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1
p. 15-43
EXTRAIT. Du voyage de Mr Chambon dans les Mines de Pologne.
Début :
Etant en Pologne, je me ressouvins d'avoir Iû autre fois un Livre [...]
Mots clefs :
Mines de Pologne, Descente dans les mines, Technique minière, Découverte de minéraux, Fontaines et phénomènes naturels, Travail dans les mines
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texteReconnaissance textuelle : EXTRAIT. Du voyage de Mr Chambon dans les Mines de Pologne.
EXTRAIT.
Du DoynTe de Mr Chambon
dans les Mines de Pologne.
Etant en Pologne, je
me ressouvins d'avoir Iù
autrefois un Livre qui
traite des Mines de Sel de)
ce Païs là, & je resolus de
voir la chose par moy
mesme, je communiquay,
mon dessein à deux de mes
amis , qui mepromirent
de m'y accompagner ; la
plus fameuse de ces Mines
n'étoitéloignée que d'une
journée, nous nous y ren
dimes le lendemain & nous
y trouvâmes plusieurs per
sonnes qui dévoient y des
cendre. J'examinay l'ouver
ture,les machines qui fer
vent à la descente des hom
nies, des chevaux, des ne
cessitez des uns & desautres
&au tirage des Sels. Cette
ouverture estquarrée
; les
Machines font des Rouës
qui ne different de celles
qui sont à nos Carrieres,
qu'en ce qu'elles font cou
vertes, la corde pour faire
la descente en: d'une bonne
grosseur. On nous demanda
si nous voulions descendre;
la profondeur de cette ou
verture a quelque chose
d'effrayant, mais moy qui
voulois voir,je répondis
brusquement que j'estois
prest à partir
; cette resolu
tion determinal'un de ceux
qui m'accompagnoient ;
mais l'autre fut plus timide
& refusa de nous suivre.
On descend la grosse
corde
;ceux qui ont fait ce
voyage en prennent de la
grosseur du petit doigt a£*>•
tachées à la grosse. Il faut
se representer les cordes
dont se fcrvent les Bateliers
qui tirent un Batteau pour
luy faire remonter la Ri
viere. Quand ils se furent
placez sur ces petitescordes,
il faut nous dirent ils s'as
seoir sur nous. Allons, dis
je à mon ami
, il n'est plus
question de s'en dédire
, je
me plaçay des premiers de
la maniere dont on me l'a
, & il en fit
autant. Tout le monde étant
voit montré
rangé,on descend :
à peine
étois je à trois toises de pro
fondeur, que ceux qui gou
vernoient la corde,arrête
rent tout court, & crierent
qu'il falloit prier Dieu, j'en
tendis dans le moment en
tonner un Salve : je fus
frapé d'une idée facheuse,
je me repentis de ma curio
sité, mais reflection faite,
je me rassuray, de maniere
cependant que nature pâ
tissoit. Nous coulâmes in
sensiblement, & on arriva
à bon port, cette premiere
descente estde vingt toises
ou environ.
Ceux qui travaillent dans
ces Mines, & qui avoient
entendu le signal, vinrent
nous recevoir avec des
branches de Pin raifi
neuxallumées en forme de
flambeaux. Ils nous con
duisirent à la Chapelle qui
est au bouc d'une Voute
soutenuë par des pilotis, &
appuyé par des travers de
distance en distance. A cin
quante pas delà sepresente
sur la main droite une fon
taine d'eau douce à l'usage
des hommes & desbestes
qui habitent dans ces sou
terrains, &. dont plusieurs
n'ont jamais vû le jour. Je
fis remplir une bouteille de
cette eau, je diray dans la
fuite ce que j'en fis, j'en
remplis une autre d'une eau
fallée qui se trouve un peu
plus avant sur la gauche,on
pompe cette derniere eau
que l'on monte par la corde
pour ladécuiredans un Vil
lage appelle Wieliska,qui
n'est pas bien éloigné de
l'entrée de la Mine, & l'on
en fait un Sel propre à fer
vir sur larable Enavançant
un peu plus du mesme côté
ontrouve unevoute aHe~
haute & a(kz large sous la-I
quelle il peut y avoir une I
vingtaine de Maisonnettes i
avec des Ecuries J'ayappris
que les Chevaux qui y ont
demeuré une quinzaine de
jours
, quelques maigres
qu'ils soient, y deviennenc
à pleine peau
; que les Ha
bitans y sont rarement ma
lades ; mais je conjecture
que leur santé peut proce
der des vapeurs salines en
nemies de la pourriture &
de la corruption, & que
leur corps s'affoiblit peu à
peu,& se trouveenfinnoyé
par la superiorité de ces
mesmes vapeurs qu'ils font
obligezde respirer, d'autant
plus qu'ils sont privez de la
lumiere qui préparéun bau
me qui ranime les nostres,
& les soutient.
