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1
p. 198-202
GRANDE-BRETAGNE.
Début :
Selon les lettres de Gibraltar, l'Amiral Byng y est arrivé le 21 du mois dernier, [...]
Mots clefs :
Londres, Amiral Byng, Gibraltar, Combats sur mer, Vaisseaux français, Conseil de guerre, Difficultés, Mécontentement du peuple
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texteReconnaissance textuelle : GRANDE-BRETAGNE.
GRANDE BRETAGNE.
DE LONDRES , le 12 Juillet.
Selon les lettres de Gibraltar , l'Amiral Byng
y est arrivé le 21 du mois dernier , & fe difpofoit
à en repartir pour l'Ile Minorque. L'Amiral
ADUST. 1756. 199
Hawke eften route fur la Frégate l'Antelope ,
de cinquante canons , pour prendre le commandement
de l'Efcadre à la place de l'Amiral Byng.
Al auta fous fes ordres les Contre-Amiraux Weft
& Saunders. On a appris que le Chef d'Eſcadre
Howe étoit arrivé à l'Ifle de Garneſey avec ſon
Efcadre , & avec les Bâtimens de tranfport fur
lefquels le Régiment de Bockland s'eft embarqué.
Plufieurs Navires ayant à bord deux Régimens
deftinés à renforcer la Garnifon de Gibraltar ,
font partis de Plymouth le 25 du mois dernier ,
fous l'escorte de quelques Vaiffeaux de guerre.
Quatre Vaiffeaux de l'Efcadre de l'Amiral Boſcawen
, qui ont été endommagés dans leurs mâts
& dans leurs agrets , font rentrés dans ce dernier
Port , afin de s'y radouber. Ils feront remplacés
par cinq Vaiffeaux , qui feront voile aux
ordres de l'Amiral Moſtyn.
Les Commiffaires de l'Amirauté ont fait publier
la Lettre , par laquelle l'Amiral Byng leur a
rendu compte du combat naval du 20 Mai , &
dont voici le contenu : « Ayant appareillé le 8 ,
» de Gibraltar j'arrivai le 19 à la hauteur de Port-
Mahon. Le Vaiffeau le Phoenix m'avoit joint
deux jours auparavant. Le vent étoit calme , &
j'eus d'abord connoiffance de la Flotte Françoife.
Il étoit cinq heures du foir avant que j'euffe
pu former ma ligne , & eftimer la manoeuvre
» de l'ennemi , dont je ne pus apprécier la force.
Les François s'approcherent de nous en ligne
» formée ; mais fur les fept heures ils revirerent ,
» ce qui me fit juger qu'ils avoient intention de
> gagner le vent fur moi dans la nuit. Comme il
étoit tard , je revirai auffi pour conferver le
-> vent de terre. Le temps s'étant enfuite brouillé ,
nous fumes forcés de nous éloigner à près de
I iv
200 MERCURE DE FRANCE.
» cinq lieues de la côte. Vers les onze heures nous
» avançâmes de nouveau ; mais nous ne découvrî-
» mes rien de l'ennemi , à l'exception de deux
» Tartanes , qui étoient à peu de diftance de no-
» tre arriere-garde. J'ordonnai au Vaiffeau la
» Princeffe Louise de courir fur l'une , & je fis au
» Contre-Amiral un fignal de détacher quelques
» Bâtimens , pour donner la chaffe à l'autre . Les
Vaiffeaux la Princeſſe Louiſe , la Défiance & le
Capitaine , s'éloignerent beaucoup de nous , &
la Défiance s'empara d'une de ces Tartanes , à
» bord de laquelle étoient deux des treize Piquets ,
» que le Maréchal Duc de Richelieu avoit envoyés
la veille au Marquis de la Galiffoniere. Le
» Phénix s'offrit à fervir de brulot . Le lendemain
» 20 , nous découvrîmes du haut des mâts la Flotte
Françoife. Je fis revenir les Vaiffeaux que j'avois
» détachés. Quand ils furent à moi , je virai l'en-
