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Détail
Liste
1
p. 1347-1348
« Les Comédiens François donnerent le Mardi 12. de ce mois, la seiziéme [...] »
Début :
Les Comédiens François donnerent le Mardi 12. de ce mois, la seiziéme [...]
Mots clefs :
Comédiens-Français, Troupe des comédiens italiens, Académie royale de musique
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texteReconnaissance textuelle : « Les Comédiens François donnerent le Mardi 12. de ce mois, la seiziéme [...] »
L >
Es Comédiens François donnerent
le Mardi 12. de ce mois , la seizième
Représentation de l'Italie Galante ou les
Contes , que le Public goûte tous les
jours de plus en plus. Ils la reprendront
au retour de Fontainebleau , où une par
tie de la Troupe a été mandée , ainsi que
la Troupe des Comédiens Italiens.
Le Samedi 16 , on donna sur le Thea
I. Vol.
G tre
1548 MERCURE
DE FRANCE
tre François , la premiere Représentation
Comedie
nouvelle
du Faux Sincere >
en Vers , en cinq Actes
en cinq Actes , de feu M.
Dufresni , qui fut fort bien représentée
et très-applaudie. Le Sieur de Montmenil
y joue le principal Rôle, dont le caractére
est admirable
, avec beaucoup
d'intelli
gence. Nous en parlerons plus au long.
L'Académie
Royale de Musique don
na le 29. May , la septième et derniere
Représentation
de la Pastorale Héroïque
d'Endymion , dont on a parlé dans le
même mois. Elle reprit le premier Juin
Idomenée , et en a donné fix Représen
tations .
Le 14.
Es Comédiens François donnerent
le Mardi 12. de ce mois , la seizième
Représentation de l'Italie Galante ou les
Contes , que le Public goûte tous les
jours de plus en plus. Ils la reprendront
au retour de Fontainebleau , où une par
tie de la Troupe a été mandée , ainsi que
la Troupe des Comédiens Italiens.
Le Samedi 16 , on donna sur le Thea
I. Vol.
G tre
1548 MERCURE
DE FRANCE
tre François , la premiere Représentation
Comedie
nouvelle
du Faux Sincere >
en Vers , en cinq Actes
en cinq Actes , de feu M.
Dufresni , qui fut fort bien représentée
et très-applaudie. Le Sieur de Montmenil
y joue le principal Rôle, dont le caractére
est admirable
, avec beaucoup
d'intelli
gence. Nous en parlerons plus au long.
L'Académie
Royale de Musique don
na le 29. May , la septième et derniere
Représentation
de la Pastorale Héroïque
d'Endymion , dont on a parlé dans le
même mois. Elle reprit le premier Juin
Idomenée , et en a donné fix Représen
tations .
Le 14.
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Résumé : « Les Comédiens François donnerent le Mardi 12. de ce mois, la seiziéme [...] »
Le 12, les Comédiens Français ont joué 'L'Italie Galante'. Le 16, ils ont présenté 'Le Faux Sincère' de Dufresni, avec Montmenil dans le rôle principal. Le 29 mai, l'Académie Royale de Musique a donné la dernière représentation d''Endymion'. Le 1er juin, elle a repris 'Idoménée' pour six représentations.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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2
p. 1348-1350
Balet des Fêtes Venitiennes, [titre d'après la table]
Début :
Le 14. on remit au Theatre le Balet des Fêtes Venitiennes, dont les paroles sont de [...]
Mots clefs :
Ballet, Entrées, Rôles
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texteReconnaissance textuelle : Balet des Fêtes Venitiennes, [titre d'après la table]
Le 14. on remit au Theatre le Balet des
Fêtes Venitiennes
, dont les paroles sont de
M. Danchet , & la Musique
de M. Cam
pra. Ce Balet , composé de plusieurs
Er
trées , avoit été donné la premiere
fois en
Juin 1710. et la derniere Reprise en Juil
let 1721. On joüe aujourd'hui
le Prologue
et trois Entrées ; sçavoir , les Devins de la
Place S. Marc , l'Amour Saltinbanque
, et
le Bal.
Les deux principaux Rôles du Prologue,
qui sont le Carnaval et la Folie , qui
avoient été joués en 1721. par le fieur le
Mire , et la Dile Souris , sont remplacez
I. Vole
par
'JU IN. 1731. 7349
par le sieur Dun , et la Dlc Erremens.
Les trois Rôles de la premiere Entrée
de Leandre , Cavalier
François , Zelie ,
jeune Vénitienne
et une Bohémienne
, qui
avoient été jouées par le fieur Thevenard
,
par la De Antier , et par la Dlle Lambert ,
sont remplis par le fieur Chassé , par
Dile Pellissier
, et la Dlle Julie.
la
Dans la deuxième Entrée de l'Amour
Saltinbanque , le fieur Dun chante le Rôle
du Chef des Saltinbanques , à la place du
fieur du Bourg ; celui d'Eraste,jeune, Fran
çois , Amant de Leonore, est chanté par le
S Tribou , à la place du S Muraire , celui
de Leonore , par la Dile le Maure , au lieu
de la Dile Tulon , et celui de la Surveil
lante de Leonore , par le fieur Cuvillier ,
qui a remplacé le sieur Mantienne . Le
Rôle de l'Amour Saltinbanque , qui avoit
été joüé par la Dlle Minier ," est exécuté
par la Dile Petitpas.
•
Le Rôle d'Alamir , Prince Polonois , dans
la 3º Entrée , est chanté par le St Chassé ,
à la place du S Thevenard ; le St Dumas
joue celui du Gentilhomme du Prince ,
qui avoit été chanté par le fieur Ariand ;
celui d'Iphise , par la Dule Pelissier , à la
place de la Dile Antier , et les deux Rô.
les , aussi originaux que singuliers , du
Maître de Musique , et du Maître de
1. Vol. Gij Dan
1350 MERCURE
DE FRANCE
Danse , sont joüez par les fieurs Tribou et
Dupré , qui ont remplacé les sieurs Man
desorte tienne et Marcel.; que tous les
Acteurs & Actrices qui joüoient dans cet
Operaily a dix ans , sont totalement
rem
placez. Au reste , ce Balet qui eft remis
d'une maniere très-brillante , est très -bien
executé , et tous les principaux
Rôles sont
remplis par differens Sujets , qui en ren
dent parfaitement
les caracteres . On n'a
rien épargné pour le bon goût , le brillant
des Habits , et la beauté du Spectacle. Les
Danses composées
par le fieur Blondi ,
sont bien caracterisćes
, variées et inge
nieuses. Le Public témoigne par des ap
plaudissemens
et de nombreuses
Assem
blées , le plaisir que lui fait cet Opera .
