A M. J. D.
à
Amiens ,
Sur la rareté des Canards.
ONN dit ( mais je ne le puis croire )
Que chez vous les froids sont si grands ,
Que les Canards à triples rangs ,
Pour n'avoir pu trouver à boire ,
Ont fui si bien , qu'il n'est resté ,
Pas de quoi faire un seul Pâté .
Pour vous , si l'on dit vrai , la chose est affli
geante ,
Car enfin ne comptez de
vous porter si bien ,
Comme vous avez fait en l'an mil sept cens
trente ,
Si vous ne payez pas à C ... sa rente ;
C... de sa part pour vous ne fera rien.
L'an passé qu'il reçut l'honnête redevance ; ´
Par huit ou neuf de ses Supots ,
Tous gens à Janus fort dévots ,
Il fit faire pour vous des voeux en abondance ;
Le Temple de Bacchus en diroit verité ;
A votre intention mainte razade buë ,
Et tant que chez quelqu'un raison en fut perdue,
Vous auriez pour l'année acquis force santé .
Cet an- cy n'ira pas de même :
Sans que rien ait parú voici le Carnaval ,
Ma
810 MERCURE DE FRANCE
i
Ma foi craignez la mort ou la fievre au teint
blême ,
Si vous ne prévenez le mal ;
Hazard si vous allez jusqu'à la mi-carême.