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p. [2761]-2770
LE ROMAN COMIQUE, CHAPITRE PREMIER. POEME.
Début :
Monsieur Phoebus, allant bon train, [...]
Mots clefs :
Roman comique, Char, Charette, Homme
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texteReconnaissance textuelle : LE ROMAN COMIQUE, CHAPITRE PREMIER. POEME.
LE ROMAN COMIQUE ,
CHAPITRE PREMIER,
POEM E.
Une Troupe de Comediens arrive dans la
Ville du Mans.
Onfieur Phoebus , allant bon train ,
M Etoit plus d'à moitié chemin ;
ZOON Et fon Char penchant vers le Monde ,
Roulloit en s'approchant de l'Onde ;
Il ne tenoit qu'à fes Chevaux ,
ई
II. Vol. A ij D'entrer
2762 MERCURE DE FRANCE
D'entrer promptement dans les caux ?
Mais ils fecouoient leurs gourmettes
Et ne faifoient que des courbettes
En refpirant un air Marin ,
Qui ne fent pas le Romarin ;
?
Ce fameux Char , ou bien ce Coche ,
Avec l'attelage étoit proche
De la Mer , dans laquelle on dit ,
Que Maître Phoebus a fon lit
> Où toutes les nuits il repoſe
Peut-être y fait- il autre chofe.
Pour parler plus humainement
Et plus intelligiblement ,
Car tout ceci n'eft que pour rire
Il faut prefentement vous dire
En termes un peu plus concis ,
Qu'il étoit entre cinq & fix ,
Qu'on débitoit quelque Gazette
Lorfqu'à grand bruit une Charette,
Entra dans les Halles du Mans ;
ر ف
Que je fois pendu fi je ments ;
Jamais l'on ne vit telle entrée ;
Cette Charette étoit tirée ,
?
Par quatre Boeufs , dont la maigreur ,
Aux plus effrontez faifoit peur ,
Ces quatre Boeufs étoient derriere ,
Une Cavale pouliniere ,
Dont le Poulain alloit , venoit ,
II. Vol. Comme
DECEMRBE . 1736. 2763
Comme un petit fou qu'il étoit :
Des Paquets , des Coffres , des Malles ,
Toilles Peintes & Linges fales
Le tout entaffé par hazard ,
Rempliffoit ce fuperbe Char ;
Et formoit une Piramide ,
Ambulante & fort peu folide;
Puifque fouvent elle panchoit ;
Sur cette hauteur paroifſoit
Une espece de Damoiselle ,
Qui n'étoit ni laide ni belle ,
Mais d'un heureux temperament
Habillée affez plaiſamment ,
Moitié Campagne , moitié Ville ,
Avec tout l'air d'une Sybile ,
Mangeant un morceau de pain bis.
Un jeune homme , pauvre d'habits ,
Mais cependant riche de mine ,
Sur l'épaule une Carabine ,
Marchoit auprès du Chariot ,
Ce n'étoit pas un idiot ,
On n'en reçoit point au Théatre ;
Il avoit une grande emplatre ,
Sur l'oeil gauche , ou bien fur l'oeil droit.
Je ne fçai fur lequel c'étoit ,
Elle cachoit prefque ſa joüe ,
Et lui faifoit faire la moüe ,
Comme la feroit un profcrit ,
-11. Vol. A iij Ii
2764 MERCURE DE FRANCÉ
Il avoit pourtant de l'efprit ,
Sur tout il tiroit à merveilles ;
Plufieurs Geais , nombre de Corneilles ,
Dont il avoit été vainqueur ,
Faifoient voir qu'il étoit chaffeur ;
Il les portoit en Bandouliere ,
Qui pendoit fort bas par derriere ,
Avec une Poulle , un Oifon ,
Pris au bord de quelque maiſon ;
Il aimoit la petite guerre ,
Autant que Chaffeur de la Terre.
Sur fa tête , au lieu de Chapeau ,
Il portoit un Bonnet de peau ,
Epouventail à chenevieres ,
Entortillé de jarretieres ,
De cent differentes couleurs ,
Et de cent diverſes largeurs
Cependant cette bigarure ,
Sur cette plaifante Coëffure ,
Avec un gros noeud de ruban ,
Formoit un affez beau Turban
Auquel une habile Ouvriere ,
N'avoit pas
Y
mis la main derniere.