Les hommes fervent à ta
coupe du Sel, à le conduire
& à le transporter, & les
chevaux à tirer une seconde
rouë en forme de tour qui
sert à faire la seconde des
cente dans un fond où l'on
coupele Sel en forme de co
lomne de la grosseur d'un
quartaut de vin, & de la
longueur d'une aune & de
mie ou environ. On y peut,
descendre si l'on veut par la 1
corde de la maniéré donc je
l'ay raporté ; mais il y a une
douzaine d'Echelles en zig
zagattachées à la muraille,
par lesquels je descendis. Le
Roy avoit fait faire des
Escaliers, qui faute d'appuy
sontruinez & fondus par
,
les eaux. Arrivédansce fond
qui cO: sort spacieux & fort
élevé,je goustay les murail
ks que je reconnus estre des
masses de Sel. Ce Selestde
lacouleur dela craye dont
les*
les Tailleurs se servent. Je
goustay la matiere sur la
quelle je marchois, & je re
marquay dans certaines ca
nelures, principalementà la
racine où est la premiere
ébauche du Sel, une terre
semblableàcelle desSalpe
triers fort chargée de Sal
pestre
: plus on creuse, plus
elle est pleinedeterrestreïté.
CeSel en pierre est tres caus
tique, très amertrèsde
fagreable à la langue; ceux
quienusents'yacoûtument;
les pcrfonnes de condition
n'ensontjamais servir sur
l urs tables. Il rougit Les
viandes comme le Salperre.
CeSel est tiré du fond de ces
Mines, par la mesme Ma
chine qui sertà la descente:
delà il est conduit sur des
Rouleaux jusqu'au premier
endroit d'où il esttiré delà
mesme maniere, puis on le
charge sur des charettes
pour le transporter dans
toutes lesProvincesde la
Pologne,dansla Hongrie,:
& dans la Silesie.
Il se rencontre beaucoup
4cSel gemme dansces Mi
nes
; ceSet est blanc comme
la neige, fort dur & cristalin,
on en fait des sallieres, des
Chapelets, de petites statues
& plusieurs autres ouvrages,
qu'on vendsur les lieux. IL
y a des veines dont on tire
de ces sels si solides & si
cristallins qu'ils ressemblent
à descristaux de roche ;
ils
ne tiennent de la nature du
sel que parce qu'ils n'onc
paseûlamesmecuite, peut
estre qu'avec le temps, la*
nature lesauroit portez auj
metallique ouàla pierre pre
tieuse. On peut conicâurer.
par la pureté & par la trans
parence dont ils font,qu'elle
l'auroit fait si ellen'avoit
point étéinterompuëQuoy
qu'il en foie, l'Auteur de :
cette nature n'a pas voulu
quetoutfût dansle plus haut
degré de perfc£tion,que
toute animalité fut un érac
,
excellent, quetout vegetal
fust balsamique,&quecouc
le métallique fust or. Le
;
Verjus, quoy que moins
parfait que le Raisin, a ses
proprictez: le cheval moins
parfait que l'homme a son :
v
mérité :
le fer quoy quIn-"
ferieur à l'or ne laissepas
d'estre d'une grande utilité.
On peut reconnoistre parce
que je viens de dire, bien
des especes de sel différentes
par leur cuitte & par leurs
filtrations
: 1°. ayant fait
k Il
évaporer à mon retour,
l'eau douce que j'emportay
avec moy dans une bouteille
elle se trouva chargée d'une
Imais
quantité assez considerable
|de sel presque insipide. 2.
