Résultats : 6 texte(s)
Détail
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1
p. 177
OPERA.
Début :
L'Académie royale de musique a fermé son théatre le 15 Mars par Castor & [...]
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texteReconnaissance textuelle : OPERA.
OPERA.
114
'Académie royale de mufique a fermé
L for theatre le 15 Mars par Caftor &
Pollux , Tragédie qu'elle a donnée trois
fois pour les acteurs. Elle avoit repréſenté
la veille Thefée qu'elle continuera après
Pâques.
114
'Académie royale de mufique a fermé
L for theatre le 15 Mars par Caftor &
Pollux , Tragédie qu'elle a donnée trois
fois pour les acteurs. Elle avoit repréſenté
la veille Thefée qu'elle continuera après
Pâques.
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2
p. 177-178
COMEDIE FRANÇOISE.
Début :
Le premier Mars les Comédiens François ont donné la premiere représentation [...]
Mots clefs :
Comédiens-Français
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texteReconnaissance textuelle : COMEDIE FRANÇOISE.
COMEDIE FRANÇOISE.
E premier Mars les Comédiens Fran
çois ont donné la premiere repréfentation
de Philoctete , tragédie de M. de
Châteaubrun , auteur des Troyennes . On
n'a point vû depuis long- tems de piéce
mieux jouée , ni de fuccès plus unanime
& mieux mérité ; il eft d'autant plus glorieux
pour l'auteur , qu'on peut appeller
fa tragédie la difficulté vaincue. Pour nous
intéreffer avec un fujet fi fimple & fi
étranger à nos moeurs , il falloit créer ; c'é-
Hy
•
178 MERCURE DE FRANCE.
toit le comble de l'art ; M. de Châteaubrun
y eft parvenu fans s'écarter de Sophacle.
Son triomphe eft celui des anciens ;
en les embellifant il ne les a point déguifés
, il les a rendus dans cette beauté
fimple qui les caractériſe , & qui ne perd
jamais fes droits fur les coeurs : elle eft intéreffante
dans tous les tems , & même
dans les lieux où la mode a le plus d'autorité
Philoctete en eft la preuve ; dès
qu'il a paru , il a réuni tous les fuffrages.
Ce qu'il y a de plus eftimable dans
M. de Châteaubrun , les maximes qu'il
met dans la bouche de fes héros font toujours
dictées par la vertu , & les fentimens
qui regnent dans fa piéce font puifés dans
l'humanité , dont on peut dire fans flaterie
qu'il eft le poëte.
Le 15 , les Comédiens ont fermé leur
fpectacle par la feptiéme repréſentation de
cette tragédie , avec un grand concours ;
nous en parlerons plus au long à fa reprife
. Nous ofons avancer , d'après le fentiment
général , qu'elle est faite pour ouvrir
non feulement le théatre avec gloire ,
mais pour y refter avec diftinction .
M. de Bellecourt a fait le compliment
au gré du public.
E premier Mars les Comédiens Fran
çois ont donné la premiere repréfentation
de Philoctete , tragédie de M. de
Châteaubrun , auteur des Troyennes . On
n'a point vû depuis long- tems de piéce
mieux jouée , ni de fuccès plus unanime
& mieux mérité ; il eft d'autant plus glorieux
pour l'auteur , qu'on peut appeller
fa tragédie la difficulté vaincue. Pour nous
intéreffer avec un fujet fi fimple & fi
étranger à nos moeurs , il falloit créer ; c'é-
Hy
•
178 MERCURE DE FRANCE.
toit le comble de l'art ; M. de Châteaubrun
y eft parvenu fans s'écarter de Sophacle.
Son triomphe eft celui des anciens ;
en les embellifant il ne les a point déguifés
, il les a rendus dans cette beauté
fimple qui les caractériſe , & qui ne perd
jamais fes droits fur les coeurs : elle eft intéreffante
dans tous les tems , & même
dans les lieux où la mode a le plus d'autorité
Philoctete en eft la preuve ; dès
qu'il a paru , il a réuni tous les fuffrages.
Ce qu'il y a de plus eftimable dans
M. de Châteaubrun , les maximes qu'il
met dans la bouche de fes héros font toujours
dictées par la vertu , & les fentimens
qui regnent dans fa piéce font puifés dans
l'humanité , dont on peut dire fans flaterie
qu'il eft le poëte.
Le 15 , les Comédiens ont fermé leur
fpectacle par la feptiéme repréſentation de
cette tragédie , avec un grand concours ;
nous en parlerons plus au long à fa reprife
. Nous ofons avancer , d'après le fentiment
général , qu'elle est faite pour ouvrir
non feulement le théatre avec gloire ,
mais pour y refter avec diftinction .
M. de Bellecourt a fait le compliment
au gré du public.
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Résumé : COMEDIE FRANÇOISE.
Le 1er mars, les Comédiens Français ont présenté la tragédie 'Philoctète' de M. de Châteaubrun, auteur des 'Troyennes'. La pièce a été acclamée pour sa qualité de jeu et son succès unanime, malgré la difficulté du sujet. 'Philoctète' traite d'un thème simple et étranger aux mœurs contemporaines, nécessitant une création artistique exceptionnelle. M. de Châteaubrun a su embellir les anciens sans les dénaturer, conservant leur beauté simple et intemporelle. La pièce a immédiatement remporté l'adhésion du public. Les maximes et sentiments exprimés par les héros sont dictés par la vertu et l'humanité, faisant de M. de Châteaubrun un poète remarquable. Le 15 mars, la tragédie a été jouée pour la septième fois avec un grand succès et est considérée comme digne d'ouvrir et de rester au répertoire. M. de Bellecourt a reçu les compliments du public pour sa performance.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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3
p. 179
COMÉDIE ITALIENNE.
Début :
Les Comédiens Italiens ont joué le 6 Camille, Esprit follet, comédie Italienne [...]
Mots clefs :
Comédiens-Italiens
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texteReconnaissance textuelle : COMÉDIE ITALIENNE.
COMÉDIE ITALIEN NE.
Es Comédiens Italiens ont joué le 6
Camille,Espritfollet , comédie Italienne
en quatre aches , remife , avec deux
divertiffemens. Mlle Coraline y a beaubrillé
dans fon début. Mlle Camille
fa foeur , remplit aujourd'hui fon rôle avec
une égale réuffite : cette piece eft une heureufe
fucceffion dans la famille.
coup
Le 15 , les mêmes Comédiens ont donné
pour la clôture de leur théatre , la
quatorziéme repréfentation de Ninette à la
Cour, qu'on a vue avec plaifir & en nombreufe
compagnie. Mme Favart & Arlequin
ont fait le compliment de la clôture
en dialogue & en plaifanterie : le public
s'y eft prêté avec bonté , & l'a applaudi .
