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1
p. 200-211
Relation des Fêtes données à Aix, au College Royal-Bourbon, de la Compagnie de Jesus, à l'occaison de la naissance de Monseigneur le Comte de Provence.
Début :
Les Colleges n'étant pas moins destinés à former de bons citoyens à l'Etat, [...]
Mots clefs :
Comte de Provence, Naissance, Fêtes, Prince, Sa Majesté, Contrées de France, Bénédiction
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texteReconnaissance textuelle : Relation des Fêtes données à Aix, au College Royal-Bourbon, de la Compagnie de Jesus, à l'occaison de la naissance de Monseigneur le Comte de Provence.
Relation des Fêtes données à Aix , au College
Royal- Bourbon , de la Compagnie de Jefus,
à l'occafion de la naiffance de Monfeigneur
le Comte de Provence .
LES Colleges n'étant pas moins deftinés à former
de bons citoyens à l'Etat , que des Sujets à
la République des Lettres , il n'eft pas furprenant
que ceux qui en ont la direction , dans les
événemens où nos Princes & la patrie font intéreffés
, excitent leurs jeunes Eleves à y prendre
part. La naiffance de Monfeigneur le Comte
de Provence étoit une époque trop favorable ,
pour que le College Royal - Bourbon des Jéfuites
AVRIL. 1756. 201
ne la célébrât pas . Il auroit cru négliger une
portion précieufe de l'éducation publique confiée
à fes foins , & manquer à ce qu'il doit à l'augufte
maifon des Bourbons fes fondateurs , s'il
avoit retenu captifs les tranfports de fa joie &
de fa reconnoiffance. C'eft dans ces vues qu'il
a donné quelques fêtes où la Religion & les
Beaux- Arts ont préfidé.
Le Vendredi matin , fecond jour de la nouvelle
année 1756 , elles furent annoncées par
diverfes décharges de boîtes . Vers les 11 heures ,
le P. Dufferre , l'un des Profeffeurs de Rhétorique
, prononça un Difcours François fur cet heureux
événement , en préſence de MM . les Confuls
& Affeffeurs d'Aix , Procureurs du Pays de
Provence , du Confeil de Ville , & d'une affemblée
des plus nombreufes & des plus brillantes
qu'on eût vues depuis long-temps. Ce qui fait
ehouer ces fortes de génethliaques , c'est que
pour l'ordinaire ils adoptent des idées trop vagues
, des préfages peu fondés , & qu'on y répete
ce qui a été déja dit bien des fois . Pour éviter
cet écueil , l'Orateur n'a envisagé la naiflance
du Prince dont il s'agit , que par l'intérêt qu'y
trouve la Provence . Mais il va nous tracer luimême
le plan de fon difcours , & nous en montrer
toute l'économie dans un exorde confacré en
grande partie à l'éloge des Bourbons.
Tandis que la Maifon puiffante , longtemps
rivale de nos Rois , & qui pendant tant de fiecles
a occupé le trône des Céfars , n'a pu échapper au
naufrage , ni continuer de donner des héritiers à
Charles V, Louis voit fa poftérité s'accroître , fe
perpétuer fous fes yeux , le fceptre affermi , la
fucceffion toujours plus affurée dans fon augufte
famille , le trône entouré de nouveaux foutiens ,
I v
202 MERCURE DE FRANCE.
& la tranquillité publique porter fur un plus
grand nombre d'appuis.
Ces grands objets qui ouvrent un vafte champ
à l'éloquence , & qui intéreffent tout coeur François
, je pourrois ici les peindre , & annoncer la
fplendeur que jettera fur le royaume le Prince
naiffant. J'évoquerois , j'interrogerois les mânes
des ayeux célebres , à qui il doit fon origine , &
indiquant rapidement ces grands Hommes , ces
grands Rois à qui l'antiquité payenne eût élevé
des Temples , & aufquels l'admiration , la reconnoiffance
, ont parmi nous dreffé des autels dans
les coeurs , je dirois : Peuples , mefurez la gloire
du nouveau Bourbon fur celle de fes ancêtres ;
parce qu'ils ont été , préfagez ce qu'il fera . Il eft
du fang des Héros, de ce fang fait pour donner des
Rois au monde , ou pour les protéger , de ce fang
qui affis fur les trônes de France , d'Espagne , de
Naples , de Sicile, de Parme , fait partout des heureux
, & rend le joug de la Royauté préférable à la
liberté la plus douce. Un Bourbon en naiffant ,
averti par je ne fçais quel cri du coeur , d'afpirer
à une grandeur fupérieure à celle de fon rang.
Marchant au milieu des trophées de fes ayeux ,
invefti des rayons de leur gloire , entouré des
plus beaux modeles , témoin des titres illuftres
de Saint , de Grand , de Jufte , de Bien-aimé
titres que l'adulation ne prodigua point , que la
vérité a donnés , que l'envie elle -même n'a pu
refufer , partout où il porte les yeux , il voit
des traces d'héroïfme , des ftatues élevées à leur
magnanimité. Tous les livres , tous les tableaux ,
font l'hiftoire de leurs triomphes. A peine fçaurat'il
bégayer qu'on lui parlera de Fontenoi ,
de
Lawfeld , des Provinces que le courage de fon
ayeul a conquifes , & que fa modération a tendues
; on lui dira qu'interrompant lui- même le
eft
AVRIL 1756. 203
cours de fes exploits , & pofant de plein gré fon
tonnerre , il a préféré la conquête des coeurs à
toutes les autres victoires . Avec des exemples fi
voifins , des encouragemens fi puiffans , ne ſeroit-
ce pas une espece de prodige que ce Prince
vînt à dégénérer , & que des aigles qui ont porté
hardiment leur vol dans les cieux ,
n'euffent engendré
qu'une timide colombe ?
Tels font les augures que je formerois à la
gloire de la Nation , fi je n'avois pas à célébrer
la naiffance d'un Comte de Provence. Mais cette
dénomination demande des traits moins généraux
, & plus propres à exprimer l'intérêt particulier
que vous prenez à cet événement . Bor-
"
nons-nous donc à féliciter la Provence de l'honneur
qu'elle a de donner fon nom à l'augufte
enfant qui vient de naître , & effayons de réfoudre
deux queftions qui femblent embraffer tout
ce qu'offre ce fujet. Qu'est- ce qui a procuré à la
Provence une diftinction fi glorieuſe & que
doit-elle en attendre ? Je trouve qu'elle en eft
redevable à l'amour du Roi pour cette Province
& à l'attachement de cette Province pour nos
Rois. Que doit-elle s'en promettre ? La protec
tion la plus fignalée ; diftinction , par conféquent
, la plus glorieufe dans fes caufes , la plus
avantageufe dans fes effets.
Pour vous donner une idée de cette piece d'éloquence
, citons- en quelques morceaux qui
vous feront connoître le ton & la maniere de
P'Auteur.
La faveur dont la Provence vient d'être honorée
, n'eft point une de ces démonſtrations d'eftime
& de bienveillance qu'on fçait fi bien affecter
dans les Cours , démonftrations verbales &
extérieures que la politique , que la néceflité des
I vi
204 MERCURE DE FRANCE.
conjonctures arrache fouvent & dont on fe fert
quelquefois pour payer le mérite & les fervices
. C'eft une marque non fufpecte , non équivoque
, à laquelle on ne fçauroit méconnoître
les fentimens favorables du Prince à notre égard.
Ce n'eft point une de ces graces qui tombent
uniquement fur quelques particuliers qu'on
éleve aux premieres charges , tandis que le corps
entier refte dans la pouffiere. Celle dont il s'agit
intéreffe toute la Province. Ce n'eft point un de
ces témoignages d'attachement , connus feulement
de la perfonne qui les reçoit & qui n'éclatent
point au- dehors , qu'on donne dans le fecret ,
& qu'on peut défavouer en public . Rien de fi folemnel
que le témoignage d'affection donné à
cette province . En nommant fon auguſte petitfils
Comte de Provence , le Roi dit à toute l'Europe
, dit au monde entier attentif à ſes démarches
, que la Provence eft une contrée privilé
giée & favorite , que c'est un nom qui lui eft cher,
& qu'il met dans fa famille pour avoir occafion
de l'entendre fouvent répéter .
L'Orateur prouve enfuite que l'affection du
Roi pour la Provence , eft l'unique caufe qui aic
pu lui procurer une diftinction li glorieufe ; que
ce n'étoit point une obligation qu'il eût à remplir
, ni un ufage qu'il fallut refpecter.
Le Dauphiné compte avec raifon parmi fes
plus belles prérogatives , celle de donner fon nom
à l'héritier préfomptif de la Couronne . Mais fans
prétendre dégrader fes privileges , ne peut-on pas
dire que le nom de Dauphin eft moins une preuve
de la bienveillance de nos Rois que de leur
juftice, une grace qu'ils accordent , qu'une dette
qu'ils acquittent Ici fans être déterminé par le
devoir , ou averti par la coutume , fans trouver
AVRIL. 1756. 205
dans l'espace de trois ficcles la moindre trace d'une
pareille prédilection , Louis n'écoutant que fon
amour pour cette Province , veut être le premier
à lui donner cette marque de préférence , & qu'une
fi brillante époque pour elle date de fon regne :
attention précieufe du Souverain que la Provence
doit mettre dans les faftes de fa gloire . Eh quoi !
fi le moindre figne de bonté de la part de ces maîtres
du monde eft remarqué avec foin ; fi un coup
d'oeil favorable jetté comme par hazard , fi un
éloge échappé eft recueilli avec tranfport , une
faveur auffi réfléchie , auſſi déciſive , auffi intéreffante
, trouveroit - elle des coeurs froids & diftraits
?
La diftinction que reçoit la Provence , n'eft pas
feulement la preuve de l'attachement du Roi pour
cette Province ; c'eft encore la récompenfe de
l'attachement de cette Province pour nos Rois.
Ici on met fous un feul point de vue les principaux
monumens de zele & de fidélité par lesquels
les Provençaux ont fignalé leur amour pour nos
Souverains ; leurs exploits , les fervices qu'ils ont
rendus à la Monarchie lorfque leur Pays eft devenu
le théâtre de la guerre. Chaque coup de pinceau
eft un nouveau trait glorieux à la Provence .
Trois fois l'Autriche eft venu fondre dans ces
contrées avec des forces redoutables , & trois fois
cette aigle , qui comptant fur une proie certaine ,
avoit pris fon effor vers la Provence , a été obligée
de revoler vers les lieux d'où elle étoit partie
; ces armées nombreufes qui avoient inondées
vos villes , ont été diffipées comme l'ombre , &
ceux qui ont échappé au carnage , obligés honteufement
de s'enfuir , n'ont emporté avec eux que le regret
d'avoir
ofé attaquer
une nation
f
fidèle
& fi formidable
,
206 MERCURE DE FRANCE.
L'Orateur fait une mention particuliere de la derniere
irruption des Autrichiens en 1746. Il peint
avec les plus vives couleurs les défaftres aufquels
la Provence fut alors en proie , & les efforts héroïques
qu'elle oppofa aux armées ennemies . Et
il conclut ainfi ce morceau :
Mais quelle contrée fournit à la France dans
ces temps critiques des reffources fi prodigieufes ?
Eft-ce un de ces pays riches de leur propre fonds ,
qui dans l'étendue ou la fertilité, trouvent de quoi
faire les plus grandes avances , & fubvenir aux
plus preffans befoins ? Non : c'eſt la Province la
plus ftérile du Royaume , & une des plus petites ;
où la terre eft aufli ingrate que le ciel y eft beau ,
& qui produit le fuperflu fans donner le néceffaire.
Mais que ne peut pas l'amour de la patrie , le zele
pour fon Roi ? Il multiplie , il étend les reffources ;
il fupplée à la ftérilité du fol ; il compenfe le défaut
des richeffes ; il adoucit les charges les plus
pefantes. C'eft cet amour qui foutient , qui confole
la Province malgré l'épuifement où fes derniers
efforts l'ont réduite , & dont elle n'eft
encore relevée .
pas
La protection fignalée que la Provence trouvera
dans le Prince nouveau -né , & les effets avantageux
qui en réfulteront , font la matiere de la
feconde partie.
N'eft-il pas naturel , dit le P. D. que le nom
de Comte de Provence , nom qui n'ayant point
été porté avant lui par aucun fils de nos Rois
doit l'affecter d'avantage , lui rappelle fans ceffe
les intérêts de cette Province , foit pour elle un
titre à fa protection , un gage de fes bienfaits ?
Rien ne demande d'être manié avec plus d'art
que la louange. Elle n'offre que des fadeurs aux
Héros même qui en font l'objet , fi fe préfentant
AVRIL. 1756 . 207
trop à découvert , elle ne ménage point la modeltie
de ceux dont on prétend flatter l'amour - propre.
Notre Orateur a brûlé quelques grains d'encens
en l'honneur de ce qu'il y a de plus illuftre
dans la Provence ; mais c'eft un encens léger &
qui n'eft nullement infipide. Il fuppofe que dès
que la raifon aura éclairé le Comte de Provence ,
la Province dont il tire fon nom , fera un des premiers
objets de fa curiofité ; que charmé de connoître
cette contrée , fes moeurs , fes grands
hommes , on lui vantera la magnificence de cette
ville ( d'Aix , ) le ton d'aménité & de politeffe qui
y regne , ton qui fembloit être affecté à la Ĉapitale
du Royaume , & c. Les diverſes réponſes
faites au jeune Prince pour fatisfaire fa curiofité ,
renferment les éloges des Cours fouveraines , des
chefs qu'elles ont à leur tête , de M. le Duc de
Villars , Gouverneur de la Provence , de la Nobleffe
, des Provençaux célebres dans le monde
fçavant , &c. éloges d'autant plus flatteurs qu'ils
font plus indirects , & qu'en peu de mots ils offrent
un grand fens .
Quel défir ces divers Portraits n'infpireront- ils
pas au jeune Comte d'avoir près de fa perfonne
quelques membres de cette Province ? Pourra-t'il
les connoître fans aimer l'enjouement du caractere
, la vivacité de l'efprit qui femblent être
comme un des fruits de ce terroir ? & pour combien
l'honneur de l'approcher va- t'il être l'origine
de la fortune & l'époque de l'élévation ? ( 1 )
(1 ) Un détail intéreffant préfage ici aux divers
Habitans de la Provence , au Patriote zélé , au
Guerrier courageux , à l'amateur éclairé , à l'induftrieux
Négociant des avantages relatifs à leur
état. Cette Peinture riante femble contrafter avec
208 MERCURE DE FRANCE.
.....
Ainfi le Seigneur dont le bras vient de s'appéfantir
fi fenfiblement fur une grande partie de
la Provence , veut bien lui ménager des motifs de
confolation. Tandis que les fleuves qui l'arrofent
franchiffant leurs barrieres , & s'ouvrant des routes
nouvelles , ont montré , après leur débordement
l'aviron fendant les flots , là où deux jours
auparavant la charrue ouvroit la terre ; tandis
que ce nouveau déluge offroit l'affreux fpectacle
de digues renverfées , d'édifices écroulés , de
champs inondés, de troupeaux noyés , d'hommes
enfevelis fous les eaux , de malheureux placés entre
la famine & le naufrage , & du haut de leurs
maifons appellant avec des cris plaintifs la charité
bienfaifante ; dans le temps que nos Contrées
étoient ainsi déſolées par ces fléaux que je ne fais
qu'ébaucher , & qui auroient été bien plus funef
tes fans l'active prudence des Peres de la Patrie ,
du milieu des maux , du fein des défaftres , nous
voyons fortir l'efpérance. Sur l'horizon de laFrance
brille un nouvel Aftre dont l'éclat rejaillit en
grande partie fur cette Province , & lui annonce
les plus beaux jours. Des mains de Louis , la Provence
reçoit fon petit-fils pour Génie tutélaire ,
pour Protecteur . Et quel Protecteur ! Eft - ici un
de ces foibles appuis qui manquent aux befoins
les plus preffans , de ces fragiles rofeaux que le
moindre foufe déracine , de ces favoris dont la
chûte eft fort voisine de l'élévation , que la bizarre
fortune montre tantôt au faîte de la grandeur
, tantôt rampant dans la pouffiere , aujourd'hui
excitant l'envie , demain objet de compaffion
Le fang , la qualité du Protecteur dont je
le tableau des malheurs qui ont derniérement affligé
cette Province .
AVRIL. 1756. 209
parle , le mettent à l'abri de ces étranges viciffitude
; fon rang les place néceffairement , & toujours
à la fource des graces , & nos espérances ne
fçauroient fe repofer fur un appui plus folide.,
Il feroit trop long de fuivre l'Orateur dans la
defcription brillante des Fêtes magnifiques que
M. le Duc de Villars & la Ville d'Aix ont données
à l'occafion de cette naiffance. On y rappelle les
abondantes largeffes d'un Prélat ( 1 ) refpectable,
qui font allés chercher l'indigence dans les fombres
réduits où elle fe cachoit , y ont porté la joie ,.
& en ont chaffé la faim.
Verfez , ô mon Dieu ; les plus amples bénédictions
fur cette Princeffe , dont la fécondité eft le
prix de la vertu , qui au milieu des écueils & des
naufrages , montrant la piété la plus pure, fuit de fi
près les traces de l'Efther de la France . Continuez
à combler de vos bienfaits fon augufte époux qui ,
deftiné à retracer à nos neveux les regnes les plus
fortunés , donné par fes rares qualités les plus belles
efpérances. Plus flatté d'être le premier fujet
du Roi , que l'héritier préfomptif de la Couronne ,
ce Prince n'ambitionne point de porter la main
aux rênes d'un empire qu'il gouvernera toujours
trop tôt au gré de ſes défirs ; & à l'ombre d'un trône
où il voit affife avec Louis XV, la juftice , la clémence
, la valeur , la générofité , il fe contente de
fe montrer , de fe rendre toujours plus digne de
régner. Ne ceffez point , Seigneur , de préfider aux
Confeils de ce Roi bien aimé, pour qui renaiffent
ces jours brillans de la France , ou Louis XIV
voyoit fon Fils unique pere de trois Princes , &
une nombreuſe poſtérité affermir toujours plus le
Sceptre dans fon augufte maiſon : mais dans cette
(1) Monseigneur l'Archevêque d'Aix.
