Oeuvre commentée (1)
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p. 162-175
COMEDIE FRANÇOISE.
Début :
ON a continué sur ce Théâtre la Piéce intitulée Heureusement , dont nous [...]
Mots clefs :
Analyse, Sentiment, Émotion, Conte, Heureusement, Comédie, Estampe, Tragédie, Anecdote
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texteReconnaissance textuelle : COMEDIE FRANÇOISE.
COMEDIE FRANÇOISE.
ONNa continué fur ce Théâtre la
Piéce intitulée Heureufement , dont nous
avons parlé dans le précédent Mercure ;
fon fuccès nous engage à en donner
une analyfe.
EXTRAIT d'HEUREUSEMENT ,
Comédie en Vers , en un Acte , par
M. ROCHON DE CHABANNES.
PERSONNAGES.
M. LISBAN ,
Mde LISBAN ,
LINDOR ,
MARTON ,
PASQUIN ,
ACTEURS.
!
M. Préville.
Mlle Huffe.
M. Molé.
Mlle Dangeville.
M. Dubois.
La Scène eft dans l'appartement de Mde Lisban.
JANVIER. 1763. 163
1
Caractères des Perfonnages.
M. LISBAN eft un mari fur le retour
de l'âge , confiant , avec la fauffe
'prétention d'être un homme agréable &
amufant. Mde LISBAN ,une jeune femme
de vingt ans , étourdie , fans expérience
, mais éffentiéllement honnête.
LINDOR,un jeune homme de feize ans,
nouvellement dans le fervice , ne refpirant
que l'amour & la gloire , un caractère
enfin vraiment nationnal. MARTON
, une Soubrette vive , gaye & franche.
PASQUIN , un valet fans autre action
dans la Piéce qu'une fimple commiffion
de la part de LINDOR, mais dans
le rôle duquel il y a cependant quelques
petits détails de portrait affez agréables.
ANALYSE.
Mde LISBAN aime LINDOR fon petit
parent,beaucoup plus qu'elle ne croit;
MARTON l'aime auffi , mais ne s'en
fait point accroire à elle- même fur ce
fentiment. Mde LISBAN regarde LINDOR
comme un enfant fans conféquence
& MARTON comme un enfant fort
dangereux . La premiere compte beaucoup
fur elle-même la feconde n'y
compte point du tout & fait très-bien.
Tel eft le précis de l'entretien entre
164 MERCURE DE FRANCE .
Mde LISBAN & MARTON dans la
premiere Scène. M. LISBAN vient pour
emmener fa femme fouper avec lui
chez une Madame DORMENE . Mais
elle avoit déja pris fon parti fur ce foupër
: un attrait fecret donne d'autres affaires
à fon coeur ; cette Madame DORMENE
eft une femme qui l'ennuye ,
une migraine lui fert d'excufe . Le mari
confent à y aller feul , mais avant de
fortir , il apprend à fa femme que LINDOR
va partir pour l'armée. Elle eft
un peu troublée de cette nouvelle ; il
en plaifante à fa maniere & fort.
MARTON,qui a remarqué l'émotion
de fa Maîtreffe en apprenant le départ
de LINDOR , lui en fait malignement
la guerre , & Mde LISBAN s'obftine à
ne pas vouloir convenir de fa foibleffe.
Le valet de LINDOR vient annoncer
le départ de fon Maître , & demande
pour lui un moment d'audience ; on
fait beaucoup de réfiftances fondées fur
l'absence du mari ; MARTON les fait
ceffer & dit à PASQUIN d'aller chercher
fon Maître . Mde LISBAN gronde
MARTON de l'expofer ainfi dans une
démarche équivoque ; mais en fe retirant
elle lui recommande de la faire
avertir quand LINDOR viendra .
JANVIER. 1763 . 165
MARTON, reftée feule , fait des réfléxions
fur les fentimens de fa Maîtreffe
pour LINDOR , & ne fe déguife point
les fiens pour le même objet. Le jeune
Etourdi arrive en habit uniforme & le
chapeau fur la tête. Il aime fa coufine ,
il aime MARTON , dans le vrai , il aime
toutes les jolies femmes ; mais bien plus
qu'elles alors , il aime fon nouvel état
il est enchanté de fon habit d'ordonnancę
, & veut que MARTON le foit de
même .
,
Il parle guerre , amour , combats
maîtreffe , chevaux ; c'eft enfin ce qu'on
appelle un franc Poliffon . Mde LISBAN
le furprend avec MARTON même
fcène , mêmes folies , mais avec des
nuances différentes ; il eft plus galant
avec fa coufine , c'eft un Francois qui
en compte à une jolie femme. On fert
une colation ; il ne peut décemment y
avoir de foupé chez là coufine , à caufe
de la migraine & de l'abfence du Mari .
