VERS préfentés au ROI.
SOUFFREZ , SIRE , fouffrez qu'un Citoyen fidèle
Qui fait de l'art des vers les uniques emplois ,
S'abandonnant fans crainte aux fougues de fon
zěle,
Jufques à votre Trône ofe élever la voix.
Le même jour que vous , * Sire , j'ai pris naiſſance.
J'ai vu par deux foisnaître & mourir treize hyvers.
Le fort d'un bras d'airain a plongé mon enfance
Dans un abîme de revers.
Dans un cercle de maux j'ai vu languir mon Etre.
Sire , je fuis obſcur : l'Aftre qui m'a fait naître ,
N'a point infcrit mon nom aux faftes des honneurs
.
Mais par la nobleffe de l'âme ,
Mais par l'amour qui pour mon Roi m'enflâme ,
Je le difputerois à vos plus grands Seigneurs.
Du Maître des deftins la prudente fagelſe ,
En me privant de tout , m'apprit a me borner
Souvent je vois avec triſteſſe ,
Que le fort contre moi fe plaît à s'acharner.
Mais quand le ciel fur vous répand quelqu'avan
tage ,
Au monde entier quand vous donnez la paix ,
* Le 15 Février.
1
JANVIER. 1763. 41
Quand je vois tous les coeurs heureux par vos
bienfaits ;
Sire , je fuis content , & j'ai tout en partage.
Par un Parifien.