210 MERCURE DE FRANCE.
:
diftribution de faveurs céleftes , réſervez en une
part abondante pour le Comte de Provence . Ce
ne font point des profpérités humaines, des couronnes
fragiles que nous ſouhaitons , que nous deman-
'dons pour ce Prince , nos voeux ont un objet plus
fublime puiffe -t'il avoir pour la Religion un
amour inaltérable ,& la maintenir dans fes droits, à
l'exemple de fes ayeux , plus touchés du nom de
très- Chrétien , de Fils aîné de l'Eglife , que des
titres fuperbes de monarque & de conquérant !
que tandis que les arts éclaireront fon efprit , les
vertus forment fon coeur ! Ecartez de fa perfonne
ces hommes dangereux qui fe font une gloire
d'être les Miniftres des paffions des Princes, d'éveil
ler la volupté , & de lui prêter de nouvelles armes
contre leur foibleffe ! Qu'il détefte la flatterie, dont
le poifon defféche les plus beaux fruits du naturel
& de l'éducation ! & que la vérité trop fouvent
captive dans les palais des Grands , à travers les
barrieres & les nuages qu'on lui oppofe , faffe retentir
à fon oreille fes divins oracles ! Pour s'exciter
à l'héroïſme qu'il jette de temps en temps les yeux
fur les Bourbons fes ancêtres ! Non ; il na pas befoin
d'encouragemens étrangers : les exemples domeftiques
fuffifent ; & fans fortir de ſa famille , il trouvera
Augufte , Titus , Antonin & Trajan.
Ce Difcours qui parut être fort goûté des connoiffeurs
, fut fuivie d'une grand'Meſſe en Mufique.
Au fortir de l'Eglife , on trouva la Cour du College
tapiffée & décorée d'emblêmes , de devifes ,
de vers en plufieurs langues , où les Muſes Grecques
, Latines , Italiennes , Françoiſes & Provençales
, payoient à l'envi un tribut poétique au
nouveau Comte de Provence.
Le 3 & le MM. les Penfionnaires S repréfenteAVRIL.
1756. 211
rent un Drame Héroïque intitulé le Génie Tutélaire
, en trois Actes en vers , mêlé de chants &
de danfes. Cette Piece de Théâtre , de la compofition
du P. de Beaumanoir , Profeffeur de Rhétorique
, fut très -bien exécutée & généralement
applaudie. Elle offroit fous le voile de l'allégorie ,
tout ce qui peut intéreffer la Provence . Le concours
de Spectateurs qu'elle attira , fut prodigieux:
MM. les Confuls , à la tête du Confeil de Ville , ont
préfidés à la premiere repréſentation. M. le Duc
de Villars , Mefdames de la Tour , premieres Préfidentes
& Intendantes , & profque tout ce qu'il y
a de perfonnes de diftinction dans cette Ville ,
ont honoré la feconde de leur préfeace . Une brillante
illumination chaque jour a terminé la fête.
Royal- Bourbon , de la Compagnie de Jefus,
à l'occafion de la naiffance de Monfeigneur
le Comte de Provence .
LES Colleges n'étant pas moins deftinés à former
de bons citoyens à l'Etat , que des Sujets à
la République des Lettres , il n'eft pas furprenant
que ceux qui en ont la direction , dans les
événemens où nos Princes & la patrie font intéreffés
, excitent leurs jeunes Eleves à y prendre
part. La naiffance de Monfeigneur le Comte
de Provence étoit une époque trop favorable ,
pour que le College Royal - Bourbon des Jéfuites
AVRIL. 1756. 201
ne la célébrât pas . Il auroit cru négliger une
portion précieufe de l'éducation publique confiée
à fes foins , & manquer à ce qu'il doit à l'augufte
maifon des Bourbons fes fondateurs , s'il
avoit retenu captifs les tranfports de fa joie &
de fa reconnoiffance. C'eft dans ces vues qu'il
a donné quelques fêtes où la Religion & les
Beaux- Arts ont préfidé.
Le Vendredi matin , fecond jour de la nouvelle
année 1756 , elles furent annoncées par
diverfes décharges de boîtes . Vers les 11 heures ,
le P. Dufferre , l'un des Profeffeurs de Rhétorique
, prononça un Difcours François fur cet heureux
événement , en préſence de MM . les Confuls
& Affeffeurs d'Aix , Procureurs du Pays de
Provence , du Confeil de Ville , & d'une affemblée
des plus nombreufes & des plus brillantes
qu'on eût vues depuis long-temps. Ce qui fait
ehouer ces fortes de génethliaques , c'est que
pour l'ordinaire ils adoptent des idées trop vagues
, des préfages peu fondés , & qu'on y répete
ce qui a été déja dit bien des fois . Pour éviter
cet écueil , l'Orateur n'a envisagé la naiflance
du Prince dont il s'agit , que par l'intérêt qu'y
trouve la Provence . Mais il va nous tracer luimême
le plan de fon difcours , & nous en montrer
toute l'économie dans un exorde confacré en
grande partie à l'éloge des Bourbons.
Tandis que la Maifon puiffante , longtemps
rivale de nos Rois , & qui pendant tant de fiecles
a occupé le trône des Céfars , n'a pu échapper au
naufrage , ni continuer de donner des héritiers à
Charles V, Louis voit fa poftérité s'accroître , fe
perpétuer fous fes yeux , le fceptre affermi , la
fucceffion toujours plus affurée dans fon augufte
famille , le trône entouré de nouveaux foutiens ,
I v
202 MERCURE DE FRANCE.
& la tranquillité publique porter fur un plus
grand nombre d'appuis.
Ces grands objets qui ouvrent un vafte champ
à l'éloquence , & qui intéreffent tout coeur François
, je pourrois ici les peindre , & annoncer la
fplendeur que jettera fur le royaume le Prince
naiffant. J'évoquerois , j'interrogerois les mânes
des ayeux célebres , à qui il doit fon origine , &
indiquant rapidement ces grands Hommes , ces
grands Rois à qui l'antiquité payenne eût élevé
des Temples , & aufquels l'admiration , la reconnoiffance
, ont parmi nous dreffé des autels dans
les coeurs , je dirois : Peuples , mefurez la gloire
du nouveau Bourbon fur celle de fes ancêtres ;
parce qu'ils ont été , préfagez ce qu'il fera . Il eft
du fang des Héros, de ce fang fait pour donner des
Rois au monde , ou pour les protéger , de ce fang
qui affis fur les trônes de France , d'Espagne , de
Naples , de Sicile, de Parme , fait partout des heureux
, & rend le joug de la Royauté préférable à la
liberté la plus douce. Un Bourbon en naiffant ,
averti par je ne fçais quel cri du coeur , d'afpirer
à une grandeur fupérieure à celle de fon rang.
Marchant au milieu des trophées de fes ayeux ,
invefti des rayons de leur gloire , entouré des
plus beaux modeles , témoin des titres illuftres
de Saint , de Grand , de Jufte , de Bien-aimé
titres que l'adulation ne prodigua point , que la
vérité a donnés , que l'envie elle -même n'a pu
refufer , partout où il porte les yeux , il voit
des traces d'héroïfme , des ftatues élevées à leur
magnanimité. Tous les livres , tous les tableaux ,
font l'hiftoire de leurs triomphes. A peine fçaurat'il
bégayer qu'on lui parlera de Fontenoi ,
de
Lawfeld , des Provinces que le courage de fon
ayeul a conquifes , & que fa modération a tendues
; on lui dira qu'interrompant lui- même le
eft
AVRIL 1756. 203
cours de fes exploits , & pofant de plein gré fon
tonnerre , il a préféré la conquête des coeurs à
toutes les autres victoires . Avec des exemples fi
voifins , des encouragemens fi puiffans , ne ſeroit-
ce pas une espece de prodige que ce Prince
vînt à dégénérer , & que des aigles qui ont porté
hardiment leur vol dans les cieux ,
n'euffent engendré
qu'une timide colombe ?
Tels font les augures que je formerois à la
gloire de la Nation , fi je n'avois pas à célébrer
la naiffance d'un Comte de Provence. Mais cette
dénomination demande des traits moins généraux
, & plus propres à exprimer l'intérêt particulier
que vous prenez à cet événement . Bor-
"
nons-nous donc à féliciter la Provence de l'honneur
qu'elle a de donner fon nom à l'augufte
enfant qui vient de naître , & effayons de réfoudre
deux queftions qui femblent embraffer tout
ce qu'offre ce fujet. Qu'est- ce qui a procuré à la
Provence une diftinction fi glorieuſe & que
doit-elle en attendre ? Je trouve qu'elle en eft
redevable à l'amour du Roi pour cette Province
& à l'attachement de cette Province pour nos
Rois. Que doit-elle s'en promettre ? La protec
tion la plus fignalée ; diftinction , par conféquent
, la plus glorieufe dans fes caufes , la plus
avantageufe dans fes effets.
Pour vous donner une idée de cette piece d'éloquence
, citons- en quelques morceaux qui
vous feront connoître le ton & la maniere de
P'Auteur.
La faveur dont la Provence vient d'être honorée
, n'eft point une de ces démonſtrations d'eftime
& de bienveillance qu'on fçait fi bien affecter
dans les Cours , démonftrations verbales &
extérieures que la politique , que la néceflité des
I vi
204 MERCURE DE FRANCE.
conjonctures arrache fouvent & dont on fe fert
quelquefois pour payer le mérite & les fervices
. C'eft une marque non fufpecte , non équivoque
, à laquelle on ne fçauroit méconnoître
les fentimens favorables du Prince à notre égard.
Ce n'eft point une de ces graces qui tombent
uniquement fur quelques particuliers qu'on
éleve aux premieres charges , tandis que le corps
entier refte dans la pouffiere. Celle dont il s'agit
intéreffe toute la Province. Ce n'eft point un de
ces témoignages d'attachement , connus feulement
de la perfonne qui les reçoit & qui n'éclatent
point au- dehors , qu'on donne dans le fecret ,
& qu'on peut défavouer en public . Rien de fi folemnel
que le témoignage d'affection donné à
cette province . En nommant fon auguſte petitfils
Comte de Provence , le Roi dit à toute l'Europe
, dit au monde entier attentif à ſes démarches
, que la Provence eft une contrée privilé
giée & favorite , que c'est un nom qui lui eft cher,
& qu'il met dans fa famille pour avoir occafion
de l'entendre fouvent répéter .
L'Orateur prouve enfuite que l'affection du
Roi pour la Provence , eft l'unique caufe qui aic
pu lui procurer une diftinction li glorieufe ; que
ce n'étoit point une obligation qu'il eût à remplir
, ni un ufage qu'il fallut refpecter.
Le Dauphiné compte avec raifon parmi fes
plus belles prérogatives , celle de donner fon nom
à l'héritier préfomptif de la Couronne . Mais fans
prétendre dégrader fes privileges , ne peut-on pas
dire que le nom de Dauphin eft moins une preuve
de la bienveillance de nos Rois que de leur
juftice, une grace qu'ils accordent , qu'une dette
qu'ils acquittent Ici fans être déterminé par le
devoir , ou averti par la coutume , fans trouver
AVRIL. 1756. 205
dans l'espace de trois ficcles la moindre trace d'une
pareille prédilection , Louis n'écoutant que fon
amour pour cette Province , veut être le premier
à lui donner cette marque de préférence , & qu'une
fi brillante époque pour elle date de fon regne :
attention précieufe du Souverain que la Provence
doit mettre dans les faftes de fa gloire . Eh quoi !
fi le moindre figne de bonté de la part de ces maîtres
du monde eft remarqué avec foin ; fi un coup
d'oeil favorable jetté comme par hazard , fi un
éloge échappé eft recueilli avec tranfport , une
faveur auffi réfléchie , auſſi déciſive , auffi intéreffante
, trouveroit - elle des coeurs froids & diftraits
?
La diftinction que reçoit la Provence , n'eft pas
feulement la preuve de l'attachement du Roi pour
cette Province ; c'eft encore la récompenfe de
l'attachement de cette Province pour nos Rois.
Ici on met fous un feul point de vue les principaux
monumens de zele & de fidélité par lesquels
les Provençaux ont fignalé leur amour pour nos
Souverains ; leurs exploits , les fervices qu'ils ont
rendus à la Monarchie lorfque leur Pays eft devenu
le théâtre de la guerre. Chaque coup de pinceau
eft un nouveau trait glorieux à la Provence .
Trois fois l'Autriche eft venu fondre dans ces
contrées avec des forces redoutables , & trois fois
cette aigle , qui comptant fur une proie certaine ,
avoit pris fon effor vers la Provence , a été obligée
de revoler vers les lieux d'où elle étoit partie
; ces armées nombreufes qui avoient inondées
vos villes , ont été diffipées comme l'ombre , &
ceux qui ont échappé au carnage , obligés honteufement
de s'enfuir , n'ont emporté avec eux que le regret
d'avoir
ofé attaquer
une nation
f
fidèle
& fi formidable
,
206 MERCURE DE FRANCE.
L'Orateur fait une mention particuliere de la derniere
irruption des Autrichiens en 1746. Il peint
avec les plus vives couleurs les défaftres aufquels
la Provence fut alors en proie , & les efforts héroïques
qu'elle oppofa aux armées ennemies . Et
il conclut ainfi ce morceau :
Mais quelle contrée fournit à la France dans
ces temps critiques des reffources fi prodigieufes ?
Eft-ce un de ces pays riches de leur propre fonds ,
qui dans l'étendue ou la fertilité, trouvent de quoi
faire les plus grandes avances , & fubvenir aux
plus preffans befoins ? Non : c'eſt la Province la
plus ftérile du Royaume , & une des plus petites ;
où la terre eft aufli ingrate que le ciel y eft beau ,
& qui produit le fuperflu fans donner le néceffaire.
Mais que ne peut pas l'amour de la patrie , le zele
pour fon Roi ? Il multiplie , il étend les reffources ;
il fupplée à la ftérilité du fol ; il compenfe le défaut
des richeffes ; il adoucit les charges les plus
pefantes. C'eft cet amour qui foutient , qui confole
la Province malgré l'épuifement où fes derniers
efforts l'ont réduite , & dont elle n'eft
encore relevée .
pas
La protection fignalée que la Provence trouvera
dans le Prince nouveau -né , & les effets avantageux
qui en réfulteront , font la matiere de la
feconde partie.
N'eft-il pas naturel , dit le P. D. que le nom
de Comte de Provence , nom qui n'ayant point
été porté avant lui par aucun fils de nos Rois
doit l'affecter d'avantage , lui rappelle fans ceffe
les intérêts de cette Province , foit pour elle un
titre à fa protection , un gage de fes bienfaits ?
Rien ne demande d'être manié avec plus d'art
que la louange. Elle n'offre que des fadeurs aux
Héros même qui en font l'objet , fi fe préfentant
AVRIL. 1756 . 207
trop à découvert , elle ne ménage point la modeltie
de ceux dont on prétend flatter l'amour - propre.
Notre Orateur a brûlé quelques grains d'encens
en l'honneur de ce qu'il y a de plus illuftre
dans la Provence ; mais c'eft un encens léger &
qui n'eft nullement infipide. Il fuppofe que dès
que la raifon aura éclairé le Comte de Provence ,
la Province dont il tire fon nom , fera un des premiers
objets de fa curiofité ; que charmé de connoître
cette contrée , fes moeurs , fes grands
hommes , on lui vantera la magnificence de cette
ville ( d'Aix , ) le ton d'aménité & de politeffe qui
y regne , ton qui fembloit être affecté à la Ĉapitale
du Royaume , & c. Les diverſes réponſes
faites au jeune Prince pour fatisfaire fa curiofité ,
renferment les éloges des Cours fouveraines , des
chefs qu'elles ont à leur tête , de M. le Duc de
Villars , Gouverneur de la Provence , de la Nobleffe
, des Provençaux célebres dans le monde
fçavant , &c. éloges d'autant plus flatteurs qu'ils
font plus indirects , & qu'en peu de mots ils offrent
un grand fens .
Quel défir ces divers Portraits n'infpireront- ils
pas au jeune Comte d'avoir près de fa perfonne
quelques membres de cette Province ? Pourra-t'il
les connoître fans aimer l'enjouement du caractere
, la vivacité de l'efprit qui femblent être
comme un des fruits de ce terroir ? & pour combien
l'honneur de l'approcher va- t'il être l'origine
de la fortune & l'époque de l'élévation ? ( 1 )
(1 ) Un détail intéreffant préfage ici aux divers
Habitans de la Provence , au Patriote zélé , au
Guerrier courageux , à l'amateur éclairé , à l'induftrieux
Négociant des avantages relatifs à leur
état. Cette Peinture riante femble contrafter avec
208 MERCURE DE FRANCE.
.....
