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1
p. 17-29
LETTRE DE MR LE MARQUIS DE L... A MR LE COMTE DE... LIEUTENANT DE ROY A...
Début :
Ayant à vous donner des nouvelles de l'Attaque du Fort, /Sans une maladie qui m'a fait garder le Lit plus de cinq semaines, [...]
Mots clefs :
Place, Marquis, Académie, Comte, Attaque, Assiégeants, Épée, Noblesse, Grenades, Prince de Soubise, Travaux, Monsieur Bernardi, Gentilhommes, Fort
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texteReconnaissance textuelle : LETTRE DE MR LE MARQUIS DE L... A MR LE COMTE DE... LIEUTENANT DE ROY A...
Ayant à vous donner des nouvelles
de l'Attaque du Fort , qui
a efté faite par les Gentilshommes
de l'Académie de monfienr
Bernardi , je ne puis fatisfaire
mieux vôtre curiofité, qu'en vous
envoyant la Lettre qui fuit.
18 MERCURE
LETTRE
DE ME LE MARQUIS
DE L …….
A M LE COMTE DE ...
LIEVTENANT DE ROY A...
Sav
Ans une maladie qui m'a fait
garder le Lit plus de cinq femaines
, je n'aurois pas tant diferé
àvous rendre comte de ce que vous
m'avez demandé par voftre obligeante
Lettre , touchant l'état de
l'Académie de Monfieur Bernardi,
Neveu de l'illuftre Bernardi que
vous aimiez tant , & à vous faire
le détail de tout ce que j'ay ou an'
Fort que les Gentilshommes de cette
· Académie renouvellent tous les ans
GALANT. ) 19
Pour n'oublier rien de ce que vous
defire fçavoir , j'ay efté plufieurs
fois dans cette Maifon , remarquer
jufques à la moindre chofe , & je
puis vous affurer , Monfieur , que
toute la Nobleffe ne sçauroit affe
reconnoistre l'aplication avec laquelle
les Chefs de l'Académie travaillent
, pour leur donner une éducation
digne de leur naiffance ; &
que Monfieur Bernardi d'à preſent
n'a pas moins hérité des biens defeu
fon Oncle , que de fes beaux talens
dans ce noble Employ . Vous connoiffelle
mérite de Monfieur de Chateauneuf.
C'est le méme qui pendant
vingt-cinq ans a tenu avec
feu Monfieur Bernardi , la plus belle
& la plus, nombreuſe Académie de
l'Europe , avec tant d'ordre , & une
fi belle difcipline , qu'ils ont toujours
eu un applaudiffement univerfel.
Les chofes dans cette Maifon font
20 MERCURE
toujoursfur le mefme pied ; je n'y ay
rien trouvé de changé. L'Equipage
que vousy avez vû , a esté de tout
temps des plus confidérables de
Paris ; mais j'ay efté temoin de l'augmentation
que l'on y a faite depuis
peu de jours d'un grand nombre
de tres- bons chevaux de l'Académie
de Monfieur Coulon , ce qui
rend auiourd'huy cet Equipage plus
beau que iamais , & fans contredit
le meilleur qu'on ait encore vû dans
Aucune Académie . Ainsi , Monfieur,
vous ne devez point balancer à envoyer
Meffieurs vos Enfans profiter
des avantages que l'on a dans celle-
cy, où l'on prend unfoin tout par.
ticulier des moeurs & de la conduite
ieunes Seigneurs. Outre ce bon
ordre pour toutes chofes , la Difci
pline Militaire y eft obfervée par
› faitement dans les Attaques du
Fort dont vous avez entenduparler
do
GALANT.
"
21
& c'est encore un avantage qu'on
ne trouve que dans cette feule Maifon
, Comme vous m'en avez dé
mandé le détail , ie vous diray tout
ce qui s'y eft paffé cette année , n'en
ayant pas perdu un feul iour l'occafion
, afin de vous en pouvoir mieux
informer. l'ay vi toute cette belle
Nobleffe marcher dans les Ruës de
Paris avec un ordre admirable
I'en ay compté plus de foixante &
dix , tous le Moufquetfur l'épaule
parmy lefquels il y en avoit defi
jeunes , qu'àpeine avoient . ils laforce
de le porter. Les deux Commandans
eftoient à la Tefte. Ce font
d'ordinaire les deux Doyens de l'Académie,
Les Tambours & les Hautbois
fuivoient cette belle Troupe.