Voici l'extrait de Ninette à la Cour , qui
fe vend chez la veuve Delormel , rue du
Foin ; & Prault fils , quai de Conti . Prix
trente fols . Cette édition eft ornée d'une
eftampe , qui repréfente Mme Favart en
villageoife . Elle mérite bien cette diftinction
, par la maniere charmante dont elle
rend fon rôle
Es Comédiens Italiens ont joué le 6
Camille,Espritfollet , comédie Italienne
en quatre aches , remife , avec deux
divertiffemens. Mlle Coraline y a beaubrillé
dans fon début. Mlle Camille
fa foeur , remplit aujourd'hui fon rôle avec
une égale réuffite : cette piece eft une heureufe
fucceffion dans la famille.
coup
Le 15 , les mêmes Comédiens ont donné
pour la clôture de leur théatre , la
quatorziéme repréfentation de Ninette à la
Cour, qu'on a vue avec plaifir & en nombreufe
compagnie. Mme Favart & Arlequin
ont fait le compliment de la clôture
en dialogue & en plaifanterie : le public
s'y eft prêté avec bonté , & l'a applaudi .
Voici l'extrait de Ninette à la Cour , qui
fe vend chez la veuve Delormel , rue du
Foin ; & Prault fils , quai de Conti . Prix
trente fols . Cette édition eft ornée d'une
eftampe , qui repréfente Mme Favart en
villageoife . Elle mérite bien cette diftinction
, par la maniere charmante dont elle
rend fon rôle
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Résumé : COMÉDIE ITALIENNE.
Le 6, les comédiens italiens ont joué 'Camille, Esprit follet'. Mlle Coraline et Mlle Camille ont brillé. Le 15, ils ont donné la quatorzième représentation de 'Ninette à la Cour'. Mme Favart et Arlequin ont clôturé la représentation. Un extrait de la pièce est en vente chez la veuve Delormel et Prault fils.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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4
p. 180-193
EXTRAIT du Caprice amoureux, ou Ninette à la Cour.
Début :
Le théatre représente au premier acte une campagne agréable, coupée d'arbres [...]
Mots clefs :
Prince, Princesse, Coeur, Théâtre, Cour, Amour, Nature, Plaisir
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texteReconnaissance textuelle : EXTRAIT du Caprice amoureux, ou Ninette à la Cour.
EXTRAIT du Caprice amoureux ,
Ninette àla Cour.
on
. Le théatre repréfente au premier acte
une campagne agréable , coupée d'arbres
fruitiers , avec des cabannes de païfans
fur les aîles. On les voit travailler à différens
ouvrages.
Ninette , en filant au rouer , ouvre la
premiere fcene avec Colas , & débute par
cette ariette .
Travaillons de bon courage ;
· La fraîcheur
De cet ombrage,.
La douceur
De ce ramage
Nous donne coeur
A l'ouvrage.
Près de l'objet, qui m'attendrit ,,
Je file à merveille ;
Quand la fatigue m'afſoupit ,.
L'amour me réveille.
Elle prie en même tems Colas d'aller
cueillir du fruit pour elle : il monte fur
un arbre , & voit la plaine couverte de
chiens & de piqueurs ; il defcend alors.
tour allarmé , & dit à Ninette :
Rentrez , rentsez morgué ces malins drilles ,,
AVRIL 1755. 181
Comme au gibier fefont la guerre aux filles.
Aftolphe , Roi de Lombardie , paroît
avec Fabrice , fon confident , & lui fait
l'aveu de fa paffion pour Ninette , par cette
jolie ariette ::
Oui , je l'aime pour jamais ;
Rien n'égale fes attraits.
De fon teint , la fleur naïve ,
Toujours fraîche , toujours vive ,
Confond les efforts de l'art.
C'eft la nature
Simple & pure ,
Elle enchante d'un regard.
Dans fon coeur eft l'innocence ';;
Dans les yeux eft la candeur ;
Sa parure eft la décence ,,
Et fon fard eft la pudeur.
Fabrice:fort , & Ninette revient em
chantant. Aftolphe lui témoigne fa furprife
de la voir fi contente dans un état fi
borné , & lui offre une fortune éclatante ,
en lui déclarant qu'il l'adore. Ninette qui
le prend pour un Officier de fa Cour , lui
répond naïvement que cette déclaration lui
fait grand plaifir gardez , lui dit-elle
Gardez tous vos tréfors ;je ne veux qu'une grace ;
• Vous fçavez que lpn chaffe
182 MERCURE DE FRANCE.
Tous les jours en ces lieux , du matin juſqu'au
foir.
Si vous avez quelque pouvoir ,
Parlez au Prince , afin que l'on nous débarraffe
De tout le train font fes gens.
que
Je ne comprens point quelle fievre
Peut faire ainfi courir les champs ;
Pour le plaifir de prendre un lievre
On ravage quarante arpens.
1 Elle le prie en conféquence de ne plus
revenir , en lui avouant franchement qu ' elle
aime Colas . Le Prince lui dit de mieux
placer fon ardeur , ajoutant qu'un fort
brillant l'attend à la Cour , & que les
charmes d'une toilette la rendront encore
plus belle. Qu'est- ce qu'une toilette , lui
demande Ninette ? Il lui en fait cette ingénieufe
defcription,
C'est un trône où triomphe Part :;
C'eft un autel que l'on érige aux graces;
C'est là qu'on peut , des tems rapprocher les ef
paces
Par l'heureux preftige d'un fard ,
Qui des ans applanit les traces.
Des couleurs du plaifir on ranime fon teint ;
Et le pinceau , rival de la nature ,
Par une agréable impofture , vrsti so'nd
Fait éclore la fleur d'un vilage enfantin.
AVRIL
$755. 183
Chaque jour on eft auf belle ;
D'un air plus triomphant la jeuneffe y fourit ,
La beauté même s'embellit
Se fixe , & devient immortelle .
Un tableau fi flateur pique la vanité curieufe
de Ninette ; mais elle craint de fâcher
Colas : il furvient dans cette irréfolution
, & fait éclater fa jalousie. Elle
l'avertit tout bas de la cacher , de
peur
d'irriter Aftolphe . Le Prince qui s'en apperçoit
, la raffure , en lui difant :
Si Colas vous eft cher , je deviens fon ami
Colas lui réplique : >
On n'eft guere ami du mari
Quand on yeut l'être de la femme.
