Résultats : 1 texte(s)
Détail
Liste
1
p. 165-172
REMARQUES de M....... de la Société littéraire d'Arras, sur quelques points de prononciation & d'ortographe.
Début :
Il est surprenant que lorsqu'on a publié de nouveau dans les Opuscules sur la [...]
Mots clefs :
Société littéraire d'Arras, Prononciation, Grammaire, Orthographe
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : REMARQUES de M....... de la Société littéraire d'Arras, sur quelques points de prononciation & d'ortographe.
REMARQUES de M....... de la
Société littéraire d'Arras , fur quelques
points de prononciation & d'ortographe.
Left furprenant que lorfqu'on a publié
de nouveau dans les Opufcules fur la
langue Françoife , les Effais de grammaire
de feu M. l'Abbé de Dangeau , on air
obmis de rectifier , par quelques notes ,
plufieurs endroits de cet ouvrage eſtimable
, dans lesquels on ne trouve pas toute
l'exactitude poffible . Je vais tâcher d'y fuppléer
, du moins par rapport aux articles
qui regardent la prononciation .
L'Abbé de Dangeau enfeigne ( pages 10
& 12 des Opufcules ) qu'outre le fon qui
répond à la lettre o , nous avons un fon
plus fourd repréfenté par la fauffe diphtongue
au. Suivant la maniere dont cette diftinction
eft annoncée , il femble que le fon
• , quand il eft clair , foit toujours exprimé
paro ; & que ce ſon , lorsqu'il est fourd ,
foit toujours rendu par an. Quoique cela
arrive ordinairement , il y a bien des exemples
du contraire : au eft clair & bref dans
chapeau , autorité , &c. & a eft fourd &
long dans globe , foffe , tome , &c,
166 MERCURE DE FRANCE.
Page 13. Selon l'Abbé de D. les mots
berger & leger font une rime normande .
Il est vrai que de fon tems on prononçoit
la feconde fyllabe de léger avec un e ouvert
; mais à préfent la plupart font cet e
fermé , & léger rime très -bien avec berger.
Pages 13 , 38 & autres , l'Auteur , en
difant que le fon de la voyelle finale eft .
une ouvert dans exprès & amer , dans j'irois
& il alloit , ne fait point affez connoître
la différence qu'il y a entre l'e fimplement
ouvert & l'e très - ouvert .
Page 15. Notre e muet , dit l'Abbé de
D. ne fe trouve ni dans le Latin , ni
dans l'Efpagnol , ni dans l'Italien « . Le
fon dont il s'agit n'eft pas exprimé dans
l'ortographe de ces langues : il n'y eft marqué
par aucun caractere ; mais il n'y exiſte
pas moins dans la prononciation , car on
ne fçauroit prononcer une confonne finale
fans faire entendre à fa fuite un fon obfeur
& fourd , qui eft celui de l'e muet ou
féminin : tel & telle fe prononcent à peu
près de même .
Page 17. En traitant de nos voyelles
nazales an , en , in , on , un , l'auteur avance
qu'on pourroit les appeller esclavones , pare
ce que les peuples qui parlent cette langue
ont des caracteres particuliers pour les exprimer.
M. l'Abbé Antonini convient ,
JANVIER. 1755. 167
dans fa Grammaire Françoife , que ces peu,
ples mettent quelquefois une efpéce de
cédille au-deffous de l'e , pour marquer la
fuppreffion de l'n fuivante ; mais il penfe
que cette cédille ne fert pas plus à defigner
un fon nazal que le tiret dont nous fai
fions autrefois ufage pour indiquer auffi le
retranchement de l'n ou de l'm . Le moyen
d'éclaircir la question eft de voir fi la cédille
de la langue esclavone s'employe ou
ne s'employe pas quand l'n dont elle tient
lieu fait fa fonction de confonne , comme
dans les mots françois venez , finiffez , où
cette lettre ne marque point la nazalité du
fon qui la précéde. >
Page 21. L'Abbé de D. dit que pour
éviter le bâillement qui fe trouye entre les
deux derniers mots de ce vers de Quinault
,
Ah! j'attendrai long- tems ; la nuit eft loin encore.
