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Résultats : 4 texte(s)
1
p. 113
TROISIÈME ENIGME.
Début :
Tous les mois, tous les jours je fais plus de conquêtes, [...]
Mots clefs :
Quinquina
2
p. 316-317
SONNET énigmatique sur les Bouts-rimez proposez
Début :
Celui chez qui je suis est toûjours Taciturne, [...]
Mots clefs :
Fièvre
3
p. 71-77
LETTRE Au sujet du Discours de M. J. J. ROUSSEAU de Genève, sur l'origine & les fondemens de l'inégalité parmi les Hommes.
Début :
Je viens, Monsieur, de lire le Discours de M. JEAN-JACQUES ROUSSEAU de [...]
Mots clefs :
Rousseau, Société, Inégalité, Idées, Dieu, Discours, Hommes, Homme
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texteReconnaissance textuelle : LETTRE Au sujet du Discours de M. J. J. ROUSSEAU de Genève, sur l'origine & les fondemens de l'inégalité parmi les Hommes.
LETTRE
Au fujet du Difcours de M. J. J.
ROUSSEAU de Genève , fur l'origine
& les fondemens de l'inégalité parmi les
Hommes.
E viens , Monfieur , de lire le Difcours
JEde M. JEAN - JACQUES ROUSSEAU de
Genève , fur l'origine & les fondemens de
l'inégalité parmi les hommes . J'ai admiré le
coloris de cet étrange tableau ; mais je n'ai
pu en admirer de même le deffein & la
repréſentation . Je fais grand cas du mérite
& des talens de M. ROUSSEAU , & je félicite
Genève qui eft auffi ma patrie, de le compter
parmi les hommes célebres aufquels elle a
donné le jour : mais je regrette qu'il ait
adopté des idées qui me paroiffent fi oppofées
au vrai , & fi peu propres à faire des
heureux .
On écrira fans doute beaucoup contre
ce nouveau Difcours , comme on a beaucoup
écrit contre celui qui a remporté le
72 MERCURE DE FRANCE.
Prix de l'Académie de Dijon : & parce
qu'on a beaucoup écrit & qu'on écrira
beaucoup encore contre M. ROUSSEAU , on
lui rendra plus cher un paradoxe qu'il n'a
que trop careffé . Pour moi , qui n'ai nulle
envie de faire un livre contre M. Rous-
SEAU , & qui fuis très- convaincu que la
difpute eft de tous les moyens celui qui
peut le moins fur ce génie hardi & indépendant
, je me borne à lui propofer d'approfondir
un raifonnement tout fimple , &
qui me femble renfermer ce qu'il y a de
plus effentiel dans la queftion.
Voici ce raifonnement.
Tout ce qui réfulte immédiatement des
facultés de l'homme ne doit- il pas être dit
réfulter de fa nature ? Or , je crois que l'on
démontre fort bien que l'état de fociété réfulte
immédiatement des facultés de l'homme
je n'en veux point alléguer d'autres
preuves à notre fçavant, Auteur que fes
propres idées fur l'établiffement des fociétés
; idées ingénieufes & qu'il a fi élégamment
exprimées dans la feconde partie de
fon Difcours. Si donc l'état de fociété découle
des facultés de l'homme , il eft naturel
à l'homme. Il feroit donc auffi déraifonnable
de fe plaindre de ce que ces facultés
en fe développant ont donné naiſſance
à cet état , qu'il le feroit de fe plaindre de
OCTOBRE . 1755 . 73
ce que Dieu a donné à l'homme de telles
facultés.
L'homme eft tel que l'exigeoit la place
qu'il devoit occuper dans l'Univers . Il у
falloit apparemment des hommes qui bâtiffent
des villes , comme il y falloit des
caftors qui conftruififfent des cabannes. -
Cette perfectibilité dans laquelle M. Rous-
SEAU fait conſiſter le caractere qui diftingue
éternellement l'homme de la brute, devoit
du propre aveu de l'Auteur , conduire
l'homme au point où nous le voyons aujourd'hui.
Vouloir que cela ne fut point ,
ce feroit vouloir que l'homme ne fut point
homme. L'aigle qui fe perd dans la nue ,
rampera- t-il dans la pouffiere comme le
ferpent ?
L'HommeSauvage de M. ROUSSEAU , cet
homme qu'il chérit avec tant de complaifance
, n'eft point du tout l'homme que DIEU a
voulu faire mais DIEU a fait des Orangoutangs
& des finges qui ne font pas hommes.
