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1
p. 1093-1098
Essay sur l'Esprit, &c. [titre d'après la table]
Début :
ESSAI SUR L'ESPRIT, ses divers caracteres et ses differentes opérations, divisé [...]
Mots clefs :
Esprit, Discours, Bel esprit, Fausseté, Talent, Sujet, Idées justes, Faux esprit, Esprit superficiel
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texteReconnaissance textuelle : Essay sur l'Esprit, &c. [titre d'après la table]
ESSAI SUR L'ESPRIT , ses divers caracteres
et ses differentes opérations , divisé
en six Discours , &c . A Paris , chez Cailleau
, Place du Pont S. Michel , à côté du
Quai des Augustins , à S. André , 1731 .
Quelques personnes nous ayant priés
de donner une idée de cet Ouvrage , nous
n'avons pû le refuser. Il est divisé en six
Discours , comme le titre le porte. Le premier
Discours traite de la nature du veritable
Esprit. Le second , des causes de la
fausseté de l'Esprit. Le troisième , du bel
Esprit. Le quatrième , roule sur le bon
Esprit , consideré métaphysiquement. Le
cinquiéine , sur le bon Esprit , consideré
.comme vertu civile . Le sixième , enfin ,
traite de l'Esprit superficiel.
L'Auteur examinant dans le premier
Discours la nature du veritable Esprit ,
le prend dans le sens ordinaire de la conversation
, et le définit. Le talent de
pense
juste , et de s'exprimer de même. L'Auteur
trouve cette définition triomphante par sa
briéveté : deux mots l'expédient ; ce sont ses
termes par sa clarté ; car , dit-il , qui ne
sçait , au moins en géneral , ce que c'est
E iiij que
1094 MERCURE DE FRANCE
›
que penser juste? Le reste du Discours est
employé à prouver et à étendre la définition
de l'Esprit. L'Auteur tâche d'y prouver
d'abord qu'il est un talent. Ensuite
il définit ce que c'est que penser juste .
Penser , selon lui , c'est avoir des idées , des
Tableaux d'un Sujet. De là l'Auteur s'attache
à faire voir que la justesse de l'expression
est aussi nécessairement un car
ractere du veritable Esprit. L'ambiguité
ou l'obscurité avec laquelle on expose un
Sujet , est , comme il le remarque trèsbien
, une preuve certaine de la confusion
des pensées ; on trouve quelques
exemples de cette régle dans ces mêmes
Discours. Les expressions pour être justes
doivent être propres au Sujet que l'on traite ,.
vives , nobles , et élevées.
Dans le second Discours , l'Auteur définit
l'Esprit faux. C'est , dit -il , celui qui
a des idées opposées à l'essence de son Sujet.
Pour soutenir cette définition , il s'applique
à
prouver 1 ° . que nous avons plusieurs
idées d'une même chose : en second
lieu , que ces idées , que ces Tableaux ne
sont pas tous justes. Il entend par idées
justes celles qui embrassant leur sujet en entier
l'expriment parfaitement. Après quetques
écarts sur la Logique et là Rhetori
que , l'Auteur passe aux causes du faux
Esprit
MAY. 1731 .
1095
,
Esprit , qui sont , selon lui ,
,
selon lui , l'ignorance
La multiplicité des idées , la distraction , l'envie
de briller et de dire des choses que les autres
ne disent
pas
la contradiction , le préjugé
et le goût , enfin , l'authorité et l'exemple.
Le Lecteur remarquera qu'il y a
quelques-unes de ces causes du faux Esprit
qui en sont plutôt de veritables effets
, comme la distraction , l'envie de dire
des choses neuves , la contradiction . Nous
n'accorderons pas à cet Auteur que la
multiplicité des idées ou Tableaux d'un
même Sujet soit une cause du faux Esprit
: autrement , plus nous aurions d'idées
représentatives d'un objet , plus notre
esprit seroit susceptible de fausseté
ce qui est contre l'expérience et la raison
qui nous apprennent que la multiplicité
des Tableaux d'un même être ne sert qu'à
nous le representer plus parfaitement .