les Muficiens ont recours à différens expédiens
dont l'un eft de mettre un petit g
après loin , & de prononcer la nuit eft loing
encore. Je ne fçai fi cette prononciation
pouvoit être fupportable il y a cinquante
ans , mais elle feroit aujourd'hui bien ridicule
,
Page 35. L'Auteur prétend qu'il y a dans
le mot entier une diphtongue compofée
168 MERCURE DE FRANCE.
de l'i & de l'e ouvert. On y met préfentement
un e fermé auffi bien que dans les
autres adjectifs en ier , excepté fier & altier
; & on ne prononce pas ordinairement
I'r de tous ces adjectifs , qui fe prononçoit
au commencement de ce fiécle , s'il
faut en croire l'Abbé Regnier Deſmarais ,
dont la Grammaire parut en 1706.
Page 48. Après avoir expofé ce qui diftingue
les confonnes foibles , qui font b ,
v , d , g , z , j , d'avec les fortes , qui font
P , f, t , k , s , ch , l'Abbé de D. s'exprime
il Y
ainfi .
ور
b
Que fi dans quelque mot propre
a pour finale un ou un d , comme dans
» Aminadab , ou David , on prononcera
» naturellement Davit , Aminadap ; & fi
» l'on veut s'efforcer à prononcer le d & le
» b , on prononcera
néceffairement
un petit
» e feminin , pour donner lieu à la pleine
prononciation du b & du d , qui , comme
j'ai dit , ne peuvent être finales.
»
Il me femble qu'on prononce naturellement
& aifément Aminadab & David comme
ils font écrits. Si nos organes , en faifant
fonner le bou le dà la fin de ces mots ,
y ajoutent néceffairement un e feminin , ils
l'ajoutent certainement auffi après le p & le
t, & toute autre confonne finale , ainfi que
je l'ai déja remarqué,
Page
JANVIER. 1753 . 189
Page 85. Suivant ce que dit l'Auteur ,
la lettre double ch fe prononce comme un
k dans Acheron. L'ufage me paroît maintenant
partagé fur ce point : j'ai entendu
prononcer Akéron à l'Opéra , & Acheron
à la Comédie Françoiſe.
Page 96. L'Abbé de D. blâme ceux qui
au lieu de prononcer a - yant , a-yez , prononcent
eyant , eyez , comme fi l'y tenoit
dans ces mots la place de deux i. La prononciation
de l'a s'eft confervée dans aïant ;
mais je crois qu'on prononce affez généralement
erez , & non aïez.
g Page 101. Sur la prononciation du
» dur & du c dur ou du k , il faut remar-
» quer qu'en François devant les e fermés ,
» lese ouverts & la voyelle eu , on pro-
» nonce ces deux confonnes un peu mouil-
» lées , & comme s'il y avoit un petit i . On
» prononce guérir , comme s'il y avoitguié-
» rtr ; rigueur , comme s'il avoit riguieur ;
queftion , comme s'il y avoit quicftion
» vainqueur , comme s'il y avoit vainquieur.
J'ignore fi la prononciation a varié fur
cet article depuis que l'Abbé de D. compofa
ces Effais ; mais mon oreille n'a jamais
fenti l'addition du fon de l'i dans les
mots qui font l'objet de fa réflexion.
"
Cet Abbé eft d'avis qu'il faut prononcer
par uni nazal & non par ain , les mots
H
170 MERCURE DE FRANCE.
qui commencent par la négative in , comme
ingrat , infidéle . C'eft auffi le fentiment
du P. Buffier & de l'Abbé Girard ; mais
M. Reftaut affûre le contraire , ainſi que
M. Duclos , dans fes Remarques fur la
Grammaire générale & raisonnée , dont il a
donné depuis peu une nouvelle édition ;
& il ſe rencontre une oppofition finguliere
dans les termes dont le P. Buffier & M.
Duclos fe fervent à ce fujer.