Les deux jeunes têtes , Mde LISBAN &
LINDOR fe mettent cependant à table
pour manger des fruits , des confitures ,
& c. M. LISBAN s'eft avifé de rompre fa
partie de fouper , pour faire le cadeau
à fa femme de revenir paffer la foirée
avec elle . On entend fon carroffe , on
166 MERCURE DE FRANCE.
temps ,
eft un peu déconcerté , & MARTON dit
qu'il faut faire cacher LINDOR . Elle
n'attend pas les ordres de Mde LISBAN ,
elle s'empare du jeune homme qui court
précipitament pour la fuivre & fe fauver
dans le falon. M. LISBAN entre
auffi-tôt que LINDOR eft retiré. Mde
LISBAN qui n'approuve pas l'étourderie
de MARTON , eft vingt fois
fur le point d'avouer que L IN DOR eft
dans la maifon ; mais fon mari , qui
parle toujours , ne lui en laiffe pas le
il débite avec confiance fes mauvaifes
plaifanteries , & développe la fotte
fatuitéde fon caractère , avec une bonne
foi très -comique . Il croit fa femme trop
heureufe de le pofféder. Il fe mocque de
tous ceux qui lui font la cour, il les plaint,
il les plaifante , il les défie ; il défie fa
femme elle-même , en un mot il eſt d'un
ridicule achevé. Mde LISBAN que tous.
fes propos -là ennuiroient en tous temps,
en eft impatientée dans fa fituation actuelle
. Elle veut fe retirer & prie ſon mari
de lui donner la main jufqu'à fon appartement
pour l'éloigner du voifinage de
l'endroit où elle foupconne LINDOR .
La bêtife déconcerte fouvent toutes les
mefures de la prudence , c'eft ce que
fait celle de M. LISBAN ; il veut abfoluJANVIER.
1763. 167
ment, pour l'amufer,lui aller chercher un
conte , & ce conte qui eft HEUREUSEMENT
, eft fort malheureuſement
dans le falon voifin , il y court. On doit
juger de l'embarras & des perpléxités de
Mde LISBAN , fon mari va tout découvrir.
Elle eft dans la plus grande agitation
lorfqu'il reparoît en jettant de grands
éclats de rire. Il a furpris LINDOR aux
genoux de MARTON ; ilvoit cela en plaifanterie
, & ne voit que cela ; il en fait.
le récit à fa femme, qui refpire en voyant
dequelle façon il prend le change . C'eſt
ainfi que fe dénoue la Piéce. Le mari ,
qui croit avoir le point de vue très-fin
fe félicite d'être arrivé chez lui très-àpropos.
Il fait des applications d'Heureufement
dans fon tourordinaire de plaifanterie
; mais dans fon opinion tout l'Heureufement
tombe fur MARTON ; & Mde
LISBAN , dont l'honneur eft fauvé , expofe
dans un Aparté , le but moral de
l'Ouvrage .
M. LISBAN.
9
Voilà de ces hazards. •
Mde LISBA N. ( à part. )
Qui fauvent l'innocence
Du danger oùſouvent l'expofe une imprudence
168 MERCURE DE FRANCE .
Pour donner une légére idée du ſtyle
de cette Piéce , nous allons rapporter le
peu de détails que les bornes de cet Article
peuvent nous permettre.
MARTON , dans la premiere Scène
trace ainfi le portrait du jeune . LINDOR
:
C'eſt un vrai Poliſſon , un Polifſon charmant ,
Il s'aime, il fe contemple, il court dans une glace
Admirer de fon port l'élégance & l'audace ;
Il nous fait admirer fa jambe , fon mollet ,
>> S'ils étoient emportés , dit- il , par un boulet ,
» Là , ſerieuſement ce feroit grand dommage !
» Eh bien j'aurois la croix ; oui la croix à mon âge,
» La croix pour une jambe ! Ah ! de bon coeur ,
» ma foi ,
> Je les facrifierois toutes deux pour le Roi.
Il tire fon épée , & bravant nos allarmes ,
» Une , deux , trois , à vous , & rendez - moi les. 22
>> armes ,
Nous dit-il. Un fufil vient àfrapper les yeux ; .
Il le met fur l'épaule & fait le merveilleux ,
Enfonce fiérement fon chapeau fur la tête ,
Va de droite & de gauche , avance un pas , arrête ,.
Nous ajuste , fait feu , s'amufe de nos cris ,
Et vole dans nos bras pour calmer nos eſprits.
Dans une Scène où Mde LISBAN
reproche
JANVIER . 1762. 169
reproche à LINDOR d'avoir l'air fi
content fur le point de la quitter , il lui
répond :
Audacieux Amant , Soldat vraiment François ,
Je n'ai jamais formé que deux ardens ſouhaits ,
De réduire une Belle & venger ma patrie.
La moitié de mes voeux fera bientôt remplie ;
Je pars , & je vaincrai : j'eſpére à mon retour
Joindre aux lauriers de Mars les myrthes de l'Amour.
OBSERVATIONS.
Le Conte d'où l'Auteur de la Comédie a tiré
fon Sujet , n'étant lui-même qu'un exemple moral
du hazard heureux , auquel les plus honnêtes femmes
doivent fouvent leur innocence , ne pouvoit
lui fournir une action bien intriguée ni complette.