Mais ce qui est très - singulier , et que l'an
ne peut passer à l'Auteur , c'est qu'il apporte
ici pour cause du faux Esprit , ce
qu'il apporte dans le troisiéme Discours ,
comme un caractere du bel Esprit .
و
Pour définir ce que c'est que le bel Esprit
qui fait le sujet du troisiéme Discours
, l'Auteur examine ce que c'est que
nous appellons beau. Il le considere 1º.
en lui - même . 2 ° . Dans nos jugemens ,
+
E v 3
1096 MERCURE DE FRANCE
3. dans ses espéces. 4° . dans ses parties .
5 °. enfin dans ses degrez. Il applique ensuite
toutes ces notions du beau à l'Esprit
, et le regarde sous les mêmes points
de vûë. Delà il passe aux caracteres du
bel Esprit la netteté des idées , leur élévation
, leur multiplicité , ce qui est remarquable
, et leur étenduë ; le nombre et la
beauté des connoissances : enfin , Pintelligence
parfaite des Langues , et particulierement
de celle dans laquelle on parle on on
écrit.
:
que
Le quatriéme Discours roule sur le bon
Esprit consideré métaphysiquement , c'està-
dire , comme distingué seulement , et
non opposé au bel Esprit . L'Esprit regardé
de ce côté-là , est , dit l'Auteur , la
raison même la refléxion et l'étude ont
éclairée, et qui par- là juge sainement des objets
qui se présentent. Il examine sa définition
par parties , ce qui l'engage à faire
une digression sur les préjugez qu'il définit
ainsi. Les Préjugez sont des opinions
particulieres que nous avons sur les Sujets
qui se proposent , et qui ne sont appuyés que
sur des notions ou vagues on obscures , ou imparfaites
on fausses. Après avoir examiné
la cause des préjugez , qu'il dit être la paresse
dans les jugemens simples et absolus
, et la précipitation dans les jugemens
de
MAY. 1731. 1097
de comparaison , l'Auteur passe aux effets
des préjugez qu'il développe , et sur lesquels
il s'étend beaucoup . Il revient ensuite
au bon Esprit , dont il considere le
principe ou la cause , les productions et
les effets : enfin , les moyens qui servent
à l'entretenir et à l'étendre .
Le bon Esprit qui avoit été consideré
métaphysiquement dans le quatriéme
Discours , est regardé dans le cinquième
comme une vertu civile. Le bon Esprit
dit-il , est cette heureuse disposition , qui
dans toutes les occasions de la vie nous
fait prendre le parti de la sagesse et de la
raison. L'Auteur entre ensuite dans le détail
des avantages et des effets du bon Esprit
, soit dans la societé civile , soit dans
la societé domestique .
L'Esprit superficiel qui est la matiere
du dernier Discours , est , dit l'Auteur
celui qui n'ayant que les premieres idées d'un
Sujet , n'en embrasse, et n'en peut exprimer
que l'écorce . Le seul remede que l'on puisse
apporter pour se guérir de cet esprit
superficiel est le travail , qui entraîne avec
lui beaucoup de tems , et de difficultez ,
soit par la disposition de notre esprit , soit
par l'ignorance des qualitez du Sujet , sur
lequel l'esprit s'exerce , soit P'incertitude
du succès : mais il faut une applica-
E vj
par
tion
1098 MERCURE DE FRANCE
tion perseverante dans son travail , pour
ne pas perdre en un tems ce qu'on à acquis
avec peine dans un autre. L'Auteur
finit en proposant des moyens pour se
précautionner contre l'oubli de ce qu'on
a appris. Le stile de cet Ouvrage fait assez
connoître que l'Auteur est comme il
en avertit dans sa Préface ) d'un âge qui
ouvre naturellement une assez vaste carriere
aux refléxions et au travail.
et ses differentes opérations , divisé
en six Discours , &c . A Paris , chez Cailleau
, Place du Pont S. Michel , à côté du
Quai des Augustins , à S. André , 1731 .