Fêtes Venitiennes
, dont les paroles sont de
M. Danchet , & la Musique
de M. Cam
pra. Ce Balet , composé de plusieurs
Er
trées , avoit été donné la premiere
fois en
Juin 1710. et la derniere Reprise en Juil
let 1721. On joüe aujourd'hui
le Prologue
et trois Entrées ; sçavoir , les Devins de la
Place S. Marc , l'Amour Saltinbanque
, et
le Bal.
Les deux principaux Rôles du Prologue,
qui sont le Carnaval et la Folie , qui
avoient été joués en 1721. par le fieur le
Mire , et la Dile Souris , sont remplacez
I. Vole
par
'JU IN. 1731. 7349
par le sieur Dun , et la Dlc Erremens.
Les trois Rôles de la premiere Entrée
de Leandre , Cavalier
François , Zelie ,
jeune Vénitienne
et une Bohémienne
, qui
avoient été jouées par le fieur Thevenard
,
par la De Antier , et par la Dlle Lambert ,
sont remplis par le fieur Chassé , par
Dile Pellissier
, et la Dlle Julie.
la
Dans la deuxième Entrée de l'Amour
Saltinbanque , le fieur Dun chante le Rôle
du Chef des Saltinbanques , à la place du
fieur du Bourg ; celui d'Eraste,jeune, Fran
çois , Amant de Leonore, est chanté par le
S Tribou , à la place du S Muraire , celui
de Leonore , par la Dile le Maure , au lieu
de la Dile Tulon , et celui de la Surveil
lante de Leonore , par le fieur Cuvillier ,
qui a remplacé le sieur Mantienne . Le
Rôle de l'Amour Saltinbanque , qui avoit
été joüé par la Dlle Minier ," est exécuté
par la Dile Petitpas.
•
Le Rôle d'Alamir , Prince Polonois , dans
la 3º Entrée , est chanté par le St Chassé ,
à la place du S Thevenard ; le St Dumas
joue celui du Gentilhomme du Prince ,
qui avoit été chanté par le fieur Ariand ;
celui d'Iphise , par la Dule Pelissier , à la
place de la Dile Antier , et les deux Rô.
les , aussi originaux que singuliers , du
Maître de Musique , et du Maître de
1. Vol. Gij Dan
1350 MERCURE
DE FRANCE
Danse , sont joüez par les fieurs Tribou et
Dupré , qui ont remplacé les sieurs Man
desorte tienne et Marcel.; que tous les
Acteurs & Actrices qui joüoient dans cet
Operaily a dix ans , sont totalement
rem
placez. Au reste , ce Balet qui eft remis
d'une maniere très-brillante , est très -bien
executé , et tous les principaux
Rôles sont
remplis par differens Sujets , qui en ren
dent parfaitement
les caracteres . On n'a
rien épargné pour le bon goût , le brillant
des Habits , et la beauté du Spectacle. Les
Danses composées
par le fieur Blondi ,
sont bien caracterisćes
, variées et inge
nieuses. Le Public témoigne par des ap
plaudissemens
et de nombreuses
Assem
blées , le plaisir que lui fait cet Opera .
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Résumé : Balet des Fêtes Venitiennes, [titre d'après la table]
Le 14, la pièce 'Le Ballet des Fêtes Vénitiennes' a été représentée au Théâtre. Ce ballet, créé en juin 1710 et repris pour la dernière fois en juillet 1721, comprend plusieurs entrées. Lors de cette représentation, le prologue et trois entrées ont été jouées : 'Les Devins de la Place S. Marc', 'L'Amour Saltinbanque' et 'Le Bal'. Les rôles principaux du prologue, Carnaval et Folie, initialement interprétés par le sieur Le Mire et la Dlle Souris, sont désormais joués par le sieur Dun et la Dlle Erremens. Dans la première entrée, les rôles de Leandre, Zelie et une Bohémienne sont interprétés respectivement par le sieur Chassé, la Dlle Pellissier et la Dlle Julie. Dans la deuxième entrée, le sieur Dun remplace le sieur du Bourg, le sieur Tribou remplace le sieur Muraire, la Dlle le Maure remplace la Dlle Tulon, et le sieur Cuvillier remplace le sieur Mantienne. La Dlle Petitpas remplace la Dlle Minier dans le rôle de l'Amour Saltinbanque. Dans la troisième entrée, le rôle d'Alamir est interprété par le sieur Chassé, et le rôle du Gentilhomme du Prince est joué par le sieur Dumas. La Dlle Pellissier remplace la Dlle Antier dans le rôle d'Iphise. Les rôles du Maître de Musique et du Maître de Danse sont joués par les sieurs Tribou et Dupré. Tous les acteurs et actrices ayant joué dans ce ballet il y a dix ans ont été remplacés. La représentation est brillante et bien exécutée, avec des danses composées par le sieur Blondi. Le public exprime son plaisir par des applaudissements et des assemblées nombreuses.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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3
p. 1350-1363
LETTRE écrite de Londres, sur quelques Poëtes Dramatiques Anglois, &c.
Début :
Je continue, Monsieur, de vous donner ce que je vous ai promis sur le [...]
Mots clefs :
Corneille d'Angleterre, Comédies, Tragédies, Réformer , Critique du théâtre anglais, Trois unités, Poètes modernes, Shakespeare
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texteReconnaissance textuelle : LETTRE écrite de Londres, sur quelques Poëtes Dramatiques Anglois, &c.
LETTRE écrite de Londres , sur quel
Poëtes Dramatiques Anglois , &c. ques
J
E continue , Monsieur , de vous don
ner ce que je vous ai promis sur le
Theatre Anglois et sur les Auteurs qui y
ont le plus brillé.
Benjamin Johnson, concurrent
de Shakes
pear , fleurissoit
sous les Régnes de Jac
I. et de Charles I. .
Cet Auteur fameux , qu'on appelloit
ici le Corneille d'Angleterre , entreptit
de
I, Vol.
JUIN. 1731. ·
135 %
•
de réformer le Theatre Anglois , & le fic
avec beaucoup de succès. Ses Comédies
sont admirables , et surpassent de beau
coup ses Tragédies. On a eû de lui.
