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p. 112-117
Essay sur les erreurs populaires, &c. [titre d'après la table]
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ESSAY sur les erreurs populaires. Suite de l'Extrait de ce Livre, imprimé [...]
Mots clefs :
Vipère, Dents, Manger, Éternuer, Tradition, Grecs, Animal, Galien, Usage, Peuples
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texteReconnaissance textuelle : Essay sur les erreurs populaires, &c. [titre d'après la table]
ESSAY sur les erreurs populaires . Sulte
de l'Extrait de ce Livre , imprimé
dans le Mercure de Novembre.
Au Chapitre 8 , du 3 ° Livre , l'Auteur
refute la Fable qu'on débite par rapport
au Loup , comme il a fait celle du Basilic
: Si le Loup , dit - on , apperçoit un
homme avant qu'il en soit apperçu , incontinent
cet homme devient enroué ou
perd la voix ; d'où est venu le Proverbe,
Lupus in fabula. Cette opinion est née
de l'étonnement et du silence que cause
d'ordinaire aux Voyageurs la vûë inopinée
JANVIER : 1734." 113
née des Loups ; non qu'il sorte de ces
animaux avec une vapeur nuisible , comme
on le suppose ; mais c'est qu'alors on
est saisi de frayeur; et que la frayeur produit
ordinairement le silence.
Chapitre 16. C'est encore une tradition
fort ancienne , que la Vipere dans
l'accouplement , coupe , avec ses dents.
la tête du mâle , et que les Petits , à leur
tour , pour le vanger , déchirent le sein
de leur mere , et se font ainsi passage
avec leurs dents...... Et quoique cette
Tradition fut établie chez les Grecs , les
Latins ont voulu la fortifier , en donnant
à cet animal le nom de Vipere. Quasi vi
pariat. Et ce texte des Livres Saints : O
générations de Viperes , a trouvé des Interpretes
favorables à cette même tradition.
Cependant malgré ces autoritez ,
ces narrations , ces conjectures , nous pou
vons affirmer après un examen sérieux
que cela n'est conforme ni à la vérité , ni
à la raison .
Il n'y a peut- être point d'animal dont
on ait débité tant de Fables , que de la:
Vipere comme on l'a déja remarqué, et
ainsi que François Rédi l'a fait voir dans
ses Observations. Ce Sçavant Naturaliste
a prouvé par le raisonnement et par
l'expérience que la Vipere ne contient
F v au114
MERCURE DE FRANCE
aucune humeur pernicieuse ou mortelle;
que l'un et l'autre sexe n'ont que deux
dents canines ; que ces dents sont creuses
, que leur morsure n'empoisonne
point , et qu'elle ne fait autre chose
qu'une playe par où le venin peut s'insinuer
, et que ce poison n'est mortel
qu'autant qu'il entre dans quelque vaisseau
sanguin. Il prouve encore que la
Vipere ne contient d'autre poison que
cette liqueur presqu'insipide , qui ressemble
à de l'huile d'amandes , et qui s'arrête
dans ces especes de guaines , dont
ses dents sont couvertes ; que cette li
queur ne sort pas de la vésicule du fiel
mais qu'elle se produit plus vrai- sembla
blement dans la téte où les conduits sa
livaires ont leur origine.
Dans le chap. 25. du même liv. 3. du
choix des Viandes , & c. l'Auteur dit qu'il
paroît qu'Aristote et Albert , recommandoient
la chair des jeunes Faucons. Galien
, dit il , qui vante celle des Renards.
en Automne, quand ils mangent des Raisins,
condanne les Cailles et met les Öyes
au même rang que les Autruches ; cependant
aujourd'hui on sert des Cailles
sur les meilleurs Tables.