°,
0 de l'eau de ma secondebou
iciite on en tire par decoc
rrion un sel blanc plus pic
I quant que ce premier sel,
beaucoup plus doux
que celuy que nous prepa
ronsde l'eau de la Mer. C'est
ce sel qu'on sert comme
nous avons dit sur les tables
des Gens de condition, &
on ne peut expliquer la
difference entre le premier
sel qui est insipide & celuy
cy ,
qu'en fupofant que le
le premier en tres-attenué
par une filtration plusétroite
& plus serrée. 3
°. Outre ces
fels dilayez, le sel gemme.
4°. Ce sel en greffes masses
tenant de la nature du salpê
tre,enfin ce sel rempli de ter
restreïtez quicfilaracine:",la
premiere ébauchedesautres.
Après estresorti decette
representationinfernale, je
remarquay que la neige
(c'étoit au fort de l'hiver)
sur la surface, de la terre qui
1:Jlli
environne £ette Mine &
la couvre, étoit aussi
dure que la pierre, & qu'il
y avoitune grande diffe
rence entre cellelà & celle
qui étoit dans des endroits
pluséloignez.Tout
le monde
sçait que la dureté vicnt des
sels. La vue de ces objets
augmenta ma curiosité : je
resolus d'aller plus loin.
Vichfkjt au Midi de Cra
covie n'est eloigné que de
deux lieües de cette Mine
qui n'est pas le seul endroit
où l'on tire le sel blanc. Il
s'en fait encore à Bokonia, à
Sambor,àHarosoli,àCalouche,
& en beaucoup d'endroits
des Monts Crapaks. J'allay
visiter une Mine de soufre
qui n'étoit pas fort éloignée.
Je vis avec plaisir une grande
étendue de terrain aux en
virons de l'ouverture sans
glace & sans neige
; j'y trou
vay l'air très temperé, on
auroit ci û efirÇ.dans unBain
Je me fis descendre dans
le tond de la Mine qui n'est
pas bien profonde. J'yvis
avec surprise un gros Ruis
seau portant Batteau qui la
traverse &qui en sort à une
demi lieue de là
,
l'eau en
est nitreuse & sulphurée. Il
y a des deuxcôtez du ruis
seau des chemins qui sont
plus enfoncez que sa surface,
& pour empêcher qu'il ne
les inonde, on a posé tout
le long du Canal des Pilotis
contre lesquels on a ataché
des planches pour soutenir
l'eau. La voute de la Mine
est aussi soutenuë par des
Pilotis avec des travers, &
les murailles par des plan
ches appuyéespar des solives
ce qui se pratique dans les
Mines métalliques sulphu
rées, au lieu que l'on se con
tente de soutenir la voute
des Mines de [el, parce
qu'on ne craint pas que les
murailles s'éboulent.
La terre de cette Mine
ressemble assez à la terre
gratte, & peu de gens s'avi
sent d'en tirer la pierre de
souffre. On la fait boüillir
dans l'eau
: par cette culte le
souffre se Icparc de la terre
& surnage; on la jetteen
fuite dans différents moules.
A la vue de ces preparations
j'étois convaincu qu'on pou
voittirer dufruit decegenre
d'étude, & que les Philoso
phes avoient eû raison d'en
faire un precepte. Rempli
de ces pensées, je me pro
menay longtemps dans ces
souterrains
, &je cherchay
de tous costez à profiter
: je
remarquay par le goust que
la racine de cette Mine par
ticipoit fort du sel de mi
nière ; je me perfuaday que
cette racine métallique ou
ce verjus mineral, étoit de
venu balsamique par la cuitc
qu'ilavoiteuë dela nature.
Voila mon principe
disois-jeàmoy-mesme, la
nature travaille par tout de la
, me
mesmemaniere,elle mene tou
joursses ouvragespardegrez.