:
Quand donc M. ROUSSEAU déclame
avec tant de véhémence & d'obftination
contre l'état de fociété , il s'éleve fans y
penfer contre la vOLONTÉ de CELUI qui a
fait l'homme , & qui a ordonné cet étar.
Les faits font- ils autre chofe que l'expreffion
de cette VOLONTÉ ADORABLE ?
Lorfqu'avec le pinceau d'un LE BRUN ,
D
74
MERCURE DE FRANCE.
l'Auteur trace à nos yeux
l'effroyable peinture
des maux que l'Etat civil a enfantés ,
il oublie que la planette où l'on voit ces
chofes , fait partie d'un Tout immenſe qué
nous ne connoiffons point ; mais que nous
fçavons être l'ouvrage d'une SAGESSE
PARFAITE.
Aini , reconçons pour toujours à la chimérique
entrepriſe de prouver que l'homme
feroit mieux s'il étoit autrement : l'abeille
qui conftruit des cellules fi régulieres
voudra-t-elle juger de la façade du
Louvre ? Au nom du Bon- fens & de la
Raifon , prenons l'homme tel qu'il eft ,
avec toutes fes dépendances : laiffons aller
le monde comme il va ; & foyons fûrs qu'il
va auffi bien qu'il pouvoit aller.
S'il s'agiffoit de juftifier la PROVIDENCE
aux yeux des hommes , Leibnits & Pope
l'ont fait ; & les ouvrages immortels de
ces génies fublimes font des monumens
élevés à la gloire de la Raifon. Le Difcours
de M. ROUSSEAU eft un monument
élevé à l'efprit , mais à l'efprit chagrin &
mécontent de lui- même & des autres .
Lorfque notre Philofophe voudra confacrer
fes lumieres & fes talens à nous découvrir
les origines des chofes , à nous
montrer les développemens plus ou moins
lents des biens & des maux ; en un mot
OCTOBRE. 1755. 75
à fuivre l'humanité dans la courbe tortueufe
qu'elle décrit ; les tentatives de ce
génie original & fécond , pourront nous
valoir des connoiffances précieufes fur ces
fujets intéreffans. Nous nous emprefferons
alors à recueillir ces connoiffances , & à
offrir à l'Auteur le tribut de reconnoiffance
& d'éloges qu'elles lui auront mérité ,
& qui n'aura pas été , je m'affure , la
principale fin de fes recherches .
Il y a lieu , Monfieur , de s'étonner , &
je m'en étonnerois davantage , fi j'avois
moins été appellé à réfléchir fur les fources
de la diverfité des opinions des hommes
; il y a , dis- je , lieu de s'étonner qu'un
écrivain qui a fi bien connu les avantages
d'un bon gouvernement , & qui les a fi
bien peints dans fa belle dédicace à notre
République , où il a cru voir tous ces
avantages réunis , les ait fi- tôt & fi parfaitement
perdus de vûe dans fon Difcours.
On fait des efforts inutiles pour fe perfuader
qu'un écrivain qui feroit , fans doute,
fâché que l'on ne le crut pas judicieux
préférât férieufement d'aller paffer fa vie
dans les bois , fi fa fanté le lui permettoit ,
à vivre au milieu de concitoyens chéris &
dignes de l'être. Eut-on jamais préfumé
qu'un écrivain qui penfe avanceroit dans
un fiécle tel que le nôtre cet étrange para-
Dij
76 MERCURE DE FRANCE.
doxe qui tenferme feul une fi grande foule
d'incontéquences , pour ne rien dire de
plus fou ? Si la nature reus a destinés à être
fainis , jaje presque affurer que l'état de
reqion est un état contre nature , త que
l'hom qui medite if an animal dépravé.
22 .
Janué en
commençant cette
Icture ; non deffein n'eft point de prouver
à Monfieur ROUSSEAU par des argumens
, qu'allez d'autres feront fans moi ,
& qu'il feroit peur être mieux que l'on ne
fit point , la fupériorité de l'état du Citoyen
fur l'état de l'homme fauvage ; qui eût
jamais imaginé que cela feroit mis en
queftion ! mon but eft uniquement d'ef-
Layer de faire fentir à notre Auteur combien
fes plaintes continuelles font fuper-
Alues & déplacées : & combien il eſt évident
que la focieté entroit dans la deftination
de notre être.
