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1
p. 117-120
NOUVELLE de Flandres. Du Camp de Hesnain-Lietard le 15. Aoust 1712.
Début :
La tranchée a esté ouverte devant Douay hier au soir [...]
Mots clefs :
Flandre, Douai, Prince Eugène, Retranchement
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texteReconnaissance textuelle : NOUVELLE de Flandres. Du Camp de Hesnain-Lietard le 15. Aoust 1712.
NOUVELLES
de FlanSres.
Du Camp de Hefnain-Lietard
le 15.Aoufl 1711.
La tranchée aesié ouverte devant Douay hier
au foir à huit heures, & a
cfié poussee à soixante soi-
ses du chemin couvert .,il'
y a
deux attaques à la Ville, l'une à la porte NostreDame, & l'autre à la ports
Morelle,(L'on a
fait une
troisieme attaque au sort
d'Escarpe,on a
conduit cette tranchée avec succez,5
& sans beaucoup de pèrre,
nous n'avons eu qu'un Capitaine du Regiment de
Lanoy tué, deux Lieutenants, un fous
-
Lieutenant, & un Ingenieur
blessez nous avons tra,
vaillépris de dejux heures
&ns sans quelesennemi
s'en apperceulfent. Comme la garnison de la place
cft foible
,
& qu'elle fera
attaquée avec vigueur nous,,
cfperons en efire maistres
aussi bien que du Fore
avant le 26. de ce mois.
Le Prince Eugene a
saic
cesjours-cy quelquesmouvements du costé d'Orchies & de la Deulle pour
tafeher de nous inquieter3
êc de jetter du secours dans
Douay
,
à quoy il n'a pu
reussir. Il fait courir le
bruit dans son armée depuis deux jours qu'il veut
nous attaquer,& nous forcer absolument à abandonner l'entreprise de ce siege, mais ces menaces ne
nous font point peur, &
nous sommes prests à le
bien recevoir en cas qu'il
ose tascher de nous forcer
dans nos retranchements
de FlanSres.
Du Camp de Hefnain-Lietard
le 15.Aoufl 1711.
La tranchée aesié ouverte devant Douay hier
au foir à huit heures, & a
cfié poussee à soixante soi-
ses du chemin couvert .,il'
y a
deux attaques à la Ville, l'une à la porte NostreDame, & l'autre à la ports
Morelle,(L'on a
fait une
troisieme attaque au sort
d'Escarpe,on a
conduit cette tranchée avec succez,5
& sans beaucoup de pèrre,
nous n'avons eu qu'un Capitaine du Regiment de
Lanoy tué, deux Lieutenants, un fous
-
Lieutenant, & un Ingenieur
blessez nous avons tra,
vaillépris de dejux heures
&ns sans quelesennemi
s'en apperceulfent. Comme la garnison de la place
cft foible
,
& qu'elle fera
attaquée avec vigueur nous,,
cfperons en efire maistres
aussi bien que du Fore
avant le 26. de ce mois.
Le Prince Eugene a
saic
cesjours-cy quelquesmouvements du costé d'Orchies & de la Deulle pour
tafeher de nous inquieter3
êc de jetter du secours dans
Douay
,
à quoy il n'a pu
reussir. Il fait courir le
bruit dans son armée depuis deux jours qu'il veut
nous attaquer,& nous forcer absolument à abandonner l'entreprise de ce siege, mais ces menaces ne
nous font point peur, &
nous sommes prests à le
bien recevoir en cas qu'il
ose tascher de nous forcer
dans nos retranchements
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Résumé : NOUVELLE de Flandres. Du Camp de Hesnain-Lietard le 15. Aoust 1712.
Le 15 août 1711, un rapport depuis le camp de Hefnain-Lietard mentionne que la tranchée devant Douai a été avancée à soixante toises du chemin couvert. Deux attaques ont été menées à Douai, l'une à la porte Notre-Dame et l'autre à la porte Morelle. Une troisième attaque a réussi au sort d'Escarpe sans pertes majeures. Un capitaine du régiment de Lanoy a été tué, et deux lieutenants, un sous-lieutenant et un ingénieur ont été blessés. Les travaux ont été réalisés sans alerter l'ennemi. La garnison de Douai étant faible, une attaque vigoureuse est prévue avant le 26 août. Le Prince Eugène a tenté des mouvements près d'Orchies et de la Deulle pour perturber les opérations, mais sans succès. Il menace d'attaquer pour forcer l'abandon du siège, mais les troupes sont prêtes à le repousser.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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2
p. 217-252
RELATION de Monsieur Cassart.
Début :
Nous appareillâmes de la Martinique le 12. Janvier, & fimes voile [...]
Mots clefs :
Cassart, Flibustiers , Vaisseaux, Combat, Naufrage, Mortiers, Indiens , Caracas , Contribution , Retranchement
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texteReconnaissance textuelle : RELATION de Monsieur Cassart.
HELATION
de Monsieur Cassart. NOus appareillâmes de
la Martinique le 12.
janvier, & fimes voile pour
a Guadeloupe qui en un
sle Françoise, & voisine de
a précedente. Nous y prines
trois de nos Vaisseaux
lui y estoient, .& environ
:ent cinquante Flibustiers;
lelànousallâmes à S. Eustahe,
petite Isle Hollandoise
où nous moiiiiiames, le
2.
j.}
elle a esté pillée & brulee,il
y a deux ans par les Flibu
tiers de la Martinique, les
habitans nous firent plus d
pitié que d'envie;cependant
aprés avoir pris lavaleur
de IOOOO. écus de contribution
, nous levames
l'Ancre le :.7. pour aller à
Carasol, dans nostre rout
nous eûmes deux jours d
calmc, ce qui sit prendre le
parti à MonsieurCassart de
toucher la Coste de Caraças
Espagnolle, pour y faire dt
.réau, ayant appris qu'il n'y
on avoit point à Carasol
,
le
lo. Février estant sur la
:osie qui n'est habitée que
Indiens, le calme nous 0..