Mais on doit , en rendant jultice à cet Auteur ,
lui fçavoir gré du joli Tableau qu'il a fait de ce
Sujet , fur la Scéne , & du comique agréable
qu'il a répandu dans les détails , fans blefler trop
fortement les bienſéances ſi délicates à conferver
dans un Sujet de cette nature . Quoique l'idée générale
d'Heureufement foit due primitivement à
l'Auteur des Contes Moraux , on doit convenir
cependant que prefque tout ce qu'il y a de Dramatique,
appartient à l'Auteur de la Comédie , &
même dans la partie de l'invention . Si, par exemple,
il a emprunté duConte le trait général du caractère
de LINDOR ,tous les détails du portrait (ont
de lui , excepté le Couplet où LINDOR dit à Mde
LISBAN qu'il reviendra bleffé , ce qui eft l'imita-
I.Vol. H
170 MERCURE DE FRANCE.
tion d'un des détails du Conte. Il en eft de même
du retour de M. LISBAN , pour venir caufer &
ennuyer la femme. Mais les ris de ce mari , à la
découverte qu'il fait de LINDOR avec MARTON ,
& toute la tournure de ce dénoûment font de
l'Auteur du la Comédie. Le plaifir qu'elle a paru
faire au Public , pendant onze Repréſentations de
fuite , autorife la confiance avec laquelle nous en
annonçons l'impreffion .
Cette Comédie imprimée , fe vend à Paris , chez
-SEBASTIEN JORRY rue & vis-à-vis la Comédie
Françoife. Prix vingt-quatre fols.
"
Cette Edition elt ornée d'une Eſtampe qui repréfente
le moment de la colation . Au bas de
l'Estampe , on voit les Armes de S. A. S. Monfeigneur
le PRINCE DE CONDÉ & pour Epigraphe,
le Vers : Je vais donc boire à Mars , qu'adreffa
Mlle HUSSE. très- refpectueufement à ce Prince , le
jour de la premiere Repréfentation de cette Piéce.
Voyez la Relation de ce fait dans le Mercure précédent.
Je finis cet Article par des Vers de
'Auteur à Mlle DANGEVILLE.
Un aurre Auteur que moi, charmante Dangeville,
Te loueroit fur ton jeu naturel & facile ,
Te repréfenteroit dans le facré vallon
Couronnant de lauriers les enfans d'Apolton,
Donnant à leur Ouvrage une nouvelle vie ;
Mais j'aime mieux louer ton coeur que con génie
Chez toi , parmi les tiens , au fein de tes amis ,
Recus avec candeur , mais avec choix admis :
Voci la belle Scène, ou loin de l'oeil du monde
JANVIER. 1763. 171
Tu m'as fçu pénétrer d'une eftime profonde ;
C'eft le Tableau touchant qui s'eft offert à moi :
On t'admire au Spectacle , on t'adore chez toi .
*.
Le Jeudi 2 Décembre , le fieur Bou-
RET,, fi connu & fi agréable au Public
dans un genre & fur un Théâtre différent
, a débuté fur celui de la Comédie
Françoife , par le rôle de Turcaret dans
la Comédie de ce nom , & par celui de
Crifpin dans Crifpin rival de fon Maître.
Il fut accueilli du Public très-favorablement.
On parut plus content de
fon jeu dans la feconde Piéce que dans
la premiere. Il avoit encore la crainte
& l'embarras que doit infpirer un Tribunal
auffi impofant qu'eft le Public à
ce Théâtre , beaucoup moins indulgent
pour fon Spectacle national dont il prife
le mérite réel , que pour ceux à qui il
permet de l'amufer , fans autant de délicateffe
fur le choix des moyens. Il a
continué fon début dans cette Piéce de
Turcaret & par le rôle de Crifpin des
Folies amoureufes , par celui d'un des
Ménechmes , de Sofie dans Amphitrion ,
de Crifpin Médecin , de Crifpin dans le
Légataire , du Valet dans l'Impromptu
de Campagne , dans le Joueur , dans
Pourceaugnac , & c. Le refultat des Ju-
Hij
172 MERCURE DE FRANCE.
gemens du Public fur cet Acteur , dans
ces différens rôles , nous a paru être, qu'il
feroit utile à ce Théâtre , furtout lorfque
l'exercice & l'expérience lui auroient
entiérement fait acquérir la fineffe
du comique que l'on y éxige.
Le Lundi 6 Décembre on donna
pour la premiere fois Eponine , Tragédie
nouvelle , retirée par l'Auteur après
la feconde repréfentation. Quoique le
Public ait paru juger que l'Auteur de
la Tragédie n'eût pas profité de tour
l'intérêt dont le Sujet étoit fufceptible ,
& qu'il ait eu à attendre jufqu'au troifiéme
A&te le commencement de l'action
tragique, les applaudiffemens qu'on
a donnés & qui étoient dûs à plufieurs
beautés diftinguées dans cette Piéce ,
doivent encourager cet Auteur à mériter
des lauriers qu'il femble fait pour
cueilir Ha premiere fois qu'il fe repréfentera
dans la carrière .