Quand on fut au Rendez vous ,
l'on commença l'Attaque du Fort
parunefurprife. Le Prince de Muf
feran , Doyen de l'Academie , qui
2.2 MERCURE
eftoit le General de cette petite Armée
, alla reconnoiftre la Place infques
à la Paliffade , & détacha
enfuite le Prince de Soubife & le
Marquis de Sourches , foutenus par
le Comte de Morftein ,, les Marquis
de Bourry , de Lomaria , de Busy,
d'offac , de Sainte Croix , de Galle,
& plufieurs autres , avec ordre de
dreffer des Echelles aux deux côte
de la Porte , pour abatffer le Pont- .
levis , & enfoncer cette Porte avec
un petard. Un autre Détachements
qui avoit à la Tefte le Marquis de
Maridor fuivy du Marquis de
Chabanes , les Comtes de Maldegben
, de Vandeuvre , de Mefgrigny
, de la Roque , de Coffe, Forbeffe,
& autres , defcendit dans le Feffé,
pour efcalader la Place . Le Gros
des Troupes , où étoient les Marquis
de Prélat , & d'Amon , le Comte
de Leoncron , le Baron du Chastel,
GALANT.
23
les Marquis de Moilie , Linard
Gauville , Boyer , Robien , & plufieurs
autres Seigneurs Etrangers
dont ie n'ay puretenir les noms , fuivoit
pour foutenir ces deux Attaques.
Les uns & les autres s'aquitérent
de leur devoir en braves
Gens. Le Pont ayant efté abaiffe,
fans que la Sentinelle s'en fuft apperçuë
, on appliqua le Petard à la
Porte fi à propos , qu'elle fut enfoncée
, mais ceux du Corps de Garde
étant accouru au bruit , eurent affez
de temps pour abatre la Herfe , &
arréterent tout court la vigueur de
ceux qui fe préfentoient l'Epée à
la main pour paffer par la Porte.
A l'autre Attaque , les plus hardis
eftant montez par des Echelles , furent
aperçus , & repouffe . Le Com
mandant de la Place ayant fair
faire divers feux , &ietter de la
paille allumée dans le Foffé pour
24 MERCURE
L'éclairer , donna fi bon ordre à la
defenfe , qu'il obligea les Affaillans
à la retraite ; mais ils ne la firent
que pour infulter la Place avec plus
de vigueur qu'auparavant . Dans
ce deffein on fit trois fauffes Attaques,
& deux veritables. La Place
fut efcaladée par plufieurs endroits,
pendant que le Prince de Soubife,
à la faveur des Grenades qui luy
rendirent l'accés de la Porte libre,
& quifirent retirer ceux qui étoient
derriere la Porte , fit appliquer un
Second Petard àla Helfe , & entra
avec fes Troupes l'Epée à la main
dans la Place. On a obfervé en
toutes ces occafions tout ce qui fe
pratique à l'Attaque d'une Place
emportée dans les formes.
A
On a vú celle- cy en état de défence.
Elle eftoit fraifée & paliffadée.
Ses Dehors étoient de la derniere
propreté, & ily avoit une
Garnifon
GALAN T.
25
Garnifon nombreuſe. D'un autre
cofté , nôtre illuftre Armée n'avoit
rienoubliépour fefortifier dans fon
Camppar des Lignes de Circonvallation
d'une jufteffe achevez. Les
Tentes & les Pavillous dont il étoit
remply , étoient dreffées avec une
fimetrie digne de remarque. On
commençafans brait par l'ouverture
de la Tranchée , apres avoir fait
la Place d' Armes. Tandis que ces
jeunes Héros travailloient à la terre
avec une chaleur incroyable , donnant
des marques de ce qu'ils feauroient
faire un jour , les Ennemis
firent une Sortie fur eux , avec
des Grenadiers , & vinrent combler
& ruiner les Travaux des Affiém
geans ; mais ils furent enfuite vigoureufement
repouffe dans la
Place par un Gros de la Grande
Garde , qui fortit fur eux l'Epée à
la main. On continua depuis à tra
Janvier 1685.
