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p. 195-198
COMEDIE FRANÇOISE. / EPITRE. A Mademoiselle Clairon, par M. Marmontel.
Début :
Nous commencerons cet article par l'éloge de Mlle Clairon. Quelque / Enfin te voilà parvenue [...]
Mots clefs :
Génie, Succès, Comédie-Française, Mademoiselle Clairon
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texteReconnaissance textuelle : COMEDIE FRANÇOISE. / EPITRE. A Mademoiselle Clairon, par M. Marmontel.
COMEDIE FRANÇOISE.
Ous commencerons cet article
par
Nl'éloge de Mille Clairon. Quelque
grand qu'il foit , il nous paroît jufte.
E PITRE
A Mademoiselle Clairon , par M. Marmontel.
ENfin Nfin te voilà parvenue
A ce haur point de vérité ,
Où l'art , dans fa fublimité ,
N'eft que la peinture ingénue
De la nature toute nue ,
Belle de fa feule beauté.
Que fous tes traits elle eft touchante !
Le coeur à fes charmes livré ,
Dans l'illufion qui l'enchante ,
Entraîne l'efprit enivré .
Sois Phedre , Camille , Ariane ,
I ij
196 MERCURE DE FRANCE.
Alzire , Agripine , ou Roxane ;
Tu n'as rien de la fiction .
De l'éloquente paffion
Ta bouche eſt le fidele organe ,
Et ton gefte en eſt l'action.
Ce n'est point d'un art fymétrique
La fervile affectation ;
Du trouble & de l'émotion
C'eſt le langage pathétique :
C'est ce génie imitateur
Qui pénetre , faifit , embraſſe
Le plan du génie invent eur ,
L'égale , fouvent le furpaffe ,
Et fait placer l'actrice à côté de l'auteur .
Des Corneilles & des Racines ,
On croit voir les ames divines ,
Comme dans leurs écrits , refpirer dans ton coeur.
Du haut des cieux ils t'applaudiffent :
A la table des dieux tu fais leur entretien ;
Et de leur triomphe & du tien ,
Les céleftes lambris chaque jour retentiffent .
>> Dans mes vers , dit Corneille , elle a tour anobli :
» La veuve de Pompée etf çoit Cléopatre ;
>> Clairon lui rend fon luftre , & venge fon oubli.
» Dans mes vers , dit Racine , elle a tout embelli :
» Quand Phedre , fous fes traits , languit fur un
théatre ,
Moi-même interdit & confus ,
NOVEMBRE. 1755.. 197
Je me reproche les refus
Dont le fier Hippolyte accable fa marâtre .
Quand Eriphile , avec fes pleurs ,
Peint fa flâme jaloufe & fes vives douleurs ,
Surpris que mon héros ne l'ait pas confolée ,
Je m'intéreffe à fes malheurs ,
Et j'accufe Calcas de l'avoir im uolée.
Tandis qu'à ces récits tout l'Olympe eſt charmé,
Ici bas le rival d'Homere & de Corneille ,
Au bruit de tes fuccès , qui frappent fon oreille ,
Sent d'un feu créateur fon génie enflâné :
Tul'infpires toi feule ; il croit voir ( 1 ) ton image;
Et pour te rendre un digne hommage ,
Son pinceau rajeuni fait éclore Idamé.
De ce Titon nouvelle Aurore ,
Pour fa gloire & pour tes fuccès ,
Puiffe-t- il ne mourir jamais ,
Et rajeunir cent fois encore !
Ton talent déformais en regle eft érigé.
De la ſcene à ton gré réforme les uſages :
Ton exemple fait loi . Tous les rangs , tous les
âges ,
Et le nouveau caprice , & le vieux préjugé ,
Et Paris , & la cour , & le peuple , & les fages ,
De ton parti tout eſt rangé.
Le chemin qui conduit au temple de mémoire ,
(1 ) En compofant fon role , ( écrit l'auteur à un
de fes amis ) je la voyois fans ceffe au bout de mø
table.
1
I iij
198 MERCURE DE FRANCE.
Ce chemin fi pénible , eft applani pour toi.
Le ciel en ta faveur femble changer la loi
Qui vend cher aux talens une tardive gloire.
Le Jeu li 9 Octobre , la Comédie Françoiſe
qui a été cette année à Fontainebleau ,
le feul fpectacle de la Cour , y repréſenta
l'Orphelin de la Chine . Mlle Clairon juftifia
l'éloge qu'on vient de lire dans le rôle d'Idamé
, qu'elle joua avec le même fuccès
qu'à la ville. Elle n'a pas été ici moins fupérieure
pendant l'abfcence dans ceux de
Phedre & de Roxane.
Ous commencerons cet article
par
Nl'éloge de Mille Clairon. Quelque
grand qu'il foit , il nous paroît jufte.
E PITRE
A Mademoiselle Clairon , par M. Marmontel.
