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1
p. 1130-1139
LETTRE de M. Pierre le Roy, Horloger, à M. de .... pour servir de Réponse à la Lettre de M. Thiout, insérée dans le Mercure de France, Décembre 1733. page 2668.
Début :
Vous êtes sans doute surpris, Monsieur, de la Lettre que vous avez [...]
Mots clefs :
Détente, Levée, Minutes, Pendule, M. Thiout, Roue, Cercle, Cadran, M. Enderlin, Cliquet, Rochet
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texteReconnaissance textuelle : LETTRE de M. Pierre le Roy, Horloger, à M. de .... pour servir de Réponse à la Lettre de M. Thiout, insérée dans le Mercure de France, Décembre 1733. page 2668.
LETTRE de M. Pierre le Roy ,
Horloger , à M. de .... pour servir de
Réponse à la Lettre de M. Thiout ,
insérée dans le Mercure de France ,
Décembre 1733. page 2668 .
Vsieur,de la Lettre que vous avez
Ous êtes sans doute surpris , Monlûe
dans le Mercure , au sujet de la Pendule
que j'ai annoncée dans le même
Journal au mois de Septembre dernier.-
Les commoditez et les avantages que
vous y avez trouvé et que M. 1 hiout
n'y veut pas reconnoître , font , sans
doute , le sujet des explications plus par
I. Vol. ticulieres.
JUIN. 1734 7134
>
ticulieres que vous me demandez.
Ma Pendule marque les minutes du
tems vrai sur un cercle mobile autour
du Cadran , et le mouvement de ce cercle
se regle en mettant sous un Index le
quantiéme du mois marqué sur ce cercle.
Vous ne vous attendiez pas que M.
Thiout feroit au Public , et même aux
personnes intelligentes, l'injustice de leur
refuser assez de connoissance pour met
tre le quantiéme du mois sous un Index ,
et pour s'approcher du Cadran jusqu'à
une distance convenable toutes les fois
que l'on veut voir l'heure du tems vrai,
Ma Pendule n'a point d'autre défaut
que les autres dans cette partie ; et quoique
les minutes du tems vrai ne conviennent
point avec celles du tems moyen
le cercle mobile où elles sont marquées
étant blanc , et les chifres étant noirs et
gros , il est très- facile de les remarquer au
moins d'aussi loin qu'on peut voir l'aiguille
des minutes : Or depuis qu'il n'y
a point de difficulté pour remarquer
la
minute à laquelle répond l'aiguille , on
y peut trouver l'avantage que je m'étois.
proposé.
Si j'avois mis une détente ordinaire à
ma Pendule , elle n'auroit sonné les
que
heures du tems moyen , et par
J. Vol.
consequent
1132 MERCURE DE FRANCE
quent la sonnerie auroit pû retarder et
avancer d'un quart d'heure sur le tems
vrai auquel on se regle. Pour éviter cet
inconvenient , j'ai imaginé une détente
qui ne la fait sonner que quand l'éguille
Est à 60. minutes du rems vrai .
M. Thiout avoue que ma détente est in
genicuse ; mais pour en diminuer le merite
il dit que M. Enderlin en a imaginé
une autre , où il évite les talus qui sont à
la mienne, ce qui la rend plus parfaite et
plus facile à executer, M. Thiout devoit
donner la description de cette détente
pour qu'on pût en faire la comparaison et
remarquer les avantages de l'une sur l'autre.
Pour vous faire sentir , M. combien
ma détente est au dessus de celle de M.
Enderlin , il faut les décrire toutes deux.
Lorsqu'on fait tourner le Cadran du
tems vrai dans ma Pendule , ce Cadran
emporte avec lui au- dedans de la cadrature
un levier , à l'extrêmité duquel est
un cercle concentrique , à la rouë des minutes,
et qui peut se mouvoir perpendiculairement
au plan du Cadran , dont la
circonference répond toujours à la détente
de la sonnerie , ensorte que ce cercle ne
sçauroit se mouvoir sans faire lever la
détente . Ce cercle qu'on peut appeller
levée circulaire , a deux plans inclinés de
1. Vol. champ,
JUIN. 1734- 3133
champ' , et chaque plan incliné en occupe
la moitié ; ensurte que ce cercle ressemble
à une rouë de rencontre qui n'auroit
que deux dents : l'un des plans inclinés
répond toujours à 60. minutes du Cadran
mobile , et l'autre à trente minutes.
