Cependant n'eftes point ſurpriſe des grands pre-
-
vous
paratifs qui ſe ſont faits depuis quatre mois du coſté de l'Al- lemagne, ſans que l'Armée des Alliez ait encor pû rien exe- cuter? Cette lenteur, ou plû- toft cette impuiſſance , a don- né lieu à ces Vers , que je ne veux pas diférer à vous faire
voir.
PANEGYRIQVE
DES ALLIEZ.
SVperbes Espagnols , Conquerans deux Mondes ,
Hollandois fi vantez &fi crainsfur les Ondes,
Allemands qui tenez l'Empire des Cefars2
184 LE MERCVRE Danois ,iffus des Gots qui bravoient les hazards,
Nobles Napolitains , Flamans nez
pour la Guerre,
Vous, enfin ,dont le Nomvapar tonte la Terre ,
Que n'aurez vous point fait vous
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eſtant tousunis ? Epunis
Sans doute on aura veu mille Tyrans Cent Princes détronez , l'Univers en
alarmes , 1
LeTurc &le Sophy rendre bommageàvosarmes.
Dumoinstoute l' Europe abandonnant fesRois,
Doit les fers àla main s'estre offerte àvos Loix :
Carque ne peuvent point tant deHé ros ensemble ,
Héros aunom de qui tout s'abaiffe tout tremble ,
Héros l'effroydu Monde, &qui to
jours Vainqueurs Des plus fiers Ennemis glacent d'a bord les cœurs ?
Je n'exagere point ; qu'on life vos Histoires,
GALANT. 185 /
A
Etoires , [pouffez,
On verra du mesme air étaler vosVi
Ony verra par tout des Anglois re- Des Suedois batus , des François renverſez.
Mais par malheurpour vous ces Il- lustres Défaites N'ont pour tout fondement que vos fadesGazetes ,
Et tous vos Armemens , dans leur
grand appareil,
Sont de foibles Broüillards qu'écarte
LYO
le Soleil.
Déjadepuis fix ans malgré plusde
vingt Princes, *
Nos troupes ont toujours veſcu dane
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vos Provinces.
Nos Neveux croiront-ilsque tantde
Potentats
Se foient chargezduſoin de nourrir nos Soldats ,
TroisRois , quatre Electeurs , Ducs,
Comtes , Republiques ?
IndignesCombatans , mal-adroits Politiques,
Avec tant d'arrogance &fi peu de
vertu
186 LE MERCURE
Vous meritiez l'affront que ves armes
ont eu
Loüis , le Grand Loüis parſaſeu- lepuiſſance ,
Rompt les honteux deſſeins d'une in- juste Alliance;
Il vadansvos Pais,la Victoire lefuit,
Esle coup estfiprompt qu'ildevance lebruit.
Mastric, Placefi forte &fi bien de- fenduë,
Eftpresque en mesme temps attaquée
renduë ,
Besançon,Dole, Gré, Salins , Limbourg, Bouchain,
Aire, Condé, Dinan, luy reſiſtent en vain.
Ces Triomphes font peu ; Cambray ,
Valencienne ,
Font enprenant ſes Loix leurgloire delafienne.
Defon costéPHILIPPE ardent àl'imiter
Conçoit un grand Deffein , &court l'executer.
Ilcombat, met enfuite , &les Lanriers qu'il gagne ,
Font
GALANT. 187 •Font perdre avec l'honneur Saint Omer àl'Espagne.
:
:
Maispourquiterl' Eſcant &la MeuSe la Lis Nostre Auguste Héros plante plus loinſes Lys.
La Sicile obeït à ses grands Capi taines,
La Catalogne voit Navailles dans ſesPlaines,
Dans l'Amerique, enfin , Cayenne &
Tabaco
Mettent tout enallarme àMexique
&Cufco.
C'est par defi grands coups , pardefi nobles marques,
Qu'ils'estacquis lenomduplus grand desMonarques,
Qu'on publie àl'envy dece Royglo- rieux.
Qu'estant ſeul contre tous ,il triom- pheentous lieux,
Etqu'entre les Humains avec de tels obstacles ,
Luy ſeul pouvoit fournir àfaire c