Iligea de moüillerdevant
ne Plage qu'on appelle
ropsea, ou cinq jours
prés nostre Vaisseau se perit;
je n'estoit pas à bord
quand ce malheur arriva, j'aois
profité d'un Canot que
Mr Cassart avoit envoyé à la
fille de Carcaça: avec le
Baron de Mouvance, Lieuenant
de Vaisseau qui alloit
aire un compliment de sa
art auGouverneur; comme
cerce Ville est éloignée de
dix huit lieuës de l'endroi
où nos Vaisseaux estoient
mouillez, nous n'aprimes
cette perre que deux jours
aprés, Mr Cassart ayan
appareillé sur lemìnuit pour
venir mouiller avec son escadre
à la Ville, son Vaisseau
deux heures aprés toucha
sur un banc inconnû à trois
lieuës de terre, & y rella
iqluelque temps, aprés quoy revint à flot de luy mêlTIC;
mais estant crevé dans beaucoup
d'endroits & plein
d'eau
, on n'eût que le temps
Ie l'aller echouer à terre, où
lOUS raYOnS laisse. On n'a
oresque rien sauvé, bienneureux
d'avoir pû sauver les
quipages & nos hardes, à
cause de la Mer qui bat en
tofts & qui est furieuse. Mr
tTaflart mit toute son application
aprés cela, à faire débrquerdeux
Mortiers de
douze pouces pour servir a
on expedition, ilyreüssit
avec beaucoup de peines,
nais il ne pût avoir les Bombes
ny les Fusécs; aprés un
bareil naufragc nous ne derions
plus songer à aller attaquer
Carasol,ayant perdu
pour trois mois de vivres à
huitcens hommes quiétoient
dans ce Navire, la moitié dCi
leurs armes, & toutes les munitions
de guerre;cependant
Mr Cassart en decida autre
ment. Le 13. de Fevrier
nous fimes voile pour
cette
Isle avec cinq Vaisseaux qui
nous restoient, & nous
y|
moüillâmes le 16. dans un
Ance que l'on appelle Sainte
Croix, comme les courants
Tone fort rapides, & qu'ils
portent au large, nous ne
fimespointnostre descente
c lendemain, à caused'un
le nos gros Vaisseaux qui
e pouvoit gagner le moüilage.
Le 17. ce Vaisseau bien
oin de s'approcher étoit enlaine
par Ics courants & levent
contraire, ce qui nous
faisoit desesperecr de pouvoir
ien entreprendre & bien
moins de retiffir si ce Navire
venoit à nous manquer, cela
irriva cependant ainsi, & le
18. au matin nous ne le
nmesplus, il avoit avec luy
ies deux Mortiers de douze
pouces sauvez du naufrage,
qui estoient nos plus gros,
la plus grande partie des
Bombes pour d'autres que
nous avions, trois cent soldats
& quatorze ou quinze
Officiers done six
cftoicnc!
nos princi paux, tout s'opposoit
de ce coste-là a nostre
snrreprise: de l'autre nouSj
donnions le temps aux
ennemis
de s'assembler, cnnn
Mr Cassartcontre toute apparence
de reüssir prit son 1
parti sur le champ & dans la
resolution de vaincre ou d'y
rester, nous descendîmes à
terre Ie: même jour a neuf
heures du matin au nombre
de six cens soldats & de trois
cens cinquante Flibustiers;
d'abord nous trompâmes les
ennemis qui nous attendoicnt
dans l'Ance, devant
laquelle nous estions moüille
& qui nous voyoicnr partir
de nos Vaisseaux dans nos
Chaloupes, quand nous
nous fûmes un peu avanccz
& que' l'approche de terre
commenta à, couvrir nos
Chaloupes, nous vogâmes
de force sur nostre droite,
& nous mîmes pied à terre
un àun, deux à deux dans
une petitePlageque les ennemis
ne gjrdoient pas, la
croyant impratiquable, à la , ,. verite on na jamais rien veu
de pareil pour la difficult^
car s'il y avoir eu seulement
vingt hommes bien resolus,
nousaurions cfte obligez de
nous rembarquer avec perce,
c'estoit un endroit fort petit,
lequel aprés que Ton estoit
descendu à terre, il falloit
monter en grimpant par
dessus un Rocher tres dimcultueux
& passer par un
trou un à un pour s'aller former
dans un petit bois taillis
qui suivoit ce passage, nostre
bonheurnousconduisit heureusement
& nous fit former
peu à peu un corps de 400.