B
26 MERCURE
vailler , nonobftant le feu continuel
qu'onfaifoit de la Place , pour em
pefcher le Travail. le visun Party
de la Campagne , qui vint attaquer
les Lignes , & porter des Fafcines.
pour combler le Foffé. Ony acourut
du Camp avec un Gros , pour les
défendre , mais l'on s'aperçut bientoft
apres , que ce n'eftoit qu'une
fauffe Attaque , pour favorifer un
Convoy qui paffa de l'autre cofté,
fans que ceux du Camp puffent s'opofer
a fon paffage , les Affiégez.
ayant fait une Sortie , pourfoûtenir
ceux qui conduifoient le Convoy.
Vous fçavez que je me fuis trouve
en plufieurs occafions à l'Armée ;
mais je n'ayjamais vû un fi grand
feu , pendant plus de trois heures
que cela dura.
la
La feconde fois , apres que
Garde fat montée , & que chacun
fut pris fes Poftes , l'on commença
GALANT. 27
par avancer les Bateries plus prés
de la Place , afin de ruiner les Paliffades
, & obliger des troupes qui
étoient dans les Dehors , à fe retirer.
Les Affiégez firent une Sortie,
& à la faveur d'une pluye de Grenades
qu'ils jetterent à ceux qui
gardoient des Bateries , ils s'en ren
dirent les maiftres. Ils fe fervirent
de cette Baterie pour ruiner les
Travaux des Affiégeans ; mais elle
fut bien- toft apres regagnée , &
prefque tous ceux qui la gardoient
furent faits Prifonniers , les autres
ayant pris lafuite. Les Affiégezfe
trouvant incommodez d'une Redou
te que les Affiégeans avoient faite,
ils y firent jouer un Fourneau, ayant
fait uneSortie en mefme temps , &
y montérent à l'Affaut , & l'emportérent.
Ils ne la gardèrent pas
long- temps , car les Affiégeans la
regagnérent l'Epée à la main , à la
B 2
28 MERCURE
faveur d'une infinité de Grenades
que l'on y jettoit du Camp , pour en
chaffer ceux qui s'en étoient rendus
maîtres. On rétablit d'abord la
Bréche avec des Fafcines , & l'on
continua à avancer des Travaux,
Ily avoit ce iour - là un nombre infiny
de Gens.
Une autre fois les Affiégeans commencérent
par un Logement qu'ils
firent fur la Contrefcarpe . Ceux de
la Place lefirent fauter bien- toft
apres , par un Fourneau qu'ils firent
iouer. Ce Pofte fut encore regagné,
& le Logement refait ; ce qui obligeales
Affiégez à fe retirer dans la
Demy.lune . Cela donne lieu à la
defcente dans le Foffe . Le Mineur
fut attaché à la Demy- lume. La
Mine fit une Bréche affe confidérable
, & les Affiégeans montérent
à l'Affaut avec une vigueur & une
chaleur digne de ceux que ie vous
GALANT. 29
ay nommez. Apres le Logementfait
fur la Demy line , ceux de la Place
fe rendirent avec une Compofition
honorable. Le Canon a fait grand
bruit depart & d'autre , auffi -bien
que les Bombes , les Carcaffes & les
Grenades. Le Terrainy a efté difpu
tépied àpied , & toûjours avec un
feu continuel.
Toutes ces occafions fe font paffées
en préfence d'un grand nombre de
Perfonnes de qualité ; & les Gens
du Metier ont avoüé qu'on ne pouvoit
rien faire de plus avantageux
pourcette ieune Nobleffe.
de l'Attaque du Fort , qui
a efté faite par les Gentilshommes
de l'Académie de monfienr
Bernardi , je ne puis fatisfaire
mieux vôtre curiofité, qu'en vous
envoyant la Lettre qui fuit.
