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1
p. 320-323
« On apprend de Londres que dans l'assemblée de la [...] »
Début :
On apprend de Londres que dans l'assemblée de la [...]
Mots clefs :
Mérite, Société royale de Londres, Faveur, Élection, Chirurgien, Tympan, Oreille, Remède, Gangrène, Chaires de Professeurs Royaux, Faculté de médecine
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texteReconnaissance textuelle : « On apprend de Londres que dans l'assemblée de la [...] »
On apprend de Londres que dans l'assemblée
de la Société Royale , qui se tint au commencement
FEVRIER. 1731. 321
ment de cette année, il a été résolu de n'admettre
à l'avenir aucun Candidat , à moins qu'il n'ait
été nommé par trois Membres de la Société,qui
déclareront par écrit le nom , la condition et les
qualités de la personne proposée , et si elle s'est
fait un nom dans le monde par quelque Ouvra
ge imprimé ; et que l'élection par balotage de la
personne proposée , ne pourra se faire que dix
semaines aprés. On ouvrira par cette méthode la
> porte au mérite , et on la fermera à la faveur, selon
l'intention de la premiere institution de cette célébre
Société , qui subsiste depuis 1666.
On mande de la même Ville, que le 9 Janvier ,
le Docteur Cheselden , premier Chirurgien de la
Reine , devoit couper le Timpan de l'oreille à
Charles Rei , un des quatre malfaiteurs, condamnez
à mort , aux dernieres cessions , auquel le
Roy a accordé des Lettres de répit. S. M. ayant
promis de donner la grace à ce criminel , si par
cette opération il guérit de sa surdité. Mais cette
opération n'a pas été faite , parce qu'après un
plus grand examen , elle a été jugée impraticable.
Če malfaiteur sera envoyé dans les Colonies
de l'Amérique.
La Chirurgie a fait une grande perte dans la
personne de M. Bellofte, qui fut Chirurgien Major
des Hôpitaux de l'Armée du Roy en Italie ;
ensuite premier Chirurgien de feuë Madame
Douairiere de Savoye. Il est l'Auteur d'un Livre,
intitulé : Chirurgien d'Hôpital , très - estimé de
ceux qui sçavent la Chirurgie, et tres - utile à ceux
qui veulent la sçavoir . Il est mort à Turin le 15
Juillet dernier , âgé de 80 ans. Il a fait encore sur
la fin de ses jours , la découverte d'un nouvel
Organe , dans le Corps humain , dont on pourra
F donner
322 MERCURE DE FRANCE
donner bien- tôt une Dissertation. S'il est regretté
du public , il ne l'est pas moins de ses
amis ; il en eut d'illustres , et son mérite personnel
lui en eut fait davantage sans sa modestie.
Son habileté dans son Art fut le fruit d'une longue
experience , et d'un travail continuel ; il avoit
Pesprit orné , il aimoit les Lettres et les cultivoit.
Il laisse un fils,seul heritier du secret de la composition
de ses Pilules Mercuriales. C'est un excellent
remede dissolvant et absorbant, dont il a tresamplement
traité dans le second tome du Chirurgien
d'Hôpital , imprimé à Paris en 1725 .
chez Laurent d'Houry.
il
Ceux qui souhaiteront avoir de ces Pilules
pourront s'addresser à M. Belloste à Turin ;
en fourni des Boetes de differentes grandeurs et
de différent prix , pour la commodité du public ,
avec des Mémoires sur la maniere de s'em
servir.
Le Sieur Cottance avertit le public qu'il a un
remede aussi spécifique que simple , pour arrêter
et fixer en moins de deux heures de tems , toutes
sortes de Gangrénes , Bubons , Charbons pestilentiels
et Ulceres invétérez. It demeure à Paris ,
Tue Comteffe d'Artois , au grand Vainqueur.
"
Le 24 du mois dernier , le P. Porée , Professeur
de Rhétorique du College de Louis le Grand,
prononça, en presence du Card. de Bissi , de plasieurs
Prélats et autres presonnes de distinction
un Discours Latin fort éloquent , dans lequel il
prouva que les Critiques sont aussi nécessaires
dans la République des Lettres , que les Juges
le sont dans un Etat que pour être Critique ,
il faut avoir les qualitez d'un bon Juge.
FEVRIER . 1731.
323
AÙ
REVERend pere PORE'E ,
Sur sa
Harangue.
ΕΝΥΟΥ.
Dubon Juge , et du bon Critique ,
Tu nous as , dans ton Oraison ,
Fait la juste comparaison ,
Et par un sel , vraiment attique ,
Uni la grace à la raison.
Joui d'une entiere victoire ,
Tous tes coups , Porée , ont porté ,
Puisqu'aujourd'hui , par équité
Le Ctitique chante ta Gloire.
Il vaque actuellement deux Chaires de Professeurs
Royaux en Medecine ; l'une à Montpellier
, par l'absence de M. Astruc , fameux Professeur
de cette Université , aujourd'hui Professeur
et Lecteur au Collège Royal , à la place de l'illustre
M. Geoffroy. La Dispute de cette Chaire
est annoncée pour le 1. May 1731 , dans un double
Programme , de la part de M. l'Evêque de
Montpellier , Chancelier de l'Université , et de
M. Chicoineau , Conseiller à la Cour des Aydes ,
Professeur d'Anatomie et de Botanique , de l'Academie
Roïale des Sciences de Montpellier, Chancelier
et Juge de l'Université de Medecine de cette
Ville.
L'autre Chaire vaque par le decés de M.Angot
celebre Médecin de Caen , dont la dispute est pareillement
annoncée dans un Programme de la
Faculté de Médecine de Caën.
de la Société Royale , qui se tint au commencement
FEVRIER. 1731. 321
ment de cette année, il a été résolu de n'admettre
à l'avenir aucun Candidat , à moins qu'il n'ait
été nommé par trois Membres de la Société,qui
déclareront par écrit le nom , la condition et les
qualités de la personne proposée , et si elle s'est
fait un nom dans le monde par quelque Ouvra
ge imprimé ; et que l'élection par balotage de la
personne proposée , ne pourra se faire que dix
semaines aprés. On ouvrira par cette méthode la
> porte au mérite , et on la fermera à la faveur, selon
l'intention de la premiere institution de cette célébre
Société , qui subsiste depuis 1666.
On mande de la même Ville, que le 9 Janvier ,
le Docteur Cheselden , premier Chirurgien de la
Reine , devoit couper le Timpan de l'oreille à
Charles Rei , un des quatre malfaiteurs, condamnez
à mort , aux dernieres cessions , auquel le
Roy a accordé des Lettres de répit. S. M. ayant
promis de donner la grace à ce criminel , si par
cette opération il guérit de sa surdité. Mais cette
opération n'a pas été faite , parce qu'après un
plus grand examen , elle a été jugée impraticable.
Če malfaiteur sera envoyé dans les Colonies
de l'Amérique.
La Chirurgie a fait une grande perte dans la
personne de M. Bellofte, qui fut Chirurgien Major
des Hôpitaux de l'Armée du Roy en Italie ;
ensuite premier Chirurgien de feuë Madame
Douairiere de Savoye. Il est l'Auteur d'un Livre,
intitulé : Chirurgien d'Hôpital , très - estimé de
ceux qui sçavent la Chirurgie, et tres - utile à ceux
qui veulent la sçavoir . Il est mort à Turin le 15
Juillet dernier , âgé de 80 ans. Il a fait encore sur
la fin de ses jours , la découverte d'un nouvel
Organe , dans le Corps humain , dont on pourra
F donner
322 MERCURE DE FRANCE
donner bien- tôt une Dissertation. S'il est regretté
du public , il ne l'est pas moins de ses
amis ; il en eut d'illustres , et son mérite personnel
lui en eut fait davantage sans sa modestie.