Quelques personnes nous ayant priés
de donner une idée de cet Ouvrage , nous
n'avons pû le refuser. Il est divisé en six
Discours , comme le titre le porte. Le premier
Discours traite de la nature du veritable
Esprit. Le second , des causes de la
fausseté de l'Esprit. Le troisième , du bel
Esprit. Le quatrième , roule sur le bon
Esprit , consideré métaphysiquement. Le
cinquiéine , sur le bon Esprit , consideré
.comme vertu civile . Le sixième , enfin ,
traite de l'Esprit superficiel.
L'Auteur examinant dans le premier
Discours la nature du veritable Esprit ,
le prend dans le sens ordinaire de la conversation
, et le définit. Le talent de
pense
juste , et de s'exprimer de même. L'Auteur
trouve cette définition triomphante par sa
briéveté : deux mots l'expédient ; ce sont ses
termes par sa clarté ; car , dit-il , qui ne
sçait , au moins en géneral , ce que c'est
E iiij que
1094 MERCURE DE FRANCE
›
que penser juste? Le reste du Discours est
employé à prouver et à étendre la définition
de l'Esprit. L'Auteur tâche d'y prouver
d'abord qu'il est un talent. Ensuite
il définit ce que c'est que penser juste .
Penser , selon lui , c'est avoir des idées , des
Tableaux d'un Sujet. De là l'Auteur s'attache
à faire voir que la justesse de l'expression
est aussi nécessairement un car
ractere du veritable Esprit. L'ambiguité
ou l'obscurité avec laquelle on expose un
Sujet , est , comme il le remarque trèsbien
, une preuve certaine de la confusion
des pensées ; on trouve quelques
exemples de cette régle dans ces mêmes
Discours. Les expressions pour être justes
doivent être propres au Sujet que l'on traite ,.
vives , nobles , et élevées.
Dans le second Discours , l'Auteur définit
l'Esprit faux. C'est , dit -il , celui qui
a des idées opposées à l'essence de son Sujet.
Pour soutenir cette définition , il s'applique
à
prouver 1 ° . que nous avons plusieurs
idées d'une même chose : en second
lieu , que ces idées , que ces Tableaux ne
sont pas tous justes. Il entend par idées
justes celles qui embrassant leur sujet en entier
l'expriment parfaitement. Après quetques
écarts sur la Logique et là Rhetori
que , l'Auteur passe aux causes du faux
Esprit
MAY. 1731 .
1095
,
Esprit , qui sont , selon lui ,
,
selon lui , l'ignorance
La multiplicité des idées , la distraction , l'envie
de briller et de dire des choses que les autres
ne disent
pas
la contradiction , le préjugé
et le goût , enfin , l'authorité et l'exemple.
Le Lecteur remarquera qu'il y a
quelques-unes de ces causes du faux Esprit
qui en sont plutôt de veritables effets
, comme la distraction , l'envie de dire
des choses neuves , la contradiction . Nous
n'accorderons pas à cet Auteur que la
multiplicité des idées ou Tableaux d'un
même Sujet soit une cause du faux Esprit
: autrement , plus nous aurions d'idées
représentatives d'un objet , plus notre
esprit seroit susceptible de fausseté
ce qui est contre l'expérience et la raison
qui nous apprennent que la multiplicité
des Tableaux d'un même être ne sert qu'à
nous le representer plus parfaitement .
Mais ce qui est très - singulier , et que l'an
ne peut passer à l'Auteur , c'est qu'il apporte
ici pour cause du faux Esprit , ce
qu'il apporte dans le troisiéme Discours ,
comme un caractere du bel Esprit .
و
Pour définir ce que c'est que le bel Esprit
qui fait le sujet du troisiéme Discours
, l'Auteur examine ce que c'est que
nous appellons beau. Il le considere 1º.
en lui - même . 2 ° . Dans nos jugemens ,
+
E v 3
1096 MERCURE DE FRANCE
3. dans ses espéces. 4° . dans ses parties .
