent gueres qu'à ralentir l'action
principale , il s'en trouve quelques- uns qui pourroient
interesser des spectateurs moins délicats
qu'ils ne le sont devenus ensuite.
›
On suppose que dans l'instant de la révolution
qui fit perdre la Couronne à Tarquin et qui
Pobligea de prendre la fuite , une partie de sa famille
ne put échaper à la fureur du peuple , et
que Servilie et Tullie , toutes deux filles du Roi ,
y périrent . La premiere avoit épousé Vitellius
qui se trouve en même- tems beau- frere de Brutus
, et la seconde étoit aimée des deux fils du
Consul.
Tandis que ces deux freres , après avoir donné
des regrets à la perte de la Princesse , comptent
n'avoir plus d'autre obstacle à surmonter pour
se livrer tout entiers aux sentimens qu'ils doiven:
à la République , Vitellius , leur oncle , fait
paroître Tullie qu'il a heureusement sauvée , ent
substituant une Esclave & c.
Suivant ce Plan , Tullie se trouve au milieu
de Rome d'une façon assez naturelle , obligée.
qu'elle
FEVRIER. 1731. 313
qu'elle est à demeurer cachée dans le Palais de
son beau- frere , elle a toute la liberté d'appuyer
la conjuration , et l'on sent assez , sans qu'il soit
besoin d'Ambassadeur , les divers interêts qui engagent
Vitellius à conspirer en faveur de Tarquin
dont il est le gendre , et de Tullie , sa belle- soeur.
On voit aussi ce qui le détermine à émouvoir
Titus et Tiberinus , ses neveux , sur le sort d'une
Maîtresse qui venoit de courir un si grand danger.
ན
Il y a peu de vers assez beaux de suite pour
pouvoir en donner des Scenes entieres , cependant
en voici quelques morceaux sur lesquels on
pourra juger.
Acte III. Au milieu de la premiere Scene ,
Titus cherche à raffermir . son frere , et dit en
parlant de Brutus :
Cessons de nous flater ·
L'ennemi des Tarquins , et l'Auteur de leur .
chute ,
De quel oeil verra - t - il que son sang ait osé
Remettre Rome au joug que sa main a brisé ?
Il a crú , suggeré par un fatal génie ,
En bannissant les Rois , bannir la tyrannie î
Blesser par nos complots l'objet de son amour ,
C'est plus que lui ravir la lumiere du jour ,
Et dans son sentiment , à Rome être perfide -
C'est être plus qu'impie et plus que parricide.
44
>
ne
Au même Acte , Scene troisiéme , Vitellius dé-
Couvert et qu'on a mené devant Brutus ,
craint point d'embrasser la querelle du Roi chassé.
Est-ce à vous , dit -il au Consul ,
314 MERCURE DE FRANCE
1
Est- ce à vous à punir ? est- ce à vous àjuger?
Les Dieux portent la foudre et sçavent se venger.
Pourquoi si leur clemence et leurs soins nous
conservent ,
Vouloir vous usurper un droit qu'ils se reservent?
Malgré sa pesanteur , c'est avoir trop osé ,
Que de rompre le joug qu'ils nous ont imposé
& c.
Brutus répond :
Souvent de leur courroux nous sommes les or
ganes ,
Les Dieux ne daignant pas les fraper de leurs
mains
Ont voulu se servir de celle des Romains ;
1
Et s'ils eussent voulu condamner notre Ouvrage
Son retablissement en rendroit témoignage.
Au dernier Acte , Junie , mere de Titus et de
Tiberinus , déplore leur mort avec amertume
Brutus lui dit :
> et
Cache mieux tes douleurs ,
Souviens- toi qu'un Romain punit jusques aux
pleurs.
On peut juger à ce dernier trait que l'Auteur
avoit en vue la Scene d'Horace qui avoit déja été
mise au Théatre , d'autant plus que Brutus le
cite à la premiere Scene où il paroît dans cette
ancienne Tragédie.
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Résumé : La Mort des Enfans de Brute, Tragédie, [titre d'après la table]
En mai 1648, une tragédie intitulée 'La mort des Enfans de Brute' fut publiée anonymement et imprimée deux fois chez Toussaint Quinet. Bien que présentant des défauts, cette pièce possède un certain mérite et n'a aucune influence sur les œuvres de Mademoiselle Bernard ou de M. de Voltaire. Elle relate la révolution qui fit perdre la couronne à Tarquin et la fuite de sa famille. Servilie et Tullie, filles du roi, périssent lors de cette révolution. Servilie est mariée à Vitellius, beau-frère de Brutus, tandis que Tullie est aimée des deux fils du consul. La pièce imagine que Tullie, sauvée par Vitellius, est substituée par une esclave. Tullie se retrouve ainsi à Rome, cachée dans le palais de son beau-frère, et peut appuyer la conjuration. Vitellius, en tant que gendre de Tarquin et beau-frère de Tullie, a des intérêts divergents qui le poussent à conspirer. Il incite également ses neveux, Titus et Tiberinus, à s'intéresser au sort de leur maîtresse. La pièce contient quelques vers remarquables. Par exemple, dans l'acte III, Titus exprime ses doutes sur la réaction de Brutus face à leur complot. Vitellius, découvert et amené devant Brutus, conteste l'autorité du consul de punir et de juger. Brutus répond que les Romains sont souvent les instruments de la vengeance divine. Dans le dernier acte, Junie, mère de Titus et Tiberinus, déplore leur mort, et Brutus lui rappelle la stoïcité romaine.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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