Catilina , Traged.
Sejan , id.
Bartholomew-Fair , Comedie , où l'on voit
representé comiquement ce qui se passe de
ridicule dans les Lieux publics.
Le Fox , c'est- à-dire le Renard , Comedie .
L'Alchimiste , Comed .
La Femme excellente. Comed.
Tout par Amour , où le Monde bien perdu
Comedie . &c.*
Ce Catalogue deviendroit trop long.
On pourra voir le Recueil de ses Pieces
de Théatre , imprimé l'an 1718. à Lɔn
dres , en 6. Vol. in 8 ° .
Cet Auteur passe avec raison pour un
de nos meilleurs Poëtes , dit M. Collier
dans sa Critique du Théatre Anglois ; il
est beaucoup plus retenu dans ses Pieces
que ne le sont nos Poëtes modernes . Il se
déclare hautement pour la modestie . Un
Auteur sage , dit- il , doit éviter avec soin
d'écrire d'une maniere sale. Lorsque les
moeurs sont corrompues , le langage l'est com
munément aussi ; et comme le plus grand ex
sès des Fêtes et des Spectacles , sont les mar
ques d'un Etat qui tombe en décadence , aussi
I. Vol.
Gij un
1352 MERCURE DE FRANCE
un langage trop libre et impur , marque un
esprit qui commence à se gâter.
Les trois unitez de tems , de lieu et
d'action , ne sont pas fort observées par
les Poëtes Anglois en général , car l'ac
tion est souvent double ; mais les plus
habiles Critiques ne trouvent pas que ce
soit un défaut dans Ben- Johnson. Il fait
entrer deux Sujets , fi naturellement l'un
dans l'autre , que l'attention des Spec
tateurs est soûtenue par cette agréable
variété.
pas Selon M. Collier , cet Auteur n'est
tout-à-fait exempt du Galimathias conti
nuel qui regne dans les Comédies An
gloises , quoiqu'au sentiment de Saint
Evremont , il soit comparable à notre
Moliere.
"
Au contraire de Shakespear , Johnson
a fait paroître beaucoup de sçavoir.
On trouve dans ses Piéces de Théatre
Aristophane , Plaute et Terence , sans
compter beaucoup de beautez , tirées des
autres Auteurs classiques . Tous ses ca
racteres sont fort justes et bien maintenus.
On regarde le Fox ou le Renard , PAI
chimiste & la Femme Silente , comme
ses trois meilleurs Pieces.
Il avoit un génie admirable , et un ta
lent particulier pour peindre les passions
J. Kel. de
JUIN. 1731. 1353
et les foiblesses des hommes . On le met
de Niveau avec Moliere , à qui les Anciens
avoient inspiré le bon esprit de la Co
médie. Ils ont sçû l'un et l'autre repré
senter parfaitement les diverses humeurs
et les differentes manieres des Hommes ,
en conservant dans leurs Peintures , unt
juste rapport avec le genie de leur Na
tion . M. de Saint- Evremont croit qu'ils
ont été plus loin que les Anciens à cet
égard ; mais on ne sçauroit nier qu'ils
n'ayent eû plus d'égard aux Caracteres ,
qu'au gros des Sujets , dont la suite pour
roit être aussi mieux liée , et le dénoue
ment plus naturel.
La Tragédie de Samson Agoniste , est du
célebre Milton , Auteur du fameux Poëme
Le Paradis perdu.
Le Poëte Jean Dryden , Ecuyer , mort
en 1700. est un des plus estimez de sa
Nation. Il n'est pas plus modeste que la
plupart de ses Confreres , ni moins pla
giaire ; il ose traiter de crême fouettée les
Ouvrages de Corneille même ; et cepen
dant on n'a qu'à confronter son Oedipe
avec celui de ce Poëte François, pour voir
que tout ce qu'il y a de plus beau en est
pillé , et même que des Scénes entieres y
sont copiées , par une Traduction presque
Litterale
I.Vot Giiij M..
1354 MERCURE DE FRANCE
M. Dryden a tâché de se purger de
Paccusation qu'on lui a faite de recom
penser le vice dans ses Comédies . La ré
gle contraire , disoit- il , ne regarde que
la Tragedie. Dans le Comique qu'est- ce
que le vice ? foiblesse humaine , saillie de
jeunesse , bagatelle . Quelle morale ! quoy !
l'Atheisme , l'Impieté , l'Adultere : les
Souhaits du parricide , ne sont que
des
minuties ; est- il donc permis d'affoiblir
par des plaisanteries , l'horreur que la
nature nous en donne ? Mais , dit M.
Dryden , le principal but du Poëme Comi
que est de divertir. Je doute si l'instruction
doit y entrer. Si elle y entre , elle n'en est
que la seconde fin. Quand on conviendroit
du Principe , s'ensuit-il qu'on ne puisse
réjouir le Spectateur , qu'en rendant le
vice heureux ? La friponnerie et la mé
chanceté tournées en ridicule , donne
roient- elles de la fadeur à des Pieces Co.
miques , si d'ailleurs elles étoient inge
nieuses pour être divertissant ne doit
on plaire qu'à la cupidité ? ne peut- on
pas réjouir la raison et le bon sens aux
dépens des vicieux ? Mais où a - t'on pris
que l'Instruction n'est pas la principale
fin de la Comedie , comme de la Trage
die ? ce sont deux soeurs qui n'ont que le
même terme ; mais qui l'atteignent par
1. Val.
des
JUIN. 1731. 7359
des routes differentes. Leur but est de
persuader la vertu et de rendre le vice
odieux .
On doit cependant cette justice à M.
Dryden , de faire remarquer aux Lec
teurs , que par une conversion sincere à
la Religion Catholique , et par une vie
exemplaire et penitente , il a réparé au
tant qu'il a pû des desordres qu'on luy a
si justement réprochez.
Ses Tragédies valent mieux que ses
Comédies , comme je l'ai déja rémarqué.
Les Anglois éclairés disent , que cet Au
teur a beaucoup écrit , fort bien et fort
mal. C'est un des Poëtes de Theatre de cet
te nation qui a le plus travaillé . On joüe
presque toutes ses Pieces , quoique parmi
le grand nombre il y en ait quelques- unes
qui sont beaucoup plus estimées , et
qu'on joue plus souvent que les autres
Ses Pieces de Theatre , contenant ces
Comédies , Tragédies et Opera & c. sont
imprimées en 2. Vol . in fol. à Londres.