Ainfi le Seigneur dont le bras vient de s'appéfantir
fi fenfiblement fur une grande partie de
la Provence , veut bien lui ménager des motifs de
confolation. Tandis que les fleuves qui l'arrofent
franchiffant leurs barrieres , & s'ouvrant des routes
nouvelles , ont montré , après leur débordement
l'aviron fendant les flots , là où deux jours
auparavant la charrue ouvroit la terre ; tandis
que ce nouveau déluge offroit l'affreux fpectacle
de digues renverfées , d'édifices écroulés , de
champs inondés, de troupeaux noyés , d'hommes
enfevelis fous les eaux , de malheureux placés entre
la famine & le naufrage , & du haut de leurs
maifons appellant avec des cris plaintifs la charité
bienfaifante ; dans le temps que nos Contrées
étoient ainsi déſolées par ces fléaux que je ne fais
qu'ébaucher , & qui auroient été bien plus funef
tes fans l'active prudence des Peres de la Patrie ,
du milieu des maux , du fein des défaftres , nous
voyons fortir l'efpérance. Sur l'horizon de laFrance
brille un nouvel Aftre dont l'éclat rejaillit en
grande partie fur cette Province , & lui annonce
les plus beaux jours. Des mains de Louis , la Provence
reçoit fon petit-fils pour Génie tutélaire ,
pour Protecteur . Et quel Protecteur ! Eft - ici un
de ces foibles appuis qui manquent aux befoins
les plus preffans , de ces fragiles rofeaux que le
moindre foufe déracine , de ces favoris dont la
chûte eft fort voisine de l'élévation , que la bizarre
fortune montre tantôt au faîte de la grandeur
, tantôt rampant dans la pouffiere , aujourd'hui
excitant l'envie , demain objet de compaffion
Le fang , la qualité du Protecteur dont je
le tableau des malheurs qui ont derniérement affligé
cette Province .
AVRIL. 1756. 209
parle , le mettent à l'abri de ces étranges viciffitude
; fon rang les place néceffairement , & toujours
à la fource des graces , & nos espérances ne
fçauroient fe repofer fur un appui plus folide.,
Il feroit trop long de fuivre l'Orateur dans la
defcription brillante des Fêtes magnifiques que
M. le Duc de Villars & la Ville d'Aix ont données
à l'occafion de cette naiffance. On y rappelle les
abondantes largeffes d'un Prélat ( 1 ) refpectable,
qui font allés chercher l'indigence dans les fombres
réduits où elle fe cachoit , y ont porté la joie ,.
& en ont chaffé la faim.
Verfez , ô mon Dieu ; les plus amples bénédictions
fur cette Princeffe , dont la fécondité eft le
prix de la vertu , qui au milieu des écueils & des
naufrages , montrant la piété la plus pure, fuit de fi
près les traces de l'Efther de la France . Continuez
à combler de vos bienfaits fon augufte époux qui ,
deftiné à retracer à nos neveux les regnes les plus
fortunés , donné par fes rares qualités les plus belles
efpérances. Plus flatté d'être le premier fujet
du Roi , que l'héritier préfomptif de la Couronne ,
ce Prince n'ambitionne point de porter la main
aux rênes d'un empire qu'il gouvernera toujours
trop tôt au gré de ſes défirs ; & à l'ombre d'un trône
où il voit affife avec Louis XV, la juftice , la clémence
, la valeur , la générofité , il fe contente de
fe montrer , de fe rendre toujours plus digne de
régner. Ne ceffez point , Seigneur , de préfider aux
Confeils de ce Roi bien aimé, pour qui renaiffent
ces jours brillans de la France , ou Louis XIV
voyoit fon Fils unique pere de trois Princes , &
une nombreuſe poſtérité affermir toujours plus le
Sceptre dans fon augufte maiſon : mais dans cette
(1) Monseigneur l'Archevêque d'Aix.
210 MERCURE DE FRANCE.
:
diftribution de faveurs céleftes , réſervez en une
part abondante pour le Comte de Provence . Ce
ne font point des profpérités humaines, des couronnes
fragiles que nous ſouhaitons , que nous deman-
'dons pour ce Prince , nos voeux ont un objet plus
fublime puiffe -t'il avoir pour la Religion un
amour inaltérable ,& la maintenir dans fes droits, à
l'exemple de fes ayeux , plus touchés du nom de
très- Chrétien , de Fils aîné de l'Eglife , que des
titres fuperbes de monarque & de conquérant !
que tandis que les arts éclaireront fon efprit , les
vertus forment fon coeur ! Ecartez de fa perfonne
ces hommes dangereux qui fe font une gloire
d'être les Miniftres des paffions des Princes, d'éveil
ler la volupté , & de lui prêter de nouvelles armes
contre leur foibleffe ! Qu'il détefte la flatterie, dont
le poifon defféche les plus beaux fruits du naturel
& de l'éducation ! & que la vérité trop fouvent
captive dans les palais des Grands , à travers les
barrieres & les nuages qu'on lui oppofe , faffe retentir
à fon oreille fes divins oracles ! Pour s'exciter
à l'héroïſme qu'il jette de temps en temps les yeux
fur les Bourbons fes ancêtres ! Non ; il na pas befoin
d'encouragemens étrangers : les exemples domeftiques
fuffifent ; & fans fortir de ſa famille , il trouvera
Augufte , Titus , Antonin & Trajan.
Ce Difcours qui parut être fort goûté des connoiffeurs
, fut fuivie d'une grand'Meſſe en Mufique.
Au fortir de l'Eglife , on trouva la Cour du College
tapiffée & décorée d'emblêmes , de devifes ,
de vers en plufieurs langues , où les Muſes Grecques
, Latines , Italiennes , Françoiſes & Provençales
, payoient à l'envi un tribut poétique au
nouveau Comte de Provence.
Le 3 & le MM. les Penfionnaires S repréfenteAVRIL.
1756. 211
rent un Drame Héroïque intitulé le Génie Tutélaire
, en trois Actes en vers , mêlé de chants &
de danfes. Cette Piece de Théâtre , de la compofition
du P. de Beaumanoir , Profeffeur de Rhétorique
, fut très -bien exécutée & généralement
applaudie. Elle offroit fous le voile de l'allégorie ,
tout ce qui peut intéreffer la Provence . Le concours
de Spectateurs qu'elle attira , fut prodigieux:
MM. les Confuls , à la tête du Confeil de Ville , ont
préfidés à la premiere repréſentation. M. le Duc
de Villars , Mefdames de la Tour , premieres Préfidentes
& Intendantes , & profque tout ce qu'il y
a de perfonnes de diftinction dans cette Ville ,
ont honoré la feconde de leur préfeace . Une brillante
illumination chaque jour a terminé la fête.
Fermer
Résumé : Relation des Fêtes données à Aix, au College Royal-Bourbon, de la Compagnie de Jesus, à l'occaison de la naissance de Monseigneur le Comte de Provence.
En avril 1756, le Collège Royal-Bourbon des Jésuites à Aix organisa des festivités pour célébrer la naissance du Comte de Provence. Ces événements visaient à former de bons citoyens et à honorer la maison des Bourbons, fondateurs du collège. Le 2 janvier 1756, le Père Dufferre, professeur de rhétorique, prononça un discours en présence de dignitaires locaux et d'une assemblée nombreuse. Il évita les généralités en se concentrant sur l'intérêt de la Provence pour la naissance du prince. Le discours souligna l'amour du roi pour la Provence et l'attachement de la Provence pour la monarchie, illustré par les services rendus lors des invasions autrichiennes. Le Père Dufferre mentionna également les ressources prodigieuses fournies par la Provence malgré sa stérilité, soulignant l'amour patriotique et le zèle pour le roi. Il conclut en espérant que le Comte de Provence, portant le nom de la province, en deviendrait un protecteur et un bienfaiteur. Parallèlement, le texte décrit les ravages causés par des inondations en Provence, avec des digues renversées, des édifices écroulés, des champs inondés, des troupeaux noyés et des hommes ensevelis. Malgré ces malheurs, une lueur d'espoir apparaît avec la naissance du Comte de Provence, présenté comme un appui solide et stable, contrairement aux favoris éphémères. Le Duc de Villars et la ville d'Aix organisèrent des fêtes magnifiques pour célébrer cette naissance, et un prélat respecté porta secours aux indigents. Des prières furent adressées pour la santé et la vertu du Comte de Provence, afin qu'il suive les traces de ses ancêtres illustres et gouverne avec justice et clémence. Les célébrations inclurent une grand-messe et une pièce de théâtre allégorique intitulée 'Le Génie Tutélaire', composée par le Père de Beaumanoir. Les représentations attirèrent un grand nombre de spectateurs distingués et furent marquées par des illuminations brillantes.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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2
p. 211-216
« M. le Maréchal Duc de Coigny ayant obtenu la permission de se démettre de son [...] »
Début :
M. le Maréchal Duc de Coigny ayant obtenu la permission de se démettre de son [...]
Mots clefs :
Duc de Coigny, Comte de Coigny, Secousses, Versailles, Paris, Marquis, Régiments, La Reine, Sa Majesté
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : « M. le Maréchal Duc de Coigny ayant obtenu la permission de se démettre de son [...] »
M. le Maréchal Duc de Coigny ayant obtenu
la permiffion de fe démettre de fon Duché en
faveur de M. le Comte de Coigny , Mestre de
Camp Général des Dragons , fon petit-fils , madame
la Comteffe de Coigny fut préfentée le 22
Février à Leurs Majeftés & à la Famille Royale ,
par Madame la Comteffe de Coigny , Douairiere .
En qualité de Ducheffe elle prit le tabouret.
Le 18 Février , entre fept & huit heures du matin ,
il y eut dans cette Capitale deux fecouffes de trem .
blement de terre ; mais elles ont été fi légeres que
la plupart des habitans ne s'en font point apperçus.
On a effuyé les mêmes fecouffes à Verſailles . Elles
fe font fait fentir en plufieurs autres endroits. Les
avis reçus de Beauvais marquent qu'elles y ont
été fenfibles principalement pour les perfonnes
qui étoient encore couchées. On a fait à Paris la
même obfervation . A Saint Quentin , la direction
du mouvement a paru être de l'Oueſt au Sud- Eft³:
le tems étoit à la pluie , & un vent d'Oueſt ſouf212
MERCURE DE FRANCE.
floit modérément. La Cloche de l'Hôtel de Ville
de la Fere a fonné d'elle - même plufieurs coups.
On mande de Dieppe , que le Barométre étoit ,
le jour du tremblement, au dernier degré au deffus
de la tempête. A Aire , il tomboit de la pluie mê--
lée de neige. Dans la Ville de Metz , quelques
cheminées ont été abattues . Sedan a éprouvé les
mêmes accidens, Les fecouffes,Y ont duré une minure
& quelques fecondes , & ont été accompagnées
d'un bruit femblable à celui du tonnerre.
Du refte , on n'a remarqué aucune agitation extraordinaire
dans les eaux de la Meufe. A Fifmes ,
Laon , à Moyenvic , à Mons , à Namur , à Bruxel- ´
les , à Maeftricht , à Utrecht & à Amſterdam , les
fecouffes ont commencé environ à la même heure,
& ont été de la même durée . Elles n'ont commencé
à Liege qu'à neuf heures du matin , & elles ont
duré trois minutes. Au départ du courier , la terre
n'étoit pas encore dans un parfait repos.
à
Le 2 Mars . M. de Montenault préfenta au
Roi le fecond Volume de la nouvelle Edition
des Fables de la Fontaine. Sa Majeſté témoigna
en être très- fatisfaite.
Le Roi a difpofé du Gouvernement des Ville
& Château de Dieppe , qui vaquoit par la mort
de M. le Marquis de Saliere , en faveur de M. de
Mailly de Rubempré , Chevalier des Ordres de
Sa Majefté , Lieutenant Général de fes Armées ,
& premier Ecuyer de Madame la Dauphine .
La place d'Infpecteur Général de l'Infanterie ;
vacante par la même mort , a été donnée à M. le
Comte de Choifeul - Beaupré , qui étoit Infpecteur
Général furnuméraire.
M. Le Marquis du Châtelet - Lomont , Lieutenant-
Général des Armées du Roi & Commandeur
de l'Ordre Royal & Militaire de Saint Louis,a été
A VRIL. 1756 . 213
fait Grand Croix de cet Ordre. Sa Majefté a nommé
Grand Croix Honoraire du même Ordre M.
le Marquis de Valory , Lieutenant - Général , Miniftre
Plénipotentiaire auprès du Roi de Pruffe.
Elle a accordé une place de Commandeur à M. le
Marquis de Braffac , Maréchal de Camp .
Le Régiment de Cavalerie de Royal Etranger,
dont M. le Comte de Charleval à donné fa démiffion
, a été accordé à M. le Comte de Chabot ,
Colonel dans les Grenadiers de France ,
M. le Comte de Durfort & le Chevalier de Corn ,
Aides-Majors des Gardes du Corps , ayant obtenu
leur retraite ,font remplacés par M. le Chevalier de
Montaigu & par M. de Prifye. M. Le Chevalier
de Luflay a été nommé Sous- Aide - Major. M. le
Chevalier de Ligondé a obtenu une place d'Exempt,
vacante dans la Compagnie de Noailles par
la retraite de M. de Fumereau .
Le 12, la Marquife de Beauffremont fit , à l'occafion
de fon veuvage , fes révérences à Leurs Majeftés
& à la Famille Royale.
Le 16 , Monfeigneur le Duc de Berry fut fevré.
Le 17 , M. Peirenc de Moras , que le Roi a
nommé pour Adjoint à M. de Sechelles dans la
charge de Contrôleur Général des Finances
remercia Sa Majesté.
La Reine entendit le 20 une Meffe de Requiem ;
pendant laquelle la Mufique chanta le De Profundis,
pour l'Anniverfaire de la feue Reine de Pologne
Ducheffe de Lorraine & de Bar , Mere de Sa Majesté.
-
Le 28 Madame la Ducheffe de Luynes , Dame
d'Honneur de la Reine , préfenta à Leurs Majeftés
l'épouse de M. Perinc de Moras. *
Selon des lettres de Calais , une Frégate Angloife
de trente canons , s'approcha le 9 de ce Port ,
fous PavillonHollandois, en faifant le fignal de dan214
MERCURE DE FRANCE.
3
ger. On commanda auffitôt une Chaloupe avec un
Pilote & neufhommes , pour aller au fecours de
ce Bâtiment. La Frégate a enlevé la Chaloupe , &
l'a conduite dans un port de la Grande-Bretagne.
A
Le Roi a déclaré qu'il donnoit fa nomination
pour le Chapeau de Cardinal à l'Archevêque de
Rouen , Grand Aumônier de la Reine ; & le 20 ce
Prélat en remercia Sa Majesté.
La place de Confeiller au Confeil Royal des
Finances , vacante par la mort de M. d'Ormeffon ,
a été accordée à M. Trudaine Confeiller d'Etat
ordinaire & au Confeil Royal de Commerce
Intendant des Finances.
>
Sa Majeſté a donné à M. Peirenc de Moras celle
de Confeiller d'Etat , qui vaquoit par la même
mort.
M. de Sechelles , Miniftre d'Etat & Contrôleur
Général des Finances , s'étant démis de fa place de
Confeiller d'Etat , le Roi l'a accordé à M. Chauvelin
, Intendant des Finances.
M. Moreau de Beaumont , Intendant de Flandre
, a obtenu l'agrément de la charge d'Intendant
des Finances , dont étoit pourvu M. Peirenc de
Moras. Le Roi a nommé à l'Intendance de Flandre
M. de Caumartin , Intendant de Metz , & a
donné l'Intendance des trois Evêchés à M. de Bernage
de Vaux , Intendant de Moulins .
Sa Majefté a difpofé du Régiment Suiffe de Vie
gier en faveur de M. de Caftelar , Maréchal de
Camp , & Capitaine au Régiment des Gardes Suiffes.
M. de Reding , Brigadier d'Infanterie , & Lieutenant-
Colonel du Régiment Suiffe de Monin , a
étéfait Colonel de ce Régiment.
la
Madame la Baronne d'Oppede fut préſentée le
14 à Leurs Majeftés & à la Famille Royale par
Marquise de Janfon .
On fit le 22 de ce mois la Proceffion folemnelle
AVRIL. 1756. 215
qu'on a coutume de faire tous les ans , en mémoire
de la Réduction de cette Capitale fous l'obéiffance
de Henri IV. Le Corps de Ville y affifta fuivant
'ufage.
M.l'Abbé du Refnel , l'un des Quarante de l'Académie
Françoife , & Affocié de l'Académie
Royale des Belles - Lettres , a été élu par cette derniere
Compagnie , pour y remplir la place de
Penfionnaire , vacante par la mort de M. Blanchard.
On mande d'Avignon , que le 3 à fix heures du
foir , le tems étant très - calme , & la Lune en fon
couchant ne donnant qu'une foible lueur , on apperçut
vers le Sud-Eft , dans la moyenne région
de l'air , un Globe auffi lumineux que la Lune en
fon plein. Environ trois fecondes après , ce Globe
fe transforma en une espece de Comete , dont la
queue s'étendoit vers l'Oueft. Ce Météore ne tarda
pas à fe perdre en forme de fufée volante , nuancée
de diverfes couleurs ainfi que l'Arc- en- Ciel . La
fufée fe termina en trois pointes , de chacune
defquelles il fortit une étoile pareille à celles
qu'on imite dans les feux d'artifice.
Selon les avis reçus de Canne & de Nice , on y
a vu le même jour & à la même heure un femblable
phénomene. Dans ces deux dernieres Villes,
il a paru fous un beaucoup plus grand volume
que dans celle d'Avignon . A Nice , la fufée fut terminée
par quatre étoiles de couleur de foufre, Elle
fat fuivie de deux violens coups de tonnerre..
Le 28 Mars , M. Feydeau de Marville , en
qualité de Confeiller d'Etat ordinaire , fut préfenté
au Roi par M. de Lamoignon Chancelier de
France.
M. de Berulle, Maître des Requêtes , a été nom→
mé à l'Intendance du Bourbonnois, vacante par la
216 MERCURE DE FRANCE.
nomination de M. de Bernage de Vaux à l'Intendance
des trois Evêchés.
Dans le neuvieme tirage de la premiere Loterie
Royal , le premier Lot eft échu au numéro 57083 ;
le fecond Lot eft échu au numéro 28188 , & la
Prime au numéro 8198.
>
Le 20 Mars M. le Comte de Clermont fit dans la
Plaine de fon Château de Berny la revue de fon
Régiment d'Infanterie d'Enghien , commandé par
M.le Comte de Polignac, Colonel-Lieutenant de ce
Corps . Le Régiment exécuta avec toute la précifion
poffible les manceuvres & les évolutions que
le Prince ordonna ; ce qui dura trois heures . Après
la revue M. le Comte de Clermont donna un
dîner de la plus grande magnificence à tous les
Seigneurs & Officiers qui l'avoient accompagné.