La roue des minutes , au lieu de cheville
, porte un plan incliné , sur lequel
les plans inclinés du cercle concentrique
reposent toujours , ainsi la rouë des minutes
en tournant , fait mouvoir ce cercle
perpendiculairement au plan du Cadran:
et leve la détente de la sonnerie , quand
le plan incliné de la rouë de minutes est
arrivé au sommet du plan incliné qui répond
à 6c. minutes ou à 30 minutes du
Cadran mobile , le plan incliné du cercle
concentrique qui étoit engagé , se dé
gage. Ce cercle reprend sa situation na
turelle , la détente retombe et permet à
la Pendule de sonner.
ainsi
Vous voyez par ce détail , M. que ma:
détente a deux avantages sur les déten
tes mêmes ordinaires. 1 ° . Il y a toujours
un plan incliné de la levée qui répose
sur le plan incliné de la chaussée
la resistance que le mouvement trouve
est toujours uniforme , au lieu que dans
lęs Pendules ordinaires la levée ne porte
sur la cheville qu'environ un quart d'heu-
I.Vol.
,
134 MERCURE DE FRANCE
re avant l'heure ou la demie , par consequent
le mouvement ne trouve pas toujours
une resistance égale. La cheville
dans l'opération qu'elle fait , n'agit pas
toujours sous ce même angle , et sa force
n'est pas ménagée comme dans ma Penduke
.
>
la
2º. Puisque chaque plan incliné de
ma détente occupe un demi cercle
rouë de minutes employe une demie heure
entiere à lever la détente , au lieu que
cette opération se fait dans un quart
d'heure dans les Pendules ordinaires , et
comme leurs forces sont en raison renversée
des tems employés à surmonter une
même resistance , ma rouë de minutes ne
doit employer pour lever ma détente ,
que la moitié de la force qui se trouve
employée pour lever les détentes ordinai-
ECS.
M. Thiout n'avoit pas , sans doute , fait
ces reflexions , quand il a mis ma détente
au- dessous de celle de M. Enderlin
qui , comme on va le faire voir , demande
beaucoup plus de force que les détentes
ordinaires ; car pour la détente de M.
Enderlin , il y a au centre de la quadrature
un rochet porté sur une virole fixée
à la platine , au travers de laquelle passe
la tige qui porte la rouë de minute ;
I. Vol.
он
JUIN. 1734. 1135
ou rouë dechaussée . Ce rochet à un bras
qui est toujours engagé dans la levée de
la détente , ensorte qu'il ne sçauroit être
mû sans mouvoir cette levée . Le Cadran
mobile des minutes porte aussi une au
tre levée mobile sur une cheville dont
le bout répond toujours à 60. minutes du
Cadran mobile des minutes , et cette levée
porte à son extrêmité un cliquet pous
sé par un ressort qui peut s'engager dans
les dents du rochet dont j'ai parlé.
La chaussée porte deux chevilles , l'une
pour l'heure , et l'autre pour la demie.
Chaque cheville prend à son tour le bout
de cette derniere lévée , la pousse et fait
engager le cliquet dans une dent du rochet.
Ce cliquet , ou pour mieux dire la
Jevée , ( parce que le cliquet ne sert à la
levée que de point d'appui dans la dent
du rochet , ) fait tourner le rochet , qui
en tournant fait lever la détente par le
moyen de son bras qui est engagé dans
la levée ; et quand la cheville de la rouë
de minutes est dégagée , la détente reprend
sa place et la Pendule sonne.