Le Prince fort après avoir dit à Ni
-nette :
L'heureux Colas vous intéreſſe.
Paiffe-t-il mieux que moi faire votre bonheur !
Ninette reproche à Colas fa groffiereté ,
vis-à-vis d'un Seigneur fi poli , qui la veut
mener à la Cour : il lui répond qu'Aftolphe
lui parloit d'amour , & que cela ne
convient pas. Elle lui répart avec une ingénuité
rare aujourd'hui , même dans une
jeune païfanne.
184 MERCURE DE FRANCE .
Les Meffieurs de la Cour font trop bien élevés
Pour entreprendre rien contre la bienféance.
Colas qui apperçoit dans ce moment le
Prince qui revient , & qui la regarde de
loin , veut obliger Ninette à rentrer malgré
elle : elle refifte ; il la tire par le bras :
elle crie - alors , & chante avec toutes les
graces d'une jolie enfant qui pleure , cette
ariette fi , heureufement parodiée de Ber--
tholde à la Cour.
Ahi ahi ! il me fait grand mal ;:
Le brutal le brutal !
COLAS
Oui , je vous ai fait grand mal.
NINETTE.
Le Seigneur viant_ici ,
Ahi ! ahi ! puifqu'on me traite ainfi
Je vais me plaindre de ce pas..
COLAS.
Ninon..
NINETTENon
, non.
COLAS.
1
Morgué , quel embarras !
Ninon ,
A V.R IL
1.851 1755
Jte d'mande pardon. ,
NINETTE.
८
Non , non Y
Point de pardon.
Ahi ahi ! il m'a fait grand mal.
ASTOLPHE s'approchant , à Ninette.
Qu'avez -vous ?
NINETTE .
): Le brutal !
Ah ! qu'il m'a fait grand mal !
Ahi ! Ahi
NINETTE.
Ah ! j'ai bien du guignon . I'
ASTOLPH E.
O Dieux ! qu'avez-vous donc
NINETTE, ! |
Monfeigneur , c'eff Colas
Qui m'a , m'a , m'a demis le bras .
Hélas ! hélas !
à Colas.
Tu t'en repentiras.
Hélas ! hélas !
Oui , tu me le paîras.
KIM » Alii? ahiuvabi, le brash 10 4 alo
186 MERCURE DE FRANCE.
Aftolphe témoigne fa furprife en s'écriant
:
Eft-ce là ce tendre Colas ?
Colas veut s'emporter ; mais Fabrice lui
apprend qu'Aftolphe eft le Prince . Ninette
& Colas font furpris à leur tour . Le Prince
preffe Ninette de venir embellir fa Cour.
Elle y confent , en difant tout bas qu'elle
veut punir Colas fans lui manquer de foi .
Elle le quitte en lui adreffant cette Ariette
boufonne , qui commence par ces vers
Colas , je renonce au village ;
La cour me convient davantage.
& qui finit ainfi : JA
Quelque jour tu viendras
Tu verras. (bis.).
Sans ceffe
La preffe
Arrêtera tes pas ;
Et de loin , tu diras ,
Ah, Princeffe , Princeffe !
En t'inclinant bien bas
Protegez Colas ,
Ne l'oubliez pas.
Adieu , pauvre Colas,
1.
Colas fe defefpere , & veut fuivre NiAVRIL.
1755. 187
nette , mais il eft arrêté par une troupe de
chaffeurs . Ils le forcent à s'éloigner , &
forment une danfe qui termine le premier
acte. Il eſt brillant par le jeu & par le choix
des ariettes qui font parfaitement rendues
par Mme Favart & M. Rochart .
Le théatre change au fecond acte , & repréfente
un appartement du palais d'Aftolphe.
Ninette paroît en habit de Cour ; elle
eft fuivie de plufieurs femmes de chambre ,
qui portent chacune différentes parures ;
fan pannier l'embarraffe , & lui donne un
air gauche. Elle refufe le rouge dont on
veur l'embellir , & laiffe tomber les diamans
qu'on lui préfente, pour prendre des
fleurs artificielles , qu'elle jette un inſtant
après , en difant :
Elles ne fentent rien
Içi l'on ne doit rien qu'à l'arts
La beauté n'eft qu'une peinture ,
Jufqu'aux fleurs tout eſt impoſture.
Fabrice veut lui donner des leçons de
politeffe , mais elle le rebute , & prie le
Prince qui entre , de la débarrafler de cet
homme qui l'ennuie , ajoûtant qu'elle aimeroit
mieux voir Colas. Aftolphe lui répond
:
188 MERCURE DE FRANCE.
#
Vous allez voir Colas ; j'efpere qu'en ce jour
Vous mettrez entre nous un peu de différence ;
Je ne veux qu'à force d'amour
Lui difputer la préférence.
Il donne enfuite des ordres pour qu'on
montre à Ninette toute la magnificence
de fa Cour ; & voyant paroître la Princeffe
il fort pour l'éviter . Emilie ( c'eft le nom
de la Princeffe qui lui eft deftinée , ) tế-
moigne fes craintes à Clarice , fa confidente
, & la charge d'examiner les pas du Prince
& de Ninette. Elle exprime enfuite fes
fentimens par une ariette.
Viens , efpoir enchanteur ,
Viens confoler mon coeur , &c.
Voyant revenir Aftolphe avec fa petite
payfane , elle s'éloigne pour les obferver.
Le Prince demande à Ninette ce qu'elle
penfe de la Cour ; Ninette lui répond avec
une franchiſe fpirituelle.
J'ai vu de toute part de beaux petits objets
A talons rouges , en plumets ;
Ne font-ce pas des femmes en épées ?
J'ai vu trotter auffi de gentilles poupées ,
Qui portent des petits colets...
Ah ! que de plaifans perfonnages ,
AVRIL. 1755. 189
Crainte de déranger l'ordre de leurs vifages ,
Ils parlent tous comme des flageolets.
Tu , tu , tu tu. Dans nos villages -
2
Nous n'avons jamais vu de tels colifichets ,
Et puis j'ai vu de graves fréluquets ,
Qui prenoient un air d'importance.
Et de jolis vieillards coquets ,
Qui fembloient marcher en cadence ;
L'un d'eux , pour me voir de plus près ,
Jufques fous mon menton s'approche ,
En tirant un oeil de fa poche ;
C'eft un bijou , c'eft un Ange. Eh ! mais , mais..
