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1
p. 1096-1100
LETTRE écrite d'Apt, sur une Inscription antique.
Début :
Je ne sçai, Monsieur, si vous agréerez l'usage que je veux faire d'une Inscription [...]
Mots clefs :
Inscription antique, Chrétiens, Paganisme
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texteReconnaissance textuelle : LETTRE écrite d'Apt, sur une Inscription antique.
LETTRE écrite d'Apt , fur une Infcription
antique.
E ne fçai , Monfieur , fi vous agréerez
Jura
cription qu'on a découverte au voisinage
de notre Ville ; elle eft gravée en beaux
caracteres Romains , & contient les ра-
roles fuivantes ::
T. TROCIVS VIRILIS.
SIBI ET
MARIAE PRIVATAE
VX.SORI. T. F. I ..
C'est-à-dire , Titus Trocius Virilis a
ordonné par fon teftament qu'on dreffât
ce fepulchre pour lui & pour Marie Private
fa femme..
On ne trouve pas que le nom de Marie
ait été ufité pendant le Paganifme, ni qu'il
ait été donné à des perfonnes du fexe qu'après
la publication de l'Evangile , & à
celles feulement qui faifoient profeffion
du Chriftianifme ; car quoique dans une
Infcription trouvée à Valence en Daus
phiné , & rapportée par Spon dans fes Recherches
d'Antiquités , il foit fait mention
1. Vol. d'une
JUIN. 1730. 1097
d'une Verutia Maria fille de Marius , on
voit bien que c'eft ici un nom de famille
different de celui de notre Marie Private,
lequel fervant de prénom ou de nom propre
, ne peut avoir été impofé qu'à une
chrétienne ; cela fuppofé , je trouve dans
cette Infcription des caracteres qui me la
font porter bien plus avant que du tems
où nos Critiques modernes placent l'introduction
de la foi dans notre Province ;
ma raiſon eft qu'étant ainfi conçûë fans
aucune marque de Chriftianifme , fi l'on
excepte le nom de Marie , cette circonftance
nous donne à connoître qu'elle doit
être placée dans les tems orageux de l'Eglife
, & lorfque les Chrétiens n'ofoient
fe produire par des fingularités qui les
auroient trop défignés ; en effet,on n'y voit.
ni la Croix , ni le Chiffre Grec du nom
de Chrift que Conftantin mit fur les Etendarts
, & qui étoit long- tems avant lui en.
ufage parmi les fideles , comme Bofio &.
Arringui l'ont remarqué fur plufieurs
tombeaux dans leur Rome fouterraine
ni rien enfin qui dénote le Chriftianifine,
ce font là autant d'indices de l'ancienneté
de notre Infcription ; car je ne penſe pas
qu'on fut fondé de la mettre dans un tems
pofterieur à la Conftitution des Empereurs
Theodofe & Valentinien , publiée l'an du
Salut 427. & inferée dans le Livre premier
I. Vol.
du
1098 MERCURE DE FRANCE
du Code Juftinien fous cette Rubrique :
Nemini licere fignum Salvatoris Chrifti bumi
, vel in marmore , vel in filice fculpere
aut pingere. L'attachement que les Chrétiens
avoient pour le fimbole de notre falut,
avoit fait de fi grands progrès fous ces
Empereurs, qu'ils jugerent à propos d'arrêter
l'abus qui s'en étoit enfuivi ; mais ils
deffendent feulement par cette Conftitution
de graver ou de peindre le figne de
la Croix à plate terre , humi , afin qu'il ne
foit pas foulé aux pieds , ce qui n'a aucun
rapport avec notre infcription , laquelle
fe trouve gravée fur une pierre qui devoit
être élevée fur terre , & hors d'état de tomber
dans le cas prévu par Theodofe &
Juftinien ; d'ailleurs les Infcriptions
qu'on mettoit fur les tombeaux des Chrétiens
étoient alors conçues d'une autre
maniere , & n'avoit pas ce goût qui fe
reffent fi fort du Paganifme ; de forte que
celle- ci paroiffant d'un âge plus ancien
on doit neceffairement la placer dans un
tems qu'on n'avoit pas encore introduit,
ou plutôt qu'on n'ofoir introduire l'ufage
de mettre dans les Inferiptions fepulchrales
des marques de notre Religion ,
ni rien enfin qui pût fervir à diftinguer
les fideles d'avec les Payens .
Dans la Naiffance de l'Eglife , les Chrétiens
ou par l'apréhenfion d'être décou-
I. Vol. verts,
JUIN. 1736. 1099
verts , ou par un refte d'attachement aux
anciens ufages , n'exclurent pas toutes les
pratiques du Paganifme ; ils s'appliquetent
feulement à les fanctifier. On trouve
divers tombeaux de ces premiers Chré
tiens avec ces deux lettres D. M. que les
Payens mettoient à la tête des Infcrip
tions fépulchrales , mais ils leur donnoient
une explication differente , & au lieu de
les appliquer aux Dieux Manes , Diis Manibus,
ils les dédioient au Dieu très grand,
Deo Maximo , ce qui eft encore en ufage.