Examinons presentement cette détente
, et voyons si elle peut ésre mise
en parallele avec la mienne. D'abord il
faut plus de force pour mouvoir la levée
qui tient au Cadran mobile que pour le-
I. Vol. Ver
1136 MERCURE DE FRANCE
ver celle des Pendules ordinaires , parce
qu'il faut vaincre la resistance d'un ressort
, qui doit non -seulement renvoyer
la levée , mais qui doit encore dégager le
cliquet qui est engagé et poussé dans le
rochet par un ressort . Outre cela il est évident
que le mouvement qu'il faut donner
au rochet et à la détente de la sonnerie
, oppose de nouvelles resistances
qui ne se trouvent point ailleurs . La détente
de M. Enderlin a donc trois défiuts.
1. L'operation pour lever la détente
se fait dans un demi quart d'heure
ou environ , et dès-là la résistance que
fait la premiere levée à la cheville qui la
pousse est plus que double de celle des
levées ordinaires . 2. Cetre premiere le
vée qui porte le cliquer , doit faire tour
ner le rochet, et ce rochet doit reprendre
sa situation . Il faut donc un ressort à ce
rochet pour le ramener , et par consequent
voilà une resistance nouvelle , qui
seule est beaucoup plus considerable que
toutes celles qui se trouvent dans ma
pendule et dans les Pendules ordinaires :
Un examen plus severe feroit encore voir
un inconvenient dans la virole sur laquelle
tourne le rochet , car cette virole
étant grosse , le mouvement du rochet
ne sçauroit se faire sans beaucoup de
frottement. 3
JUIN. 1734. 1137
3°. A l'endroit où le bras au rochet est
engagé avec la levée de la détente , il
se fait encore un nouveau fottement que
le mouvement de la Pendule doit vaincre.
>
Enfin , puisque c'est la cheville de la
rouë de minute qui doit faire faire toutes
ces operation xausquelles elle employe une
grande partie de sa force , qu'eile les fait
dans un demi quart d heure ou environ
sous des angles continuellement variés ,
et qu'elle est libre le reste du tems. Personne
ne sera surpris si la Pendule dont
M. ,Thiout vante tant la détente , n'a pas
toute la regularité qu'on exige d'une
bonne Pendule .
A l'égard de l'éxecution de ces deux détentes,
il est visible que celle de la mienne
est beaucoup plus facile que celle de
l'autre. Premierement , en ce que ma levée
circulaire n'a pas besoin d'autre précision
que d'être à peu près concentrée à
la rouë de minutes , et d'être partagée en
deux parties égales par les deux plans inclinés
, au lieu que la détente de M. Enderlin
demande que la levée qui porte
le cliquet soit parfaitement concentrée
, autrement le cliquet pourroit bien
manquer. Le rochet , ou du moins le
bout de cette levée , étant plus ou moins
J. Vol. proche
138 MERCURE DE FRANCE
proche du centre se dégagetoit plus tard
ou plûtôt de la cheville , et la Pendule
ne sonneroit pas précisement à 60. minutes
, ni à 30. minutes. Secondement , il
n'y a dans ma Pendule que la levée circulaire
à mouvoir pour faire lever la détente.
de la sonnerie , ainsi il n'y a qu'une piece
qui peut demander quelque regularité .
Dans la Pendule de M. Enderlin , la levée
qui porte le cliquet demande au moins
autant de regularité que ma levée circulaire
; le cliquet que porte cette levée demande
aussi de la regularité ; le bras qui
reçoit dans sa fente la cheville de la levée
de la sonnerie , demande encore de la
sujetion , sans compter le rochet qui doit
être bienfait et bien libre sur sa virole.
Enfin toutes les pieces à mouvoir consommant
une trop grande partie de la force
de la Pendule la pourroient faire arrêter si
elle étoit mal faite , cu construite par une
main moins habile que celle de M. Enderlin
. Je conclus donc ; M. que ma détente
est beaucoup plus aisée à executer,
plus solide , moins fatiguante pour le
mouvement , et par consequent préferable
à la sienne ; et je suis même étonné
que M. Enderlin , qui avoit beaucoup
de genie , et qui avoit vû ma détente
quatre ans ayant d'imaginer la sienne ,
L.Vol.
l'ait
JUI N. 1734. 1139
l'ait faite si défectueuse et si contraire aux
principes de la bonne horlogerie.