Emilie s'avance , & fait un compliment
ironique à Ninette fur fes charmes , & la
félicite d'avoir fait la conquête d'Aſtolphe ,
qui s'en défend devant la Princeffe. Ninet
te répond qu'elle aime Colas . Le Prince
pour appuyer ce difcours , dit qu'il a donné
des ordres pour le faire venir. Ninette
réplique qu'elle aime mieux retourner au
village , & fort en chantant
ARI ETT E.
Dans nos prairies
Toujours fleuries ,
On voit fourire
Un doux zéphire , &c.
190 MERCURE DE FRANCE .
Le Prince raffare Emilie , & lui promet
de renvoyer Ninette ; mais dès qu'il eft
feul il peint fon irréfolution par une ariette.
Lé Nocher , loin du rivage
Lutte en vain contre l'orage , &c.
& fe retire fans fçavoir ce qu'il doit fai-
're.
Colas entre paré à peu - près comme Taler
dans Démocrite , & fe plaint comme
lui de la réception ridicule qu'on lui a
faite à la Cour . Ninette qui furvient , &
qui apperçoit Colas , baiffe fa coëffe , ſe
couvre le vifage de fon éventail , & contrefait
fa voix en grafféyant , pour éprou
ver Colas , & n'en être point reconnue .
Cette fcene a beſoin du jeu des acteurs
pour être fentie. Ninette en jouant les
vapeurs , déclare à Colas qu'elle eft épriſe
de fes charmes , & lui propofe de répondre
à fon ardeur , en l'affûrant que fa fortune
fera faite. Colas' qui la prend pour
une Dame de la Cour , répond qu'il y confent
, en difant tout bas :
Je ne veux qu'alarmer Ninette ,
Et le dépit me la ramenera.
Ninette alors fe dévoile , & fait éclater
fa colere contre Colas ; il a beau vouAVRIL
1755. 191
loir fe juſtifier , elle ne veut plus l'entendte.
Ce qui occafionne un duo dialogué
à l'Italienne , dont le contrafte toujours
foutenu , finit vivement le fecond acte.
20 Ninette ouvre feule le troifieme dans
le même appartement , où l'on voit des
lumieres fur une table. Elle fait entendre
dans une ariette qu'elle tirera bien-
-tôt vengeance d'un ingrat qui l'a trahie.
Fabrice vient l'avertir que le Prince doir
arriver dans un moment ; elle lui demande
fi Colas eft prévenu qu'elle doit parler
au Prince tête à tête ; Fabrice lui répond
qu'oui , & qu'il fait de gros foupirs . Emilie
entre , & paroit furpriſe de retrouver
encore Ninette , qui lui protefte qu'elle
eft à la Cour contre fon gré , & lui avoue
en riant qu'Aftolphe lui a demandé un
rendez - vous , qu'elle s'y trouvera , par la
raifon qu'une fille de bien ne craint rien.
Cette maxime n'eft pas toujours fure.
Comme on entend du bruit , Ninette en-
-gage la Princeffe à s'éloigner avec elle ,
ajoutant qu'elle a fur ce point un fecret
? à lui dire.
Colas arrive , guidé par fa jaloufie , & fe
cache fous la table pour entendre , › fans
cêtre vu l'entretien nocturne du Prince
avec Ninette , qui revient & qui éteint
les bougies en voyant entrer Aftolphe. Le
192 MERCURE DE FRANCE.
Prince lui en demande la raifon , & mon
tre une pudeur qu'elle paroît oublier. Elle
répond que fon coeur eft bien gardé la nuit
comme le jour , & le prie de lui apprendre
ce qu'il fouhaite d'elle. Il replique que fes
foupirs lui expliquent fes voeux : elle lui
repart qu'elle veut faire fon bonheur , &
qu'il attende un moment. Elle va chercher
la Princeffe ; & la met à fa place : le Prince
dit à Emilie , qu'il prend pour Ninette ,
J'ai defiré long-tems un coeur fans impofture ,
Un coeur fimple , ingenu , formé par la nature.
)
Ninette , en apportant des lumieres , répond
au Prince qu'il a trouvé ce thréfor
dans Emilie qui eft devant lui. Aftolphe ,
honteux de fon inconftance , rend fon
coeur à la Princeffe , qui lui pardonne. Colas
forti de deffous la table , paffe des plus
vives alarmes à la plus grande joie. Af-
-tolphe s'unit à la Princeffe , & Colas à Ninette.
Un bal dont nous avons rendu compte
, couronne agréablement ce troifieme
acte , dont le dénouement a paru moins
heureux que le refte de la piece : on peut
dire qu'elle eft pleine d'ingénieux détails ,
& qu'elle forme un recueil choisi d'ariettes
: italiennes en jolis vers françois.
Sila Servante Maîtrefle a fait des amans
paffionnés ,
AVRIL. 17558 193
paffionnés , Ninette à la Cour a trouvé
de zélés partifans ; chacune a fon mérite
particulier ; l'aînée eft peut - être mieux
faite , & la cadette eft plus fpirituelle.
Ninette àla Cour.
on
. Le théatre repréfente au premier acte
une campagne agréable , coupée d'arbres
fruitiers , avec des cabannes de païfans
fur les aîles. On les voit travailler à différens
ouvrages.
Ninette , en filant au rouer , ouvre la
premiere fcene avec Colas , & débute par
cette ariette .
Travaillons de bon courage ;
· La fraîcheur
De cet ombrage,.
La douceur
De ce ramage
Nous donne coeur
A l'ouvrage.
Près de l'objet, qui m'attendrit ,,
Je file à merveille ;
Quand la fatigue m'afſoupit ,.
L'amour me réveille.
Elle prie en même tems Colas d'aller
cueillir du fruit pour elle : il monte fur
un arbre , & voit la plaine couverte de
chiens & de piqueurs ; il defcend alors.
tour allarmé , & dit à Ninette :
Rentrez , rentsez morgué ces malins drilles ,,
AVRIL 1755. 181
Comme au gibier fefont la guerre aux filles.
Aftolphe , Roi de Lombardie , paroît
avec Fabrice , fon confident , & lui fait
l'aveu de fa paffion pour Ninette , par cette
jolie ariette ::
Oui , je l'aime pour jamais ;
Rien n'égale fes attraits.
De fon teint , la fleur naïve ,
Toujours fraîche , toujours vive ,
Confond les efforts de l'art.
C'eft la nature
Simple & pure ,
Elle enchante d'un regard.
Dans fon coeur eft l'innocence ';;
Dans les yeux eft la candeur ;
Sa parure eft la décence ,,
Et fon fard eft la pudeur.