1721. Cet ouvrage posthume de Dry
den , écrit en Anglois , est divisé par les
Editeurs en deux Parties. La premiere
comprend les Poëmes Dramatiques sui
vans l'Amant farouche , les Femmes
jalouses , l'Empereur Indien , ou la Con
quête du Mexique , l'Amour secret DA
I. Vol.
G V Martine
1356 MERCURE DE FRANCE
Martin Marr-all , ou la feinte Innocence ;
la Tempête , l'Amour Tyran , Almanzor
et Almahide , le Mariage à la mode
l'Amour dans le Cloître , Amboyne ..
.
La seconde Partie contient , Aureng
zebe , ou le Grand Mogol , Tout pour
l'Amour , Limberhain , ou le Garde
Commode , Oedipe , Tvoile et Cresside ,
ou la Verité tard découverte , le Double
Dénoument , le Duc de Guise , Albion
et Albanius, Sebastien, Roy de Portugal
Amphytrion , Cleomene , ou le Heros
de Sparte , le Roy Arthus , l'Amour
Triomphant.
A la tête de tout l'Ouvrage est une
Dissertation de Dryden sur la Poësie Dra
matiques cette Dissertation est une dis
pute en forme de Dialogue , dont les
Interlocuteurs sont Crites , Eugene , Lip
side et Neandre. L'Auteur Dryden paroît
caché sous ce derniet nom.. La dis
pute roule sur le merite des Anciens et
des Modernes Poëtes Dramatiques , et
en particulier Anglois. On y parle aussi .
en passant du Poëme Epique , et du Ly
rique. Les Principaux Poëtes Anglois y
passent en révuë ; Crites donne la pré
férence aux Anciens ; Eugene la donne
aux Modernes & c . Cette Dissertation est
si longue , et descend dans un si grand
>.
3.
و د
1. Vol.
détail
JUIN. 173T. 1357
détail , qu'il faut la voir dans l'Original
ou du moins traduire à loisir tout ce qui
en est rapporté fort au long dans le Jour
nal de Leipsic. Janvier 1702. pag. 34.
Chaque Piece de Dryden est accom
pagnée d'une Dedicace , et d'une Preface
sçavante et curieuse .
Dryden aécrit d'autres Ouvrages , et sur
tout des Fables anciennes et modernes , & c.
Voici quelques autres Pieces du même
Auteur qui sont venues à ma connois
Sance.
Phedre et Hypolite , Trag.
L'Etat de l'Innocence , ou la chûte de
l'Homme , Trag .
L'Amour du Soir , ou le faux Astrolo
gue.Comed, 1691. Ce n'est presque qu'une
Traduction du feint Astrologue de Th..
Corneille cependant dans la Preface de
- cette Piece , l'Auteur y parle en ces ter
mes , remarquables par leur impudence..
Il faut avouer , dit- il , que la plupart
» des Comédies que l'on écrit depuis peu ,
» tiennent trop de la Farce ; mais ceci
» doit arriver necessairement jusqu'à ce
» qu'on s'abstienne de traduire les Picces
>> des François ; car leurs Poëtes , n'ayant
» pas assés de jugement pour peindre:
d'aprés nature , sont obligés de supléer
» à ce défaut- par des postures extravagan
>>
I..Vol.. G vj
>> tes
1358 MERCURE DE FRANCE
{
» tes et par des grimaces ridicules. A- t'on
jamais vû de Plagiaire si insolent et si
bas ?
Le Moine Espagnol , ou la double De
couverte. Tragi - Comedie.
Le Theatre Espagnol ne représente
guére de Farces , qu'on n'y voye un Rô
le de Prêtre , de Chapelain ou de Reli
gieux. Icy Dryden à été le Maître de
former le caractére de son principal Per
sonnage tel qu'il a voulu ; il en a fait un
Scelerat , et par le secours des fictions ,
il a peint un Moine trés déréglé , et ré
pandu sur le corps des Religieux tout
le ridicule et les excés , que le préjugé et
l'esprit de parti peuvent inspirer à un
Auteur fougueux .
Le Chevalier Gâte - tout , ou la fausse
Innocence , Comedie de Dryden .
Quand par des vols pitoyables , les
Anglois reussissent à faire d'une ou de
deux bonnes Pieces Françoises , une Co
medie à leur maniere , qui ne vaut rien ,
ils ont encore trop d'orgueil pour recon
noître leur larcin. Jamais ces Pieces ne
sont traduites ; elles sont toujours faites
par tel ou tel. A la verité on insinue quel
quefois dans la Preface que le Sujet vient
de France , mais on ne daigne pas nom
mer l'Auteur à qui on en est rédevable.
*
I. Vela
Ils
JUIN. 1731 .
1-3 59'
·
Ils voudroient faire croire qu'ils en agis
sent à peu prés avec ces petits Poëtes Fran
çois , comme un Maitre qui s'exerce sur
un Sujet qu'un Ecolier a traité , et qui
n'a d'autre dessein que de lui faire voir
comme il falloit s'y prendre pour réus
sir.
Quelques-uns de ces M. se contentent
de piller l'intrigue d'un ouvrage Fran
çois , et d'y en ajoûter une seconde de
leur invention , pour paroître du moins
feconds à multiplier les Sujets de leurs
Pieces. C'est comme en a agi l'Auteur
de la Comêdie dont je parle. Ce sont
deux Comédies en une , dont la moitié
est à fort peu de chose prés , l'Etourdy
de Moliere.
Philips , autre Poëte , passe pour avoir
un trés beau genie , une grande connois
sance des régles du Theatre , et une idée
fort juste du merite que peuvent avoir
les Pieces Dramatiques des differentes
Nations.
.
La Tragédie d'Andromaque , qui est
une imitation de celle de Racine , est le
plus bel ouvrage de cet Auteur et le
plus propre à faire goûter aux Angleis
la régularité Françoise . Cette Copie est
digne de son excellent Original , sur
lequel , ce qui paroit très difficile ,
*
I. Vel. elle
T360 MERCURE DE FRANCE
elle encherit quelquefois. Il est vrai que
des personnes judicieuses , ne jugent pas
ainsi de quelques Scénes ajoutées à la fin
de la Piece ; on y voit revenir Andro
maque sur le Theatre aprés la mort de
Pyrrhus et les fureurs d'Oreste.CettePrin
cesse , venuë de nouveau , ne sçauroit
exciter dans cet endroit des passions
qui repondent à la force de celles qui
viennent d'émouvoir le Spectateur ; la
bienséance , et le sentiment des services .
que lui a rendus Pyrrhus , doivent natu
rellement l'empêcher de témoigner sa
joye sur l'heureux changement de son
état , et sur la conservation de son fils..