18 MERCURE
LETTRE
DE ME LE MARQUIS
DE L …….
A M LE COMTE DE ...
LIEVTENANT DE ROY A...
Sav
Ans une maladie qui m'a fait
garder le Lit plus de cinq femaines
, je n'aurois pas tant diferé
àvous rendre comte de ce que vous
m'avez demandé par voftre obligeante
Lettre , touchant l'état de
l'Académie de Monfieur Bernardi,
Neveu de l'illuftre Bernardi que
vous aimiez tant , & à vous faire
le détail de tout ce que j'ay ou an'
Fort que les Gentilshommes de cette
· Académie renouvellent tous les ans
GALANT. ) 19
Pour n'oublier rien de ce que vous
defire fçavoir , j'ay efté plufieurs
fois dans cette Maifon , remarquer
jufques à la moindre chofe , & je
puis vous affurer , Monfieur , que
toute la Nobleffe ne sçauroit affe
reconnoistre l'aplication avec laquelle
les Chefs de l'Académie travaillent
, pour leur donner une éducation
digne de leur naiffance ; &
que Monfieur Bernardi d'à preſent
n'a pas moins hérité des biens defeu
fon Oncle , que de fes beaux talens
dans ce noble Employ . Vous connoiffelle
mérite de Monfieur de Chateauneuf.
C'est le méme qui pendant
vingt-cinq ans a tenu avec
feu Monfieur Bernardi , la plus belle
& la plus, nombreuſe Académie de
l'Europe , avec tant d'ordre , & une
fi belle difcipline , qu'ils ont toujours
eu un applaudiffement univerfel.
Les chofes dans cette Maifon font
20 MERCURE
toujoursfur le mefme pied ; je n'y ay
rien trouvé de changé. L'Equipage
que vousy avez vû , a esté de tout
temps des plus confidérables de
Paris ; mais j'ay efté temoin de l'augmentation
que l'on y a faite depuis
peu de jours d'un grand nombre
de tres- bons chevaux de l'Académie
de Monfieur Coulon , ce qui
rend auiourd'huy cet Equipage plus
beau que iamais , & fans contredit
le meilleur qu'on ait encore vû dans
Aucune Académie . Ainsi , Monfieur,
vous ne devez point balancer à envoyer
Meffieurs vos Enfans profiter
des avantages que l'on a dans celle-
cy, où l'on prend unfoin tout par.
ticulier des moeurs & de la conduite
ieunes Seigneurs. Outre ce bon
ordre pour toutes chofes , la Difci
pline Militaire y eft obfervée par
› faitement dans les Attaques du
Fort dont vous avez entenduparler
do
GALANT.
"
21
& c'est encore un avantage qu'on
ne trouve que dans cette feule Maifon
, Comme vous m'en avez dé
mandé le détail , ie vous diray tout
ce qui s'y eft paffé cette année , n'en
ayant pas perdu un feul iour l'occafion
, afin de vous en pouvoir mieux
informer. l'ay vi toute cette belle
Nobleffe marcher dans les Ruës de
Paris avec un ordre admirable
I'en ay compté plus de foixante &
dix , tous le Moufquetfur l'épaule
parmy lefquels il y en avoit defi
jeunes , qu'àpeine avoient . ils laforce
de le porter. Les deux Commandans
eftoient à la Tefte. Ce font
d'ordinaire les deux Doyens de l'Académie,
Les Tambours & les Hautbois
fuivoient cette belle Troupe.