Son habileté dans son Art fut le fruit d'une longue
experience , et d'un travail continuel ; il avoit
Pesprit orné , il aimoit les Lettres et les cultivoit.
Il laisse un fils,seul heritier du secret de la composition
de ses Pilules Mercuriales. C'est un excellent
remede dissolvant et absorbant, dont il a tresamplement
traité dans le second tome du Chirurgien
d'Hôpital , imprimé à Paris en 1725 .
chez Laurent d'Houry.
il
Ceux qui souhaiteront avoir de ces Pilules
pourront s'addresser à M. Belloste à Turin ;
en fourni des Boetes de differentes grandeurs et
de différent prix , pour la commodité du public ,
avec des Mémoires sur la maniere de s'em
servir.
Le Sieur Cottance avertit le public qu'il a un
remede aussi spécifique que simple , pour arrêter
et fixer en moins de deux heures de tems , toutes
sortes de Gangrénes , Bubons , Charbons pestilentiels
et Ulceres invétérez. It demeure à Paris ,
Tue Comteffe d'Artois , au grand Vainqueur.
"
Le 24 du mois dernier , le P. Porée , Professeur
de Rhétorique du College de Louis le Grand,
prononça, en presence du Card. de Bissi , de plasieurs
Prélats et autres presonnes de distinction
un Discours Latin fort éloquent , dans lequel il
prouva que les Critiques sont aussi nécessaires
dans la République des Lettres , que les Juges
le sont dans un Etat que pour être Critique ,
il faut avoir les qualitez d'un bon Juge.
FEVRIER . 1731.
323
AÙ
REVERend pere PORE'E ,
Sur sa
Harangue.
ΕΝΥΟΥ.
Dubon Juge , et du bon Critique ,
Tu nous as , dans ton Oraison ,
Fait la juste comparaison ,
Et par un sel , vraiment attique ,
Uni la grace à la raison.
Joui d'une entiere victoire ,
Tous tes coups , Porée , ont porté ,
Puisqu'aujourd'hui , par équité
Le Ctitique chante ta Gloire.
Il vaque actuellement deux Chaires de Professeurs
Royaux en Medecine ; l'une à Montpellier
, par l'absence de M. Astruc , fameux Professeur
de cette Université , aujourd'hui Professeur
et Lecteur au Collège Royal , à la place de l'illustre
M. Geoffroy. La Dispute de cette Chaire
est annoncée pour le 1. May 1731 , dans un double
Programme , de la part de M. l'Evêque de
Montpellier , Chancelier de l'Université , et de
M. Chicoineau , Conseiller à la Cour des Aydes ,
Professeur d'Anatomie et de Botanique , de l'Academie
Roïale des Sciences de Montpellier, Chancelier
et Juge de l'Université de Medecine de cette
Ville.
L'autre Chaire vaque par le decés de M.Angot
celebre Médecin de Caen , dont la dispute est pareillement
annoncée dans un Programme de la
Faculté de Médecine de Caën.
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Résumé : « On apprend de Londres que dans l'assemblée de la [...] »
En février 1731, la Société Royale de Londres a modifié ses critères d'admission en exigeant que les candidats soient proposés par trois membres de la Société, qui doivent fournir des informations sur le nom, la condition, les qualités du candidat et ses œuvres imprimées. L'élection par balotage ne peut se tenir qu'après une période de dix semaines suivant la proposition. À Londres, le 9 janvier, le Docteur Cheselden, chirurgien de la Reine, a tenté d'opérer Charles Rei, un malfaiteur condamné à mort, pour le guérir de sa surdité. L'opération a été jugée impraticable, et le malfaiteur a été envoyé dans les colonies américaines. La communauté chirurgicale a perdu M. Belloste, chirurgien major des hôpitaux de l'armée du Roi en Italie et premier chirurgien de la douairière de Savoie. Auteur du livre 'Chirurgien d'Hôpital', il est décédé à Turin le 15 juillet précédent à l'âge de 80 ans. Il a découvert un nouvel organe dans le corps humain et laissé un fils héritier du secret de ses pilules mercuriales. Le Sieur Cottance a annoncé un remède pour traiter les gangrènes, bubons, charbons pestilentiels et ulcères invétérés. Le Père Porée, professeur de rhétorique au Collège de Louis le Grand, a prononcé un discours latin sur la nécessité des critiques dans la République des Lettres. Deux chaires de professeurs royaux en médecine sont vacantes : l'une à Montpellier, en raison de l'absence de M. Astruc, et l'autre à Caen, suite au décès de M. Angot. Les disputes pour ces chaires sont annoncées respectivement pour le 1er mai 1731 et dans un programme de la Faculté de Médecine de Caen.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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2
p. 1453-1469
EXTRAIT de la Dissertation sur la Taille par l'appareil Lateral, luë par M. Morand à la rentrée publique de l'Académie Royale des Sciences d'aprés Pâques.
Début :
Nous avons donné dans le Mercure du mois de Decembre 1729. une [...]
Mots clefs :
Londres, Cadavres, Chirurgiens, Guérison, Opérations, Méthodes, Incision, Observation, Vessie, Gangrène
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texteReconnaissance textuelle : EXTRAIT de la Dissertation sur la Taille par l'appareil Lateral, luë par M. Morand à la rentrée publique de l'Académie Royale des Sciences d'aprés Pâques.
EXTRAIT de la Dissertation sur la
Taille
par l'appareil Lateral, luë par M.
Morand à la rentrée publique de l'Aca
démie Royale des Sciences d'aprés Pâques .
hhhhhhhh
N
Ous avons donné dans le Mercure
du mois de Decembre 1729. une
Lettre de M. Morand , dans laquelle il
expose les motifs de son Voyage à Lon
dres , et se déclare Partisan de la Taille
Laterale qu'il a vû pratiquer par M. Che
selden , cèlebre Chirurgien Anglois. M.
Morand ayant fait sur les Cadavres tou
tes les expériences nécessaires , pour exa
miner à fond cette Operation sur les
notions que les Conferences qu'il avoit
eûes avec M. Cheselden , et que ses
lettres lui avoient données ; il la pro
que
posa à M. Maréchal premier Chirurgien
du Roy. Sous ses yeux et en présence
de plusieurs Académiciens , Medecins ,
et Chirurgiens , cette Operation se fit
l'année derniere à Paris avec grand suc
cès , et nous en avons rendus compte
dans le Mercure du mois d'Aoust 1730.
de quinze Malades taillées à l'appareil La
teral par M. Morand et Perchet , douze
II. Vol. étoient
1454 MER CURE DE FRANCE
étoient gueris , M. le Muet étoit en voye
de guérison , et a été parfaitement guéri .
Depuis ce temps là M. Perchet en a taillé
un à Louviers , et l'a bien guéri ; de sorte
que voilà seize Operations bien avérées
dont quatorze ont réussies tout au mieux ,
il n'est mort que deux personnes , et des
quatorze guéris , il y avoit quatre sujets
en trés mauvais état , lorsqu'ils furent
taillés. M. Maréchal fut si content de
ces Operations qu'il écrivit à M. Morand
de venir à Marly , afin de le présenter à
son Eminence M. le Cardinal de Fleury ,
2
qui les pierres furent montrées , et qui
exorta M. Morand à continuer.