Au forcir de cette Mine
j'en visitay de Vitriol
d'Antimoine, & de Marbre,
j'allay à des fontaines où le
,
fer battu en petites lames se
change en cuivre en cinq oa
six jours, & le bois en pierre:
ces fontaines font entre Ca
louche & Stry, aux environs
de Slochoufà une journée
:
ily en a beaucoup d'autres
minerales qui ont des vertus
particulieres. L'esprit metal
lique est tres puissant dans
cette Contrée
; on y voit
desMarais où le fer se forme:
il faudroit un volume en
tier pour décrire ce que j'y
ay vû :
il y a mesme quan
tité de Mines d'or & d'ar
gent. La plus abondante en
or & en argent est prés de
Slochouf
: elle est ordinaire
ment affermée à des Alle
mans & à des Anglois, par
ce que lesPolonois ne fc
piquent gueres d'industrieni
de soins. j'y achetay un mor
ceau de Mine afiez curieux,
de la grosseur d'un œuf de
poule
, formé pardescane
lures d'arsenic jaune
, de
sel, d'une pierre cristalline
de couleur d'agathc, & de
quelques unes d'or, que la
nature avoir jointes par des
dispositions bizarres qui se
rencontrent dans les en
trailles de la terre.
J'eus envie d'aller voir une
fontaine de bytume quiest
dans le mesme Palatinat de
Cracovie, voicy ce qu'on en
dit, & qui elt tres veritable.
Elle prend feu de temps en
tems, particulierement dans
le Printemps
: ce feu cil si
violent que les étincelles
étant emportées par le vent
brulent les bleds voisins
:&
mesme comme le fond de
cette fontaineest un bytume
assezépais, & que les veines
de cette matiere sont repan
duës tout autour à une
grande distance , ce feu s'il
n'est éteint se communique
à ce bytume terrestre qui
s'enflame dans les terres
; de
maniere que suivant la tra
dition du païs,
il brula toute
une forest, & qu'il enleva un
quart delieuë de la surfacede
la terre, faisant une caverne
assezvasté qui fut dans le
moment remplie d'eau, ce
qui donna la naissance au
Marais salé qu'on y voit au
jourd'huy. Ces accidents qui
intimident les Paysans, les
rend attentifs à ce qui se
passe sur certe fontaine, &¡
sur la riviere qu'elle forme
dés sa naissance. Ils ont soin
dés qu'il paroist quelques
étincelles,&mesme quel
que lueur, d'accourir avec
leurs fleaux ou delongues
verges dont ils battent l'eau
de toute leur force pour 1,1
faire élever par dessus le Bi
tume
; &pouren estreaver
tis ils y mettent des Senti
nelles, quid'ailleurs pren
nent garde que quelqu'un
par malice ou par curiosité
n'y mettent le feu avec quel
que bougieallumée, & à peu
prés commeonle met à rcali
de vie. Si quelques Seigneurs
Polonois ou des Etrangers
viennent voir cette fontaine
par curiosité , les Gardes
permettent qu'on mette le
feu avec la bougie allumée
sur la surface de l'eau
, mais
ils se munissent auparavant
de branches d'arbres pour
l'éteindre en battant l'eau.
Cette eau eO: cependant
froide au toucher, mais elle
ne se glace jamais, elle jette
une odeur tres agreable, &
a la faveurdu lait. La Mon
tagne sur laquelle elle est,
esi couverte de fleurs odo
riferentes.
Le Livre dont on a tiré cet
Extrait, contientune infi
nité d'autres détailstrés cu.
rieux sur differentes ma
tieres.Il se vend sur le second
Perron delaSain te Chapelle,
dans la boutique de Claude
Barbin.
Du DoynTe de Mr Chambon
dans les Mines de Pologne.
Etant en Pologne, je
me ressouvins d'avoir Iù
autrefois un Livre qui
traite des Mines de Sel de)
ce Païs là, & je resolus de
voir la chose par moy
mesme, je communiquay,
mon dessein à deux de mes
amis , qui mepromirent
de m'y accompagner ; la
plus fameuse de ces Mines
n'étoitéloignée que d'une
journée, nous nous y ren
dimes le lendemain & nous
y trouvâmes plusieurs per
sonnes qui dévoient y des
cendre. J'examinay l'ouver
ture,les machines qui fer
vent à la descente des hom
nies, des chevaux, des ne
cessitez des uns & desautres
&au tirage des Sels. Cette
ouverture estquarrée
; les
Machines font des Rouës
qui ne different de celles
qui sont à nos Carrieres,
qu'en ce qu'elles font cou
vertes, la corde pour faire
la descente en: d'une bonne
grosseur. On nous demanda
si nous voulions descendre;
la profondeur de cette ou
verture a quelque chose
d'effrayant, mais moy qui
voulois voir,je répondis
brusquement que j'estois
prest à partir
; cette resolu
tion determinal'un de ceux
qui m'accompagnoient ;
mais l'autre fut plus timide
& refusa de nous suivre.
