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1
p. 105-106
SEANCE PUBLIQUE De l'Académie des Inscriptions & Belles-Lettres.
Début :
L'Académie royale des Inscriptions & Belles-Lettres fit sa rentrée publique [...]
Mots clefs :
Académie royale des inscriptions et belles-lettres
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texteReconnaissance textuelle : SEANCE PUBLIQUE De l'Académie des Inscriptions & Belles-Lettres.
SEANCE PUBLIQUE
De l'Académie des Infcriptions & Belles-
Lettres.
' Académie royale des Infcriptions &
Belles-Lettres fit fa rentrée publique
d'après Pâques le 8 d'Avril. Après l'annonce
des fujers propofés pour les prix de
1756 , M. l'Abbé Batteux fit la lecture d'un
mémoire , qui a pour titre Développement
de la doctrine d'Ariftippe , pour fervir d'explication
à un paffage important de la premiere
Epitre d'Horace . M. de Bougainville ,
Secrétaire perpétuel de l'Académie , lut
Ev
106 MERCURE DE FRANCE .
enfuite un mémoire , intitulé Hiftoire du
voyage d'Hannon fur les côtes d'Afrique , tirée
de fa relation éclaircie par celles des voyageurs
de Médie. M. d'Anville eft l'auteur
du troifieme mémoire qui fut lu , & qüi
regarde un monument fculpté fur une montagne
d'une des provinces de cet ancien
royaume. La lecture du fixieme mémoire
de M. le Beau fur la Légion Romaine ter-
-mina la féance. obog
Le prix a été remis pour l'année prochaine.
Le fujet propoſe n'ayant pas été
traité au gré de l'Académie , elle propofe
de nouveau la même queftion ; fçavoir ,
En quel tems , & par quels moyens le Paganifme
a été entierement éteint dans les Gaules.
L'Académie donnera auffi ens le
prix fondé Le
r M. le Comte de
Caylus
.
fujet confifte à déterminer , Quels font les
attributs diftinctifs qui caracteriſent Jupiter
Ammon dans les auteurs , & fur les menumens
? Quelles pouvoient être l'origine & les
·raifons de ces attributs ? avoient- ils tous éga-
·lement rapport aux dogmes de la religion
égyptienne ? ont-ils éprouvé , foit en Egypte ,
foit ailleurs , des alterations propres a fixer
à peu-près l'âge des monumens où ils font repréfentés
? Le premier de ces deux prix Tera
diftribué dans la féance publique d'après
Pâques , & le fecond dans celle d'après la
S. Martin.
De l'Académie des Infcriptions & Belles-
Lettres.
' Académie royale des Infcriptions &
Belles-Lettres fit fa rentrée publique
d'après Pâques le 8 d'Avril. Après l'annonce
des fujers propofés pour les prix de
1756 , M. l'Abbé Batteux fit la lecture d'un
mémoire , qui a pour titre Développement
de la doctrine d'Ariftippe , pour fervir d'explication
à un paffage important de la premiere
Epitre d'Horace . M. de Bougainville ,
Secrétaire perpétuel de l'Académie , lut
Ev
106 MERCURE DE FRANCE .
enfuite un mémoire , intitulé Hiftoire du
voyage d'Hannon fur les côtes d'Afrique , tirée
de fa relation éclaircie par celles des voyageurs
de Médie. M. d'Anville eft l'auteur
du troifieme mémoire qui fut lu , & qüi
regarde un monument fculpté fur une montagne
d'une des provinces de cet ancien
royaume. La lecture du fixieme mémoire
de M. le Beau fur la Légion Romaine ter-
-mina la féance. obog
Le prix a été remis pour l'année prochaine.
Le fujet propoſe n'ayant pas été
traité au gré de l'Académie , elle propofe
de nouveau la même queftion ; fçavoir ,
En quel tems , & par quels moyens le Paganifme
a été entierement éteint dans les Gaules.
L'Académie donnera auffi ens le
prix fondé Le
r M. le Comte de
Caylus
.
fujet confifte à déterminer , Quels font les
attributs diftinctifs qui caracteriſent Jupiter
Ammon dans les auteurs , & fur les menumens
? Quelles pouvoient être l'origine & les
·raifons de ces attributs ? avoient- ils tous éga-
·lement rapport aux dogmes de la religion
égyptienne ? ont-ils éprouvé , foit en Egypte ,
foit ailleurs , des alterations propres a fixer
à peu-près l'âge des monumens où ils font repréfentés
? Le premier de ces deux prix Tera
diftribué dans la féance publique d'après
Pâques , & le fecond dans celle d'après la
S. Martin.
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Résumé : SEANCE PUBLIQUE De l'Académie des Inscriptions & Belles-Lettres.
La séance publique de l'Académie royale des Inscriptions & Belles-Lettres s'est tenue le 8 avril, après Pâques. L'abbé Batteux a présenté un mémoire sur la doctrine d'Aristippe en lien avec un passage d'Horace. M. de Bougainville a ensuite exposé un mémoire sur le voyage d'Hannon sur les côtes d'Afrique, éclairé par les récits des voyageurs de Médie. M. d'Anville a lu un mémoire sur un monument sculpté dans une province d'un ancien royaume. La séance s'est conclue par la lecture d'un mémoire de M. le Beau sur la Légion Romaine. Pour l'année suivante, l'Académie a proposé deux sujets de prix. Le premier, repris car non traité à la satisfaction de l'Académie, porte sur l'extinction du paganisme dans les Gaules. Le second, fondé par M. le Comte de Caylus, vise à déterminer les attributs distinctifs de Jupiter Ammon dans les auteurs et les monuments, leur origine, et les éventuelles alterations permettant de dater les monuments. Les prix seront distribués lors des séances publiques d'après Pâques et d'après la Saint-Martin.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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2
p. 107-108
SEANCE PUBLIQUE De l'Académie royale des Sciences.
Début :
Le 9. l'Académie royale des Sciences rentra publiquement. M. de Fouchy, Secrétaire [...]
Mots clefs :
Académie royale des sciences, Prix, Constructeur des vaisseaux du roi, Navire
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texteReconnaissance textuelle : SEANCE PUBLIQUE De l'Académie royale des Sciences.
SEANCE PUBLIQUE
L
De l'Académie royale des Sciences .