En 1729. M. Morand avoit lû à l'Aca
démie les lettres de M. Cheselden
dans lesquelles il détailloit sa Methode
et répondoit à toutes les difficultés qu'ont
lui avoit faites . En 1730. M. Cheselden
a publié lui même sa Methode dans une
petite Dissertation en Anglois , dans la
quelle il nous apprend qu'aprés avoir
essayé toutes les Methodes de la Taille,
et les avoir comparées , il s'est dévoué
toujours à celle- cy, qu'il a reconnu la meil
feure. La voici rapportée par lui - même .
pour
Je lie le Malade comme au grand appa
reil , aprés l'avoir couché sur une Table ho
risontale de la hauteur de trois pieds , ayant
ر ا
IL. Vol. seulement:
JUIN. 1731. 455
seulement laTête un peu élevée,jefais d'abord
une incision aux tegumens , aussi longue qu'il
est possible , en commençant prés l'endroit
où elle finit au grand appareil , je continue
de couper de haut en bas , inter musculos.
acceleratorem urinæ et erectorem penis ,
et à côté de l'intestin Rectum , je tâte ensuite
pour trouver la sonde sur laquelle je coupe.
le long de laglande Prostate , en continuant
jusqu'à la véssie et assuje tissant le Rectum en
bas pendant tout le temps de l'Operation, avec
un ou deux doigts de la main gauche le
reste comme dans l'ancienne Méthode &c.
Dans la Dissertation lüe par M. Mo
rand à l'Académie , il ajoute à cette Des
cription donnée par M. Cheselden quel
ques particularités qui sont dans ses let
tres écrites pour l'Académie , il cite la
sçavante These de M. Falconet , au sujet
des raisons de préferer l'appareil Lateral.
au grand , il ajoute à ces motifs de pré
ference
, que le manuel de cette. Opera
tion lui a paru plus facile et plus sur ,
que dans l'appareil Lateral on coupe
certaines parties qu'on déchire dans le
grand ; qu'enfin ceux qui en ont été
guéris , n'ont eu de reste , ni fistule , ni
incontinence d'urine , et s'engage de faire.
voir les avantages de cette Operation dans
un Traité qu'il donnera exprés sur cette
matiere, Ensuite
1456 MERCURE DE FRANCE
Ensuite il donne à l'Académie quel
ques observations qui regardent la partie
Historique de cette Opération . Dans la
premiere est contenue presque toute la
vie de Frere Jacques , que M. Morand
a suivi par tout par ses Récherches ; ce
sont ces mêmes Récherches qui lui ont
fait voir , pour ainsi dire , deux Freres
Jacques ; à ne le connoître que sur le rap
port de M. Mery , son Operation est in
certaine , et il faut la répudier , ce sont
les mots de M. Morand même dans sa
lettre du Mercure de Decembre 1629 .
mais M. Morand a eu le bonheur de dé
couvrir deux Pieces fugitives sur l'Ope
ration de Frere Jacques que deux de
ses Confreres se sont fait un plaisir de
lui communiquer. L'une est un Ma
nuscrit de M. Hunaud , celebre Me
decin d'Angers , qui avoit vû tailler le
Frere Jacques à Angers , et qui avoit
pris la plume pour le déffendre contre
M. Mery ; l'autre est un Ouvrage de Fre
re Jacques même imprimé en 7. à 8. pag.
et dont les exemplaires sont devenus fort
rares. Dans ces deux ouvrages , l'incision
de Frere Jacques est nettement détermi
née il y est bien positivement énoncé
que Frere Jacques avoit rectifié son Opé
ration , substitué une sonde crénelée à
II. Vol. La
JUIN.
1457 1731 .
la sonde informe qu'il employoit d'abord ,
et trouvé le moyen de couper toujours le
col de laVessie. Voilà dans l'Histoire de F.
Jacques 2. Epoques bien differentes pour
son Operation , de laquelle nous serions de
meurés en possession sans nôtre vivacité.
La seconde Observation de M. Mo
rand' roule sur l'Operation de M. Rau ;
M. Morand pense que celle-cy est celle
de Frere Jacques rectifiée. 1 °. On ne
peut pas prouver le contraire , parceque
M. Rau ne donnoit point d'éclaircisse
ment de sa Méthode , que M. Rau est
mort en 1719. sans la publier luy-même ,
et qu'elle a été donnée par un autre Pro
fesseur , enfin qu'on ne voit nulle part ;
suivant la rémarque du Docteur Douglas ,
des Observations tirées de l'ouverture
des Cadavres. 2 °. On peut prouver que
cela est ainsi , parceque selon M. Albi
nus même , M. Rau et le Frere Jacques
faisoient tous deux l'incision dans le mê
me endroit, et que M.Rau ,pressé par ceux
qui l'interrogeoient sur son Operation ,
leur disoit , lisés Celse. Or il est facile
de prouver que Frere Jacques tailloit
par la Méthode de Celse.
La troisiéme Observation de M. Mo
rand est employée à expliquer cette es
pece
de Paradoxe sur la Méthode de Cel
II. Vol
se
4458 MERCURE DE FRANCE
se. M. Morand ne demande autre chose
pour cela , sinon qu'on lise avec atten
tion , et sans préjugé , le septiéme Livre
de cet Atiteur , Chap. 26. Sect. 2. on ver
ra que l'incision exterieure de Celse est
oblique et prés de l'Anus , et que l'inte
rieure interesse le col de la Vessie. Voilà
ce que fait l'appareil Lateral , et ce que ne
fait point le grand appareil. M. Morand
convient que cette Analogie a été apper
çue par M. Mery , M. Freind , M. Dou
glas , M. Falconet. Il résulteroit de-là
que l'appareil Lateral qui paroît une nou
velle Méthode seroit la plus ancienne.
M. Morand finit sa Dissertation en ré
capitulant les Opérations pratiquées par
cette Méthode depuis le mois de Mars
1727. jusqu'à la fin de 1730. Dans l'Ap
pendix de M. Cheselden , on lit les noms
de 46. Malades qu'il avoit taillés dans
l'Hôpital de S. Thomas , et dont il n'avoit
perdu que deux , M. Morand venoit de
récevoir la Liste posterieure à celle- cy ,
dans laquelle il y en a vingt de taillés ,
dont il n'est mort que deux : en la joignant
à la premiere Liste de M. Cheselden , et
à celle de M. Morand , il se trouve de
compte fait en Mars 173 1. quatre- vingt
deux personnes taillées par l'appareil La
teral , depuis Mars 1727. dont il n'est
II. Vol
mort
JUIN. 1731
1459
mort que fix , et soixante et seize ont été
parfaitement gueries , dont dix de diffe
rens âges , depuis 40. jusqu'à 67. ans.
Tels étoient les progrès de l'appareil
Lateral à Paris , lorsque M. Morand lût
sa Dissertation à l'Académie Royale des
Sciences. Depuis ce temps là , il a fair
cette Operation à M. de Janson et Du
blaisel qui sont morts six jours aprés
l'Operation. L'Ouverture de leur corps
a été faite , l'Académie Royale des Scien
ces a examiné les choses , Mrs. Chirac et
Maréchal ont vû ce qui concernoit M,
de Janson . Voici le rapport de ces deux
Ouvertures .
DETAIL de ce qui s'est trouvé à l'ou
verture de Mrs de Janson et du Blaisel.
Le 24. Avril 1731. Nous Docteurs en
Medecine , et Chirurgiens de Paris , nous
sommes transportés à neuf heures du soir
à l'Archevêché pour l'ouverture du corps
de Feu M. le Commandeur de Janson ,
mort ledit jour à neuf heures du matin
aprés avoir été taillé le Jeudi précedent
dix- neuf dudit mois et nous déclarons
avoir réconnu ce qui est détaillé à nôtre
present rapport par l'ouverture faite en
nôtre presence par M. Verdier , Chirur
ر
.
11. Vol.
gien
1460 MERCURE DE FRANCE
juré et DémonstrateurRoyal enAnatomie.
Le corps exposé sur une Table nous
n'avons vû aux parties voisines de la
playe , ni lividité , ni tension , en aucune
region du bas -ventre ni élevation ni gon
Alement , la région de la vessie étant au
contraire plate , enfoncée , et molete.