On descend la grosse
corde
;ceux qui ont fait ce
voyage en prennent de la
grosseur du petit doigt a£*>•
tachées à la grosse. Il faut
se representer les cordes
dont se fcrvent les Bateliers
qui tirent un Batteau pour
luy faire remonter la Ri
viere. Quand ils se furent
placez sur ces petitescordes,
il faut nous dirent ils s'as
seoir sur nous. Allons, dis
je à mon ami
, il n'est plus
question de s'en dédire
, je
me plaçay des premiers de
la maniere dont on me l'a
, & il en fit
autant. Tout le monde étant
voit montré
rangé,on descend :
à peine
étois je à trois toises de pro
fondeur, que ceux qui gou
vernoient la corde,arrête
rent tout court, & crierent
qu'il falloit prier Dieu, j'en
tendis dans le moment en
tonner un Salve : je fus
frapé d'une idée facheuse,
je me repentis de ma curio
sité, mais reflection faite,
je me rassuray, de maniere
cependant que nature pâ
tissoit. Nous coulâmes in
sensiblement, & on arriva
à bon port, cette premiere
descente estde vingt toises
ou environ.
Ceux qui travaillent dans
ces Mines, & qui avoient
entendu le signal, vinrent
nous recevoir avec des
branches de Pin raifi
neuxallumées en forme de
flambeaux. Ils nous con
duisirent à la Chapelle qui
est au bouc d'une Voute
soutenuë par des pilotis, &
appuyé par des travers de
distance en distance. A cin
quante pas delà sepresente
sur la main droite une fon
taine d'eau douce à l'usage
des hommes & desbestes
qui habitent dans ces sou
terrains, &. dont plusieurs
n'ont jamais vû le jour. Je
fis remplir une bouteille de
cette eau, je diray dans la
fuite ce que j'en fis, j'en
remplis une autre d'une eau
fallée qui se trouve un peu
plus avant sur la gauche,on
pompe cette derniere eau
que l'on monte par la corde
pour ladécuiredans un Vil
lage appelle Wieliska,qui
n'est pas bien éloigné de
l'entrée de la Mine, & l'on
en fait un Sel propre à fer
vir sur larable Enavançant
un peu plus du mesme côté
ontrouve unevoute aHe~
haute & a(kz large sous la-I
quelle il peut y avoir une I
vingtaine de Maisonnettes i
avec des Ecuries J'ayappris
que les Chevaux qui y ont
demeuré une quinzaine de
jours
, quelques maigres
qu'ils soient, y deviennenc
à pleine peau
; que les Ha
bitans y sont rarement ma
lades ; mais je conjecture
que leur santé peut proce
der des vapeurs salines en
nemies de la pourriture &
de la corruption, & que
leur corps s'affoiblit peu à
peu,& se trouveenfinnoyé
par la superiorité de ces
mesmes vapeurs qu'ils font
obligezde respirer, d'autant
plus qu'ils sont privez de la
lumiere qui préparéun bau
me qui ranime les nostres,
& les soutient.
Les hommes fervent à ta
coupe du Sel, à le conduire
& à le transporter, & les
chevaux à tirer une seconde
rouë en forme de tour qui
sert à faire la seconde des
cente dans un fond où l'on
coupele Sel en forme de co
lomne de la grosseur d'un
quartaut de vin, & de la
longueur d'une aune & de
mie ou environ. On y peut,
descendre si l'on veut par la 1
corde de la maniéré donc je
l'ay raporté ; mais il y a une
douzaine d'Echelles en zig
zagattachées à la muraille,
par lesquels je descendis. Le
Roy avoit fait faire des
Escaliers, qui faute d'appuy
sontruinez & fondus par
,
les eaux. Arrivédansce fond
qui cO: sort spacieux & fort
élevé,je goustay les murail
ks que je reconnus estre des
masses de Sel. Ce Selestde
lacouleur dela craye dont
les*
les Tailleurs se servent. Je
goustay la matiere sur la
quelle je marchois, & je re
marquay dans certaines ca
nelures, principalementà la
racine où est la premiere
ébauche du Sel, une terre
semblableàcelle desSalpe
triers fort chargée de Sal
pestre
: plus on creuse, plus
elle est pleinedeterrestreïté.