E 9 l'Académie royale des Sciences rentra
publiquement . M. de Fouchy , Secrétaire
perpétuel de l'Académie , fit la lecture
de l'éloge du feu Baron Wolf , affocié
étranger. Elle fut fuivie de celle d'un
mémoire de M. de Mairan fur la balance
des Peintres , du feu Sr de Piles . M. le Roi
lut un mémoire fur l'Electricité. La féance
fut terminée par la lecture que fit M. Duhamel
de la Préface d'un ouvrage qu'il va
publier en deux volumes , fur les arbres&
arbuftes qu'on peut élever en pleine terre dans
les différentes provinces du royaume . Il doit
faire partie d'un grand traité fur les bois &
les forêts.
Le fujet du prix de cette année étoit la
maniere de diminuer , le plus qu'il eft poffible
, le roulis & le tangage d'un navire , fans
qu'il perde fenfiblement par cette diminution
- aucune des bonnes qualités que fa conftruction
doit lui donner. Ce prix a été adjugé à la
piéce Nos , qui a pour devife , per varios
ufus arfem experientia fecit. M. Chauchor ,
fous - conftructeur des vaiffeaux du Roi à
E vj
108 MERCURE DE FRANCE .
Breft , en eft l'auteur. Comme ce fujet eft
important , & qu'il peut être plus approfondi
, fur-tout par rapport au tangage ,
l'Académie le propofe une feconde fois
pour 1757 .
L
De l'Académie royale des Sciences .
E 9 l'Académie royale des Sciences rentra
publiquement . M. de Fouchy , Secrétaire
perpétuel de l'Académie , fit la lecture
de l'éloge du feu Baron Wolf , affocié
étranger. Elle fut fuivie de celle d'un
mémoire de M. de Mairan fur la balance
des Peintres , du feu Sr de Piles . M. le Roi
lut un mémoire fur l'Electricité. La féance
fut terminée par la lecture que fit M. Duhamel
de la Préface d'un ouvrage qu'il va
publier en deux volumes , fur les arbres&
arbuftes qu'on peut élever en pleine terre dans
les différentes provinces du royaume . Il doit
faire partie d'un grand traité fur les bois &
les forêts.
Le fujet du prix de cette année étoit la
maniere de diminuer , le plus qu'il eft poffible
, le roulis & le tangage d'un navire , fans
qu'il perde fenfiblement par cette diminution
- aucune des bonnes qualités que fa conftruction
doit lui donner. Ce prix a été adjugé à la
piéce Nos , qui a pour devife , per varios
ufus arfem experientia fecit. M. Chauchor ,
fous - conftructeur des vaiffeaux du Roi à
E vj
108 MERCURE DE FRANCE .
Breft , en eft l'auteur. Comme ce fujet eft
important , & qu'il peut être plus approfondi
, fur-tout par rapport au tangage ,
l'Académie le propofe une feconde fois
pour 1757 .
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Résumé : SEANCE PUBLIQUE De l'Académie royale des Sciences.
Lors d'une séance publique de l'Académie royale des Sciences, M. de Fouchy a lu l'éloge du Baron Wolf. M. de Mairan a ensuite présenté un mémoire sur la balance des Peintres, œuvre du défunt Sr de Piles. Le Roi a lu un mémoire sur l'Électricité. La séance s'est conclue par la lecture de la préface d'un ouvrage de M. Duhamel sur les arbres et arbustes cultivables en pleine terre dans les différentes provinces du royaume, destiné à faire partie d'un grand traité sur les bois et les forêts. Le sujet du prix de l'année concernait la réduction du roulis et du tangage d'un navire sans compromettre ses qualités de construction. Le prix a été attribué à M. Chauchor, sous-constructeur des vaisseaux du Roi à Brest, pour sa pièce intitulée 'per varios usus arsem experientia fecit'. En raison de l'importance du sujet, notamment en ce qui concerne le tangage, l'Académie a proposé de le soumettre à nouveau pour l'année 1757.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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3
p. 108-122
SEANCE PUBLIQUE De la Société Littéraire d'Arras.
Début :
La Société Littéraire d'Arras tint le 22 Juin une assemblée publique à l'occasion [...]
Mots clefs :
Société littéraire d'Arras, Naturaliste, Pierre, Monuments antiques, Terre, Sable, Province, Poésie, Versification
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texteReconnaissance textuelle : SEANCE PUBLIQUE De la Société Littéraire d'Arras.
SEANCE PUBLIQUE
De la Société Littéraire d'Arras.
A Société Littéraire d'Arras tint le 22
Juin une affemblée publique à l'occafion
de la réception du R. P. Lucas , Jéfuite.
Le remerciment qu'il fit à ce fujet
fervit d'introduction à un difcours fur
l'excellence de l'hiftoire naturelle , dont
l'utilité & les agrémens firent les deux objets
de fa divifion.
Pour ne pas fortir des bornes d'un extrait
, on fe contentera de rapporter ici
quelques morceaux , dont le but étoit de
prouver que l'Artois renferme une égale
abondance de curiofités naturelles & de
'monumens antiques. Voici comment le P.
Lucas s'exprima fur ce point dans l'exorde
´de fon difcours. » L'Artois , votre patrie
» & la mienne , Meffieurs , offre aux dif-
» fertations des curieux tant d'objets inté
reffans , que la nature femble avoir fe
MAI. 1755: 100
» condé vos intentions & les miennes , en
» réuniffant dans les bornes étroites de cet-
» te province tout ce qui peut être utile
» au bien public , & fatisfaire la curiofité
des Naturaliſtes. La multitude des cho-
» fes fingulieres & même uniques qui fe
préfentent , comme d'elles-mêmes , fous
» nos yeux & fous nos pas , les pierres du
» res & molles , les pierres à grains & à
» feuilles , les pétrifications de toute ef-
» pece , les cryftallifations différentes , les
» bitumes , les foufres , les eaux , les végé-
"
»
taux , les minéraux , les médailles ro-
» maines du haut & du bas Empire , les
antiquités celtiques , tout s'y trouve ,
» tout s'y offre à nos recherches ; on ne
» peut faire un pas fans fouler aux pieds
» les tréfors de l'Hiftoire naturelle & de
l'Hiftoire ancienne.
ود
Le P. L. s'étendit dans fa premiere partie
fur les fecours que le Naturaliſte procure
à l'Hiftorien , en lui fourniffant de
précieuſes antiquités , & il détailla ainſi
les découvertes de ce genre qu'il a faites
dans l'Artois . » Toutes les parties de cette
province ne femblent- elles pas fe difpu-
» ter l'honneur de perfectionner l'hiſtoire ?
» Dainville & Gouy en Artois réfervoient à
» notre fiècle , depuis plus de deux mille
ans peut-être , la découverte de douze
a10 MERCURE DE FRANCE.
