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1
p. 14-33
Avanture de Monsieur le Vicomte de. [titre d'après la table]
Début :
je ne me hazarderois pas volontiers apres cela, à vous [...]
Mots clefs :
Dame, Humeur, Vers, Galant, Visite, Beauté, Faveurs, Affaires du coeur, Amour, Billet
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texteReconnaissance textuelle : Avanture de Monsieur le Vicomte de. [titre d'après la table]
je ne me hazarderois pas vo- lontiers apres cela, à vous con- ter familierement ce qui eſt
arrivé depuis peu à Male Vi- comte de *** Ie ne ſçay ſi vous le connoiſſez. Il eſt naturellement Galant , & il a peine à
voir une Femme aymable fans luydire des douceurs , mais il eſt délicat ſur l'engagement,&
pour le toucher ilne fuffit pas
B
#4 LE MERCVRE
toûjours d'eſtre Belle. Il y a
quelque temps que parmy des Dames de fa connoiſſance
qu'il rencontra aux Thuille- ries, il en vit une dontla beauté
le ſurprit. Il demandaqui elle eſtoit , entra en converfarion
avec elle, luy dit d'obligeantes folies , & luy rendit Viſite le lendemain. La Damele reçeut auſſi favorablementqu'elle l'a-- voit écouté aux Thuilleries.
LeVicomte fait figure dans le beau monde , &elle n'euſt pas eſtéfachéequ'on l'euſt crûde ſes Soûpirans. Il eut quelque affiduité pour elle,&il ne la vit pas longtemps ſans connoiſtre qu'il eſtoit aimé ; mais toute belle qu'elle eft,elle n'eûtpoint pour luy ce que je n'ay quoy
qui pique : Ses manieres luy
GALANT. 15 deplurent ; il luy trouva une fuffiſance inconfiderée , un efprit mal tourné , quoy qu'elle ne foit pas fans eſprit; &com- me il ceſſa de luy dire qu'il l'aimoit dés laquatrième Vifi- re, il eut abſolument ceffé de
la voir , ſans une jeune Parente qu'il rencõtra chez elle, & qui futtout-à-faitſelon fon cœur.
Elle n'eſtoit pas fi belleque la Dame,mais elle reparoit cede- faut par des agrémensquipour un Home de fon gouft étoient
bien plus touchas que la Beau- té. Elle ne diſoit rienqui ne fut juſte & fpirituel , c'eſtoit une maniere aiſee en toutes choſes , pointde contrainte , point d'affectation , Elle chantoit
comme un Ange, & toute fa Perſonne plût tellement au
B 2
16 LE MERCVRE
Vicomte , que ce ne fut que pour elle ſeule qu'il continua ſes affiduitez où il la voyoit.
Comme elle ne le pouvoit re- cevoir chez elle , il ſe mit affez
bien dans ſon eſpritpour ſça- voir quand elle devoit rendre Viſite à ſa Parente , & fi elle
n'y pouvoit venir de trois jours , il paffoit auffi trois jours ſans yvenir. Ce manque d'em-.