Sa table étoit de foixante couverts . On fervit plufieurs
autres tables dans les appartemens du Château
. Dans une Allée du Parc vis - à- vis du Sallon
où mangeoit le Prince , on avoit dreffé une table
pour les Sergens du Régiment , & deux autres
tables , chacune de fept cens couverts , pour
Soldats. Deux Grenadiers furent députés par leurs
Compagnies , pour aller porter la fanté du Roi &
celle de M. le Comte de Clermont. Le Prince les
reçut avec cette affabilité qui lui eft naturelle ,
qui le rend également cher aux Militaires & aux
Gens de Lettres. Au fortir de table , M. le Comte
de Clermont diftribua des préfens aux Officiers du
Régiment , & fon portrait aux principaux . Pendant
les trois jours que le Régiment a paffé à
Berny , ce Prince a tenu table ouverte pour tous
les Officiers.
la permiffion de fe démettre de fon Duché en
faveur de M. le Comte de Coigny , Mestre de
Camp Général des Dragons , fon petit-fils , madame
la Comteffe de Coigny fut préfentée le 22
Février à Leurs Majeftés & à la Famille Royale ,
par Madame la Comteffe de Coigny , Douairiere .
En qualité de Ducheffe elle prit le tabouret.
Le 18 Février , entre fept & huit heures du matin ,
il y eut dans cette Capitale deux fecouffes de trem .
blement de terre ; mais elles ont été fi légeres que
la plupart des habitans ne s'en font point apperçus.
On a effuyé les mêmes fecouffes à Verſailles . Elles
fe font fait fentir en plufieurs autres endroits. Les
avis reçus de Beauvais marquent qu'elles y ont
été fenfibles principalement pour les perfonnes
qui étoient encore couchées. On a fait à Paris la
même obfervation . A Saint Quentin , la direction
du mouvement a paru être de l'Oueſt au Sud- Eft³:
le tems étoit à la pluie , & un vent d'Oueſt ſouf212
MERCURE DE FRANCE.
floit modérément. La Cloche de l'Hôtel de Ville
de la Fere a fonné d'elle - même plufieurs coups.
On mande de Dieppe , que le Barométre étoit ,
le jour du tremblement, au dernier degré au deffus
de la tempête. A Aire , il tomboit de la pluie mê--
lée de neige. Dans la Ville de Metz , quelques
cheminées ont été abattues . Sedan a éprouvé les
mêmes accidens, Les fecouffes,Y ont duré une minure
& quelques fecondes , & ont été accompagnées
d'un bruit femblable à celui du tonnerre.
Du refte , on n'a remarqué aucune agitation extraordinaire
dans les eaux de la Meufe. A Fifmes ,
Laon , à Moyenvic , à Mons , à Namur , à Bruxel- ´
les , à Maeftricht , à Utrecht & à Amſterdam , les
fecouffes ont commencé environ à la même heure,
& ont été de la même durée . Elles n'ont commencé
à Liege qu'à neuf heures du matin , & elles ont
duré trois minutes. Au départ du courier , la terre
n'étoit pas encore dans un parfait repos.
à
Le 2 Mars . M. de Montenault préfenta au
Roi le fecond Volume de la nouvelle Edition
des Fables de la Fontaine. Sa Majeſté témoigna
en être très- fatisfaite.
Le Roi a difpofé du Gouvernement des Ville
& Château de Dieppe , qui vaquoit par la mort
de M. le Marquis de Saliere , en faveur de M. de
Mailly de Rubempré , Chevalier des Ordres de
Sa Majefté , Lieutenant Général de fes Armées ,
& premier Ecuyer de Madame la Dauphine .
La place d'Infpecteur Général de l'Infanterie ;
vacante par la même mort , a été donnée à M. le
Comte de Choifeul - Beaupré , qui étoit Infpecteur
Général furnuméraire.
M. Le Marquis du Châtelet - Lomont , Lieutenant-
Général des Armées du Roi & Commandeur
de l'Ordre Royal & Militaire de Saint Louis,a été
A VRIL. 1756 . 213
fait Grand Croix de cet Ordre. Sa Majefté a nommé
Grand Croix Honoraire du même Ordre M.
le Marquis de Valory , Lieutenant - Général , Miniftre
Plénipotentiaire auprès du Roi de Pruffe.
Elle a accordé une place de Commandeur à M. le
Marquis de Braffac , Maréchal de Camp .
Le Régiment de Cavalerie de Royal Etranger,
dont M. le Comte de Charleval à donné fa démiffion
, a été accordé à M. le Comte de Chabot ,
Colonel dans les Grenadiers de France ,
M. le Comte de Durfort & le Chevalier de Corn ,
Aides-Majors des Gardes du Corps , ayant obtenu
leur retraite ,font remplacés par M. le Chevalier de
Montaigu & par M. de Prifye. M. Le Chevalier
de Luflay a été nommé Sous- Aide - Major. M. le
Chevalier de Ligondé a obtenu une place d'Exempt,
vacante dans la Compagnie de Noailles par
la retraite de M. de Fumereau .
Le 12, la Marquife de Beauffremont fit , à l'occafion
de fon veuvage , fes révérences à Leurs Majeftés
& à la Famille Royale.
Le 16 , Monfeigneur le Duc de Berry fut fevré.
Le 17 , M. Peirenc de Moras , que le Roi a
nommé pour Adjoint à M. de Sechelles dans la
charge de Contrôleur Général des Finances
remercia Sa Majesté.
La Reine entendit le 20 une Meffe de Requiem ;
pendant laquelle la Mufique chanta le De Profundis,
pour l'Anniverfaire de la feue Reine de Pologne
Ducheffe de Lorraine & de Bar , Mere de Sa Majesté.
-
Le 28 Madame la Ducheffe de Luynes , Dame
d'Honneur de la Reine , préfenta à Leurs Majeftés
l'épouse de M. Perinc de Moras. *
Selon des lettres de Calais , une Frégate Angloife
de trente canons , s'approcha le 9 de ce Port ,
fous PavillonHollandois, en faifant le fignal de dan214
MERCURE DE FRANCE.
3
ger. On commanda auffitôt une Chaloupe avec un
Pilote & neufhommes , pour aller au fecours de
ce Bâtiment. La Frégate a enlevé la Chaloupe , &
l'a conduite dans un port de la Grande-Bretagne.
A
Le Roi a déclaré qu'il donnoit fa nomination
pour le Chapeau de Cardinal à l'Archevêque de
Rouen , Grand Aumônier de la Reine ; & le 20 ce
Prélat en remercia Sa Majesté.
La place de Confeiller au Confeil Royal des
Finances , vacante par la mort de M. d'Ormeffon ,
a été accordée à M. Trudaine Confeiller d'Etat
ordinaire & au Confeil Royal de Commerce
Intendant des Finances.
>
Sa Majeſté a donné à M. Peirenc de Moras celle
de Confeiller d'Etat , qui vaquoit par la même
mort.
M. de Sechelles , Miniftre d'Etat & Contrôleur
Général des Finances , s'étant démis de fa place de
Confeiller d'Etat , le Roi l'a accordé à M. Chauvelin
, Intendant des Finances.
M. Moreau de Beaumont , Intendant de Flandre
, a obtenu l'agrément de la charge d'Intendant
des Finances , dont étoit pourvu M. Peirenc de
Moras. Le Roi a nommé à l'Intendance de Flandre
M. de Caumartin , Intendant de Metz , & a
donné l'Intendance des trois Evêchés à M. de Bernage
de Vaux , Intendant de Moulins .
Sa Majefté a difpofé du Régiment Suiffe de Vie
gier en faveur de M. de Caftelar , Maréchal de
Camp , & Capitaine au Régiment des Gardes Suiffes.
M. de Reding , Brigadier d'Infanterie , & Lieutenant-
Colonel du Régiment Suiffe de Monin , a
étéfait Colonel de ce Régiment.
la
Madame la Baronne d'Oppede fut préſentée le
14 à Leurs Majeftés & à la Famille Royale par
Marquise de Janfon .
On fit le 22 de ce mois la Proceffion folemnelle
AVRIL. 1756. 215
qu'on a coutume de faire tous les ans , en mémoire
de la Réduction de cette Capitale fous l'obéiffance
de Henri IV. Le Corps de Ville y affifta fuivant
'ufage.
M.l'Abbé du Refnel , l'un des Quarante de l'Académie
Françoife , & Affocié de l'Académie
Royale des Belles - Lettres , a été élu par cette derniere
Compagnie , pour y remplir la place de
Penfionnaire , vacante par la mort de M. Blanchard.
On mande d'Avignon , que le 3 à fix heures du
foir , le tems étant très - calme , & la Lune en fon
couchant ne donnant qu'une foible lueur , on apperçut
vers le Sud-Eft , dans la moyenne région
de l'air , un Globe auffi lumineux que la Lune en
fon plein. Environ trois fecondes après , ce Globe
fe transforma en une espece de Comete , dont la
queue s'étendoit vers l'Oueft. Ce Météore ne tarda
pas à fe perdre en forme de fufée volante , nuancée
de diverfes couleurs ainfi que l'Arc- en- Ciel . La
fufée fe termina en trois pointes , de chacune
defquelles il fortit une étoile pareille à celles
qu'on imite dans les feux d'artifice.
Selon les avis reçus de Canne & de Nice , on y
a vu le même jour & à la même heure un femblable
phénomene. Dans ces deux dernieres Villes,
il a paru fous un beaucoup plus grand volume
que dans celle d'Avignon . A Nice , la fufée fut terminée
par quatre étoiles de couleur de foufre, Elle
fat fuivie de deux violens coups de tonnerre..
Le 28 Mars , M. Feydeau de Marville , en
qualité de Confeiller d'Etat ordinaire , fut préfenté
au Roi par M. de Lamoignon Chancelier de
France.
M. de Berulle, Maître des Requêtes , a été nom→
mé à l'Intendance du Bourbonnois, vacante par la
216 MERCURE DE FRANCE.
nomination de M. de Bernage de Vaux à l'Intendance
des trois Evêchés.
Dans le neuvieme tirage de la premiere Loterie
Royal , le premier Lot eft échu au numéro 57083 ;
le fecond Lot eft échu au numéro 28188 , & la
Prime au numéro 8198.
>
Le 20 Mars M. le Comte de Clermont fit dans la
Plaine de fon Château de Berny la revue de fon
Régiment d'Infanterie d'Enghien , commandé par
M.le Comte de Polignac, Colonel-Lieutenant de ce
Corps . Le Régiment exécuta avec toute la précifion
poffible les manceuvres & les évolutions que
le Prince ordonna ; ce qui dura trois heures . Après
la revue M. le Comte de Clermont donna un
dîner de la plus grande magnificence à tous les
Seigneurs & Officiers qui l'avoient accompagné.
Sa table étoit de foixante couverts . On fervit plufieurs
autres tables dans les appartemens du Château
. Dans une Allée du Parc vis - à- vis du Sallon
où mangeoit le Prince , on avoit dreffé une table
pour les Sergens du Régiment , & deux autres
tables , chacune de fept cens couverts , pour
Soldats. Deux Grenadiers furent députés par leurs
Compagnies , pour aller porter la fanté du Roi &
celle de M. le Comte de Clermont. Le Prince les
reçut avec cette affabilité qui lui eft naturelle ,
qui le rend également cher aux Militaires & aux
Gens de Lettres. Au fortir de table , M. le Comte
de Clermont diftribua des préfens aux Officiers du
Régiment , & fon portrait aux principaux . Pendant
les trois jours que le Régiment a paffé à
Berny , ce Prince a tenu table ouverte pour tous
les Officiers.
Fermer
Résumé : « M. le Maréchal Duc de Coigny ayant obtenu la permission de se démettre de son [...] »
En février et avril 1756, plusieurs événements notables ont eu lieu. Le maréchal duc de Coigny a obtenu la permission de céder son duché à son petit-fils, le comte de Coigny. Madame la comtesse de Coigny a été présentée à Leurs Majestés et à la famille royale le 22 février, prenant le tabouret en qualité de duchesse. Le 18 février, deux secousses de tremblement de terre ont été ressenties à Paris et dans plusieurs autres villes, sans causer de dommages significatifs. Le 2 mars, M. de Montenault a présenté au roi le second volume de la nouvelle édition des Fables de La Fontaine. Le roi a également disposé du gouvernement de Dieppe en faveur de M. de Mailly de Rubempré. Plusieurs nominations et promotions militaires ont été annoncées, notamment celles de M. le marquis du Châtelet-Lomont et de M. le marquis de Valory. Le 12 avril, la marquise de Beauffremont a fait ses révérences à Leurs Majestés à l'occasion de son veuvage. Le 16 avril, Monseigneur le duc de Berry a été fiévreux. Le 20 avril, la reine a entendu une messe de Requiem pour l'anniversaire de la feue reine de Pologne. Madame la duchesse de Luynes a présenté à Leurs Majestés l'épouse de M. Perinc de Moras. Le roi a nommé l'archevêque de Rouen au chapeau de cardinal. Plusieurs autres nominations et promotions ont été effectuées, notamment dans les finances et les intendances. Le 22 avril, une procession solennelle a été organisée en mémoire de la réduction de la capitale sous l'obéissance de Henri IV. Le 28 mars, M. Feydeau de Marville a été présenté au roi en qualité de conseiller d'État ordinaire. Un phénomène météorologique inhabituel a été observé à Avignon, Cannes et Nice. Le 20 mars, le comte de Clermont a passé en revue son régiment d'infanterie à Berny, offrant un dîner somptueux aux seigneurs et officiers présents.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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3
p. 217-234
MARIAGES ET MORTS. AVERTISSEMENT.
Début :
On a imprimé dans quelques ouvrages modernes, (I) que le Comte de [...]
Mots clefs :
Comtes, Marquis, Seigneurs, Mariages, Morts, Chevalier, Gentilhomme, Barons, Régiments, Ducs
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texteReconnaissance textuelle : MARIAGES ET MORTS. AVERTISSEMENT.
MARIAGES ET MORTS.
AVERTISSEMENT.
On a imprimé dans quelques ouvrages modèrnes,
( 1 ) que le Comte de Rupelmonde tué à l'action
paffée près de Paffenhoven en Baviere , le 15
Avril 1745 , étoit le dernier rejetton de fa maiſon.
Ceux qui ont avancé cette anecdote généalogique
, paroiffent avoir ignoré que la Branche
ainée de cette maifon eft continuée en la perfonne
de Ferdinand -Gillon de Recourt-de- Lens-de-
Licques , des Comtes de Boulogne , Seigneur &
Marquis de Licques , & c. c'eft un fait dont on
peut fe convaincre par les éclairciffemens fuivans ,
que l'on a cru devoir donner au public pour le défabufer
des impreffions qu'une pareille erreur
pourroit lui laiffer.
•
Philippes de Recourt-de- Lens- de- Licques , des
Comtes de Boulogne , Chevalier , Baron de Licques
, & de Boninghe , Chaſtelain héréditaire de
Lens , &c. Gouverneur de Cambray & du Cambréfis,
d'Harlem, de Louvain , de Lille , de Tournay ,
de Douay & d'Orchies , fut commis par le Roy
d'Efpagne , le 12 May 1586 , pour régler avec les
Commiffaires du Roy Henry III , tous les différens
qui pouvoient naître fur l'interprétation & l'exécution
des articles de la treve , conclue à Cambray le
23 Décemb. 1585. Ce Seigneur qui s'acquit la réputation
d'un des grands Capitaines de fon fiècle ,
(1 ) Poëme de Fontenoy , & Hiftoire de la guerre
de 1741.
II. Vol. K
218 MERCURÉ DE FRANCE.
mourut à Bruxelles le Vendredi Saint 1588 , lorqu'il
alloit être nommé Chevalier de l'ordre de la
Toifon d'Or. Il avoit fait fon teftament le premier
jour de Mars 1587 , & avoit été marié du confentement
de l'Empereur & de fon Confeil , le 3 Juin
1554 , avec Jeanne de Witthem , d'une illuftre
Maifon de Brabant , fortie par bâtardiſe des anciens
fouverains de cette Province , & alliée aux maifons
les plus confidérables des pays-Bas . De ce mariage
fortirent Gabriel , Baron de Licques qui fuit , &
Philippes de Recours - de - Lens- de - Licques, des
Comte de Boulogne , Baron de Wiskerque , &c .
qui a fait la branche des Comtes de Rupel
monde.