Ma Pendule marque aussi le quantiéme
du mois d'une maniere plus simple
qu'on ne le fait ordinairement. M.Thiout
me rend justice , en disant qu'il ne croit
pas que mon dessein soit d'en imposer ,
quand j'ai dit que les quantiémes ordinai
res se marquoient par le moyen de trois
roues et deux pignons. Il est vrai que
c'est une faute qui s'est glissée , mais j'ai
voulu dire trois rouleaux , deux rouës et
un pignon , au lieu que dans ma Pendule
je ne mets que trois chevilles sur le barillet
de sonnerie qui fait son tour en trois
jours qui prend chaque jour à minuit
une dent de la roue du quantiéme. J'avols
regardé cette façon de faire marquer
le jour du mois comme une idée qui peut
venir à tout le monde , c'est pourquoi
je n'en avois pas donné la description
dans la Lettre où j'ai annoncé ma Pendule
et je ne la donne aujourd'hui que
pour vous faire voir , Monsieur , que je
n'ajoute à ma Pendule qu'une seule rouë
pour lui faire marquer le quantiéme au
lieu de trois rouleaux , deux roues et un
pignon qui sont enployées dans les Pendules
ordinaires pour la même operation .
A restepourle Mercure prochain.
Horloger , à M. de .... pour servir de
Réponse à la Lettre de M. Thiout ,
insérée dans le Mercure de France ,
Décembre 1733. page 2668 .
Vsieur,de la Lettre que vous avez
Ous êtes sans doute surpris , Monlûe
dans le Mercure , au sujet de la Pendule
que j'ai annoncée dans le même
Journal au mois de Septembre dernier.-
Les commoditez et les avantages que
vous y avez trouvé et que M. 1 hiout
n'y veut pas reconnoître , font , sans
doute , le sujet des explications plus par
I. Vol. ticulieres.
JUIN. 1734 7134
>
ticulieres que vous me demandez.
Ma Pendule marque les minutes du
tems vrai sur un cercle mobile autour
du Cadran , et le mouvement de ce cercle
se regle en mettant sous un Index le
quantiéme du mois marqué sur ce cercle.
Vous ne vous attendiez pas que M.
Thiout feroit au Public , et même aux
personnes intelligentes, l'injustice de leur
refuser assez de connoissance pour met
tre le quantiéme du mois sous un Index ,
et pour s'approcher du Cadran jusqu'à
une distance convenable toutes les fois
que l'on veut voir l'heure du tems vrai,
Ma Pendule n'a point d'autre défaut
que les autres dans cette partie ; et quoique
les minutes du tems vrai ne conviennent
point avec celles du tems moyen
le cercle mobile où elles sont marquées
étant blanc , et les chifres étant noirs et
gros , il est très- facile de les remarquer au
moins d'aussi loin qu'on peut voir l'aiguille
des minutes : Or depuis qu'il n'y
a point de difficulté pour remarquer
la
minute à laquelle répond l'aiguille , on
y peut trouver l'avantage que je m'étois.
proposé.
Si j'avois mis une détente ordinaire à
ma Pendule , elle n'auroit sonné les
que
heures du tems moyen , et par
J. Vol.
consequent
1132 MERCURE DE FRANCE
quent la sonnerie auroit pû retarder et
avancer d'un quart d'heure sur le tems
vrai auquel on se regle. Pour éviter cet
inconvenient , j'ai imaginé une détente
qui ne la fait sonner que quand l'éguille
Est à 60. minutes du rems vrai .