Prononcez infini , imprudent , dit le premier
, & non pas ènfini , èmprudent , comme
fait le peuple de Paris. Il répete la
même décifion dans un autre endroit , en
joignant quelques beaux efprits de province
à ces bourgeois de Paris , qui , felon
lui , alterent la bonne prononciation .
D'un autre côté , M. Duclos penfe que
l'i nazal eſt un fon provincial qui n'eſt
d'ufage ni à la Cour , ni à la Ville. » Ileft
» vrai , ajoute- t-il , que l'i nazal s'eft in-
» troduit au théâtre ; mais il n'en eft pas
» moins vicieux , puifqu'il n'eft pas autorifé
par le bon u fage , auquel le théâtre
eft obligé de fe conformer , comme la
chaire & le barreau .
L'opinion de M. Duclos me paroît juſtifiée
par l'ufage actuel , fi ce n'eft à l'égard
du chant , où l'on employe communément
le fon de l'i nazal , dans le cas dont
il s'agit ici .
JANVIER . 1755. 171
M. Duclos, dans fon édition de la Grammaire
générale & raisonnée , a laiffé l'ortographe
commune dans le texte du livre ,
parce qu'il ne s'eft pas cru en droit d'y rien
changer ; mais agiffant avec plus de liberté
dans les Remarques , qui étoient fon propre
ouvrage , il y a donné le précepte &
l'exemple d'une ortographe plus analogue
à la prononciation.
Un de nos Journaliſtes , en rendant
compte de cette production de M. Duclos,
fi précieufe à beaucoup d'égards , a apporté
de fort bonnes raifons pour maintenir
l'ortographe ordinaire ; mais parmi ces
raifons il lui en eft échappé une qui ne
me paroît pas fans replique : » Si l'on
établit , dit ce Journaliſte , qu'il faut
» écrire comme l'on parle , toutes les pro-
» vinces du Royaume écriront autrement
qu'on n'écrira à Paris , puifqu'elles par-
» lent autrement. » Ne pourroit - on pas
dire au contraire , que s'il y avoit un motif
affez fort pour exciter à réformer l'ortographe
, ce feroit cette diverfité même
de prononciation dans les différentes provinces
? Car le but des amateurs de la
réforme ne fçauroit être d'autorifer chaque
particulier à écrire comme il parle : ils
veulent fans doute qu'une nouvelle ortographe
, adoptée par l'Académie Françoiſe,
39
Hij
172 MERCURE
DE FRANCE
.
& par les bons auteurs qui vivent à Paris
ou à la Cour , fixe la vraie prononciation
,
& l'enſeigne aux habitans des provinces
'qui ont une prononciation
défectueufe.
Sans toucher au fond de l'ortographe , il
feroit peut-être affez à propos d'y introduire
encore quelques changemens peu
effentiels , & de la nature de ceux que l'Académie
a légitimés dans la nouvelle édition
de fon Dictionnaire , tels que le chanla
gement de l'y en i à la fin des mots ,
fuppreffion de plufieurs confonnes muettes
, &c. Mais on doit bien fe garder d'écrire
éxélent , éxeption , au lieu d'excellent ,
exception ; car l'x n'a dans ces mots que
la valeur d'un kou d'un c dur , & il y occafionneroit
une équivoque , s'il n'étoit
fuivi d'un c . Une telle nouveauté , outre
l'atteinte qu'elle porteroit à l'étymologie ,
induiroit à prononcer éxéllent , éxeption ,
par gz, comme on prononce éxamen , éxem-
-ple , exorde , & tous les autres mots qui
commencent par ex , fuivis immédiatement
d'une voyelle,
Société littéraire d'Arras , fur quelques
points de prononciation & d'ortographe.
Left furprenant que lorfqu'on a publié
de nouveau dans les Opufcules fur la
langue Françoife , les Effais de grammaire
de feu M. l'Abbé de Dangeau , on air
obmis de rectifier , par quelques notes ,
plufieurs endroits de cet ouvrage eſtimable
, dans lesquels on ne trouve pas toute
l'exactitude poffible . Je vais tâcher d'y fuppléer
, du moins par rapport aux articles
qui regardent la prononciation .