Fabrice:fort , & Ninette revient em
chantant. Aftolphe lui témoigne fa furprife
de la voir fi contente dans un état fi
borné , & lui offre une fortune éclatante ,
en lui déclarant qu'il l'adore. Ninette qui
le prend pour un Officier de fa Cour , lui
répond naïvement que cette déclaration lui
fait grand plaifir gardez , lui dit-elle
Gardez tous vos tréfors ;je ne veux qu'une grace ;
• Vous fçavez que lpn chaffe
182 MERCURE DE FRANCE.
Tous les jours en ces lieux , du matin juſqu'au
foir.
Si vous avez quelque pouvoir ,
Parlez au Prince , afin que l'on nous débarraffe
De tout le train font fes gens.
que
Je ne comprens point quelle fievre
Peut faire ainfi courir les champs ;
Pour le plaifir de prendre un lievre
On ravage quarante arpens.
1 Elle le prie en conféquence de ne plus
revenir , en lui avouant franchement qu ' elle
aime Colas . Le Prince lui dit de mieux
placer fon ardeur , ajoutant qu'un fort
brillant l'attend à la Cour , & que les
charmes d'une toilette la rendront encore
plus belle. Qu'est- ce qu'une toilette , lui
demande Ninette ? Il lui en fait cette ingénieufe
defcription,
C'est un trône où triomphe Part :;
C'eft un autel que l'on érige aux graces;
C'est là qu'on peut , des tems rapprocher les ef
paces
Par l'heureux preftige d'un fard ,
Qui des ans applanit les traces.
Des couleurs du plaifir on ranime fon teint ;
Et le pinceau , rival de la nature ,
Par une agréable impofture , vrsti so'nd
Fait éclore la fleur d'un vilage enfantin.
AVRIL
$755. 183
Chaque jour on eft auf belle ;
D'un air plus triomphant la jeuneffe y fourit ,
La beauté même s'embellit
Se fixe , & devient immortelle .
Un tableau fi flateur pique la vanité curieufe
de Ninette ; mais elle craint de fâcher
Colas : il furvient dans cette irréfolution
, & fait éclater fa jalousie. Elle
l'avertit tout bas de la cacher , de
peur
d'irriter Aftolphe . Le Prince qui s'en apperçoit
, la raffure , en lui difant :
Si Colas vous eft cher , je deviens fon ami
Colas lui réplique : >
On n'eft guere ami du mari
Quand on yeut l'être de la femme.
Le Prince fort après avoir dit à Ni
-nette :
L'heureux Colas vous intéreſſe.
Paiffe-t-il mieux que moi faire votre bonheur !
Ninette reproche à Colas fa groffiereté ,
vis-à-vis d'un Seigneur fi poli , qui la veut
mener à la Cour : il lui répond qu'Aftolphe
lui parloit d'amour , & que cela ne
convient pas. Elle lui répart avec une ingénuité
rare aujourd'hui , même dans une
jeune païfanne.
184 MERCURE DE FRANCE .
Les Meffieurs de la Cour font trop bien élevés
Pour entreprendre rien contre la bienféance.
Colas qui apperçoit dans ce moment le
Prince qui revient , & qui la regarde de
loin , veut obliger Ninette à rentrer malgré
elle : elle refifte ; il la tire par le bras :
elle crie - alors , & chante avec toutes les
graces d'une jolie enfant qui pleure , cette
ariette fi , heureufement parodiée de Ber--
tholde à la Cour.
Ahi ahi ! il me fait grand mal ;:
Le brutal le brutal !
COLAS
Oui , je vous ai fait grand mal.
NINETTE.
Le Seigneur viant_ici ,
Ahi ! ahi ! puifqu'on me traite ainfi
Je vais me plaindre de ce pas..
COLAS.
Ninon..
NINETTENon
, non.
COLAS.
1
Morgué , quel embarras !
Ninon ,
A V.R IL
1.851 1755
Jte d'mande pardon. ,
NINETTE.
८
Non , non Y
Point de pardon.
Ahi ahi ! il m'a fait grand mal.
ASTOLPHE s'approchant , à Ninette.
Qu'avez -vous ?
NINETTE .
): Le brutal !
Ah ! qu'il m'a fait grand mal !
Ahi ! Ahi
NINETTE.
Ah ! j'ai bien du guignon . I'
ASTOLPH E.
O Dieux ! qu'avez-vous donc
NINETTE, ! |
Monfeigneur , c'eff Colas
Qui m'a , m'a , m'a demis le bras .
Hélas ! hélas !
à Colas.
Tu t'en repentiras.
Hélas ! hélas !
Oui , tu me le paîras.
KIM » Alii? ahiuvabi, le brash 10 4 alo
186 MERCURE DE FRANCE.
Aftolphe témoigne fa furprife en s'écriant
:
Eft-ce là ce tendre Colas ?
Colas veut s'emporter ; mais Fabrice lui
apprend qu'Aftolphe eft le Prince . Ninette
& Colas font furpris à leur tour . Le Prince
preffe Ninette de venir embellir fa Cour.
Elle y confent , en difant tout bas qu'elle
veut punir Colas fans lui manquer de foi .
Elle le quitte en lui adreffant cette Ariette
boufonne , qui commence par ces vers
Colas , je renonce au village ;
La cour me convient davantage.
& qui finit ainfi : JA
Quelque jour tu viendras
Tu verras. (bis.).
Sans ceffe
La preffe
Arrêtera tes pas ;
Et de loin , tu diras ,
Ah, Princeffe , Princeffe !
En t'inclinant bien bas
Protegez Colas ,
Ne l'oubliez pas.
Adieu , pauvre Colas,
1.
Colas fe defefpere , & veut fuivre NiAVRIL.
1755. 187
nette , mais il eft arrêté par une troupe de
chaffeurs . Ils le forcent à s'éloigner , &
forment une danfe qui termine le premier
acte. Il eſt brillant par le jeu & par le choix
des ariettes qui font parfaitement rendues
par Mme Favart & M. Rochart .
Le théatre change au fecond acte , & repréfente
un appartement du palais d'Aftolphe.
Ninette paroît en habit de Cour ; elle
eft fuivie de plufieurs femmes de chambre ,
qui portent chacune différentes parures ;
fan pannier l'embarraffe , & lui donne un
air gauche. Elle refufe le rouge dont on
veur l'embellir , & laiffe tomber les diamans
qu'on lui préfente, pour prendre des
fleurs artificielles , qu'elle jette un inſtant
après , en difant :
Elles ne fentent rien
Içi l'on ne doit rien qu'à l'arts
La beauté n'eft qu'une peinture ,
Jufqu'aux fleurs tout eſt impoſture.
