IIIe PARTIE
DU MERCURE.
HISTORIETTES
& autres Amusemens.
JUGEMENT du
Procés de la petitefille
à deuxmeres
,
dont
j'aiparlédansle Mercure
de Novembre.
De Lion ce 20 Fevrier.
'i Ilseroitinutiledevous
envoyer un dispositifennuïeux
de la Sentenceren
duë au sujet de la petite
fille à deux meres ,
suffit
de vous dire que la mere
mariéea estéreceuë à
prouver les faits par elle
articulezauprocés ;sçavoirquelle
avoit esté
grosse
,
quelle avoit à
laitél'enfant,&c. mais
par provision l'enfant a
estéremis entre les mains
de la merefille, qui le reclamoit,
& cela termine
le procés ; parce que la
mere mariée ditqu'ellen'a
pas le moyen depoursuivre,
& l'on Ifllit dans
la Ville, qu'outre qu'elle
riapas de preuvessuffisantes,
le pere qui estoit
si curieux d'avoir ligneé,,
n'aplusdegoustpourun
enfantéquivoque;&ainsi
l'on croit que leschoses
en demeureront là : au
reste
, vous m'avcZ-J demandé
avec instance les
particularitéssecrettesde
ce que vous appcfteZ-J dans
vostre Mercure. La circonfiance
la plus étcnante
de toute l'Histoire
,
l'on a vû la timide
Angelique cacher
en tremblant les suites de
son mariage secret, &on
la voit à present reclamer
publiquement le témoin
desa faute. Ellenecraint
plus de publier sa honte;
ce changement ne paroît
pas vrai-semblable, &c.
Je vous envoye, MonsieuryUsratjonssecrettes
qui rendentcet éclat vraipmblahLs,
y vousajufie-,
rez ces vevïtez^ak refle de
l'Histoire. Jesuis, &c.
FIN
De l'Histoire de Cleonte
& d*Angclique*
Angeliquenavoit aucunes eu aucunes nnoouuvveelllleess de ffbann
cherCleonte,depuis qu'el
le l'avoit vû partir pour
aller obtenir de son pere
la permission d'achever
ce mariage dont le commencement
avoitesté
trop précipité; Cleonte
en partant de Lion estoit
rempli d'amour & de
reconnoissance ; mais
tout cela se refroidit un
peu sur les chemins ; il y
a cent lieuës de Lion à
Paris, peu de jeunes
Cleontes peuvent porter
Ci loin un violent
amour sans en rien perdre
, &surtout un amour
heureux, celui-ci
aimoit pourtant encore
Angelique en arrivant à
Paris J mais il y trouva
son pere mort, il salut
heriter de cent mil écus ;
il fut sioccupé du plaisir
&de soins de cette grosse
succession,quiln'eut pas
leloisirde penser davantageàAngelique.
-
Aprés un oubli de quelques
années --;. Cleonte
tombamalade de la maladiedontil
mourut,&
avant sa more un de ses
amis lui aprit qu'il estoit
ressé à la pauvre Angélique
un gage vivant de
l'amour qu'elle avoiteu
pour lui ; il eftoiç honneste
homme à l'inconscontance
prés, & de plus
il alloitmourir ; il écrivitde
sa mainune espece
de Testament,par lequel
il époufoit Angelique
,
en laissant vingt mille
livres, dont la mere joüira
jusqu'a la majorité de
l'enfant, & de plus, une
forte pension à la mere
sa vie durant.
Cleonte mourut ensuite,
& surcette nouvelle,
Angelique fut agitée de
divers mouvemens,elle
apprend que son cher
Cleonte est mort ; mais
elle lavoit cru inconstant;
c'est encore pis
pour une femme; joignez
à cela le mariage posthume
qui reparc son
honneur, elle doit estre
un peu consolée ; quoi
qu'il en fair, ces raisons
l'ont obligée à reclamer
la petite fille, & à faire
cet éclat qui ne paroissoit
pas vrai-semblable dans
une fille sage & modèle.