» nemi , & je formai ma ligne. Je remarquai que
>> les François faifoient tous leurs efforts pour
» gagner le vent. Ils le gagnerent effectivements
» mais le vent ayant changé prefqu'auffi tôt , ils
» perdirent cet avantage. Ils avoient douze Vaiffeaux
de ligne & quatre Frégates. Dès que j'eus
remarqué que notre arriere-garde étoit de la
» longueur de notre avant -garde , nous virâmes
» enſemble , & je fis fortir de la ligne le Vaiffeau
» le Deptfort , afin que nous fuffions égaux en
» nombre. A deux heures je donnai le fignal du
>> combat , & fuivant, une méthode que j'ai tou-
» jours reconnue fort jufte , j'ordonnai que chaque
Vaiffeau s'attachât à combattre celui qui
» lui tomberoit en partage. Je dois témoigner la
» parfaite fatisfaction que j'ai de la valeur avec
» laquelle le Contre- Amiral Weſt donna l'exemple
, en fondant fur le Vaiffeau qu'il devoit
A O UST. 1756. 201
attaquer. Le combat fut engagé par l'avant-
» garde de l'Eſcadre Françoife , qui attaqua notre
>> arriere garde. Je fis force de voiles contre le
» Vaiffeau qui étoit vis- a - vis de moi , & j'en ef-
» fuyai un feu très -violent . Dès le commencement
» l'Intrépide eut fon grand mâts entiérement brifé
» & fes cordages coupés ; ce qui le mit hors d'état
» de fe gouverner , & le fit donner contre le Vaiffeau
le plus proche , qui fut , ainfi que quelques-
>> autres , dans la néceffité de fe retirer. J'en fis
» de même pour quelques minutes , afin qu'ils ne
>> tombaffent pas fur moi. Je ne le fis cependant
» qu'après avoir fait quitter la ligne à l'ennemi.
» Son centre ne fut plus attaqué , & pendant un
» peu de temps la divifion du Contre- Amiral refta
» à découvert . Pendant cet intervalle les ennemis.
» nous cauferent un grand dommage dans nos
» manoeuvres. Quoique je ferraffe de près le Con-
» tre- Amiral , je trouvai que je ne pouvois plus
» ferrer l'Eſcadre Françoiſe . Il étoit alors fix heu-
>> res du foir. Par le mouvement que fit cette Ef-
» cadre , je jugeai qu'elle vouloit former une nou
» velle ligne. Je fis un fignal pour manoeuvrer ,
» deforte que je puffe me mettre entre la division
du Contre -Amiral & l'ennemi , & couvrir l'Intrépide
, dont j'avois apperçu le mauvais état.
» A huit heures du foir , après avoir fait d'inutiles
>> tentatives pour entamer l'arriere- garde de l'Ef-
» cadre du Roi Très -Chrétien , & après avoir raf-
>> femb.é les Vaiffeaux de l'Efcadre Anglo :fe le
» plus promptement que je pus , je pris le parti
» de me retirer. Nous étions pour lors à dix ou
>> onze lieues de Port - Mahon , & il fe trouvoit à
» notre N. N. Oueft. J'envoyai des Vaiffeaux àla
» découverte de l'Intrépide & du Chesterfield , qui
» vinrent me rejoindre le lendemain . Les Vaif-
>
1
Iv
202 MERCURE DE FRANCE..
feaux le Capitaine & la Défiance n'ayant pas été
» moins maltraités que l'Intrépide , je jugeai à
» propos dans une pareille fituation de tenir un
>> Confeil de guerre , avant d'aller de nouveau
chercher l'ennemi . Je fis inviter le Générał
>> Stuart , le Lord Effingham , le Lord Robert
>> Bertie , & le Colonel Cornwallis , de fe rendre fur
» mon bord. Le parti de la retraite fut unanime
ment jugé indifpenfable Les Vaiffeaux le Ramillies
, le Culloden , la Revenche , le Trident , le
» Kingften & le Deptford , n'ont fait aucune perte.