preſſement n'accommodoit point la Dame , qui s'eſtoit laiffée prendre tout debon au merite du Vicomte. Elle crût
quele tropde fierté qu'elle luy marquoit en eſtoit la cauſe ,&
refolut de s'humanifer pour le mettre avec elle dans une liaifondont il ne luy fuſt pas per- mis de ſe dédire. Elle commença par de petites avances
GALANT. 17
flateuſes qui jetterent le Vi- comtedans un nouvel embarras . Ce n'eſt pas qu'il ſoit in- fenfible aux faveurs des Belles , au contraire il n'y a rien qu'il ne faffe pour s'en rendre digne , mais il veut aimerpour cela , & à moins que cetaffai- ſonnement ne s'y trouve , les faveurs ne font rien pour luy.. Ainſi quand il avoit le malد
ſe rencontrerſeulavec EU
YO
1803
heurde la Dame, il ne manquoit
mais à luy parler de Cam bray ou de ſaint Omer
Elle avoit beau l'interrompre pour tournerlediſcours fur les
affaires du cœur , il revenoit
toûjours àquelque attaque de
Demy-lune; & fi la Dame ſe
montroir quelquefois un peu trop obligeante pour luy , il
:
B 3
18 LE MERCVRE
recevoit cela avec une modeſtie qui la chagrinoit encor plus que les Contes de Guerre qu'il luy faiſoit. Cependant la belle humeur où il ſe mettoit
ſi toſt qu'il voyoit entrer l'ai- mable Parente , cauſa un defordre auquel il n'y eut plus moyen de remedier. LaDame ouvrit le yeux , obſerva le Vicomte , connut une partie de ce qu'il avoitdans le cœur, &
entra un jour dans un fi fu- rieux tranſport de jaloufie contre ſa Parente , apres qu'il les eut quittées , qu'elle luy defendit ſa Maiſon. Le Vicomte qui n'en eſtoit point averty,
fut furpris de ne la point voir le lendemain au rendez-vous
qu'elle luy avoit donné ; il y
retourna inutilement les deux
jours ſuivans , & ne ſcachant
GALANT. 19
que s'imaginer de ce change- ment ,il chercha l'occaſionde
luyparler chez une Dame où il ſçeut qu'elle alloit affez fou- vent. Cefut là que cette aima- blePerſonneluy apprit l'inful- te qu'on luy avoit faite pour luy. Il en eut un chagrin in- concevable , & luy ayant juré qu'il ne reverroit jamais fapeu touchante Parente , il reſvoit
chez luy aux moyens qu'il devoit tenir pour la rupture ,
quand on luy en apporta un Billet. La Dame s'eſtoit aviſée
de ſe vouloir plaindre de ſa froideur ; mais comme elle
cherchoit toûjours plus à luy plairequ'àle facher , elle crût quepourne le pas effaroucher par ſes reproches , il falloit du moins les rendre agreables par leur maniere ; & s'imaginant
20 LE MERCVRE
que les Vers autorifoient ceux quiaiment à s'expliquer plus librement que la Profe , elle s'eſtoit addreſſée àun Homme
qui la voyoit quelquefois &
qui en faiſoit d'aſſez paflables.. Toutfut miſtere pour luy; Elle luy dit ſeulement les choſes dont on ſe plaignoit , & il fal- lut qu'il fiſt les Vers ſans ſca-- voirny à quiils devoienteſtre envoyez, ny quiestoit laDa- me qui avoitſujetde ſe plain- dre. Les voicy tels que leVi- comte les reçeut..
V
Ous m'avez dit que vous
maimez,
Et je vous l'ay d'abord ory dire
avecjoye
Mais que voulez-vous quej'en
croye,
Sivous neme le confirmez..?
GALANT. 21
YON
Lalangue est quelque chose,&de Son témoignage Lecharme est doux àqui l'attend;
Mais croyez- vous que pour
estre content ,
Il nefaille rien davantage?
Ce n'est pas tout dedire , ilfaut
estre empressé Aconvaincre les Gens de cequ'on
leur proteste ;
Etquandla langue acomencé
C'est au cœuràfaire le reste.
Il est centpetitsfoins qu'unEsprit complaifant
Trouve à faire valoir quand l'amour est extréme ;
Et c'eſt ſouvent enſe taiſant,
Qu'onditplusfortement qu'on
aime.
22 LE MERCVRE
Des regards enflamez, un foûrive
flateur ,
Font aux Amans entendre des
• merveilles ;
Et j'amcmieux ce quife ditau
cœur ,
Quece qu'onditpour les oreilles..
Tout doit tendre àdonner des
preuves defafoy;
Lereste ,puresbagatelles..
Lors que vous me voyez , le grand
ragoustpour moy ,
Quevousmecontiez des nouvelles!