Fabrice veut lui donner des leçons de
politeffe , mais elle le rebute , & prie le
Prince qui entre , de la débarrafler de cet
homme qui l'ennuie , ajoûtant qu'elle aimeroit
mieux voir Colas. Aftolphe lui répond
:
188 MERCURE DE FRANCE.
#
Vous allez voir Colas ; j'efpere qu'en ce jour
Vous mettrez entre nous un peu de différence ;
Je ne veux qu'à force d'amour
Lui difputer la préférence.
Il donne enfuite des ordres pour qu'on
montre à Ninette toute la magnificence
de fa Cour ; & voyant paroître la Princeffe
il fort pour l'éviter . Emilie ( c'eft le nom
de la Princeffe qui lui eft deftinée , ) tế-
moigne fes craintes à Clarice , fa confidente
, & la charge d'examiner les pas du Prince
& de Ninette. Elle exprime enfuite fes
fentimens par une ariette.
Viens , efpoir enchanteur ,
Viens confoler mon coeur , &c.
Voyant revenir Aftolphe avec fa petite
payfane , elle s'éloigne pour les obferver.
Le Prince demande à Ninette ce qu'elle
penfe de la Cour ; Ninette lui répond avec
une franchiſe fpirituelle.
J'ai vu de toute part de beaux petits objets
A talons rouges , en plumets ;
Ne font-ce pas des femmes en épées ?
J'ai vu trotter auffi de gentilles poupées ,
Qui portent des petits colets...
Ah ! que de plaifans perfonnages ,
AVRIL. 1755. 189
Crainte de déranger l'ordre de leurs vifages ,
Ils parlent tous comme des flageolets.
Tu , tu , tu tu. Dans nos villages -
2
Nous n'avons jamais vu de tels colifichets ,
Et puis j'ai vu de graves fréluquets ,
Qui prenoient un air d'importance.
Et de jolis vieillards coquets ,
Qui fembloient marcher en cadence ;
L'un d'eux , pour me voir de plus près ,
Jufques fous mon menton s'approche ,
En tirant un oeil de fa poche ;
C'eft un bijou , c'eft un Ange. Eh ! mais , mais..
Emilie s'avance , & fait un compliment
ironique à Ninette fur fes charmes , & la
félicite d'avoir fait la conquête d'Aſtolphe ,
qui s'en défend devant la Princeffe. Ninet
te répond qu'elle aime Colas . Le Prince
pour appuyer ce difcours , dit qu'il a donné
des ordres pour le faire venir. Ninette
réplique qu'elle aime mieux retourner au
village , & fort en chantant
ARI ETT E.
Dans nos prairies
Toujours fleuries ,
On voit fourire
Un doux zéphire , &c.
190 MERCURE DE FRANCE .
Le Prince raffare Emilie , & lui promet
de renvoyer Ninette ; mais dès qu'il eft
feul il peint fon irréfolution par une ariette.
Lé Nocher , loin du rivage
Lutte en vain contre l'orage , &c.
& fe retire fans fçavoir ce qu'il doit fai-
're.
Colas entre paré à peu - près comme Taler
dans Démocrite , & fe plaint comme
lui de la réception ridicule qu'on lui a
faite à la Cour . Ninette qui furvient , &
qui apperçoit Colas , baiffe fa coëffe , ſe
couvre le vifage de fon éventail , & contrefait
fa voix en grafféyant , pour éprou
ver Colas , & n'en être point reconnue .
Cette fcene a beſoin du jeu des acteurs
pour être fentie. Ninette en jouant les
vapeurs , déclare à Colas qu'elle eft épriſe
de fes charmes , & lui propofe de répondre
à fon ardeur , en l'affûrant que fa fortune
fera faite. Colas' qui la prend pour
une Dame de la Cour , répond qu'il y confent
, en difant tout bas :
Je ne veux qu'alarmer Ninette ,
Et le dépit me la ramenera.
Ninette alors fe dévoile , & fait éclater
fa colere contre Colas ; il a beau vouAVRIL
1755. 191
loir fe juſtifier , elle ne veut plus l'entendte.
Ce qui occafionne un duo dialogué
à l'Italienne , dont le contrafte toujours
foutenu , finit vivement le fecond acte.
20 Ninette ouvre feule le troifieme dans
le même appartement , où l'on voit des
lumieres fur une table. Elle fait entendre
dans une ariette qu'elle tirera bien-
-tôt vengeance d'un ingrat qui l'a trahie.
Fabrice vient l'avertir que le Prince doir
arriver dans un moment ; elle lui demande
fi Colas eft prévenu qu'elle doit parler
au Prince tête à tête ; Fabrice lui répond
qu'oui , & qu'il fait de gros foupirs . Emilie
entre , & paroit furpriſe de retrouver
encore Ninette , qui lui protefte qu'elle
eft à la Cour contre fon gré , & lui avoue
en riant qu'Aftolphe lui a demandé un
rendez - vous , qu'elle s'y trouvera , par la
raifon qu'une fille de bien ne craint rien.
Cette maxime n'eft pas toujours fure.
Comme on entend du bruit , Ninette en-
-gage la Princeffe à s'éloigner avec elle ,
ajoutant qu'elle a fur ce point un fecret
? à lui dire.
Colas arrive , guidé par fa jaloufie , & fe
cache fous la table pour entendre , › fans
cêtre vu l'entretien nocturne du Prince
avec Ninette , qui revient & qui éteint
les bougies en voyant entrer Aftolphe. Le
192 MERCURE DE FRANCE.
Prince lui en demande la raifon , & mon
tre une pudeur qu'elle paroît oublier. Elle
répond que fon coeur eft bien gardé la nuit
comme le jour , & le prie de lui apprendre
ce qu'il fouhaite d'elle. Il replique que fes
foupirs lui expliquent fes voeux : elle lui
repart qu'elle veut faire fon bonheur , &
qu'il attende un moment. Elle va chercher
la Princeffe ; & la met à fa place : le Prince
dit à Emilie , qu'il prend pour Ninette ,
J'ai defiré long-tems un coeur fans impofture ,
Un coeur fimple , ingenu , formé par la nature.
)
Ninette , en apportant des lumieres , répond
au Prince qu'il a trouvé ce thréfor
dans Emilie qui eft devant lui. Aftolphe ,
honteux de fon inconftance , rend fon
coeur à la Princeffe , qui lui pardonne. Colas
forti de deffous la table , paffe des plus
vives alarmes à la plus grande joie. Af-
-tolphe s'unit à la Princeffe , & Colas à Ninette.