Ce n'est que dans les plus grandes extrémitez
que l'on mange aujourd'hui
des
JANVIER . 1734. IIS
-
des Chiens. Cependant Galien nous apprend
que plusieurs Nations s'en nourrissoient
; et Hippocrate en fait autant
de cas que des Öyseaux ; il en ordonne
même la chair comme un reméde excellent
contre les maladies de Ratte , et
pour faire concevoir les femmes. Du tems
de Pline et de Galien , continue l'Auteur,
on condamnoit l'usage de la chair de
Cheval, et l'on croyoit que le sarg de cet
animal étoit très nuisible , au lieu
qu'aujourd'hui c'est la nourriture des
Tartares, et que ces Peuples en boivent le
sang. On pourroit se persuader que c'est
une fantaisie des Peuples Septentrionaux ,
si Hérodote ne nous apprenoit que
Perses en servoient dans leurs Festins , et
qu'aux jours de leur naissance , ils apprê
toient des Chevaux , des Chameaux et des
Anes tous entiers ; blâmant en cela les
Grecs , qui , selon eux , n'en chargeoient
point assez leurs Tables.
les.
Il n'y a presque rien dont les hommes
en general ne se nourrissent. Ce qui est
inconnu dans une Région , est d'usage
dans une autre , et l'on prouveroit sang
peine , que des Peuples entiers mangent
des Tygres , des Elephans , des Rats , des
Chauves - Souris , & c. Lérins et d'autres.
assurent qu'il y a des Amériquains qui
F vj
man
116 MERCURE DE FRANCE
mangent de tout , sans excepter les Cra
paux et les Serpens. Il y a même des Nations,
qui au mépris de toutes les Loix ,
ont mangé et mangent encore de la chair
humaine .
Les anciens étoient dans une grande ,
superstition au sujet de l'éternûment.On
lit icy , aù ch.9. du 4 liv. qu'ils croyoient
qu'il annonçoit quelque chose de sinistre;
et cela paroît bien par ce trait de
l'Athénien,qui , parce qu'un des Bateliers
avoit éternué , voulut abandonner sonentreprise
; et par le témoignage de S. Augustin
, qui dit que les anciens se remettoient
au lit quand il leur arrivoit d'é
ternuer en se chaussant.
Aristote demande encore pourquoi if
est d'un bon augure d'éternuer depuis
midi jusqu'à minuit , et d'un mauvais
augure d'éternuer depuis minuit jusqu'à
midi.
Eustathe , dans ses Commentaires sur
Homere , a remarqué qu'éternuer à sa
gauche , c'étoit un signe malheureux ; et
qu'éternuer à sa droite , c'étoit un signe
favorable. Aussi Plutarque nous apprend
qu'avant la Bataille contre Xerxes , Thémistocle
sacrifiant sur son Vaisseau
et un des assistans ayant éternué à sa
droite , l'Augure Euphrantides prédig
à
JANVIER 1734 117
`
à l'instant la Victoire des Grecs et la Dé
faite des Perses.
L'usage de saluer quand on éternuë ,
est donc beaucoup plus ancien qu'on ne
le croit ordinairement , et il ne tire point
son origine de quelque maladie particuliere
; mais bien qu'il soit né de l'idée
qu'on s'étoit faite sur cette violente agitation
, qui surprenoit les assistans ; d'autres
ayant remarqué quelques événemens
qui n'y étoient liez que par hazard , on
est enfin parvenu à faire ces formules ,
par lesquelles on souhaitoit que le mal
fut détourné , et que le bien arrivât.
de l'Extrait de ce Livre , imprimé
dans le Mercure de Novembre.
Au Chapitre 8 , du 3 ° Livre , l'Auteur
refute la Fable qu'on débite par rapport
au Loup , comme il a fait celle du Basilic
: Si le Loup , dit - on , apperçoit un
homme avant qu'il en soit apperçu , incontinent
cet homme devient enroué ou
perd la voix ; d'où est venu le Proverbe,
Lupus in fabula. Cette opinion est née
de l'étonnement et du silence que cause
d'ordinaire aux Voyageurs la vûë inopinée
JANVIER : 1734." 113
née des Loups ; non qu'il sorte de ces
animaux avec une vapeur nuisible , comme
on le suppose ; mais c'est qu'alors on
est saisi de frayeur; et que la frayeur produit
ordinairement le silence.