Dites-moy mille fois que charmé demevoir,
Vous ne trouvezque moy d'aima- blefur laterre ;
Aquoybon meparler de combats
°uerre ,
GALANT. 23 Quandj'ay de vous autre chose à
Sçavoir?
Qu'on ait fait quelque exploit
d'une importance extréme ,
Vn autrepeut me l'expliquers
Mais un autre que vous, du moins
Sans me choquer ,
Nepeut me dire , je vous aime.
C'est par vous que ces motsfont pourmoypleins d'appas.
Cependant que faut-il de vous que je soupçonne ? 1
Sijevous tens lamain, vous ne la baiſezpas ,
Quoyque vous ne foyez obſervé depersonne.
Ilſemble que toûjours timide, circonfpect ,
Vous estantdit Amant , vous n'ofiez leparoiſtre ,
24 LE MERCVRE
Etque chez vous l'Amour,quipar
tout fait le Maistre ,
Soit enchaînépar le respect.
Non,non, vous n'aimezpoint, j'en
ay la certitude ,
Iay voulu meflater en vain jufqu'à ce jour ;
L'aveuque je reçeus d'abord de
voſtre amour ,
Fut unedouceur d'habitude.
C'eſtſans vous laiſſer enflamer ,
Que vostre cœur quand il vous
plaiftfoûpire;
Et vous nesçavez pas aimer ,
Voussçavezseulement le dire.
Ces Vers que le Vicomte auroit trouvez jolis ſur toute autre matiere , luy déplûrent fur celle- cy. Il eſtoit déja de méchante
GALANT. 25 méchante humeur. Ildit qu'il envoyeroit laRéponſe; &pour la rendrede la meſme maniere
qu'il avoit reçeu le Billet , il alla emprunterle ſecours d'un de ſes plus particuliers Amis.
Cequ'ilyeutde plaiſant , c'eſt que c'eſtoit celuy meſme qui avoit déja fait les Vers de la
Dame , & qui ayant appris toute fon Hiſtoire par le Vi- comte, fut ravy de trouver une occaſion ſi propre à ſe vanger de la fineſſe qu'elle luy avoit faite. Le Vicomte le pria de meſler quelque choſede mali- cieux dans cette Réponſe , &
de la faire aſſez piquante pour obliger la Dame àne fauhaiter jamais de le revoir. Il y con- ſentitd'autantplus volontiers,
que la Dame ſuy ayant caché,
C
26 LE MERCVRE
qu'elle euſt intereſt à l'affaire,
il ne devoit pas craindre de ſe broüiller avec elle,quandmef- me elle viendroit àdécouvrir
qu'il euſt fait les Vers. Il les ap- porta une heure apres au Vi- comte, qui les envoya dés le jour meſme. Ils eftoientunpeu cavaliers , comme vous l'allez
voir par leur lecture.
C
E n'est pas d'aujourd'huy qu'en Chevalier courtois
Ien conte aux Belles d'importance
Maisilfaitmalfeur quelquefois Mefaire une agreable avance
Surla trop credule esperance ,
Que desemblablespaffe-droits M'obligerontà la conſtance.
Moncœur às'engagerjamais ne Se résout,
GALANT. 27
Et des plus doux attraitsfut la Belle affortie Qui croit tenter mon humble
modestie ,
Quadma coplaisance est àbout,
I'aime mieux quitter lapartie,
Quede risquer àgagnertout.
Apparemment la Dame ſe le tint pourdit , du moins elle dût connoiſtre par là que le Vicomte n'avoit aucune eftimepour elle.Ils neſe ſont point veusdepuis ce temps-là; &je tiens les particularitez de l'Hi- ſtoire de celuy qui a fait les
Vers
arrivé depuis peu à Male Vi- comte de *** Ie ne ſçay ſi vous le connoiſſez. Il eſt naturellement Galant , & il a peine à
voir une Femme aymable fans luydire des douceurs , mais il eſt délicat ſur l'engagement,&
pour le toucher ilne fuffit pas
B
#4 LE MERCVRE
toûjours d'eſtre Belle. Il y a
quelque temps que parmy des Dames de fa connoiſſance
qu'il rencontra aux Thuille- ries, il en vit une dontla beauté
le ſurprit. Il demandaqui elle eſtoit , entra en converfarion
avec elle, luy dit d'obligeantes folies , & luy rendit Viſite le lendemain. La Damele reçeut auſſi favorablementqu'elle l'a-- voit écouté aux Thuilleries.