Les Chrétiens fe diftinguerent infenfiblement
par l'Alphabet & l'Oméga des
Grecs pour fignifier que comme ces deux
Lettres commencent & terminent l'Alphabet
, Dieu eft le commencement & la
fin de toutes chofes , par le Monogramme
de Chrift , par la Croix & enfin
par des
formules particulieres qui fervent encore
à diftinguer le tombeau d'un Chrétient
d'avec celui d'un infidele , comme benè
merenti , depofitus , feu depofitio , quiefcit in
pace , vixit in feculo , tranfiit , bona memoria
& quelques autres mais on ne
commença d'en ufer ainfi que dans le
calme de l'Eglife , & lorfque les Empereurs
après avoir renoncé aux vaines fuperftitions
du Paganifme , eurent embraffé
la Religion de Jesus-Chrift , ou tout au
plutôt dans le troifiéme fiecle ; de forte
I. Vol que
1100 MERCURE DE FRANCE
que notre Infcription n'ayant aucune de
ces marques , & le trouvant dediée à une
Chrétienne , comme il réfulte fort appa
remment des preuves que je viens de donner
, je perfifte dans l'opinion où je fuis
qu'on doit la placer dans un tems plus
ancien , c'est-à- dire , dans le premier âge
de l'Eglife naiffante où l'on ignoroit encore
toutes ces pratiques , & que la fureur
des perfécutions ne permettoit pas aux
Chrétiens de fe diftinguer par des fingu→
larités qui les auroient trop découverts ,
d'où je conclus, ce que j'ai voulu établir
que notre Province a eu le bonheur d'être
éclairée des lumieres de la foi beaucoup
plutôt qu'on ne veut nous l'accorder
. J'ai toûjours l'honneur d'être & c.
antique.
E ne fçai , Monfieur , fi vous agréerez
Jura
cription qu'on a découverte au voisinage
de notre Ville ; elle eft gravée en beaux
caracteres Romains , & contient les ра-
roles fuivantes ::
T. TROCIVS VIRILIS.
SIBI ET
MARIAE PRIVATAE
VX.SORI. T. F. I ..
C'est-à-dire , Titus Trocius Virilis a
ordonné par fon teftament qu'on dreffât
ce fepulchre pour lui & pour Marie Private
fa femme..
On ne trouve pas que le nom de Marie
ait été ufité pendant le Paganifme, ni qu'il
ait été donné à des perfonnes du fexe qu'après
la publication de l'Evangile , & à
celles feulement qui faifoient profeffion
du Chriftianifme ; car quoique dans une
Infcription trouvée à Valence en Daus
phiné , & rapportée par Spon dans fes Recherches
d'Antiquités , il foit fait mention
1. Vol. d'une
JUIN. 1730. 1097
d'une Verutia Maria fille de Marius , on
voit bien que c'eft ici un nom de famille
different de celui de notre Marie Private,
lequel fervant de prénom ou de nom propre
, ne peut avoir été impofé qu'à une
chrétienne ; cela fuppofé , je trouve dans
cette Infcription des caracteres qui me la
font porter bien plus avant que du tems
où nos Critiques modernes placent l'introduction
de la foi dans notre Province ;
ma raiſon eft qu'étant ainfi conçûë fans
aucune marque de Chriftianifme , fi l'on
excepte le nom de Marie , cette circonftance
nous donne à connoître qu'elle doit
être placée dans les tems orageux de l'Eglife
, & lorfque les Chrétiens n'ofoient
fe produire par des fingularités qui les
auroient trop défignés ; en effet,on n'y voit.
ni la Croix , ni le Chiffre Grec du nom
de Chrift que Conftantin mit fur les Etendarts
, & qui étoit long- tems avant lui en.
ufage parmi les fideles , comme Bofio &.