L'Abbé de Dangeau enfeigne ( pages 10
& 12 des Opufcules ) qu'outre le fon qui
répond à la lettre o , nous avons un fon
plus fourd repréfenté par la fauffe diphtongue
au. Suivant la maniere dont cette diftinction
eft annoncée , il femble que le fon
• , quand il eft clair , foit toujours exprimé
paro ; & que ce ſon , lorsqu'il est fourd ,
foit toujours rendu par an. Quoique cela
arrive ordinairement , il y a bien des exemples
du contraire : au eft clair & bref dans
chapeau , autorité , &c. & a eft fourd &
long dans globe , foffe , tome , &c,
166 MERCURE DE FRANCE.
Page 13. Selon l'Abbé de D. les mots
berger & leger font une rime normande .
Il est vrai que de fon tems on prononçoit
la feconde fyllabe de léger avec un e ouvert
; mais à préfent la plupart font cet e
fermé , & léger rime très -bien avec berger.
Pages 13 , 38 & autres , l'Auteur , en
difant que le fon de la voyelle finale eft .
une ouvert dans exprès & amer , dans j'irois
& il alloit , ne fait point affez connoître
la différence qu'il y a entre l'e fimplement
ouvert & l'e très - ouvert .
Page 15. Notre e muet , dit l'Abbé de
D. ne fe trouve ni dans le Latin , ni
dans l'Efpagnol , ni dans l'Italien « . Le
fon dont il s'agit n'eft pas exprimé dans
l'ortographe de ces langues : il n'y eft marqué
par aucun caractere ; mais il n'y exiſte
pas moins dans la prononciation , car on
ne fçauroit prononcer une confonne finale
fans faire entendre à fa fuite un fon obfeur
& fourd , qui eft celui de l'e muet ou
féminin : tel & telle fe prononcent à peu
près de même .
Page 17. En traitant de nos voyelles
nazales an , en , in , on , un , l'auteur avance
qu'on pourroit les appeller esclavones , pare
ce que les peuples qui parlent cette langue
ont des caracteres particuliers pour les exprimer.
M. l'Abbé Antonini convient ,
JANVIER. 1755. 167
dans fa Grammaire Françoife , que ces peu,
ples mettent quelquefois une efpéce de
cédille au-deffous de l'e , pour marquer la
fuppreffion de l'n fuivante ; mais il penfe
que cette cédille ne fert pas plus à defigner
un fon nazal que le tiret dont nous fai
fions autrefois ufage pour indiquer auffi le
retranchement de l'n ou de l'm . Le moyen
d'éclaircir la question eft de voir fi la cédille
de la langue esclavone s'employe ou
ne s'employe pas quand l'n dont elle tient
lieu fait fa fonction de confonne , comme
dans les mots françois venez , finiffez , où
cette lettre ne marque point la nazalité du
fon qui la précéde. >
Page 21. L'Abbé de D. dit que pour
éviter le bâillement qui fe trouye entre les
deux derniers mots de ce vers de Quinault
,
Ah! j'attendrai long- tems ; la nuit eft loin encore.
les Muficiens ont recours à différens expédiens
dont l'un eft de mettre un petit g
après loin , & de prononcer la nuit eft loing
encore. Je ne fçai fi cette prononciation
pouvoit être fupportable il y a cinquante
ans , mais elle feroit aujourd'hui bien ridicule
,
Page 35. L'Auteur prétend qu'il y a dans
le mot entier une diphtongue compofée
168 MERCURE DE FRANCE.
de l'i & de l'e ouvert. On y met préfentement
un e fermé auffi bien que dans les
autres adjectifs en ier , excepté fier & altier
; & on ne prononce pas ordinairement
I'r de tous ces adjectifs , qui fe prononçoit
au commencement de ce fiécle , s'il
faut en croire l'Abbé Regnier Deſmarais ,
dont la Grammaire parut en 1706.