LeVicomte fait figure dans le beau monde , &elle n'euſt pas eſtéfachéequ'on l'euſt crûde ſes Soûpirans. Il eut quelque affiduité pour elle,&il ne la vit pas longtemps ſans connoiſtre qu'il eſtoit aimé ; mais toute belle qu'elle eft,elle n'eûtpoint pour luy ce que je n'ay quoy
qui pique : Ses manieres luy
GALANT. 15 deplurent ; il luy trouva une fuffiſance inconfiderée , un efprit mal tourné , quoy qu'elle ne foit pas fans eſprit; &com- me il ceſſa de luy dire qu'il l'aimoit dés laquatrième Vifi- re, il eut abſolument ceffé de
la voir , ſans une jeune Parente qu'il rencõtra chez elle, & qui futtout-à-faitſelon fon cœur.
Elle n'eſtoit pas fi belleque la Dame,mais elle reparoit cede- faut par des agrémensquipour un Home de fon gouft étoient
bien plus touchas que la Beau- té. Elle ne diſoit rienqui ne fut juſte & fpirituel , c'eſtoit une maniere aiſee en toutes choſes , pointde contrainte , point d'affectation , Elle chantoit
comme un Ange, & toute fa Perſonne plût tellement au
B 2
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Vicomte , que ce ne fut que pour elle ſeule qu'il continua ſes affiduitez où il la voyoit.
Comme elle ne le pouvoit re- cevoir chez elle , il ſe mit affez
bien dans ſon eſpritpour ſça- voir quand elle devoit rendre Viſite à ſa Parente , & fi elle
n'y pouvoit venir de trois jours , il paffoit auffi trois jours ſans yvenir. Ce manque d'em-.
preſſement n'accommodoit point la Dame , qui s'eſtoit laiffée prendre tout debon au merite du Vicomte. Elle crût
quele tropde fierté qu'elle luy marquoit en eſtoit la cauſe ,&
refolut de s'humanifer pour le mettre avec elle dans une liaifondont il ne luy fuſt pas per- mis de ſe dédire. Elle commença par de petites avances
GALANT. 17
flateuſes qui jetterent le Vi- comtedans un nouvel embarras . Ce n'eſt pas qu'il ſoit in- fenfible aux faveurs des Belles , au contraire il n'y a rien qu'il ne faffe pour s'en rendre digne , mais il veut aimerpour cela , & à moins que cetaffai- ſonnement ne s'y trouve , les faveurs ne font rien pour luy.. Ainſi quand il avoit le malد
ſe rencontrerſeulavec EU
YO
1803
heurde la Dame, il ne manquoit
mais à luy parler de Cam bray ou de ſaint Omer
Elle avoit beau l'interrompre pour tournerlediſcours fur les
affaires du cœur , il revenoit
toûjours àquelque attaque de
Demy-lune; & fi la Dame ſe
montroir quelquefois un peu trop obligeante pour luy , il
:
B 3
18 LE MERCVRE
recevoit cela avec une modeſtie qui la chagrinoit encor plus que les Contes de Guerre qu'il luy faiſoit. Cependant la belle humeur où il ſe mettoit
ſi toſt qu'il voyoit entrer l'ai- mable Parente , cauſa un defordre auquel il n'y eut plus moyen de remedier. LaDame ouvrit le yeux , obſerva le Vicomte , connut une partie de ce qu'il avoitdans le cœur, &
entra un jour dans un fi fu- rieux tranſport de jaloufie contre ſa Parente , apres qu'il les eut quittées , qu'elle luy defendit ſa Maiſon. Le Vicomte qui n'en eſtoit point averty,
fut furpris de ne la point voir le lendemain au rendez-vous