ENfin Nfin te voilà parvenue
A ce haur point de vérité ,
Où l'art , dans fa fublimité ,
N'eft que la peinture ingénue
De la nature toute nue ,
Belle de fa feule beauté.
Que fous tes traits elle eft touchante !
Le coeur à fes charmes livré ,
Dans l'illufion qui l'enchante ,
Entraîne l'efprit enivré .
Sois Phedre , Camille , Ariane ,
I ij
196 MERCURE DE FRANCE.
Alzire , Agripine , ou Roxane ;
Tu n'as rien de la fiction .
De l'éloquente paffion
Ta bouche eſt le fidele organe ,
Et ton gefte en eſt l'action.
Ce n'est point d'un art fymétrique
La fervile affectation ;
Du trouble & de l'émotion
C'eſt le langage pathétique :
C'est ce génie imitateur
Qui pénetre , faifit , embraſſe
Le plan du génie invent eur ,
L'égale , fouvent le furpaffe ,
Et fait placer l'actrice à côté de l'auteur .
Des Corneilles & des Racines ,
On croit voir les ames divines ,
Comme dans leurs écrits , refpirer dans ton coeur.
Du haut des cieux ils t'applaudiffent :
A la table des dieux tu fais leur entretien ;
Et de leur triomphe & du tien ,
Les céleftes lambris chaque jour retentiffent .
>> Dans mes vers , dit Corneille , elle a tour anobli :
» La veuve de Pompée etf çoit Cléopatre ;
>> Clairon lui rend fon luftre , & venge fon oubli.
» Dans mes vers , dit Racine , elle a tout embelli :
» Quand Phedre , fous fes traits , languit fur un
théatre ,
Moi-même interdit & confus ,
NOVEMBRE. 1755.. 197
Je me reproche les refus
Dont le fier Hippolyte accable fa marâtre .
Quand Eriphile , avec fes pleurs ,
Peint fa flâme jaloufe & fes vives douleurs ,
Surpris que mon héros ne l'ait pas confolée ,
Je m'intéreffe à fes malheurs ,
Et j'accufe Calcas de l'avoir im uolée.
Tandis qu'à ces récits tout l'Olympe eſt charmé,
Ici bas le rival d'Homere & de Corneille ,
Au bruit de tes fuccès , qui frappent fon oreille ,
Sent d'un feu créateur fon génie enflâné :
Tul'infpires toi feule ; il croit voir ( 1 ) ton image;
Et pour te rendre un digne hommage ,
Son pinceau rajeuni fait éclore Idamé.
De ce Titon nouvelle Aurore ,
Pour fa gloire & pour tes fuccès ,
Puiffe-t- il ne mourir jamais ,
Et rajeunir cent fois encore !
Ton talent déformais en regle eft érigé.
De la ſcene à ton gré réforme les uſages :
Ton exemple fait loi . Tous les rangs , tous les
âges ,
Et le nouveau caprice , & le vieux préjugé ,
Et Paris , & la cour , & le peuple , & les fages ,
De ton parti tout eſt rangé.
Le chemin qui conduit au temple de mémoire ,
(1 ) En compofant fon role , ( écrit l'auteur à un
de fes amis ) je la voyois fans ceffe au bout de mø
table.
1
I iij
198 MERCURE DE FRANCE.
Ce chemin fi pénible , eft applani pour toi.
Le ciel en ta faveur femble changer la loi
Qui vend cher aux talens une tardive gloire.
Le Jeu li 9 Octobre , la Comédie Françoiſe
qui a été cette année à Fontainebleau ,
le feul fpectacle de la Cour , y repréſenta
l'Orphelin de la Chine . Mlle Clairon juftifia
l'éloge qu'on vient de lire dans le rôle d'Idamé
, qu'elle joua avec le même fuccès
qu'à la ville. Elle n'a pas été ici moins fupérieure
pendant l'abfcence dans ceux de
Phedre & de Roxane.
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Résumé : COMEDIE FRANÇOISE. / EPITRE. A Mademoiselle Clairon, par M. Marmontel.
Marmontel rend hommage à Mademoiselle Clairon, une actrice française exceptionnelle. Il met en lumière sa maîtrise de la comédie, soulignant sa capacité à incarner divers personnages tels que Phèdre, Camille, Ariane, Alzire, Agripine ou Roxane avec une vérité sublime. Son jeu est décrit comme naturel et émotif, reflétant authentiquement les passions des personnages. Marmontel compare Clairon à des auteurs célèbres comme Corneille et Racine, affirmant que son interprétation donne vie à leurs œuvres. Son talent inspire même les poètes, qui la voient comme une muse capable de raviver leur génie créateur. Les succès de Clairon ont réformé les usages de la scène et sont admirés de Paris à la cour. Le texte se conclut par la représentation de l'Orphelin de la Chine à Fontainebleau, où Clairon a joué le rôle d'Idamé avec succès, confirmant ainsi les éloges précédents.
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