Quand on fut au Rendez vous ,
l'on commença l'Attaque du Fort
parunefurprife. Le Prince de Muf
feran , Doyen de l'Academie , qui
2.2 MERCURE
eftoit le General de cette petite Armée
, alla reconnoiftre la Place infques
à la Paliffade , & détacha
enfuite le Prince de Soubife & le
Marquis de Sourches , foutenus par
le Comte de Morftein ,, les Marquis
de Bourry , de Lomaria , de Busy,
d'offac , de Sainte Croix , de Galle,
& plufieurs autres , avec ordre de
dreffer des Echelles aux deux côte
de la Porte , pour abatffer le Pont- .
levis , & enfoncer cette Porte avec
un petard. Un autre Détachements
qui avoit à la Tefte le Marquis de
Maridor fuivy du Marquis de
Chabanes , les Comtes de Maldegben
, de Vandeuvre , de Mefgrigny
, de la Roque , de Coffe, Forbeffe,
& autres , defcendit dans le Feffé,
pour efcalader la Place . Le Gros
des Troupes , où étoient les Marquis
de Prélat , & d'Amon , le Comte
de Leoncron , le Baron du Chastel,
GALANT.
23
les Marquis de Moilie , Linard
Gauville , Boyer , Robien , & plufieurs
autres Seigneurs Etrangers
dont ie n'ay puretenir les noms , fuivoit
pour foutenir ces deux Attaques.
Les uns & les autres s'aquitérent
de leur devoir en braves
Gens. Le Pont ayant efté abaiffe,
fans que la Sentinelle s'en fuft apperçuë
, on appliqua le Petard à la
Porte fi à propos , qu'elle fut enfoncée
, mais ceux du Corps de Garde
étant accouru au bruit , eurent affez
de temps pour abatre la Herfe , &
arréterent tout court la vigueur de
ceux qui fe préfentoient l'Epée à
la main pour paffer par la Porte.
A l'autre Attaque , les plus hardis
eftant montez par des Echelles , furent
aperçus , & repouffe . Le Com
mandant de la Place ayant fair
faire divers feux , &ietter de la
paille allumée dans le Foffé pour
24 MERCURE
L'éclairer , donna fi bon ordre à la
defenfe , qu'il obligea les Affaillans
à la retraite ; mais ils ne la firent
que pour infulter la Place avec plus
de vigueur qu'auparavant . Dans
ce deffein on fit trois fauffes Attaques,
& deux veritables. La Place
fut efcaladée par plufieurs endroits,
pendant que le Prince de Soubife,
à la faveur des Grenades qui luy
rendirent l'accés de la Porte libre,
& quifirent retirer ceux qui étoient
derriere la Porte , fit appliquer un
Second Petard àla Helfe , & entra
avec fes Troupes l'Epée à la main
dans la Place. On a obfervé en
toutes ces occafions tout ce qui fe
pratique à l'Attaque d'une Place
emportée dans les formes.
A
On a vú celle- cy en état de défence.
Elle eftoit fraifée & paliffadée.
Ses Dehors étoient de la derniere
propreté, & ily avoit une
Garnifon
GALAN T.
25
Garnifon nombreuſe. D'un autre
cofté , nôtre illuftre Armée n'avoit
rienoubliépour fefortifier dans fon
Camppar des Lignes de Circonvallation
d'une jufteffe achevez. Les
Tentes & les Pavillous dont il étoit
remply , étoient dreffées avec une
fimetrie digne de remarque. On
commençafans brait par l'ouverture
de la Tranchée , apres avoir fait
la Place d' Armes. Tandis que ces
jeunes Héros travailloient à la terre
avec une chaleur incroyable , donnant
des marques de ce qu'ils feauroient
faire un jour , les Ennemis
firent une Sortie fur eux , avec
des Grenadiers , & vinrent combler
& ruiner les Travaux des Affiém
geans ; mais ils furent enfuite vigoureufement
repouffe dans la
Place par un Gros de la Grande
Garde , qui fortit fur eux l'Epée à
la main. On continua depuis à tra
Janvier 1685.
B
26 MERCURE
vailler , nonobftant le feu continuel
qu'onfaifoit de la Place , pour em
pefcher le Travail. le visun Party
de la Campagne , qui vint attaquer
les Lignes , & porter des Fafcines.
pour combler le Foffé. Ony acourut
du Camp avec un Gros , pour les
défendre , mais l'on s'aperçut bientoft
apres , que ce n'eftoit qu'une
fauffe Attaque , pour favorifer un
Convoy qui paffa de l'autre cofté,
fans que ceux du Camp puffent s'opofer
a fon paffage , les Affiégez.
ayant fait une Sortie , pourfoûtenir
ceux qui conduifoient le Convoy.