Un bal dont nous avons rendu compte
, couronne agréablement ce troifieme
acte , dont le dénouement a paru moins
heureux que le refte de la piece : on peut
dire qu'elle eft pleine d'ingénieux détails ,
& qu'elle forme un recueil choisi d'ariettes
: italiennes en jolis vers françois.
Sila Servante Maîtrefle a fait des amans
paffionnés ,
AVRIL. 17558 193
paffionnés , Ninette à la Cour a trouvé
de zélés partifans ; chacune a fon mérite
particulier ; l'aînée eft peut - être mieux
faite , & la cadette eft plus fpirituelle.
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Résumé : EXTRAIT du Caprice amoureux, ou Ninette à la Cour.
L'extrait du 'Caprice amoureux' intitulé 'Ninette à la Cour' se compose de trois actes. Dans le premier acte, Ninette, une jeune fille vivant dans une campagne agréable, chante son amour pour Colas. Astolphe, roi de Lombardie, apparaît et avoue sa passion pour Ninette. Il lui propose une fortune et une vie à la cour, mais Ninette, fidèle à Colas, refuse et demande seulement que les chasseurs cessent de perturber leur village. Colas, jaloux, intervient et est rassuré par Astolphe. Ninette accepte finalement d'aller à la cour pour punir Colas, mais elle est arrêtée par des chasseurs et forcée de partir. Dans le deuxième acte, Ninette se trouve dans un appartement du palais d'Astolphe. Elle refuse les parures et les leçons de politesse, préférant la simplicité. Emilie, la princesse destinée à Astolphe, observe la situation et exprime ses craintes. Ninette décrit avec franchise et humour les personnages de la cour. Colas, déguisé, tente de séduire Ninette pour la tester, ce qui conduit à une dispute entre eux. Le troisième acte voit Ninette préparer sa vengeance contre Colas. Emilie et Astolphe se réconcilient après une méprise. Colas, caché, assiste à la scène et finit par se réjouir. Astolphe et Emilie se marient, et Colas se réconcilie avec Ninette. La pièce se termine par un bal. 'Ninette à la Cour' est décrite comme une pièce pleine d'ingéniosité et de détails, avec des ariettes italiennes en vers français.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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5
p. 193-194
OPERA COMIQUE.
Début :
Le 15, on donna sur ce théatre les Jeunes Mariés. On les annonça comme [...]
Mots clefs :
Spectacle, Opéra comique
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texteReconnaissance textuelle : OPERA COMIQUE.
OPERA COMIQUE.
Les
E is , on donna fur ce théatre les Jeunes
Maries. On les annonça comme
une nouveauté , mais ils ne font que remis
: c'eſt un ancien Opéra comique de
M. Favart . On ne peut s'y méprendre ; il
eft trop bien fait pour être d'un autre .
On l'a joué le 16 , le 17 , le 18 & le
19 , avec les Troqueurs , & Jerôme &
Fanchonnette , que l'on a continués jufqu'au
Samedi 22 , jour de la cloture de
ce fpectacle. Les Troqueurs ont toujours
charmé les connoiffeurs , Fanchonnette a
conftamment diverti le public ; & la falle
tous les jours pleine , a fait rite M. Monet.
O
Na donné le Mardi 18 Mars , la
premiere repréſentation
du Triomphe
de l'Amour conjugal ; fpectacle tiré
d'Alcefte , par le fieur Servandoni , Peintre
& Architecte ordinaire du Roi.
I
194 MERCURE DE FRANCE.
Les premieres repréfentations d'un fi
grand fpectacle font toujours imparfaites.
Nous attendrons que celui- ci ait été exécuté
dans toutes les parties & dans l'exacte
précifion qu'il exige , avant que d'en dire
notre fentiment , ou plutôt celui du public ,
que nous devons prendre pour regle .
Les
E is , on donna fur ce théatre les Jeunes
Maries. On les annonça comme
une nouveauté , mais ils ne font que remis
: c'eſt un ancien Opéra comique de
M. Favart . On ne peut s'y méprendre ; il
eft trop bien fait pour être d'un autre .
On l'a joué le 16 , le 17 , le 18 & le
19 , avec les Troqueurs , & Jerôme &
Fanchonnette , que l'on a continués jufqu'au
Samedi 22 , jour de la cloture de
ce fpectacle. Les Troqueurs ont toujours
charmé les connoiffeurs , Fanchonnette a
conftamment diverti le public ; & la falle
tous les jours pleine , a fait rite M. Monet.
O
Na donné le Mardi 18 Mars , la
premiere repréſentation
du Triomphe
de l'Amour conjugal ; fpectacle tiré
d'Alcefte , par le fieur Servandoni , Peintre
& Architecte ordinaire du Roi.
I
194 MERCURE DE FRANCE.
Les premieres repréfentations d'un fi
grand fpectacle font toujours imparfaites.
Nous attendrons que celui- ci ait été exécuté
dans toutes les parties & dans l'exacte
précifion qu'il exige , avant que d'en dire
notre fentiment , ou plutôt celui du public ,
que nous devons prendre pour regle .
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Résumé : OPERA COMIQUE.
Du 16 au 19 mars, le théâtre de l'Opéra Comique a présenté 'Les Jeunes Mariés', un opéra comique de M. Favart, accompagné de 'Les Troqueurs' et 'Jérôme et Fanchonette'. Cette dernière pièce a continué jusqu'au 22 mars. 'Les Troqueurs' ont été appréciés par les connaisseurs, tandis que 'Fanchonnette' a diverti le public, assurant une salle comble et satisfaisant M. Monet. Le 18 mars, le 'Triomphe de l'Amour conjugal', adaptation d'Alceste par Servandoni, a été présenté pour la première fois. Servandoni, peintre et architecte du Roi, a réalisé cette œuvre. Le Mercure de France a souligné que les premières représentations d'un grand spectacle sont souvent imparfaites et préfère attendre une exécution complète avant de donner son avis.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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6
p. 194-196
CONCERTS SPIRITUELS.
Début :
Après la mort du sieur Royer, Inspecteur du Concert spirituel, avec le [...]
Mots clefs :
Concert, Choeur, Concert spirituel
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : CONCERTS SPIRITUELS.
CONCERTS SPIRITUELS.
Près la mort du fieur Royer , Inf-
A pecteur du Concert fpirituel , avec le
fieur Capperan , ce dernier a fait choix
du fieur Mondonville , fi connu par fes talens
& fur-tout par fes moters , pour
remplacer le fieur Royer. Ce Concert demeure
en fociété entre la veuve & ces
deux Meffieurs , qui par leurs foins ne
laiffent rien à defirer au public.
