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1
p. 204-211
Jugement d'un Duc de Normandie.
Début :
Dans le temps qu'on ne plaidoit point en Normandie, [...]
Mots clefs :
Duc de Normandie, Jugement, Moulin, Galant, Pommiers
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texteReconnaissance textuelle : Jugement d'un Duc de Normandie.
Jugement d'un Duc de
Normandie
.
Dans le temps qu'on
ne plaidoitpoint en Normandie
, c'eft-à- dire , it
y a long- temps , un Duc.
de Normandie donnoit
Audience à la Gauloife.
fous un chefne : un ef
pece d'Avocat luy expofa
l'affaire qui fuit en
GALANT. 205
peu de mots , car en ce
tems- là les Avocats al
loient d'abord au fait.
Monfeigneur , dit celuy
- cy , voicy deux
hommes qui fe haïffent,
premierement
parce
qu'ils font freres , fecondement
parce qu'ils font
voifins.
L'un eft Meufnier
l'autre eft Fruitier , leur
pere leur a laiffé pour
tout heritage , à l'un un
champ planté de beaux
106 MERCURE
Pomiers à l'autre un
Moulin à vent qui eft
placé au bout du champ
de fon frere , & voicy le
fujet de leur querelle.
Tous les jours de grand
matin ils ſe rencontrent
fur une hauteur voifine,
où chacun d'eux va examiner
par la maniere
dont le Soleil fe leve , s'il
fera riche ou pauvre ,
c'eſt-à-dire quel temps il
ofera.Apspris
... La ils font des voeux
GALANT. 207
chacun felon fon inte
reft ; l'un prie le Ciel
d'eftre propice aux Pomiers
, l'autre le conjure
d'eftre favorable aux
Moulins: mais le Cielne
fçauroit les contenter
tous deux. Car ce qui
fait pour l'un fait contre
J'autre ; s'il s'elleve un
grand vent par exemple,
le Meufnier réjoui , s'écrie
beni ſoit le vent qui
fait tourner mon Moulin
maudit foit le vent
08 MERCURE
dit l'autre , il abbat tou
tes mes Pommes .
L'air eft-il doux &
tranquille , le Meunier
fe defefpere , & le Frui ·
tier fe réjouit enforte
que l'un des deux eſt
tousjours chagrin de fon
malheur , & jaloux du
bonheur de l'autre ; le
malheureux s'en prend
d'abord à fon Ciel , puis
il s'en prend à fon frere.
C'eft toy dit l'un , qui a
demandé du vent : c'eſt
toy
GALANT 209
toy dit l'autre, qui a prié
Dieu qu'il n'en vint
point. C'eft toy qui fais
Le
le beau temps , c'eft toy
qui nie ruine ; tu en as
menty. On s'injurie , cn
fe gourme , & voilà le
train .
Si vous ne mettez or
dre à cela Monſeigneur,
ces deux freres-la periront
, car ils fe battent
tous les jours qu'il fait
vent ; ils fe battent aufh
ous les jours qu'il n'en
Fevrier 1711 S
210 MERCURE
fait point , quand voulez
-vous qu'ils ayent la
paix.
Il faut mettre fin à
cette querelle-là , dit le
Duc ça , dites-moy
mes enfants , lequel produit
le plus du Moulin
ou des Pomiers: nous ne
fçaurions vous dire cela:
au juſte , répondit l'un
des freres , car nos heritages
nous rapportent ſelon
le vent qu'il fait .
Eh bien , continua le
GALANT . 21
Duc , j'ordonne que le
Meufnier aura moitié
dans le profit des Pomiers
, & que le Fruitier
aura moitié dans le profit
du Moulin ; afin que
quelque temps qu'il faffe,
ce que l'un perdra d'um
cofté , il le regagne de
l'autre.
Normandie
.
Dans le temps qu'on
ne plaidoitpoint en Normandie
, c'eft-à- dire , it
y a long- temps , un Duc.
de Normandie donnoit
Audience à la Gauloife.
fous un chefne : un ef
pece d'Avocat luy expofa
l'affaire qui fuit en
GALANT. 205
peu de mots , car en ce
tems- là les Avocats al
loient d'abord au fait.