Gabriel de Recourt- de- Lens-de- Licques des
Comtes de Boulogne , Chevalier , Baron de Licques
& de Boninghe , &c . gouverneur de Charlemont
, & Colonel d'un Régiment de dix Compagnies
de gens de pieds , mourut à la fleur de fon
age en 1589 , ayant eu de fon mariage , qu'il avoit
contracté le 8 Juillet 1581 , avec Helene de
Mérode , d'une maiſon auffi illustre par fon ancienneté
que par fes alliances & fes fervices , fille de
Jean de Mérode , Seigneur de Moriamez & de
Philippote de Montfort , Philippes Baron de Licques
qui fuit :
i
Philippe de Recourt - de-Lens- de- Licques des
Comtes de Boulogne , Chevalier Baron de-Licques
& de Boninghe , &c. Gouverneur de Bourbourg
, Grand Bailli des Bois du Comté de Hainaut
, & de la Forêt de Mormal , & Confeiller du
Confeil de Guerre du Roi d'Efpagne , mourut le
28 May 1657 , & époula en premiere nôces , en
1614 , Sufane de Langlée , d'une branche cadette
de l'illuftre Maifon de Wavrin , dont il n'eut que
des filles ; il fe remaria en fecondes nôces , le 13
Juin 1630 à Louiſe de Cruninghe , Baronne de
AVRIL. 1736. 219
Cruninghe , & Vicomteffe de Zélande , héritiere
de fa maiſon , une des plus grandes des Pays-Bas ;
& cette alliance le fit tenir à toutes les têtes couronnées
de l'Europe . Elle étoit fille & héritiere de
Maximilien , Baron de Cruninghe , Vicomte de
Zélande , &c. & d'Eve Baronne de Kniphaufen-
Inhaufen , & petite-fille de Jean Baron de Cruninghe
, Vicomte de Zélande , &c ; & de Jacqueline'
de Bourgogne , fille d'Adolphe de Bourgogne , Seigneur
de Bevres & de la Vere, Amiral de Flandres,
& Chevalier de la Toifon d'Or ; & d'Anne de
Berghes-glimes; & petite- fille de Philippes de Bourgogne
, Seigneur de Bevres & de la Vere , Amiral
de Flandre , Gouverneur d'Artois , & Chevalier de
la Toiſon d'Or ; & d'Anne de Borfelle , fille de
Wolfard de Borfelle , Seigneur de la Verre, Comte
de Grandpré , Maréchal de France Chevalier de la
Toifon d'Or , &c ; & de charlotte de Bourbon ,
fille de Louis de Bourbon , Comte de Montpenfier
, Dauphin d'Auvergne , &c ; & de Gabriele de
la Tour ; de ce deuxieme mariage vint Philippes-
Charles-Bartholomé , Marquis de Licques qui fuit ;
& c'eft à caufe de cette alliance que MM. de
Licques portent en écartelure dans le grand cachet
de leurs armes , celles de l'augufte Maiſon de
Bourbon.
Philippes-Charles- Bartholomé de Recourt-de-
Lens-de- Licques , des Comtes de Boulogne , Che
valier Marquis de Licques , Baron de Boninghe &
de Cruninghe , Vicomte de Zélande , & c. Grand
Bailli des bois du Comté de Hainaut , Capitaine
d'une Compagnie franche, puis de cent chevaux de
Cuiraffiers , & gentilhomme de la chambre du
Prince de Baviere , électeur de Cologne , époufa
le 23 Janvier 1659 , Marguerite-Caroline - Gertrude
de Berlo , Chanoinefle de Mouftier , d'une
2.
Kij
220 MERCURE DE FRANCE.
illuftre Maiſon du pays de Liege , & fille de Paul ;
Baron de Berlo & de Bruff; & de Marie de L
Fontaine ; & eut de cette alliance un fils unique
nommé Ferdinand-Roch-Jean , Marquis de Lic
ques qui fuit ;
Ferdinand - Roch - Jean de Recourt- de- Lensde-
Licques des Comtes de Boulogne , Cheva
lier , Marquis de Licques, Baron de Boninghe ,
Vicomte de Zélande , &c . époufa le 23 Janvier
1700 , Anne-Michel- Alexandrine le Sart , mere.
d'un fils unique , nommé Ferdinand-Gillon , Marquis
de Licques qui fuit:
Ferdinand- Gillon de Recourt-de-Lens- de-Lic
ques des Comtes de Boulogne , Chevalier , Seigneur
& Marquis de Licques , Vicomte de Zélande
, Baron de Boninghe , &c . dernier hoir mâle
de fa maifon depuis la mort du Comte de Rupelmonde
, a épousé en 1730 Elifabeth de Lefpinayde
Marteville d'une ancienne maifon de Picardie ,
fille de Jacques , Marquis de Marteville , Maré
chal des Camps & Armées du Roi , & de Françoife
Abancourt. De ce mariage il n'a que trois filles ;
fçavoir :
?
1º. Catherine- Elifabeth-Henriette de Recourt
de-Lens-de-Licques des Comtes de Boulogne ,
mariée , en 1748 , à Louis - Eugene-Marie de
Beauffort, Comte de Beauffort , & de Moulle , & c.
d'une des plus anciennes & des plus illuftrés Mai
fons de la province d'Artois , fils de feu Chriftophe
- Louis de Beauffort , Comte de Beauffort , & cs
& de Marie-Anne-Françoife - Jofephe de Croix ;
2°. Louife- Aimée dite Mademoiſelle de
Lens ;,
>
3°. Marie-Gabriele-Victoire- Nymphe , dite
Mademoiſelle de Licques.
Philippe de Recourt- de- Lens- de - Licques des
AVRIL 1756. 22X
Comtes de Boulogne , Seigneur & Baron de Wifkerque
, & c. frere cadet de Gabriel Baron de Lic
ques , cité ci-deffus , & comme lui fils de Philippes,
Baron de Licques , & de Jeanne de Witthem ,
fut Colonel d'Infanterie Wallone , & Grand Bailli
du pays de Waes. Il épousa le 11 Juin 1590 ,
Marguerite de Steelan , d'une très -ancienne maifon
de Flandres , & tefta le 14 Juin 1630 ; de ce
mariage vint Servat Baron de Wiskerque qui
fuit :
Servat de Recourt - de - Lens- de - Licques des
Comte de Boulogne , Baron de Wiskerque, Grand
Bailli du pays de Wau , &c. époufa le 20 Septembre
1624 , Marguerite de Robles d'une illuftre mai .
fon originaire d'Efpagne, fille de Jean de Robles ,
Comte d'Annapes , Gouverneur de Lille , Douay
& Orchies & c. & de Marie de Liedekerque. De ce
mariage vint Philippes , Baron de Wiskerque &
Comte de Rupelmonde qui fuit :
Philippes de Recourt- de- Lens- de- Licques des
Comtes de Boulogne , Baron de Wiskerque , Seigneur
& Comte de Rupelmonde , &c . époufa le 3
Juillet 1655 , Marguerite de Baerlandt , d'une
ancienne maison des Pays-Bas ; il mourat fore
jeune, & laila pour fils unique Philippes Comte de
Rupelmonde , qui fuit :
Philippes de Recourt- de- Lens- de - Licques des
Comtes de Boulogne , Comte de Rupelmonde ,
Baron de Wiskerque &c. époufa le 21 Avril 1677 ,
Marie- Anne -Euſebe Truchfes , née Comteffe de
Wolfegg , d'une grande maifon d'Allemagne , &
fille de Guillaume , Truchfes Comte de Wolfegg ,
Gouverneur d'Amberg en Baviere , & d'Iſabelle-
Claire de Ligne- d'Aremberg & d'Arfchoft ; il
eut de ce mariage Maximilien- Philippes- Jofeph
Comte de Rupelmonde qui fuit :
K iij
222 MERCURE DE FRANCE.
Maximilien-Philippes-Jofeph de Recourt- de
Lens-de-Licques des Comtes de Boulogne , Comté
de Rupelmonde , Baron de Wiskerque , &c. Maréchal
des Camps & Armées du Roi d'Eſpagne ,
fut tué au Siege de Brihuega en Eſpagne le i 1 Décemb.
1710 , & avoit épousé le 24 Janvier 1705,
Marie-Marguerite d'Alegre, Dame du Palais de la
Reine , d'une illuftre maifon d'Auvergne , fille
d'Yves , Marquis d'Alegre , Maréchal de France &
Chevalier des ordres du Roi : il en eut pour fils
unique Yves - Marie Comte de Rupelmonde qui
fuit :
24
Yves-Marie de Recourt -de - Lens - de- Licques des
Comtes de Boulogne , Comte de Rupelmonde ,
Baron de Wiskerque , & c. Maréchal des camps &
armées du Roi , fut tué à la fleur de fon âge à l'acsion
paffée près de Paffenhoven en Baviere , le 1
Avril 1745. De fon mariage , dont le contrat fut
paffé en 1731 avec Marie- Chrétienne - Christine
de Gramont, dame du Palais de la Reine & fille de
Louis, Duc de Gramont , Pair de France, Chevalier
des ordres du Roi , Lieutenant général de fes Armées
, & Colonel du Régiment des gardes , & de-
Géneviève de Gontault de Biron , naquit le
Avril 1740 , un fils nommé Louis , mort peur de
temps avant fon Pere , en la perfonne de quis'éteignit
la feule branche cadette de la maifon de
Recourt- de-Lens- de- Licques , dont la branche
aînée feule fubfifte aujourd'hui dans la perfonne
du Marquis de Licques & de fes trois filles . Voyez
pour cette maifon qui par fon ancienneté,fes fervices
& fes alliances va de pair avec les plus grandes
du Royaume , l'Hiftoire des grands Officiers de la
Couronne , VII . vol . page 827 , où la Généalogie
eft rapportée ( affez imparfaitement ) à l'article des
Amiraux de France , à l'occafion de Charles de Re
AVRIL. 1756. 223
court-de Lens , & c. fait Amiral de France en 1418 .
Voyez auffi les tablettes Hiftoriques , Généalogiques
& Chronologiques , volume V. l'Armorial
Général de France de M. d'Hozier , premier Regiftre
, où il en eft parlé à l'occaſion de Ferdinand-
Roch -Jean , & de Ferdinand Gillon , Marquis
de Licques , fon fils , reçus Pages du Roi
dans fa grande écurie , l'un le 5 Août 1684 , &
l'autre le 21 Septembre 1722 , & ce que nous
avons dit de cette maifon dans les Mercures de:
France des mois de Juin 1731 , & 1745 , premier
volume , & c.
Jacques-François , Vicomte de CAMBIS , Colonel
du Régiment d'Infanterie de fon nom , fut marié le
18 Novemb. 1755. dans la Chapelle du Château de
Bellevue , avec Louife-Françoife- Gabriele de HENNIN
- LIETARD - DE - CHIMAY , fille d'Alexandre-
Gabriel de Hennin- Lietard , Prince de Chimay
Lieutenant Général des Armées du Roi , Lieutenant
-Feldt-Maréchal des Armées de l'Empereur ,
Grand d'Espagne de la premiere claffe , &c . mort:
le 18 Février 1745 , & de Gabriele- Françoife de
Beauvau , aujourd'hui Princeffe Douairiere de
Chimay. Le Curé de Meudon leur donna la Bénédiction
nuptiale . Leur Contrat de mariage avoit
été figné le 16 du même mois de Novembre , par
Leurs Majeftés & par la Famille Royale.
La Maifon de Cambis , originaire de Florence ,
a produit plufieurs grands hommes , entr'autres
Ludovifio Cambi , vivant en 1245 , lequel rendit
de grands fervices aux Papes Grégoire IX & Innocent
IV. Dante Cambi , Prieur de la Liberté de
Florence , qui vivoit en 1290 & 1300. Nero Cambi
, Gonfanonier de la République en 1421. Victor
Cambi , un des plus fameux partifans de la
faction Guelfe en 1450. François Cambi , qui
K.iiij.
224 MERCURE DE FRANCE.
époufa en 1492 Fiamette Corfini , &c. D'eux def
cendoit Luc Cambi , auquel cette Maiſon doit
fon établiſſement en France. Il quitta Florence
avec Marie de Pazzis , fon époufe , & Guy de
Cambi , fon frere , qui mourut fans enfans , pour
venir à Avignon , où il pofféda de grandes richeffes.
Il y fit fon Teftament le 13 Juin 1502 , &
laiffa douze enfans , fept garçons , dont trois ont
eu postérité , & cinq filles . Son fils aîné , Dominique
de Cambis , fut Baron d'Alais , Seigneur de
Saint-Paul , Saint-Martin - Malcap , &c. & tefta le
16 Janvier 1520. Il laiffa de fa femme Marguerite
Damians , entr'autres enfans Louis de Cambis
, Baron d'Alais , de Fons & de Sérignac , Seigneur
de Souftelles , &c. qui fut allié avec Marguerite
de Pluviers. De ce mariage vinrent entr'autres
, François de Cambis , Baron d'Alais , qui fuit ::
Jean de Cambis , Gentilhomme ordinaire du Prince
de Condé , Gouverneur de la Vignerie d'Alais ,
& Lieutenant de Roi au Gouvernement de Languedoc
, dont la poftérité fubfifte dans l'Orléa-.
nois , & Théodore de Cambis , Baron de Fons &
de Sérignac , qui forma une branche qui exifte
aujourd'hui en Languedoc.
François de Cambis , Baron d'Alais , fils aîné de-
Louis , fut Chevalier de l'Ordre du Roi , & époufa
Magdeleine de Villeneuve , fille de Claude , Marquis
de Trans , & d'Ifabelle de Feltres , de laquelle
il eut Georges de Cambis , Baron d'Alais , marié
à Itabelle de Thezan , fille d'Olivier , Vicomte du
Pujols & de Caffandre de Cenamy. De cette allian-.
ce fortirent quatre garçons , l'aîné defquels nommé
Jacques , époufa Catherine d'André , qui le
rendit pere de Jacques de Cambis , mort en 1653
fans poftérité . Sa foeur Ifabelle de Cambis , avoit
époufé Jacques de Berard , Seigneur de Montaler ,
AVRIL. 1756. 225
qui à caufe d'elle devint Baron d'Alais , Seigneur
de Souftelles , & c . Sa feconde foeur Ifabelle de
Cambis , époufa en 1655 Jean - François de la
Fare , Baron de la Salle , Meftre de Camp de
Cavalerie.
Nicolas de Cambis , cinquieme fils de Luc &
de Marie de Pazzis , fut auteur de la branche des
Seigneurs d'Auvaro en Provence , éteinte vers le
milieu du 16 fiecle .
Pierre de Cambis , fixieme fils de Luc , fut fait
Conful d'Avignon , du rang des Nobles de la
premiere claffe en 1547. Il avoit époufé dès le
28 Octobre 1525 , Françoiſe de Perruzzis , Dame
d'Orfan , au Diocèfe d'Uzès. Elle fut mere entr'autres
de Jéan de Cambis , Seigneur d'Orfan , Chevalier
de l'Ordre du Roi & de celui du Pape ,
premier Conful & Viguier de la Ville d'Avignon ,
au nom de laquelle il fut Ambaffadeur près du
Roi Henri III , qui le fit Chevalier de fa propre
main , & près du Pape . Il épouſa le 16 Avril 15552
Françoile de Clericis , qui le rendit pere de trois
garçons qui ont laiffé poftérité. Celle de Richard ,
qui étoit l'aîné , finit vers la fin du dernier fiecle.
Le ſecond nommé Louis , fit la branche des Seigneurs
d'Orfan dont on va parler ; & le troisieme ,
qui s'appelloit Antoine , fut auteur de celle des
Seigneurs d'Hortes , éteinte depuis environ cent
ans.
>
Louis de Cambis , fecond fils de Jean & de
Françoife de Clericis , fut Seigneur d'Orfan , &c.
premier Conful & Viguier d'Avignon , Capitaine
d'une Compagnie de Chevaux- Légers , & Chevalier
de l'Ordre du Roi. Il époufa par contrat du
16 Mai 1583 , Georgette de la Falêche , fille
d'Antoine , Chevalier de l'Ordre du Roi , & de
Françoife de Riccis. Il eut de ce mariage , 1º
Kv
226 MERCURE DE FRANCE.
f
t
Jean de Cambis , qui continua la ligne directe ;
2º. Paul de Cambis , auteur de la branche des
Marquis de Velleron , qui feront rapportés enfuite
; 3 ° . Octave de Cambis , Camerier du Pape
Urbain VIII.
I
Jean de Cambis , Seigneur d'Orfan , &c. fils
aîné de Louis & de Georgette de la Falêche , fut
allié par Contrat du 1 Mai 1616 , à Marguerite.
de Simiane , Dame de Cairane , qui le rendit pere
> entr'autres de Louis de Cambis , Seigneur d'Orfan
, &c. marié par Contrat du 13 Avril 1638 ,
avec Magdeleine de Baumefort. De cette alliance
vint entr'autres Charles de Cambis , Seigneur
d'Orfan & de Lagnes , qui époufa par Contrat du
30 Août 1674 , Marie- Anne Pilchotte de la Pape
dont vint Jacques de Cambis , Seigneur d'Orfan
&c. allié en 1690 , à Magdeleine de Guilhens de
Puy-Laval , qui fut mere de Louis - Charles de
: Cambis , Seigneur d'Orfan & de Lagnes , marié
en 1723 ´à Anne - Elifabeth de Pierne , fille de
Marc- Antoine , Seigneur d'Arenes & de Sufanne .
de Bafchi du Cayla. De ce mariage eft né le
7 Mars 1727 , Jacques- François de Cambis qui
donne lieu à cet article .
Paul de Cambis , fecond fils de Louis & de
Georgette de la Falêche , fut Baron de Brantes ,
Seigneur de Cairane , & Co- Seigneur de Velleron ,
Chevalier de l'Ordre du Roi , Capitaine- Lieutenant
du Régiment de Normandie , & Syndic de
la Nobleffe du Comté- Venaiffin , & en cette qualité
député au Roi Louis XIII . Il fut marié le 21
Février 1621 , à Gabriele de Rodulf, fille de Louis,
Seigneur de Limans , &c. & de Marthe de Grimoard
du Roure. De cette alliance vint François
de Cambis , Baron de Brantes , créé Marquis de
Velleron , par Bulle du Pape Clément IX. Il époufaAVRIL.
1756. 227
en 1653 Jeanne de Forbin , foeur du Cardinal de
Janfon, de laquelle il eut entr'autres Jofeph de
Cambis , & Louis-Dominique de Cambis qui ont :
laiffé postérité.
eft Jofeph de Cambis , Marquis de Velleron ,
mort le 6 Janvier 1736 , chef d'Efcadre des Galeres
du Roi , & Commandeur de l'Ordre Royal &
Militaire de S. Louis. H avoit épousé Angélique
de Cambis de Fargues , de laquelle il a laiffé
1º. Jofeph-Louis-Dominique de Cambis , Marquis
de Velleron , dit le Comte de Cambis , né en
Novembre 1706 , Colonel de l'Infanterie du
Comté- Vénaiffin , marié le 13 Avril 1741 , avec :
Anne- Louiſe de la Queille de Châteaugué , dont
eft née Marie Jofephine - Louife Sophie de
Cambis ;
-
2º. Angélique-Touffaint de Cambis , allié le
16 Mars 1716, à Louis - Joſeph Gras, Seigneur de
Préville ;
3°. Jeanne de Cambis , mariée le 16 Avril 1719 ,.