Il faut laisser le Spectateur dans tout le
trouble qu'excitent en lui les malheurs
des gens vertueux ; à moins qu'on ne
fasse succeder à cette pitié une satisfac
tion parfaite , de voir triompher entiere
ment de toutes les attaques du sort , less
personnes pour qui on s'interesse : dimi
nuer seulement la passion qui est le but
de toute une Tragédie , sans la changer
dans une passion également forte ; c'est
faire languir le Spectateur dans l'endroit ,
où il se plaît à être le plus émû.
Ron ou Row . Ce Poëte a fait piusieurs
Pieces , qui , bien qu'elles pêchent con
tre les Règles d'Aristore , s'accordent gé
L.. Vols. neralement
*
JUIN. 1731. 1361
neralement aux régles du bon sens. Elles.
ont d'ailleurs un feu qui ne paroît infe
rieur , selon quelques- uns , à celui de ses
Prédeceffeurs , que parce qu'il est mieux
réglé. Ses idées sont grandes et son stile :
sublime..
Il a traduit Lucain , qu'il a , dit- on ,
surpassé en plusieurs endroits . Ses . Pieces
de Theatre sont imprimées en 3. vol .
Il mourut en Angleterre depuis environ
dix ans.
Les Pieces qu'on connoît le plus de cet
Auteur , sont Tamerlan , Tragedie fort es
timée , Ulisse , Trag. la Belle Pénitente ,.
Jeanne Shore , Jeanne Grey ; cette inno
cente victime de sa Religion er de l'ambi
tion des autres , fournit le sujet de cette
Tragédie.
Quoi qu'elle peche contre plusieurs des
regles , et que la mort du jeune Edouard:
paroisse y jetter un double sujet ; ce Poë
me est pourtant essentiellement beau , le
bon sens y regne dans tout le détail qui
est si pathétique , que le Spectateur le plus
insensible , ne peut s'empêcher de payer:
tribut à l'humanité. "
Joseph Addison , Poëte Anglois , fils.de
Lancelot Addison , né en 1671. mort en
1729.
Il n'a écrit qu'en Latin et en Anglois .
I.. Vol.. Ses
1362 MERCURE DE FRANCE
Ses Ouvrages sont le Recueil connu
sous le titre de Muse Anglicane.
Son Poëme à l'honneur de Guillaume III.
en 1695 .
La Paix de Riswick.
La Resurrection , Description d'un Ta
bleau.
Ode à M. Burnet , sur la Théorie Sacrés
de la Terre.
Odes à M. Hannes.
La Description du Baromettre.
Les Marionnettes.
Le Combat des Grues et des Pigmées.
Dissertation sur les illustres Poëtes La
tins .
Poëme sur la Campagne de 1704.
Caractére des Poëtes Anglois.
Poëme à M. Dryden sur ses Traductions .
Ode pour la Fête de Sainte Cecile.
Traductions de quelques Livres de l'E
neide et des Métamorphoses.
Poëme sur Myladi Manchester.
Lettres en Vers à la Princesse de Galles , en
lui envoyant sa Tragédie de Caton , re
presentée en 1712 .
Lettre en Vers , sur le Portrair du Roy
George I.
L'Opera de Rosemonde.
Le Livre connu sous le nom du Sujet libre
ou de celui qui prend un Franc-Fief,
I.Vol. et
JUIN. 1731 . 1363
et quantité de feuilles volentes du Ba
billard , du Spectateur , du Tuteur ou
Curateur , &c.
Congreve , Poëte Comique , celebre en
Angleterre , Gentilhomme Anglois. Il
est devenu aveugle , et vivoit en 1721.
Ses Pieces de Théatre et autres Ouvra
ges , sont imprimés en 3. Vol. in 8 ° . à
Londres en 1710. On les joue très-sou
vent , et toujours avec grand concours de
Spectateurs , sur tout des Dames . Ces
Pieces petillent d'esprit que l'Auteur
,
diftribue indifferemment à tous ses Per
sonnages ; de sorte qu'il ne fait autre
chose que se peindre lui- même sous dif
ferens noms. La plupart de ses Comédies
sont en Prose .
Les meilleurs Ouvrages de cet Auteur
sont :
Le vieux Garçon ,
L'Homme de mauvaise foi.
Amourpour Amour.
La maniere de bien agir du monde..
Le Deuil de la nouvelle Mariée , Tragé
die .
Je suis Monsieur , &c.
Poëtes Dramatiques Anglois , &c. ques
J
E continue , Monsieur , de vous don
ner ce que je vous ai promis sur le
Theatre Anglois et sur les Auteurs qui y
ont le plus brillé.
Benjamin Johnson, concurrent
de Shakes
pear , fleurissoit
sous les Régnes de Jac
I. et de Charles I. .
Cet Auteur fameux , qu'on appelloit
ici le Corneille d'Angleterre , entreptit
de
I, Vol.
JUIN. 1731. ·
135 %
•
de réformer le Theatre Anglois , & le fic
avec beaucoup de succès. Ses Comédies
sont admirables , et surpassent de beau
coup ses Tragédies. On a eû de lui.
Catilina , Traged.
Sejan , id.
Bartholomew-Fair , Comedie , où l'on voit
representé comiquement ce qui se passe de
ridicule dans les Lieux publics.
Le Fox , c'est- à-dire le Renard , Comedie .
L'Alchimiste , Comed .
La Femme excellente. Comed.
Tout par Amour , où le Monde bien perdu
Comedie . &c.*
Ce Catalogue deviendroit trop long.
On pourra voir le Recueil de ses Pieces
de Théatre , imprimé l'an 1718. à Lɔn
dres , en 6. Vol. in 8 ° .
Cet Auteur passe avec raison pour un
de nos meilleurs Poëtes , dit M. Collier
dans sa Critique du Théatre Anglois ; il
est beaucoup plus retenu dans ses Pieces
que ne le sont nos Poëtes modernes . Il se
déclare hautement pour la modestie . Un
Auteur sage , dit- il , doit éviter avec soin
d'écrire d'une maniere sale. Lorsque les
moeurs sont corrompues , le langage l'est com
munément aussi ; et comme le plus grand ex
sès des Fêtes et des Spectacles , sont les mar
ques d'un Etat qui tombe en décadence , aussi
I. Vol.
Gij un
1352 MERCURE DE FRANCE
un langage trop libre et impur , marque un
esprit qui commence à se gâter.