CeSel en pierre est tres caus
tique, très amertrèsde
fagreable à la langue; ceux
quienusents'yacoûtument;
les pcrfonnes de condition
n'ensontjamais servir sur
l urs tables. Il rougit Les
viandes comme le Salperre.
CeSel est tiré du fond de ces
Mines, par la mesme Ma
chine qui sertà la descente:
delà il est conduit sur des
Rouleaux jusqu'au premier
endroit d'où il esttiré delà
mesme maniere, puis on le
charge sur des charettes
pour le transporter dans
toutes lesProvincesde la
Pologne,dansla Hongrie,:
& dans la Silesie.
Il se rencontre beaucoup
4cSel gemme dansces Mi
nes
; ceSet est blanc comme
la neige, fort dur & cristalin,
on en fait des sallieres, des
Chapelets, de petites statues
& plusieurs autres ouvrages,
qu'on vendsur les lieux. IL
y a des veines dont on tire
de ces sels si solides & si
cristallins qu'ils ressemblent
à descristaux de roche ;
ils
ne tiennent de la nature du
sel que parce qu'ils n'onc
paseûlamesmecuite, peut
estre qu'avec le temps, la*
nature lesauroit portez auj
metallique ouàla pierre pre
tieuse. On peut conicâurer.
par la pureté & par la trans
parence dont ils font,qu'elle
l'auroit fait si ellen'avoit
point étéinterompuëQuoy
qu'il en foie, l'Auteur de :
cette nature n'a pas voulu
quetoutfût dansle plus haut
degré de perfc£tion,que
toute animalité fut un érac
,
excellent, quetout vegetal
fust balsamique,&quecouc
le métallique fust or. Le
;
Verjus, quoy que moins
parfait que le Raisin, a ses
proprictez: le cheval moins
parfait que l'homme a son :
v
mérité :
le fer quoy quIn-"
ferieur à l'or ne laissepas
d'estre d'une grande utilité.
On peut reconnoistre parce
que je viens de dire, bien
des especes de sel différentes
par leur cuitte & par leurs
filtrations
: 1°. ayant fait
k Il
évaporer à mon retour,
l'eau douce que j'emportay
avec moy dans une bouteille
elle se trouva chargée d'une
Imais
quantité assez considerable
|de sel presque insipide. 2.
°,
0 de l'eau de ma secondebou
iciite on en tire par decoc
rrion un sel blanc plus pic
I quant que ce premier sel,
beaucoup plus doux
que celuy que nous prepa
ronsde l'eau de la Mer. C'est
ce sel qu'on sert comme
nous avons dit sur les tables
des Gens de condition, &
on ne peut expliquer la
difference entre le premier
sel qui est insipide & celuy
cy ,
qu'en fupofant que le
le premier en tres-attenué
par une filtration plusétroite
& plus serrée. 3
°. Outre ces
fels dilayez, le sel gemme.
4°. Ce sel en greffes masses
tenant de la nature du salpê
tre,enfin ce sel rempli de ter
restreïtez quicfilaracine:",la
premiere ébauchedesautres.
Après estresorti decette
representationinfernale, je
remarquay que la neige
(c'étoit au fort de l'hiver)
sur la surface, de la terre qui
1:Jlli
environne £ette Mine &
la couvre, étoit aussi
dure que la pierre, & qu'il
y avoitune grande diffe
rence entre cellelà & celle
qui étoit dans des endroits
pluséloignez.Tout
le monde
sçait que la dureté vicnt des
sels. La vue de ces objets
augmenta ma curiosité : je
resolus d'aller plus loin.