qu'elle luy avoit donné ; il y
retourna inutilement les deux
jours ſuivans , & ne ſcachant
GALANT. 19
que s'imaginer de ce change- ment ,il chercha l'occaſionde
luyparler chez une Dame où il ſçeut qu'elle alloit affez fou- vent. Cefut là que cette aima- blePerſonneluy apprit l'inful- te qu'on luy avoit faite pour luy. Il en eut un chagrin in- concevable , & luy ayant juré qu'il ne reverroit jamais fapeu touchante Parente , il reſvoit
chez luy aux moyens qu'il devoit tenir pour la rupture ,
quand on luy en apporta un Billet. La Dame s'eſtoit aviſée
de ſe vouloir plaindre de ſa froideur ; mais comme elle
cherchoit toûjours plus à luy plairequ'àle facher , elle crût quepourne le pas effaroucher par ſes reproches , il falloit du moins les rendre agreables par leur maniere ; & s'imaginant
20 LE MERCVRE
que les Vers autorifoient ceux quiaiment à s'expliquer plus librement que la Profe , elle s'eſtoit addreſſée àun Homme
qui la voyoit quelquefois &
qui en faiſoit d'aſſez paflables.. Toutfut miſtere pour luy; Elle luy dit ſeulement les choſes dont on ſe plaignoit , & il fal- lut qu'il fiſt les Vers ſans ſca-- voirny à quiils devoienteſtre envoyez, ny quiestoit laDa- me qui avoitſujetde ſe plain- dre. Les voicy tels que leVi- comte les reçeut..
V
Ous m'avez dit que vous
maimez,
Et je vous l'ay d'abord ory dire
avecjoye
Mais que voulez-vous quej'en
croye,
Sivous neme le confirmez..?
GALANT. 21
YON
Lalangue est quelque chose,&de Son témoignage Lecharme est doux àqui l'attend;
Mais croyez- vous que pour
estre content ,
Il nefaille rien davantage?
Ce n'est pas tout dedire , ilfaut
estre empressé Aconvaincre les Gens de cequ'on
leur proteste ;
Etquandla langue acomencé
C'est au cœuràfaire le reste.
Il est centpetitsfoins qu'unEsprit complaifant
Trouve à faire valoir quand l'amour est extréme ;
Et c'eſt ſouvent enſe taiſant,
Qu'onditplusfortement qu'on
aime.
22 LE MERCVRE
Des regards enflamez, un foûrive
flateur ,
Font aux Amans entendre des
• merveilles ;
Et j'amcmieux ce quife ditau
cœur ,
Quece qu'onditpour les oreilles..
Tout doit tendre àdonner des
preuves defafoy;
Lereste ,puresbagatelles..
Lors que vous me voyez , le grand
ragoustpour moy ,
Quevousmecontiez des nouvelles!
Dites-moy mille fois que charmé demevoir,
Vous ne trouvezque moy d'aima- blefur laterre ;
Aquoybon meparler de combats
°uerre ,
GALANT. 23 Quandj'ay de vous autre chose à
Sçavoir?
Qu'on ait fait quelque exploit
d'une importance extréme ,
Vn autrepeut me l'expliquers
Mais un autre que vous, du moins
Sans me choquer ,
Nepeut me dire , je vous aime.
C'est par vous que ces motsfont pourmoypleins d'appas.
Cependant que faut-il de vous que je soupçonne ? 1
Sijevous tens lamain, vous ne la baiſezpas ,
Quoyque vous ne foyez obſervé depersonne.
Ilſemble que toûjours timide, circonfpect ,
Vous estantdit Amant , vous n'ofiez leparoiſtre ,
24 LE MERCVRE
Etque chez vous l'Amour,quipar
tout fait le Maistre ,
Soit enchaînépar le respect.
