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1
p. 2817-2822
OBSERVATION sur l'impossibilité du Mouvement perpetuel.
Début :
Pour produire un Mouvement perptuel il faut une force infinie. [...]
Mots clefs :
Mouvement perpétuel, Force, Machines, Pendule, Action, Expérience, Horloge, Poids, Conserver , Principes des mécaniques
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texteReconnaissance textuelle : OBSERVATION sur l'impossibilité du Mouvement perpetuel.
OBSERVATION sur l'impossibilité
du Mouvement perpetuel.
Our produire um Mouvement perpetuel Poil faut une force infinie.
Je prouverai cette proposition après
avoir marqué quelques suppositions que
je crois nécessaires à mon sujet.
Je suppose , 1. que pour construire un
II. Vol.
Mou.
2818 MERCURE DE FRANCE
>
Mouvement perpetuel , selon l'idée que
tout le monde en a on ne peut se servir des Elemens que dans une action
qu'on leur donne , et non pas dans celle
qu'ils ont naturellement ; par exemple ,
qui mettroit une roüe sur un Fleuve , ou
une voile au vent , n'auroit pas trouvé
pour cela le Mouvement perpetuel ; il faut que ce mouvement vienne de l'industrie des hommes et non pas de la
nature des choses. On voit par là que
le feu n'est pas propre à ce sujet , parce
qu'il exige toûjours une nouvelle maticre à consumer. La Terre n'y peut servir tout au plus que pour soutenir les Machines que l'on pourroit faire à cette
occasion ; il ne reste donc que les corps
solides inanimez , l'eau et l'air , dont il
faut encore exclure les eaux courantes
et les Vents.
2°. Que dans toutes les Machines qu'on
pourroit faire pour conserver le Mouvement , il faut nécessairement qu'une partie fasse mouvoir l'autre , commele Tambour fait mouvoir lePendule, et l'eau chasse l'air d'un Scyphon , &c. car autrement
si aucune partie ne poussoit l'autre , ou
il n'y auroit aucun Mouvement , ou chacune agiroit par sa propre force , et alors
ce Mouvement ne tireroit pas son prin
cipe de l'industrie des hommes.
DECEMBRE. 1732. 2819
39. Que tous les corps tendent naturellement au centre de la terre , et que
pour qu'un corps en puisse éloigner un autre , il faut que celui-là contienne une
plus grande force que celui- ci, parce qu'il
lui faut la force d'élever l'autre et de s'élever lui-même , d'où je conclus qu'on ne
trouvera jamais le Mouvement perpetuel
par deux corps qui agissent réciproquement l'un contre l'autre.
non que
4°. Que force perpetuelle et force infinie , sont une même chose ; car quelle
idée avons- nous d'une force infinie , sic'est une force qui souffrant sans
cesse une dissipation et un écoulement
d'une portion d'elle-même , ne peut ccpendant jamais être epuisée ? mais cette
même idée ne convient- elle pas à la force
perpetuelle , puisque nous comprenons
que dans tous les siecles des siecles avenir on ne sçauroit jamais l'épuiser ?
5°. Que qui dit Mouvement , dit action , donc , qui dit Mouvement perpetuel , dit action perp tuelle.
6°. Que qui dit action' , dit force , donc
qui dit action perpetuelle , dit force perpetuelle ou infinie ; car ce n'est qu'une
même chose. Je vais prouver maintenant que pour construire une Machine dont
quelque partie soit ou puisse être dans
II. Vol.
1820 MERCURE DE FRANCE
un Mouvement perpetuel , il faut qu'elle
renferme une force perpetuelle ou infinie.
Pour produire , dans quelque genre que
ce soit , un Mouvement d'une minute , il
faut un certain degré de force , et pour
en produire un de deux minutes , ou pour
conserver le premier dans la seconde minute , il faut deux degrez de force , ou
une force d'un degré de force renouvellée. Pour un Mouvement de quinze minutes , il faut quinze degrez de force ;
donc pour conserver un Mouvement pen
dant une infinité de minutes , il faudra
une infinité de degrez de force , ou une
force infinie.