A l'ouverture du ventre il nous'a paru
à la premiere inspection qu'il n'y avoit ,
ni aux entrailles , ni à la vessie vers le
peritoine , ni au tissu cellulaire qui l'en
vironne , aucune Phlogose , inflammation,
ou marque de gangréne .
Les intestins étant ôtés du ventre , les
Reins ont été examinés , et on a trouvé
le droit diminué de la moitié de son vo
lume naturel , et sa substance glan
duleuse fondue , de sorte que l'on ne
distinguoit plus interieurement que les
sacs des entonnoirs qui étoient fort dila
tés aussi bien que les bassinets , et rem
plis d'une liqueur noire , puante , et mê
lée de quelques matieres glaireuses et
purulentes. L'uretere du même côté
dilaté depuis sa sortie du Rein jusqu'à
son insertion à la vessie , et étranglé en
quelques endroits par plusieurs infléxions
contre nature ; enfin sa trace le long du
muscle Psoas , marquée par une tache
livide et assés profonde dans la substance
II. Vol
de
JUIN. 1731. 1461
de ce muscle , dont le reste étoit de la
couleur et rougeur naturelle.
Le Rein gauche avoit les mêmes sin
gularités que le droit , mais il étoit plus
maigre et plus fondu , plein d'un pus trés
fætide , et d'un blanc sale. L'uretere de
ce côté étoit un peu moins malade que
l'autre.
La vessie nous parut s'élever assés haut
au dessus du Pubis , et sa consistence
étoit bien plus dure que dans l'état natu
rel , mais pour l'ouvrir dans toute son
étendue , et examiner plus scrupuleuse
ment toutes les parties du voisinage , et
de la dépendance de l'Operation , on a
ôté la vessie entiere avec le canal de l'ure
tre , le rectum , et la partie incisée par
la Taille.
Ensuite la vessie a été ouverte dans.
toute son étendue , depuis son fond jus
ques et au de-là de l'incision faite par la
Taille ; alors tout le corps de la vessie
nous ' a paru considerablement épaissi
on n'a trouvé dans sa cavité , ni pierre
ni fragment de celle qui avoit été tirée ,
il y avoit à la surface de sa tunique inter
ne plusieurs points blanchâtres et durs ,
quelques rugosités , mais aucun vestige
de contusion . Vers sa partie inferieure et
un peu plus du côté droit que
du gauche
,
II. Vol C IL
462 MERCURE DE FRANCE
3 il y avoit une tumeur carcinomateuse
fort dure , grosse comme un gros oeuf,
faisant corps avec la vessie même ,
aussi large par sa baze que par sa partie
saillante , et d'une étenduë assés grande
faire la vessie eut comme deux pour que
capacités , dont la plus grande étoit au
dessus du carcinôme. Prés de cette tu
meur , étoit une excroissance fongueuse
applatic , grosse et longue comme le petit
doigt , de la consistence du fongus qui
avoit été tiré avec la pierre , attaché par
un pedicule membraneux à la tunique
interne de la vessie , et flottante dans la
vessie , de façon qu'elle pouvoit tomber
dans l'incision .'
L'incision faite par la Taille étoit à la
fin de l'uretre et au cou de la vessie.
Mettant un doigt dans l'anus et un autre
dans l'incision ; on a vû que le rectum
n'avoit point été interessé, y ayant entre
deux une cloison fort épaisse : enfin en
examinant le trajet de l'incision-, nous
avons vû qu'il n'y avoit d'autre route
que celle qui conduisoit directement de
l'incision à la vessie , et qu'il n'y en avoit
point de fausse autour du rectum , ni
dans le tissu cellulaire des parties voisi
nes.
Comme nous reconnoissons dans le
II. Vel désordre
JUIN. 1731 . 146
désordre des parties dénommées au pre
sent rapport des causes de mort évidentes
et indépendentes de l'opération de la
Taille faite à M. le Commandeur de Jan
son , on n'a point fait l'ouverture de la
Poitrine ni de la Tête , et aucun de nous
ne l'a demandée. A Paris çe .27 . Avril
1731. et ont signés. Mrs. Winslow et Silva
Medecins , Guerin , Le Dran , Boudou ',
Pibrac , Morand , Verdier , Guerin fils
et Perchet , Chirurgiens .
L'Original a été remis à M. le Mar
quis de Janson , avec le dessein des parties
malades , qui ont été examinées dans une
sceance par l'Académie Royale des Scien
aussi bien celles dont est ques
tion dans le rapport suivant .
ces , que
Le Samedi 28. Avril 1731. nous Doc
teur en Medecine , et Chirurgiens de
Paris soussignés , nous sommes transpor
tés à l'Hôteld'Espagne, rue duColombier,
l'ouverture du corps de M.du Blai
sel , mort la nuit précedente, aprés avoir
été taillé le Lundi 23. dudit mois.
pour
A l'ouverture du bas- ventre , l'estomach
et les intestins ont paru dans leur état na
turel, les ayant écartés pour éxaminer la ré
gion de la vessie nous avons trouvé un
abscès considerable dans le tissu cellulaire
du peritoine entre l'endroit où l'uretere
>
I La Kol Cij gauche
3454 MERCURE DE FRANCE
gauche se jette dans la vessie et le lieu de
f'incision. La vessie ouverte depuis son
fond jusqu'au de - là de l'incision , elle
nous a paru saine ; mais à sa partie pos
terieure , et entre ses tuniques étoit un
sac plein d'un grand nombre de petites
pierres , et de ce sac il suintoit quelques
goutes de pus dans la vessie.
La supression totale des urines arrivée
la veille de sa mort ayant fait tourner
nos vûës vers les reins , nous avons trou
vé le rein droit en inflammation , et par
là augmenté considerablement du volu
me naturel ; de ce rein partoient deux
ureteres , dont les vaisseaux sanguins
étoient gonflés et en inflammation , ces
ureteres s'unissant ensemble à quelques
pouces de la vessie , n'avoient qu'une et
même insertion .
Au lieu du rein gauche qui étoit obli
teré, il y avoit une capsule membraneuse
avec deux ureteres, qui sans se confondre
alloient séparément à la vessie , l'un s'ou
vroit dans la vessie à l'ordinaire , l'autre
étoit bouché en haut par deux petites
pierres , et prés de la vessie par plusieurs
autres ; enfin au lieu de s'ouvrir dans la
vessie , il se terminoit dans le sac pierreux
qui étoit en suppuration .
Cette organisation particuliere nous
11. Val.
fair
JUIN.
1731. 1469
que
fait croire le rein droit étant attaqué
d'une inflammation qui a produit la ne
phretique , le gauche n'avoit pû supléer
à ses fonctions , puis qu'il n'y en avoit
point , de là la supression des urines , et
que
la même cause qui a formé dù pus
dans le sac pierreux , a pû donner lieu à
l'abscès du tissu cellulaire . A Paris ce 6 .
May 1731. et ont signés Sylva , Boudon ,
Verdier , Morand , Perchet.
LETTRE de M. Morand à M. de la R
' Ay l'honneur de vous envoyer,Mon
sieur, le rapport de l'ouverture de M.
de Janson, et j'execute les ordres positifs
que j'en ay reçû : ces Ordres sont si pré
cieux pour moi que je n'en puis retran
cher un mot , et je vous envoye en mê
me temps la Lettre de M. Mareschal qui
me les a signifiés .
· Je viens de rendre un compte exact de
votre Operation à son Eminence M. le Car
dinal , et des obstacles invincibles de
рои
voir guerir M. de Janson ; je lui ai ajouté
que vous aviés en raison de ne point tirer
la pierre , et que cet examen avoit étéfait en
presence de M. Chirac, cela lui a faitplaisir.