De Cravate il n'en portoit point ;
Il avoit au lieu de pourpoint ,
Par deffus une Chemiſette ,
Une Cafaque de griſette ,
Ceinte avec un morceau de cuir ,
II. Vol.
Qui
DECEMBRE. 1730. 2765
Qui lui fervoit à foutenir ,
Une grande & terrible brette ;
Qui certainement fans fourchette
Ne pouvoit fervir aisément ,
Si Meffire Scaron ne ment.
On voyoit fur lui mainte tache ,
Et fes chauffes à bas d'attache ,
Reffembloient parfaitement bien ,
A celles d'un Comédien ,
Qui dans une Piece tragique ,
Repréſente un Héros antique ;
Il avoit au lieu d'Eſcarpins ,
Une paire de Brodequins ,
Qui lui fervoient comme de Bottes ,
Car ils étoient couverts de crottes,
Jufqu'à la cheville du pié ,
Ou peut-être juſqu'à moitié ,
Du moins cela paroît probable ;
Un Vieillard affez venerable ,
Vétu plus régulierement ,
Quoique pourtant fort pauvrement
Marchoit à côté du jeune homme ,
Mais il n'eft pas temps que je nomme ,
Ici ces deux fameux Héros ,
Ce Vieillard portoit fur fon dos ,
Sa groffe Baffe de Violé ,
Attachée à quelque bricole ;
Comme il marchoit en dandinant ;
II. Vol.
Et
A iiij
2766 MERCURE DE FRANCE
Et qu'il fe courboit en marchant
Avec fa tête chauve & nuë ,
"' On l'eût pris pour une Tortuë ,
Qui fe promenoit fur deux pieds ,
Trop foibles & mal déliez ;
Peut-être ici quelque Critique ,
S'empreffe à me faire la nique ,
En blâmant ma Deſcription ,
Par le peu de proportion ,
D'un homme avec une Tortuë,
Mais hardiment je le faluë ,
Et prétends bien le confoler ,
En difant que j'entens parler ,
De ces groffes qu'on voit dans l'Inde ,
Morbleu fi je prens une Olinde ,
Mais , paix , je veux parler ainfi ,
bien qu'il s'en aille d'ici ,
Car je n'aime point la chicane.
Revenons à la Caravane ,
Elle paffa , dit notre Auteur ,
Avecque beaucoup de rumeur ,
Devant le Tripót de la Biche ,
Dont le Maître n'étoit pas riche ,
Parce qu'il aimoit le piot ;
A la porte de ce Tripot ,
Фи
Etoit une Troupe civile
Des plus gros Bourgeois de la Ville
Faineants en gros , en détail ;
II. Vol.
La
DECEMBRE. 1730. 2767.
1730.2767
* La nouvéauté de l'attirail ,
Et le grand bruit de la canaille ,
Que l'on peut appeller marmaille ,
Affemblée à l'entour du Char ,
Attirerent un prompt regard ,
De ces illuftres Bourguemeftres ,
Sur l'équipage & les pedeſtres ,
Ou Pietons , n'importe , auffi- tôt ,
Un fier Lieutenant de Prévôt ,
Nommé Monfieur la Rapiniere ;
Portant une longue rapiere ,.
Fut celui qui les aborda ,
Et cependant leur demanda ,
Avec l'autorité d'un Juge.,.
S'ils ne cherchoient point un réfuge
Enfin , quelles gens ils étoient ,
Et dans quel endroit ils alloient.
Auffi réfolu que Bartole ,
Le jeune homme prit la parole ,
Faifant
quatre pas en avant ,
Sans mettre les mains au Turban.,
Car la gauche étoit occupée ,
A retenir la longue épée ,
Qui batoit fur fes flageolets &
II.Vola Av Puil
2768 MERCURE DE FRANCE
Puifqu'il n'avoit point de molets ,
De l'autre aifément l'on devine ,
Qu'il tenoit une Carabine ,
Parce que je l'ai déja dit ,
Et cependant il répondit ,
Qu'ils étoient François de naiffance ,
Comédiens par excellence ,
Que fon nom étoit le Deſtin
Que celui du vieux Roquentin ,
Etoit Monfieur de la Rancune ,
Qui cherchoit à faire fortune,
Un peu tard , à la verité ;
Mais qu'il étoit de qualité ;
Que cette jeune Damoiselle ,
Du moins auffi fage que belle ,
Juchée ainsi qu'un Perroquet ,
En Charette fur un Paquet ,
Et plus brillante que lanterne ,
Portoit le nom de la Caverne ,
Ce nom bifare & peu commun
Fit d'abord éclater quelqu'un ,
Comme fi c'étoit baliverne ;
Hé! quoi le nom de la Caverne,
Adjoute le Comédien
II. Vol.
DoitDECEMBRE.