hommes, àl'abry desquels les
autres passoient & arrivoient
en seureté. Les ennemis qui
estoient à deux portées de
fusil de nous, ne nous sqeurent
que lorsque nous defilâmes
par quatre dans une
Plaine qui aboutissoit a ce
petit Bois, ou nous nous
rangeames en bataille,
quand nos gens furent dcfcendus
les ennemis ne nous
tirant que de tres-loin & occupant
une hauteur, nous
marchâmes à eux fort vîte
en bataille, ilsne disputerent
point leur terrain, ils nous
abandonnerent la Montagne
aprés avoir fait leur décharge
qui ne nous blessa que
cinq ou six hommes & en
tua trois, ils se jetterent sur
leur droitederriereunretranchement
qu'ils y
avoient:
comme nous avions monté
cette Montagne fort vîte
& que nos Troupes estoient
fort essouflées, Mr Caffart
les fic reposer; ce fût là que
les ennemis nous tirerent de
leur retranchement plus de
deux mil coups de fusil; mais
aux premiers tirez nous nous
couvtîmes de la Crete de la
Montage, ce qui rendit leur
grand feu sans beaucoup
d'effet, les balles nous passant
par dessus la teste,lorsque
nos soldats furent reposez
nous marchâmes droit à
eux sans beaucoup d'ordre
la bayonnete au bout du fusil;
ilssoûtinrent nostre fCll
quelque temps par le leur;
maiscomme nous avancions
toûjours à mesure que nous
avions tíré, il n'attendirent
pas l'effet denos ~bayons,
nous sautâmes dans le retranchement
qui estoitdune
bonne muraille de pierre &
les poursuivîmes l'espace de
demy lieuë, nous leurs
prîmes dans cette attaque
trois Drapeaux & la pluspart
de leurs chevaux qui nous
ont bien servi dans la suite,
nous perdîmes quarantecinq
hommes tant tuez que blessez,
Mr Cassartaesté blessé
dangereusement d'une balle
quiluy perce le pied; cette
affaire ayant ainsiréüssi nous
jugeames que ce choc intimideroit
les ennemis & que
nous irions plus loin; c'est
pourquoy l'on resolut de
s'aller emparer d'un habitation
qui nous restoit sur
nostre gauche à demy lieue
dans une belle Plaine, nous
y arrivâmes sans difficulté &
ne voyant d'ennemis d'un
costé ny d'autre, nous y
fimes nostreCamp. Comme
Mr Cassart avoit esté emporté
à bord il envoya Mr
de Bandeville, Capitaine de
Fregatte pour comm nder à
sa place & pour reglerce que
nous aurions à faire dans la
suite, nous passames la nuit
sansestreinquietezde !'ennc'"j
my, Mr Cassart, dis- je, ayanc
remis toutes choses à laprudence
de Mr de Bandeville,
soit pour le rembarquement,
foit pour penérrer
plus avant, l'on tine confcil
le lendemain matin pour
voir si il falloit marcher par
terre à la Ville qui estoit à
huit lieuës de là, & l'on fût
d'avis d'attendre un jour
pour voir si deux beatteaux
que l'on avoit envoyé à bord
de ce Vaisseau qui nous
manquoit chercher nos gros
Mortiers, & nos Troupes
'arriveroient pas, aprés ce
emps attendu nous ne vÎnlCS
ien paroistre& nous n'aons
rien vtu depuis,les bâ-
~mens n'auront jamais pû
~agner contre le vent & les
ourants. Le 20l'on retint
n nouveau conseil qui s'cn
rmic entiérement à Mr
Cassart qui conclut à pené-
~trer dans le Pays & à marher
à laVille, nous voyons
evantnousmille difficultez
ui n'estoient pas faciles à
~rnionter par un si petit
ombre de Troupes que
ous estions, ayant selon les
apparences plusieurs retranchemens
à forcer qui mineroient
nostre Troupe avant
d'arriver à la Ville qui eaoie.,
fort éloignée oucre qu'il y
avoit dans rifle trois miUcJ
hommes armez, & que nous|
estions artendus depuis plus
de six semaines; d'un autre*
costé nous n'avions point de f
Port à nous auprés de la Ville
pour pouvoir débarquer nos
Mortiers & nos Vivres, cela
n'empêcha point il fût resolu
que l'an partiroit le lendemain,
& que nos Chaloupes
partiroient en raemci
temps en côtoyant la terre
avec les vivres, les bombes
& trois Mortiers qui nous
estoient, dont les deux plus
;ros n'estoient que de neuf
~pouces & l'autre au dessus,
, nous nous preparames a
narcher tout ce jour, pour
cette effetl'on fit débarquer
~enc cinquante Matelots ar-
~ez pour nous servir de
enfort,maisilsnousincommoderent
beaucoup plus
qu'ils ne nous furent utiles,
~e n, à six heures du man
nous nous mî(\mes en
tarchc) nous fimes quatre
licacs cc jour là sans voÏII
qui que ce soit, nous couchames
forttranquillement
à une habitation que nous
trouvâmes sur le chemin
Lc 22 nous fimes la rnêm
manoeuvre dans le dessein
de nous allcr emparer _d'
petit Port qui s'appelle Piscader,
qui est éloigné de la
Ville de trois quarts de lieuë
& oùily a une batterie de &
pieces decanon quidonnesur
la Mer & qui n'a qu'un foffi
retranché du costé de terre
afin de mettre nos Chal-
oupes en seurcte qui alloient
comme j'ay déja dit le long
de la coste à mesureque
nous avancions par terre,
mais nous fûmes trompez
dans nos attentes. Le 22. au
matin aprés avoir fait environ
une lieuë & passé un fort
mauvais defilé, nous arrivâmes
dans une Plaineassez
grande qui avoic pour face
une Montagne fort étenduë;
nostre guide nous dit que le
grand chemin passoit pardessus
la hauteur & qu'il n'en
connoissoit point d'autre,
sans nous defier de l'ennemy,
puisque nousnel'avionspas
trouvé au defilé nous marchâmes,
d'abord nous apperçûmes
quelques Cavaliers
ce qui nous fit fait alte pour
nous mettre en battaille
quand cela fût fait nous
continuames nostre route
tambour battant & Drapeaux
deployez à mesure
que nous avancions du pied
de la Montagne nous appercevions
le nombre des ennemis
augmenter &qu'ilyavoit
là un fort retranchement,
quand nous en fûmes bien
persuadez, Mr de Bandeville
fit marcher le premier
bataillon par la droite pour
prendre les ennemis en flanc
le second bataillon dont ma
Compagnie estoit & dont
j'étois troisiéme Capitaine
marcha droit en face du rctranchement,&
lesFlibustiers
& Matelots marcherent par
la gauche, dans cette disposition
sans sçavoir le nombre
d'ennemis que nous avions
à combattre jle premier bataillon
marcha seul par la
droite, comme j'ay déja dit,
parce qu'il falloit beaucoup
monter & passer par un Bois.