J'ai parlé à M. ROUSSEAU avec toute la
franchife que la relation de compatriote
authorife. J'ai une fi grande idée des qualités
de fon coeur , que je n'ai pas fongé
un inftant qu'il put ne pas prendre en bonne
part ces réflexions . L'amour feul de la
vérité me les a dictées . Si pourtant en les
faifant , il m'étoit échappé quelque chofe
qui pût déplaire à M. ROUSSEAU , je le
OCTOBRE. 1755 . 77
prie de me le pardonner , & d'être perfuadé
de la pureté de mes intentions .
Je ne dis plus qu'un mot ; c'eft fur la
pitié , cette vertu fi célébrée par notre Auteur
, & qui fut felon lui , le plus bel appade
l'homme dans l'enfance du monde.
Je prie M. ROUSSEAU de vouloir bien
réfléchir fur les queftions fuivantes .
nage
Un homme , ou tout autre être fenfible ,
qui n'auroit jamais connu la douleur ,
auroit il de la pitié , & feroit- il ému à la
vue d'un enfant qu'on égorgeroit ?
Pourquoi la populace , à qui M. Rous-
SEAU accorde une fi grande dofe de pitié ,
fe repaît-elle avec tant d'avidité du fpectacle
d'un malheureux expirant fur la roue ?
ha-
L'affection que les femelles des animaux
témoignent pour leurs petits , a -t- elle ces
petits pour objet , ou la mere ? Si par
fard c'étoit celle - ci , le bien être des petits
n'en auroit été que mieux affuré.
J'ai l'honneur d'être , & c.
PHILOPOLIS , Citoyen de Genève.
A Genève , le 25 Août 1755 .
Au fujet du Difcours de M. J. J.
ROUSSEAU de Genève , fur l'origine
& les fondemens de l'inégalité parmi les
Hommes.
E viens , Monfieur , de lire le Difcours
JEde M. JEAN - JACQUES ROUSSEAU de
Genève , fur l'origine & les fondemens de
l'inégalité parmi les hommes . J'ai admiré le
coloris de cet étrange tableau ; mais je n'ai
pu en admirer de même le deffein & la
repréſentation . Je fais grand cas du mérite
& des talens de M. ROUSSEAU , & je félicite
Genève qui eft auffi ma patrie, de le compter
parmi les hommes célebres aufquels elle a
donné le jour : mais je regrette qu'il ait
adopté des idées qui me paroiffent fi oppofées
au vrai , & fi peu propres à faire des
heureux .
On écrira fans doute beaucoup contre
ce nouveau Difcours , comme on a beaucoup
écrit contre celui qui a remporté le
72 MERCURE DE FRANCE.
Prix de l'Académie de Dijon : & parce
qu'on a beaucoup écrit & qu'on écrira
beaucoup encore contre M. ROUSSEAU , on
lui rendra plus cher un paradoxe qu'il n'a
que trop careffé . Pour moi , qui n'ai nulle
envie de faire un livre contre M. Rous-
SEAU , & qui fuis très- convaincu que la
difpute eft de tous les moyens celui qui
peut le moins fur ce génie hardi & indépendant
, je me borne à lui propofer d'approfondir
un raifonnement tout fimple , &
qui me femble renfermer ce qu'il y a de
plus effentiel dans la queftion.
Voici ce raifonnement.
Tout ce qui réfulte immédiatement des
facultés de l'homme ne doit- il pas être dit
réfulter de fa nature ? Or , je crois que l'on
démontre fort bien que l'état de fociété réfulte
immédiatement des facultés de l'homme
je n'en veux point alléguer d'autres
preuves à notre fçavant, Auteur que fes
propres idées fur l'établiffement des fociétés
; idées ingénieufes & qu'il a fi élégamment
exprimées dans la feconde partie de
fon Difcours. Si donc l'état de fociété découle
des facultés de l'homme , il eft naturel
à l'homme. Il feroit donc auffi déraifonnable
de fe plaindre de ce que ces facultés
en fe développant ont donné naiſſance
à cet état , qu'il le feroit de fe plaindre de
OCTOBRE . 1755 . 73
ce que Dieu a donné à l'homme de telles
facultés.