Page 48. Après avoir expofé ce qui diftingue
les confonnes foibles , qui font b ,
v , d , g , z , j , d'avec les fortes , qui font
P , f, t , k , s , ch , l'Abbé de D. s'exprime
il Y
ainfi .
ور
b
Que fi dans quelque mot propre
a pour finale un ou un d , comme dans
» Aminadab , ou David , on prononcera
» naturellement Davit , Aminadap ; & fi
» l'on veut s'efforcer à prononcer le d & le
» b , on prononcera
néceffairement
un petit
» e feminin , pour donner lieu à la pleine
prononciation du b & du d , qui , comme
j'ai dit , ne peuvent être finales.
»
Il me femble qu'on prononce naturellement
& aifément Aminadab & David comme
ils font écrits. Si nos organes , en faifant
fonner le bou le dà la fin de ces mots ,
y ajoutent néceffairement un e feminin , ils
l'ajoutent certainement auffi après le p & le
t, & toute autre confonne finale , ainfi que
je l'ai déja remarqué,
Page
JANVIER. 1753 . 189
Page 85. Suivant ce que dit l'Auteur ,
la lettre double ch fe prononce comme un
k dans Acheron. L'ufage me paroît maintenant
partagé fur ce point : j'ai entendu
prononcer Akéron à l'Opéra , & Acheron
à la Comédie Françoiſe.
Page 96. L'Abbé de D. blâme ceux qui
au lieu de prononcer a - yant , a-yez , prononcent
eyant , eyez , comme fi l'y tenoit
dans ces mots la place de deux i. La prononciation
de l'a s'eft confervée dans aïant ;
mais je crois qu'on prononce affez généralement
erez , & non aïez.
g Page 101. Sur la prononciation du
» dur & du c dur ou du k , il faut remar-
» quer qu'en François devant les e fermés ,
» lese ouverts & la voyelle eu , on pro-
» nonce ces deux confonnes un peu mouil-
» lées , & comme s'il y avoit un petit i . On
» prononce guérir , comme s'il y avoitguié-
» rtr ; rigueur , comme s'il avoit riguieur ;
queftion , comme s'il y avoit quicftion
» vainqueur , comme s'il y avoit vainquieur.
J'ignore fi la prononciation a varié fur
cet article depuis que l'Abbé de D. compofa
ces Effais ; mais mon oreille n'a jamais
fenti l'addition du fon de l'i dans les
mots qui font l'objet de fa réflexion.
"
Cet Abbé eft d'avis qu'il faut prononcer
par uni nazal & non par ain , les mots
H
170 MERCURE DE FRANCE.
qui commencent par la négative in , comme
ingrat , infidéle . C'eft auffi le fentiment
du P. Buffier & de l'Abbé Girard ; mais
M. Reftaut affûre le contraire , ainſi que
M. Duclos , dans fes Remarques fur la
Grammaire générale & raisonnée , dont il a
donné depuis peu une nouvelle édition ;
& il ſe rencontre une oppofition finguliere
dans les termes dont le P. Buffier & M.
Duclos fe fervent à ce fujer.
Prononcez infini , imprudent , dit le premier
, & non pas ènfini , èmprudent , comme
fait le peuple de Paris. Il répete la
même décifion dans un autre endroit , en
joignant quelques beaux efprits de province
à ces bourgeois de Paris , qui , felon
lui , alterent la bonne prononciation .
D'un autre côté , M. Duclos penfe que
l'i nazal eſt un fon provincial qui n'eſt
d'ufage ni à la Cour , ni à la Ville. » Ileft
» vrai , ajoute- t-il , que l'i nazal s'eft in-
» troduit au théâtre ; mais il n'en eft pas
» moins vicieux , puifqu'il n'eft pas autorifé
par le bon u fage , auquel le théâtre
eft obligé de fe conformer , comme la
chaire & le barreau .
L'opinion de M. Duclos me paroît juſtifiée
par l'ufage actuel , fi ce n'eft à l'égard
du chant , où l'on employe communément
le fon de l'i nazal , dans le cas dont
il s'agit ici .
