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1
p. 26-33
IL EUT TORT. Histoire vraisemblable.
Début :
EH ! qu'est-ce qui ne l'a pas ? on n'est dans le monde environné que de torts. [...]
Mots clefs :
Homme, Esprit, Femme, Amoureux, Histoire vraisemblable
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texteReconnaissance textuelle : IL EUT TORT. Histoire vraisemblable.
IL EUT TORT.
Hiftoire vraisemblable.
H! qu'est- ce qui ne l'a pas ? on n'eft
dans le monde environné que de torts.
Ils font néceffaires , ce font les fondemens
de la fociété ; ils rendent l'efprit liant , ils
abaiffent l'amour- propre. Quelqu'un qui
auroit toujours raifon feroit infupportable.
On doit pardonner tous les torts ,
excepté celui d'être ennuyeux , celui là eſt
irréparable. Lorfqu'on ennuye les autres ,.
il faut refter chez foi tour feul comme
l'opéra d'Ajax . Je demande ce que l'on
deviendroit s'il alloit faire fes vifites dans
les maifons ?
Paffons à l'hiftoire de Mondor. C'étoit
un jeune homme malheureuſement né ; il
avoit l'efprit jufte , le coeur tendre & l'ame
douce voilà trois grands torts qui en
produiront bien d'autres.
En entrant dans le monde , il s'appliqua
principalement à tâcher d'avoir toujours
raifon. On va voir comme cela lui réuffit.
Il fit connoiffance avec un homme de la
cour ; la femme lui trouva l'efprit jufte ,
parce qu'il avoit une jolie figure ; le mari
JUILLET. 1755. 27
lui trouva l'efprit faux , parce qu'il n'étoit
jamais de fon avis.
La femme fit beaucoup d'avances à la
jufteffe de fon efprit ; mais comme il n'en
étoit point amoureux , il ne s'en apperçut
pas. Le mari le pria d'examiner un traité
fur la guerre qu'il avoit compofé à ce
qu'il prétendoit. Mondor après l'avoir lû
lui dit tout naturellement qu'en examinant
fon
ouvrage , il avoit jugé qu'il feroit
un fort bon négociateur pour un traité de
paix.
Dans cette circonftance , un régiment
vint à vacquer , un petit Marquis avorté
trouva l'auteur de cour un génie tranfcendant
, & traita fa femme comme fi elle
eût été jolie , il eut le régiment : le Marquis
fut Colonel . Mondor ne fut qu'un
homme vrai ; il eut tort .
Cette aventure le rebuta , il perdit toutes
vûes de fortune , vint à Paris vivre en
particulier , & forma le projet de s'y faire
des amis. Ah ! bon Dieu , comme il eut
tort ! il crut en trouver un dans la perfonne
du jeune Alcipe ; Alcipe étoit aimable
avoit le maintien décent & les propos
d'un homme effentiel.
Un jour il aborda Mondor avec un air
affligé , auffi tôt Mondor s'affligea ( car il
n'y a point de plus fottes gens que les gens
Bij
28 MERCURE DE FRANCE.
d'efprit qui ont le coeur bon ) ; Alcipe lui
dit qu'il avoit perdu cent louis fur fa parole
, Mondor les lui prêta fans vouloir de
billet ; il crut par là s'être acquis un ami.
Il eut tort : il ne le revit plus.
que
Il donna dans les gens de lettres ; ils le
jugerent capable d'examiner leurs piéces :
als obtinrent audience de lui plus aifément
que du public : il y en eut un en qui Mondor
crut reconnoître du talent , il lui fembla
digne de la plus grande févérité il
lût fon ouvrage avec attention : c'étoit une
Comédie il retrancha des détails fuperflus
, exigea plus de fonds , demanda à
l'auteur de mieux enchaîner fes fcènes , de
les faire naître l'une de l'autre , de mettre
toujours les acteurs en fituation , de prendre
bien plus garde à la jufteffe du dialogue
qu'au faux brillant de l'efprit , de
foutenir fes caracteres , de les nuancer
finement fans trop les contrafter ; il lui
fit remarquer que les pacquets de vers
jettent prefque toujours du froid fur l'action.
Voilà les confeils qu'il donna à l'auteur
; il corrigea fa piéce en conféquence ;
il éprouva que Mondor l'avoit mal confeillé.
Les comédiens ne trouverent pas
qu'elle fût jouable .