Il y a eu trois hommes tués & fept bleffés , fur
» le Buckingham ; fix tués & trente bleffés , fur
» le Capitaine ; un tué & quatorze bleffés , fur
» le Lancaftre ; neuf tués & trente - neuf bleffés ,
»fur l'Intrépide ; quatre tués & treize bleffés , fur
ע
la Princeffe- Louife , fix tués & vingt bleffés ,
» fur le Portland ; quatorze tués & quarante-cinq
» bleffés , fur la Défiance. Le Sr Andrews, qui com-
» mandoit ce dern er Bâtiment , a été tué , & j'ai
» confié le commandement dudit Vaiffeau au
» Capitaine Hervey , qui montoit le Phoenix »
Quoiqu'il ne paroiffe point que la conduite de
P'Amiral Bing foit répréhenfible , le peuple eft
fort irrité contre lui . Cet Amiral a été brûlé en
effigie dans quelques Bourgs. Un magnifique
Château , qu'il a fait conftruire , a couru rifque
d'être pillé & réduit en cendres.
DE LONDRES , le 12 Juillet.
Selon les lettres de Gibraltar , l'Amiral Byng
y est arrivé le 21 du mois dernier , & fe difpofoit
à en repartir pour l'Ile Minorque. L'Amiral
ADUST. 1756. 199
Hawke eften route fur la Frégate l'Antelope ,
de cinquante canons , pour prendre le commandement
de l'Efcadre à la place de l'Amiral Byng.
Al auta fous fes ordres les Contre-Amiraux Weft
& Saunders. On a appris que le Chef d'Eſcadre
Howe étoit arrivé à l'Ifle de Garneſey avec ſon
Efcadre , & avec les Bâtimens de tranfport fur
lefquels le Régiment de Bockland s'eft embarqué.
Plufieurs Navires ayant à bord deux Régimens
deftinés à renforcer la Garnifon de Gibraltar ,
font partis de Plymouth le 25 du mois dernier ,
fous l'escorte de quelques Vaiffeaux de guerre.
Quatre Vaiffeaux de l'Efcadre de l'Amiral Boſcawen
, qui ont été endommagés dans leurs mâts
& dans leurs agrets , font rentrés dans ce dernier
Port , afin de s'y radouber. Ils feront remplacés
par cinq Vaiffeaux , qui feront voile aux
ordres de l'Amiral Moſtyn.
Les Commiffaires de l'Amirauté ont fait publier
la Lettre , par laquelle l'Amiral Byng leur a
rendu compte du combat naval du 20 Mai , &
dont voici le contenu : « Ayant appareillé le 8 ,
» de Gibraltar j'arrivai le 19 à la hauteur de Port-
Mahon. Le Vaiffeau le Phoenix m'avoit joint
deux jours auparavant. Le vent étoit calme , &
j'eus d'abord connoiffance de la Flotte Françoife.
Il étoit cinq heures du foir avant que j'euffe
pu former ma ligne , & eftimer la manoeuvre
» de l'ennemi , dont je ne pus apprécier la force.