Arringui l'ont remarqué fur plufieurs
tombeaux dans leur Rome fouterraine
ni rien enfin qui dénote le Chriftianifine,
ce font là autant d'indices de l'ancienneté
de notre Infcription ; car je ne penſe pas
qu'on fut fondé de la mettre dans un tems
pofterieur à la Conftitution des Empereurs
Theodofe & Valentinien , publiée l'an du
Salut 427. & inferée dans le Livre premier
I. Vol.
du
1098 MERCURE DE FRANCE
du Code Juftinien fous cette Rubrique :
Nemini licere fignum Salvatoris Chrifti bumi
, vel in marmore , vel in filice fculpere
aut pingere. L'attachement que les Chrétiens
avoient pour le fimbole de notre falut,
avoit fait de fi grands progrès fous ces
Empereurs, qu'ils jugerent à propos d'arrêter
l'abus qui s'en étoit enfuivi ; mais ils
deffendent feulement par cette Conftitution
de graver ou de peindre le figne de
la Croix à plate terre , humi , afin qu'il ne
foit pas foulé aux pieds , ce qui n'a aucun
rapport avec notre infcription , laquelle
fe trouve gravée fur une pierre qui devoit
être élevée fur terre , & hors d'état de tomber
dans le cas prévu par Theodofe &
Juftinien ; d'ailleurs les Infcriptions
qu'on mettoit fur les tombeaux des Chrétiens
étoient alors conçues d'une autre
maniere , & n'avoit pas ce goût qui fe
reffent fi fort du Paganifme ; de forte que
celle- ci paroiffant d'un âge plus ancien
on doit neceffairement la placer dans un
tems qu'on n'avoit pas encore introduit,
ou plutôt qu'on n'ofoir introduire l'ufage
de mettre dans les Inferiptions fepulchrales
des marques de notre Religion ,
ni rien enfin qui pût fervir à diftinguer
les fideles d'avec les Payens .
Dans la Naiffance de l'Eglife , les Chrétiens
ou par l'apréhenfion d'être décou-
I. Vol. verts,
JUIN. 1736. 1099
verts , ou par un refte d'attachement aux
anciens ufages , n'exclurent pas toutes les
pratiques du Paganifme ; ils s'appliquetent
feulement à les fanctifier. On trouve
divers tombeaux de ces premiers Chré
tiens avec ces deux lettres D. M. que les
Payens mettoient à la tête des Infcrip
tions fépulchrales , mais ils leur donnoient
une explication differente , & au lieu de
les appliquer aux Dieux Manes , Diis Manibus,
ils les dédioient au Dieu très grand,
Deo Maximo , ce qui eft encore en ufage.
Les Chrétiens fe diftinguerent infenfiblement
par l'Alphabet & l'Oméga des
Grecs pour fignifier que comme ces deux
Lettres commencent & terminent l'Alphabet
, Dieu eft le commencement & la
fin de toutes chofes , par le Monogramme
de Chrift , par la Croix & enfin
par des
formules particulieres qui fervent encore
à diftinguer le tombeau d'un Chrétient
d'avec celui d'un infidele , comme benè
merenti , depofitus , feu depofitio , quiefcit in
pace , vixit in feculo , tranfiit , bona memoria
& quelques autres mais on ne
commença d'en ufer ainfi que dans le
calme de l'Eglife , & lorfque les Empereurs
après avoir renoncé aux vaines fuperftitions
du Paganifme , eurent embraffé
la Religion de Jesus-Chrift , ou tout au
plutôt dans le troifiéme fiecle ; de forte
I. Vol que
1100 MERCURE DE FRANCE
que notre Infcription n'ayant aucune de
ces marques , & le trouvant dediée à une
Chrétienne , comme il réfulte fort appa
remment des preuves que je viens de donner
, je perfifte dans l'opinion où je fuis
qu'on doit la placer dans un tems plus
ancien , c'est-à- dire , dans le premier âge
de l'Eglife naiffante où l'on ignoroit encore
toutes ces pratiques , & que la fureur
des perfécutions ne permettoit pas aux
Chrétiens de fe diftinguer par des fingu→
larités qui les auroient trop découverts ,
d'où je conclus, ce que j'ai voulu établir
que notre Province a eu le bonheur d'être
éclairée des lumieres de la foi beaucoup
plutôt qu'on ne veut nous l'accorder
. J'ai toûjours l'honneur d'être & c.
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Résumé : LETTRE écrite d'Apt, sur une Inscription antique.
La lettre, rédigée à Apt, décrit une inscription antique découverte près de cette ville. Cette inscription, gravée en caractères romains, mentionne Titus Trocius Virilis et Marie Private, son épouse. Le prénom 'Marie' est associé au christianisme, car il n'était pas courant durant la période païenne. L'auteur souligne que l'inscription ne contient aucun symbole chrétien, comme la croix ou le chiffre grec représentant le nom de Christ. Cela suggère que l'inscription date d'une époque où les chrétiens évitaient d'afficher des signes religieux pour échapper aux persécutions. L'inscription est donc datée des temps difficiles pour l'Église, avant les constitutions des empereurs Théodose et Valentinien en 427, qui interdisaient de graver ou peindre le signe de la croix sur le sol. L'auteur en conclut que l'inscription doit être antérieure à l'introduction des marques religieuses dans les inscriptions funéraires. Cela place la province d'Apt parmi les premières régions touchées par la foi chrétienne.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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