Cela le dégoûta de donner des avis. Le
même auteur qui auroit dû fe dégoûter de
JUILLE T. 1755. 29
faire des pièces , en compofa une autre qui
n'étoit qu'un amas de fcènes informes &
découfues. Mondor n'ofa pas lui confeiller
de ne la point donner ; il eut tort , la pièce
fut fifflée . Cela le jetta dans la perplexité ;
s'il donnoit des confeils , il avoit tort ; s'il
n'en donnoit pas , il avoit tort encore . Il
renonça au commerce des beaux efprits &
fe lia avec des fçavans ; il les trouva prefqu'auffi
triftes que des gens qui veulent
être plaifans. Ils ne vouloient parler que
lorfqu'ils avoient quelque chofe à dire ; ils
fe taifoient fouvent. Mondor s'impatienta
& ne parut qu'un étourdi . Il fit connoiffance
avec des femmes à prétentions , autre
méprife : il fe crut dans un climat plus voifin
du foleil ; c'étoit le pays des éclairs ,
où prefque toujours les fruits font brûlésavant
que d'être murs ; il remarqua que
la plupart de ces Dames n'avoient qu'une
idée qu'elles fubdivifoient en petites penfées
abftraites & luifantes ; il s'apperçut
que tout leur art n'étoit que de hâcher
l'efprit ; il connut le tort qu'il avoit eu de
rechercher leur fociété ; il voulut y briller ,
parut lourd ; il voulut y raifonner , il
parut gauche en un mot , il déplût quoiqu'il
fçût fort bien fes auteurs latins , &
fentit qu'on ne pouvoit pas dire à un jeune
il
Biij
30 MERCURE DE FRANCE.
homme voulez - vous réuffir auprès des
femmes , lifez Ciceron.
Mondor étoit l'homme du monde le
plus raifonnable , & ne fçavoit quel parti
prendre avoir raifon. Il éprouva pour que
dans le monde les torts viennent bien
moins de prendre un mauvais parti que
d'en prendre un bon mal adroitement.
Il avoit voulu être courtifan , il s'étoit
caffé le coû ; il avoit cherché à ſe faire des
amis , il en avoit été la dupe ; il avoit vu
de beaux efprits , il s'en étoit laffé ; des
fçavans , il s'y étoit ennuyé ; des femmes ,
il y avoit été ennuyeux : il entendit vanter
le bonheur de deux perfonnes qui s'aiment
véritablement , il crut que le parti le plus
fenfé étoit d'être amoureux ; il en forma
le projet , c'étoit précisément le moyen de
ne le pas devenir. Il examinoit toutes les
femmes ; il mettoit dans la balance les
agrémens & les talens de chacune , afin de
fe déterminer pour celle qui auroit une
perfection de plus. Il croyoit que l'amour
eft un dieu avec lequel on peut marchander.
Il eut bean faire cette revûe , il eut beau
s'efforcer d'être amoureux , cela fut inutile
; mais un jour fans y penfer , il le devint
de la perfonne la plus laide & la plus capricieufe
: il fe remercia de fon choix ; it
1
JUILLET. 1755. 31
vit cependant bien qu'elle n'étoit pas belle ;
il s'en applaudiffoit ; il fe flattoit de n'avoir
point de rivaux : il avoit tort ; il ignoroit
que les femmes les plus laides font les plus
coquettes. Il n'y a point de minauderie ,
point de regard , point de petit difcours
qui n'ait fon intention : elles fe donnent
autant de foin pour faire valoir leur figu
re , qu'on en prend ordinairement pour
faire rapporter une mauvaife terre . Cela
leur réuffit ; les avances qu'elles font flattent
l'orgueil , & la vanité d'un homme
efface prefque toujours la laideur d'une
femme.
Mondor en fit la trifte expérience ; il
fe trouva environné de concurrens ; il en
fut inquiet : il eut tort ; cela le conduifit
à un plus grand tort , ce fut de fe marier.
Il traita fa femme avec tous les égards
poffibles : il eut tort ; elle prit fa douceur
pour foibleffe de caractere & le maîtrifa
durement ; il voulut fe brouiller : il eut
tort ; cela lui menagea le tort de fe raccommoder
; dans les raccommodemens
il eut deux enfans , c'est-à-dire deux torts :
il devint veuf , il eut raifon ; mais il en fit
un tort : il fut fi affligé qu'il fe retira dans
fes terres.