avant d'arriver au flanc du
retran hement, comme
nous n'étionssimplement
que hors la portéedu fusil
nousattendîmes que nostre
premier bataillon eût tiré
avant de donner, aux premiers
coups nous marcharries
les ennemis nous laisserent
approcher à portée de pistolet
sans tirer,aprèsquoy l'on
n'entendit plusde route parts
qu'un fCLJ terrible, neuf
pieces de canon qu'ilsavoient
tirerent sur nous à Inirraiile,
ce quifit plier lesFlibustiers&
Matelots; nos Troupes ne
firent pas de même, comme
le
le feu du canon Sc de la
Mousqueterie nous empêphoit
de montcr au retranchement
aussi visteque nous
l'-aurions souhaite,& que la
montée étoit assez escarpée.
L'on nousfit jetter sur nostre
droite, nous montâmes au
travers les Rochers &les
rPlnes) cequi nous fit rencontrer
avec les Grenadiers
du premier Bataillon, & entramesensemble
par le lfanc
dans le retranchement que
les ennemis abandonnerent.
Comme le feu estoit fort diminué
les Flibustiers & les
Matelots reprirent courage
& donnerent par la gauche
quine tint pas, voyanc leurs
camarades en suite,ilsavoient
comme nous du blanc à
leurs chapeaux, ce qui nous
empêcha d'en tuerbeaucoup,
nous leurs prîmes encore
quatre Drapeaux & neuf
pieces de canon de bronze;
ce te action fût vive, mais
clic patoist incroyable, ils
estoient sept cens soixance
&, quinze blancs, & trois
cens noirs armcz, ce que
nous (qumes sur le champ
par les prisonniers que nous
simes, nous ne perdîmes que
quarante hommes tant tuez
que blcfleZj nous devionsen
perdre davantage & assurement
que toutnôtre bataillon
devoit y rester, nostre bonheur
vient de ce que nous
~cftions trop prests sans avoir
tiré, car ils estoient obligez
de tirer de haut en bas, ce
quifaisoit tomber la plufparc
de leurs balles derriere nous
sans effet, n'osant par trop fc
découvrir;je ne perdis que
cinq hommes de ma Compagnie
& mon Enseigne
bkLTé. Comme ceretranchement
estoit entouré de
Bois, nous ne nous y arreiames
point, nous rejoignames
legrand chemin & fimcs demi
lieue sans aucun vestige
d'ennemy nous nous reposâmes
dans lc dessein d'aller
le foir attaqucr Piscader,
mais comme nous contâmes
que cet endroit feroit fort
deffendu, nous fûmes coucher
à demi líeuë de ce petit
Port à caufc de lanuit.
Le lendemain 2. 3. nousmarchâmes
à Piscader, nous
fûmes surpris agréablement
d'y trouver pas Chaloupes
moüíllées;les ennemis épouvantez
de la veille avoicnt
abandonné cette batterie &
encloüé les canons & nos
Chaloupes estoient arrivées
demi- heure avant nous; l'é.
pouvante les avoient tellement
saisisqu'ils s'étoient
retirez en confusion dedans
leur Ville qui est fermée du
costé de la terre, par le Port
& fortifiee de quatre bons
Bastions, comme nous ne
devions pas esperer de faire
rendre cette Ville par le peu
de monde que nous estions
par la difficulté de faire débarquer
de gros canon de
nos Vaisseaux qui estoient
fort éloignez,n'y ayant point
de moüillage que dans le
Port, & par le peu de vivres
que nous avions, on se conrenta
de la bombarder à
dessein de la faire contribuer,
pour cet effet nous marchâmes
le 2.4. à la Ville, le terrein
avoic esté reconnu la .;1
veille par de mauvaisconnoisseurs,
ce qui pensa nous coûter
cher; car l'on nous mena
a portée du pistolet de cette
Ville pour aller à un Camp
que Ton avoit marqué; &
par le plus grand bon-heur
du monde, dans le temps de
nostre passage les ennemis
ayant mis lc feu à des maifons
qui cftoienc le long de
la Mer, nous passames à la
gueulle de leurs canons &
des Vaisseaux
*,
ils s'aperçeurent
cependant de nostre
marche sur la fin, ce qui les
fit tirer sur ceux qu'ils
voyoient, nous perdîmes
cinq hommes du canon ,
nous fûmes obligez de décamper
sur Itf champ, quoique
couverts d'un petit rideau,
lis chargeoient leurs
canons à demi charge, &
tirant p.ar,ricochet lis com- mençoient a nous incommoder,
cela nous fit retirer
derríere une Montagne qui
estoit proche de nous, &
nous campâmes hors la portée
du canon. Le 2 5. & le
16. nos trois mortiers furent
débarquez & mis en
batterie à rrois cens toises
delaVille. Le 27. au matin
estant prêts à tirer on envoya
sommer la Ville de contribuer,
ce que le Gouverneur
ne vouluc entendre, sa réponse
nous fit commencer
de bombarder à huit heures
du matin; on nous répondit
à bon coups de canon qui
nefirent rien dans nostre
épaulement. Sur le midy nos
mortiers cesserent de tirer,
& je montai la tranchée ce
foir la avec ma Compagnie ;
sur les huit heures du foir
nous recommençâmes de
tirer, ce qui dura jusqu'a minuit.