Son Eminence m'a dit qu'il falloit le dire
au Roy, ce que je feray ; la seconde chose
II. Vol.. Ciij que
1466 MERCURE DE FRANCE
que vous deviés en faire une Relation pré
cise et de tous les temoins , et en faire un
article dans les Nouvelles pour détromper
le Public. Voila ce que son Eminence m'a
dit, et je crois qu'elle pense juste . Je vous sa
lue & c. Mareschal. A Rambouillet le 25.
Avril 1731 .
Je vous envoye en même temps ,
Monsieur , la Rélation de l'ouverture de
M. du Blaisel , et je crois qu'avec ces deux.
Pieces il m'est permis de demander à
l'Auteur anonyme de la Lettre inserée
dans le Mercure de May , pag. 1135 .
raison des Réflexions qu'il a ajoutées au
détail des Operations de la Taille faites
à l'Hôpital de la Charité le 14. du mois.
passé.
Je n'avois pas plus promis cette année
cy que l'autre de faire la Taille par l'Ope
ration Laterale . L'Année derniere M ..
Mareschal trouva bon qu'on la fit , je l'ai
faite devant lui , et elle a reussi . Cette
année M. Mareschal a trouvé bon qu'on
ne fit
que le grand Appareil , j'en ai fait
deux , et j'ai gueri mes deux malades.
Ainsi cette année cy comme la précedente,,
j'ay obéi.
➤
Mais l'Anonyme avance que M. Ma
reschal qui connoit les inconveniens de l'ap
pareil Lateral , en disposa autrement , en
II. Vol. execu
JUIN. 1731. 1467
1
executant lui même,et faisant executer l'Opé
ration à la maniere ordinaire. Je demande
si l'Anonyme a ordre d'expliquer les mo
tifs de M. Mareschal , et pourquoy it
abuse gratuitement d'un nom si respec
table ; car personne ne peut connoître
les inconveniens de cette Opération .
que sur des éclaircissemens fournis par
la Theorie ou sur les faits de Pratique .
Sera-ce sur les éclaircissemens de Théorie?
M. Mareschal n'est pas encore determi
né , et M. le Comte de Broglio m'a fait
l'honneur de me dire que M. Mareschal
venoit de proposer plusieurs questions à
M. Cheselden , et qu'il a demandé qu'on
envoyât icy , s'il étoit possible , les Parties
de quelqu'un , mort aprés cette Opération .
Sera-ce sur les Faits de Pratique jusqu'à
l'Epoque deM . deJanson et du Blaisel De
Londres , M. Cheselden fournira le Mé
moire de soixante six Opérations dont
soixante -deux ont réussi à Paris il y en
a eu seize l'année passée , faites par M.
Perchet et moi , et quatorze malades ont
été gueris. Sera - ce sur l'Opération de
M. de Janson ? M. Mareschal m'or
donne lui-même de faire une Rélation
exacte de l'ouverture pour détromper
le Public. Sera-ce sur la Taille de M. du
Blaisel les singularitez qu'on voit dans
II. Vol.
C iiij l'ou
1468 MERCURE DE FRANCE
P'ouverture , pourroient seules justifier
l'Operation , qui d'ailleurs fut faite très
heureusement ; mais quand on suppo
seroit le contraire , il resteroit toujours
pour vrai , que nous en avons gueri
l'année passée quatorze de seize ; qui
sçait si quatorze taillés cette année à l'ap
pareil Lateral , immediatement aprés Mrs.
deJanson et du Blaisel , n'auroient pas été
gueris ? cela étoit aussi possible cette an
née-ci que l'autre. Sera-ce enfin sur les
réprésentations de quelques Chirurgiens
qui verroient avec peine les progrès de
cette Operation ? ceux qui sont à la tête
de la Chirurgie ne préfereront jamais l'in
terêt de quelques particuliers au bien
blic. Je conclus donc que l'Anonyme
a trés imprudemment compromis le nom
de M. Mareschal .
pu
C'est avec la même licence que l'Anony
me arrange la Chirurgie de l'Hôpital . Si
M. Mareschal avoit confié le soin de l'Hô
pital à M.Guerin le Pere , comme il le dit, je
ne jouirois point de la place de Chirurgien
en Chef, dont j'ai été pourvu sur la présen
tation de M.Mareschal , mais j'enjoüis com
me auparavant, et si je ne puis assurer que
j'aye merité les faveurs de M. Mares
chal , au moins puis- je assurer qu'il ne me
les a pas retiré.
II. Vol. L'Anonyme
JUIN. 1731 1469
L'Anonyme finit ses Reflexions en
'disant , que les Pauvres serviront d'instruc
tion aux éleves sans être leurs victimes. Si
cela roule sur la Taille Laterale , comme
il n'y a pas lieu d'en douter, c'est à vous ,
M. à me vanger de cette noirceur , en rap
pellant les Faits que vous avés imprimés
l'année derniere..
L'Anonyme auroit pû terminer sa nar
ration, en disant que M. Mareschal veut de
plus amples éclaircissemens sur l'Opera
tion Laterale. C'est faire l'Eloge de sa pru
dence ; mais nous ajoutons que quand l'ex
cellence de cette Opération sera bien prou
vée ,M. Mareschal toujours plein de zéle et
daffection pour les Pauvres , voudra non ṣeu
lementy être présent, mais la fera peut être lui
même. Je suis , Monsieur , Vôtre &c.
A Paris ce 10. Fuin . 1731.
Taille
par l'appareil Lateral, luë par M.
Morand à la rentrée publique de l'Aca
démie Royale des Sciences d'aprés Pâques .
hhhhhhhh
N
Ous avons donné dans le Mercure
du mois de Decembre 1729. une
Lettre de M. Morand , dans laquelle il
expose les motifs de son Voyage à Lon
dres , et se déclare Partisan de la Taille
Laterale qu'il a vû pratiquer par M. Che
selden , cèlebre Chirurgien Anglois. M.
Morand ayant fait sur les Cadavres tou
tes les expériences nécessaires , pour exa
miner à fond cette Operation sur les
notions que les Conferences qu'il avoit
eûes avec M. Cheselden , et que ses
lettres lui avoient données ; il la pro
que
posa à M. Maréchal premier Chirurgien
du Roy. Sous ses yeux et en présence
de plusieurs Académiciens , Medecins ,
et Chirurgiens , cette Operation se fit
l'année derniere à Paris avec grand suc
cès , et nous en avons rendus compte
dans le Mercure du mois d'Aoust 1730.
de quinze Malades taillées à l'appareil La
teral par M. Morand et Perchet , douze
II. Vol. étoient
1454 MER CURE DE FRANCE
étoient gueris , M. le Muet étoit en voye
de guérison , et a été parfaitement guéri .
Depuis ce temps là M. Perchet en a taillé
un à Louviers , et l'a bien guéri ; de sorte
que voilà seize Operations bien avérées
dont quatorze ont réussies tout au mieux ,
il n'est mort que deux personnes , et des
quatorze guéris , il y avoit quatre sujets
en trés mauvais état , lorsqu'ils furent
taillés. M. Maréchal fut si content de
ces Operations qu'il écrivit à M. Morand
de venir à Marly , afin de le présenter à
son Eminence M. le Cardinal de Fleury ,
2
qui les pierres furent montrées , et qui
exorta M. Morand à continuer.