Il trouva dans le pays un homme riche ,
mais qui vivoit avec hauteur , & ne voyoit
Biiij
32 MERCURE DE FRANCE.
aucun de fes voisins , il jugea qu'il avoit
tort il eut autant d'affabilité que l'autre
en avoit peu , il eut grand tort ; fa maifon
devint le réceptacle de gentillaftres qui
l'accablerent fans relâche . Il envia le fort
de fon voifin , & s'apperçut trop tard que
le malheur d'être obfedé eft bien plus fâcheux
que le tort d'être craint . On lui fit
un procès pour des droits de terres ; il aima
mieux céder une partie de ce qu'on lui
demandoit injuſtement que de plaider ; il
fe comporta en honnête homme , donna à
dîner à fa partie adverfe , & fit un accommodement
defavantageux : il eut tort. Un
fi bon procédé fe répandit dans la province
; tous fes petits voifins voulurent profiter
de fa facilité , & reclamer fans aucun titre
quelque droit chymérique ; il eut vinge
procès pour en avoir voulu éviter un , cela
le révolta ; il vendit fa terre , il eut tort :
il ne fçut que faire de fes fonds. On lui
confeilla de les placer fur le concert d'une
grande ville voifine qui étoit très - accrédité .
Le Directeur étoit un joli homme qui s'étoit
fait Avocat pour apprendre à fe connoître
en mufique. Mondor lui confia fon argent ,
il eut grand tort. Le concert fit banqueroute
au bout d'un an malgré la gentilleffe
de M. l'Avocat . Cet événement ruina Mondor
, il fentit le néant des chofes d'ici -bas ;
JUILLET. 1755. 33
il voulut devenir néant lui - même ; il fe fit
Moine , & mourut d'ennui : voilà fon dernier
tort.
Hiftoire vraisemblable.
H! qu'est- ce qui ne l'a pas ? on n'eft
dans le monde environné que de torts.
Ils font néceffaires , ce font les fondemens
de la fociété ; ils rendent l'efprit liant , ils
abaiffent l'amour- propre. Quelqu'un qui
auroit toujours raifon feroit infupportable.
On doit pardonner tous les torts ,
excepté celui d'être ennuyeux , celui là eſt
irréparable. Lorfqu'on ennuye les autres ,.
il faut refter chez foi tour feul comme
l'opéra d'Ajax . Je demande ce que l'on
deviendroit s'il alloit faire fes vifites dans
les maifons ?
Paffons à l'hiftoire de Mondor. C'étoit
un jeune homme malheureuſement né ; il
avoit l'efprit jufte , le coeur tendre & l'ame
douce voilà trois grands torts qui en
produiront bien d'autres.
En entrant dans le monde , il s'appliqua
principalement à tâcher d'avoir toujours
raifon. On va voir comme cela lui réuffit.
Il fit connoiffance avec un homme de la
cour ; la femme lui trouva l'efprit jufte ,
parce qu'il avoit une jolie figure ; le mari
JUILLET. 1755. 27
lui trouva l'efprit faux , parce qu'il n'étoit
jamais de fon avis.
La femme fit beaucoup d'avances à la
jufteffe de fon efprit ; mais comme il n'en
étoit point amoureux , il ne s'en apperçut
pas. Le mari le pria d'examiner un traité
fur la guerre qu'il avoit compofé à ce
qu'il prétendoit. Mondor après l'avoir lû
lui dit tout naturellement qu'en examinant
fon
ouvrage , il avoit jugé qu'il feroit
un fort bon négociateur pour un traité de
paix.
Dans cette circonftance , un régiment
vint à vacquer , un petit Marquis avorté
trouva l'auteur de cour un génie tranfcendant
, & traita fa femme comme fi elle
eût été jolie , il eut le régiment : le Marquis
fut Colonel . Mondor ne fut qu'un
homme vrai ; il eut tort .
Cette aventure le rebuta , il perdit toutes
vûes de fortune , vint à Paris vivre en
particulier , & forma le projet de s'y faire
des amis. Ah ! bon Dieu , comme il eut
tort ! il crut en trouver un dans la perfonne
du jeune Alcipe ; Alcipe étoit aimable
avoit le maintien décent & les propos
d'un homme effentiel.
Un jour il aborda Mondor avec un air
affligé , auffi tôt Mondor s'affligea ( car il
n'y a point de plus fottes gens que les gens
Bij
28 MERCURE DE FRANCE.
d'efprit qui ont le coeur bon ) ; Alcipe lui
dit qu'il avoit perdu cent louis fur fa parole
, Mondor les lui prêta fans vouloir de
billet ; il crut par là s'être acquis un ami.