Le 18. au matin nous
fimeslamême chose, aprés
quoy sur les ncuf heures les
ennemis demanderent une
Tréve pour sçavoir ce que
Mr Caffard demandoit de
contnbution; cnfin apres
trois jours de pourparler a
cause de l'eloignement de
nos Vaisseaux
,
dans lesquels
Monsieur Caffart estoit, la
contribution fLIt arrêtée &
signée le 3. de Mars à quatre
cent soixante mille francs,
bien heureux d'avoir tirécela;
car si ils avoient attendus
encore un jour nous estions
obligezde nous rembarquer
faute de vivres & de munitions,
nous n'avions pas cent
bombres à tirer, encore n'étoient-
elles pas bonnes par
l'inégalitédéfusées, Le
Vaisseau absent les ayant
routes; l'on commença le
payement. Le 4, ils nous
tinrent jusqu'au 1 5. esperant
qu'il leur arriveroit quelque
nouvelle d'Europe pour leur
confirmer une Tréve avec la
France dont ils nous menaçoient.
Le 1 5. nos Troupes
se rembarquerent
& nous fimes voile le 20.
pour la Ville de S. Domingue
Espagnolle; où nous
avons fait de l'eau &. sommes
partis deux Vaisseaux pour
Europe. Le 19. Mr Caffart
ayanc mené les deux autres
en Cartagene.
de Monsieur Cassart. NOus appareillâmes de
la Martinique le 12.
janvier, & fimes voile pour
a Guadeloupe qui en un
sle Françoise, & voisine de
a précedente. Nous y prines
trois de nos Vaisseaux
lui y estoient, .& environ
:ent cinquante Flibustiers;
lelànousallâmes à S. Eustahe,
petite Isle Hollandoise
où nous moiiiiiames, le
2.
j.}
elle a esté pillée & brulee,il
y a deux ans par les Flibu
tiers de la Martinique, les
habitans nous firent plus d
pitié que d'envie;cependant
aprés avoir pris lavaleur
de IOOOO. écus de contribution
, nous levames
l'Ancre le :.7. pour aller à
Carasol, dans nostre rout
nous eûmes deux jours d
calmc, ce qui sit prendre le
parti à MonsieurCassart de
toucher la Coste de Caraças
Espagnolle, pour y faire dt
.réau, ayant appris qu'il n'y
on avoit point à Carasol
,
le
lo. Février estant sur la
:osie qui n'est habitée que
Indiens, le calme nous 0..
Iligea de moüillerdevant
ne Plage qu'on appelle
ropsea, ou cinq jours
prés nostre Vaisseau se perit;
je n'estoit pas à bord
quand ce malheur arriva, j'aois
profité d'un Canot que
Mr Cassart avoit envoyé à la
fille de Carcaça: avec le
Baron de Mouvance, Lieuenant
de Vaisseau qui alloit
aire un compliment de sa
art auGouverneur; comme
cerce Ville est éloignée de
dix huit lieuës de l'endroi
où nos Vaisseaux estoient
mouillez, nous n'aprimes
cette perre que deux jours
aprés, Mr Cassart ayan
appareillé sur lemìnuit pour
venir mouiller avec son escadre
à la Ville, son Vaisseau
deux heures aprés toucha
sur un banc inconnû à trois
lieuës de terre, & y rella
iqluelque temps, aprés quoy revint à flot de luy mêlTIC;
mais estant crevé dans beaucoup
d'endroits & plein
d'eau
, on n'eût que le temps
Ie l'aller echouer à terre, où
lOUS raYOnS laisse. On n'a
oresque rien sauvé, bienneureux
d'avoir pû sauver les
quipages & nos hardes, à
cause de la Mer qui bat en
tofts & qui est furieuse. Mr
tTaflart mit toute son application
aprés cela, à faire débrquerdeux
Mortiers de
douze pouces pour servir a
on expedition, ilyreüssit
avec beaucoup de peines,
nais il ne pût avoir les Bombes
ny les Fusécs; aprés un
bareil naufragc nous ne derions
plus songer à aller attaquer
Carasol,ayant perdu
pour trois mois de vivres à
huitcens hommes quiétoient
dans ce Navire, la moitié dCi
leurs armes, & toutes les munitions
de guerre;cependant
Mr Cassart en decida autre
ment. Le 13. de Fevrier
nous fimes voile pour
cette
Isle avec cinq Vaisseaux qui
nous restoient, & nous
y|
moüillâmes le 16. dans un
Ance que l'on appelle Sainte
Croix, comme les courants
Tone fort rapides, & qu'ils
portent au large, nous ne
fimespointnostre descente
c lendemain, à caused'un
le nos gros Vaisseaux qui
e pouvoit gagner le moüilage.
Le 17. ce Vaisseau bien
oin de s'approcher étoit enlaine
par Ics courants & levent
contraire, ce qui nous
faisoit desesperecr de pouvoir
ien entreprendre & bien
moins de retiffir si ce Navire
venoit à nous manquer, cela
irriva cependant ainsi, & le
18. au matin nous ne le
nmesplus, il avoit avec luy
ies deux Mortiers de douze
pouces sauvez du naufrage,
qui estoient nos plus gros,
la plus grande partie des
Bombes pour d'autres que
nous avions, trois cent soldats
& quatorze ou quinze
Officiers done six
cftoicnc!