Non,non, vous n'aimezpoint, j'en
ay la certitude ,
Iay voulu meflater en vain jufqu'à ce jour ;
L'aveuque je reçeus d'abord de
voſtre amour ,
Fut unedouceur d'habitude.
C'eſtſans vous laiſſer enflamer ,
Que vostre cœur quand il vous
plaiftfoûpire;
Et vous nesçavez pas aimer ,
Voussçavezseulement le dire.
Ces Vers que le Vicomte auroit trouvez jolis ſur toute autre matiere , luy déplûrent fur celle- cy. Il eſtoit déja de méchante
GALANT. 25 méchante humeur. Ildit qu'il envoyeroit laRéponſe; &pour la rendrede la meſme maniere
qu'il avoit reçeu le Billet , il alla emprunterle ſecours d'un de ſes plus particuliers Amis.
Cequ'ilyeutde plaiſant , c'eſt que c'eſtoit celuy meſme qui avoit déja fait les Vers de la
Dame , & qui ayant appris toute fon Hiſtoire par le Vi- comte, fut ravy de trouver une occaſion ſi propre à ſe vanger de la fineſſe qu'elle luy avoit faite. Le Vicomte le pria de meſler quelque choſede mali- cieux dans cette Réponſe , &
de la faire aſſez piquante pour obliger la Dame àne fauhaiter jamais de le revoir. Il y con- ſentitd'autantplus volontiers,
que la Dame ſuy ayant caché,
C
26 LE MERCVRE
qu'elle euſt intereſt à l'affaire,
il ne devoit pas craindre de ſe broüiller avec elle,quandmef- me elle viendroit àdécouvrir
qu'il euſt fait les Vers. Il les ap- porta une heure apres au Vi- comte, qui les envoya dés le jour meſme. Ils eftoientunpeu cavaliers , comme vous l'allez
voir par leur lecture.
C
E n'est pas d'aujourd'huy qu'en Chevalier courtois
Ien conte aux Belles d'importance
Maisilfaitmalfeur quelquefois Mefaire une agreable avance
Surla trop credule esperance ,
Que desemblablespaffe-droits M'obligerontà la conſtance.
Moncœur às'engagerjamais ne Se résout,
GALANT. 27
Et des plus doux attraitsfut la Belle affortie Qui croit tenter mon humble
modestie ,
Quadma coplaisance est àbout,
I'aime mieux quitter lapartie,
Quede risquer àgagnertout.
Apparemment la Dame ſe le tint pourdit , du moins elle dût connoiſtre par là que le Vicomte n'avoit aucune eftimepour elle.Ils neſe ſont point veusdepuis ce temps-là; &je tiens les particularitez de l'Hi- ſtoire de celuy qui a fait les
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Résumé : Avanture de Monsieur le Vicomte de. [titre d'après la table]
Le texte raconte l'histoire du vicomte de ***, un homme galant mais prudent en matière d'engagement amoureux. Lors d'une rencontre aux Tuileries, il entame une relation avec une dame, mais finit par être déçu par son comportement et son esprit. Cependant, il continue de lui rendre visite en raison de la présence d'une jeune parente de la dame, qui possède des qualités plus attrayantes pour lui. La dame, remarquant l'attitude distante du vicomte, tente de se rapprocher de lui par des avances flatteuses. Cependant, il reste indifférent, préférant discuter de sujets neutres plutôt que d'amour. La situation se complique lorsque la dame, jalouse de la parente, interdit à cette dernière de revenir chez elle. Le vicomte, ignorant la raison de ce changement, cherche à comprendre et apprend la vérité de la parente. La dame envoie ensuite des vers au vicomte pour se plaindre de sa froideur, mais ceux-ci déplaisent au vicomte. Il décide de répondre de manière piquante, avec l'aide d'un ami qui avait déjà écrit les vers pour la dame. La réponse du vicomte est suffisamment claire pour que la dame comprenne qu'il n'a aucune estime pour elle. Depuis cet échange, ils ne se sont plus revus.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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