Monfeigneur , dit celuy
- cy , voicy deux
hommes qui fe haïffent,
premierement
parce
qu'ils font freres , fecondement
parce qu'ils font
voifins.
L'un eft Meufnier
l'autre eft Fruitier , leur
pere leur a laiffé pour
tout heritage , à l'un un
champ planté de beaux
106 MERCURE
Pomiers à l'autre un
Moulin à vent qui eft
placé au bout du champ
de fon frere , & voicy le
fujet de leur querelle.
Tous les jours de grand
matin ils ſe rencontrent
fur une hauteur voifine,
où chacun d'eux va examiner
par la maniere
dont le Soleil fe leve , s'il
fera riche ou pauvre ,
c'eſt-à-dire quel temps il
ofera.Apspris
... La ils font des voeux
GALANT. 207
chacun felon fon inte
reft ; l'un prie le Ciel
d'eftre propice aux Pomiers
, l'autre le conjure
d'eftre favorable aux
Moulins: mais le Cielne
fçauroit les contenter
tous deux. Car ce qui
fait pour l'un fait contre
J'autre ; s'il s'elleve un
grand vent par exemple,
le Meufnier réjoui , s'écrie
beni ſoit le vent qui
fait tourner mon Moulin
maudit foit le vent
08 MERCURE
dit l'autre , il abbat tou
tes mes Pommes .
L'air eft-il doux &
tranquille , le Meunier
fe defefpere , & le Frui ·
tier fe réjouit enforte
que l'un des deux eſt
tousjours chagrin de fon
malheur , & jaloux du
bonheur de l'autre ; le
malheureux s'en prend
d'abord à fon Ciel , puis
il s'en prend à fon frere.
C'eft toy dit l'un , qui a
demandé du vent : c'eſt
toy
GALANT 209
toy dit l'autre, qui a prié
Dieu qu'il n'en vint
point. C'eft toy qui fais
Le
le beau temps , c'eft toy
qui nie ruine ; tu en as
menty. On s'injurie , cn
fe gourme , & voilà le
train .
Si vous ne mettez or
dre à cela Monſeigneur,
ces deux freres-la periront
, car ils fe battent
tous les jours qu'il fait
vent ; ils fe battent aufh
ous les jours qu'il n'en
Fevrier 1711 S
210 MERCURE
fait point , quand voulez
-vous qu'ils ayent la
paix.
Il faut mettre fin à
cette querelle-là , dit le
Duc ça , dites-moy
mes enfants , lequel produit
le plus du Moulin
ou des Pomiers: nous ne
fçaurions vous dire cela:
au juſte , répondit l'un
des freres , car nos heritages
nous rapportent ſelon
le vent qu'il fait .
Eh bien , continua le
GALANT . 21
Duc , j'ordonne que le
Meufnier aura moitié
dans le profit des Pomiers
, & que le Fruitier
aura moitié dans le profit
du Moulin ; afin que
quelque temps qu'il faffe,
ce que l'un perdra d'um
cofté , il le regagne de
l'autre.
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Résumé : Jugement d'un Duc de Normandie.
Le texte décrit un jugement rendu par un duc de Normandie à une époque où les procès n'étaient pas formels. Un avocat expose une querelle entre deux frères voisins et ennemis. Leur conflit découle de leurs héritages divergents : l'un possède un champ de pommiers, l'autre un moulin à vent situé au bout du champ de son frère. Le meunier souhaite du vent pour son moulin, tandis que le fruitier préfère un temps calme pour ses pommiers. Chaque frère accuse l'autre de provoquer des conditions météorologiques défavorables à ses intérêts. Le duc met fin à la querelle en ordonnant que le meunier partage les profits des pommiers et que le fruitier partage ceux du moulin. Ainsi, quel que soit le temps, les pertes de l'un seront compensées par les gains de l'autre.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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2
p. 8-31
« Suivant les Traités faits en 1343. & 1344. entre Philippe [...] »
Début :
Suivant les Traités faits en 1343. & 1344. entre Philippe [...]
