Comme chacun s'empref
ſoit à leur donner des divertiſſements
aprés leur retour
des Amb. de Siam. 185
de Flandre, & qu'on leur offroit
l'Opera & la Comedie ,
ils allerent à l'Avare , & ce
qu'il y eut de ſurprenant ,
c'eſt que l'Ambaſſadeur dit
pendant la Piece , qu'il gageroit
que la caſſette où estoit l'argent
de l'Avare feroit priſe, &
que l'Avare feroit trompé; ce
qui eſtant arrivé ſelon ſa
pensée, dût luy faire beaucoup
de plaiſir, & fit connoiſtre
dans le meſme temps
combien la penetration de
fon eſprit eſt grande pour
les chofes qui font de fon
ufage.
186 IV . P. du Voyage
- Ils allerent le lendemain
voir l'Opera d'Armide , que
MadeVeneroni leur expliqua
ainſi qu'il avoit fait la Comedie
le jour precedent. L'Ambaffadeur
voulut eſtre éclaircy
de tout le Sujet ; & fur les
enchantemens que faifoitArmide
pour engager Renaud
à l'aimer , il demanda fi Armide
estoit Françoise; & quand
on luy eut repondu que non,
& qu'elle estoit Niéce d'Hidraot
Roy de Damas, il reparrit,
Si elle euft efté Françoise, elle
n'auroit pas eu beſoin de magie
pourse faire aimer, car les Fran
desAmb. de Siam. 187
coiſes charment par elles meſmes .
Cet Opera luy plut extraor
dinairement ; & quand il vit
le Palais d'Armide ruiné &
brûlé , il dit, Sortons, le Palais
eſt tombé , nous ne pouvons plus
coucher icy.