.ود
tombeaux finguliers , dont l'antiquité ,
» la matiere & la figure peuvent être le fu-
» jet d'une differtation également curieuſe
» & inftructive. Les marais d'Ecourt- Saint-
Quentin , après avoir fourni long - tems
» des tourbes plus noires & plus compac-
» tes que les tourbes ordinaires , n'en pa-
» roiffent refuſer aujourd'hui à vingt pieds
» de profondeur , que pour nous décou-
» vrir d'un côté une antiquité cachée , une
» chauffée romaine , large de vingt- quatre
» pieds , dont le commencement & le ter-
» me font encore inconnus .... & d'un
» autre côté , un amas de piques , de ha-
» ches , de maffes & de diverſes armes
gauloifes & romaines . La fabliere de
» Barale , à fix lieues d'Arras , nous a confervé
depuis mille trois cens ans , fous
vingt-deux pieds de fable , des vafes ro-
» mains de différentes figures , des pate-
» res , des fympules , des jattes rondes &
polies . Arras , Recourt , Foucquieres , & c .
préfentent aux differtations des Natura-
» liſtes de nos jours , tantôt à vingt- deux
» pieds , tantôt à plus de cent pieds de pro-
» fondeur , des arbres entiers dans une
» terre tourbeufe , dont ils font noircis &
pénétrés depuis plufieurs fiècles , fans
" avoir rien perdu de leur nature combuftible
, en perdant leur couleur naturelle...
23
ور
AMA I. 1755. Ir
爆
:
Quel fonds pour des differtations fçavan-
» tes ! quelles richeffes pour l'hiftoire ana
cienne ! quel tréfor celle de cette
≫ province
pour
Le nouvel affocié traita enfuite dės diverfes
reffources que nous devons au Naruralifte
, foit pour les befoins , foit pour
les commodités de la vie. Il parla des vulnéraires
, dont mille efpéces fe trouvent
réunies fur les montagnes d'Hefdin , comme
fur celles de la Suiffe & de l'Espagne .
Il indiqua deux ou trois fources d'eaux
minérales , jufqu'ici prefque inconnues
en Artois , & plufieurs mines de fer , de
plomb , de vitriol , dont les marques caractéristiques
, qui fe rencontrent par- tout
au centre & vers les extrêmités de l'Artois ,
femblent promettre un fuccès certain aux
travaux des Entrepreneurs. N'envions
·
" point , ( dit il en parlant du plâtre )
» n'envions point , Meffieurs , aux autres
contrées cette matiere fi utile ; nous en
S❞ trouvons dans celle-ci on peut faire
:
dans l'Artois ce qu'on fait dans l'Ile de
- France : Bourlon & Carency nous donne-
»ront un plâtre plus fin que celui de -Mont-
» martre ... ! du moins la découverte nous
» annonce un heureux fuccès : l'épreuve
de la calcination & de l'humectation
l'affûrera & l'expérience le perpétuera
112 MERCURE DE FRANCE.
»pour l'honneur du Naturaliſte , & pour
» le profit de l'Artois .
Sur la fin de fon difcours le P. L. entreprit
de faire voir que le Naturaliſte fatisfait
prefque toujours fa curiofité , en
trouvant ou ce qu'il cherche , ou ce qu'il
ne cherche pas , & l'Artois & fes environs
lui fourniffent encore des preuves de cette
vérité. Vous cherchiez , dit- il , dans les
carrieres , la pofition , l'étendue , la con-
» tinuité & l'épaiffeur des couches de ter-
"re , & vous avez apperçu dans des blocs
de pierre à la carriere royale de Ronville ,
»près d'Arras , des empreintes & des lits.
>> entiers de coquillages ; dans celle de
» Saint Vaaft , à la porte d'Amiens , dės
99
globes de matiere minérale , dont tous
» les rayons partent du point central , &
» aboutiffent à une circonférence inégale
»& champignoneufe ; & dans celles de
» Berles , à quatre lieues d'Arras , & de
» Saint Pol , à fept lieues de cette ville , des
» huîtres pétrifiées & des marcaffites de
plufieurs efpeces. Vous cherchiez dans
» des coquilles pétrifiées l'ouvrage des in-
» fectes marins confervé dans des carrie-
»res profondes depuis le déluge général ;
» & vous trouvez dans des monumens
antiques , ou l'ouvrage des premiers
» Gaulois , ou celui des anciens Romains...
""
"2
M A I.
1755. 11}
Vous cherchiez à Méricourt , à vingtquatre
pieds de profondeur , quelle eft
la couche de terre ou de gravier où finît
la matiere tourbeufe des marais , & la
» Drague *vous a rapporté différens fruits,
» des noix , des noifettes , dont la coque
» s'eft confervée entiere & folide pendant
» des milliers d'années .... Vous cherchiez
» dans les fontaines des fimples aquatiques,
& des roſeaux pétrifiés fe font offerts à
» vos yeux dans celle d'Albert fur les confins
de cette province .... Vous faifiez
» creufer les terres de Flers pour en exami
ner les différentes couches , & vous y
» avez déterré un amas confidérable de
> médailles romaines bien confervées , &
» réunies dans des vafes de terre dure &
folide .... Vous cherchiez près de Bou-
» chain des fources peu profondes , & vous
» avez tiré de la terre des monnoies farra-
» zines qui ont enrichi votre cabinet ……….
» Vous cherchiez dans les campagnes de
l'Abbaye de Dommartin des échinites
marins changés en cailloux , & avec quel
agréable étonnement vos yeux y ont
» trouvé des monnoies celtiques de fer ! ...
»Vous faifiez jetter les fondemens d'une
" Eglife paroiffiale à Gouy en Artois , &
* Inftrument pour tirer la terre à tourbe.
114 MERCURE DE FRANCE .
cette terre autrefois fanctifiée par de
pareilles fondations , vous a offert des
» médailles françoifes auffi curieuſes &
» inftructives qu'elles font antiques &
"
3 rares.
M. Leroux , Directeur , répondit au
Pere Lucas , & lui dit entr'autres chofes :
» Nous croyons comme vous , mon Révé-
» rend Pere , que la connoiffance de l'hiſtoi-
» re naturelle a toute l'utilité & les agré-
»mens qui peuvent attacher l'honnête
» homme : on ne peut rien ajoûter aux
❞preuves que vous avez fçu rendre fi inté-
» reffantes : on reconnoît avec plaifir que
» vous ne trouvez rien qui foit trop fé-
» rieux pour vos amuſemens , quand vous
» croyez pouvoir les faire fervir à éclairer
» vos compatriotes .... Hâtez - vous , mon
» R. Pere , de leur faire part des recherches
fçavantes que vous leur annoncez.;
» empreffez - vous à leur développer ces
» phénomenes qui ont bien pu arrêter pour
quelques momens leur attention , mais
dont il ne paroît pas qu'ils ayent fçu juſ-
» qu'aujourd'hui pénétrer la fource , ou
» démêler les avantages ; dirigez leur contemplation
: ouvrez - leur la terre qu'ils
habitent ; expliquez -leur comment , depuis
le déluge , elle n'eft qu'une maffe
formée d'un affemblage de mille chofes ,
C
99
ود
99
MATI 1755
९
و د
qui paroiffant déplacées dans fon fein ,
ne femblent offrir que des conjectures
fur les caufes de ce mêlange étonnant.