Mots clefs :
Roi, Dauphin, Duc de Normandie
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : « Suivant les Traités faits en 1343. & 1344. entre Philippe [...] »
Voicy un Mémoire
tres curieux sur l'origine
des premiers Dauphins
de France, je le
tiens d'un illustre Auteur
qui a donné un ouvrage
excellent sur
spareilles matieres. Uivant lesTraités
faits en 1543. & 1344.,
entre Ph- il-ippe de Val-ois &
le Dauphin Humbert. CeluidesenfansdeFrancequi
estoit appelle â la fuccJ.
sion de Humbert riypouvoir
pretendre qu'après sa.
mort, encore n'estoit-ce
que fous des conditions
dont l'évenement estoit
incertain: mais le dessein
d'entrer en religion qu'il
formât en 1349. rendit inutiles
toutes ces clauses,
voulant renoncer au monde,
&'ne songeant plus à
consenver la jouissancede
sesEtats,son Successeur
devoitenestremis déslors
en possession, & y estre reconnu
pour Souverain. Le
Royneût pas plûtôt appris
la disposition où il se
trouvoit,&les esperances
qu'il donnoit d'une prochaineabdication,
qu'illui
envoya des Députés pour
le confirmer de plus en
plus dans cette lituation
par de nouvelles offres:
Ceux
- cy s'estant rendus
à Tournon deslemois de
Février y eurent avec ce
Prince des conferences secretes
dont on ne fçût le
resultat que sur la fin du
même mois; ce fut alors
feulement qu'il declara le
party qu'il avoit pris, &
dans le quel il persista malgré
les effortsqu'on fit
pour l'en détournera negociation
fut continuée
à Romans pendant tout
le mois de Mars, c'est là
que rAtte de Transport
reçût la derniere main, il
fût ligné par le Dauphin
& par les Commissaires
du Roy & du Duc de Normandie,
on ne s'y attacha
pas absolument à suivre
les dispositions contenues
dans lestraités precedens
sur , tout à l'égard de la personne
du Succeueur. Le
choix tomba sur Charles,
fils aîné du Duc de Normandie,
pour estre revêtu
déslors des Droits de la
Souveraineté fans- reserves
& sans conditions. Si
on en excepte la remission
des fonds en Terre & en
argent qui devoit estre
faite au Dauphin par le
même Acte.
Il manquoit encore une
solemnité a ce Traité pour
estre dans toute sa. perfection
;
l'entrevûë des parties
paroissoit necessaire
pour donner elles-mêmes
un consentementauthentique
a tout ce qui avoit
esté promis en leur nom;
on convint d'un rendezvous
àLyon au mois de
Juillet suivant, où le Duc,
de Normandie & Charles
son fils aîné devoient se
-
trouver avec le Dauphin,
le dernier s'y rendit quelques
jours auparavant: Dans une Assemblée solemnelle
qui s'y tint le 16.
Juillet où estoient le Duc
de Normandie & plusieurs
Seigneurs de faiuite,
Humbert lit- une cefsion
pure&simpls de ses
Etats à Charles fils aîné
de ce Duc, il l'en mit en
possession par la tradition
du Sceptre,de l'Anneau,
de la Banniere & de l'Epée
ancienne de Dauphiné:
Les Comtes, Barons 8c
Seigneurs qui estoient
presens, dont laplupart
estoient intervenus comme
témoins dans TAde
public qui en fût dressé
prêterent hommage en
même temps au nouveau
Dauphin,& luy firent ferment
de fidelité
;
le Duc
de Bourbon, le Comte
d'Armagnac, le Comte
d'Auxerre & Jacques de
Bourbon, qui n'estoient
pas ses vassaux, en furent
exceptez. Les Baillifs &
les Chatelains de Dauphiné
Suivirentl'exemple de
ces premiers;le lendemain
quelquesautres Seigneurs
satisfirent au même devoir
; on peut voir à la
fuite de cet Acte le nom
-
de la plupart des nobles
du Viennois qui vinrent
reconnoistreleurnouveau
Seigneur, on envoya des
., lettres dans tous les Bailliages
pour informer les
Peuples du changement
arrivé dans le Gouvernement,
& pour leur faire
connoistre le nouveau
Maistre, à qui ils feroient
désormais tenus d'obéir,
ri ils apprirent ensuite par
une Déclaration de Humbert
qu'ils ne devoient
plus le regarder comme
leur Souverain,&qu'ils
estoientaffranchis à son
égard de tous leurs fermens
; c'estainsi que ce
Prince, pour ne se point
démenrir, voulut établir
l'autorité de son Succes.
leur sur le débris de la
sienne, il quitta le monde
dés le lendemain du transport
qu'il avoit fait de ses
Etats, & prit à Lyon ce
jour-là mêmel'Habit de
saint Dominique dans le
Convent des Freres Prêcheurs.