1730. 2769
Doit-il vous paroître plus chien ,
Que ceux de Meffieurs la Montagne ,
La Rofe , Lépine ou Champagne ,
De la Valée ou Pavillon ;
Enfin la converſation ,
Ne finit point fans incartade ,
On vit donner quelque gourmadé ,
Capable de caffer les dents ,
L'on entendit des juremens ,
A la tête de l'Equipage ,
Et l'on fut ému du ravage ;
C'étoit le Valet du Tripot ,
Qui ne paffoit pas pour un fot,
Il caroiffoit à coups de barre ,
Le bon Chartier , fans dire garre,
Parce que fes Boeufs , fa Jument ,
Ufoient un peu trop librement ,
D'un tas de foin devant la porte ;
Mais cependant l'on fit enforte ,
D'appaifer la noife , en un mot ,
La Maîtreffe dé ce Tripót ,
Qui Chériffoit la Comédie ,
Et goutoit une Tragédie ,
Bien plus que Vêpres ni Sermon
Appela fon Valet Démon ,
Et par une belle maniere
Rare chez une Tripotiere ,
Elle confentit de bon coeur ,
II. Vol. Qu'un A vj
2770 MERCURE DE FRANCE
>
Qu'un pauvre Chartier de malheur ,
Laiffât fes bêtes vivre à l'aiſe ;
Mais cependant , ne vous déplaiſe ,
L'Auteur prit un de
peu repos ,
Et rumina fort à propos ,
Ce qu'il vous diroit dans la ſuite .
Car pour à prefent il vous quitte.
Par M. le Tellier d'Orvilliers , Lieutenant
General d'Epée , à Vernon .
La fuite pour le Mercure Prochain.
CHAPITRE PREMIER,
POEM E.
Une Troupe de Comediens arrive dans la
Ville du Mans.
Onfieur Phoebus , allant bon train ,
M Etoit plus d'à moitié chemin ;
ZOON Et fon Char penchant vers le Monde ,
Roulloit en s'approchant de l'Onde ;
Il ne tenoit qu'à fes Chevaux ,
ई
II. Vol. A ij D'entrer
2762 MERCURE DE FRANCE
D'entrer promptement dans les caux ?
Mais ils fecouoient leurs gourmettes
Et ne faifoient que des courbettes
En refpirant un air Marin ,
Qui ne fent pas le Romarin ;
?
Ce fameux Char , ou bien ce Coche ,
Avec l'attelage étoit proche
De la Mer , dans laquelle on dit ,
Que Maître Phoebus a fon lit
> Où toutes les nuits il repoſe
Peut-être y fait- il autre chofe.
Pour parler plus humainement
Et plus intelligiblement ,
Car tout ceci n'eft que pour rire
Il faut prefentement vous dire
En termes un peu plus concis ,
Qu'il étoit entre cinq & fix ,
Qu'on débitoit quelque Gazette
Lorfqu'à grand bruit une Charette,
Entra dans les Halles du Mans ;
ر ف
Que je fois pendu fi je ments ;
Jamais l'on ne vit telle entrée ;
Cette Charette étoit tirée ,
?
Par quatre Boeufs , dont la maigreur ,
Aux plus effrontez faifoit peur ,
Ces quatre Boeufs étoient derriere ,
Une Cavale pouliniere ,
Dont le Poulain alloit , venoit ,
II. Vol. Comme
DECEMRBE . 1736. 2763
Comme un petit fou qu'il étoit :
Des Paquets , des Coffres , des Malles ,
Toilles Peintes & Linges fales
Le tout entaffé par hazard ,
Rempliffoit ce fuperbe Char ;
Et formoit une Piramide ,
Ambulante & fort peu folide;
Puifque fouvent elle panchoit ;
Sur cette hauteur paroifſoit
Une espece de Damoiselle ,
Qui n'étoit ni laide ni belle ,
Mais d'un heureux temperament
Habillée affez plaiſamment ,
Moitié Campagne , moitié Ville ,
Avec tout l'air d'une Sybile ,
Mangeant un morceau de pain bis.
Un jeune homme , pauvre d'habits ,
Mais cependant riche de mine ,
Sur l'épaule une Carabine ,
Marchoit auprès du Chariot ,
Ce n'étoit pas un idiot ,
On n'en reçoit point au Théatre ;
Il avoit une grande emplatre ,
Sur l'oeil gauche , ou bien fur l'oeil droit.