Placé avec eux comme dans un monde
»fouterrein , montrez-leur que c'eſt ſou-
» vent là que fe trouve l'origine de ces
changemens qui nous arrivent à nous-
» mêmes , ou aux autres, corps qui font fur
la furface de la terre ; dites-leur ce qu'ils
In doivent penfer des fontaines , des rivieres
, des vapeurs , de la formation & de
l'accroiffement des animaux & des végétaux
; en un mot , de toutes les merveil-
» les qui peuvent échapper à leurs lumieres
, ou réfifter à leur entendement. <
¡ M. Enlard de Grandval lur des remarques
fur les difficultés de la verfification
françoife . Il fit voir que ces difficultés réfultoient
principalement de la multitude
des articles , des pronoms , de certaines
prépofitions & conjonctions , des verbes
auxiliaires fouvent doublés. » Toutes cho-
>>> fes qui ne peignent rien , mais qui rempliffent
en partie la mefure , & y tien-
» nent la place d'autres mots qui exprime-
. . و ر
C
roient un fentiment , ou une image , uni-
» ques refforts du nerfpoëtique. » Il fit encore
obferver que le défaut d'élifion dans
les voyelles , excepté le muet , excluoit ła
rencontre d'une infinité de mots , qui ne
16 MERCURE DE FRANCE.
pouvoient plus fe trouver enfemble dan's
notre poëfie ; que notre profodie , quoique
peu marquée , exigeoit des attentions trèsdélicates
, parce que trop de breves ou de
longues dans un vers , le rendoient défectueux
; que non feulement la quantité des
fyllabes , mais encore leurs fons qui doivent
être variés , & le choix des rimes ,
qui , quoique différentes entr'elles , font
cependant monotones & choquantes quand
elles roulent de fuite fur une même voyelle
, en rendoient l'arrangement très- difficile.
Ce qu'il y a de pis , ajoûta M. de
» G. eft que nous n'avons fur cela aucune
régle qui puiffe nous gouverner ; la li-
» berté même fait le danger : rien de fi
borné que les préceptes de notre poëfie ,
rien de fi embarraſſant que l'exécution .
» Le choix des fyllabes breves ou longues ,
» celui des rimes & des fons eft purement
و د
ود
""
arbitraire ; il ne dépend que du goût dự
» Verfificateur ; mais combien ce goût
» doit- il être fûr & exercé pour ne s'y pas
méprendre , & qu'il eft rare de l'avoir
» tel !..... Les autres nations ont pour
»la poëfie un langage à part , une langue
» des Dieux : nous retenons la nôtre dans
» toutes fes entraves ; nul écart de la Gram-
» maire , nulle licence n'y eft permiſe . Les
figures , la métaphore font l'ame de la
MA 1. 1755. 117
poëfie , nous en exigeons fans doute , &
nous prétendons que le Poëte nous anime
, nous éleve , nous échauffe , mais
» à condition que l'art fe cache avec foin ,
& que l'enthoufiafme ne s'éloigne pas
trop du langage naturel . Peuple léger ,
vif & capricieux , nous voulons que la
fageffe regne jufques dans la fureur poë-
" tique ! &c.
M. le Chevalier de Vauclaire récita
deux pieces de poësie morale , imitées des
vers de Bocce , fur la confolation philofophique.
L'on termina cette féance par
un mémoire que M. Dupré d'Aulnay ,
membre de la Société littéraire de Châlons
en Champagne , avoit envoyé pour
tribut à celle d'Arras , à laquelle il eft
aggrégé depuis peu , comme affocié externe.
Ce mémoire confiftoit en des obfervations
phyfiques fur le fel marin , pour
réfuter les conjectures de M. R. P. V. J.
au fujet d'un ouvrage imprimé dans un
recueil de l'Académie de la Rochelle.
Nous apprenons que depuis la féance
publique dont on vient de rendre compte
, la Société littéraire d'Arras en a encore
tenu deux autres , le 26 Octobre
1754, & le 15 Mars dernier. Voici la
lifte des pièces qui ont rempli ces nouvelles
féances...
118 MERCURE DE FRANCE.
Effai fur la néceffité & l'utilité des rew
cherches de monumens antiques & de médailles
dans la province d'Artois , relative
ment à l'histoire du pays , par M. Camp. x
2 Obfervations fur l'origine & les étymolo
gies de plufieurs noms de lieux anciens fitues
en Artois ; par le même .
Remerciment de M. Foacier de Ruzé ,
nouvel Affocié , auquel M. Camp a tépondu
en qualité de Directeur.
A
Difcours de M. Brunel , Avocat , Chan
celier de la Société , dont l'objet étoit de
prouver combien le mépris de la littérature
nuit au bien public.
Suite du mémoire hiftorique , lû par M.
Harduin , à l'affemblée du 3o Mars 1754 ,
contenant la relation des cérémonies qui
fe pratiquoient dans la ville d'Arras , fous
les Ducs de Bourgogne de la feconde race ,
aux entrées folemnelles de ces Princes &
des Rois de France leurs Souverains .
Effai hiftorique fur l'origine de la langue
françoife , par M. Enlart de Grandval ,
qui avoit donné le difcours préliminaire
de cet ouvrage à la féance du 30 Mars
1754.
Obfervations phyfiques du R. P. Lucas ,
fur les découvertes qu'on a faites en creufant
le lit du nouveau canal qui doit for--
mer une communication entre la riviero
MAI. 119
1755.
d'Aa & la Lis , dont les travaux ont été
commencés en 1753 , à trois quarts de
lieue de Saint - Omer , par l'ouverture dè
la montagne des Fontinettes.
Pour procéder avec ordre , le P. L. a
divifé fa differtation en quatre articles.