On a remis & continué, fur le même
Théâtre, ZELMIRE , Tragédie nouvelle
de M. DU BELLOY , donnée pour la
premiere fois le Printemps dernier. Cette
Piéce eft rendue avec une chaleur admirable
par les Acteurs , & cette remife
a beaucoup de fuccès. Nous avons donné
dans deux de nos Mercures antéJANVIER.
1763. 173
rieurs , des détails très- étendus fur cette
Tragédie .
Les Comédiens François répétent une
Comédie nouvelle en trois A&tes & en
Vers , intitulée Du Puis & Defronais ,
Sujet tiré du Roman des Illuftres Françoifes.
ANECDOTE fur feu M. SARRAZIN,
ancien Acteur du Théâtre François ,
décédé à Paris le 15 Novembre dernier
, & inhumé le 16 à S. Sulpice fa
Paroiffe.
Feu M. SARRAZIN , né à Dijon , étoit
d'une très-honnête famille . Son goût
pour le Théâtre l'avoit engagé dans plufieurs
Sociétés qui en faifoient leur amufement
, qui avoient acquis affez d'art
pour faire celui de beaucoup d'Amateurs
de ce genre . La plus remarquable de ces
Sociétés , où primoit M. SARRAZIN, repréfentoit
affez fréquemment au Château
de S. Ouën , appartenant alors à
feu M. le Duc de Gêvres , qui avoit bien
voulu accorder cette permiffion. C'eſt
de cette Société , & fans avoir joué ni
dans les Provinces , ni fur aucun Théâtre
Public , que M. SARRAZIN , dans
H iij
174 MERCURE DE FRANCE.
un âge où l'on eft ordinairement trèsformé
, avoit paffé tout de fuite au Théâtre
de la Comédie Françoife . Il y débuta
le 3 Mars 1729 par le rôle d'Oedipe
, dans la Tragédie de ce nom de
P. CORNEILLE ; le fuccès de ce début
fut fi favorable , que dès le 22 du même
mois , M. SARRAZIN fut reçu pour
doubler le célébre BARON dans l'emploi
des Rois. Après la mort de ce dernier
, arrivée le 22 Décembre 1729 , M.
SARRAZIN fut confirmé dans fon emploi
, préférablement à M. BERCI , par
un ordre du mois de Janvier 1730. Il
fut gratifié de la penfion de 1000 liv. à
la mort de M. DU CHEMIN en 1756.
L'année fuivante , il fut affligé d'une extinction
de voix qui l'empêcha de remplir
fon fervice jufqu'au mois d'Avril
1759 , qu'ilife retira du Théâtre avec
le Brévet de penfion de la Comédie de
1500 liv. conformément à l'Arrêt du
Confeil du 18 Juin 57 enregistré au
Parlement. Ainfi M. SARRAZIN a resté
30 ans à la Comédie , où il a fervi avec
un fuccès très-diftingué , jufqu'à la fin
de fà carriere. Dans les premieres an
nées , on lui reprochoit quelques difgraces
dans l'action , & peu d'enfem
ble dans l'habitude du corps ; mais ces
JANVIER. 1763... 175
légers défauts étoient fi heureufement
couverts par la partie du fentiment , qui
étoit naturelle & d'un effet admirable
dans cet Acteur . On fe reffouvient encore
avec fenfibilité , des larmes qu'il a
fait verfer dans beaucoup de rôles tragiques
de fon emploi & de l'attendriffement
qu'il faifoit éprouver dans les
Peres du HAUT COMIQUE .
N. B. La Penfion du feu Sr. SARRAZIN
a été donnée au S. ARMAND , le
plus ancien des Comédiens , fervant
actuellement au Théâtre François . Le
Roi a accordé à la Demoiſelle Du-
MESNIL , une penfion particuliere de
1000 liv. affignée fur le fond des Menus
.
ONNa continué fur ce Théâtre la
Piéce intitulée Heureufement , dont nous
avons parlé dans le précédent Mercure ;
fon fuccès nous engage à en donner
une analyfe.
EXTRAIT d'HEUREUSEMENT ,
Comédie en Vers , en un Acte , par
M. ROCHON DE CHABANNES.
PERSONNAGES.
M. LISBAN ,
Mde LISBAN ,
LINDOR ,
MARTON ,
PASQUIN ,
ACTEURS.
!
M. Préville.
Mlle Huffe.
M. Molé.
Mlle Dangeville.
M. Dubois.
La Scène eft dans l'appartement de Mde Lisban.
JANVIER. 1763. 163
1
Caractères des Perfonnages.
M. LISBAN eft un mari fur le retour
de l'âge , confiant , avec la fauffe
'prétention d'être un homme agréable &
amufant. Mde LISBAN ,une jeune femme
de vingt ans , étourdie , fans expérience
, mais éffentiéllement honnête.
LINDOR,un jeune homme de feize ans,
nouvellement dans le fervice , ne refpirant
que l'amour & la gloire , un caractère
enfin vraiment nationnal. MARTON
, une Soubrette vive , gaye & franche.