Les trois unitez de tems , de lieu et
d'action , ne sont pas fort observées par
les Poëtes Anglois en général , car l'ac
tion est souvent double ; mais les plus
habiles Critiques ne trouvent pas que ce
soit un défaut dans Ben- Johnson. Il fait
entrer deux Sujets , fi naturellement l'un
dans l'autre , que l'attention des Spec
tateurs est soûtenue par cette agréable
variété.
pas Selon M. Collier , cet Auteur n'est
tout-à-fait exempt du Galimathias conti
nuel qui regne dans les Comédies An
gloises , quoiqu'au sentiment de Saint
Evremont , il soit comparable à notre
Moliere.
"
Au contraire de Shakespear , Johnson
a fait paroître beaucoup de sçavoir.
On trouve dans ses Piéces de Théatre
Aristophane , Plaute et Terence , sans
compter beaucoup de beautez , tirées des
autres Auteurs classiques . Tous ses ca
racteres sont fort justes et bien maintenus.
On regarde le Fox ou le Renard , PAI
chimiste & la Femme Silente , comme
ses trois meilleurs Pieces.
Il avoit un génie admirable , et un ta
lent particulier pour peindre les passions
J. Kel. de
JUIN. 1731. 1353
et les foiblesses des hommes . On le met
de Niveau avec Moliere , à qui les Anciens
avoient inspiré le bon esprit de la Co
médie. Ils ont sçû l'un et l'autre repré
senter parfaitement les diverses humeurs
et les differentes manieres des Hommes ,
en conservant dans leurs Peintures , unt
juste rapport avec le genie de leur Na
tion . M. de Saint- Evremont croit qu'ils
ont été plus loin que les Anciens à cet
égard ; mais on ne sçauroit nier qu'ils
n'ayent eû plus d'égard aux Caracteres ,
qu'au gros des Sujets , dont la suite pour
roit être aussi mieux liée , et le dénoue
ment plus naturel.
La Tragédie de Samson Agoniste , est du
célebre Milton , Auteur du fameux Poëme
Le Paradis perdu.
Le Poëte Jean Dryden , Ecuyer , mort
en 1700. est un des plus estimez de sa
Nation. Il n'est pas plus modeste que la
plupart de ses Confreres , ni moins pla
giaire ; il ose traiter de crême fouettée les
Ouvrages de Corneille même ; et cepen
dant on n'a qu'à confronter son Oedipe
avec celui de ce Poëte François, pour voir
que tout ce qu'il y a de plus beau en est
pillé , et même que des Scénes entieres y
sont copiées , par une Traduction presque
Litterale
I.Vot Giiij M..
1354 MERCURE DE FRANCE
M. Dryden a tâché de se purger de
Paccusation qu'on lui a faite de recom
penser le vice dans ses Comédies . La ré
gle contraire , disoit- il , ne regarde que
la Tragedie. Dans le Comique qu'est- ce
que le vice ? foiblesse humaine , saillie de
jeunesse , bagatelle . Quelle morale ! quoy !
l'Atheisme , l'Impieté , l'Adultere : les
Souhaits du parricide , ne sont que
des
minuties ; est- il donc permis d'affoiblir
par des plaisanteries , l'horreur que la
nature nous en donne ? Mais , dit M.
Dryden , le principal but du Poëme Comi
que est de divertir. Je doute si l'instruction
doit y entrer. Si elle y entre , elle n'en est
que la seconde fin. Quand on conviendroit
du Principe , s'ensuit-il qu'on ne puisse
réjouir le Spectateur , qu'en rendant le
vice heureux ? La friponnerie et la mé
chanceté tournées en ridicule , donne
roient- elles de la fadeur à des Pieces Co.
miques , si d'ailleurs elles étoient inge
nieuses pour être divertissant ne doit
on plaire qu'à la cupidité ? ne peut- on
pas réjouir la raison et le bon sens aux
dépens des vicieux ? Mais où a - t'on pris
que l'Instruction n'est pas la principale
fin de la Comedie , comme de la Trage
die ? ce sont deux soeurs qui n'ont que le
même terme ; mais qui l'atteignent par
1. Val.
des
JUIN. 1731. 7359
des routes differentes. Leur but est de
persuader la vertu et de rendre le vice
odieux .
On doit cependant cette justice à M.
Dryden , de faire remarquer aux Lec
teurs , que par une conversion sincere à
la Religion Catholique , et par une vie
exemplaire et penitente , il a réparé au
tant qu'il a pû des desordres qu'on luy a
si justement réprochez.
Ses Tragédies valent mieux que ses
Comédies , comme je l'ai déja rémarqué.
Les Anglois éclairés disent , que cet Au
teur a beaucoup écrit , fort bien et fort
mal. C'est un des Poëtes de Theatre de cet
te nation qui a le plus travaillé . On joüe
presque toutes ses Pieces , quoique parmi
le grand nombre il y en ait quelques- unes
qui sont beaucoup plus estimées , et
qu'on joue plus souvent que les autres
Ses Pieces de Theatre , contenant ces
Comédies , Tragédies et Opera & c. sont
imprimées en 2. Vol . in fol. à Londres.
1721. Cet ouvrage posthume de Dry
den , écrit en Anglois , est divisé par les
Editeurs en deux Parties. La premiere
comprend les Poëmes Dramatiques sui
vans l'Amant farouche , les Femmes
jalouses , l'Empereur Indien , ou la Con
quête du Mexique , l'Amour secret DA
I. Vol.
G V Martine
1356 MERCURE DE FRANCE
Martin Marr-all , ou la feinte Innocence ;
la Tempête , l'Amour Tyran , Almanzor
et Almahide , le Mariage à la mode
l'Amour dans le Cloître , Amboyne ..
.
La seconde Partie contient , Aureng
zebe , ou le Grand Mogol , Tout pour
l'Amour , Limberhain , ou le Garde
Commode , Oedipe , Tvoile et Cresside ,
ou la Verité tard découverte , le Double
Dénoument , le Duc de Guise , Albion
et Albanius, Sebastien, Roy de Portugal
Amphytrion , Cleomene , ou le Heros
de Sparte , le Roy Arthus , l'Amour
Triomphant.