L'homme eft tel que l'exigeoit la place
qu'il devoit occuper dans l'Univers . Il у
falloit apparemment des hommes qui bâtiffent
des villes , comme il y falloit des
caftors qui conftruififfent des cabannes. -
Cette perfectibilité dans laquelle M. Rous-
SEAU fait conſiſter le caractere qui diftingue
éternellement l'homme de la brute, devoit
du propre aveu de l'Auteur , conduire
l'homme au point où nous le voyons aujourd'hui.
Vouloir que cela ne fut point ,
ce feroit vouloir que l'homme ne fut point
homme. L'aigle qui fe perd dans la nue ,
rampera- t-il dans la pouffiere comme le
ferpent ?
L'HommeSauvage de M. ROUSSEAU , cet
homme qu'il chérit avec tant de complaifance
, n'eft point du tout l'homme que DIEU a
voulu faire mais DIEU a fait des Orangoutangs
& des finges qui ne font pas hommes.
:
Quand donc M. ROUSSEAU déclame
avec tant de véhémence & d'obftination
contre l'état de fociété , il s'éleve fans y
penfer contre la vOLONTÉ de CELUI qui a
fait l'homme , & qui a ordonné cet étar.
Les faits font- ils autre chofe que l'expreffion
de cette VOLONTÉ ADORABLE ?
Lorfqu'avec le pinceau d'un LE BRUN ,
D
74
MERCURE DE FRANCE.
l'Auteur trace à nos yeux
l'effroyable peinture
des maux que l'Etat civil a enfantés ,
il oublie que la planette où l'on voit ces
chofes , fait partie d'un Tout immenſe qué
nous ne connoiffons point ; mais que nous
fçavons être l'ouvrage d'une SAGESSE
PARFAITE.
Aini , reconçons pour toujours à la chimérique
entrepriſe de prouver que l'homme
feroit mieux s'il étoit autrement : l'abeille
qui conftruit des cellules fi régulieres
voudra-t-elle juger de la façade du
Louvre ? Au nom du Bon- fens & de la
Raifon , prenons l'homme tel qu'il eft ,
avec toutes fes dépendances : laiffons aller
le monde comme il va ; & foyons fûrs qu'il
va auffi bien qu'il pouvoit aller.
S'il s'agiffoit de juftifier la PROVIDENCE
aux yeux des hommes , Leibnits & Pope
l'ont fait ; & les ouvrages immortels de
ces génies fublimes font des monumens
élevés à la gloire de la Raifon. Le Difcours
de M. ROUSSEAU eft un monument
élevé à l'efprit , mais à l'efprit chagrin &
mécontent de lui- même & des autres .
Lorfque notre Philofophe voudra confacrer
fes lumieres & fes talens à nous découvrir
les origines des chofes , à nous
montrer les développemens plus ou moins
lents des biens & des maux ; en un mot
OCTOBRE. 1755. 75
à fuivre l'humanité dans la courbe tortueufe
qu'elle décrit ; les tentatives de ce
génie original & fécond , pourront nous
valoir des connoiffances précieufes fur ces
fujets intéreffans. Nous nous emprefferons
alors à recueillir ces connoiffances , & à
offrir à l'Auteur le tribut de reconnoiffance
& d'éloges qu'elles lui auront mérité ,
& qui n'aura pas été , je m'affure , la
principale fin de fes recherches .
Il y a lieu , Monfieur , de s'étonner , &
je m'en étonnerois davantage , fi j'avois
moins été appellé à réfléchir fur les fources
de la diverfité des opinions des hommes
; il y a , dis- je , lieu de s'étonner qu'un
écrivain qui a fi bien connu les avantages
d'un bon gouvernement , & qui les a fi
bien peints dans fa belle dédicace à notre
République , où il a cru voir tous ces
avantages réunis , les ait fi- tôt & fi parfaitement
perdus de vûe dans fon Difcours.
On fait des efforts inutiles pour fe perfuader
qu'un écrivain qui feroit , fans doute,
fâché que l'on ne le crut pas judicieux
préférât férieufement d'aller paffer fa vie
dans les bois , fi fa fanté le lui permettoit ,
à vivre au milieu de concitoyens chéris &
dignes de l'être. Eut-on jamais préfumé
qu'un écrivain qui penfe avanceroit dans
un fiécle tel que le nôtre cet étrange para-
Dij
76 MERCURE DE FRANCE.
doxe qui tenferme feul une fi grande foule
d'incontéquences , pour ne rien dire de
plus fou ? Si la nature reus a destinés à être
fainis , jaje presque affurer que l'état de
reqion est un état contre nature , త que
l'hom qui medite if an animal dépravé.