5 °. enfin dans ses degrez. Il applique ensuite
toutes ces notions du beau à l'Esprit
, et le regarde sous les mêmes points
de vûë. Delà il passe aux caracteres du
bel Esprit la netteté des idées , leur élévation
, leur multiplicité , ce qui est remarquable
, et leur étenduë ; le nombre et la
beauté des connoissances : enfin , Pintelligence
parfaite des Langues , et particulierement
de celle dans laquelle on parle on on
écrit.
:
que
Le quatriéme Discours roule sur le bon
Esprit consideré métaphysiquement , c'està-
dire , comme distingué seulement , et
non opposé au bel Esprit . L'Esprit regardé
de ce côté-là , est , dit l'Auteur , la
raison même la refléxion et l'étude ont
éclairée, et qui par- là juge sainement des objets
qui se présentent. Il examine sa définition
par parties , ce qui l'engage à faire
une digression sur les préjugez qu'il définit
ainsi. Les Préjugez sont des opinions
particulieres que nous avons sur les Sujets
qui se proposent , et qui ne sont appuyés que
sur des notions ou vagues on obscures , ou imparfaites
on fausses. Après avoir examiné
la cause des préjugez , qu'il dit être la paresse
dans les jugemens simples et absolus
, et la précipitation dans les jugemens
de
MAY. 1731. 1097
de comparaison , l'Auteur passe aux effets
des préjugez qu'il développe , et sur lesquels
il s'étend beaucoup . Il revient ensuite
au bon Esprit , dont il considere le
principe ou la cause , les productions et
les effets : enfin , les moyens qui servent
à l'entretenir et à l'étendre .
Le bon Esprit qui avoit été consideré
métaphysiquement dans le quatriéme
Discours , est regardé dans le cinquième
comme une vertu civile. Le bon Esprit
dit-il , est cette heureuse disposition , qui
dans toutes les occasions de la vie nous
fait prendre le parti de la sagesse et de la
raison. L'Auteur entre ensuite dans le détail
des avantages et des effets du bon Esprit
, soit dans la societé civile , soit dans
la societé domestique .
L'Esprit superficiel qui est la matiere
du dernier Discours , est , dit l'Auteur
celui qui n'ayant que les premieres idées d'un
Sujet , n'en embrasse, et n'en peut exprimer
que l'écorce . Le seul remede que l'on puisse
apporter pour se guérir de cet esprit
superficiel est le travail , qui entraîne avec
lui beaucoup de tems , et de difficultez ,
soit par la disposition de notre esprit , soit
par l'ignorance des qualitez du Sujet , sur
lequel l'esprit s'exerce , soit P'incertitude
du succès : mais il faut une applica-
E vj
par
tion
1098 MERCURE DE FRANCE
tion perseverante dans son travail , pour
ne pas perdre en un tems ce qu'on à acquis
avec peine dans un autre. L'Auteur
finit en proposant des moyens pour se
précautionner contre l'oubli de ce qu'on
a appris. Le stile de cet Ouvrage fait assez
connoître que l'Auteur est comme il
en avertit dans sa Préface ) d'un âge qui
ouvre naturellement une assez vaste carriere
aux refléxions et au travail.
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Résumé : Essay sur l'Esprit, &c. [titre d'après la table]
L'ouvrage 'Essai sur l'esprit, ses divers caractères et ses différentes opérations' est structuré en six discours. Le premier discours définit le véritable esprit comme la capacité de penser correctement et de s'exprimer de manière appropriée. Le second discours examine la fausseté de l'esprit, attribuée à des causes telles que l'ignorance, la distraction et le désir de briller. Le troisième discours explore le bel esprit, marqué par la netteté, l'élévation et la multiplicité des idées. Le quatrième discours considère le bon esprit du point de vue métaphysique, le décrivant comme une raison éclairée par la réflexion et l'étude. Le cinquième discours analyse le bon esprit en tant que vertu civile, promouvant la sagesse et la raison dans la vie quotidienne. Enfin, le sixième discours traite de l'esprit superficiel, qui ne saisit que les premières idées d'un sujet, et propose le travail persévérant comme antidote. L'auteur démontre, à travers son style, une maturité adaptée aux réflexions approfondies et au travail rigoureux.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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