JANVIER . 1755. 171
M. Duclos, dans fon édition de la Grammaire
générale & raisonnée , a laiffé l'ortographe
commune dans le texte du livre ,
parce qu'il ne s'eft pas cru en droit d'y rien
changer ; mais agiffant avec plus de liberté
dans les Remarques , qui étoient fon propre
ouvrage , il y a donné le précepte &
l'exemple d'une ortographe plus analogue
à la prononciation.
Un de nos Journaliſtes , en rendant
compte de cette production de M. Duclos,
fi précieufe à beaucoup d'égards , a apporté
de fort bonnes raifons pour maintenir
l'ortographe ordinaire ; mais parmi ces
raifons il lui en eft échappé une qui ne
me paroît pas fans replique : » Si l'on
établit , dit ce Journaliſte , qu'il faut
» écrire comme l'on parle , toutes les pro-
» vinces du Royaume écriront autrement
qu'on n'écrira à Paris , puifqu'elles par-
» lent autrement. » Ne pourroit - on pas
dire au contraire , que s'il y avoit un motif
affez fort pour exciter à réformer l'ortographe
, ce feroit cette diverfité même
de prononciation dans les différentes provinces
? Car le but des amateurs de la
réforme ne fçauroit être d'autorifer chaque
particulier à écrire comme il parle : ils
veulent fans doute qu'une nouvelle ortographe
, adoptée par l'Académie Françoiſe,
39
Hij
172 MERCURE
DE FRANCE
.
& par les bons auteurs qui vivent à Paris
ou à la Cour , fixe la vraie prononciation
,
& l'enſeigne aux habitans des provinces
'qui ont une prononciation
défectueufe.
Sans toucher au fond de l'ortographe , il
feroit peut-être affez à propos d'y introduire
encore quelques changemens peu
effentiels , & de la nature de ceux que l'Académie
a légitimés dans la nouvelle édition
de fon Dictionnaire , tels que le chanla
gement de l'y en i à la fin des mots ,
fuppreffion de plufieurs confonnes muettes
, &c. Mais on doit bien fe garder d'écrire
éxélent , éxeption , au lieu d'excellent ,
exception ; car l'x n'a dans ces mots que
la valeur d'un kou d'un c dur , & il y occafionneroit
une équivoque , s'il n'étoit
fuivi d'un c . Une telle nouveauté , outre
l'atteinte qu'elle porteroit à l'étymologie ,
induiroit à prononcer éxéllent , éxeption ,
par gz, comme on prononce éxamen , éxem-
-ple , exorde , & tous les autres mots qui
commencent par ex , fuivis immédiatement
d'une voyelle,
Fermer
Résumé : REMARQUES de M....... de la Société littéraire d'Arras, sur quelques points de prononciation & d'ortographe.
Le texte critique les ouvrages de grammaire de l'Abbé de Dangeau, publiés dans les *Opuscules sur la langue française*, en soulignant plusieurs inexactitudes concernant la prononciation et l'orthographe. L'auteur conteste notamment la distinction faite par l'Abbé de Dangeau entre les sons représentés par 'o' et 'au'. Il note que des mots comme 'chapeau' et 'autorité' ont un 'au' clair et bref, tandis que 'globe' et 'tome' ont un 'a' long et sourd. De plus, il mentionne que les mots 'berger' et 'léger' riment bien ensemble, contrairement à ce que prétend l'Abbé de Dangeau. Le texte aborde également la présence de l'e muet en français, qui n'est pas marqué dans l'orthographe du latin, de l'espagnol ou de l'italien, bien qu'il existe dans la prononciation. Il discute des voyelles nasales et de la prononciation des consonnes finales. L'auteur critique la prononciation de certains mots comme 'entier' et 'Aminadab', et examine les variations dans la prononciation des mots commençant par 'in'. Enfin, le texte traite de l'orthographe et de la nécessité de la réformer pour qu'elle reflète mieux la prononciation. Il souligne l'importance d'éviter les équivoques et de respecter l'étymologie des mots.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Fermer