Il expofe dans le premier , quelle eft la
matiere , la couleur , la fituation , l'épaiffeur
& le nombre des différentes couches
qu'on a coupées dans la montagne
des Fontinettes. En parlant de la derniere
couche de glaife , il rapporte les expériences
qu'il a multipliées , pour fe convaincre
par les yeux que l'origine des fontaines
& des rivieres doit être attribuée aux
brouillards , à la rofée , à l'eau de pluie ,
&c. & il réfute les autres fyftêmes qu'on a
imaginés à cet égard. Il ajoute quelques
réflexions fur les couches de fable qu'on
á découvertes dans la montagne , du côté
du village d'Arques ; il obferve que les
grains de ce fable , qui eft vitrifiable , font
plus gros que ceux du fable ordinaire des
fablieres d'Artois , & que la plupart de
ces grains font taillés à fix pans , qui aboutiffent
à une pointe commune ; ce qui
pourroit faire conjecturer que ce font de
petites primes de cryſtal , femblables à celles
des cryftaux colorés & non colorés
de Suiffe , de Portugal , &c.
120 MERCURE DE FRANCE.
2
Dans le fecond article , le P. L. diftingue
deux efpéces tout à fait différentes de
minéraux , trouvées dans les mêmes fouilles
, à vingt- cinq pieds de profondeur. La.
premiere efpéce eſt une matiere lourde
jaune & brillante , qui paroît métallique
au premier coup d'oeil , mais qui ne l'eft
Il pas. prouve que plufieurs de ces fragmens
minéraux ont été autrefois de vrai
bois , dont ils confervent encore les fibres
ligneufes , les noeuds convexes & concayes
, les racines & les branches naiſlantes .
Il explique comment une métamorphofe
auffi finguliere a pû fe faire , comment ce
bois a changé de nature , fans changer de
configuration extérieure , & fur-tout comment
il peut fe rencontrer dans le fein
d'une montagne , dont la formation n'a
point d'époque connue , & paroît être de
la plus haute antiquité. Il paffe enfuite à
la décompofition qu'il a faite de ce bois
minéralife ; & après avoir prouvé qu'on
n'y reconnoît pas les qualités d'un métal ,
il conclut que c'eft un foufre minéral २
mêlé de quelques parties de fel neutre ,
& d'une grande partie de terre.
Le fecond minéral eft une matiere
talqueufe & tranſparente , compofée de
feuilles prefque infiniment minces , appliquées
& collées les unes fur les autres ,
de
MAI. 1755. 121
1
de maniere que ce grand nombre de couches
ne diminue point la tranfparence de
la maffe continue , & n'interrompt point la
direction des rayons de lumiere qui y
paffent en ligne droite prefque aufli aifément
que dans le verre . Ces morceaux
talqueux forment dans la glaiſe des étoiles
en tout fens , dont les rayons divergens partent
d'un centre commun , qui n'eft qu'un
point , ou plutôt qui n'eft formé que par
les pointes inférieures des rayons mêmes ,
qui y aboutiffent & s'y réuniffent tous en
un feul point. Le P. L. décrit leur figure
extérieure & leurs différentes dimenfions ;
& après avoir montré pourquoi quelquesuns
de ces rayons paroiffent entés les uns
fur les autres , il s'attache à expliquer la
formation finguliere des épis de folle
avoine qu'on y remarque diftinctement, &
qui s'étendent dans le fein & felon la longueur
de chaque rayon . Il foutient que
cette matiere talqueufe , bien broyée &
bien pilée , eft préférable au tripoli & au
foufre pour les maftics fins , & qu'elle peut
fervir à blanchir l'argent quand elle a été
calcinée dans le creufet , & réduite en poudre
impalpable. Il explique enfin comment
cette matiere paroît vitrefcible dans
l'eau forte , où elle ne fe diffout point ,
& femble cependant fe calciner dans un
F
22 MERCURE DE FRANCE.
grand feu , où elle ne fe vitrifie pas.
Le P. L. a détaillé , dans le troifiéme
article , les indices qui paroiffent annoncer
aux environs du nouveau canal quelques
mines de plomb , à une plus grande
profondeur. Il a remis à une autre féance
le quatrième article , dans lequel il parlera
des divers fragmens de végétaux & de parties
animales qui ont été trouvées dans les
couches de fable , vers l'endroit où l'on a
commencé l'excavation du canal.
De la Société Littéraire d'Arras.
A Société Littéraire d'Arras tint le 22
Juin une affemblée publique à l'occafion
de la réception du R. P. Lucas , Jéfuite.
Le remerciment qu'il fit à ce fujet
fervit d'introduction à un difcours fur
l'excellence de l'hiftoire naturelle , dont
l'utilité & les agrémens firent les deux objets
de fa divifion.
Pour ne pas fortir des bornes d'un extrait
, on fe contentera de rapporter ici
quelques morceaux , dont le but étoit de
prouver que l'Artois renferme une égale
abondance de curiofités naturelles & de
'monumens antiques. Voici comment le P.
Lucas s'exprima fur ce point dans l'exorde
´de fon difcours. » L'Artois , votre patrie
» & la mienne , Meffieurs , offre aux dif-
» fertations des curieux tant d'objets inté
reffans , que la nature femble avoir fe
MAI. 1755: 100
» condé vos intentions & les miennes , en
» réuniffant dans les bornes étroites de cet-
» te province tout ce qui peut être utile
» au bien public , & fatisfaire la curiofité
des Naturaliſtes. La multitude des cho-
» fes fingulieres & même uniques qui fe
préfentent , comme d'elles-mêmes , fous
» nos yeux & fous nos pas , les pierres du
» res & molles , les pierres à grains & à
» feuilles , les pétrifications de toute ef-
» pece , les cryftallifations différentes , les
» bitumes , les foufres , les eaux , les végé-
"
»
taux , les minéraux , les médailles ro-
» maines du haut & du bas Empire , les
antiquités celtiques , tout s'y trouve ,
» tout s'y offre à nos recherches ; on ne
» peut faire un pas fans fouler aux pieds
» les tréfors de l'Hiftoire naturelle & de
l'Hiftoire ancienne.
ود
Le P. L. s'étendit dans fa premiere partie
fur les fecours que le Naturaliſte procure
à l'Hiftorien , en lui fourniffant de
précieuſes antiquités , & il détailla ainſi
les découvertes de ce genre qu'il a faites
dans l'Artois . » Toutes les parties de cette
province ne femblent- elles pas fe difpu-
» ter l'honneur de perfectionner l'hiſtoire ?
» Dainville & Gouy en Artois réfervoient à
» notre fiècle , depuis plus de deux mille
ans peut-être , la découverte de douze
a10 MERCURE DE FRANCE.