22 .
Janué en
commençant cette
Icture ; non deffein n'eft point de prouver
à Monfieur ROUSSEAU par des argumens
, qu'allez d'autres feront fans moi ,
& qu'il feroit peur être mieux que l'on ne
fit point , la fupériorité de l'état du Citoyen
fur l'état de l'homme fauvage ; qui eût
jamais imaginé que cela feroit mis en
queftion ! mon but eft uniquement d'ef-
Layer de faire fentir à notre Auteur combien
fes plaintes continuelles font fuper-
Alues & déplacées : & combien il eſt évident
que la focieté entroit dans la deftination
de notre être.
J'ai parlé à M. ROUSSEAU avec toute la
franchife que la relation de compatriote
authorife. J'ai une fi grande idée des qualités
de fon coeur , que je n'ai pas fongé
un inftant qu'il put ne pas prendre en bonne
part ces réflexions . L'amour feul de la
vérité me les a dictées . Si pourtant en les
faifant , il m'étoit échappé quelque chofe
qui pût déplaire à M. ROUSSEAU , je le
OCTOBRE. 1755 . 77
prie de me le pardonner , & d'être perfuadé
de la pureté de mes intentions .
Je ne dis plus qu'un mot ; c'eft fur la
pitié , cette vertu fi célébrée par notre Auteur
, & qui fut felon lui , le plus bel appade
l'homme dans l'enfance du monde.
Je prie M. ROUSSEAU de vouloir bien
réfléchir fur les queftions fuivantes .
nage
Un homme , ou tout autre être fenfible ,
qui n'auroit jamais connu la douleur ,
auroit il de la pitié , & feroit- il ému à la
vue d'un enfant qu'on égorgeroit ?
Pourquoi la populace , à qui M. Rous-
SEAU accorde une fi grande dofe de pitié ,
fe repaît-elle avec tant d'avidité du fpectacle
d'un malheureux expirant fur la roue ?
ha-
L'affection que les femelles des animaux
témoignent pour leurs petits , a -t- elle ces
petits pour objet , ou la mere ? Si par
fard c'étoit celle - ci , le bien être des petits
n'en auroit été que mieux affuré.
J'ai l'honneur d'être , & c.
PHILOPOLIS , Citoyen de Genève.
A Genève , le 25 Août 1755 .
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Résumé : LETTRE Au sujet du Discours de M. J. J. ROUSSEAU de Genève, sur l'origine & les fondemens de l'inégalité parmi les Hommes.
La lettre discute du 'Discours sur l'origine et les fondements de l'inégalité parmi les hommes' de Jean-Jacques Rousseau. L'auteur apprécie le style de Rousseau mais rejette ses idées, qu'il considère opposées à la vérité et nuisibles au bonheur. Il anticipe que le discours provoquera de nombreuses critiques, similaires à celles suscitées par un précédent discours primé par l'Académie de Dijon. Plutôt que de polémiquer, l'auteur propose un raisonnement simple : tout ce qui découle des facultés humaines est naturel. Par conséquent, l'état de société, résultant de ces facultés, est naturel et ne doit pas être regretté. L'auteur soutient que la perfectibilité humaine, soulignée par Rousseau, conduit naturellement à l'état actuel de l'humanité. Il critique également la vision idéalisée de l'homme sauvage de Rousseau, affirmant que cet état n'est pas celui voulu par Dieu. L'auteur conclut en appelant à accepter l'homme tel qu'il est et à reconnaître la sagesse divine dans l'ordre du monde. Il exprime son admiration pour les qualités de cœur de Rousseau et pose des questions sur la pitié, une vertu chère à Rousseau.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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4
p. 249-250
EPITRE de M. de Voltaire à M. des Mabys, aux Délices, 24 Juillet.
Début :
Vous ne comptez pas trente hyvers : [...]
Mots clefs :
Voltaire, M. des Mabys, Épître, Port-Mahon, Victoire, Mémoire, Exploits
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : EPITRE de M. de Voltaire à M. des Mabys, aux Délices, 24 Juillet.
EPITRE de M. de Voltaire à M. des Mabys
, aux Delices , 24 Juillet.