PASQUIN , un valet fans autre action
dans la Piéce qu'une fimple commiffion
de la part de LINDOR, mais dans
le rôle duquel il y a cependant quelques
petits détails de portrait affez agréables.
ANALYSE.
Mde LISBAN aime LINDOR fon petit
parent,beaucoup plus qu'elle ne croit;
MARTON l'aime auffi , mais ne s'en
fait point accroire à elle- même fur ce
fentiment. Mde LISBAN regarde LINDOR
comme un enfant fans conféquence
& MARTON comme un enfant fort
dangereux . La premiere compte beaucoup
fur elle-même la feconde n'y
compte point du tout & fait très-bien.
Tel eft le précis de l'entretien entre
164 MERCURE DE FRANCE .
Mde LISBAN & MARTON dans la
premiere Scène. M. LISBAN vient pour
emmener fa femme fouper avec lui
chez une Madame DORMENE . Mais
elle avoit déja pris fon parti fur ce foupër
: un attrait fecret donne d'autres affaires
à fon coeur ; cette Madame DORMENE
eft une femme qui l'ennuye ,
une migraine lui fert d'excufe . Le mari
confent à y aller feul , mais avant de
fortir , il apprend à fa femme que LINDOR
va partir pour l'armée. Elle eft
un peu troublée de cette nouvelle ; il
en plaifante à fa maniere & fort.
MARTON,qui a remarqué l'émotion
de fa Maîtreffe en apprenant le départ
de LINDOR , lui en fait malignement
la guerre , & Mde LISBAN s'obftine à
ne pas vouloir convenir de fa foibleffe.
Le valet de LINDOR vient annoncer
le départ de fon Maître , & demande
pour lui un moment d'audience ; on
fait beaucoup de réfiftances fondées fur
l'absence du mari ; MARTON les fait
ceffer & dit à PASQUIN d'aller chercher
fon Maître . Mde LISBAN gronde
MARTON de l'expofer ainfi dans une
démarche équivoque ; mais en fe retirant
elle lui recommande de la faire
avertir quand LINDOR viendra .
JANVIER. 1763 . 165
MARTON, reftée feule , fait des réfléxions
fur les fentimens de fa Maîtreffe
pour LINDOR , & ne fe déguife point
les fiens pour le même objet. Le jeune
Etourdi arrive en habit uniforme & le
chapeau fur la tête. Il aime fa coufine ,
il aime MARTON , dans le vrai , il aime
toutes les jolies femmes ; mais bien plus
qu'elles alors , il aime fon nouvel état
il est enchanté de fon habit d'ordonnancę
, & veut que MARTON le foit de
même .
,
Il parle guerre , amour , combats
maîtreffe , chevaux ; c'eft enfin ce qu'on
appelle un franc Poliffon . Mde LISBAN
le furprend avec MARTON même
fcène , mêmes folies , mais avec des
nuances différentes ; il eft plus galant
avec fa coufine , c'eft un Francois qui
en compte à une jolie femme. On fert
une colation ; il ne peut décemment y
avoir de foupé chez là coufine , à caufe
de la migraine & de l'abfence du Mari .
Les deux jeunes têtes , Mde LISBAN &
LINDOR fe mettent cependant à table
pour manger des fruits , des confitures ,
& c. M. LISBAN s'eft avifé de rompre fa
partie de fouper , pour faire le cadeau
à fa femme de revenir paffer la foirée
avec elle . On entend fon carroffe , on
166 MERCURE DE FRANCE.
temps ,
eft un peu déconcerté , & MARTON dit
qu'il faut faire cacher LINDOR . Elle
n'attend pas les ordres de Mde LISBAN ,
elle s'empare du jeune homme qui court
précipitament pour la fuivre & fe fauver
dans le falon. M. LISBAN entre
auffi-tôt que LINDOR eft retiré. Mde
LISBAN qui n'approuve pas l'étourderie
de MARTON , eft vingt fois
fur le point d'avouer que L IN DOR eft
dans la maifon ; mais fon mari , qui
parle toujours , ne lui en laiffe pas le
il débite avec confiance fes mauvaifes
plaifanteries , & développe la fotte
fatuitéde fon caractère , avec une bonne
foi très -comique . Il croit fa femme trop
heureufe de le pofféder. Il fe mocque de
tous ceux qui lui font la cour, il les plaint,
il les plaifante , il les défie ; il défie fa
femme elle-même , en un mot il eſt d'un
ridicule achevé. Mde LISBAN que tous.
fes propos -là ennuiroient en tous temps,
en eft impatientée dans fa fituation actuelle
. Elle veut fe retirer & prie ſon mari
de lui donner la main jufqu'à fon appartement
pour l'éloigner du voifinage de
l'endroit où elle foupconne LINDOR .
La bêtife déconcerte fouvent toutes les
mefures de la prudence , c'eft ce que
fait celle de M. LISBAN ; il veut abfoluJANVIER.
1763. 167
ment, pour l'amufer,lui aller chercher un
conte , & ce conte qui eft HEUREUSEMENT
, eft fort malheureuſement
dans le falon voifin , il y court. On doit
juger de l'embarras & des perpléxités de
Mde LISBAN , fon mari va tout découvrir.