Les
Les chosesen cet: état,
le Duc de Normandie partit
pour retourner à Paris,
oùil rendit compte au Roy
du succés de son voyage; illuy representa en même
temps les consequences
avantageuses du Traité,
qu'il venoit de conclure
avec le Dauphin, &la necessité
de le rendre ferme
ôc stable, en détournant
tout ce qui pourroital'avenir
y donner quelque
atteinte: c'est par cette
confédération qu'il le porta
à faire renoncer Philippes
son second fils aux
esperances qu'il auroit pu
fonder sur la nomination
que Humbert avoir faite
en sa faveur par raéte de
1343. Ce Prince pour se
conformer aux volontez
du Roy,qui eut foin de le
dédommager d'ailleurs,
declara, par des Lettres du
mois de Septembre, que
non feulement il se départoit
de toutes les pretentions
qu'il pouvoit avoir
sur le Dauphiné, comme
héritier designé par Humbert,
mais aussi qu'il approuvoit
&ratifioit le nouvel
acte fait par le même,
en faveur de Charles son
Neveu, à qui il cedoit tous
les droits que les Traitez
precedenspouvoient luy
avoir acquis. Le Roy,qui
l'avoitautorisé pourl'acceptation
du Don, confirma
pareillement la renonciation
qu'il en fit pour la
rendre plus autentique.
Charles prit la qualité
de Dauphin après que les
droits luy en eurent esté
confirmez par l'acte du 16
Juillet, voulant se montrer
àses nouveaux sujets
il parcourut ses principales
Villes: Vienne fut la
premierequ'il visita, après
y avoir fait quelque séjour
il se rendit à Tain,
& de là à Romans, où il ;tomba malade
;
sa santé
s'estant rétablie sur la fin
de l'Automne, il se disposa
à faire son Entrée dans
sa Capitale; il y arriva
quinze jours avant la feste
de Noël, l'ancien Dauphin
s'y trouva dans le
même temps, fous l'habit
de Jacobin, & faisant sa
demeure parmyles Religieux
de cet Ordre. Dans
à une Assemblée où estoit
laprincipale Noblesse du
Bailliage de Graisivaudan,
Humbert declara publiquement
qu'il avoit fait
,
choix de Charles, fils aîné
du premier fils de France
pour estre son successeur,
que luy ayant remis les
•
droits & les honneurs de
la Souveraineté, c'estoit
le seul désormaisqu'ils devoient
reconnoître pour
leur Prince légitimer,&à
qui ils devoient jurer d'estre
toujours obéissans &
fîdeles,sousl'obligation
réciproque où il seroit envers
eux de garder leurs
Loix & leurs Coustumes,
& de conserver sur tout les
Privilèges de la NabletTe;
c'est ce que Charles jura
sur les Saints Evangiles
d'observerinviolablement
en ayant esté requis au
nom detoute l'Assemblée,
par Hugues Allemand,
Disdier deSassenage
,
6c
Estienne d'Arvillars; quelques
jours, après le nou-
,, veau Dauphin fut proclame
solemnellement dans
la même Ville, & reçut le
Serment de fidélité des
habitans
;
plusieurs Seigneurs
des environs s'empresserent
de luy venir
rendre leurs Hommages,
tout le reste du temps que
le Prince passa à Grenoble
fut employéauxaffaires
publiques.
