CANT AT ILLE.
Par M. Desforges Maillard. A.A.P.D.B :
V Ous voulez me cueillir , disoit la Rose em
pleurs :
Au jeune Corilas qui l'avoit cultivée ;
Helas ! m'avez-vous reservée
Au plus funeste des malheurs ?
•
Voilà donc , où tendoient vos perfides douceurs
Par ces mots la Rose vermeille
Croyoit convaincre Corilas
Mais Corilas tournant l'oreille
Feignoit de ne l'entendre pas .
Cent fois , poursuivoit - elle encore,
Vous avés prévenu l'Aurore ,
Pour me voir et pour m'arroser
Vous n'osiés pourtant me baiser ,
De crainte d'altérer l'éclat qui me colore.
'Arrêtez , cher Berger , cruel , que faites vous ? 1
Arrêtés , un moment quand vous m'aures
cüeillie
Quelques instants aprés vous me verrés flétrie
Je perdrai les attraits dont vous étiés jaloux .
Ainsi parloit la Rose en larmes ;
...
II. Vol. Mais
1498 MERCURE DE FRANCE
Mais ces cris furent superflus ;
Dès qu'elle fut cueillie elle n'eut plus de charmes,
Et Corylas ne l'aima plus.
Amans , sous les plus douces chaînes ,
Contraignés vos brulans desirs ;
Le comble des tendres plaisirs ,
Est souvent le comble des peines.