En 1729. M. Morand avoit lû à l'Aca
démie les lettres de M. Cheselden
dans lesquelles il détailloit sa Methode
et répondoit à toutes les difficultés qu'ont
lui avoit faites . En 1730. M. Cheselden
a publié lui même sa Methode dans une
petite Dissertation en Anglois , dans la
quelle il nous apprend qu'aprés avoir
essayé toutes les Methodes de la Taille,
et les avoir comparées , il s'est dévoué
toujours à celle- cy, qu'il a reconnu la meil
feure. La voici rapportée par lui - même .
pour
Je lie le Malade comme au grand appa
reil , aprés l'avoir couché sur une Table ho
risontale de la hauteur de trois pieds , ayant
ر ا
IL. Vol. seulement:
JUIN. 1731. 455
seulement laTête un peu élevée,jefais d'abord
une incision aux tegumens , aussi longue qu'il
est possible , en commençant prés l'endroit
où elle finit au grand appareil , je continue
de couper de haut en bas , inter musculos.
acceleratorem urinæ et erectorem penis ,
et à côté de l'intestin Rectum , je tâte ensuite
pour trouver la sonde sur laquelle je coupe.
le long de laglande Prostate , en continuant
jusqu'à la véssie et assuje tissant le Rectum en
bas pendant tout le temps de l'Operation, avec
un ou deux doigts de la main gauche le
reste comme dans l'ancienne Méthode &c.
Dans la Dissertation lüe par M. Mo
rand à l'Académie , il ajoute à cette Des
cription donnée par M. Cheselden quel
ques particularités qui sont dans ses let
tres écrites pour l'Académie , il cite la
sçavante These de M. Falconet , au sujet
des raisons de préferer l'appareil Lateral.
au grand , il ajoute à ces motifs de pré
ference
, que le manuel de cette. Opera
tion lui a paru plus facile et plus sur ,
que dans l'appareil Lateral on coupe
certaines parties qu'on déchire dans le
grand ; qu'enfin ceux qui en ont été
guéris , n'ont eu de reste , ni fistule , ni
incontinence d'urine , et s'engage de faire.
voir les avantages de cette Operation dans
un Traité qu'il donnera exprés sur cette
matiere, Ensuite
1456 MERCURE DE FRANCE
Ensuite il donne à l'Académie quel
ques observations qui regardent la partie
Historique de cette Opération . Dans la
premiere est contenue presque toute la
vie de Frere Jacques , que M. Morand
a suivi par tout par ses Récherches ; ce
sont ces mêmes Récherches qui lui ont
fait voir , pour ainsi dire , deux Freres
Jacques ; à ne le connoître que sur le rap
port de M. Mery , son Operation est in
certaine , et il faut la répudier , ce sont
les mots de M. Morand même dans sa
lettre du Mercure de Decembre 1629 .
mais M. Morand a eu le bonheur de dé
couvrir deux Pieces fugitives sur l'Ope
ration de Frere Jacques que deux de
ses Confreres se sont fait un plaisir de
lui communiquer. L'une est un Ma
nuscrit de M. Hunaud , celebre Me
decin d'Angers , qui avoit vû tailler le
Frere Jacques à Angers , et qui avoit
pris la plume pour le déffendre contre
M. Mery ; l'autre est un Ouvrage de Fre
re Jacques même imprimé en 7. à 8. pag.
et dont les exemplaires sont devenus fort
rares. Dans ces deux ouvrages , l'incision
de Frere Jacques est nettement détermi
née il y est bien positivement énoncé
que Frere Jacques avoit rectifié son Opé
ration , substitué une sonde crénelée à
II. Vol. La
JUIN.
1457 1731 .
la sonde informe qu'il employoit d'abord ,
et trouvé le moyen de couper toujours le
col de laVessie. Voilà dans l'Histoire de F.
Jacques 2. Epoques bien differentes pour
son Operation , de laquelle nous serions de
meurés en possession sans nôtre vivacité.
La seconde Observation de M. Mo
rand' roule sur l'Operation de M. Rau ;
M. Morand pense que celle-cy est celle
de Frere Jacques rectifiée. 1 °. On ne
peut pas prouver le contraire , parceque
M. Rau ne donnoit point d'éclaircisse
ment de sa Méthode , que M. Rau est
mort en 1719. sans la publier luy-même ,
et qu'elle a été donnée par un autre Pro
fesseur , enfin qu'on ne voit nulle part ;
suivant la rémarque du Docteur Douglas ,
des Observations tirées de l'ouverture
des Cadavres. 2 °. On peut prouver que
cela est ainsi , parceque selon M. Albi
nus même , M. Rau et le Frere Jacques
faisoient tous deux l'incision dans le mê
me endroit, et que M.Rau ,pressé par ceux
qui l'interrogeoient sur son Operation ,
leur disoit , lisés Celse. Or il est facile
de prouver que Frere Jacques tailloit
par la Méthode de Celse.
La troisiéme Observation de M. Mo
rand est employée à expliquer cette es
pece
de Paradoxe sur la Méthode de Cel
II. Vol
se
4458 MERCURE DE FRANCE
se. M. Morand ne demande autre chose
pour cela , sinon qu'on lise avec atten
tion , et sans préjugé , le septiéme Livre
de cet Atiteur , Chap. 26. Sect. 2. on ver
ra que l'incision exterieure de Celse est
oblique et prés de l'Anus , et que l'inte
rieure interesse le col de la Vessie. Voilà
ce que fait l'appareil Lateral , et ce que ne
fait point le grand appareil. M. Morand
convient que cette Analogie a été apper
çue par M. Mery , M. Freind , M. Dou
glas , M. Falconet. Il résulteroit de-là
que l'appareil Lateral qui paroît une nou
velle Méthode seroit la plus ancienne.
M. Morand finit sa Dissertation en ré
capitulant les Opérations pratiquées par
cette Méthode depuis le mois de Mars
1727. jusqu'à la fin de 1730. Dans l'Ap
pendix de M. Cheselden , on lit les noms
de 46. Malades qu'il avoit taillés dans
l'Hôpital de S. Thomas , et dont il n'avoit
perdu que deux , M. Morand venoit de
récevoir la Liste posterieure à celle- cy ,
dans laquelle il y en a vingt de taillés ,
dont il n'est mort que deux : en la joignant
à la premiere Liste de M. Cheselden , et
à celle de M. Morand , il se trouve de
compte fait en Mars 173 1. quatre- vingt
deux personnes taillées par l'appareil La
teral , depuis Mars 1727. dont il n'est
II. Vol
mort
JUIN. 1731
1459
mort que fix , et soixante et seize ont été
parfaitement gueries , dont dix de diffe
rens âges , depuis 40. jusqu'à 67. ans.
Tels étoient les progrès de l'appareil
Lateral à Paris , lorsque M. Morand lût
sa Dissertation à l'Académie Royale des
Sciences. Depuis ce temps là , il a fair
cette Operation à M. de Janson et Du
blaisel qui sont morts six jours aprés
l'Operation. L'Ouverture de leur corps
a été faite , l'Académie Royale des Scien
ces a examiné les choses , Mrs. Chirac et
Maréchal ont vû ce qui concernoit M,
de Janson . Voici le rapport de ces deux
Ouvertures .
DETAIL de ce qui s'est trouvé à l'ou
verture de Mrs de Janson et du Blaisel.
Le 24. Avril 1731. Nous Docteurs en
Medecine , et Chirurgiens de Paris , nous
sommes transportés à neuf heures du soir
à l'Archevêché pour l'ouverture du corps
de Feu M. le Commandeur de Janson ,
mort ledit jour à neuf heures du matin
aprés avoir été taillé le Jeudi précedent
dix- neuf dudit mois et nous déclarons
avoir réconnu ce qui est détaillé à nôtre
present rapport par l'ouverture faite en
nôtre presence par M. Verdier , Chirur
ر
.
11. Vol.
gien
1460 MERCURE DE FRANCE
juré et DémonstrateurRoyal enAnatomie.
Le corps exposé sur une Table nous
n'avons vû aux parties voisines de la
playe , ni lividité , ni tension , en aucune
region du bas -ventre ni élevation ni gon
Alement , la région de la vessie étant au
contraire plate , enfoncée , et molete.
