CONTE
EN EPIGRAMM E.
Certain jeune Avocat , affamé de procès
N'avoit ni Client , ni Cliente ;
Envain il balayoit chaque jour le Palais ,
Et disoit à la Gent Plaidante :
Chez moi , Messieurs , on écrit propre
ment ;
En nouveau Ciceron je plaide éloquemment ,
1.Vol. B v Le
2726 MERCURE DE FRANCE
Le tout à juste prix ; il employoit la force
De maint autre raisonement ;
Autant en emporte le vent.
Pas le moindre Plaideur ne venoit à l'amorce ;
Comment faire ! on le raille impitoyablement ;
Ecoute , te voilà dans un âge nubile ,
Lui disoit l'autre jour un de ses bons amis ,
Il faut te marier , et c'est là mon avis.
Alors tout te sera facile ,
Faute de mieux , ce remede aigre- doux ;
Fut accepté par l'Avocat docile.
Il promit de porter le beau titre d'Epoux ;
Pendant qu'une femme on lui quête
Un jour l'ami railleur vint lui parler ainsi ,
Je sais que ton Hymen s'aprête ,
Les affaires , dis -moy , viennent- elles aussi ?
Oh ! bien- tôt , répondit notre futur mari ,
J'en aurai par dessus la tête.
M. D. S. Avocat.