.ود
tombeaux finguliers , dont l'antiquité ,
» la matiere & la figure peuvent être le fu-
» jet d'une differtation également curieuſe
» & inftructive. Les marais d'Ecourt- Saint-
Quentin , après avoir fourni long - tems
» des tourbes plus noires & plus compac-
» tes que les tourbes ordinaires , n'en pa-
» roiffent refuſer aujourd'hui à vingt pieds
» de profondeur , que pour nous décou-
» vrir d'un côté une antiquité cachée , une
» chauffée romaine , large de vingt- quatre
» pieds , dont le commencement & le ter-
» me font encore inconnus .... & d'un
» autre côté , un amas de piques , de ha-
» ches , de maffes & de diverſes armes
gauloifes & romaines . La fabliere de
» Barale , à fix lieues d'Arras , nous a confervé
depuis mille trois cens ans , fous
vingt-deux pieds de fable , des vafes ro-
» mains de différentes figures , des pate-
» res , des fympules , des jattes rondes &
polies . Arras , Recourt , Foucquieres , & c .
préfentent aux differtations des Natura-
» liſtes de nos jours , tantôt à vingt- deux
» pieds , tantôt à plus de cent pieds de pro-
» fondeur , des arbres entiers dans une
» terre tourbeufe , dont ils font noircis &
pénétrés depuis plufieurs fiècles , fans
" avoir rien perdu de leur nature combuftible
, en perdant leur couleur naturelle...
23
ور
AMA I. 1755. Ir
爆
:
Quel fonds pour des differtations fçavan-
» tes ! quelles richeffes pour l'hiftoire ana
cienne ! quel tréfor celle de cette
≫ province
pour
Le nouvel affocié traita enfuite dės diverfes
reffources que nous devons au Naruralifte
, foit pour les befoins , foit pour
les commodités de la vie. Il parla des vulnéraires
, dont mille efpéces fe trouvent
réunies fur les montagnes d'Hefdin , comme
fur celles de la Suiffe & de l'Espagne .
Il indiqua deux ou trois fources d'eaux
minérales , jufqu'ici prefque inconnues
en Artois , & plufieurs mines de fer , de
plomb , de vitriol , dont les marques caractéristiques
, qui fe rencontrent par- tout
au centre & vers les extrêmités de l'Artois ,
femblent promettre un fuccès certain aux
travaux des Entrepreneurs. N'envions
·
" point , ( dit il en parlant du plâtre )
» n'envions point , Meffieurs , aux autres
contrées cette matiere fi utile ; nous en
S❞ trouvons dans celle-ci on peut faire
:
dans l'Artois ce qu'on fait dans l'Ile de
- France : Bourlon & Carency nous donne-
»ront un plâtre plus fin que celui de -Mont-
» martre ... ! du moins la découverte nous
» annonce un heureux fuccès : l'épreuve
de la calcination & de l'humectation
l'affûrera & l'expérience le perpétuera
112 MERCURE DE FRANCE.
»pour l'honneur du Naturaliſte , & pour
» le profit de l'Artois .
Sur la fin de fon difcours le P. L. entreprit
de faire voir que le Naturaliſte fatisfait
prefque toujours fa curiofité , en
trouvant ou ce qu'il cherche , ou ce qu'il
ne cherche pas , & l'Artois & fes environs
lui fourniffent encore des preuves de cette
vérité. Vous cherchiez , dit- il , dans les
carrieres , la pofition , l'étendue , la con-
» tinuité & l'épaiffeur des couches de ter-
"re , & vous avez apperçu dans des blocs
de pierre à la carriere royale de Ronville ,
»près d'Arras , des empreintes & des lits.
>> entiers de coquillages ; dans celle de
» Saint Vaaft , à la porte d'Amiens , dės
99
globes de matiere minérale , dont tous
» les rayons partent du point central , &
» aboutiffent à une circonférence inégale
»& champignoneufe ; & dans celles de
» Berles , à quatre lieues d'Arras , & de
» Saint Pol , à fept lieues de cette ville , des
» huîtres pétrifiées & des marcaffites de
plufieurs efpeces. Vous cherchiez dans
» des coquilles pétrifiées l'ouvrage des in-
» fectes marins confervé dans des carrie-
»res profondes depuis le déluge général ;
» & vous trouvez dans des monumens
antiques , ou l'ouvrage des premiers
» Gaulois , ou celui des anciens Romains...
""
"2
M A I.
1755. 11}
Vous cherchiez à Méricourt , à vingtquatre
pieds de profondeur , quelle eft
la couche de terre ou de gravier où finît
la matiere tourbeufe des marais , & la
» Drague *vous a rapporté différens fruits,
» des noix , des noifettes , dont la coque
» s'eft confervée entiere & folide pendant
» des milliers d'années .... Vous cherchiez
» dans les fontaines des fimples aquatiques,
& des roſeaux pétrifiés fe font offerts à
» vos yeux dans celle d'Albert fur les confins
de cette province .... Vous faifiez
» creufer les terres de Flers pour en exami
ner les différentes couches , & vous y
» avez déterré un amas confidérable de
> médailles romaines bien confervées , &
» réunies dans des vafes de terre dure &
folide .... Vous cherchiez près de Bou-
» chain des fources peu profondes , & vous
» avez tiré de la terre des monnoies farra-
» zines qui ont enrichi votre cabinet ……….
» Vous cherchiez dans les campagnes de
l'Abbaye de Dommartin des échinites
marins changés en cailloux , & avec quel
agréable étonnement vos yeux y ont
» trouvé des monnoies celtiques de fer ! ...
»Vous faifiez jetter les fondemens d'une
" Eglife paroiffiale à Gouy en Artois , &
* Inftrument pour tirer la terre à tourbe.
114 MERCURE DE FRANCE .
cette terre autrefois fanctifiée par de
pareilles fondations , vous a offert des
» médailles françoifes auffi curieuſes &
» inftructives qu'elles font antiques &
"
3 rares.
M. Leroux , Directeur , répondit au
Pere Lucas , & lui dit entr'autres chofes :
» Nous croyons comme vous , mon Révé-
» rend Pere , que la connoiffance de l'hiſtoi-
» re naturelle a toute l'utilité & les agré-
»mens qui peuvent attacher l'honnête
» homme : on ne peut rien ajoûter aux
❞preuves que vous avez fçu rendre fi inté-
» reffantes : on reconnoît avec plaifir que
» vous ne trouvez rien qui foit trop fé-
» rieux pour vos amuſemens , quand vous
» croyez pouvoir les faire fervir à éclairer
» vos compatriotes .... Hâtez - vous , mon
» R. Pere , de leur faire part des recherches
fçavantes que vous leur annoncez.;
» empreffez - vous à leur développer ces
» phénomenes qui ont bien pu arrêter pour
quelques momens leur attention , mais
dont il ne paroît pas qu'ils ayent fçu juſ-
» qu'aujourd'hui pénétrer la fource , ou
» démêler les avantages ; dirigez leur contemplation
: ouvrez - leur la terre qu'ils
habitent ; expliquez -leur comment , depuis
le déluge , elle n'eft qu'une maffe
formée d'un affemblage de mille chofes ,
C
99
ود
99
MATI 1755
९
و د
qui paroiffant déplacées dans fon fein ,
ne femblent offrir que des conjectures
fur les caufes de ce mêlange étonnant.
