REFLEXIONS SUR PARIS.
A M. LE CHEVALIER C...
PAris n'est pas ce que l'on pense ,
C'est ici comme là ; s'il differe d'ailleurs ,
C'est que l'Esprit , l'Honneur , la Vertu , la
Science ,
N'y trouvent plus de Protecteurs.
One erreur trop certaine , et pourtant si com
mune >
Fait qu'un nombre prodigieux ,
Dans l'espoir séduisant d'y faire sa Fortune
Quitte son Foyer et ses Dieux.
De cent à peine un seul prospere.
A faire un bien gratis les Hommes sont si lents ,
Que mille gens dans la misere
Languissent à Paris avec de beaux talents.
On se fait maintenant aux yeux du miserable ,
De même que la Pierre avec le temps durcit.
Le coeur n'est plus touché du plus affreux recit ,.
On en voit trop pour en être capable.
"' Ce Pays , il est vrai , séjour de la grandeur
De tous maux , de tous biens , est le centre et la
source >
Avec quelque merite , et beaucoup de bonheur ,
I.. Vol. Il
JUIN. 1731. 1389
Il est avec le tems un Pays de ressource.
Victime à moi de mon bisarre
quant
sort 2
Dont le charme imposteur m'a seduit et me joue,
Je veux l'y surmonter , mais vainement j'échoue ,
Où d'autres à mes yeux parviennent sans effort.
Qu'on ne me dise plus qu'une extréme disgrace
Fait rentrer l'homme dans son Coeur.
Il attend , il attend , mais enfin il se lasse
De la constance du malheur.