Les François s'approcherent de nous en ligne
» formée ; mais fur les fept heures ils revirerent ,
» ce qui me fit juger qu'ils avoient intention de
> gagner le vent fur moi dans la nuit. Comme il
étoit tard , je revirai auffi pour conferver le
-> vent de terre. Le temps s'étant enfuite brouillé ,
nous fumes forcés de nous éloigner à près de
I iv
200 MERCURE DE FRANCE.
» cinq lieues de la côte. Vers les onze heures nous
» avançâmes de nouveau ; mais nous ne découvrî-
» mes rien de l'ennemi , à l'exception de deux
» Tartanes , qui étoient à peu de diftance de no-
» tre arriere-garde. J'ordonnai au Vaiffeau la
» Princeffe Louise de courir fur l'une , & je fis au
» Contre-Amiral un fignal de détacher quelques
» Bâtimens , pour donner la chaffe à l'autre . Les
Vaiffeaux la Princeſſe Louiſe , la Défiance & le
Capitaine , s'éloignerent beaucoup de nous , &
la Défiance s'empara d'une de ces Tartanes , à
» bord de laquelle étoient deux des treize Piquets ,
» que le Maréchal Duc de Richelieu avoit envoyés
la veille au Marquis de la Galiffoniere. Le
» Phénix s'offrit à fervir de brulot . Le lendemain
» 20 , nous découvrîmes du haut des mâts la Flotte
Françoife. Je fis revenir les Vaiffeaux que j'avois
» détachés. Quand ils furent à moi , je virai l'en-
» nemi , & je formai ma ligne. Je remarquai que
>> les François faifoient tous leurs efforts pour
» gagner le vent. Ils le gagnerent effectivements
» mais le vent ayant changé prefqu'auffi tôt , ils
» perdirent cet avantage. Ils avoient douze Vaiffeaux
de ligne & quatre Frégates. Dès que j'eus
remarqué que notre arriere-garde étoit de la
» longueur de notre avant -garde , nous virâmes
» enſemble , & je fis fortir de la ligne le Vaiffeau
» le Deptfort , afin que nous fuffions égaux en
» nombre. A deux heures je donnai le fignal du
>> combat , & fuivant, une méthode que j'ai tou-
» jours reconnue fort jufte , j'ordonnai que chaque
Vaiffeau s'attachât à combattre celui qui
» lui tomberoit en partage. Je dois témoigner la
» parfaite fatisfaction que j'ai de la valeur avec
» laquelle le Contre- Amiral Weſt donna l'exemple
, en fondant fur le Vaiffeau qu'il devoit
A O UST. 1756. 201
attaquer. Le combat fut engagé par l'avant-
» garde de l'Eſcadre Françoife , qui attaqua notre
>> arriere garde. Je fis force de voiles contre le
» Vaiffeau qui étoit vis- a - vis de moi , & j'en ef-
» fuyai un feu très -violent . Dès le commencement
» l'Intrépide eut fon grand mâts entiérement brifé
» & fes cordages coupés ; ce qui le mit hors d'état
» de fe gouverner , & le fit donner contre le Vaiffeau
le plus proche , qui fut , ainfi que quelques-
>> autres , dans la néceffité de fe retirer. J'en fis
» de même pour quelques minutes , afin qu'ils ne
>> tombaffent pas fur moi. Je ne le fis cependant
» qu'après avoir fait quitter la ligne à l'ennemi.
» Son centre ne fut plus attaqué , & pendant un
» peu de temps la divifion du Contre- Amiral refta
» à découvert . Pendant cet intervalle les ennemis.
» nous cauferent un grand dommage dans nos
» manoeuvres. Quoique je ferraffe de près le Con-
» tre- Amiral , je trouvai que je ne pouvois plus
» ferrer l'Eſcadre Françoiſe . Il étoit alors fix heu-
>> res du foir. Par le mouvement que fit cette Ef-
» cadre , je jugeai qu'elle vouloit former une nou
» velle ligne. Je fis un fignal pour manoeuvrer ,
» deforte que je puffe me mettre entre la division
du Contre -Amiral & l'ennemi , & couvrir l'Intrépide
, dont j'avois apperçu le mauvais état.
» A huit heures du foir , après avoir fait d'inutiles
>> tentatives pour entamer l'arriere- garde de l'Ef-
» cadre du Roi Très -Chrétien , & après avoir raf-
>> femb.é les Vaiffeaux de l'Efcadre Anglo :fe le
» plus promptement que je pus , je pris le parti
» de me retirer. Nous étions pour lors à dix ou
>> onze lieues de Port - Mahon , & il fe trouvoit à
» notre N. N. Oueft. J'envoyai des Vaiffeaux àla
» découverte de l'Intrépide & du Chesterfield , qui
» vinrent me rejoindre le lendemain . Les Vaif-
>
1
Iv
202 MERCURE DE FRANCE..
feaux le Capitaine & la Défiance n'ayant pas été
» moins maltraités que l'Intrépide , je jugeai à
» propos dans une pareille fituation de tenir un
>> Confeil de guerre , avant d'aller de nouveau
chercher l'ennemi . Je fis inviter le Générał
>> Stuart , le Lord Effingham , le Lord Robert
>> Bertie , & le Colonel Cornwallis , de fe rendre fur
» mon bord. Le parti de la retraite fut unanime
ment jugé indifpenfable Les Vaiffeaux le Ramillies
, le Culloden , la Revenche , le Trident , le
» Kingften & le Deptford , n'ont fait aucune perte.