à Antoine Hoftager , Seigneur de Roquetaillade.
Louis- Dominique , Comte de Cambis , Lieutenant
général des Armées de Sa Majeſté , ſecond
fils de François & de Jeanne de Forbin , eft mort
à Londres , où il étoit Ambaffadeur du Roi , le
12 Février 1740 , laiffant de fa femme Catherine
Nicole Gruin , morte en 1754 ;
1º. Louis-Jofeph-Nicolas , Marquis de Cambis
, né le 1 Mars 1725 , Brigadier de Cavalerie en
Décembre 1748 , Meftre de Camp du Régiment :
de Bourbon, & Gouverneur de Sifteron...
2 % Anne-Victoire de Cambis , née à Turin ou
fon pere étoit Ambaffadeur , le 1 Juin 1726 , mariée
en Avril 1746 au Marquis d'Herbouville ,
Capitaine de Gendarmerie.
CAMBIS porte pour Armes d'azur au chêne d'or ,
22S MERCURE DE FRANCE.
mouvant d'une montagne à fix copeaux de même ,
foutenus par deux lions auffi d'or.
Le 2 Novembre 1755 ,mourut en fon Château
d'Andechy en Picardie , François- Simon de Riencourt
, Comte d'Andechy, marié le 2 Mai 1695 , à
Jeanne- Jule de Guerin de Tarnaut , fille de Robert
de Guerin de Tarnaut ,. & de Jeanne Huaut
de Montmagny , dont il eut Jeanne- Jule Dame
de S. Cyr ; Anne- Françoife , mariée les Mai
1728 , à Pierre de Guerin de Tarnaut , fon oncle
maternel , ancien Colonel d'un Régiment d'Infanterie
de fon nom & René-Léonor , Chevalier
Comte d'Andechy,marié le 23 Juin 1719 , à Jeanne
de Forceville , fille de Charles , Chevalier Seigneur
de Forceville , & d'Antoinette du Mouchet
de Vauffelles ; dont Barbe Simon Comte de Riencourt
, Capitaine de Cavalerie au Régiment d'Archyac
; Pierre de Riencourt, Prêtre ; Louis-François
, d'abord Page de Madame la Dauphine , puis
Lieutenant au Régiment d'Archyac , & trois filles
à S. Cyr
La Maifon de Riencourt alliée à celles . de
Mailloc , Montmorency , Amiens , Bournel , Ailly ,
Lamet , Rellencourt , Desfriches- Doria , Forceville
, la Fontaine , Guerin de Tarnaut , d'Angennes,
Fiercelin, Mareuil , Saiffeval , Saint Georges-
Verac , Joyeuse , &c..eft une des plus anciennes
de Picardie , où elle eft connue dès le commencement
du treizieme fiecle , comme on le
voit par les Cartulaires de différentes Abbayes.
En 1206 Thomas de Riencourt qualifié Chevalier ,
foufcrit à la donation de plufieurs biens que fait.
Enguerran de Pequigny Vidame d'Amiens , à l'Eglife
de Sainte Marie de Moliens . En 1223 Jean
de Riencourt fon fils tranfige avec les Religieux
de l'Abbaye du Gard, en préfence du Vidame d'A-
&
AVRIL. 1756. 229
"
miens , & leur laiffe quelques droits qu'il tenoit
d'Amelius de Bouelles fon ayeul , touchant les
marais de Croy. Hugues de Riencourt , fon fils ,
dans le dénombrement des terres de Riencourt &
Saint Leger , qu'il donne en 1259 , à Jean , Baron
de Pequigny, Vidame d'Amiens , prend les qualités
de Haut Puiffant Seigneur Meffire Hugues ,
Seigneur de Riencourt , Franqueville , Saint Leger,
Drueulfous Moliens le Vidame, Orival, Bergicourt ,
Tilloloy Vaux; ainfi il y a 500 ans que ces quatre
dernieres terres font dans la maifon de- Riencourt.
On trouve à la Chambre des Comptes de Paris
un Bref daté de Lyon , du Pape Innocent IV, à
P'Evêque d'Amiens , par lequel il accorde à Jeande
Ricncourt & à Hugues fon fils , dont on vient
de parler , les mêmes Indulgences que s'ils s'étoient
croifés pour la Terre Sainte , parce qu'ils
étoient difpofés à aller au fecours de l'Eglife Uni-
-verfelle contre les habitans d'Aix - la - Chapelle
{ contra Aquenſes } *;
" La Maifon s'eſt d'abord diviſée en deux bran→
ches formées par les deux enfans d'Enguerran ,
Seigneur de Riencourt , décedé en 1380. La branche
aînée eft tombée avec la Terre de ce nom
dans la maifon d'AUDENFORT , d'ou en celle de
TIERCELIN , par le mariage de Marguerite de Riencourt
, fille de Hugues, Seigneur de Riencourt , &
de Marie de Lamet , & petite- fille de Jean , Seigneur
de Riencourt , & de Márie de Montmorency,
* Comme le Pape étoit alors obligé de se fauver
de Rome a caufe de la guerre que lui faifoit l'Empereur
Frédéric II , qu'il avoit excommunié , le
Pape les engagea à lui prêter fecours , & à aller contre
les habitans d'Aix- la Chapelle , en leur promet
tant l'abſolution générale de leurs péchés..
230 MERCURE DE FRANCE.
*
de la branche de Bours , fille de Hugués de Monte
morency , Chevalier Seigneur de Bours , & de
Marie d'Ognies.
La branche de Riencourt d'Orival devenue aî→
née , s'eft fubdivifée en deux autres branches formées
par Raoul de Riencourt, Seigneur d'Orival ,.
Bergicourt , &c. & par Thomas de Riencourt-
Seigneur de Tilloloy , Vaux , &c. tous deux enfans
de Matthieu de Riencourt , vivant en 1430 .
Raoul de Riencourt , Chevalier Seigneur d'Orival
, Bergicourt , du Qefnel & Linas , vivoit en
1476 avec Jeanne de Borgeau fon épouſe , fille de
Jacques de Borgeau Seigneur dudit lieu , dont
deux enfans ; le cadet a formé la branche de Parfondru
près Laon. François de Riencourt , Chevalier
Seigneur de Parfondru & Drouay , fils de
Pierre de Riencourt , Chevalier , Seigneur defdits
lieux , & d'Ifabelle de Sons , marié en 1639, à Ju--
dith-Anne de Joyeuse de la branche de Montgobert
, fille de Robert de Joyeuſe , Baron de Verpeil
& de Montgobert , & de Judith Hennequin ,., .
étoit de cette branche , qui fubfifte encore aujour
d'hui près de Rhetel en Champagne .
Antoine de Rien court , Chevalier , Seigneur
d'Orival dont on vient de parler , eut de fa femme
Marie de Saquefpée , Adrien , Seigneur d'Orival
, marié à Charlotte de la Motte , fille de Char--
les de la Motte , Chevalier , Seigneur de Ville &
Montigny , & de Jeanne d'Abbeville ; dont
François , Seigneur d'Orival , Bergicourt , Morvillier
, Graville , &c. Gentilhomme de la Chambre
du Duc d'Anjou , frere d'Henri III , qui de
Dianne de Maillor fa femme , fille de Nicolas-
Baron de Mailloc , & de Charlotte de Monchy, eut
François, Seigneur deſdits lieux , marié 1º . en 1642,
à Catherine de Sennemon , fille de Jean de SenneAVRIL.
1756. 232
mon , & de Gabriele de Tier celin ; 2 ° à Marie de
Moreuil , fille d'Artus de Moreuil , Chevalier de
l'Ordre du Roi , & de Charlotte de Halluyn. Du
fecond lit vinrent deux filles , l'une mariée dans la
maifon du Blaifel en Boulenois , l'autre , dans
celle de Venoix en Normandie , & Jean- Auguſtin
de Riencourt , Marquis d'Orival , marié le 4 Janvier
1683 à Marie-Anne Desfriches -Doria, fille de
Charles Desfriches , Baron de Braffeufe, & d'Annedes
Etangs ; dont un Chevalier de Malte mort ;
le Comte d'Orival , ancien Capitaine aux Gardes ,
& Charles- François de Riencourt , Marquis d'Orival
, ancien Colonel du Régiment de la Reine-
Dragons ; lequel de Marie d'Angennes fa femme,
fille de Charles- François d'Augennes , Chevalier
Seigneur de Maintenon , Commandant des Ifles
Saint Pierre & Guadeloupe en la Martinique , eut
Marie-Adelaïde de Riencourt, mariée le 2 Janvier
1742 , à Pierre- Cefar de Saint Georges , Marquis de
Verac , Lieutenant- Général de Poitou , qui n'ont
laiffé à leur mort qu'un fils unique appellé le
Marquis de Verac.
La branche de Tilloloy vient , comme nous l'a.
vons dit , de Thomas de Riencourt , Chevalier
Seigneur de Tilloloy , Vaux , Arleux , S. Severin ,
marié à N. Deamont ; dont Hugues marié en fe
condes nôces à N. de Jalaife, avec laquelle il vivoit
en 1550 ; dont Chriftophe de Riencourt marié le
11 Août 1561 , à Claude le Hochart , fille de Benoît
le Hochart , Seigneur de Lepinay, & de Guil
lemette de Bournel ; dont Nicolas de Riencourt
Chevalier , Seigneur de Tilloloy , Vaux , Arleux ,
Saint Severin , marié le 9 Avril 1589 , avec Anne
d'Ailly , de la branche d'Annery , fille de Claude
d'Ailly, Chevalier , Seigneur de Montgerout, Lau
Bay , Clerfon , Montcornel &c. Chevalier de
232 MERCURE DE FRANCE.
l'Ordre du Roi , un des cent Gentilshommes de
la Maifon de Sa Majefté , Gentilhomme d'honneur
de la Reine , Enfeigne de la Compagnie des.
Gendarmes de M. de Villebon d'Eftouteville , &
de Jeanne de Joigny -Blondet fa premiere femme ,
veuve de Martin de Bournonville , Chevalier Seigneur
de Châteauregnaud , Gouverneur de Montreuil
. Heut de ce mariage Dianne de Riencourt ,
mariée à Charles de la Rue , Chevalier ; Anne
mariée en 1614 à François de Saiffeval , Chevalier
, Seigneur de Blerancourt ; Claude de Riencourt
qui a formé la branche de Boisgeffroy en
Normandie , où elle fubfifte encore ; marié 1º . à
Renée de l'Epinay ; 2 °. à Marie de Conveloire ; &
François de Riencourt,Chevalier, Seigneur de Til
loloy , marié le 16 Juin 1618 , à Marguerite de la
Fontaine , fille de Louis de la Fontaine , Chevalier
, Seigneur de Candore , & d'Ifabcau de Lan ;
dont trois enfans.
Le dernier , Leonor- René de Riencourt , Chevalier
Seigneur d'Andechy , Commandant du
fecond bataillon du Régiment de Lyonnois, marié
le 11 Septembre 1674 , à Catherine de Vinet ; dont
le Comte d'Andechy qui donne lieu à cet article.
Le fecond, Henri de Riencourt , Chevalier, Seigneur
de Ligneres , marié le 21 Décembre 1659 ,
à Marguerite de Hanffart , fille de Claude de Hanffart,
Seigneur d'Efcoquerre, & de Charlotte de l'Etoile
;
dont Louis de Riencourt qui , d'Elifabeth
d'Urre fa femme , à eu 1º . Louis- Claude de Rien
court , Seigneur de Ligneres , vivant actuellement
avec Catherine Gaillard fa femme , dont un fils
Page de la Reine , & plufieurs autres enfans. 2º .
Charles-Henri de Riencourt , qui a laidé à fà mort
plufieurs enfans d'Elifabeth de Cacheleu de Maifoncelle,
fa femme ; 3 ° . Louis,Chanoine d'Amiens ;
AVRIL. 1756. 233
4. Une fille mariée à Charles de Létoile, Seigneur
de Preville , & une autre mariée à Simon de Lana
glois, Chevalier, Capitaine au Régiment de Cham
pagne , Directeur des Fortifications du Soiffonmois.
Le fils aîné de François de Riencourt, & de Marguerite
de la Fontaine, nommé Louis de Riencourt;
Chevalier , Seigneur de Tilloloy , Vaux , Arleux ,
&c. eut de Marguerite Forestier fa- femme , une
fille mariée le 7 Janvier 1667 , à François de Forceville
, Chevalier , Seigneur de Forceville , Fontaines
, & c. & Ferdinand-Laurent de Riencourt ,
Capitaine de Cavalerie , marié le 4 Décembre
1684 , à Marie-Anne de Gaude , fille de Jean de
Gaude , Chevalier, Seigneur de Martainneville , &
de Marguerite de Croze ; dont Charles- Pierre- Paul
marié à N. de Bonnet ; Leonor-René , ancien Capitaine
de Cavalerie , & plufieurs autres enfans :
l'aîné de tous eft Louis- François de Riencourt, ancien
Officier au Régiment de Royal Piémont Cavalerie
, marié à Marguerite de Ternifien veuve
de N. de Sarcus , Chevalier , Seigneur de Courcelies
, dont deux enfans dans le fervice & deux
filles.
Les Armes de la Maifon de Riencourt font
d'argent à trois faces de gueules fretées d'or.
Catherine - Dorothée , née Princeffe Jablonouska
, époufe de Maximilien -François de Tenezyn
Duc Offolinski , Chevalier des Ordres du Roi ,
Grand Maître de la Maifon du Roi de Pologne
Duc de Lorraine , eft décédée fans enfans le s Janvier
1756. Elle étoit fille de Jean Staniflas , Palatin
de Ruffie , frere de Madame Royale , mere da
Roi de Pologne , & de Jeanne- Cafimire de Be
thune , niece de la Reine de Pologne , femme de
Jean LIL
234
Les deux illuftres Maifons de Jablonouski &
d'Offolinsky , des premieres de Pologne , font
connues & également recommendables par l'ancienneté
, l'illuftration & les grandes alliances
-par lefquelles elles appartiennent ou font alliées à
prefque tous les Souverains de l'Europe.
AVERTISSEMENT.
On a imprimé dans quelques ouvrages modèrnes,
( 1 ) que le Comte de Rupelmonde tué à l'action
paffée près de Paffenhoven en Baviere , le 15
Avril 1745 , étoit le dernier rejetton de fa maiſon.
Ceux qui ont avancé cette anecdote généalogique
, paroiffent avoir ignoré que la Branche
ainée de cette maifon eft continuée en la perfonne
de Ferdinand -Gillon de Recourt-de- Lens-de-
Licques , des Comtes de Boulogne , Seigneur &
Marquis de Licques , & c. c'eft un fait dont on
peut fe convaincre par les éclairciffemens fuivans ,
que l'on a cru devoir donner au public pour le défabufer
des impreffions qu'une pareille erreur
pourroit lui laiffer.
•
Philippes de Recourt-de- Lens- de- Licques , des
Comtes de Boulogne , Chevalier , Baron de Licques
, & de Boninghe , Chaſtelain héréditaire de
Lens , &c. Gouverneur de Cambray & du Cambréfis,
d'Harlem, de Louvain , de Lille , de Tournay ,
de Douay & d'Orchies , fut commis par le Roy
d'Efpagne , le 12 May 1586 , pour régler avec les
Commiffaires du Roy Henry III , tous les différens
qui pouvoient naître fur l'interprétation & l'exécution
des articles de la treve , conclue à Cambray le
23 Décemb. 1585. Ce Seigneur qui s'acquit la réputation
d'un des grands Capitaines de fon fiècle ,
(1 ) Poëme de Fontenoy , & Hiftoire de la guerre
de 1741.
II. Vol. K
218 MERCURÉ DE FRANCE.
mourut à Bruxelles le Vendredi Saint 1588 , lorqu'il
alloit être nommé Chevalier de l'ordre de la
Toifon d'Or. Il avoit fait fon teftament le premier
jour de Mars 1587 , & avoit été marié du confentement
de l'Empereur & de fon Confeil , le 3 Juin
1554 , avec Jeanne de Witthem , d'une illuftre
Maifon de Brabant , fortie par bâtardiſe des anciens
fouverains de cette Province , & alliée aux maifons
les plus confidérables des pays-Bas . De ce mariage
fortirent Gabriel , Baron de Licques qui fuit , &
Philippes de Recours - de - Lens- de - Licques, des
Comte de Boulogne , Baron de Wiskerque , &c .
qui a fait la branche des Comtes de Rupel
monde.