Vichfkjt au Midi de Cra
covie n'est eloigné que de
deux lieües de cette Mine
qui n'est pas le seul endroit
où l'on tire le sel blanc. Il
s'en fait encore à Bokonia, à
Sambor,àHarosoli,àCalouche,
& en beaucoup d'endroits
des Monts Crapaks. J'allay
visiter une Mine de soufre
qui n'étoit pas fort éloignée.
Je vis avec plaisir une grande
étendue de terrain aux en
virons de l'ouverture sans
glace & sans neige
; j'y trou
vay l'air très temperé, on
auroit ci û efirÇ.dans unBain
Je me fis descendre dans
le tond de la Mine qui n'est
pas bien profonde. J'yvis
avec surprise un gros Ruis
seau portant Batteau qui la
traverse &qui en sort à une
demi lieue de là
,
l'eau en
est nitreuse & sulphurée. Il
y a des deuxcôtez du ruis
seau des chemins qui sont
plus enfoncez que sa surface,
& pour empêcher qu'il ne
les inonde, on a posé tout
le long du Canal des Pilotis
contre lesquels on a ataché
des planches pour soutenir
l'eau. La voute de la Mine
est aussi soutenuë par des
Pilotis avec des travers, &
les murailles par des plan
ches appuyéespar des solives
ce qui se pratique dans les
Mines métalliques sulphu
rées, au lieu que l'on se con
tente de soutenir la voute
des Mines de [el, parce
qu'on ne craint pas que les
murailles s'éboulent.
La terre de cette Mine
ressemble assez à la terre
gratte, & peu de gens s'avi
sent d'en tirer la pierre de
souffre. On la fait boüillir
dans l'eau
: par cette culte le
souffre se Icparc de la terre
& surnage; on la jetteen
fuite dans différents moules.
A la vue de ces preparations
j'étois convaincu qu'on pou
voittirer dufruit decegenre
d'étude, & que les Philoso
phes avoient eû raison d'en
faire un precepte. Rempli
de ces pensées, je me pro
menay longtemps dans ces
souterrains
, &je cherchay
de tous costez à profiter
: je
remarquay par le goust que
la racine de cette Mine par
ticipoit fort du sel de mi
nière ; je me perfuaday que
cette racine métallique ou
ce verjus mineral, étoit de
venu balsamique par la cuitc
qu'ilavoiteuë dela nature.
Voila mon principe
disois-jeàmoy-mesme, la
nature travaille par tout de la
, me
mesmemaniere,elle mene tou
joursses ouvragespardegrez.
Au forcir de cette Mine
j'en visitay de Vitriol
d'Antimoine, & de Marbre,
j'allay à des fontaines où le
,
fer battu en petites lames se
change en cuivre en cinq oa
six jours, & le bois en pierre:
ces fontaines font entre Ca
louche & Stry, aux environs
de Slochoufà une journée
:
ily en a beaucoup d'autres
minerales qui ont des vertus
particulieres. L'esprit metal
lique est tres puissant dans
cette Contrée
; on y voit
desMarais où le fer se forme:
il faudroit un volume en
tier pour décrire ce que j'y
ay vû :
il y a mesme quan
tité de Mines d'or & d'ar
gent. La plus abondante en
or & en argent est prés de
Slochouf
: elle est ordinaire
ment affermée à des Alle
mans & à des Anglois, par
ce que lesPolonois ne fc
piquent gueres d'industrieni
de soins. j'y achetay un mor
ceau de Mine afiez curieux,
de la grosseur d'un œuf de
poule
, formé pardescane
lures d'arsenic jaune
, de
sel, d'une pierre cristalline
de couleur d'agathc, & de
quelques unes d'or, que la
nature avoir jointes par des
dispositions bizarres qui se
rencontrent dans les en
trailles de la terre.
J'eus envie d'aller voir une
fontaine de bytume quiest
dans le mesme Palatinat de
Cracovie, voicy ce qu'on en
dit, & qui elt tres veritable.