A la tête de tout l'Ouvrage est une
Dissertation de Dryden sur la Poësie Dra
matiques cette Dissertation est une dis
pute en forme de Dialogue , dont les
Interlocuteurs sont Crites , Eugene , Lip
side et Neandre. L'Auteur Dryden paroît
caché sous ce derniet nom.. La dis
pute roule sur le merite des Anciens et
des Modernes Poëtes Dramatiques , et
en particulier Anglois. On y parle aussi .
en passant du Poëme Epique , et du Ly
rique. Les Principaux Poëtes Anglois y
passent en révuë ; Crites donne la pré
férence aux Anciens ; Eugene la donne
aux Modernes & c . Cette Dissertation est
si longue , et descend dans un si grand
>.
3.
و د
1. Vol.
détail
JUIN. 173T. 1357
détail , qu'il faut la voir dans l'Original
ou du moins traduire à loisir tout ce qui
en est rapporté fort au long dans le Jour
nal de Leipsic. Janvier 1702. pag. 34.
Chaque Piece de Dryden est accom
pagnée d'une Dedicace , et d'une Preface
sçavante et curieuse .
Dryden aécrit d'autres Ouvrages , et sur
tout des Fables anciennes et modernes , & c.
Voici quelques autres Pieces du même
Auteur qui sont venues à ma connois
Sance.
Phedre et Hypolite , Trag.
L'Etat de l'Innocence , ou la chûte de
l'Homme , Trag .
L'Amour du Soir , ou le faux Astrolo
gue.Comed, 1691. Ce n'est presque qu'une
Traduction du feint Astrologue de Th..
Corneille cependant dans la Preface de
- cette Piece , l'Auteur y parle en ces ter
mes , remarquables par leur impudence..
Il faut avouer , dit- il , que la plupart
» des Comédies que l'on écrit depuis peu ,
» tiennent trop de la Farce ; mais ceci
» doit arriver necessairement jusqu'à ce
» qu'on s'abstienne de traduire les Picces
>> des François ; car leurs Poëtes , n'ayant
» pas assés de jugement pour peindre:
d'aprés nature , sont obligés de supléer
» à ce défaut- par des postures extravagan
>>
I..Vol.. G vj
>> tes
1358 MERCURE DE FRANCE
{
» tes et par des grimaces ridicules. A- t'on
jamais vû de Plagiaire si insolent et si
bas ?
Le Moine Espagnol , ou la double De
couverte. Tragi - Comedie.
Le Theatre Espagnol ne représente
guére de Farces , qu'on n'y voye un Rô
le de Prêtre , de Chapelain ou de Reli
gieux. Icy Dryden à été le Maître de
former le caractére de son principal Per
sonnage tel qu'il a voulu ; il en a fait un
Scelerat , et par le secours des fictions ,
il a peint un Moine trés déréglé , et ré
pandu sur le corps des Religieux tout
le ridicule et les excés , que le préjugé et
l'esprit de parti peuvent inspirer à un
Auteur fougueux .
Le Chevalier Gâte - tout , ou la fausse
Innocence , Comedie de Dryden .
Quand par des vols pitoyables , les
Anglois reussissent à faire d'une ou de
deux bonnes Pieces Françoises , une Co
medie à leur maniere , qui ne vaut rien ,
ils ont encore trop d'orgueil pour recon
noître leur larcin. Jamais ces Pieces ne
sont traduites ; elles sont toujours faites
par tel ou tel. A la verité on insinue quel
quefois dans la Preface que le Sujet vient
de France , mais on ne daigne pas nom
mer l'Auteur à qui on en est rédevable.
*
I. Vela
Ils
JUIN. 1731 .
1-3 59'
·
Ils voudroient faire croire qu'ils en agis
sent à peu prés avec ces petits Poëtes Fran
çois , comme un Maitre qui s'exerce sur
un Sujet qu'un Ecolier a traité , et qui
n'a d'autre dessein que de lui faire voir
comme il falloit s'y prendre pour réus
sir.
Quelques-uns de ces M. se contentent
de piller l'intrigue d'un ouvrage Fran
çois , et d'y en ajoûter une seconde de
leur invention , pour paroître du moins
feconds à multiplier les Sujets de leurs
Pieces. C'est comme en a agi l'Auteur
de la Comêdie dont je parle. Ce sont
deux Comédies en une , dont la moitié
est à fort peu de chose prés , l'Etourdy
de Moliere.
Philips , autre Poëte , passe pour avoir
un trés beau genie , une grande connois
sance des régles du Theatre , et une idée
fort juste du merite que peuvent avoir
les Pieces Dramatiques des differentes
Nations.
.
La Tragédie d'Andromaque , qui est
une imitation de celle de Racine , est le
plus bel ouvrage de cet Auteur et le
plus propre à faire goûter aux Angleis
la régularité Françoise . Cette Copie est
digne de son excellent Original , sur
lequel , ce qui paroit très difficile ,
*
I. Vel. elle
T360 MERCURE DE FRANCE
elle encherit quelquefois. Il est vrai que
des personnes judicieuses , ne jugent pas
ainsi de quelques Scénes ajoutées à la fin
de la Piece ; on y voit revenir Andro
maque sur le Theatre aprés la mort de
Pyrrhus et les fureurs d'Oreste.CettePrin
cesse , venuë de nouveau , ne sçauroit
exciter dans cet endroit des passions
qui repondent à la force de celles qui
viennent d'émouvoir le Spectateur ; la
bienséance , et le sentiment des services .
que lui a rendus Pyrrhus , doivent natu
rellement l'empêcher de témoigner sa
joye sur l'heureux changement de son
état , et sur la conservation de son fils..
Il faut laisser le Spectateur dans tout le
trouble qu'excitent en lui les malheurs
des gens vertueux ; à moins qu'on ne
fasse succeder à cette pitié une satisfac
tion parfaite , de voir triompher entiere
ment de toutes les attaques du sort , less
personnes pour qui on s'interesse : dimi
nuer seulement la passion qui est le but
de toute une Tragédie , sans la changer
dans une passion également forte ; c'est
faire languir le Spectateur dans l'endroit ,
où il se plaît à être le plus émû.