M. Thiout avoue que ma détente est in
genicuse ; mais pour en diminuer le merite
il dit que M. Enderlin en a imaginé
une autre , où il évite les talus qui sont à
la mienne, ce qui la rend plus parfaite et
plus facile à executer, M. Thiout devoit
donner la description de cette détente
pour qu'on pût en faire la comparaison et
remarquer les avantages de l'une sur l'autre.
Pour vous faire sentir , M. combien
ma détente est au dessus de celle de M.
Enderlin , il faut les décrire toutes deux.
Lorsqu'on fait tourner le Cadran du
tems vrai dans ma Pendule , ce Cadran
emporte avec lui au- dedans de la cadrature
un levier , à l'extrêmité duquel est
un cercle concentrique , à la rouë des minutes,
et qui peut se mouvoir perpendiculairement
au plan du Cadran , dont la
circonference répond toujours à la détente
de la sonnerie , ensorte que ce cercle ne
sçauroit se mouvoir sans faire lever la
détente . Ce cercle qu'on peut appeller
levée circulaire , a deux plans inclinés de
1. Vol. champ,
JUIN. 1734- 3133
champ' , et chaque plan incliné en occupe
la moitié ; ensurte que ce cercle ressemble
à une rouë de rencontre qui n'auroit
que deux dents : l'un des plans inclinés
répond toujours à 60. minutes du Cadran
mobile , et l'autre à trente minutes.
La roue des minutes , au lieu de cheville
, porte un plan incliné , sur lequel
les plans inclinés du cercle concentrique
reposent toujours , ainsi la rouë des minutes
en tournant , fait mouvoir ce cercle
perpendiculairement au plan du Cadran:
et leve la détente de la sonnerie , quand
le plan incliné de la rouë de minutes est
arrivé au sommet du plan incliné qui répond
à 6c. minutes ou à 30 minutes du
Cadran mobile , le plan incliné du cercle
concentrique qui étoit engagé , se dé
gage. Ce cercle reprend sa situation na
turelle , la détente retombe et permet à
la Pendule de sonner.
ainsi
Vous voyez par ce détail , M. que ma:
détente a deux avantages sur les déten
tes mêmes ordinaires. 1 ° . Il y a toujours
un plan incliné de la levée qui répose
sur le plan incliné de la chaussée
la resistance que le mouvement trouve
est toujours uniforme , au lieu que dans
lęs Pendules ordinaires la levée ne porte
sur la cheville qu'environ un quart d'heu-
I.Vol.
,
134 MERCURE DE FRANCE
re avant l'heure ou la demie , par consequent
le mouvement ne trouve pas toujours
une resistance égale. La cheville
dans l'opération qu'elle fait , n'agit pas
toujours sous ce même angle , et sa force
n'est pas ménagée comme dans ma Penduke
.
>
la
2º. Puisque chaque plan incliné de
ma détente occupe un demi cercle
rouë de minutes employe une demie heure
entiere à lever la détente , au lieu que
cette opération se fait dans un quart
d'heure dans les Pendules ordinaires , et
comme leurs forces sont en raison renversée
des tems employés à surmonter une
même resistance , ma rouë de minutes ne
doit employer pour lever ma détente ,
que la moitié de la force qui se trouve
employée pour lever les détentes ordinai-
ECS.
M. Thiout n'avoit pas , sans doute , fait
ces reflexions , quand il a mis ma détente
au- dessous de celle de M. Enderlin
qui , comme on va le faire voir , demande
beaucoup plus de force que les détentes
ordinaires ; car pour la détente de M.
Enderlin , il y a au centre de la quadrature
un rochet porté sur une virole fixée
à la platine , au travers de laquelle passe
la tige qui porte la rouë de minute ;
I. Vol.
он
JUIN. 1734. 1135
ou rouë dechaussée . Ce rochet à un bras
qui est toujours engagé dans la levée de
la détente , ensorte qu'il ne sçauroit être
mû sans mouvoir cette levée . Le Cadran
mobile des minutes porte aussi une au
tre levée mobile sur une cheville dont
le bout répond toujours à 60. minutes du
Cadran mobile des minutes , et cette levée
porte à son extrêmité un cliquet pous
sé par un ressort qui peut s'engager dans
les dents du rochet dont j'ai parlé.