nos princi paux, tout s'opposoit
de ce coste-là a nostre
snrreprise: de l'autre nouSj
donnions le temps aux
ennemis
de s'assembler, cnnn
Mr Cassartcontre toute apparence
de reüssir prit son 1
parti sur le champ & dans la
resolution de vaincre ou d'y
rester, nous descendîmes à
terre Ie: même jour a neuf
heures du matin au nombre
de six cens soldats & de trois
cens cinquante Flibustiers;
d'abord nous trompâmes les
ennemis qui nous attendoicnt
dans l'Ance, devant
laquelle nous estions moüille
& qui nous voyoicnr partir
de nos Vaisseaux dans nos
Chaloupes, quand nous
nous fûmes un peu avanccz
& que' l'approche de terre
commenta à, couvrir nos
Chaloupes, nous vogâmes
de force sur nostre droite,
& nous mîmes pied à terre
un àun, deux à deux dans
une petitePlageque les ennemis
ne gjrdoient pas, la
croyant impratiquable, à la , ,. verite on na jamais rien veu
de pareil pour la difficult^
car s'il y avoir eu seulement
vingt hommes bien resolus,
nousaurions cfte obligez de
nous rembarquer avec perce,
c'estoit un endroit fort petit,
lequel aprés que Ton estoit
descendu à terre, il falloit
monter en grimpant par
dessus un Rocher tres dimcultueux
& passer par un
trou un à un pour s'aller former
dans un petit bois taillis
qui suivoit ce passage, nostre
bonheurnousconduisit heureusement
& nous fit former
peu à peu un corps de 400.
hommes, àl'abry desquels les
autres passoient & arrivoient
en seureté. Les ennemis qui
estoient à deux portées de
fusil de nous, ne nous sqeurent
que lorsque nous defilâmes
par quatre dans une
Plaine qui aboutissoit a ce
petit Bois, ou nous nous
rangeames en bataille,
quand nos gens furent dcfcendus
les ennemis ne nous
tirant que de tres-loin & occupant
une hauteur, nous
marchâmes à eux fort vîte
en bataille, ilsne disputerent
point leur terrain, ils nous
abandonnerent la Montagne
aprés avoir fait leur décharge
qui ne nous blessa que
cinq ou six hommes & en
tua trois, ils se jetterent sur
leur droitederriereunretranchement
qu'ils y
avoient:
comme nous avions monté
cette Montagne fort vîte
& que nos Troupes estoient
fort essouflées, Mr Caffart
les fic reposer; ce fût là que
les ennemis nous tirerent de
leur retranchement plus de
deux mil coups de fusil; mais
aux premiers tirez nous nous
couvtîmes de la Crete de la
Montage, ce qui rendit leur
grand feu sans beaucoup
d'effet, les balles nous passant
par dessus la teste,lorsque
nos soldats furent reposez
nous marchâmes droit à
eux sans beaucoup d'ordre
la bayonnete au bout du fusil;
ilssoûtinrent nostre fCll
quelque temps par le leur;
maiscomme nous avancions
toûjours à mesure que nous
avions tíré, il n'attendirent
pas l'effet denos ~bayons,
nous sautâmes dans le retranchement
qui estoitdune
bonne muraille de pierre &
les poursuivîmes l'espace de
demy lieuë, nous leurs
prîmes dans cette attaque
trois Drapeaux & la pluspart
de leurs chevaux qui nous
ont bien servi dans la suite,
nous perdîmes quarantecinq
hommes tant tuez que blessez,
Mr Cassartaesté blessé
dangereusement d'une balle
quiluy perce le pied; cette
affaire ayant ainsiréüssi nous
jugeames que ce choc intimideroit
les ennemis & que
nous irions plus loin; c'est
pourquoy l'on resolut de
s'aller emparer d'un habitation
qui nous restoit sur
nostre gauche à demy lieue
dans une belle Plaine, nous
y arrivâmes sans difficulté &
ne voyant d'ennemis d'un
costé ny d'autre, nous y
fimes nostreCamp. Comme
Mr Cassart avoit esté emporté
à bord il envoya Mr
de Bandeville, Capitaine de
Fregatte pour comm nder à
sa place & pour reglerce que
nous aurions à faire dans la
suite, nous passames la nuit
sansestreinquietezde !'ennc'"j
my, Mr Cassart, dis- je, ayanc
remis toutes choses à laprudence
de Mr de Bandeville,
soit pour le rembarquement,
foit pour penérrer
plus avant, l'on tine confcil
le lendemain matin pour
voir si il falloit marcher par
terre à la Ville qui estoit à
huit lieuës de là, & l'on fût
d'avis d'attendre un jour
pour voir si deux beatteaux
que l'on avoit envoyé à bord
de ce Vaisseau qui nous
manquoit chercher nos gros
Mortiers, & nos Troupes
'arriveroient pas, aprés ce
emps attendu nous ne vÎnlCS
ien paroistre& nous n'aons
rien vtu depuis,les bâ-
~mens n'auront jamais pû
~agner contre le vent & les
ourants. Le 20l'on retint
n nouveau conseil qui s'cn
rmic entiérement à Mr
Cassart qui conclut à pené-
~trer dans le Pays & à marher
à laVille, nous voyons
evantnousmille difficultez
ui n'estoient pas faciles à
~rnionter par un si petit
ombre de Troupes que
ous estions, ayant selon les
apparences plusieurs retranchemens
à forcer qui mineroient
nostre Troupe avant
d'arriver à la Ville qui eaoie.,
fort éloignée oucre qu'il y
avoit dans rifle trois miUcJ
hommes armez, & que nous|
estions artendus depuis plus