Ron ou Row . Ce Poëte a fait piusieurs
Pieces , qui , bien qu'elles pêchent con
tre les Règles d'Aristore , s'accordent gé
L.. Vols. neralement
*
JUIN. 1731. 1361
neralement aux régles du bon sens. Elles.
ont d'ailleurs un feu qui ne paroît infe
rieur , selon quelques- uns , à celui de ses
Prédeceffeurs , que parce qu'il est mieux
réglé. Ses idées sont grandes et son stile :
sublime..
Il a traduit Lucain , qu'il a , dit- on ,
surpassé en plusieurs endroits . Ses . Pieces
de Theatre sont imprimées en 3. vol .
Il mourut en Angleterre depuis environ
dix ans.
Les Pieces qu'on connoît le plus de cet
Auteur , sont Tamerlan , Tragedie fort es
timée , Ulisse , Trag. la Belle Pénitente ,.
Jeanne Shore , Jeanne Grey ; cette inno
cente victime de sa Religion er de l'ambi
tion des autres , fournit le sujet de cette
Tragédie.
Quoi qu'elle peche contre plusieurs des
regles , et que la mort du jeune Edouard:
paroisse y jetter un double sujet ; ce Poë
me est pourtant essentiellement beau , le
bon sens y regne dans tout le détail qui
est si pathétique , que le Spectateur le plus
insensible , ne peut s'empêcher de payer:
tribut à l'humanité. "
Joseph Addison , Poëte Anglois , fils.de
Lancelot Addison , né en 1671. mort en
1729.
Il n'a écrit qu'en Latin et en Anglois .
I.. Vol.. Ses
1362 MERCURE DE FRANCE
Ses Ouvrages sont le Recueil connu
sous le titre de Muse Anglicane.
Son Poëme à l'honneur de Guillaume III.
en 1695 .
La Paix de Riswick.
La Resurrection , Description d'un Ta
bleau.
Ode à M. Burnet , sur la Théorie Sacrés
de la Terre.
Odes à M. Hannes.
La Description du Baromettre.
Les Marionnettes.
Le Combat des Grues et des Pigmées.
Dissertation sur les illustres Poëtes La
tins .
Poëme sur la Campagne de 1704.
Caractére des Poëtes Anglois.
Poëme à M. Dryden sur ses Traductions .
Ode pour la Fête de Sainte Cecile.
Traductions de quelques Livres de l'E
neide et des Métamorphoses.
Poëme sur Myladi Manchester.
Lettres en Vers à la Princesse de Galles , en
lui envoyant sa Tragédie de Caton , re
presentée en 1712 .
Lettre en Vers , sur le Portrair du Roy
George I.
L'Opera de Rosemonde.
Le Livre connu sous le nom du Sujet libre
ou de celui qui prend un Franc-Fief,
I.Vol. et
JUIN. 1731 . 1363
et quantité de feuilles volentes du Ba
billard , du Spectateur , du Tuteur ou
Curateur , &c.
Congreve , Poëte Comique , celebre en
Angleterre , Gentilhomme Anglois. Il
est devenu aveugle , et vivoit en 1721.
Ses Pieces de Théatre et autres Ouvra
ges , sont imprimés en 3. Vol. in 8 ° . à
Londres en 1710. On les joue très-sou
vent , et toujours avec grand concours de
Spectateurs , sur tout des Dames . Ces
Pieces petillent d'esprit que l'Auteur
,
diftribue indifferemment à tous ses Per
sonnages ; de sorte qu'il ne fait autre
chose que se peindre lui- même sous dif
ferens noms. La plupart de ses Comédies
sont en Prose .
Les meilleurs Ouvrages de cet Auteur
sont :
Le vieux Garçon ,
L'Homme de mauvaise foi.
Amourpour Amour.
La maniere de bien agir du monde..
Le Deuil de la nouvelle Mariée , Tragé
die .
Je suis Monsieur , &c.
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Résumé : LETTRE écrite de Londres, sur quelques Poëtes Dramatiques Anglois, &c.
La lettre, écrite à Londres en juin 1731, discute des poètes dramatiques anglais. L'auteur mentionne Benjamin Johnson, contemporain de Shakespeare, qui a brillé sous les règnes de Jacques I et de Charles I. Surnommé le 'Corneille d'Angleterre', Johnson a tenté de réformer le théâtre anglais avec succès. Ses comédies, telles que 'Bartholomew-Fair' et 'Le Renard', sont particulièrement admirées. Johnson est reconnu pour sa modestie et son évitement des sujets impurs. Ses pièces respectent les unités de temps, de lieu et d'action, bien que les critiques anglais ne considèrent pas cela comme un défaut. Johnson est comparé à Molière pour sa capacité à peindre les passions humaines. Le texte évoque également John Milton, auteur de 'Samson Agoniste' et du 'Paradis perdu'. Jean Dryden, poète dramatique anglais mort en 1700, est mentionné pour ses œuvres, bien que certaines soient accusées de plagiat. Dryden a écrit des tragédies et des comédies, et a tenté de justifier la représentation du vice dans ses œuvres. Il a également écrit une dissertation sur la poésie dramatique, discutant des mérites des anciens et des modernes. D'autres poètes comme Philips et Row sont mentionnés pour leurs contributions au théâtre anglais. Philips est connu pour sa tragédie 'Andromaque', une imitation de celle de Racine. Row, quant à lui, a écrit plusieurs pièces respectant les règles du bon sens, bien qu'elles pèche contre les règles d'Aristote. Joseph Addison, poète anglais né en 1671 et mort en 1729, est le fils de Lancelot Addison. Il a écrit en latin et en anglais. Ses œuvres principales incluent le recueil 'Muse Anglicane', des poèmes comme 'La Paix de Riswick', 'La Résurrection', et des traductions de l'Énéide et des Métamorphoses. Addison a également écrit des lettres en vers, des odes, et des dissertations sur des sujets variés. Ses écrits sont marqués par un bon sens et une sensibilité qui touchent même les spectateurs les plus insensibles. Addison a également contribué à des publications comme le 'Spectateur' et le 'Tuteur'. William Congreve, poète comique anglais, est célèbre pour ses pièces de théâtre. Aveugle et vivant en 1721, ses œuvres sont souvent jouées avec un grand succès, notamment auprès des dames. Ses pièces, imprimées en trois volumes en 1710, sont connues pour leur esprit et leur capacité à peindre différents personnages. Parmi ses meilleures œuvres, on trouve 'Le vieux Garçon', 'L'Homme de mauvaise foi', 'Amour pour Amour', et 'Le Deuil de la nouvelle Mariée'.
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