LE VERITABLE AMOUR PERDU ;
ET FACILE A RETROUVER.
A Madame la Marquife de G.
D Ans les Archives de Cythere
J'ai lu qu'Amour , tout jeune encor
Dans Arles caché par fa mere ,
Y fit regner autrefois l'Age d'Or.
Dans ce féjour , jadis plein d'Amans tendres ,
Et dont les noms fur les muriers gravés
Malgré le tems font encor confervés ,
D'un coeur brulé d'amour on gardoit juſqu'aux
cendres ;
Ce fut là pour montrer à filer le parfait
Que Cupidon ouvrit fes premiers exercices ,'
Et ne bleffa jamais un coeur que d'un feul trait
Alors de fa bleffure on faifoit fes délices ;
Loin de chercher à s'en guerir ,
Lorfqu'on offroit des facrifices ,
C'étoit d'en mourir, pour obtenir la grace
Alors l'Amant le plus fidele
Toujours confumé d'un beau feu ,
Efperoit tout , fe contentoit de peu ,
Et ne demandoit rien ; fa flamme toujours belle
Toujours libre du joug des fens
ToûOCTOBRE.
1730. 21931
Toujours refpectueuſe & pure ,
Aux plaifirs de l'efprit immolant la nature ,
N'ofoit noircir par des feux inconftans
L'Autel qu'elle avoit fait fumer de fon encens.
Čet heureux tems n'eft plus
fideles
...
nos Bergers in-
D'Amour , du tendre Amour n'ont gardé que les
aîles ,
Et pour le retrouver nos foins font ſuperflus ;
L'homme aime mal , ou n'aime plus ;
A la fidelité l'impofture fait nargue ;
Le veritable Amour feroit- il en Camargue
Je le crois ... dans fes droits pour le faire ren
trer
De G ... n'a qu'à fe montier.
Par M. Mahuet , Avocat au Confeil.