Chapitre 16. C'est encore une tradition
fort ancienne , que la Vipere dans
l'accouplement , coupe , avec ses dents.
la tête du mâle , et que les Petits , à leur
tour , pour le vanger , déchirent le sein
de leur mere , et se font ainsi passage
avec leurs dents...... Et quoique cette
Tradition fut établie chez les Grecs , les
Latins ont voulu la fortifier , en donnant
à cet animal le nom de Vipere. Quasi vi
pariat. Et ce texte des Livres Saints : O
générations de Viperes , a trouvé des Interpretes
favorables à cette même tradition.
Cependant malgré ces autoritez ,
ces narrations , ces conjectures , nous pou
vons affirmer après un examen sérieux
que cela n'est conforme ni à la vérité , ni
à la raison .
Il n'y a peut- être point d'animal dont
on ait débité tant de Fables , que de la:
Vipere comme on l'a déja remarqué, et
ainsi que François Rédi l'a fait voir dans
ses Observations. Ce Sçavant Naturaliste
a prouvé par le raisonnement et par
l'expérience que la Vipere ne contient
F v au114
MERCURE DE FRANCE
aucune humeur pernicieuse ou mortelle;
que l'un et l'autre sexe n'ont que deux
dents canines ; que ces dents sont creuses
, que leur morsure n'empoisonne
point , et qu'elle ne fait autre chose
qu'une playe par où le venin peut s'insinuer
, et que ce poison n'est mortel
qu'autant qu'il entre dans quelque vaisseau
sanguin. Il prouve encore que la
Vipere ne contient d'autre poison que
cette liqueur presqu'insipide , qui ressemble
à de l'huile d'amandes , et qui s'arrête
dans ces especes de guaines , dont
ses dents sont couvertes ; que cette li
queur ne sort pas de la vésicule du fiel
mais qu'elle se produit plus vrai- sembla
blement dans la téte où les conduits sa
livaires ont leur origine.
Dans le chap. 25. du même liv. 3. du
choix des Viandes , & c. l'Auteur dit qu'il
paroît qu'Aristote et Albert , recommandoient
la chair des jeunes Faucons. Galien
, dit il , qui vante celle des Renards.
en Automne, quand ils mangent des Raisins,
condanne les Cailles et met les Öyes
au même rang que les Autruches ; cependant
aujourd'hui on sert des Cailles
sur les meilleurs Tables.
Ce n'est que dans les plus grandes extrémitez
que l'on mange aujourd'hui
des
JANVIER . 1734. IIS
-
des Chiens. Cependant Galien nous apprend
que plusieurs Nations s'en nourrissoient
; et Hippocrate en fait autant
de cas que des Öyseaux ; il en ordonne
même la chair comme un reméde excellent
contre les maladies de Ratte , et
pour faire concevoir les femmes. Du tems
de Pline et de Galien , continue l'Auteur,
on condamnoit l'usage de la chair de
Cheval, et l'on croyoit que le sarg de cet
animal étoit très nuisible , au lieu
qu'aujourd'hui c'est la nourriture des
Tartares, et que ces Peuples en boivent le
sang. On pourroit se persuader que c'est
une fantaisie des Peuples Septentrionaux ,
si Hérodote ne nous apprenoit que
Perses en servoient dans leurs Festins , et
qu'aux jours de leur naissance , ils apprê
toient des Chevaux , des Chameaux et des
Anes tous entiers ; blâmant en cela les
Grecs , qui , selon eux , n'en chargeoient
point assez leurs Tables.
les.