Vous fçavez que je me fuis trouve
en plufieurs occafions à l'Armée ;
mais je n'ayjamais vû un fi grand
feu , pendant plus de trois heures
que cela dura.
la
La feconde fois , apres que
Garde fat montée , & que chacun
fut pris fes Poftes , l'on commença
GALANT. 27
par avancer les Bateries plus prés
de la Place , afin de ruiner les Paliffades
, & obliger des troupes qui
étoient dans les Dehors , à fe retirer.
Les Affiégez firent une Sortie,
& à la faveur d'une pluye de Grenades
qu'ils jetterent à ceux qui
gardoient des Bateries , ils s'en ren
dirent les maiftres. Ils fe fervirent
de cette Baterie pour ruiner les
Travaux des Affiégeans ; mais elle
fut bien- toft apres regagnée , &
prefque tous ceux qui la gardoient
furent faits Prifonniers , les autres
ayant pris lafuite. Les Affiégezfe
trouvant incommodez d'une Redou
te que les Affiégeans avoient faite,
ils y firent jouer un Fourneau, ayant
fait uneSortie en mefme temps , &
y montérent à l'Affaut , & l'emportérent.
Ils ne la gardèrent pas
long- temps , car les Affiégeans la
regagnérent l'Epée à la main , à la
B 2
28 MERCURE
faveur d'une infinité de Grenades
que l'on y jettoit du Camp , pour en
chaffer ceux qui s'en étoient rendus
maîtres. On rétablit d'abord la
Bréche avec des Fafcines , & l'on
continua à avancer des Travaux,
Ily avoit ce iour - là un nombre infiny
de Gens.
Une autre fois les Affiégeans commencérent
par un Logement qu'ils
firent fur la Contrefcarpe . Ceux de
la Place lefirent fauter bien- toft
apres , par un Fourneau qu'ils firent
iouer. Ce Pofte fut encore regagné,
& le Logement refait ; ce qui obligeales
Affiégez à fe retirer dans la
Demy.lune . Cela donne lieu à la
defcente dans le Foffe . Le Mineur
fut attaché à la Demy- lume. La
Mine fit une Bréche affe confidérable
, & les Affiégeans montérent
à l'Affaut avec une vigueur & une
chaleur digne de ceux que ie vous
GALANT. 29
ay nommez. Apres le Logementfait
fur la Demy line , ceux de la Place
fe rendirent avec une Compofition
honorable. Le Canon a fait grand
bruit depart & d'autre , auffi -bien
que les Bombes , les Carcaffes & les
Grenades. Le Terrainy a efté difpu
tépied àpied , & toûjours avec un
feu continuel.
Toutes ces occafions fe font paffées
en préfence d'un grand nombre de
Perfonnes de qualité ; & les Gens
du Metier ont avoüé qu'on ne pouvoit
rien faire de plus avantageux
pourcette ieune Nobleffe.
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Résumé : LETTRE DE MR LE MARQUIS DE L... A MR LE COMTE DE... LIEUTENANT DE ROY A...
Le marquis de L... adresse une lettre au comte de..., lieutenant du roi, pour répondre à sa demande concernant l'état de l'Académie de Monsieur Bernardi et les détails de l'attaque annuelle du Fort. Après une maladie de cinq semaines, le marquis décrit l'attaque du Fort, organisée par les gentilshommes de l'Académie. Il souligne l'application et le mérite des chefs de l'Académie, notamment Monsieur de Chateauneuf, qui a collaboré avec feu Monsieur Bernardi pour maintenir l'une des académies les plus prestigieuses d'Europe. Les préparatifs de l'attaque sont minutieusement décrits, ainsi que les participants et les différentes phases de l'assaut. Les jeunes gentilshommes ont démontré discipline et bravoure durant l'événement. De nombreuses personnes de qualité ont observé l'attaque, reconnaissant la valeur éducative et militaire de cet exercice.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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