Gabriel de Recourt- de- Lens-de- Licques des
Comtes de Boulogne , Chevalier , Baron de Licques
& de Boninghe , &c . gouverneur de Charlemont
, & Colonel d'un Régiment de dix Compagnies
de gens de pieds , mourut à la fleur de fon
age en 1589 , ayant eu de fon mariage , qu'il avoit
contracté le 8 Juillet 1581 , avec Helene de
Mérode , d'une maiſon auffi illustre par fon ancienneté
que par fes alliances & fes fervices , fille de
Jean de Mérode , Seigneur de Moriamez & de
Philippote de Montfort , Philippes Baron de Licques
qui fuit :
i
Philippe de Recourt - de-Lens- de- Licques des
Comtes de Boulogne , Chevalier Baron de-Licques
& de Boninghe , &c. Gouverneur de Bourbourg
, Grand Bailli des Bois du Comté de Hainaut
, & de la Forêt de Mormal , & Confeiller du
Confeil de Guerre du Roi d'Efpagne , mourut le
28 May 1657 , & époula en premiere nôces , en
1614 , Sufane de Langlée , d'une branche cadette
de l'illuftre Maifon de Wavrin , dont il n'eut que
des filles ; il fe remaria en fecondes nôces , le 13
Juin 1630 à Louiſe de Cruninghe , Baronne de
AVRIL. 1736. 219
Cruninghe , & Vicomteffe de Zélande , héritiere
de fa maiſon , une des plus grandes des Pays-Bas ;
& cette alliance le fit tenir à toutes les têtes couronnées
de l'Europe . Elle étoit fille & héritiere de
Maximilien , Baron de Cruninghe , Vicomte de
Zélande , &c. & d'Eve Baronne de Kniphaufen-
Inhaufen , & petite-fille de Jean Baron de Cruninghe
, Vicomte de Zélande , &c ; & de Jacqueline'
de Bourgogne , fille d'Adolphe de Bourgogne , Seigneur
de Bevres & de la Vere, Amiral de Flandres,
& Chevalier de la Toifon d'Or ; & d'Anne de
Berghes-glimes; & petite- fille de Philippes de Bourgogne
, Seigneur de Bevres & de la Vere , Amiral
de Flandre , Gouverneur d'Artois , & Chevalier de
la Toiſon d'Or ; & d'Anne de Borfelle , fille de
Wolfard de Borfelle , Seigneur de la Verre, Comte
de Grandpré , Maréchal de France Chevalier de la
Toifon d'Or , &c ; & de charlotte de Bourbon ,
fille de Louis de Bourbon , Comte de Montpenfier
, Dauphin d'Auvergne , &c ; & de Gabriele de
la Tour ; de ce deuxieme mariage vint Philippes-
Charles-Bartholomé , Marquis de Licques qui fuit ;
& c'eft à caufe de cette alliance que MM. de
Licques portent en écartelure dans le grand cachet
de leurs armes , celles de l'augufte Maiſon de
Bourbon.
Philippes-Charles- Bartholomé de Recourt-de-
Lens-de- Licques , des Comtes de Boulogne , Che
valier Marquis de Licques , Baron de Boninghe &
de Cruninghe , Vicomte de Zélande , & c. Grand
Bailli des bois du Comté de Hainaut , Capitaine
d'une Compagnie franche, puis de cent chevaux de
Cuiraffiers , & gentilhomme de la chambre du
Prince de Baviere , électeur de Cologne , époufa
le 23 Janvier 1659 , Marguerite-Caroline - Gertrude
de Berlo , Chanoinefle de Mouftier , d'une
2.
Kij
220 MERCURE DE FRANCE.
illuftre Maiſon du pays de Liege , & fille de Paul ;
Baron de Berlo & de Bruff; & de Marie de L
Fontaine ; & eut de cette alliance un fils unique
nommé Ferdinand-Roch-Jean , Marquis de Lic
ques qui fuit ;
Ferdinand - Roch - Jean de Recourt- de- Lensde-
Licques des Comtes de Boulogne , Cheva
lier , Marquis de Licques, Baron de Boninghe ,
Vicomte de Zélande , &c . époufa le 23 Janvier
1700 , Anne-Michel- Alexandrine le Sart , mere.
d'un fils unique , nommé Ferdinand-Gillon , Marquis
de Licques qui fuit:
Ferdinand- Gillon de Recourt-de-Lens- de-Lic
ques des Comtes de Boulogne , Chevalier , Seigneur
& Marquis de Licques , Vicomte de Zélande
, Baron de Boninghe , &c . dernier hoir mâle
de fa maifon depuis la mort du Comte de Rupelmonde
, a épousé en 1730 Elifabeth de Lefpinayde
Marteville d'une ancienne maifon de Picardie ,
fille de Jacques , Marquis de Marteville , Maré
chal des Camps & Armées du Roi , & de Françoife
Abancourt. De ce mariage il n'a que trois filles ;
fçavoir :
?
1º. Catherine- Elifabeth-Henriette de Recourt
de-Lens-de-Licques des Comtes de Boulogne ,
mariée , en 1748 , à Louis - Eugene-Marie de
Beauffort, Comte de Beauffort , & de Moulle , & c.
d'une des plus anciennes & des plus illuftrés Mai
fons de la province d'Artois , fils de feu Chriftophe
- Louis de Beauffort , Comte de Beauffort , & cs
& de Marie-Anne-Françoife - Jofephe de Croix ;
2°. Louife- Aimée dite Mademoiſelle de
Lens ;,
>
3°. Marie-Gabriele-Victoire- Nymphe , dite
Mademoiſelle de Licques.
Philippe de Recourt- de- Lens- de - Licques des
AVRIL 1756. 22X
Comtes de Boulogne , Seigneur & Baron de Wifkerque
, & c. frere cadet de Gabriel Baron de Lic
ques , cité ci-deffus , & comme lui fils de Philippes,
Baron de Licques , & de Jeanne de Witthem ,
fut Colonel d'Infanterie Wallone , & Grand Bailli
du pays de Waes. Il épousa le 11 Juin 1590 ,
Marguerite de Steelan , d'une très -ancienne maifon
de Flandres , & tefta le 14 Juin 1630 ; de ce
mariage vint Servat Baron de Wiskerque qui
fuit :
Servat de Recourt - de - Lens- de - Licques des
Comte de Boulogne , Baron de Wiskerque, Grand
Bailli du pays de Wau , &c. époufa le 20 Septembre
1624 , Marguerite de Robles d'une illuftre mai .
fon originaire d'Efpagne, fille de Jean de Robles ,
Comte d'Annapes , Gouverneur de Lille , Douay
& Orchies & c. & de Marie de Liedekerque. De ce
mariage vint Philippes , Baron de Wiskerque &
Comte de Rupelmonde qui fuit :
Philippes de Recourt- de- Lens- de- Licques des
Comtes de Boulogne , Baron de Wiskerque , Seigneur
& Comte de Rupelmonde , &c . époufa le 3
Juillet 1655 , Marguerite de Baerlandt , d'une
ancienne maison des Pays-Bas ; il mourat fore
jeune, & laila pour fils unique Philippes Comte de
Rupelmonde , qui fuit :
Philippes de Recourt- de- Lens- de - Licques des
Comtes de Boulogne , Comte de Rupelmonde ,
Baron de Wiskerque &c. époufa le 21 Avril 1677 ,
Marie- Anne -Euſebe Truchfes , née Comteffe de
Wolfegg , d'une grande maifon d'Allemagne , &
fille de Guillaume , Truchfes Comte de Wolfegg ,
Gouverneur d'Amberg en Baviere , & d'Iſabelle-
Claire de Ligne- d'Aremberg & d'Arfchoft ; il
eut de ce mariage Maximilien- Philippes- Jofeph
Comte de Rupelmonde qui fuit :
K iij
222 MERCURE DE FRANCE.
Maximilien-Philippes-Jofeph de Recourt- de
Lens-de-Licques des Comtes de Boulogne , Comté
de Rupelmonde , Baron de Wiskerque , &c. Maréchal
des Camps & Armées du Roi d'Eſpagne ,
fut tué au Siege de Brihuega en Eſpagne le i 1 Décemb.
1710 , & avoit épousé le 24 Janvier 1705,
Marie-Marguerite d'Alegre, Dame du Palais de la
Reine , d'une illuftre maifon d'Auvergne , fille
d'Yves , Marquis d'Alegre , Maréchal de France &
Chevalier des ordres du Roi : il en eut pour fils
unique Yves - Marie Comte de Rupelmonde qui
fuit :
24
Yves-Marie de Recourt -de - Lens - de- Licques des
Comtes de Boulogne , Comte de Rupelmonde ,
Baron de Wiskerque , & c. Maréchal des camps &
armées du Roi , fut tué à la fleur de fon âge à l'acsion
paffée près de Paffenhoven en Baviere , le 1
Avril 1745. De fon mariage , dont le contrat fut
paffé en 1731 avec Marie- Chrétienne - Christine
de Gramont, dame du Palais de la Reine & fille de
Louis, Duc de Gramont , Pair de France, Chevalier
des ordres du Roi , Lieutenant général de fes Armées
, & Colonel du Régiment des gardes , & de-
Géneviève de Gontault de Biron , naquit le
Avril 1740 , un fils nommé Louis , mort peur de
temps avant fon Pere , en la perfonne de quis'éteignit
la feule branche cadette de la maifon de
Recourt- de-Lens- de- Licques , dont la branche
aînée feule fubfifte aujourd'hui dans la perfonne
du Marquis de Licques & de fes trois filles . Voyez
pour cette maifon qui par fon ancienneté,fes fervices
& fes alliances va de pair avec les plus grandes
du Royaume , l'Hiftoire des grands Officiers de la
Couronne , VII . vol . page 827 , où la Généalogie
eft rapportée ( affez imparfaitement ) à l'article des
Amiraux de France , à l'occafion de Charles de Re
AVRIL. 1756. 223
court-de Lens , & c. fait Amiral de France en 1418 .
Voyez auffi les tablettes Hiftoriques , Généalogiques
& Chronologiques , volume V. l'Armorial
Général de France de M. d'Hozier , premier Regiftre
, où il en eft parlé à l'occaſion de Ferdinand-
Roch -Jean , & de Ferdinand Gillon , Marquis
de Licques , fon fils , reçus Pages du Roi
dans fa grande écurie , l'un le 5 Août 1684 , &
l'autre le 21 Septembre 1722 , & ce que nous
avons dit de cette maifon dans les Mercures de:
France des mois de Juin 1731 , & 1745 , premier
volume , & c.
Jacques-François , Vicomte de CAMBIS , Colonel
du Régiment d'Infanterie de fon nom , fut marié le
18 Novemb. 1755. dans la Chapelle du Château de
Bellevue , avec Louife-Françoife- Gabriele de HENNIN
- LIETARD - DE - CHIMAY , fille d'Alexandre-
Gabriel de Hennin- Lietard , Prince de Chimay
Lieutenant Général des Armées du Roi , Lieutenant
-Feldt-Maréchal des Armées de l'Empereur ,
Grand d'Espagne de la premiere claffe , &c . mort:
le 18 Février 1745 , & de Gabriele- Françoife de
Beauvau , aujourd'hui Princeffe Douairiere de
Chimay. Le Curé de Meudon leur donna la Bénédiction
nuptiale . Leur Contrat de mariage avoit
été figné le 16 du même mois de Novembre , par
Leurs Majeftés & par la Famille Royale.
La Maifon de Cambis , originaire de Florence ,
a produit plufieurs grands hommes , entr'autres
Ludovifio Cambi , vivant en 1245 , lequel rendit
de grands fervices aux Papes Grégoire IX & Innocent
IV. Dante Cambi , Prieur de la Liberté de
Florence , qui vivoit en 1290 & 1300. Nero Cambi
, Gonfanonier de la République en 1421. Victor
Cambi , un des plus fameux partifans de la
faction Guelfe en 1450. François Cambi , qui
K.iiij.
224 MERCURE DE FRANCE.
époufa en 1492 Fiamette Corfini , &c. D'eux def
cendoit Luc Cambi , auquel cette Maiſon doit
fon établiſſement en France. Il quitta Florence
avec Marie de Pazzis , fon époufe , & Guy de
Cambi , fon frere , qui mourut fans enfans , pour
venir à Avignon , où il pofféda de grandes richeffes.
Il y fit fon Teftament le 13 Juin 1502 , &
laiffa douze enfans , fept garçons , dont trois ont
eu postérité , & cinq filles . Son fils aîné , Dominique
de Cambis , fut Baron d'Alais , Seigneur de
Saint-Paul , Saint-Martin - Malcap , &c. & tefta le
16 Janvier 1520. Il laiffa de fa femme Marguerite
Damians , entr'autres enfans Louis de Cambis
, Baron d'Alais , de Fons & de Sérignac , Seigneur
de Souftelles , &c. qui fut allié avec Marguerite
de Pluviers. De ce mariage vinrent entr'autres
, François de Cambis , Baron d'Alais , qui fuit ::
Jean de Cambis , Gentilhomme ordinaire du Prince
de Condé , Gouverneur de la Vignerie d'Alais ,
& Lieutenant de Roi au Gouvernement de Languedoc
, dont la poftérité fubfifte dans l'Orléa-.
nois , & Théodore de Cambis , Baron de Fons &
de Sérignac , qui forma une branche qui exifte
aujourd'hui en Languedoc.
François de Cambis , Baron d'Alais , fils aîné de-
Louis , fut Chevalier de l'Ordre du Roi , & époufa
Magdeleine de Villeneuve , fille de Claude , Marquis
de Trans , & d'Ifabelle de Feltres , de laquelle
il eut Georges de Cambis , Baron d'Alais , marié
à Itabelle de Thezan , fille d'Olivier , Vicomte du
Pujols & de Caffandre de Cenamy. De cette allian-.
ce fortirent quatre garçons , l'aîné defquels nommé
Jacques , époufa Catherine d'André , qui le
rendit pere de Jacques de Cambis , mort en 1653
fans poftérité . Sa foeur Ifabelle de Cambis , avoit
époufé Jacques de Berard , Seigneur de Montaler ,
AVRIL. 1756. 225
qui à caufe d'elle devint Baron d'Alais , Seigneur
de Souftelles , & c . Sa feconde foeur Ifabelle de
Cambis , époufa en 1655 Jean - François de la
Fare , Baron de la Salle , Meftre de Camp de
Cavalerie.
Nicolas de Cambis , cinquieme fils de Luc &
de Marie de Pazzis , fut auteur de la branche des
Seigneurs d'Auvaro en Provence , éteinte vers le
milieu du 16 fiecle .
Pierre de Cambis , fixieme fils de Luc , fut fait
Conful d'Avignon , du rang des Nobles de la
premiere claffe en 1547. Il avoit époufé dès le
28 Octobre 1525 , Françoiſe de Perruzzis , Dame
d'Orfan , au Diocèfe d'Uzès. Elle fut mere entr'autres
de Jéan de Cambis , Seigneur d'Orfan , Chevalier
de l'Ordre du Roi & de celui du Pape ,
premier Conful & Viguier de la Ville d'Avignon ,
au nom de laquelle il fut Ambaffadeur près du
Roi Henri III , qui le fit Chevalier de fa propre
main , & près du Pape . Il épouſa le 16 Avril 15552
Françoile de Clericis , qui le rendit pere de trois
garçons qui ont laiffé poftérité. Celle de Richard ,
qui étoit l'aîné , finit vers la fin du dernier fiecle.
Le ſecond nommé Louis , fit la branche des Seigneurs
d'Orfan dont on va parler ; & le troisieme ,
qui s'appelloit Antoine , fut auteur de celle des
Seigneurs d'Hortes , éteinte depuis environ cent
ans.
>
Louis de Cambis , fecond fils de Jean & de
Françoife de Clericis , fut Seigneur d'Orfan , &c.
premier Conful & Viguier d'Avignon , Capitaine
d'une Compagnie de Chevaux- Légers , & Chevalier
de l'Ordre du Roi. Il époufa par contrat du
16 Mai 1583 , Georgette de la Falêche , fille
d'Antoine , Chevalier de l'Ordre du Roi , & de
Françoife de Riccis. Il eut de ce mariage , 1º
Kv
226 MERCURE DE FRANCE.
f
t
Jean de Cambis , qui continua la ligne directe ;
2º. Paul de Cambis , auteur de la branche des
Marquis de Velleron , qui feront rapportés enfuite
; 3 ° . Octave de Cambis , Camerier du Pape
Urbain VIII.
I
Jean de Cambis , Seigneur d'Orfan , &c. fils
aîné de Louis & de Georgette de la Falêche , fut
allié par Contrat du 1 Mai 1616 , à Marguerite.
de Simiane , Dame de Cairane , qui le rendit pere
> entr'autres de Louis de Cambis , Seigneur d'Orfan
, &c. marié par Contrat du 13 Avril 1638 ,
avec Magdeleine de Baumefort. De cette alliance
vint entr'autres Charles de Cambis , Seigneur
d'Orfan & de Lagnes , qui époufa par Contrat du
30 Août 1674 , Marie- Anne Pilchotte de la Pape
dont vint Jacques de Cambis , Seigneur d'Orfan
&c. allié en 1690 , à Magdeleine de Guilhens de
Puy-Laval , qui fut mere de Louis - Charles de
: Cambis , Seigneur d'Orfan & de Lagnes , marié
en 1723 ´à Anne - Elifabeth de Pierne , fille de
Marc- Antoine , Seigneur d'Arenes & de Sufanne .
de Bafchi du Cayla. De ce mariage eft né le
7 Mars 1727 , Jacques- François de Cambis qui
donne lieu à cet article .
Paul de Cambis , fecond fils de Louis & de
Georgette de la Falêche , fut Baron de Brantes ,
Seigneur de Cairane , & Co- Seigneur de Velleron ,
Chevalier de l'Ordre du Roi , Capitaine- Lieutenant
du Régiment de Normandie , & Syndic de
la Nobleffe du Comté- Venaiffin , & en cette qualité
député au Roi Louis XIII . Il fut marié le 21
Février 1621 , à Gabriele de Rodulf, fille de Louis,
Seigneur de Limans , &c. & de Marthe de Grimoard
du Roure. De cette alliance vint François
de Cambis , Baron de Brantes , créé Marquis de
Velleron , par Bulle du Pape Clément IX. Il époufaAVRIL.
1756. 227
en 1653 Jeanne de Forbin , foeur du Cardinal de
Janfon, de laquelle il eut entr'autres Jofeph de
Cambis , & Louis-Dominique de Cambis qui ont :
laiffé postérité.
eft Jofeph de Cambis , Marquis de Velleron ,
mort le 6 Janvier 1736 , chef d'Efcadre des Galeres
du Roi , & Commandeur de l'Ordre Royal &
Militaire de S. Louis. H avoit épousé Angélique
de Cambis de Fargues , de laquelle il a laiffé
1º. Jofeph-Louis-Dominique de Cambis , Marquis
de Velleron , dit le Comte de Cambis , né en
Novembre 1706 , Colonel de l'Infanterie du
Comté- Vénaiffin , marié le 13 Avril 1741 , avec :
Anne- Louiſe de la Queille de Châteaugué , dont
eft née Marie Jofephine - Louife Sophie de
Cambis ;
-
2º. Angélique-Touffaint de Cambis , allié le
16 Mars 1716, à Louis - Joſeph Gras, Seigneur de
Préville ;
3°. Jeanne de Cambis , mariée le 16 Avril 1719 ,.