Elle prend feu de temps en
tems, particulierement dans
le Printemps
: ce feu cil si
violent que les étincelles
étant emportées par le vent
brulent les bleds voisins
:&
mesme comme le fond de
cette fontaineest un bytume
assezépais, & que les veines
de cette matiere sont repan
duës tout autour à une
grande distance , ce feu s'il
n'est éteint se communique
à ce bytume terrestre qui
s'enflame dans les terres
; de
maniere que suivant la tra
dition du païs,
il brula toute
une forest, & qu'il enleva un
quart delieuë de la surfacede
la terre, faisant une caverne
assezvasté qui fut dans le
moment remplie d'eau, ce
qui donna la naissance au
Marais salé qu'on y voit au
jourd'huy. Ces accidents qui
intimident les Paysans, les
rend attentifs à ce qui se
passe sur certe fontaine, &¡
sur la riviere qu'elle forme
dés sa naissance. Ils ont soin
dés qu'il paroist quelques
étincelles,&mesme quel
que lueur, d'accourir avec
leurs fleaux ou delongues
verges dont ils battent l'eau
de toute leur force pour 1,1
faire élever par dessus le Bi
tume
; &pouren estreaver
tis ils y mettent des Senti
nelles, quid'ailleurs pren
nent garde que quelqu'un
par malice ou par curiosité
n'y mettent le feu avec quel
que bougieallumée, & à peu
prés commeonle met à rcali
de vie. Si quelques Seigneurs
Polonois ou des Etrangers
viennent voir cette fontaine
par curiosité , les Gardes
permettent qu'on mette le
feu avec la bougie allumée
sur la surface de l'eau
, mais
ils se munissent auparavant
de branches d'arbres pour
l'éteindre en battant l'eau.
Cette eau eO: cependant
froide au toucher, mais elle
ne se glace jamais, elle jette
une odeur tres agreable, &
a la faveurdu lait. La Mon
tagne sur laquelle elle est,
esi couverte de fleurs odo
riferentes.
Le Livre dont on a tiré cet
Extrait, contientune infi
nité d'autres détailstrés cu.
rieux sur differentes ma
tieres.Il se vend sur le second
Perron delaSain te Chapelle,
dans la boutique de Claude
Barbin.
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Résumé : EXTRAIT. Du voyage de Mr Chambon dans les Mines de Pologne.
L'auteur, lors d'un voyage en Pologne, décide d'explorer les mines de sel après avoir lu un livre sur le sujet. Accompagné de deux amis, il se rend à la mine la plus célèbre, située à une journée de route. Il examine les installations, notamment les machines et les cordes utilisées pour la descente. Malgré une certaine appréhension, il descend dans la mine, suivi par un ami. La descente se fait à l'aide de cordes, et ils sont accueillis par des mineurs munis de flambeaux. La mine est équipée d'une chapelle et d'une fontaine d'eau douce. L'auteur observe que les chevaux et les habitants des souterrains semblent en bonne santé, attribuant cela aux vapeurs salines. Les mineurs extraient le sel, le transportent et le conduisent vers la surface via des machines et des rouleaux. Le sel extrait varie en qualité, allant du sel gemme blanc et cristallin aux masses de sel terreux. L'auteur goûte et examine le sel, notant ses propriétés et ses usages. Il observe également que la neige autour de la mine est extrêmement dure en raison des sels présents. L'auteur visite ensuite d'autres mines, notamment une mine de soufre, où il observe des phénomènes naturels intéressants. Il note la présence de ruisseaux et de chemins souterrains, ainsi que des méthodes de soutènement des voûtes et des murailles. Il achète un échantillon de mine contenant divers minéraux, dont de l'or. Il mentionne également des fontaines où des transformations chimiques se produisent, comme la transformation du fer en cuivre. La région est riche en mines d'or et d'argent, souvent exploitées par des étrangers. Enfin, il évoque une fontaine de bitume qui s'enflamme parfois, causant des incendies et des transformations du paysage. Par ailleurs, le texte décrit une fontaine remarquable située sur une montagne couverte de fleurs odorantes. Les Gardes permettent aux curieux d'allumer une bougie à la surface de l'eau, mais ils se préparent avec des branches pour éteindre le feu en cas de besoin. Cette eau, bien que froide au toucher, ne gèle jamais et dégage une odeur agréable. Elle a également la particularité de se mêler au lait. Le livre d'où est tiré cet extrait contient de nombreux détails curieux sur diverses matières et est disponible à la vente sur le second perron de la Sainte-Chapelle, dans la boutique de Claude Barbin.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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