Placé avec eux comme dans un monde
»fouterrein , montrez-leur que c'eſt ſou-
» vent là que fe trouve l'origine de ces
changemens qui nous arrivent à nous-
» mêmes , ou aux autres, corps qui font fur
la furface de la terre ; dites-leur ce qu'ils
In doivent penfer des fontaines , des rivieres
, des vapeurs , de la formation & de
l'accroiffement des animaux & des végétaux
; en un mot , de toutes les merveil-
» les qui peuvent échapper à leurs lumieres
, ou réfifter à leur entendement. <
¡ M. Enlard de Grandval lur des remarques
fur les difficultés de la verfification
françoife . Il fit voir que ces difficultés réfultoient
principalement de la multitude
des articles , des pronoms , de certaines
prépofitions & conjonctions , des verbes
auxiliaires fouvent doublés. » Toutes cho-
>>> fes qui ne peignent rien , mais qui rempliffent
en partie la mefure , & y tien-
» nent la place d'autres mots qui exprime-
. . و ر
C
roient un fentiment , ou une image , uni-
» ques refforts du nerfpoëtique. » Il fit encore
obferver que le défaut d'élifion dans
les voyelles , excepté le muet , excluoit ła
rencontre d'une infinité de mots , qui ne
16 MERCURE DE FRANCE.
pouvoient plus fe trouver enfemble dan's
notre poëfie ; que notre profodie , quoique
peu marquée , exigeoit des attentions trèsdélicates
, parce que trop de breves ou de
longues dans un vers , le rendoient défectueux
; que non feulement la quantité des
fyllabes , mais encore leurs fons qui doivent
être variés , & le choix des rimes ,
qui , quoique différentes entr'elles , font
cependant monotones & choquantes quand
elles roulent de fuite fur une même voyelle
, en rendoient l'arrangement très- difficile.
Ce qu'il y a de pis , ajoûta M. de
» G. eft que nous n'avons fur cela aucune
régle qui puiffe nous gouverner ; la li-
» berté même fait le danger : rien de fi
borné que les préceptes de notre poëfie ,
rien de fi embarraſſant que l'exécution .
» Le choix des fyllabes breves ou longues ,
» celui des rimes & des fons eft purement
و د
ود
""
arbitraire ; il ne dépend que du goût dự
» Verfificateur ; mais combien ce goût
» doit- il être fûr & exercé pour ne s'y pas
méprendre , & qu'il eft rare de l'avoir
» tel !..... Les autres nations ont pour
»la poëfie un langage à part , une langue
» des Dieux : nous retenons la nôtre dans
» toutes fes entraves ; nul écart de la Gram-
» maire , nulle licence n'y eft permiſe . Les
figures , la métaphore font l'ame de la
MA 1. 1755. 117
poëfie , nous en exigeons fans doute , &
nous prétendons que le Poëte nous anime
, nous éleve , nous échauffe , mais
» à condition que l'art fe cache avec foin ,
& que l'enthoufiafme ne s'éloigne pas
trop du langage naturel . Peuple léger ,
vif & capricieux , nous voulons que la
fageffe regne jufques dans la fureur poë-
" tique ! &c.
M. le Chevalier de Vauclaire récita
deux pieces de poësie morale , imitées des
vers de Bocce , fur la confolation philofophique.
L'on termina cette féance par
un mémoire que M. Dupré d'Aulnay ,
membre de la Société littéraire de Châlons
en Champagne , avoit envoyé pour
tribut à celle d'Arras , à laquelle il eft
aggrégé depuis peu , comme affocié externe.
Ce mémoire confiftoit en des obfervations
phyfiques fur le fel marin , pour
réfuter les conjectures de M. R. P. V. J.
au fujet d'un ouvrage imprimé dans un
recueil de l'Académie de la Rochelle.
Nous apprenons que depuis la féance
publique dont on vient de rendre compte
, la Société littéraire d'Arras en a encore
tenu deux autres , le 26 Octobre
1754, & le 15 Mars dernier. Voici la
lifte des pièces qui ont rempli ces nouvelles
féances...
118 MERCURE DE FRANCE.
Effai fur la néceffité & l'utilité des rew
cherches de monumens antiques & de médailles
dans la province d'Artois , relative
ment à l'histoire du pays , par M. Camp. x
2 Obfervations fur l'origine & les étymolo
gies de plufieurs noms de lieux anciens fitues
en Artois ; par le même .
Remerciment de M. Foacier de Ruzé ,
nouvel Affocié , auquel M. Camp a tépondu
en qualité de Directeur.
A
Difcours de M. Brunel , Avocat , Chan
celier de la Société , dont l'objet étoit de
prouver combien le mépris de la littérature
nuit au bien public.
Suite du mémoire hiftorique , lû par M.
Harduin , à l'affemblée du 3o Mars 1754 ,
contenant la relation des cérémonies qui
fe pratiquoient dans la ville d'Arras , fous
les Ducs de Bourgogne de la feconde race ,
aux entrées folemnelles de ces Princes &
des Rois de France leurs Souverains .
Effai hiftorique fur l'origine de la langue
françoife , par M. Enlart de Grandval ,
qui avoit donné le difcours préliminaire
de cet ouvrage à la féance du 30 Mars
1754.
Obfervations phyfiques du R. P. Lucas ,
fur les découvertes qu'on a faites en creufant
le lit du nouveau canal qui doit for--
mer une communication entre la riviero
MAI. 119
1755.
d'Aa & la Lis , dont les travaux ont été
commencés en 1753 , à trois quarts de
lieue de Saint - Omer , par l'ouverture dè
la montagne des Fontinettes.
Pour procéder avec ordre , le P. L. a
divifé fa differtation en quatre articles.