L'Acte d'Investiture des
Estats de Humbert, qui
fut passé à Lyon le 16 Juillet
en execution du tranf-
,
port qu'il avoit fait de ses
Etats le 30. Mars precedent,
contient une clausè
qui merite d'estreremarquée
,il est porté expressement
que Humbertsedefsaisit
ie dévestitréelment
& corporelment, & de
fait desdizd'Alphiné. &
de toutes ses autres Terres,
Seigneuries & Noblesses
& , en saisi & vestireelment
& corporelment (3*
de fait, ledit Charles present
& acceptantpourli &
ses hoirs & Successeurs,present
ledit Monsieur le Duc
son pere, &àce consentant,
& transporta encore audit
CharCharles
jei boirs. &faccesseurs
-&.Ceauls qui murent
Gtufe deliperpetuelment &
heritablement,etsaisine &
propriétéplaine
,
ledit À'Al-,
]>hiné,&toutes lesautresTerres
dessus nomées
:
Il semble
qu'ona voulu expliquer
ces mots Successeurs ècAuvent
cause
, en faveur des.
:
premiers nez de France
- sqeunitesreuls pouvoient reprele
Dauphin Charles
& estre regardez comme
ses Successeurs fous cette
qualité, & non fous celle
de Roy qu'iln'avaitpas
alors: on s'est persuadé
que la condition estoit tacitement
renfermée dans
les termes de rAéteJ &
quoyquelle n'y fut pas
clairement exprimée, que
l'intention du Donateur
ne s'y faisoit pas moins appercevoir
; en effet on a
consideré depuis les premiers
Fils de France comme
Successeurs légitimes
des Dauphins;ils en ont
toûjours porté le titre, qui.
se trouvant réuni en leur
personne à celuy d'heritiers
de la Couronne, a
rendu le nom beaucoup
plus grand & plus auguste,
& l'a mis au-dessus de
toutes les autres Dignitez
du Royaume.
S'il faut chercher l'interpretation
des clauses
qu'on vient de rapporter
dans lexecution qu'elles
ont eu fous les Regnes
suivans, il semble qu'il n'y
a point eu d'usage constant,
qui puisse servir de
Loy sur cet article; les
Roys ont cedé quelquefois
cet état à leurs fils
aînez pour y exercer tous
les droits de la Souveraineté;
quelquefois ils en
ont joüi par eux-mêmes,
& se sont contentezde leur
en donner le Titre,il fèroit
aisé de citer plusieurs
exemples qur fontassez
connoistre qu'ils ont crû
pouvoir en user sur ce
point comme ils le jugeoient
à propos pour le
bien de leurs affaires, &
suivant les dispositions où ils
se trouvoient de gratîfierleurs
filsaînezj8c(ans qu'il
soit necessaire d'entrer sur
cela dans une plus longue
discussion
, on peut dire
qu'ils remplirent euxmêmes
les principales de
ces conditions, comme il
estoit porté par les Actes
du Transport,que le nom
&les Armes des Dauphins
feroient conservez par
ceux qui leur succede.
roientà perpétuité
5
& que
leur état seroit toûjours
possedé separément de la
Couronne de France, à
moins que l'Empire n'y
fût réuni. On ne peut douter
que les Rois nayent
eu en vûë de se conformer
à cette disposition dans
l'usage qu'ils ont toujours
suivi à l'égard des Declarations
& autres Lettres
expediées pour le Dauphinois
n'y ordonnent l'execution
de leur volonté
qu'en qualité de Dauphins
& fous le sceau & les Armes
des anciens Princes
de ce nom. D'ailleurs
quoyque leursOrdonnances
puissent estre générales
pour tout le Royaume
,
elles ne sont reçues
dans cette Province que
comme dans un état separé,
lorsqu'elles portent
les marques particulières
de leur autorité.
tres curieux sur l'origine
des premiers Dauphins
de France, je le
tiens d'un illustre Auteur
qui a donné un ouvrage
excellent sur
spareilles matieres. Uivant lesTraités
faits en 1543. & 1344.,
entre Ph- il-ippe de Val-ois &
le Dauphin Humbert. CeluidesenfansdeFrancequi
estoit appelle â la fuccJ.
sion de Humbert riypouvoir
pretendre qu'après sa.