Il y a eu trois hommes tués & fept bleffés , fur
» le Buckingham ; fix tués & trente bleffés , fur
» le Capitaine ; un tué & quatorze bleffés , fur
» le Lancaftre ; neuf tués & trente - neuf bleffés ,
»fur l'Intrépide ; quatre tués & treize bleffés , fur
ע
la Princeffe- Louife , fix tués & vingt bleffés ,
» fur le Portland ; quatorze tués & quarante-cinq
» bleffés , fur la Défiance. Le Sr Andrews, qui com-
» mandoit ce dern er Bâtiment , a été tué , & j'ai
» confié le commandement dudit Vaiffeau au
» Capitaine Hervey , qui montoit le Phoenix »
Quoiqu'il ne paroiffe point que la conduite de
P'Amiral Bing foit répréhenfible , le peuple eft
fort irrité contre lui . Cet Amiral a été brûlé en
effigie dans quelques Bourgs. Un magnifique
Château , qu'il a fait conftruire , a couru rifque
d'être pillé & réduit en cendres.
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Résumé : GRANDE-BRETAGNE.
En juillet 1756, plusieurs mouvements navals et événements militaires impliquant la Grande-Bretagne ont eu lieu. L'Amiral Byng est arrivé à Gibraltar le 21 juin et se préparait à partir pour l'île de Minorque. L'Amiral Hawke a pris le commandement de l'escadre à la place de Byng, avec les Contre-Amiraux West et Saunders sous ses ordres. Le Chef d'Escadre Howe est arrivé à l'île de Guernesey avec son escadre et des bâtiments de transport transportant le Régiment de Bockland. Plusieurs navires, escortés par des vaisseaux de guerre, ont quitté Plymouth pour renforcer la garnison de Gibraltar. Quatre vaisseaux de l'escadre de l'Amiral Boscawen, endommagés, sont rentrés à Plymouth pour réparations et seront remplacés par cinq autres vaisseaux sous les ordres de l'Amiral Mostyn. Les Commissaires de l'Amirauté ont publié la lettre de l'Amiral Byng décrivant le combat naval du 20 mai. Byng a appareillé de Gibraltar le 8 mai et a rencontré la flotte française près de Port-Mahon. Le combat a eu lieu le 20 mai, avec des pertes notables sur plusieurs vaisseaux britanniques. Byng a décidé de se retirer après des tentatives infructueuses pour engager l'arrière-garde de la flotte française. Un conseil de guerre a été tenu à bord de son vaisseau, et la retraite a été jugée indispensable. Malgré une conduite jugée non répréhensible, Byng a été brûlé en effigie dans certains bourgs, et son château a failli être pillé.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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2
p. 193-195
ESPAGNE.
Début :
Il y eut le 23 du mois dernier à Oporto une violente émeute. [...]
Mots clefs :
Lisbonne, Porto, Sédition, Émeute, Commerce des vins, Compagnie, Mécontentement du peuple, Saccages, Gouverneur, Tremblement de terre, Corsaire anglais
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : ESPAGNE.
ESPAGNE.
DE LISBONNE , le 29 Mars.
Il y eut le 23 du mois dernier à Oporto une
violente émeute. Entre les neuf & dix heures du
matin , on vit defcendre de la Cordoaria une trou
pe d'hommes , ayant une femme à leur tête , &
criant Vive le Peuple. S'étant rendus chez l'Elu ,
qui étoit malade au lit , ils le contraignirent de
s'habiller , le mirent dans une chaiſe à porteurs ,
& l'emmenerent avec eux. En même temps quelques
féditieux monterent fur les tours de l'Eglife
de la Miféricorde , & fonnerent le tocfin , au bruit
duquel plufieurs milliers d'habitans s'affemblerent.
Cette nouvelle troupe joignit la premiere ,
& elles allerent enfemble demander à l'Intendant
de la Ville la fuppreffion de la Compagnie , qui
vient d'y être établie pour le commerce des vins.
Une autre bande de mutins inveſtit cependant la
maiſon du Provéditeur de la Compagnie. Ilfe mit
en défenſe , & fit tirer plufieurs coups de fufil ,
dont quelques perfonnes furent bleffées. Auffitôt la
populace en fureur força les portes , pénétra dans
les appartemens , brifa les meubles , & déchira
les livres & les papiers. Le Gouverneur d'Oporto
ayant fait prendre les armes à la garniſon , mar
cha vers le lieu où le défordre étoit le plus grand.
