LA GLOIR E.
ODE.
Uelle audacieuse yvresse ,
S'empare de tous mes sens !
J'ose aux sources du Permesse ,
Porter mes pas chancelans .
C'est pour y chanter la Gloire ;
Nobles Filles de Memoire ,
Répondez à mes accords :
I. Vol. A ij Phébus
1046 MERCURE DE FRANCE
Phébus , prête- moi ta Lyre,
La Déesse qui m'inspire ,
Secondera mes transports.
Vils Esclaves de la crainte ,
Fuyez ses vives clartez :
Vos yeux , où la mort est peinte
En seroient épouvantez .
Et vous , fiers Rivaux d'Alcide ,
Qui d'une course rapide ,
La suivez dans les combats ,
Venez , Amans de Bellonne ,
En vous montrant la Couronne ,
J'affermirai votre bras.
Une ardeur noble et constante ,
Vous fait braver les dangers ,
Les Palmes qu'on vous présente ,
Rendent vos fardeaux legers ;
Hâtez- vous ; votre courage ,
Va triompher de la rage ,
De mille ennemiş jaloux.
Que la mort yous environne !
S'il n'est rien qui vous étonne ,
La mort fuira devant vous .
I. Vol.
Mais
JUIN.
1733 1047
Mais que la vertu préside ,
A vos genereux travaux ;
Sans cette fidelle guide ,
Il n'est point de vrai Héros.
Par son intrépide audace ,
En vain Alexandre efface ,
Les plus celebres Guerriers ;
Dans un festin sanguinaire ,
Il se livre à la colere ,
Et fétrit tous ses Lauriers.
Cessons d'effrayer la terre ;
Formons de plus tendres sons ;
Ce n'est pas toujours la guerre ,
Qui fait les illustres Noms.
Protecteurs de l'Innocence ,
Vous , dont la main ne dispense ,
Que graces et que
faveurs ,
Votre triomphe est paisible ;
Mais , plus vif et plus sensible ,
Il captive tous les coeurs.
Je le voy , ce Prince auguste ,
Délices de ses Sujers ;
Peuples , pour un Roy si juste ,
C'est trop peu de vos respects.
I. Vol.
Par
A iij
2048 MERCURE DE FRANCE
Par lui chez vous tout abonde ;
Ainsi qu'aux Maîtres du Monde ,
Qu'on lui dresse des Autels ,
Puisqu'avec eux il partage ,
Le glorieux avantage ,
De rendre heureux les Mortels.
旅
Sur le chemin de la Gloire ,
Qui s'ose encor avancer !
Dans le Temple de Memoire ,
C'est l'Art qui vient se placer :
Quels prodiges il enfante !
Ciel ! par une main sçavante,
L'Univers est reproduit ;
Les traits d'un si noble ouvrage ,
Conserveront d'âge en âge ,
Le Pinceau qui les conduit.
Déja le Marbre se pare ,
De l'éclat de la Beauté ;
Par un Miracle plus rare ,
Mon coeur en est agité.
Celui qui forma ses charmes
Lui-même a rendu les armes ;
Son Marbre a pû l'enflammer.
Dien d'Amour , quelle victoire !
;
* I. Vol.
Pour
JUIN. 1049 1733
Pour t'en assurer la gloire ,
Ta mere va l'animer.
Une nouvelle lumiere ,
S'offre à mes regards surpris ;
Apollon dans la carriere ,
A conduit ses Favoris .
Elle en devient plus brillante ,
Déja leur voix pénetrante ,
A ranimé tous les coeurs.
Je vois dans leurs mains fidelles ,
Les Couronnes immortelles ,
Que l'on destine aux Vainqueurs,
Du Temps , Monstre insatiable ,
Loin de redouter la faulx ,
Contre sa rage implacable,
Ils deffendent les Héros.
Qu'à mes yeux leur gloire est belle !
Un coeur qui brule pour elle ,
Peut y prétendre comme eux ;
Vain espoir où je me livre ,
Hélas ! je ne puis les suivre ,
Que par d'inutiles voeux .
M. P. de Cette , en Languedoc.