Je ne fçai fur lequel c'étoit ,
Elle cachoit prefque ſa joüe ,
Et lui faifoit faire la moüe ,
Comme la feroit un profcrit ,
-11. Vol. A iij Ii
2764 MERCURE DE FRANCÉ
Il avoit pourtant de l'efprit ,
Sur tout il tiroit à merveilles ;
Plufieurs Geais , nombre de Corneilles ,
Dont il avoit été vainqueur ,
Faifoient voir qu'il étoit chaffeur ;
Il les portoit en Bandouliere ,
Qui pendoit fort bas par derriere ,
Avec une Poulle , un Oifon ,
Pris au bord de quelque maiſon ;
Il aimoit la petite guerre ,
Autant que Chaffeur de la Terre.
Sur fa tête , au lieu de Chapeau ,
Il portoit un Bonnet de peau ,
Epouventail à chenevieres ,
Entortillé de jarretieres ,
De cent differentes couleurs ,
Et de cent diverſes largeurs
Cependant cette bigarure ,
Sur cette plaifante Coëffure ,
Avec un gros noeud de ruban ,
Formoit un affez beau Turban
Auquel une habile Ouvriere ,
N'avoit pas
Y
mis la main derniere.
De Cravate il n'en portoit point ;
Il avoit au lieu de pourpoint ,
Par deffus une Chemiſette ,
Une Cafaque de griſette ,
Ceinte avec un morceau de cuir ,
II. Vol.
Qui
DECEMBRE. 1730. 2765
Qui lui fervoit à foutenir ,
Une grande & terrible brette ;
Qui certainement fans fourchette
Ne pouvoit fervir aisément ,
Si Meffire Scaron ne ment.
On voyoit fur lui mainte tache ,
Et fes chauffes à bas d'attache ,
Reffembloient parfaitement bien ,
A celles d'un Comédien ,
Qui dans une Piece tragique ,
Repréſente un Héros antique ;
Il avoit au lieu d'Eſcarpins ,
Une paire de Brodequins ,
Qui lui fervoient comme de Bottes ,
Car ils étoient couverts de crottes,
Jufqu'à la cheville du pié ,
Ou peut-être juſqu'à moitié ,
Du moins cela paroît probable ;
Un Vieillard affez venerable ,
Vétu plus régulierement ,
Quoique pourtant fort pauvrement
Marchoit à côté du jeune homme ,
Mais il n'eft pas temps que je nomme ,
Ici ces deux fameux Héros ,
Ce Vieillard portoit fur fon dos ,
Sa groffe Baffe de Violé ,
Attachée à quelque bricole ;
Comme il marchoit en dandinant ;
II. Vol.
Et
A iiij
2766 MERCURE DE FRANCE
Et qu'il fe courboit en marchant
Avec fa tête chauve & nuë ,
"' On l'eût pris pour une Tortuë ,
Qui fe promenoit fur deux pieds ,
Trop foibles & mal déliez ;
Peut-être ici quelque Critique ,
S'empreffe à me faire la nique ,
En blâmant ma Deſcription ,
Par le peu de proportion ,
D'un homme avec une Tortuë,
Mais hardiment je le faluë ,
Et prétends bien le confoler ,
En difant que j'entens parler ,
De ces groffes qu'on voit dans l'Inde ,
Morbleu fi je prens une Olinde ,
Mais , paix , je veux parler ainfi ,
bien qu'il s'en aille d'ici ,
Car je n'aime point la chicane.
Revenons à la Caravane ,
Elle paffa , dit notre Auteur ,
Avecque beaucoup de rumeur ,
Devant le Tripót de la Biche ,
Dont le Maître n'étoit pas riche ,
Parce qu'il aimoit le piot ;
A la porte de ce Tripot ,
Фи
Etoit une Troupe civile
Des plus gros Bourgeois de la Ville
Faineants en gros , en détail ;
II. Vol.
La
DECEMBRE. 1730. 2767.
1730.2767
* La nouvéauté de l'attirail ,
Et le grand bruit de la canaille ,
Que l'on peut appeller marmaille ,
Affemblée à l'entour du Char ,
Attirerent un prompt regard ,
De ces illuftres Bourguemeftres ,
Sur l'équipage & les pedeſtres ,
Ou Pietons , n'importe , auffi- tôt ,
Un fier Lieutenant de Prévôt ,
Nommé Monfieur la Rapiniere ;
Portant une longue rapiere ,.