Il eut tort : il ne le revit plus.
que
Il donna dans les gens de lettres ; ils le
jugerent capable d'examiner leurs piéces :
als obtinrent audience de lui plus aifément
que du public : il y en eut un en qui Mondor
crut reconnoître du talent , il lui fembla
digne de la plus grande févérité il
lût fon ouvrage avec attention : c'étoit une
Comédie il retrancha des détails fuperflus
, exigea plus de fonds , demanda à
l'auteur de mieux enchaîner fes fcènes , de
les faire naître l'une de l'autre , de mettre
toujours les acteurs en fituation , de prendre
bien plus garde à la jufteffe du dialogue
qu'au faux brillant de l'efprit , de
foutenir fes caracteres , de les nuancer
finement fans trop les contrafter ; il lui
fit remarquer que les pacquets de vers
jettent prefque toujours du froid fur l'action.
Voilà les confeils qu'il donna à l'auteur
; il corrigea fa piéce en conféquence ;
il éprouva que Mondor l'avoit mal confeillé.
Les comédiens ne trouverent pas
qu'elle fût jouable .
Cela le dégoûta de donner des avis. Le
même auteur qui auroit dû fe dégoûter de
JUILLE T. 1755. 29
faire des pièces , en compofa une autre qui
n'étoit qu'un amas de fcènes informes &
découfues. Mondor n'ofa pas lui confeiller
de ne la point donner ; il eut tort , la pièce
fut fifflée . Cela le jetta dans la perplexité ;
s'il donnoit des confeils , il avoit tort ; s'il
n'en donnoit pas , il avoit tort encore . Il
renonça au commerce des beaux efprits &
fe lia avec des fçavans ; il les trouva prefqu'auffi
triftes que des gens qui veulent
être plaifans. Ils ne vouloient parler que
lorfqu'ils avoient quelque chofe à dire ; ils
fe taifoient fouvent. Mondor s'impatienta
& ne parut qu'un étourdi . Il fit connoiffance
avec des femmes à prétentions , autre
méprife : il fe crut dans un climat plus voifin
du foleil ; c'étoit le pays des éclairs ,
où prefque toujours les fruits font brûlésavant
que d'être murs ; il remarqua que
la plupart de ces Dames n'avoient qu'une
idée qu'elles fubdivifoient en petites penfées
abftraites & luifantes ; il s'apperçut
que tout leur art n'étoit que de hâcher
l'efprit ; il connut le tort qu'il avoit eu de
rechercher leur fociété ; il voulut y briller ,
parut lourd ; il voulut y raifonner , il
parut gauche en un mot , il déplût quoiqu'il
fçût fort bien fes auteurs latins , &
fentit qu'on ne pouvoit pas dire à un jeune
il
Biij
30 MERCURE DE FRANCE.
homme voulez - vous réuffir auprès des
femmes , lifez Ciceron.
Mondor étoit l'homme du monde le
plus raifonnable , & ne fçavoit quel parti
prendre avoir raifon. Il éprouva pour que
dans le monde les torts viennent bien
moins de prendre un mauvais parti que
d'en prendre un bon mal adroitement.
Il avoit voulu être courtifan , il s'étoit
caffé le coû ; il avoit cherché à ſe faire des
amis , il en avoit été la dupe ; il avoit vu
de beaux efprits , il s'en étoit laffé ; des
fçavans , il s'y étoit ennuyé ; des femmes ,
il y avoit été ennuyeux : il entendit vanter
le bonheur de deux perfonnes qui s'aiment
véritablement , il crut que le parti le plus
fenfé étoit d'être amoureux ; il en forma
le projet , c'étoit précisément le moyen de
ne le pas devenir. Il examinoit toutes les
femmes ; il mettoit dans la balance les
agrémens & les talens de chacune , afin de
fe déterminer pour celle qui auroit une
perfection de plus. Il croyoit que l'amour
eft un dieu avec lequel on peut marchander.