mort, encore n'estoit-ce
que fous des conditions
dont l'évenement estoit
incertain: mais le dessein
d'entrer en religion qu'il
formât en 1349. rendit inutiles
toutes ces clauses,
voulant renoncer au monde,
&'ne songeant plus à
consenver la jouissancede
sesEtats,son Successeur
devoitenestremis déslors
en possession, & y estre reconnu
pour Souverain. Le
Royneût pas plûtôt appris
la disposition où il se
trouvoit,&les esperances
qu'il donnoit d'une prochaineabdication,
qu'illui
envoya des Députés pour
le confirmer de plus en
plus dans cette lituation
par de nouvelles offres:
Ceux
- cy s'estant rendus
à Tournon deslemois de
Février y eurent avec ce
Prince des conferences secretes
dont on ne fçût le
resultat que sur la fin du
même mois; ce fut alors
feulement qu'il declara le
party qu'il avoit pris, &
dans le quel il persista malgré
les effortsqu'on fit
pour l'en détournera negociation
fut continuée
à Romans pendant tout
le mois de Mars, c'est là
que rAtte de Transport
reçût la derniere main, il
fût ligné par le Dauphin
& par les Commissaires
du Roy & du Duc de Normandie,
on ne s'y attacha
pas absolument à suivre
les dispositions contenues
dans lestraités precedens
sur , tout à l'égard de la personne
du Succeueur. Le
choix tomba sur Charles,
fils aîné du Duc de Normandie,
pour estre revêtu
déslors des Droits de la
Souveraineté fans- reserves
& sans conditions. Si
on en excepte la remission
des fonds en Terre & en
argent qui devoit estre
faite au Dauphin par le
même Acte.
Il manquoit encore une
solemnité a ce Traité pour
estre dans toute sa. perfection
;
l'entrevûë des parties
paroissoit necessaire
pour donner elles-mêmes
un consentementauthentique
a tout ce qui avoit
esté promis en leur nom;
on convint d'un rendezvous
àLyon au mois de
Juillet suivant, où le Duc,
de Normandie & Charles
son fils aîné devoient se
-
trouver avec le Dauphin,
le dernier s'y rendit quelques
jours auparavant: Dans une Assemblée solemnelle
qui s'y tint le 16.
Juillet où estoient le Duc
de Normandie & plusieurs
Seigneurs de faiuite,
Humbert lit- une cefsion
pure&simpls de ses
Etats à Charles fils aîné
de ce Duc, il l'en mit en
possession par la tradition
du Sceptre,de l'Anneau,
de la Banniere & de l'Epée
ancienne de Dauphiné:
Les Comtes, Barons 8c
Seigneurs qui estoient
presens, dont laplupart
estoient intervenus comme
témoins dans TAde
public qui en fût dressé
prêterent hommage en
même temps au nouveau
Dauphin,& luy firent ferment
de fidelité
;
le Duc
de Bourbon, le Comte
d'Armagnac, le Comte
d'Auxerre & Jacques de
Bourbon, qui n'estoient
pas ses vassaux, en furent
exceptez. Les Baillifs &
les Chatelains de Dauphiné
Suivirentl'exemple de
ces premiers;le lendemain
quelquesautres Seigneurs
satisfirent au même devoir
; on peut voir à la
fuite de cet Acte le nom
-
de la plupart des nobles
du Viennois qui vinrent
reconnoistreleurnouveau
Seigneur, on envoya des
., lettres dans tous les Bailliages
pour informer les
Peuples du changement
arrivé dans le Gouvernement,
& pour leur faire
connoistre le nouveau
Maistre, à qui ils feroient
désormais tenus d'obéir,
ri ils apprirent ensuite par
une Déclaration de Humbert
qu'ils ne devoient
plus le regarder comme
leur Souverain,&qu'ils
estoientaffranchis à son
égard de tous leurs fermens
; c'estainsi que ce
Prince, pour ne se point
démenrir, voulut établir
l'autorité de son Succes.
leur sur le débris de la
sienne, il quitta le monde
dés le lendemain du transport
qu'il avoit fait de ses
Etats, & prit à Lyon ce
jour-là mêmel'Habit de
saint Dominique dans le
Convent des Freres Prêcheurs.