de six semaines; d'un autre*
costé nous n'avions point de f
Port à nous auprés de la Ville
pour pouvoir débarquer nos
Mortiers & nos Vivres, cela
n'empêcha point il fût resolu
que l'an partiroit le lendemain,
& que nos Chaloupes
partiroient en raemci
temps en côtoyant la terre
avec les vivres, les bombes
& trois Mortiers qui nous
estoient, dont les deux plus
;ros n'estoient que de neuf
~pouces & l'autre au dessus,
, nous nous preparames a
narcher tout ce jour, pour
cette effetl'on fit débarquer
~enc cinquante Matelots ar-
~ez pour nous servir de
enfort,maisilsnousincommoderent
beaucoup plus
qu'ils ne nous furent utiles,
~e n, à six heures du man
nous nous mî(\mes en
tarchc) nous fimes quatre
licacs cc jour là sans voÏII
qui que ce soit, nous couchames
forttranquillement
à une habitation que nous
trouvâmes sur le chemin
Lc 22 nous fimes la rnêm
manoeuvre dans le dessein
de nous allcr emparer _d'
petit Port qui s'appelle Piscader,
qui est éloigné de la
Ville de trois quarts de lieuë
& oùily a une batterie de &
pieces decanon quidonnesur
la Mer & qui n'a qu'un foffi
retranché du costé de terre
afin de mettre nos Chal-
oupes en seurcte qui alloient
comme j'ay déja dit le long
de la coste à mesureque
nous avancions par terre,
mais nous fûmes trompez
dans nos attentes. Le 22. au
matin aprés avoir fait environ
une lieuë & passé un fort
mauvais defilé, nous arrivâmes
dans une Plaineassez
grande qui avoic pour face
une Montagne fort étenduë;
nostre guide nous dit que le
grand chemin passoit pardessus
la hauteur & qu'il n'en
connoissoit point d'autre,
sans nous defier de l'ennemy,
puisque nousnel'avionspas
trouvé au defilé nous marchâmes,
d'abord nous apperçûmes
quelques Cavaliers
ce qui nous fit fait alte pour
nous mettre en battaille
quand cela fût fait nous
continuames nostre route
tambour battant & Drapeaux
deployez à mesure
que nous avancions du pied
de la Montagne nous appercevions
le nombre des ennemis
augmenter &qu'ilyavoit
là un fort retranchement,
quand nous en fûmes bien
persuadez, Mr de Bandeville
fit marcher le premier
bataillon par la droite pour
prendre les ennemis en flanc
le second bataillon dont ma
Compagnie estoit & dont
j'étois troisiéme Capitaine
marcha droit en face du rctranchement,&
lesFlibustiers
& Matelots marcherent par
la gauche, dans cette disposition
sans sçavoir le nombre
d'ennemis que nous avions
à combattre jle premier bataillon
marcha seul par la
droite, comme j'ay déja dit,
parce qu'il falloit beaucoup
monter & passer par un Bois.
avant d'arriver au flanc du
retran hement, comme
nous n'étionssimplement
que hors la portéedu fusil
nousattendîmes que nostre
premier bataillon eût tiré
avant de donner, aux premiers
coups nous marcharries
les ennemis nous laisserent
approcher à portée de pistolet
sans tirer,aprèsquoy l'on
n'entendit plusde route parts
qu'un fCLJ terrible, neuf
pieces de canon qu'ilsavoient
tirerent sur nous à Inirraiile,
ce quifit plier lesFlibustiers&
Matelots; nos Troupes ne
firent pas de même, comme
le
le feu du canon Sc de la
Mousqueterie nous empêphoit
de montcr au retranchement
aussi visteque nous
l'-aurions souhaite,& que la
montée étoit assez escarpée.
L'on nousfit jetter sur nostre
droite, nous montâmes au
travers les Rochers &les
rPlnes) cequi nous fit rencontrer
avec les Grenadiers
du premier Bataillon, & entramesensemble
par le lfanc
dans le retranchement que
les ennemis abandonnerent.
Comme le feu estoit fort diminué
les Flibustiers & les
Matelots reprirent courage
& donnerent par la gauche
quine tint pas, voyanc leurs
camarades en suite,ilsavoient
comme nous du blanc à
leurs chapeaux, ce qui nous
empêcha d'en tuerbeaucoup,
nous leurs prîmes encore
quatre Drapeaux & neuf
pieces de canon de bronze;
ce te action fût vive, mais
clic patoist incroyable, ils
estoient sept cens soixance
&, quinze blancs, & trois
cens noirs armcz, ce que
nous (qumes sur le champ
par les prisonniers que nous
simes, nous ne perdîmes que
quarante hommes tant tuez
que blcfleZj nous devionsen
perdre davantage & assurement
que toutnôtre bataillon
devoit y rester, nostre bonheur
vient de ce que nous
~cftions trop prests sans avoir
tiré, car ils estoient obligez
de tirer de haut en bas, ce
quifaisoit tomber la plufparc
de leurs balles derriere nous
sans effet, n'osant par trop fc
découvrir;je ne perdis que
cinq hommes de ma Compagnie
& mon Enseigne
bkLTé. Comme ceretranchement
estoit entouré de
Bois, nous ne nous y arreiames
point, nous rejoignames
legrand chemin & fimcs demi
lieue sans aucun vestige
d'ennemy nous nous reposâmes
dans lc dessein d'aller
le foir attaqucr Piscader,
mais comme nous contâmes
que cet endroit feroit fort
deffendu, nous fûmes coucher
à demi líeuë de ce petit
Port à caufc de lanuit.