Il eut bean faire cette revûe , il eut beau
s'efforcer d'être amoureux , cela fut inutile
; mais un jour fans y penfer , il le devint
de la perfonne la plus laide & la plus capricieufe
: il fe remercia de fon choix ; it
1
JUILLET. 1755. 31
vit cependant bien qu'elle n'étoit pas belle ;
il s'en applaudiffoit ; il fe flattoit de n'avoir
point de rivaux : il avoit tort ; il ignoroit
que les femmes les plus laides font les plus
coquettes. Il n'y a point de minauderie ,
point de regard , point de petit difcours
qui n'ait fon intention : elles fe donnent
autant de foin pour faire valoir leur figu
re , qu'on en prend ordinairement pour
faire rapporter une mauvaife terre . Cela
leur réuffit ; les avances qu'elles font flattent
l'orgueil , & la vanité d'un homme
efface prefque toujours la laideur d'une
femme.
Mondor en fit la trifte expérience ; il
fe trouva environné de concurrens ; il en
fut inquiet : il eut tort ; cela le conduifit
à un plus grand tort , ce fut de fe marier.
Il traita fa femme avec tous les égards
poffibles : il eut tort ; elle prit fa douceur
pour foibleffe de caractere & le maîtrifa
durement ; il voulut fe brouiller : il eut
tort ; cela lui menagea le tort de fe raccommoder
; dans les raccommodemens
il eut deux enfans , c'est-à-dire deux torts :
il devint veuf , il eut raifon ; mais il en fit
un tort : il fut fi affligé qu'il fe retira dans
fes terres.
Il trouva dans le pays un homme riche ,
mais qui vivoit avec hauteur , & ne voyoit
Biiij
32 MERCURE DE FRANCE.
aucun de fes voisins , il jugea qu'il avoit
tort il eut autant d'affabilité que l'autre
en avoit peu , il eut grand tort ; fa maifon
devint le réceptacle de gentillaftres qui
l'accablerent fans relâche . Il envia le fort
de fon voifin , & s'apperçut trop tard que
le malheur d'être obfedé eft bien plus fâcheux
que le tort d'être craint . On lui fit
un procès pour des droits de terres ; il aima
mieux céder une partie de ce qu'on lui
demandoit injuſtement que de plaider ; il
fe comporta en honnête homme , donna à
dîner à fa partie adverfe , & fit un accommodement
defavantageux : il eut tort. Un
fi bon procédé fe répandit dans la province
; tous fes petits voifins voulurent profiter
de fa facilité , & reclamer fans aucun titre
quelque droit chymérique ; il eut vinge
procès pour en avoir voulu éviter un , cela
le révolta ; il vendit fa terre , il eut tort :
il ne fçut que faire de fes fonds. On lui
confeilla de les placer fur le concert d'une
grande ville voifine qui étoit très - accrédité .
Le Directeur étoit un joli homme qui s'étoit
fait Avocat pour apprendre à fe connoître
en mufique. Mondor lui confia fon argent ,
il eut grand tort. Le concert fit banqueroute
au bout d'un an malgré la gentilleffe
de M. l'Avocat . Cet événement ruina Mondor
, il fentit le néant des chofes d'ici -bas ;
JUILLET. 1755. 33
il voulut devenir néant lui - même ; il fe fit
Moine , & mourut d'ennui : voilà fon dernier
tort.
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Résumé : IL EUT TORT. Histoire vraisemblable.
Le texte 'IL EUT TORT' narre les mésaventures de Mondor, un jeune homme au caractère juste, au cœur tendre et à l'âme douce, qualités qui lui causent de nombreux torts. En entrant dans le monde, Mondor cherche constamment à avoir raison, ce qui lui attire des inimitiés. Il refuse les avances d'une femme de la cour et critique un traité de guerre écrit par son mari, ce qui lui vaut l'hostilité du couple. Cette situation lui fait perdre des opportunités de fortune. À Paris, Mondor tente de se faire des amis en prêtant de l'argent à un jeune homme nommé Alcipe, qui disparaît ensuite. Il s'intéresse également aux gens de lettres et corrige une pièce de théâtre, mais celle-ci est jugée injouable. Déçu, il se tourne vers des savants, qu'il trouve tristes, puis fréquente des femmes à prétentions, ce qui le met mal à l'aise. Mondor décide alors de devenir amoureux, mais choisit une femme laide et capricieuse, ce qui lui attire des rivaux. Il finit par se marier, mais sa femme le domine. Veuf, il se retire dans ses terres et y rencontre un homme riche et hautain. Mondor tente de se montrer affable, mais est accablé par des visiteurs indésirables. Il cède injustement dans un procès, ce qui encourage d'autres litiges. Ruiné par une banqueroute, il devient moine et meurt d'ennui. Le texte illustre ainsi les nombreux torts que Mondor accumule tout au long de sa vie.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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