Les
Les chosesen cet: état,
le Duc de Normandie partit
pour retourner à Paris,
oùil rendit compte au Roy
du succés de son voyage; illuy representa en même
temps les consequences
avantageuses du Traité,
qu'il venoit de conclure
avec le Dauphin, &la necessité
de le rendre ferme
ôc stable, en détournant
tout ce qui pourroital'avenir
y donner quelque
atteinte: c'est par cette
confédération qu'il le porta
à faire renoncer Philippes
son second fils aux
esperances qu'il auroit pu
fonder sur la nomination
que Humbert avoir faite
en sa faveur par raéte de
1343. Ce Prince pour se
conformer aux volontez
du Roy,qui eut foin de le
dédommager d'ailleurs,
declara, par des Lettres du
mois de Septembre, que
non feulement il se départoit
de toutes les pretentions
qu'il pouvoit avoir
sur le Dauphiné, comme
héritier designé par Humbert,
mais aussi qu'il approuvoit
&ratifioit le nouvel
acte fait par le même,
en faveur de Charles son
Neveu, à qui il cedoit tous
les droits que les Traitez
precedenspouvoient luy
avoir acquis. Le Roy,qui
l'avoitautorisé pourl'acceptation
du Don, confirma
pareillement la renonciation
qu'il en fit pour la
rendre plus autentique.
Charles prit la qualité
de Dauphin après que les
droits luy en eurent esté
confirmez par l'acte du 16
Juillet, voulant se montrer
àses nouveaux sujets
il parcourut ses principales
Villes: Vienne fut la
premierequ'il visita, après
y avoir fait quelque séjour
il se rendit à Tain,
& de là à Romans, où il ;tomba malade
;
sa santé
s'estant rétablie sur la fin
de l'Automne, il se disposa
à faire son Entrée dans
sa Capitale; il y arriva
quinze jours avant la feste
de Noël, l'ancien Dauphin
s'y trouva dans le
même temps, fous l'habit
de Jacobin, & faisant sa
demeure parmyles Religieux
de cet Ordre. Dans
à une Assemblée où estoit
laprincipale Noblesse du
Bailliage de Graisivaudan,
Humbert declara publiquement
qu'il avoit fait
,
choix de Charles, fils aîné
du premier fils de France
pour estre son successeur,
que luy ayant remis les
•
droits & les honneurs de
la Souveraineté, c'estoit
le seul désormaisqu'ils devoient
reconnoître pour
leur Prince légitimer,&à
qui ils devoient jurer d'estre
toujours obéissans &
fîdeles,sousl'obligation
réciproque où il seroit envers
eux de garder leurs
Loix & leurs Coustumes,
& de conserver sur tout les
Privilèges de la NabletTe;
c'est ce que Charles jura
sur les Saints Evangiles
d'observerinviolablement
en ayant esté requis au
nom detoute l'Assemblée,
par Hugues Allemand,
Disdier deSassenage
,
6c
Estienne d'Arvillars; quelques
jours, après le nou-
,, veau Dauphin fut proclame
solemnellement dans
la même Ville, & reçut le
Serment de fidélité des
habitans
;
plusieurs Seigneurs
des environs s'empresserent
de luy venir
rendre leurs Hommages,
tout le reste du temps que
le Prince passa à Grenoble
fut employéauxaffaires
publiques.
L'Acte d'Investiture des
Estats de Humbert, qui
fut passé à Lyon le 16 Juillet
en execution du tranf-
,
port qu'il avoit fait de ses
Etats le 30. Mars precedent,
contient une clausè
qui merite d'estreremarquée
,il est porté expressement
que Humbertsedefsaisit
ie dévestitréelment
& corporelment, & de
fait desdizd'Alphiné. &
de toutes ses autres Terres,
Seigneuries & Noblesses
& , en saisi & vestireelment
& corporelment (3*
de fait, ledit Charles present
& acceptantpourli &
ses hoirs & Successeurs,present
ledit Monsieur le Duc
son pere, &àce consentant,
& transporta encore audit
CharCharles
jei boirs. &faccesseurs
-&.Ceauls qui murent
Gtufe deliperpetuelment &
heritablement,etsaisine &
propriétéplaine
,
ledit À'Al-,
]>hiné,&toutes lesautresTerres
dessus nomées
:
Il semble
qu'ona voulu expliquer
ces mots Successeurs ècAuvent
cause
, en faveur des.