L'Intendant de fon côté envoya ordre aux Cordeliers
de commencer la Proceffion qu'ils ont
coutume de faire le Mercredi des Cendres , afin
d'opérer par ce pieux fpectacle une diverfion dans
l'efprit du peuple. Effectivement , dès que la
I
194 MERCURE DE FRANCE.
Proceffion parut , l'orage fe calma. Il est à re
marquer que pendant toute la fédition il n'échappa
à la plus vile canaille aucun mot contre le
refpect du au Roi & à fes Miniftres. Pendant le
pillage de la maifon du Provéditeur de la Compagnie,
quelques jeunes gens vouloient enlever un
fac , dans lequel il y avoit plus de vingt mille
crufades . Un Grenadier leur dit que cet argent
appartenoit au Roi , & ils fe retirerent , fans y
toucher. Comme il étoit à craindre que le trouble
ne recommençât après la Proceffion , le Gouverneur
, pour fatisfaire les habitans , promit de
leur faire rendre juftice fur les griefs dont ils fe
plaignoient, Ils infifterent pour que la nouvelle
Compagnie fût fupprimée , ou qu'elle achetâr
leurs vins dans les temps fixés , & les payât argent
Comptant , ainfi que faifoient les Anglois. La
Garnifon 'd'Oporto a été renforcée de trois Régimens
, & la Cour y a envoyé un Commiffaire
avec ordre d'informer contre les auteurs de la ré,
volte.
Don Antoine-de Villena s'étant rendu à Oporto
avec le Régiment de Cavalerie de Chaves ,
pour faire arrêter & punir les auteurs de la révolte;
la populace de la Ville s'eft attroupée de nouveau
tumultueufement. Il a fallu charger les mu
tins , pour les difperfer. On en a tué plufieurs ,
& le Régiment de Chaves a perdu auffi quelques
Cavaliers.
Trois fecouffes de tremblement de terre ont
jetté ici de nouveau l'allarme . On fentit la premiere
le 16 à onze heures & demie du foir ; la
feconde à quatre heures après- midi , & la troifeme
le 18 à cinq heures & demie du matin,
Elles ont été accompagnées de plafieurs bruits
fouterreins. La premiere & la troifieme ant agi
JUI N. 1757.
195
par ondulations. Quelques maifons ont été ébranlées
à Caſcaës. On n'a point de nouvelles , qu'il
foit arrivé ailleurs aucun dommage.
Un Corfaire Anglois ayant pillé un Navire qui
portoit Pavillon de Portugal , & qui avoit à bord
une riche cargaifon , le Roi a demandé à Sa Majefté
Britannique une fatisfaction convenable.
DE LISBONNE , le 29 Mars.
Il y eut le 23 du mois dernier à Oporto une
violente émeute. Entre les neuf & dix heures du
matin , on vit defcendre de la Cordoaria une trou
pe d'hommes , ayant une femme à leur tête , &
criant Vive le Peuple. S'étant rendus chez l'Elu ,
qui étoit malade au lit , ils le contraignirent de
s'habiller , le mirent dans une chaiſe à porteurs ,
& l'emmenerent avec eux. En même temps quelques
féditieux monterent fur les tours de l'Eglife
de la Miféricorde , & fonnerent le tocfin , au bruit
duquel plufieurs milliers d'habitans s'affemblerent.
Cette nouvelle troupe joignit la premiere ,
& elles allerent enfemble demander à l'Intendant
de la Ville la fuppreffion de la Compagnie , qui
vient d'y être établie pour le commerce des vins.
Une autre bande de mutins inveſtit cependant la
maiſon du Provéditeur de la Compagnie. Ilfe mit
en défenſe , & fit tirer plufieurs coups de fufil ,
dont quelques perfonnes furent bleffées. Auffitôt la
populace en fureur força les portes , pénétra dans
les appartemens , brifa les meubles , & déchira
les livres & les papiers. Le Gouverneur d'Oporto
ayant fait prendre les armes à la garniſon , mar
cha vers le lieu où le défordre étoit le plus grand.