Elle eft dans la plus grande agitation
lorfqu'il reparoît en jettant de grands
éclats de rire. Il a furpris LINDOR aux
genoux de MARTON ; ilvoit cela en plaifanterie
, & ne voit que cela ; il en fait.
le récit à fa femme, qui refpire en voyant
dequelle façon il prend le change . C'eſt
ainfi que fe dénoue la Piéce. Le mari ,
qui croit avoir le point de vue très-fin
fe félicite d'être arrivé chez lui très-àpropos.
Il fait des applications d'Heureufement
dans fon tourordinaire de plaifanterie
; mais dans fon opinion tout l'Heureufement
tombe fur MARTON ; & Mde
LISBAN , dont l'honneur eft fauvé , expofe
dans un Aparté , le but moral de
l'Ouvrage .
M. LISBAN.
9
Voilà de ces hazards. •
Mde LISBA N. ( à part. )
Qui fauvent l'innocence
Du danger oùſouvent l'expofe une imprudence
168 MERCURE DE FRANCE .
Pour donner une légére idée du ſtyle
de cette Piéce , nous allons rapporter le
peu de détails que les bornes de cet Article
peuvent nous permettre.
MARTON , dans la premiere Scène
trace ainfi le portrait du jeune . LINDOR
:
C'eſt un vrai Poliſſon , un Polifſon charmant ,
Il s'aime, il fe contemple, il court dans une glace
Admirer de fon port l'élégance & l'audace ;
Il nous fait admirer fa jambe , fon mollet ,
>> S'ils étoient emportés , dit- il , par un boulet ,
» Là , ſerieuſement ce feroit grand dommage !
» Eh bien j'aurois la croix ; oui la croix à mon âge,
» La croix pour une jambe ! Ah ! de bon coeur ,
» ma foi ,
> Je les facrifierois toutes deux pour le Roi.
Il tire fon épée , & bravant nos allarmes ,
» Une , deux , trois , à vous , & rendez - moi les. 22
>> armes ,
Nous dit-il. Un fufil vient àfrapper les yeux ; .
Il le met fur l'épaule & fait le merveilleux ,
Enfonce fiérement fon chapeau fur la tête ,
Va de droite & de gauche , avance un pas , arrête ,.
Nous ajuste , fait feu , s'amufe de nos cris ,
Et vole dans nos bras pour calmer nos eſprits.
Dans une Scène où Mde LISBAN
reproche
JANVIER . 1762. 169
reproche à LINDOR d'avoir l'air fi
content fur le point de la quitter , il lui
répond :
Audacieux Amant , Soldat vraiment François ,
Je n'ai jamais formé que deux ardens ſouhaits ,
De réduire une Belle & venger ma patrie.
La moitié de mes voeux fera bientôt remplie ;
Je pars , & je vaincrai : j'eſpére à mon retour
Joindre aux lauriers de Mars les myrthes de l'Amour.
OBSERVATIONS.
Le Conte d'où l'Auteur de la Comédie a tiré
fon Sujet , n'étant lui-même qu'un exemple moral
du hazard heureux , auquel les plus honnêtes femmes
doivent fouvent leur innocence , ne pouvoit
lui fournir une action bien intriguée ni complette.
Mais on doit , en rendant jultice à cet Auteur ,
lui fçavoir gré du joli Tableau qu'il a fait de ce
Sujet , fur la Scéne , & du comique agréable
qu'il a répandu dans les détails , fans blefler trop
fortement les bienſéances ſi délicates à conferver
dans un Sujet de cette nature . Quoique l'idée générale
d'Heureufement foit due primitivement à
l'Auteur des Contes Moraux , on doit convenir
cependant que prefque tout ce qu'il y a de Dramatique,
appartient à l'Auteur de la Comédie , &
même dans la partie de l'invention . Si, par exemple,
il a emprunté duConte le trait général du caractère
de LINDOR ,tous les détails du portrait (ont
de lui , excepté le Couplet où LINDOR dit à Mde
LISBAN qu'il reviendra bleffé , ce qui eft l'imita-
I.Vol. H
170 MERCURE DE FRANCE.
tion d'un des détails du Conte. Il en eft de même
du retour de M. LISBAN , pour venir caufer &
ennuyer la femme. Mais les ris de ce mari , à la
découverte qu'il fait de LINDOR avec MARTON ,
& toute la tournure de ce dénoûment font de
l'Auteur du la Comédie. Le plaifir qu'elle a paru
faire au Public , pendant onze Repréſentations de
fuite , autorife la confiance avec laquelle nous en
annonçons l'impreffion .
Cette Comédie imprimée , fe vend à Paris , chez
-SEBASTIEN JORRY rue & vis-à-vis la Comédie
Françoife. Prix vingt-quatre fols.
"
Cette Edition elt ornée d'une Eſtampe qui repréfente
le moment de la colation . Au bas de
l'Estampe , on voit les Armes de S. A. S. Monfeigneur
le PRINCE DE CONDÉ & pour Epigraphe,
le Vers : Je vais donc boire à Mars , qu'adreffa
Mlle HUSSE. très- refpectueufement à ce Prince , le
jour de la premiere Repréfentation de cette Piéce.