A l'ouverture du ventre il nous'a paru
à la premiere inspection qu'il n'y avoit ,
ni aux entrailles , ni à la vessie vers le
peritoine , ni au tissu cellulaire qui l'en
vironne , aucune Phlogose , inflammation,
ou marque de gangréne .
Les intestins étant ôtés du ventre , les
Reins ont été examinés , et on a trouvé
le droit diminué de la moitié de son vo
lume naturel , et sa substance glan
duleuse fondue , de sorte que l'on ne
distinguoit plus interieurement que les
sacs des entonnoirs qui étoient fort dila
tés aussi bien que les bassinets , et rem
plis d'une liqueur noire , puante , et mê
lée de quelques matieres glaireuses et
purulentes. L'uretere du même côté
dilaté depuis sa sortie du Rein jusqu'à
son insertion à la vessie , et étranglé en
quelques endroits par plusieurs infléxions
contre nature ; enfin sa trace le long du
muscle Psoas , marquée par une tache
livide et assés profonde dans la substance
II. Vol
de
JUIN. 1731. 1461
de ce muscle , dont le reste étoit de la
couleur et rougeur naturelle.
Le Rein gauche avoit les mêmes sin
gularités que le droit , mais il étoit plus
maigre et plus fondu , plein d'un pus trés
fætide , et d'un blanc sale. L'uretere de
ce côté étoit un peu moins malade que
l'autre.
La vessie nous parut s'élever assés haut
au dessus du Pubis , et sa consistence
étoit bien plus dure que dans l'état natu
rel , mais pour l'ouvrir dans toute son
étendue , et examiner plus scrupuleuse
ment toutes les parties du voisinage , et
de la dépendance de l'Operation , on a
ôté la vessie entiere avec le canal de l'ure
tre , le rectum , et la partie incisée par
la Taille.
Ensuite la vessie a été ouverte dans.
toute son étendue , depuis son fond jus
ques et au de-là de l'incision faite par la
Taille ; alors tout le corps de la vessie
nous ' a paru considerablement épaissi
on n'a trouvé dans sa cavité , ni pierre
ni fragment de celle qui avoit été tirée ,
il y avoit à la surface de sa tunique inter
ne plusieurs points blanchâtres et durs ,
quelques rugosités , mais aucun vestige
de contusion . Vers sa partie inferieure et
un peu plus du côté droit que
du gauche
,
II. Vol C IL
462 MERCURE DE FRANCE
3 il y avoit une tumeur carcinomateuse
fort dure , grosse comme un gros oeuf,
faisant corps avec la vessie même ,
aussi large par sa baze que par sa partie
saillante , et d'une étenduë assés grande
faire la vessie eut comme deux pour que
capacités , dont la plus grande étoit au
dessus du carcinôme. Prés de cette tu
meur , étoit une excroissance fongueuse
applatic , grosse et longue comme le petit
doigt , de la consistence du fongus qui
avoit été tiré avec la pierre , attaché par
un pedicule membraneux à la tunique
interne de la vessie , et flottante dans la
vessie , de façon qu'elle pouvoit tomber
dans l'incision .'
L'incision faite par la Taille étoit à la
fin de l'uretre et au cou de la vessie.
Mettant un doigt dans l'anus et un autre
dans l'incision ; on a vû que le rectum
n'avoit point été interessé, y ayant entre
deux une cloison fort épaisse : enfin en
examinant le trajet de l'incision-, nous
avons vû qu'il n'y avoit d'autre route
que celle qui conduisoit directement de
l'incision à la vessie , et qu'il n'y en avoit
point de fausse autour du rectum , ni
dans le tissu cellulaire des parties voisi
nes.
Comme nous reconnoissons dans le
II. Vel désordre
JUIN. 1731 . 146
désordre des parties dénommées au pre
sent rapport des causes de mort évidentes
et indépendentes de l'opération de la
Taille faite à M. le Commandeur de Jan
son , on n'a point fait l'ouverture de la
Poitrine ni de la Tête , et aucun de nous
ne l'a demandée. A Paris çe .27 . Avril
1731. et ont signés. Mrs. Winslow et Silva
Medecins , Guerin , Le Dran , Boudou ',
Pibrac , Morand , Verdier , Guerin fils
et Perchet , Chirurgiens .
L'Original a été remis à M. le Mar
quis de Janson , avec le dessein des parties
malades , qui ont été examinées dans une
sceance par l'Académie Royale des Scien
aussi bien celles dont est ques
tion dans le rapport suivant .
ces , que
Le Samedi 28. Avril 1731. nous Doc
teur en Medecine , et Chirurgiens de
Paris soussignés , nous sommes transpor
tés à l'Hôteld'Espagne, rue duColombier,
l'ouverture du corps de M.du Blai
sel , mort la nuit précedente, aprés avoir
été taillé le Lundi 23. dudit mois.
pour
A l'ouverture du bas- ventre , l'estomach
et les intestins ont paru dans leur état na
turel, les ayant écartés pour éxaminer la ré
gion de la vessie nous avons trouvé un
abscès considerable dans le tissu cellulaire
du peritoine entre l'endroit où l'uretere
>
I La Kol Cij gauche
3454 MERCURE DE FRANCE
gauche se jette dans la vessie et le lieu de
f'incision. La vessie ouverte depuis son
fond jusqu'au de - là de l'incision , elle
nous a paru saine ; mais à sa partie pos
terieure , et entre ses tuniques étoit un
sac plein d'un grand nombre de petites
pierres , et de ce sac il suintoit quelques
goutes de pus dans la vessie.
La supression totale des urines arrivée
la veille de sa mort ayant fait tourner
nos vûës vers les reins , nous avons trou
vé le rein droit en inflammation , et par
là augmenté considerablement du volu
me naturel ; de ce rein partoient deux
ureteres , dont les vaisseaux sanguins
étoient gonflés et en inflammation , ces
ureteres s'unissant ensemble à quelques
pouces de la vessie , n'avoient qu'une et
même insertion .
Au lieu du rein gauche qui étoit obli
teré, il y avoit une capsule membraneuse
avec deux ureteres, qui sans se confondre
alloient séparément à la vessie , l'un s'ou
vroit dans la vessie à l'ordinaire , l'autre
étoit bouché en haut par deux petites
pierres , et prés de la vessie par plusieurs
autres ; enfin au lieu de s'ouvrir dans la
vessie , il se terminoit dans le sac pierreux
qui étoit en suppuration .
Cette organisation particuliere nous
11. Val.
fair
JUIN.
1731. 1469
que
fait croire le rein droit étant attaqué
d'une inflammation qui a produit la ne
phretique , le gauche n'avoit pû supléer
à ses fonctions , puis qu'il n'y en avoit
point , de là la supression des urines , et
que
la même cause qui a formé dù pus
dans le sac pierreux , a pû donner lieu à
l'abscès du tissu cellulaire . A Paris ce 6 .
May 1731. et ont signés Sylva , Boudon ,
Verdier , Morand , Perchet.
LETTRE de M. Morand à M. de la R
' Ay l'honneur de vous envoyer,Mon
sieur, le rapport de l'ouverture de M.
de Janson, et j'execute les ordres positifs
que j'en ay reçû : ces Ordres sont si pré
cieux pour moi que je n'en puis retran
cher un mot , et je vous envoye en mê
me temps la Lettre de M. Mareschal qui
me les a signifiés .
· Je viens de rendre un compte exact de
votre Operation à son Eminence M. le Car
dinal , et des obstacles invincibles de
рои
voir guerir M. de Janson ; je lui ai ajouté
que vous aviés en raison de ne point tirer
la pierre , et que cet examen avoit étéfait en
presence de M. Chirac, cela lui a faitplaisir.