Il n'y a presque rien dont les hommes
en general ne se nourrissent. Ce qui est
inconnu dans une Région , est d'usage
dans une autre , et l'on prouveroit sang
peine , que des Peuples entiers mangent
des Tygres , des Elephans , des Rats , des
Chauves - Souris , & c. Lérins et d'autres.
assurent qu'il y a des Amériquains qui
F vj
man
116 MERCURE DE FRANCE
mangent de tout , sans excepter les Cra
paux et les Serpens. Il y a même des Nations,
qui au mépris de toutes les Loix ,
ont mangé et mangent encore de la chair
humaine .
Les anciens étoient dans une grande ,
superstition au sujet de l'éternûment.On
lit icy , aù ch.9. du 4 liv. qu'ils croyoient
qu'il annonçoit quelque chose de sinistre;
et cela paroît bien par ce trait de
l'Athénien,qui , parce qu'un des Bateliers
avoit éternué , voulut abandonner sonentreprise
; et par le témoignage de S. Augustin
, qui dit que les anciens se remettoient
au lit quand il leur arrivoit d'é
ternuer en se chaussant.
Aristote demande encore pourquoi if
est d'un bon augure d'éternuer depuis
midi jusqu'à minuit , et d'un mauvais
augure d'éternuer depuis minuit jusqu'à
midi.
Eustathe , dans ses Commentaires sur
Homere , a remarqué qu'éternuer à sa
gauche , c'étoit un signe malheureux ; et
qu'éternuer à sa droite , c'étoit un signe
favorable. Aussi Plutarque nous apprend
qu'avant la Bataille contre Xerxes , Thémistocle
sacrifiant sur son Vaisseau
et un des assistans ayant éternué à sa
droite , l'Augure Euphrantides prédig
à
JANVIER 1734 117
`
à l'instant la Victoire des Grecs et la Dé
faite des Perses.
L'usage de saluer quand on éternuë ,
est donc beaucoup plus ancien qu'on ne
le croit ordinairement , et il ne tire point
son origine de quelque maladie particuliere
; mais bien qu'il soit né de l'idée
qu'on s'étoit faite sur cette violente agitation
, qui surprenoit les assistans ; d'autres
ayant remarqué quelques événemens
qui n'y étoient liez que par hazard , on
est enfin parvenu à faire ces formules ,
par lesquelles on souhaitoit que le mal
fut détourné , et que le bien arrivât.
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Résumé : Essay sur les erreurs populaires, &c. [titre d'après la table]
L'auteur de l'ESSAY sur les erreurs populaires réfute plusieurs croyances et traditions. Dans le chapitre 8, il conteste la croyance selon laquelle apercevoir un loup avant qu'il ne vous voie provoque une perte de voix, attribuant ce phénomène à la frayeur et au silence qu'elle engendre. Le chapitre 16 dément la tradition selon laquelle la vipère coupe la tête du mâle lors de l'accouplement et que leurs petits déchirent le sein de leur mère pour se venger. Cette tradition, bien que soutenue par des autorités grecques et latines, est jugée non conforme à la vérité et à la raison. François Rédi, un naturaliste, a démontré que la vipère ne contient pas d'humeur pernicieuse et que son venin n'est mortel que s'il pénètre dans un vaisseau sanguin. Le chapitre 25 discute des choix alimentaires à travers les époques. Aristote et Albert recommandaient la chair des jeunes faucons, tandis que Galien vantait celle des renards en automne. Galien condamnait les cailles et les œufs, mais aujourd'hui, les cailles sont servies sur les meilleures tables. Les anciens mangeaient des chiens et des chevaux, contrairement aux pratiques actuelles. Les Perses servaient du cheval dans leurs festins, blâmant les Grecs pour leur manque de variété alimentaire. L'auteur note que les habitudes alimentaires varient selon les régions et les époques, certains peuples consommant des animaux considérés comme impropres à la consommation ailleurs. Enfin, le texte aborde les superstitions entourant l'éternuement. Les anciens y voyaient des signes de bon ou de mauvais augure, selon le moment de la journée ou la direction de l'éternuement. Cette croyance a conduit à l'usage de saluer quelqu'un qui éternue, pour détourner le mal et attirer le bien.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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