HORLOGERIE .
Ldesouvrages de la nature ; les grands
A fimplicité eft le caractere diftin & if
artiftes qui s'efforcent de l'imiter , ont d'ail
leurs trop de raifon de fimplifier leurs ouvrages
pour n'y pas employer toutes les
reffources de leur art & celles de leur génie
: auffi l'Horlogerie fe perfectionne tous
les jours à cet égard par les foins de ceux
qui , conduits par l'efprit plus que par
leur routine , & plus jaloux de leur gloire
que de leur intérêt , s'occupent de tout ce
qui peut contribuer à l'avancement & au
progrès de l'art .
Une nouvelle production de ce zéle induſtrieux
vient d'attirer l'attention des cuMARS.
1755. 157.
rieux , quoique fimple en elle -même , c'eft
par fa fimplicité qu'elle doit mériter des
éloges .
Les cadrans , cette partie néceffaire des
piéces d'Horlogerie , ont fait jufqu'ici un
objet de dépenfe confidérable ; s'ils ont
fubi dans les différens tems divers changemens
, ces changemens , loin d'en rendre
la conftruction plus facile & le prix
plus modique , n'ont fait qu'en augmenrer
les difficultés & la dépenfe , en les rendant
plus défectueux par rapport au méchaniſme
même : une fimple obfervation en
convaincra . Tout cadran émaillé de dix
pouces de diametre , emporte néceffairement
environ un pouce de convexité , par
l'impoffibilité où font les Emailleurs d'en
faire de plats : cette convexité en exige une
dans le cryſtal de la lunette , qui doit être
encore plus confidérable , pour laiffer libre
le mouvement des éguilles , ce qui enchérit
tout à la fois & le cadran & le cryſtal.
Mais il en résulte un autre inconvénient
nuifible au méchaniſme , comme on vient
de le dire ; c'eft que le canon & les chauffées
doivent être allongées confidérablement
, à caufe de la convexité du cadran ,
ainfi que la tige du rochet dans les pendules
à fecondes : cette tige devient par
cet allongement d'une exécution beaucoup
158 MERCURE DE FRANCE.
plus difficile ; elle en devient auffi plus
flexible , & par conféquent fujette à des
frémiffemens continuels , qui à chaque
vibration doivent altérer la juſteſſe de la
pendule. On fent par là combien les cadrans
plats doivent être plus avantageux.
par cet endroit même. Il faut dire enfin à
la louange de MM. Le Paute , auteurs de
ceux dont on rend compte ici , que cet,
objet de dépenfe , qui étoit quelquefois
de cent cinquante livres en émail , fans
compter plus de foixante livres pour le
prix du cryftal , fe trouve réduit , par les
foins de ces ingénieux artiftes , à vingtquatre
livres tout au plus. Ils ont d'ailleurs
tout le brillant & toute la blancheur
de l'émail , au point que les gens de l'art
même y font trompés. Chacun a la liberté
de s'affurer par foi-même de l'avantage de
ces nouveaux cadrans. Le laboratoire de
M. Le Paute eft ouvert à tous les honnêtesgens
, à qui il ne fait aucun myftere de
fon fecret.