La chaussée porte deux chevilles , l'une
pour l'heure , et l'autre pour la demie.
Chaque cheville prend à son tour le bout
de cette derniere lévée , la pousse et fait
engager le cliquet dans une dent du rochet.
Ce cliquet , ou pour mieux dire la
Jevée , ( parce que le cliquet ne sert à la
levée que de point d'appui dans la dent
du rochet , ) fait tourner le rochet , qui
en tournant fait lever la détente par le
moyen de son bras qui est engagé dans
la levée ; et quand la cheville de la rouë
de minutes est dégagée , la détente reprend
sa place et la Pendule sonne.
Examinons presentement cette détente
, et voyons si elle peut ésre mise
en parallele avec la mienne. D'abord il
faut plus de force pour mouvoir la levée
qui tient au Cadran mobile que pour le-
I. Vol. Ver
1136 MERCURE DE FRANCE
ver celle des Pendules ordinaires , parce
qu'il faut vaincre la resistance d'un ressort
, qui doit non -seulement renvoyer
la levée , mais qui doit encore dégager le
cliquet qui est engagé et poussé dans le
rochet par un ressort . Outre cela il est évident
que le mouvement qu'il faut donner
au rochet et à la détente de la sonnerie
, oppose de nouvelles resistances
qui ne se trouvent point ailleurs . La détente
de M. Enderlin a donc trois défiuts.
1. L'operation pour lever la détente
se fait dans un demi quart d'heure
ou environ , et dès-là la résistance que
fait la premiere levée à la cheville qui la
pousse est plus que double de celle des
levées ordinaires . 2. Cetre premiere le
vée qui porte le cliquer , doit faire tour
ner le rochet, et ce rochet doit reprendre
sa situation . Il faut donc un ressort à ce
rochet pour le ramener , et par consequent
voilà une resistance nouvelle , qui
seule est beaucoup plus considerable que
toutes celles qui se trouvent dans ma
pendule et dans les Pendules ordinaires :
Un examen plus severe feroit encore voir
un inconvenient dans la virole sur laquelle
tourne le rochet , car cette virole
étant grosse , le mouvement du rochet
ne sçauroit se faire sans beaucoup de
frottement. 3
JUIN. 1734. 1137
3°. A l'endroit où le bras au rochet est
engagé avec la levée de la détente , il
se fait encore un nouveau fottement que
le mouvement de la Pendule doit vaincre.
>
Enfin , puisque c'est la cheville de la
rouë de minute qui doit faire faire toutes
ces operation xausquelles elle employe une
grande partie de sa force , qu'eile les fait
dans un demi quart d heure ou environ
sous des angles continuellement variés ,
et qu'elle est libre le reste du tems. Personne
ne sera surpris si la Pendule dont
M. ,Thiout vante tant la détente , n'a pas
toute la regularité qu'on exige d'une
bonne Pendule .
A l'égard de l'éxecution de ces deux détentes,
il est visible que celle de la mienne
est beaucoup plus facile que celle de
l'autre. Premierement , en ce que ma levée
circulaire n'a pas besoin d'autre précision
que d'être à peu près concentrée à
la rouë de minutes , et d'être partagée en
deux parties égales par les deux plans inclinés
, au lieu que la détente de M. Enderlin
demande que la levée qui porte
le cliquet soit parfaitement concentrée
, autrement le cliquet pourroit bien
manquer. Le rochet , ou du moins le
bout de cette levée , étant plus ou moins
J. Vol. proche
138 MERCURE DE FRANCE
proche du centre se dégagetoit plus tard
ou plûtôt de la cheville , et la Pendule
ne sonneroit pas précisement à 60. minutes
, ni à 30. minutes. Secondement , il
n'y a dans ma Pendule que la levée circulaire
à mouvoir pour faire lever la détente.
de la sonnerie , ainsi il n'y a qu'une piece
qui peut demander quelque regularité .