> Le Dimanche de la Paffion , 16 Mars ,
le concert commença par une fymphonie
de M. Martin ; enfuite Omnes gentes , motet
à grand choeur de M. Cordelet ; le
Signor Avolio joua un concerto de violon
. On donna après Diligam te , motet à
grand choeur de M. Giles , où Mlle Chevalier
chanta le récit Beata gens , de M. de
Lalande. Mme Pompeati chanta deux airs
Italiens avec l'applaudiffement général . Le
F 195 AVRIL. ~ 1755.
moter à
concert finit par Cæli enarrant
,
grand choeur de M. de Mondonville
. Mlle
Chevalier
, & M. Richer , Page de la mufique
du Roi , chanterent
le duo Non funt
loquela , & furent juftement
applaudis .
Le Mardi 18 le concert commença par
une fymphonie nouvelle de M. Davefne ;
enfuite Cantate Domino , motet à grand
choeur du même auteur. Mlle Duperey
chanta un petit moter ; enfuite Confitebor
motet à grand choeur de M. de Lalande ,
où Mlle Chevalier chanta feule . M. Canavas
joua un concerto . Le concert finit par
In exitu , motet nouveau à grand choeur de
M. de Mondonville , qui eut l'approbation
des connoiffeurs. Ils y ont reconnu les traits
& les tableaux du grand maître.
Le Vendredi de la Paffion , 21 Mars ,
le concert commença par une fymphonie
enfuite Exaltabo te , moter à grand choeur
de M. de Lalande. Mme Pompeati chanta
deux airs Italiens avec le même fuccès. M.
Guenin joua un concerto de violon . Le
concert finit par In exitu , motet nouveau
à grand choeur de M. de Mondonville .
Mlle Chevalier , Mrs Benoît , Poirier &
Befche chanterent feuls .
Le Dimanche , jour des Rameaux , 23
Mars , le concert commença' par une fymphonie
; enfuite Diligam te , motet à grand
I ij
196 MERCURE DE FRANCE.
choeur de M. Madin. M. Jannfon , âgé de
13 ans , joua une fonate de violoncelle , &
charma toute l'affemblée . Enfuite Deus venerunt
gentes , motet à grand choeur de M.
Fanton , qui eut tout le fuccès qu'il métite.
On eut la fatisfaction d'y applaudir
Mlle Fel , qui parut pour la premiere fois ;
une indifpofition avoit privé le public du
plaifir de l'entendre plutôt. Elle chanta
feule un petit motet. Le concert finit par
De profundis , de M. Mondonville , & renvoya
tous les auditeurs très -fatisfaits .
Près la mort du fieur Royer , Inf-
A pecteur du Concert fpirituel , avec le
fieur Capperan , ce dernier a fait choix
du fieur Mondonville , fi connu par fes talens
& fur-tout par fes moters , pour
remplacer le fieur Royer. Ce Concert demeure
en fociété entre la veuve & ces
deux Meffieurs , qui par leurs foins ne
laiffent rien à defirer au public.
> Le Dimanche de la Paffion , 16 Mars ,
le concert commença par une fymphonie
de M. Martin ; enfuite Omnes gentes , motet
à grand choeur de M. Cordelet ; le
Signor Avolio joua un concerto de violon
. On donna après Diligam te , motet à
grand choeur de M. Giles , où Mlle Chevalier
chanta le récit Beata gens , de M. de
Lalande. Mme Pompeati chanta deux airs
Italiens avec l'applaudiffement général . Le
F 195 AVRIL. ~ 1755.
moter à
concert finit par Cæli enarrant
,
grand choeur de M. de Mondonville
. Mlle
Chevalier
, & M. Richer , Page de la mufique
du Roi , chanterent
le duo Non funt
loquela , & furent juftement
applaudis .
Le Mardi 18 le concert commença par
une fymphonie nouvelle de M. Davefne ;
enfuite Cantate Domino , motet à grand
choeur du même auteur. Mlle Duperey
chanta un petit moter ; enfuite Confitebor
motet à grand choeur de M. de Lalande ,
où Mlle Chevalier chanta feule . M. Canavas
joua un concerto . Le concert finit par
In exitu , motet nouveau à grand choeur de
M. de Mondonville , qui eut l'approbation
des connoiffeurs. Ils y ont reconnu les traits
& les tableaux du grand maître.
Le Vendredi de la Paffion , 21 Mars ,
le concert commença par une fymphonie
enfuite Exaltabo te , moter à grand choeur
de M. de Lalande. Mme Pompeati chanta
deux airs Italiens avec le même fuccès. M.
Guenin joua un concerto de violon . Le
concert finit par In exitu , motet nouveau
à grand choeur de M. de Mondonville .
Mlle Chevalier , Mrs Benoît , Poirier &
Befche chanterent feuls .
Le Dimanche , jour des Rameaux , 23
Mars , le concert commença' par une fymphonie
; enfuite Diligam te , motet à grand
I ij
196 MERCURE DE FRANCE.
choeur de M. Madin. M. Jannfon , âgé de
13 ans , joua une fonate de violoncelle , &
charma toute l'affemblée . Enfuite Deus venerunt
gentes , motet à grand choeur de M.
Fanton , qui eut tout le fuccès qu'il métite.
On eut la fatisfaction d'y applaudir
Mlle Fel , qui parut pour la premiere fois ;
une indifpofition avoit privé le public du
plaifir de l'entendre plutôt. Elle chanta
feule un petit motet. Le concert finit par
De profundis , de M. Mondonville , & renvoya
tous les auditeurs très -fatisfaits .
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Résumé : CONCERTS SPIRITUELS.
Après la mort de M. Royer, M. Capperan désigne M. Mondonville pour diriger le Concert Spirituel, en collaboration avec la veuve de Royer. Le Concert Spirituel se distingue par ses efforts pour satisfaire le public. Le 16 mars, le concert débuta avec une symphonie de M. Martin, suivie de motets et d'airs chantés par Mlle Chevalier et Mme Pompeati. Il se conclut par un grand chœur de M. Mondonville. Le 18 mars, une symphonie de M. Davenne ouvrit le concert, incluant des motets de M. Lalande et M. Mondonville. Mlle Duperey et Mlle Chevalier se distinguèrent par leurs performances vocales. Le 21 mars, une symphonie et un motet de M. Lalande inaugurèrent le concert, avec des applaudissements pour Mme Pompeati et M. Guenin. Le 23 mars, jour des Rameaux, une symphonie et des motets de M. Madin et M. Fanton furent interprétés. Mlle Fel fit ses débuts et fut acclamée. Le concert se termina par un motet de M. Mondonville, laissant les auditeurs très satisfaits.
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