Fut celui qui les aborda ,
Et cependant leur demanda ,
Avec l'autorité d'un Juge.,.
S'ils ne cherchoient point un réfuge
Enfin , quelles gens ils étoient ,
Et dans quel endroit ils alloient.
Auffi réfolu que Bartole ,
Le jeune homme prit la parole ,
Faifant
quatre pas en avant ,
Sans mettre les mains au Turban.,
Car la gauche étoit occupée ,
A retenir la longue épée ,
Qui batoit fur fes flageolets &
II.Vola Av Puil
2768 MERCURE DE FRANCE
Puifqu'il n'avoit point de molets ,
De l'autre aifément l'on devine ,
Qu'il tenoit une Carabine ,
Parce que je l'ai déja dit ,
Et cependant il répondit ,
Qu'ils étoient François de naiffance ,
Comédiens par excellence ,
Que fon nom étoit le Deſtin
Que celui du vieux Roquentin ,
Etoit Monfieur de la Rancune ,
Qui cherchoit à faire fortune,
Un peu tard , à la verité ;
Mais qu'il étoit de qualité ;
Que cette jeune Damoiselle ,
Du moins auffi fage que belle ,
Juchée ainsi qu'un Perroquet ,
En Charette fur un Paquet ,
Et plus brillante que lanterne ,
Portoit le nom de la Caverne ,
Ce nom bifare & peu commun
Fit d'abord éclater quelqu'un ,
Comme fi c'étoit baliverne ;
Hé! quoi le nom de la Caverne,
Adjoute le Comédien
II. Vol.
DoitDECEMBRE.
1730. 2769
Doit-il vous paroître plus chien ,
Que ceux de Meffieurs la Montagne ,
La Rofe , Lépine ou Champagne ,
De la Valée ou Pavillon ;
Enfin la converſation ,
Ne finit point fans incartade ,
On vit donner quelque gourmadé ,
Capable de caffer les dents ,
L'on entendit des juremens ,
A la tête de l'Equipage ,
Et l'on fut ému du ravage ;
C'étoit le Valet du Tripot ,
Qui ne paffoit pas pour un fot,
Il caroiffoit à coups de barre ,
Le bon Chartier , fans dire garre,
Parce que fes Boeufs , fa Jument ,
Ufoient un peu trop librement ,
D'un tas de foin devant la porte ;
Mais cependant l'on fit enforte ,
D'appaifer la noife , en un mot ,
La Maîtreffe dé ce Tripót ,
Qui Chériffoit la Comédie ,
Et goutoit une Tragédie ,
Bien plus que Vêpres ni Sermon
Appela fon Valet Démon ,
Et par une belle maniere
Rare chez une Tripotiere ,
Elle confentit de bon coeur ,
II. Vol. Qu'un A vj
2770 MERCURE DE FRANCE
>
Qu'un pauvre Chartier de malheur ,
Laiffât fes bêtes vivre à l'aiſe ;
Mais cependant , ne vous déplaiſe ,
L'Auteur prit un de
peu repos ,
Et rumina fort à propos ,
Ce qu'il vous diroit dans la ſuite .
Car pour à prefent il vous quitte.
Par M. le Tellier d'Orvilliers , Lieutenant
General d'Epée , à Vernon .
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Résumé : LE ROMAN COMIQUE, CHAPITRE PREMIER. POEME.
Le texte relate l'arrivée d'une troupe de comédiens dans la ville du Mans. Vers cinq ou six heures du soir, une charrette tirée par quatre bœufs maigres et une cavale poulinière entre bruyamment dans les halles. La charrette est chargée de divers objets, formant une pyramide instable. À bord se trouve une jeune femme ni laide ni belle, habillée de manière plaisante, mangeant du pain bis. Un jeune homme, pauvrement vêtu mais d'apparence riche, marche à côté avec une carabine en bandoulière et un bandeau sur l'œil. Il porte également des oiseaux de proie et un oison. Un vieillard respectable, portant un violon, les accompagne. La troupe attire l'attention des bourgeois et du lieutenant de prévôt, Monsieur la Rapinière, qui leur demande leur identité et leurs intentions. Le jeune homme répond qu'ils sont des comédiens français, nommés le Destin et Monsieur de la Rancune, cherchant à faire fortune. La jeune femme est nommée la Caverne. Une altercation survient avec le valet du tripot voisin, mais la maîtresse du tripot intervient pour apaiser la situation. L'auteur prend ensuite un moment de repos avant de continuer son récit.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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