1
Vous ne comptez pas trente hyvers :
Les graces font votre partage ;
Elles ont dicté vos beaux vers ;
Mais je ne fçais par quel travers
Vous vous proposez d'être fage.
C'eſt un mal qui prend à mon âge ,
Quand le reffort des paffions ,
Quand de l'amour la main divine ,
Quand les belles tentations
Ne foutiennent plus la machine.
Trop tôt vous vous défefpérez ;
Croyez- moi , la raiſon févere
Qui trompe vos fens égarés ,
N'eſt qu'une attaque paffagere.
Vous êtes jeune & fait pour plaire,
Soyez fûr que vous guérirez :
Je vous en dirois d'avantage
Contre ce mal de la raifon
Que je hais d'un fi bon courage ;
Mais je médite un gros Ouvrage
Pour le Vainqueur de Port-Mahon.
Je veux peindre à ma Nation
Ce jour d'éternelle mémoire.
Je dirai , moi , qui fçais l'histoire ,
Qu'un géant nommé Gérion
Fut pris autrefois par Alcide
250 MERCURE DE FRANCE.
Dans la même Iſle , au même lieu ,
Où notre brillant Richelieu
A vaincu l'Anglois intrépide
Je dirai qu'ainfi que Paphos
Minorque à Vénus fut foumife :
Vous voyez bien que mon Héros
Avoit double droit à ſa priſe.
Je fuis Prophète quelquefois.
J'ai prédit fes heureux exploits ,
Malgré l'envie & la critique ;
Et l'on prétend que je lui dois
Encor une Ode pindarique.
Mais les Odes ont peu d'appas
Pour les Guerriers & pour moi- mêmé ;
Et je conviens qu'il ne faut pas
Ennuyer les Héros qu'on aime .
, aux Delices , 24 Juillet.
1
Vous ne comptez pas trente hyvers :
Les graces font votre partage ;
Elles ont dicté vos beaux vers ;
Mais je ne fçais par quel travers
Vous vous proposez d'être fage.
C'eſt un mal qui prend à mon âge ,
Quand le reffort des paffions ,
Quand de l'amour la main divine ,
Quand les belles tentations
Ne foutiennent plus la machine.
Trop tôt vous vous défefpérez ;
Croyez- moi , la raiſon févere
Qui trompe vos fens égarés ,
N'eſt qu'une attaque paffagere.
Vous êtes jeune & fait pour plaire,
Soyez fûr que vous guérirez :
Je vous en dirois d'avantage
Contre ce mal de la raifon
Que je hais d'un fi bon courage ;
Mais je médite un gros Ouvrage
Pour le Vainqueur de Port-Mahon.
Je veux peindre à ma Nation
Ce jour d'éternelle mémoire.
Je dirai , moi , qui fçais l'histoire ,
Qu'un géant nommé Gérion
Fut pris autrefois par Alcide
250 MERCURE DE FRANCE.
Dans la même Iſle , au même lieu ,
Où notre brillant Richelieu
A vaincu l'Anglois intrépide
Je dirai qu'ainfi que Paphos
Minorque à Vénus fut foumife :
Vous voyez bien que mon Héros
Avoit double droit à ſa priſe.
Je fuis Prophète quelquefois.
J'ai prédit fes heureux exploits ,
Malgré l'envie & la critique ;
Et l'on prétend que je lui dois
Encor une Ode pindarique.
Mais les Odes ont peu d'appas
Pour les Guerriers & pour moi- mêmé ;
Et je conviens qu'il ne faut pas
Ennuyer les Héros qu'on aime .
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Résumé : EPITRE de M. de Voltaire à M. des Mabys, aux Délices, 24 Juillet.
Dans une épître datée du 24 juillet, Voltaire s'adresse à M. des Mabys pour discuter de la jeunesse et de la sagesse. Il conseille à ce jeune homme de ne pas rejeter trop tôt les plaisirs de la jeunesse, bien que la raison puisse sembler sévère, il la considère comme une phase passagère. Voltaire mentionne son projet d'écrire un ouvrage sur le vainqueur de Port-Mahon, qu'il compare au duc de Richelieu, le décrivant comme Hercule capturant Gérion. Il prédit les futurs exploits de Richelieu et évoque une ode pindarique qu'il lui doit encore. Cependant, il reconnaît que les odes peuvent être ennuyeuses, tant pour les guerriers que pour lui-même.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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Pas de résultat.