à Antoine Hoftager , Seigneur de Roquetaillade.
Louis- Dominique , Comte de Cambis , Lieutenant
général des Armées de Sa Majeſté , ſecond
fils de François & de Jeanne de Forbin , eft mort
à Londres , où il étoit Ambaffadeur du Roi , le
12 Février 1740 , laiffant de fa femme Catherine
Nicole Gruin , morte en 1754 ;
1º. Louis-Jofeph-Nicolas , Marquis de Cambis
, né le 1 Mars 1725 , Brigadier de Cavalerie en
Décembre 1748 , Meftre de Camp du Régiment :
de Bourbon, & Gouverneur de Sifteron...
2 % Anne-Victoire de Cambis , née à Turin ou
fon pere étoit Ambaffadeur , le 1 Juin 1726 , mariée
en Avril 1746 au Marquis d'Herbouville ,
Capitaine de Gendarmerie.
CAMBIS porte pour Armes d'azur au chêne d'or ,
22S MERCURE DE FRANCE.
mouvant d'une montagne à fix copeaux de même ,
foutenus par deux lions auffi d'or.
Le 2 Novembre 1755 ,mourut en fon Château
d'Andechy en Picardie , François- Simon de Riencourt
, Comte d'Andechy, marié le 2 Mai 1695 , à
Jeanne- Jule de Guerin de Tarnaut , fille de Robert
de Guerin de Tarnaut ,. & de Jeanne Huaut
de Montmagny , dont il eut Jeanne- Jule Dame
de S. Cyr ; Anne- Françoife , mariée les Mai
1728 , à Pierre de Guerin de Tarnaut , fon oncle
maternel , ancien Colonel d'un Régiment d'Infanterie
de fon nom & René-Léonor , Chevalier
Comte d'Andechy,marié le 23 Juin 1719 , à Jeanne
de Forceville , fille de Charles , Chevalier Seigneur
de Forceville , & d'Antoinette du Mouchet
de Vauffelles ; dont Barbe Simon Comte de Riencourt
, Capitaine de Cavalerie au Régiment d'Archyac
; Pierre de Riencourt, Prêtre ; Louis-François
, d'abord Page de Madame la Dauphine , puis
Lieutenant au Régiment d'Archyac , & trois filles
à S. Cyr
La Maifon de Riencourt alliée à celles . de
Mailloc , Montmorency , Amiens , Bournel , Ailly ,
Lamet , Rellencourt , Desfriches- Doria , Forceville
, la Fontaine , Guerin de Tarnaut , d'Angennes,
Fiercelin, Mareuil , Saiffeval , Saint Georges-
Verac , Joyeuse , &c..eft une des plus anciennes
de Picardie , où elle eft connue dès le commencement
du treizieme fiecle , comme on le
voit par les Cartulaires de différentes Abbayes.
En 1206 Thomas de Riencourt qualifié Chevalier ,
foufcrit à la donation de plufieurs biens que fait.
Enguerran de Pequigny Vidame d'Amiens , à l'Eglife
de Sainte Marie de Moliens . En 1223 Jean
de Riencourt fon fils tranfige avec les Religieux
de l'Abbaye du Gard, en préfence du Vidame d'A-
&
AVRIL. 1756. 229
"
miens , & leur laiffe quelques droits qu'il tenoit
d'Amelius de Bouelles fon ayeul , touchant les
marais de Croy. Hugues de Riencourt , fon fils ,
dans le dénombrement des terres de Riencourt &
Saint Leger , qu'il donne en 1259 , à Jean , Baron
de Pequigny, Vidame d'Amiens , prend les qualités
de Haut Puiffant Seigneur Meffire Hugues ,
Seigneur de Riencourt , Franqueville , Saint Leger,
Drueulfous Moliens le Vidame, Orival, Bergicourt ,
Tilloloy Vaux; ainfi il y a 500 ans que ces quatre
dernieres terres font dans la maifon de- Riencourt.
On trouve à la Chambre des Comptes de Paris
un Bref daté de Lyon , du Pape Innocent IV, à
P'Evêque d'Amiens , par lequel il accorde à Jeande
Ricncourt & à Hugues fon fils , dont on vient
de parler , les mêmes Indulgences que s'ils s'étoient
croifés pour la Terre Sainte , parce qu'ils
étoient difpofés à aller au fecours de l'Eglife Uni-
-verfelle contre les habitans d'Aix - la - Chapelle
{ contra Aquenſes } *;
" La Maifon s'eſt d'abord diviſée en deux bran→
ches formées par les deux enfans d'Enguerran ,
Seigneur de Riencourt , décedé en 1380. La branche
aînée eft tombée avec la Terre de ce nom
dans la maifon d'AUDENFORT , d'ou en celle de
TIERCELIN , par le mariage de Marguerite de Riencourt
, fille de Hugues, Seigneur de Riencourt , &
de Marie de Lamet , & petite- fille de Jean , Seigneur
de Riencourt , & de Márie de Montmorency,
* Comme le Pape étoit alors obligé de se fauver
de Rome a caufe de la guerre que lui faifoit l'Empereur
Frédéric II , qu'il avoit excommunié , le
Pape les engagea à lui prêter fecours , & à aller contre
les habitans d'Aix- la Chapelle , en leur promet
tant l'abſolution générale de leurs péchés..
230 MERCURE DE FRANCE.
*
de la branche de Bours , fille de Hugués de Monte
morency , Chevalier Seigneur de Bours , & de
Marie d'Ognies.
La branche de Riencourt d'Orival devenue aî→
née , s'eft fubdivifée en deux autres branches formées
par Raoul de Riencourt, Seigneur d'Orival ,.
Bergicourt , &c. & par Thomas de Riencourt-
Seigneur de Tilloloy , Vaux , &c. tous deux enfans
de Matthieu de Riencourt , vivant en 1430 .
Raoul de Riencourt , Chevalier Seigneur d'Orival
, Bergicourt , du Qefnel & Linas , vivoit en
1476 avec Jeanne de Borgeau fon épouſe , fille de
Jacques de Borgeau Seigneur dudit lieu , dont
deux enfans ; le cadet a formé la branche de Parfondru
près Laon. François de Riencourt , Chevalier
Seigneur de Parfondru & Drouay , fils de
Pierre de Riencourt , Chevalier , Seigneur defdits
lieux , & d'Ifabelle de Sons , marié en 1639, à Ju--
dith-Anne de Joyeuse de la branche de Montgobert
, fille de Robert de Joyeuſe , Baron de Verpeil
& de Montgobert , & de Judith Hennequin ,., .
étoit de cette branche , qui fubfifte encore aujour
d'hui près de Rhetel en Champagne .
Antoine de Rien court , Chevalier , Seigneur
d'Orival dont on vient de parler , eut de fa femme
Marie de Saquefpée , Adrien , Seigneur d'Orival
, marié à Charlotte de la Motte , fille de Char--
les de la Motte , Chevalier , Seigneur de Ville &
Montigny , & de Jeanne d'Abbeville ; dont
François , Seigneur d'Orival , Bergicourt , Morvillier
, Graville , &c. Gentilhomme de la Chambre
du Duc d'Anjou , frere d'Henri III , qui de
Dianne de Maillor fa femme , fille de Nicolas-
Baron de Mailloc , & de Charlotte de Monchy, eut
François, Seigneur deſdits lieux , marié 1º . en 1642,
à Catherine de Sennemon , fille de Jean de SenneAVRIL.
1756. 232
mon , & de Gabriele de Tier celin ; 2 ° à Marie de
Moreuil , fille d'Artus de Moreuil , Chevalier de
l'Ordre du Roi , & de Charlotte de Halluyn. Du
fecond lit vinrent deux filles , l'une mariée dans la
maifon du Blaifel en Boulenois , l'autre , dans
celle de Venoix en Normandie , & Jean- Auguſtin
de Riencourt , Marquis d'Orival , marié le 4 Janvier
1683 à Marie-Anne Desfriches -Doria, fille de
Charles Desfriches , Baron de Braffeufe, & d'Annedes
Etangs ; dont un Chevalier de Malte mort ;
le Comte d'Orival , ancien Capitaine aux Gardes ,
& Charles- François de Riencourt , Marquis d'Orival
, ancien Colonel du Régiment de la Reine-
Dragons ; lequel de Marie d'Angennes fa femme,
fille de Charles- François d'Augennes , Chevalier
Seigneur de Maintenon , Commandant des Ifles
Saint Pierre & Guadeloupe en la Martinique , eut
Marie-Adelaïde de Riencourt, mariée le 2 Janvier
1742 , à Pierre- Cefar de Saint Georges , Marquis de
Verac , Lieutenant- Général de Poitou , qui n'ont
laiffé à leur mort qu'un fils unique appellé le
Marquis de Verac.
La branche de Tilloloy vient , comme nous l'a.
vons dit , de Thomas de Riencourt , Chevalier
Seigneur de Tilloloy , Vaux , Arleux , S. Severin ,
marié à N. Deamont ; dont Hugues marié en fe
condes nôces à N. de Jalaife, avec laquelle il vivoit
en 1550 ; dont Chriftophe de Riencourt marié le
11 Août 1561 , à Claude le Hochart , fille de Benoît
le Hochart , Seigneur de Lepinay, & de Guil
lemette de Bournel ; dont Nicolas de Riencourt
Chevalier , Seigneur de Tilloloy , Vaux , Arleux ,
Saint Severin , marié le 9 Avril 1589 , avec Anne
d'Ailly , de la branche d'Annery , fille de Claude
d'Ailly, Chevalier , Seigneur de Montgerout, Lau
Bay , Clerfon , Montcornel &c. Chevalier de
232 MERCURE DE FRANCE.
l'Ordre du Roi , un des cent Gentilshommes de
la Maifon de Sa Majefté , Gentilhomme d'honneur
de la Reine , Enfeigne de la Compagnie des.
Gendarmes de M. de Villebon d'Eftouteville , &
de Jeanne de Joigny -Blondet fa premiere femme ,
veuve de Martin de Bournonville , Chevalier Seigneur
de Châteauregnaud , Gouverneur de Montreuil
. Heut de ce mariage Dianne de Riencourt ,
mariée à Charles de la Rue , Chevalier ; Anne
mariée en 1614 à François de Saiffeval , Chevalier
, Seigneur de Blerancourt ; Claude de Riencourt
qui a formé la branche de Boisgeffroy en
Normandie , où elle fubfifte encore ; marié 1º . à
Renée de l'Epinay ; 2 °. à Marie de Conveloire ; &
François de Riencourt,Chevalier, Seigneur de Til
loloy , marié le 16 Juin 1618 , à Marguerite de la
Fontaine , fille de Louis de la Fontaine , Chevalier
, Seigneur de Candore , & d'Ifabcau de Lan ;
dont trois enfans.
Le dernier , Leonor- René de Riencourt , Chevalier
Seigneur d'Andechy , Commandant du
fecond bataillon du Régiment de Lyonnois, marié
le 11 Septembre 1674 , à Catherine de Vinet ; dont
le Comte d'Andechy qui donne lieu à cet article.
Le fecond, Henri de Riencourt , Chevalier, Seigneur
de Ligneres , marié le 21 Décembre 1659 ,
à Marguerite de Hanffart , fille de Claude de Hanffart,
Seigneur d'Efcoquerre, & de Charlotte de l'Etoile
;
dont Louis de Riencourt qui , d'Elifabeth
d'Urre fa femme , à eu 1º . Louis- Claude de Rien
court , Seigneur de Ligneres , vivant actuellement
avec Catherine Gaillard fa femme , dont un fils
Page de la Reine , & plufieurs autres enfans. 2º .
Charles-Henri de Riencourt , qui a laidé à fà mort
plufieurs enfans d'Elifabeth de Cacheleu de Maifoncelle,
fa femme ; 3 ° . Louis,Chanoine d'Amiens ;
AVRIL. 1756. 233
4. Une fille mariée à Charles de Létoile, Seigneur
de Preville , & une autre mariée à Simon de Lana
glois, Chevalier, Capitaine au Régiment de Cham
pagne , Directeur des Fortifications du Soiffonmois.
Le fils aîné de François de Riencourt, & de Marguerite
de la Fontaine, nommé Louis de Riencourt;
Chevalier , Seigneur de Tilloloy , Vaux , Arleux ,
&c. eut de Marguerite Forestier fa- femme , une
fille mariée le 7 Janvier 1667 , à François de Forceville
, Chevalier , Seigneur de Forceville , Fontaines
, & c. & Ferdinand-Laurent de Riencourt ,
Capitaine de Cavalerie , marié le 4 Décembre
1684 , à Marie-Anne de Gaude , fille de Jean de
Gaude , Chevalier, Seigneur de Martainneville , &
de Marguerite de Croze ; dont Charles- Pierre- Paul
marié à N. de Bonnet ; Leonor-René , ancien Capitaine
de Cavalerie , & plufieurs autres enfans :
l'aîné de tous eft Louis- François de Riencourt, ancien
Officier au Régiment de Royal Piémont Cavalerie
, marié à Marguerite de Ternifien veuve
de N. de Sarcus , Chevalier , Seigneur de Courcelies
, dont deux enfans dans le fervice & deux
filles.
Les Armes de la Maifon de Riencourt font
d'argent à trois faces de gueules fretées d'or.
Catherine - Dorothée , née Princeffe Jablonouska
, époufe de Maximilien -François de Tenezyn
Duc Offolinski , Chevalier des Ordres du Roi ,
Grand Maître de la Maifon du Roi de Pologne
Duc de Lorraine , eft décédée fans enfans le s Janvier
1756. Elle étoit fille de Jean Staniflas , Palatin
de Ruffie , frere de Madame Royale , mere da
Roi de Pologne , & de Jeanne- Cafimire de Be
thune , niece de la Reine de Pologne , femme de
Jean LIL
234
Les deux illuftres Maifons de Jablonouski &
d'Offolinsky , des premieres de Pologne , font
connues & également recommendables par l'ancienneté
, l'illuftration & les grandes alliances
-par lefquelles elles appartiennent ou font alliées à
prefque tous les Souverains de l'Europe.
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Résumé : MARIAGES ET MORTS. AVERTISSEMENT.
Le texte traite des mariages et des décès au sein de la famille Recourt-de-Lens-de-Licques, des Comtes de Boulogne. Il corrige une erreur selon laquelle le Comte de Rupelmonde, tué en 1745, était le dernier descendant de sa maison. En réalité, la branche aînée continue avec Ferdinand-Gillon de Recourt-de-Lens-de-Licques. Le texte détaille les mariages et les décès de plusieurs membres de cette famille. Philippes de Recourt-de-Lens-de-Licques, gouverneur de plusieurs villes, a joué un rôle dans la régulation des différends entre le Roi d'Espagne et le Roi Henry III en 1586. Il est mort à Bruxelles en 1588. Son fils Gabriel est décédé en 1589, laissant un fils, Philippes, qui a continué la branche des Comtes de Rupelmonde. Philippe de Recourt-de-Lens-de-Licques, gouverneur de Bourbourg, a épousé Suzanne de Langlée en 1614 et Louise de Cruninghe en 1630. De ce second mariage est né Philippes-Charles-Bartholomé, Marquis de Licques. Ferdinand-Roch-Jean, fils de Philippes-Charles-Bartholomé, a épousé Anne-Michel-Alexandrine le Sart en 1700. Leur fils Ferdinand-Gillon a épousé Élisabeth de Lefpinay de Marteville en 1730, mais ils ont eu trois filles, Catherine-Élisabeth-Henriette, Louise-Aimée et Marie-Gabriele-Victoire-Nymphe. Le texte mentionne également Philippe de Recourt-de-Lens-de-Licques, Colonel d'Infanterie Wallone, et ses descendants, dont Maximilien-Philippe-Joseph, tué en 1710, et Yves-Marie, tué en 1745. Yves-Marie a laissé un fils, Louis, mort peu après son père, marquant la fin de la branche cadette de la famille. Enfin, le texte mentionne le mariage de Jacques-François, Vicomte de Cambis, avec Louise-Françoise-Gabriele de Hennin-Lietard de Chimay en 1755, et l'histoire de la maison de Cambis, originaire de Florence, avec plusieurs figures notables. Le texte présente également la généalogie et les alliances de la famille Riencourt. Louis de Riencourt, marié à Élisabeth d'Urre, a eu plusieurs enfants, dont Louis-Claude, Seigneur de Ligneres, marié à Catherine Gaillard, et Charles-Henri, qui a eu plusieurs enfants avec Élisabeth de Cacheleu de Maifoncelle. Louis de Riencourt a également eu un fils chanoine à Amiens, une fille mariée à Charles de Létoile, Seigneur de Preville, et une autre mariée à Simon de Langlois, Chevalier et Capitaine au Régiment de Champagne. Le fils aîné de François de Riencourt et Marguerite de la Fontaine, nommé Louis de Riencourt, Chevalier et Seigneur de Tilloloy, Vaux, et Arleux, a eu une fille mariée en 1667 à François de Forceville et Ferdinand-Laurent de Riencourt, Capitaine de Cavalerie, marié en 1684 à Marie-Anne de Gaude. Ferdinand-Laurent a eu plusieurs enfants, dont Charles-Pierre-Paul, marié à N. de Bonnet, et Léonor-René, ancien Capitaine de Cavalerie. Louis-François de Riencourt, ancien Officier au Régiment de Royal Piémont Cavalerie, marié à Marguerite de Ternisien, veuve de N. de Sarcus, a eu deux fils dans le service et deux filles. Les armes de la maison Riencourt sont d'argent à trois faces de gueules fretées d'or.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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