Dans la Pendule de M. Enderlin , la levée
qui porte le cliquet demande au moins
autant de regularité que ma levée circulaire
; le cliquet que porte cette levée demande
aussi de la regularité ; le bras qui
reçoit dans sa fente la cheville de la levée
de la sonnerie , demande encore de la
sujetion , sans compter le rochet qui doit
être bienfait et bien libre sur sa virole.
Enfin toutes les pieces à mouvoir consommant
une trop grande partie de la force
de la Pendule la pourroient faire arrêter si
elle étoit mal faite , cu construite par une
main moins habile que celle de M. Enderlin
. Je conclus donc ; M. que ma détente
est beaucoup plus aisée à executer,
plus solide , moins fatiguante pour le
mouvement , et par consequent préferable
à la sienne ; et je suis même étonné
que M. Enderlin , qui avoit beaucoup
de genie , et qui avoit vû ma détente
quatre ans ayant d'imaginer la sienne ,
L.Vol.
l'ait
JUI N. 1734. 1139
l'ait faite si défectueuse et si contraire aux
principes de la bonne horlogerie.
Ma Pendule marque aussi le quantiéme
du mois d'une maniere plus simple
qu'on ne le fait ordinairement. M.Thiout
me rend justice , en disant qu'il ne croit
pas que mon dessein soit d'en imposer ,
quand j'ai dit que les quantiémes ordinai
res se marquoient par le moyen de trois
roues et deux pignons. Il est vrai que
c'est une faute qui s'est glissée , mais j'ai
voulu dire trois rouleaux , deux rouës et
un pignon , au lieu que dans ma Pendule
je ne mets que trois chevilles sur le barillet
de sonnerie qui fait son tour en trois
jours qui prend chaque jour à minuit
une dent de la roue du quantiéme. J'avols
regardé cette façon de faire marquer
le jour du mois comme une idée qui peut
venir à tout le monde , c'est pourquoi
je n'en avois pas donné la description
dans la Lettre où j'ai annoncé ma Pendule
et je ne la donne aujourd'hui que
pour vous faire voir , Monsieur , que je
n'ajoute à ma Pendule qu'une seule rouë
pour lui faire marquer le quantiéme au
lieu de trois rouleaux , deux roues et un
pignon qui sont enployées dans les Pendules
ordinaires pour la même operation .
A restepourle Mercure prochain.
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Résumé : LETTRE de M. Pierre le Roy, Horloger, à M. de .... pour servir de Réponse à la Lettre de M. Thiout, insérée dans le Mercure de France, Décembre 1733. page 2668.
La lettre de M. Pierre le Roy, horloger, répond à une critique de M. Thiout publiée dans le Mercure de France en décembre 1733. Le Roy défend sa pendule, qui affiche les minutes du temps vrai sur un cercle mobile autour du cadran, ajustable selon le quantième du mois. Il conteste l'injustice de Thiout, qui ne reconnaît pas les avantages de sa pendule, notamment la facilité de lecture des minutes du temps vrai grâce à un cercle mobile blanc avec des chiffres noirs et gros. Le Roy explique que sa pendule utilise une détente innovante permettant de sonner les heures du temps vrai, évitant ainsi les erreurs de quart d'heure observées avec les détentes ordinaires. Il décrit en détail le mécanisme de sa détente, soulignant ses avantages par rapport aux détentes ordinaires et à celle de M. Enderlin. La détente de Le Roy offre une résistance uniforme et nécessite moins de force, ce qui la rend plus efficace et durable. Il critique également la détente de M. Enderlin, qui nécessite plus de force et présente des résistances supplémentaires, rendant la pendule moins régulière. Le Roy affirme que sa détente est plus facile à exécuter et moins fatiguante pour le mouvement de la pendule. Enfin, Le Roy mentionne que sa pendule indique le quantième du mois de manière plus simple, utilisant trois chevilles sur le barillet de sonnerie au lieu des trois rouleaux, deux roues et un pignon employés dans les pendules ordinaires.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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