Le lendemain 2. 3. nousmarchâmes
à Piscader, nous
fûmes surpris agréablement
d'y trouver pas Chaloupes
moüíllées;les ennemis épouvantez
de la veille avoicnt
abandonné cette batterie &
encloüé les canons & nos
Chaloupes estoient arrivées
demi- heure avant nous; l'é.
pouvante les avoient tellement
saisisqu'ils s'étoient
retirez en confusion dedans
leur Ville qui est fermée du
costé de la terre, par le Port
& fortifiee de quatre bons
Bastions, comme nous ne
devions pas esperer de faire
rendre cette Ville par le peu
de monde que nous estions
par la difficulté de faire débarquer
de gros canon de
nos Vaisseaux qui estoient
fort éloignez,n'y ayant point
de moüillage que dans le
Port, & par le peu de vivres
que nous avions, on se conrenta
de la bombarder à
dessein de la faire contribuer,
pour cet effet nous marchâmes
le 2.4. à la Ville, le terrein
avoic esté reconnu la .;1
veille par de mauvaisconnoisseurs,
ce qui pensa nous coûter
cher; car l'on nous mena
a portée du pistolet de cette
Ville pour aller à un Camp
que Ton avoit marqué; &
par le plus grand bon-heur
du monde, dans le temps de
nostre passage les ennemis
ayant mis lc feu à des maifons
qui cftoienc le long de
la Mer, nous passames à la
gueulle de leurs canons &
des Vaisseaux
*,
ils s'aperçeurent
cependant de nostre
marche sur la fin, ce qui les
fit tirer sur ceux qu'ils
voyoient, nous perdîmes
cinq hommes du canon ,
nous fûmes obligez de décamper
sur Itf champ, quoique
couverts d'un petit rideau,
lis chargeoient leurs
canons à demi charge, &
tirant p.ar,ricochet lis com- mençoient a nous incommoder,
cela nous fit retirer
derríere une Montagne qui
estoit proche de nous, &
nous campâmes hors la portée
du canon. Le 2 5. & le
16. nos trois mortiers furent
débarquez & mis en
batterie à rrois cens toises
delaVille. Le 27. au matin
estant prêts à tirer on envoya
sommer la Ville de contribuer,
ce que le Gouverneur
ne vouluc entendre, sa réponse
nous fit commencer
de bombarder à huit heures
du matin; on nous répondit
à bon coups de canon qui
nefirent rien dans nostre
épaulement. Sur le midy nos
mortiers cesserent de tirer,
& je montai la tranchée ce
foir la avec ma Compagnie ;
sur les huit heures du foir
nous recommençâmes de
tirer, ce qui dura jusqu'a minuit.
Le 18. au matin nous
fimeslamême chose, aprés
quoy sur les ncuf heures les
ennemis demanderent une
Tréve pour sçavoir ce que
Mr Caffard demandoit de
contnbution; cnfin apres
trois jours de pourparler a
cause de l'eloignement de
nos Vaisseaux
,
dans lesquels
Monsieur Caffart estoit, la
contribution fLIt arrêtée &
signée le 3. de Mars à quatre
cent soixante mille francs,
bien heureux d'avoir tirécela;
car si ils avoient attendus
encore un jour nous estions
obligezde nous rembarquer
faute de vivres & de munitions,
nous n'avions pas cent
bombres à tirer, encore n'étoient-
elles pas bonnes par
l'inégalitédéfusées, Le
Vaisseau absent les ayant
routes; l'on commença le
payement. Le 4, ils nous
tinrent jusqu'au 1 5. esperant
qu'il leur arriveroit quelque
nouvelle d'Europe pour leur
confirmer une Tréve avec la
France dont ils nous menaçoient.
Le 1 5. nos Troupes
se rembarquerent
& nous fimes voile le 20.
pour la Ville de S. Domingue
Espagnolle; où nous
avons fait de l'eau &. sommes
partis deux Vaisseaux pour
Europe. Le 19. Mr Caffart
ayanc mené les deux autres
en Cartagene.
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Résumé : RELATION de Monsieur Cassart.
Le texte relate une expédition militaire dirigée par Monsieur Cassart, débutant le 12 janvier depuis la Martinique vers la Guadeloupe. Après avoir pillé l'île hollandaise de Saint-Eustache, les forces se dirigèrent vers Carasol. Un calme forcé les obligea à mouiller devant la plage de Ropsea, où leur vaisseau se perdit. Cassart, informé deux jours plus tard, vit également son vaisseau s'échouer, entraînant la perte de vivres et de munitions. Malgré ces revers, Cassart décida d'attaquer Carasol. Le 13 février, ils appareillèrent avec cinq vaisseaux restants et mouillèrent le 16 dans l'anse Sainte-Croix. Le 18, un vaisseau avec des mortiers et des soldats se perdit. Cassart, résolu, descendit à terre avec 650 soldats et 350 flibustiers. Ils trompèrent les ennemis en débarquant sur une plage impraticable et montèrent une attaque surprise. Après une bataille intense, ils prirent trois drapeaux et des chevaux. Cassart fut blessé. Le 20, ils décidèrent de pénétrer dans le pays malgré les difficultés. Le 22, ils affrontèrent un retranchement ennemi et prirent quatre drapeaux et neuf pièces de canon. Ils continuèrent leur avancée, repoussant les attaques ennemies et prenant des positions stratégiques. Par la suite, le texte décrit une expédition militaire à Piscader. À leur arrivée, les auteurs constatèrent que les ennemis avaient abandonné une batterie et enfermé les canons, laissant leurs chaloupes à quai. Les forces ennemies s'étaient retirées dans leur ville fortifiée, protégée par quatre bastions. Les auteurs décidèrent de bombarder la ville pour obtenir une contribution, faute de pouvoir la prendre d'assaut ou de débarquer des canons lourds. Le 24, ils marchèrent vers la ville mais furent pris sous le feu ennemi, perdant cinq hommes. Ils se retirèrent derrière une montagne pour échapper aux tirs. Les 25 et 26, trois mortiers furent débarqués et mis en batterie. Le 27, après un ultimatum refusé par le gouverneur, le bombardement commença. Les pourparlers aboutirent à une contribution de 460 000 francs, signée le 3 mars. Les troupes se rembarquèrent le 15 et partirent pour la ville de Saint-Domingue espagnole le 20.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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