Voyez la Relation de ce fait dans le Mercure précédent.
Je finis cet Article par des Vers de
'Auteur à Mlle DANGEVILLE.
Un aurre Auteur que moi, charmante Dangeville,
Te loueroit fur ton jeu naturel & facile ,
Te repréfenteroit dans le facré vallon
Couronnant de lauriers les enfans d'Apolton,
Donnant à leur Ouvrage une nouvelle vie ;
Mais j'aime mieux louer ton coeur que con génie
Chez toi , parmi les tiens , au fein de tes amis ,
Recus avec candeur , mais avec choix admis :
Voci la belle Scène, ou loin de l'oeil du monde
JANVIER. 1763. 171
Tu m'as fçu pénétrer d'une eftime profonde ;
C'eft le Tableau touchant qui s'eft offert à moi :
On t'admire au Spectacle , on t'adore chez toi .
*.
Le Jeudi 2 Décembre , le fieur Bou-
RET,, fi connu & fi agréable au Public
dans un genre & fur un Théâtre différent
, a débuté fur celui de la Comédie
Françoife , par le rôle de Turcaret dans
la Comédie de ce nom , & par celui de
Crifpin dans Crifpin rival de fon Maître.
Il fut accueilli du Public très-favorablement.
On parut plus content de
fon jeu dans la feconde Piéce que dans
la premiere. Il avoit encore la crainte
& l'embarras que doit infpirer un Tribunal
auffi impofant qu'eft le Public à
ce Théâtre , beaucoup moins indulgent
pour fon Spectacle national dont il prife
le mérite réel , que pour ceux à qui il
permet de l'amufer , fans autant de délicateffe
fur le choix des moyens. Il a
continué fon début dans cette Piéce de
Turcaret & par le rôle de Crifpin des
Folies amoureufes , par celui d'un des
Ménechmes , de Sofie dans Amphitrion ,
de Crifpin Médecin , de Crifpin dans le
Légataire , du Valet dans l'Impromptu
de Campagne , dans le Joueur , dans
Pourceaugnac , & c. Le refultat des Ju-
Hij
172 MERCURE DE FRANCE.
gemens du Public fur cet Acteur , dans
ces différens rôles , nous a paru être, qu'il
feroit utile à ce Théâtre , furtout lorfque
l'exercice & l'expérience lui auroient
entiérement fait acquérir la fineffe
du comique que l'on y éxige.
Le Lundi 6 Décembre on donna
pour la premiere fois Eponine , Tragédie
nouvelle , retirée par l'Auteur après
la feconde repréfentation. Quoique le
Public ait paru juger que l'Auteur de
la Tragédie n'eût pas profité de tour
l'intérêt dont le Sujet étoit fufceptible ,
& qu'il ait eu à attendre jufqu'au troifiéme
A&te le commencement de l'action
tragique, les applaudiffemens qu'on
a donnés & qui étoient dûs à plufieurs
beautés diftinguées dans cette Piéce ,
doivent encourager cet Auteur à mériter
des lauriers qu'il femble fait pour
cueilir Ha premiere fois qu'il fe repréfentera
dans la carrière .
On a remis & continué, fur le même
Théâtre, ZELMIRE , Tragédie nouvelle
de M. DU BELLOY , donnée pour la
premiere fois le Printemps dernier. Cette
Piéce eft rendue avec une chaleur admirable
par les Acteurs , & cette remife
a beaucoup de fuccès. Nous avons donné
dans deux de nos Mercures antéJANVIER.
1763. 173
rieurs , des détails très- étendus fur cette
Tragédie .
Les Comédiens François répétent une
Comédie nouvelle en trois A&tes & en
Vers , intitulée Du Puis & Defronais ,
Sujet tiré du Roman des Illuftres Françoifes.
ANECDOTE fur feu M. SARRAZIN,
ancien Acteur du Théâtre François ,
décédé à Paris le 15 Novembre dernier
, & inhumé le 16 à S. Sulpice fa
Paroiffe.
Feu M. SARRAZIN , né à Dijon , étoit
d'une très-honnête famille . Son goût
pour le Théâtre l'avoit engagé dans plufieurs
Sociétés qui en faifoient leur amufement
, qui avoient acquis affez d'art
pour faire celui de beaucoup d'Amateurs
de ce genre . La plus remarquable de ces
Sociétés , où primoit M. SARRAZIN, repréfentoit
affez fréquemment au Château
de S. Ouën , appartenant alors à
feu M. le Duc de Gêvres , qui avoit bien
voulu accorder cette permiffion. C'eſt
de cette Société , & fans avoir joué ni
dans les Provinces , ni fur aucun Théâtre
Public , que M. SARRAZIN , dans
H iij
174 MERCURE DE FRANCE.
un âge où l'on eft ordinairement trèsformé
, avoit paffé tout de fuite au Théâtre
de la Comédie Françoife . Il y débuta
le 3 Mars 1729 par le rôle d'Oedipe
, dans la Tragédie de ce nom de
P. CORNEILLE ; le fuccès de ce début
fut fi favorable , que dès le 22 du même
mois , M. SARRAZIN fut reçu pour
doubler le célébre BARON dans l'emploi
des Rois. Après la mort de ce dernier
, arrivée le 22 Décembre 1729 , M.