L'experience est parfaitement conforme à ce que je viens d'avancer. Ayez une
Horloge à poids , laquelle étant posée à
une certaine hauteur et tirée par un juste
poids de 8. livres , puisse conserver son
Mouvement pendant 24. heures ; si vous
voulez gagner du temps et faire que de
la même hauteur le poids reste deux jours
à descendre , la chose n'est pas difficile ,
et on le peut en trois manieres ; sçavoir ,
en ajoutant une roue moyenne , ou en
allongeant la Verge de Pendule , ou enfin en ajoûtant une ou plusieurs poulies;
mais de quelque biais que vous vous y
preniez , pourvû que vous conserviez
II. Vol. toûjours
DECEMBR E. 1732. 2820
toujours la même Lentille qui est au bout
du Pendule , vous ne ferez jamais mar
cher votre Horloge deux jours , que vous
ne doubliez le poids , et si vous voulez
qu'elle aille 8. jours , il vous faudra de
toute necessité au moins 64. livres pesant;
d'où je conclus que la force doit toujours être proportionnée à la durée du
Mouvement, et que si le Mouvement doit
durer toujours, la force doitagir toujours.
Elle ne le peut si elle n'est ou infinic ou
renouvellée , et ce dernier mot est opposé
à l'idée du Mouvement perpetuel.
l'on
Il est encore certain que si jamais le
Mouvement perpetuel pouvoit se trouver,
ce seroit toujours suivant les principes
des Méchaniques , c'est-à-dire , en employant la force contre la force ; or le
principe universel des Méchaniques ,
prouve également l'impossibilité du Mouvement perpetuel , le voici : ce que
gagne en temps et en espace ,
on le
perd en force et ce que l'on gagne en
force on le perd en temps et en espace :
expliquons ce principe dans le cas de
l'Horloge , et nous tirerons ensuite une
conséquence toute naturelle. Votre Horloge n'alloit qu'un jour et elle en va 8.
vous avez gagné 7. jours de temps , mais
vous avez perdu en force 7. fois la pe- 11. Vol. santeur
2822 MERCURE DE FRANCE
santeur du premier poids , puisqu'au liett
de 8 livres pesant , il en faut 64. De ce
principe je conclus que celui qui voudra
gagner infiniment en temps , perdra infiniment en force , et que le Mouvement
perpetuel ne peut être l'effet que d'une
force infinie ; il est donc absolument impossible , puisque tous les hommes ensemble ne sont pas capables de former
une force infinie.
D'ailleurs les vaines recherches qu'en
ont faites jusques ici tant de personnes
sçavantes , forment une preuve morale
de son impossibilité ; les differens moyens
d'y parvenir qu'on a souvent proposez
et qui ont disparu d'abord après , autorisent mon opinion , et j'ose ici prédire à
tous ceux qui travailleront à le cherher ,
qu'ils perdront immanquablement les uns
leur temps et les autres leur réputation ,
s'ils hazardent sur cette matiere de donner un jour quelque chose au Public, Si
quelqu'un vouloit faire l'honneur de proposer quelque difficulté à l'Auteur de
ces Refléxions il ose promettre d'y
répondre. Il fait son séjour à Villeneuvskez- Avignon. Le 21 Août 1732.
›
B. L. S.
du Mouvement perpetuel.
Our produire um Mouvement perpetuel Poil faut une force infinie.
Je prouverai cette proposition après
avoir marqué quelques suppositions que
je crois nécessaires à mon sujet.
Je suppose , 1. que pour construire un
II. Vol.
Mou.
2818 MERCURE DE FRANCE
>
Mouvement perpetuel , selon l'idée que
tout le monde en a on ne peut se servir des Elemens que dans une action
qu'on leur donne , et non pas dans celle
qu'ils ont naturellement ; par exemple ,
qui mettroit une roüe sur un Fleuve , ou
une voile au vent , n'auroit pas trouvé
pour cela le Mouvement perpetuel ; il faut que ce mouvement vienne de l'industrie des hommes et non pas de la
nature des choses. On voit par là que
le feu n'est pas propre à ce sujet , parce
qu'il exige toûjours une nouvelle maticre à consumer. La Terre n'y peut servir tout au plus que pour soutenir les Machines que l'on pourroit faire à cette
occasion ; il ne reste donc que les corps
solides inanimez , l'eau et l'air , dont il
faut encore exclure les eaux courantes
et les Vents.
2°. Que dans toutes les Machines qu'on
pourroit faire pour conserver le Mouvement , il faut nécessairement qu'une partie fasse mouvoir l'autre , commele Tambour fait mouvoir lePendule, et l'eau chasse l'air d'un Scyphon , &c. car autrement
si aucune partie ne poussoit l'autre , ou
il n'y auroit aucun Mouvement , ou chacune agiroit par sa propre force , et alors
ce Mouvement ne tireroit pas son prin
cipe de l'industrie des hommes.