Il expofe dans le premier , quelle eft la
matiere , la couleur , la fituation , l'épaiffeur
& le nombre des différentes couches
qu'on a coupées dans la montagne
des Fontinettes. En parlant de la derniere
couche de glaife , il rapporte les expériences
qu'il a multipliées , pour fe convaincre
par les yeux que l'origine des fontaines
& des rivieres doit être attribuée aux
brouillards , à la rofée , à l'eau de pluie ,
&c. & il réfute les autres fyftêmes qu'on a
imaginés à cet égard. Il ajoute quelques
réflexions fur les couches de fable qu'on
á découvertes dans la montagne , du côté
du village d'Arques ; il obferve que les
grains de ce fable , qui eft vitrifiable , font
plus gros que ceux du fable ordinaire des
fablieres d'Artois , & que la plupart de
ces grains font taillés à fix pans , qui aboutiffent
à une pointe commune ; ce qui
pourroit faire conjecturer que ce font de
petites primes de cryſtal , femblables à celles
des cryftaux colorés & non colorés
de Suiffe , de Portugal , &c.
120 MERCURE DE FRANCE.
2
Dans le fecond article , le P. L. diftingue
deux efpéces tout à fait différentes de
minéraux , trouvées dans les mêmes fouilles
, à vingt- cinq pieds de profondeur. La.
premiere efpéce eſt une matiere lourde
jaune & brillante , qui paroît métallique
au premier coup d'oeil , mais qui ne l'eft
Il pas. prouve que plufieurs de ces fragmens
minéraux ont été autrefois de vrai
bois , dont ils confervent encore les fibres
ligneufes , les noeuds convexes & concayes
, les racines & les branches naiſlantes .
Il explique comment une métamorphofe
auffi finguliere a pû fe faire , comment ce
bois a changé de nature , fans changer de
configuration extérieure , & fur-tout comment
il peut fe rencontrer dans le fein
d'une montagne , dont la formation n'a
point d'époque connue , & paroît être de
la plus haute antiquité. Il paffe enfuite à
la décompofition qu'il a faite de ce bois
minéralife ; & après avoir prouvé qu'on
n'y reconnoît pas les qualités d'un métal ,
il conclut que c'eft un foufre minéral २
mêlé de quelques parties de fel neutre ,
& d'une grande partie de terre.
Le fecond minéral eft une matiere
talqueufe & tranſparente , compofée de
feuilles prefque infiniment minces , appliquées
& collées les unes fur les autres ,
de
MAI. 1755. 121
1
de maniere que ce grand nombre de couches
ne diminue point la tranfparence de
la maffe continue , & n'interrompt point la
direction des rayons de lumiere qui y
paffent en ligne droite prefque aufli aifément
que dans le verre . Ces morceaux
talqueux forment dans la glaiſe des étoiles
en tout fens , dont les rayons divergens partent
d'un centre commun , qui n'eft qu'un
point , ou plutôt qui n'eft formé que par
les pointes inférieures des rayons mêmes ,
qui y aboutiffent & s'y réuniffent tous en
un feul point. Le P. L. décrit leur figure
extérieure & leurs différentes dimenfions ;
& après avoir montré pourquoi quelquesuns
de ces rayons paroiffent entés les uns
fur les autres , il s'attache à expliquer la
formation finguliere des épis de folle
avoine qu'on y remarque diftinctement, &
qui s'étendent dans le fein & felon la longueur
de chaque rayon . Il foutient que
cette matiere talqueufe , bien broyée &
bien pilée , eft préférable au tripoli & au
foufre pour les maftics fins , & qu'elle peut
fervir à blanchir l'argent quand elle a été
calcinée dans le creufet , & réduite en poudre
impalpable. Il explique enfin comment
cette matiere paroît vitrefcible dans
l'eau forte , où elle ne fe diffout point ,
& femble cependant fe calciner dans un
F
22 MERCURE DE FRANCE.
grand feu , où elle ne fe vitrifie pas.
Le P. L. a détaillé , dans le troifiéme
article , les indices qui paroiffent annoncer
aux environs du nouveau canal quelques
mines de plomb , à une plus grande
profondeur. Il a remis à une autre féance
le quatrième article , dans lequel il parlera
des divers fragmens de végétaux & de parties
animales qui ont été trouvées dans les
couches de fable , vers l'endroit où l'on a
commencé l'excavation du canal.
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Résumé : SEANCE PUBLIQUE De la Société Littéraire d'Arras.
Le 22 juin 1755, la Société Littéraire d'Arras organisa une séance publique pour accueillir le Père Lucas, jésuite, qui prononça un discours sur l'excellence de l'histoire naturelle. Il souligna l'utilité et les agréments de cette discipline, mettant en avant l'abondance des curiosités naturelles et des monuments antiques en Artois. Le Père Lucas détailla plusieurs découvertes, telles que des tombeaux anciens à Dainville et Gouy, des vestiges romains dans les marais d'Ecourt-Saint-Quentin, et des artefacts gaulois et romains dans la sablière de Baralle. Il mentionna également des arbres fossilisés à Arras, Recourt, et Fouquières, ainsi que diverses ressources naturelles comme des plantes médicinales, des sources d'eau minérale, et des mines de fer, plomb, et vitriol. Dans la deuxième partie de son discours, le Père Lucas expliqua comment les naturalistes contribuent à l'histoire en fournissant des antiquités précieuses. Il illustra cela par des exemples de découvertes faites en Artois, comme des empreintes de coquillages, des globes minéraux, et des médailles romaines. M. Leroux, Directeur de la Société, répondit en soulignant l'importance de la connaissance de l'histoire naturelle pour éclairer les compatriotes. M. Enlard de Grandval fit des remarques sur les difficultés de la versification française, tandis que le Chevalier de Vauclaire récita des poèmes moraux. La séance se conclut par la lecture d'un mémoire de M. Dupré d'Aulnay sur le sel marin, réfutant des conjectures de M. R. P. V. J. Le Père Lucas a également structuré ses observations sur les découvertes faites lors du creusement du lit d'un nouveau canal entre la rivière d'Aa et la Lis, près de Saint-Omer, en quatre articles. Dans le premier article, il décrit les différentes couches de matière trouvées dans la montagne des Fontinettes, discutant de l'origine des fontaines et des rivières, et observant des couches de sable vitrifiable près d'Arques. Le deuxième article distingue deux types de minéraux trouvés à vingt-cinq pieds de profondeur : un bois fossilisé transformé en soufre minéral et une matière talqueuse et transparente utilisée dans les mastics fins et pour blanchir l'argent. Le troisième article mentionne des indices de mines de plomb à une plus grande profondeur. Le quatrième article, non détaillé dans le texte, traitera des divers fragments de végétaux et de parties animales trouvés dans les couches de sable.
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