:
premiers nez de France
- sqeunitesreuls pouvoient reprele
Dauphin Charles
& estre regardez comme
ses Successeurs fous cette
qualité, & non fous celle
de Roy qu'iln'avaitpas
alors: on s'est persuadé
que la condition estoit tacitement
renfermée dans
les termes de rAéteJ &
quoyquelle n'y fut pas
clairement exprimée, que
l'intention du Donateur
ne s'y faisoit pas moins appercevoir
; en effet on a
consideré depuis les premiers
Fils de France comme
Successeurs légitimes
des Dauphins;ils en ont
toûjours porté le titre, qui.
se trouvant réuni en leur
personne à celuy d'heritiers
de la Couronne, a
rendu le nom beaucoup
plus grand & plus auguste,
& l'a mis au-dessus de
toutes les autres Dignitez
du Royaume.
S'il faut chercher l'interpretation
des clauses
qu'on vient de rapporter
dans lexecution qu'elles
ont eu fous les Regnes
suivans, il semble qu'il n'y
a point eu d'usage constant,
qui puisse servir de
Loy sur cet article; les
Roys ont cedé quelquefois
cet état à leurs fils
aînez pour y exercer tous
les droits de la Souveraineté;
quelquefois ils en
ont joüi par eux-mêmes,
& se sont contentezde leur
en donner le Titre,il fèroit
aisé de citer plusieurs
exemples qur fontassez
connoistre qu'ils ont crû
pouvoir en user sur ce
point comme ils le jugeoient
à propos pour le
bien de leurs affaires, &
suivant les dispositions où ils
se trouvoient de gratîfierleurs
filsaînezj8c(ans qu'il
soit necessaire d'entrer sur
cela dans une plus longue
discussion
, on peut dire
qu'ils remplirent euxmêmes
les principales de
ces conditions, comme il
estoit porté par les Actes
du Transport,que le nom
&les Armes des Dauphins
feroient conservez par
ceux qui leur succede.
roientà perpétuité
5
& que
leur état seroit toûjours
possedé separément de la
Couronne de France, à
moins que l'Empire n'y
fût réuni. On ne peut douter
que les Rois nayent
eu en vûë de se conformer
à cette disposition dans
l'usage qu'ils ont toujours
suivi à l'égard des Declarations
& autres Lettres
expediées pour le Dauphinois
n'y ordonnent l'execution
de leur volonté
qu'en qualité de Dauphins
& fous le sceau & les Armes
des anciens Princes
de ce nom. D'ailleurs
quoyque leursOrdonnances
puissent estre générales
pour tout le Royaume
,
elles ne sont reçues
dans cette Province que
comme dans un état separé,
lorsqu'elles portent
les marques particulières
de leur autorité.
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Résumé : « Suivant les Traités faits en 1343. & 1344. entre Philippe [...] »
Le mémoire examine l'origine des premiers Dauphins de France, s'appuyant sur des traités de 1543 et 1344 entre Philippe de Valois et le Dauphin Humbert. Humbert, fils de France, envisageait de renoncer à ses droits en entrant en religion en 1349, rendant les clauses des traités inutiles. Informé de cette décision, le roi envoya des députés à Tournon pour confirmer Humbert dans sa résolution. Des négociations secrètes suivirent, et Humbert déclara son intention de renoncer à ses États. En mars 1349, un acte de transport fut rédigé à Romans, désignant Charles, fils aîné du Duc de Normandie, comme successeur sans conditions. Une cérémonie solennelle à Lyon le 16 juillet 1349 officialisa cette décision, où Humbert céda ses États à Charles en présence de nobles et de seigneurs. Humbert quitta le monde le lendemain en prenant l'habit de saint Dominique. Le Duc de Normandie retourna à Paris pour informer le roi, qui fit renoncer Philippe, son second fils, à ses prétentions sur le Dauphiné. Charles, confirmé dans ses droits, parcourut ses principales villes et fut proclamé Dauphin à Grenoble. L'acte d'investiture stipulait que Humbert se dépossédait réellement et corporellement de ses États, les transmettant à Charles et à ses successeurs. Les premiers fils de France furent alors considérés comme successeurs légitimes des Dauphins, portant ce titre en plus de celui d'héritiers de la Couronne. Les rois utilisèrent ce titre selon leurs besoins politiques et dynastiques, conservant les noms et armes des Dauphins dans leurs déclarations et ordonnances.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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