DECEMBRE. 1732. 2819
39. Que tous les corps tendent naturellement au centre de la terre , et que
pour qu'un corps en puisse éloigner un autre , il faut que celui-là contienne une
plus grande force que celui- ci, parce qu'il
lui faut la force d'élever l'autre et de s'élever lui-même , d'où je conclus qu'on ne
trouvera jamais le Mouvement perpetuel
par deux corps qui agissent réciproquement l'un contre l'autre.
non que
4°. Que force perpetuelle et force infinie , sont une même chose ; car quelle
idée avons- nous d'une force infinie , sic'est une force qui souffrant sans
cesse une dissipation et un écoulement
d'une portion d'elle-même , ne peut ccpendant jamais être epuisée ? mais cette
même idée ne convient- elle pas à la force
perpetuelle , puisque nous comprenons
que dans tous les siecles des siecles avenir on ne sçauroit jamais l'épuiser ?
5°. Que qui dit Mouvement , dit action , donc , qui dit Mouvement perpetuel , dit action perp tuelle.
6°. Que qui dit action' , dit force , donc
qui dit action perpetuelle , dit force perpetuelle ou infinie ; car ce n'est qu'une
même chose. Je vais prouver maintenant que pour construire une Machine dont
quelque partie soit ou puisse être dans
II. Vol.
1820 MERCURE DE FRANCE
un Mouvement perpetuel , il faut qu'elle
renferme une force perpetuelle ou infinie.
Pour produire , dans quelque genre que
ce soit , un Mouvement d'une minute , il
faut un certain degré de force , et pour
en produire un de deux minutes , ou pour
conserver le premier dans la seconde minute , il faut deux degrez de force , ou
une force d'un degré de force renouvellée. Pour un Mouvement de quinze minutes , il faut quinze degrez de force ;
donc pour conserver un Mouvement pen
dant une infinité de minutes , il faudra
une infinité de degrez de force , ou une
force infinie.
L'experience est parfaitement conforme à ce que je viens d'avancer. Ayez une
Horloge à poids , laquelle étant posée à
une certaine hauteur et tirée par un juste
poids de 8. livres , puisse conserver son
Mouvement pendant 24. heures ; si vous
voulez gagner du temps et faire que de
la même hauteur le poids reste deux jours
à descendre , la chose n'est pas difficile ,
et on le peut en trois manieres ; sçavoir ,
en ajoutant une roue moyenne , ou en
allongeant la Verge de Pendule , ou enfin en ajoûtant une ou plusieurs poulies;
mais de quelque biais que vous vous y
preniez , pourvû que vous conserviez
II. Vol. toûjours
DECEMBR E. 1732. 2820
toujours la même Lentille qui est au bout
du Pendule , vous ne ferez jamais mar
cher votre Horloge deux jours , que vous
ne doubliez le poids , et si vous voulez
qu'elle aille 8. jours , il vous faudra de
toute necessité au moins 64. livres pesant;
d'où je conclus que la force doit toujours être proportionnée à la durée du
Mouvement, et que si le Mouvement doit
durer toujours, la force doitagir toujours.
Elle ne le peut si elle n'est ou infinic ou
renouvellée , et ce dernier mot est opposé
à l'idée du Mouvement perpetuel.
l'on
Il est encore certain que si jamais le
Mouvement perpetuel pouvoit se trouver,
ce seroit toujours suivant les principes
des Méchaniques , c'est-à-dire , en employant la force contre la force ; or le
principe universel des Méchaniques ,
prouve également l'impossibilité du Mouvement perpetuel , le voici : ce que
gagne en temps et en espace ,
on le
perd en force et ce que l'on gagne en
force on le perd en temps et en espace :
expliquons ce principe dans le cas de
l'Horloge , et nous tirerons ensuite une
conséquence toute naturelle. Votre Horloge n'alloit qu'un jour et elle en va 8.
vous avez gagné 7. jours de temps , mais
vous avez perdu en force 7. fois la pe- 11. Vol. santeur
2822 MERCURE DE FRANCE
santeur du premier poids , puisqu'au liett
de 8 livres pesant , il en faut 64. De ce
principe je conclus que celui qui voudra
gagner infiniment en temps , perdra infiniment en force , et que le Mouvement
perpetuel ne peut être l'effet que d'une
force infinie ; il est donc absolument impossible , puisque tous les hommes ensemble ne sont pas capables de former
une force infinie.