L'Intendant de fon côté envoya ordre aux Cordeliers
de commencer la Proceffion qu'ils ont
coutume de faire le Mercredi des Cendres , afin
d'opérer par ce pieux fpectacle une diverfion dans
l'efprit du peuple. Effectivement , dès que la
I
194 MERCURE DE FRANCE.
Proceffion parut , l'orage fe calma. Il est à re
marquer que pendant toute la fédition il n'échappa
à la plus vile canaille aucun mot contre le
refpect du au Roi & à fes Miniftres. Pendant le
pillage de la maifon du Provéditeur de la Compagnie,
quelques jeunes gens vouloient enlever un
fac , dans lequel il y avoit plus de vingt mille
crufades . Un Grenadier leur dit que cet argent
appartenoit au Roi , & ils fe retirerent , fans y
toucher. Comme il étoit à craindre que le trouble
ne recommençât après la Proceffion , le Gouverneur
, pour fatisfaire les habitans , promit de
leur faire rendre juftice fur les griefs dont ils fe
plaignoient, Ils infifterent pour que la nouvelle
Compagnie fût fupprimée , ou qu'elle achetâr
leurs vins dans les temps fixés , & les payât argent
Comptant , ainfi que faifoient les Anglois. La
Garnifon 'd'Oporto a été renforcée de trois Régimens
, & la Cour y a envoyé un Commiffaire
avec ordre d'informer contre les auteurs de la ré,
volte.
Don Antoine-de Villena s'étant rendu à Oporto
avec le Régiment de Cavalerie de Chaves ,
pour faire arrêter & punir les auteurs de la révolte;
la populace de la Ville s'eft attroupée de nouveau
tumultueufement. Il a fallu charger les mu
tins , pour les difperfer. On en a tué plufieurs ,
& le Régiment de Chaves a perdu auffi quelques
Cavaliers.
Trois fecouffes de tremblement de terre ont
jetté ici de nouveau l'allarme . On fentit la premiere
le 16 à onze heures & demie du foir ; la
feconde à quatre heures après- midi , & la troifeme
le 18 à cinq heures & demie du matin,
Elles ont été accompagnées de plafieurs bruits
fouterreins. La premiere & la troifieme ant agi
JUI N. 1757.
195
par ondulations. Quelques maifons ont été ébranlées
à Caſcaës. On n'a point de nouvelles , qu'il
foit arrivé ailleurs aucun dommage.
Un Corfaire Anglois ayant pillé un Navire qui
portoit Pavillon de Portugal , & qui avoit à bord
une riche cargaifon , le Roi a demandé à Sa Majefté
Britannique une fatisfaction convenable.
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Résumé : ESPAGNE.
Le 23 février, une émeute violente a éclaté à Oporto. Vers neuf heures du matin, un groupe d'hommes, dirigé par une femme, a forcé l'Elu, malade, à les suivre. Simultanément, des individus ont sonné le tocsin à l'église de la Miséricorde, rassemblant plusieurs milliers de personnes. Ces groupes ont demandé à l'Intendant de la Ville la suppression d'une nouvelle compagnie de commerce des vins. Une autre bande a attaqué la maison du Provéditeur de la Compagnie, provoquant des échanges de tirs et des pillages. Le Gouverneur d'Oporto a déployé la garnison pour rétablir l'ordre, tandis que l'Intendant a organisé une procession pour apaiser la foule. Pendant l'émeute, aucun mot contre le Roi ou ses ministres n'a été prononcé, et un grenadier a empêché le vol d'une somme d'argent appartenant au Roi. Pour éviter une reprise des troubles, le Gouverneur a promis de traiter les griefs des habitants, notamment la suppression de la compagnie ou l'achat de leurs vins en espèces. La garnison d'Oporto a été renforcée, et un commissaire a été envoyé pour enquêter sur la révolte. Plus tard, la population s'est de nouveau soulevée à l'arrivée de Don Antoine-de Villena avec le Régiment de Cavalerie de Chaves, entraînant des affrontements et des pertes des deux côtés.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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