SARRAZIN fut confirmé dans fon emploi
, préférablement à M. BERCI , par
un ordre du mois de Janvier 1730. Il
fut gratifié de la penfion de 1000 liv. à
la mort de M. DU CHEMIN en 1756.
L'année fuivante , il fut affligé d'une extinction
de voix qui l'empêcha de remplir
fon fervice jufqu'au mois d'Avril
1759 , qu'ilife retira du Théâtre avec
le Brévet de penfion de la Comédie de
1500 liv. conformément à l'Arrêt du
Confeil du 18 Juin 57 enregistré au
Parlement. Ainfi M. SARRAZIN a resté
30 ans à la Comédie , où il a fervi avec
un fuccès très-diftingué , jufqu'à la fin
de fà carriere. Dans les premieres an
nées , on lui reprochoit quelques difgraces
dans l'action , & peu d'enfem
ble dans l'habitude du corps ; mais ces
JANVIER. 1763... 175
légers défauts étoient fi heureufement
couverts par la partie du fentiment , qui
étoit naturelle & d'un effet admirable
dans cet Acteur . On fe reffouvient encore
avec fenfibilité , des larmes qu'il a
fait verfer dans beaucoup de rôles tragiques
de fon emploi & de l'attendriffement
qu'il faifoit éprouver dans les
Peres du HAUT COMIQUE .
N. B. La Penfion du feu Sr. SARRAZIN
a été donnée au S. ARMAND , le
plus ancien des Comédiens , fervant
actuellement au Théâtre François . Le
Roi a accordé à la Demoiſelle Du-
MESNIL , une penfion particuliere de
1000 liv. affignée fur le fond des Menus
.
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Résumé : COMEDIE FRANÇOISE.
Le texte présente une analyse de la comédie 'Heureusement' de M. Rochon de Chabannes, jouée au Théâtre Français en janvier 1763. La pièce met en scène plusieurs personnages : M. Lisban, un mari âgé et confiant ; Mme Lisban, une jeune femme honnête mais étourdie ; Lindor, un jeune homme amoureux et glorieux ; Marton, une soubrette vive et franche ; et Pasquin, un valet. L'intrigue se déroule dans l'appartement de Mme Lisban et tourne autour des sentiments amoureux de Mme Lisban et Marton pour Lindor, qui doit partir pour l'armée. Mme Lisban, prétextant une migraine, évite une sortie avec son mari, M. Lisban, qui ignore les véritables sentiments de sa femme. Marton, remarquant l'émotion de Mme Lisban à l'annonce du départ de Lindor, la taquine. Lindor arrive en uniforme et exprime son amour pour les femmes et son enthousiasme pour sa nouvelle vie militaire. Mme Lisban et Lindor partagent un moment intime, interrompu par le retour de M. Lisban. Grâce à une série de quiproquos, M. Lisban découvre Lindor avec Marton, mais il interprète la scène de manière comique, croyant que Marton est l'objet des attentions de Lindor. La pièce se termine par un dénouement heureux où l'innocence de Mme Lisban est préservée. Le texte souligne également le succès de la pièce auprès du public et mentionne d'autres événements et représentations au Théâtre Français. Le texte relate également la carrière de l'acteur M. SARRAZIN, qui fréquenta souvent le Château de S. Ouën, propriété du Duc de Gêvres. Avant de rejoindre la Comédie-Française, M. SARRAZIN n'avait joué ni en province ni sur un théâtre public. En 1729, à un âge où l'on est généralement bien formé, il débuta à la Comédie-Française dans le rôle d'Oedipe de Corneille, le 3 mars. Son succès fut immédiat, et le 22 mars, il fut engagé pour doubler le célèbre BARON dans les rôles de rois. Après la mort du BARON en décembre 1729, M. SARRAZIN fut confirmé dans son emploi en janvier 1730, préférablement à M. BERCI. En 1756, il reçut une pension de 1000 livres à la mort de M. DU CHEMIN. L'année suivante, il souffrit d'une extinction de voix jusqu'en avril 1759, date à laquelle il quitta le théâtre avec une pension de 1500 livres, conformément à un arrêt du Conseil. M. SARRAZIN servit à la Comédie-Française pendant 30 ans, avec un succès distingué. Au début de sa carrière, on lui reprochait quelques disgrâces dans l'action et peu d'aisance corporelle, mais ces défauts étaient compensés par son talent naturel pour exprimer les sentiments. Il est notamment remembered pour les larmes qu'il faisait verser dans les rôles tragiques et l'attendrissement qu'il provoquait dans les rôles comiques. Après sa mort, sa pension fut attribuée à M. ARMAND, le plus ancien des comédiens. Le Roi accorda également une pension particulière de 1000 livres à Mademoiselle Du-MESNIL.
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