D'ailleurs les vaines recherches qu'en
ont faites jusques ici tant de personnes
sçavantes , forment une preuve morale
de son impossibilité ; les differens moyens
d'y parvenir qu'on a souvent proposez
et qui ont disparu d'abord après , autorisent mon opinion , et j'ose ici prédire à
tous ceux qui travailleront à le cherher ,
qu'ils perdront immanquablement les uns
leur temps et les autres leur réputation ,
s'ils hazardent sur cette matiere de donner un jour quelque chose au Public, Si
quelqu'un vouloit faire l'honneur de proposer quelque difficulté à l'Auteur de
ces Refléxions il ose promettre d'y
répondre. Il fait son séjour à Villeneuvskez- Avignon. Le 21 Août 1732.
›
B. L. S.
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Résumé : OBSERVATION sur l'impossibilité du Mouvement perpetuel.
Le texte traite de l'impossibilité du mouvement perpétuel. L'auteur affirme que la création d'un tel mouvement requiert une force infinie. Pour appuyer cette thèse, il présente plusieurs arguments. Premièrement, il souligne que la réalisation d'un mouvement perpétuel dépend de l'ingéniosité humaine plutôt que des forces naturelles des éléments. Deuxièmement, dans toute machine conçue pour maintenir un mouvement, une partie doit en actionner une autre. Troisièmement, tous les corps tendent naturellement vers le centre de la Terre, rendant impossible un mouvement perpétuel basé sur l'action réciproque de deux corps. Quatrièmement, une force perpétuelle est équivalente à une force infinie, car elle ne peut jamais être épuisée. Cinquièmement, un mouvement perpétuel implique une action perpétuelle, donc une force perpétuelle ou infinie. Enfin, pour maintenir un mouvement perpétuel, il faut une force infinie, car la durée du mouvement est proportionnelle à la force nécessaire. L'auteur utilise l'exemple d'une horloge à poids pour illustrer son propos. Il montre que pour prolonger la durée du mouvement de l'horloge, il est nécessaire d'augmenter la force appliquée. Il conclut que le mouvement perpétuel est impossible car il nécessiterait une force infinie, que les humains ne peuvent pas produire. Les recherches infructueuses menées jusqu'alors renforcent cette conclusion.
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2
p. 2003-2004
LOGOGRYPHE.
Début :
Dans mon nom deux noms se font lire, [...]
Mots clefs :
Mercure
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : LOGOGRYPHE.
LOGOGRYPHE.
Dans Ans mon nom deux noms se font lire ;
Noms communs , connus et distincts ,
Le premier est plus grand que le plus grand
Empire ,
Le second fait l'objet des sçavans Medecins.
Le premier est dans la Nature ,
Un corps exempt de pourriture ;
Le second dans un second sens •
Nourrit un grand nombre de gens.
De sept lettres , ôtez les trois qui sont au centre,
J'ai porté deux yeux dans mon ventre.
Revenez du milieu , mettez au bout ma fin
C'est un mets délicat et fin.
Orez ma tête et mes épaules ,
Joignez mon col aux deux bras en repos ,
C'est- là dans le Pays des Gaules ,
Le double prix que je vaux ;
Joignez à celui-cy , ma tête et sa seconde ,
Je suis sur le Vin et sur l'Onde ,
Sur terre près d'un Boeuf de travail fatigué ,
Et peu loin d'un homme enragé.
Ma queue enfin étant un peu tournée ,
Marque ce qu'on demande à ceux qu'on a
payez.
E
Fi2004
MERCURE DE FRANCE
Finissons , ma Muse gênée ,
Vous a déja trop ennuyez.
B. L. S. à Villeneuve - lès- Avignon
Dans Ans mon nom deux noms se font lire ;
Noms communs , connus et distincts ,
Le premier est plus grand que le plus grand
Empire ,
Le second fait l'objet des sçavans Medecins.
Le premier est dans la Nature ,
Un corps exempt de pourriture ;
Le second dans un second sens •
Nourrit un grand nombre de gens.
De sept lettres , ôtez les trois qui sont au centre,
J'ai porté deux yeux dans mon ventre.
Revenez du milieu , mettez au bout ma fin
C'est un mets délicat et fin.
Orez ma tête et mes épaules ,
Joignez mon col aux deux bras en repos ,
C'est- là dans le Pays des Gaules ,
Le double prix que je vaux ;
Joignez à celui-cy , ma tête et sa seconde ,
Je suis sur le Vin et sur l'Onde ,
Sur terre près d'un Boeuf de travail fatigué ,
Et peu loin d'un homme enragé.
Ma queue enfin étant un peu tournée ,
Marque ce qu'on demande à ceux qu'on a
payez.
E
Fi2004
MERCURE DE FRANCE
Finissons , ma Muse gênée ,
Vous a déja trop ennuyez.
B. L. S. à Villeneuve - lès- Avignon
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