Son Eminence m'a dit qu'il falloit le dire
au Roy, ce que je feray ; la seconde chose
II. Vol.. Ciij que
1466 MERCURE DE FRANCE
que vous deviés en faire une Relation pré
cise et de tous les temoins , et en faire un
article dans les Nouvelles pour détromper
le Public. Voila ce que son Eminence m'a
dit, et je crois qu'elle pense juste . Je vous sa
lue & c. Mareschal. A Rambouillet le 25.
Avril 1731 .
Je vous envoye en même temps ,
Monsieur , la Rélation de l'ouverture de
M. du Blaisel , et je crois qu'avec ces deux.
Pieces il m'est permis de demander à
l'Auteur anonyme de la Lettre inserée
dans le Mercure de May , pag. 1135 .
raison des Réflexions qu'il a ajoutées au
détail des Operations de la Taille faites
à l'Hôpital de la Charité le 14. du mois.
passé.
Je n'avois pas plus promis cette année
cy que l'autre de faire la Taille par l'Ope
ration Laterale . L'Année derniere M ..
Mareschal trouva bon qu'on la fit , je l'ai
faite devant lui , et elle a reussi . Cette
année M. Mareschal a trouvé bon qu'on
ne fit
que le grand Appareil , j'en ai fait
deux , et j'ai gueri mes deux malades.
Ainsi cette année cy comme la précedente,,
j'ay obéi.
➤
Mais l'Anonyme avance que M. Ma
reschal qui connoit les inconveniens de l'ap
pareil Lateral , en disposa autrement , en
II. Vol. execu
JUIN. 1731. 1467
1
executant lui même,et faisant executer l'Opé
ration à la maniere ordinaire. Je demande
si l'Anonyme a ordre d'expliquer les mo
tifs de M. Mareschal , et pourquoy it
abuse gratuitement d'un nom si respec
table ; car personne ne peut connoître
les inconveniens de cette Opération .
que sur des éclaircissemens fournis par
la Theorie ou sur les faits de Pratique .
Sera-ce sur les éclaircissemens de Théorie?
M. Mareschal n'est pas encore determi
né , et M. le Comte de Broglio m'a fait
l'honneur de me dire que M. Mareschal
venoit de proposer plusieurs questions à
M. Cheselden , et qu'il a demandé qu'on
envoyât icy , s'il étoit possible , les Parties
de quelqu'un , mort aprés cette Opération .
Sera-ce sur les Faits de Pratique jusqu'à
l'Epoque deM . deJanson et du Blaisel De
Londres , M. Cheselden fournira le Mé
moire de soixante six Opérations dont
soixante -deux ont réussi à Paris il y en
a eu seize l'année passée , faites par M.
Perchet et moi , et quatorze malades ont
été gueris. Sera - ce sur l'Opération de
M. de Janson ? M. Mareschal m'or
donne lui-même de faire une Rélation
exacte de l'ouverture pour détromper
le Public. Sera-ce sur la Taille de M. du
Blaisel les singularitez qu'on voit dans
II. Vol.
C iiij l'ou
1468 MERCURE DE FRANCE
P'ouverture , pourroient seules justifier
l'Operation , qui d'ailleurs fut faite très
heureusement ; mais quand on suppo
seroit le contraire , il resteroit toujours
pour vrai , que nous en avons gueri
l'année passée quatorze de seize ; qui
sçait si quatorze taillés cette année à l'ap
pareil Lateral , immediatement aprés Mrs.
deJanson et du Blaisel , n'auroient pas été
gueris ? cela étoit aussi possible cette an
née-ci que l'autre. Sera-ce enfin sur les
réprésentations de quelques Chirurgiens
qui verroient avec peine les progrès de
cette Operation ? ceux qui sont à la tête
de la Chirurgie ne préfereront jamais l'in
terêt de quelques particuliers au bien
blic. Je conclus donc que l'Anonyme
a trés imprudemment compromis le nom
de M. Mareschal .
pu
C'est avec la même licence que l'Anony
me arrange la Chirurgie de l'Hôpital . Si
M. Mareschal avoit confié le soin de l'Hô
pital à M.Guerin le Pere , comme il le dit, je
ne jouirois point de la place de Chirurgien
en Chef, dont j'ai été pourvu sur la présen
tation de M.Mareschal , mais j'enjoüis com
me auparavant, et si je ne puis assurer que
j'aye merité les faveurs de M. Mares
chal , au moins puis- je assurer qu'il ne me
les a pas retiré.
II. Vol. L'Anonyme
JUIN. 1731 1469
L'Anonyme finit ses Reflexions en
'disant , que les Pauvres serviront d'instruc
tion aux éleves sans être leurs victimes. Si
cela roule sur la Taille Laterale , comme
il n'y a pas lieu d'en douter, c'est à vous ,
M. à me vanger de cette noirceur , en rap
pellant les Faits que vous avés imprimés
l'année derniere..
L'Anonyme auroit pû terminer sa nar
ration, en disant que M. Mareschal veut de
plus amples éclaircissemens sur l'Opera
tion Laterale. C'est faire l'Eloge de sa pru
dence ; mais nous ajoutons que quand l'ex
cellence de cette Opération sera bien prou
vée ,M. Mareschal toujours plein de zéle et
daffection pour les Pauvres , voudra non ṣeu
lementy être présent, mais la fera peut être lui
même. Je suis , Monsieur , Vôtre &c.
A Paris ce 10. Fuin . 1731.
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Résumé : EXTRAIT de la Dissertation sur la Taille par l'appareil Lateral, luë par M. Morand à la rentrée publique de l'Académie Royale des Sciences d'aprés Pâques.
En 1729, M. Morand a présenté à l'Académie Royale des Sciences une méthode de taille latérale inspirée par les travaux du chirurgien anglais M. Cheselden. Après des expériences sur des cadavres, M. Morand a réalisé cette opération à Paris avec succès, sous la supervision de M. Maréchal, premier chirurgien du roi, et en présence de plusieurs académiciens, médecins et chirurgiens. En 1730, sur quinze malades opérés par M. Morand et Perchet, douze ont été guéris et deux autres étaient en voie de guérison. M. Cheselden a publié sa méthode en 1730, détaillant une incision latérale qu'il jugeait la plus efficace. M. Morand a ajouté des particularités à cette description, soulignant les avantages de la taille latérale, comme l'absence de fistule ou d'incontinence urinaire chez les guéris. M. Morand a exploré l'histoire de cette opération, découvrant des documents sur Frère Jacques et M. Rau, confirmant l'efficacité de la méthode latérale. Il a recapitulé les opérations réussies, totalisant 82 personnes taillées par cette méthode entre mars 1727 et mars 1731, avec seulement six décès. En avril 1731, M. Morand a opéré M. de Janson et Du Blaisel, qui sont décédés six jours après l'opération. Les autopsies ont révélé des causes de mort indépendantes de l'opération, confirmant l'absence de complications liées à la taille latérale. Les rapports d'autopsie ont été examinés par l'Académie Royale des Sciences. L'autopsie de M. de Janson, réalisée le 23 mai 1731, a révélé plusieurs anomalies. Un abcès considérable a été trouvé dans le tissu cellulaire du péritoine entre l'uretère gauche et le lieu de l'incision. La vessie, ouverte depuis son fond jusqu'au-delà de l'incision, semblait saine mais contenait un sac rempli de petites pierres et de pus. L'absence d'urines la veille du décès a orienté l'examen vers les reins. Le rein droit était enflammé et augmenté de volume, avec deux uretères s'unissant avant de se connecter à la vessie. Le rein gauche était oblitéré, remplacé par une capsule membraneuse avec deux uretères, l'un bouché par des pierres. Ces anomalies ont conduit à la suppression des urines et à la formation de pus dans le sac pierreux. L'autopsie a été signée par plusieurs médecins, dont Sylva, Boudon, Verdier, Morand et Perchet.
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