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1
p. 965-969
LA RENOMMÉE, ODE.
Début :
Nymphe qui d'une aîle legere, [...]
Mots clefs :
Vers, Nymphe, Guerrier intrépide, Plagiaires, Ruisseaux
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texteReconnaissance textuelle : LA RENOMMÉE, ODE.
LA RENOMME'E,
O D E.
Ymphe qui d'une aîle legere ,
Parcours sans cesse l'Univers ,
Qui , diligente Messagere ,
Annonces nos succès divers ,
Interrompt la route inconstante ,
De ta Trompette impatiente ,
Suspends le son audacieux ,
Sois attentive à ta loüange ,
Et va de l'Hebre jusqu'au Gange ,
Reprendre mes Vers en tous lieux.
M
Cent fois dans un foible courage ,
Tu fis naître un noble transport ,
Cent fois jaloux de ton suffrage
Il brava les fers et la mort ;
De l'honneur Arbitre suprême
T*
$ 66 MERCURE DE FRANCE
Ta voix peut à la vertu même ,
Ajoûter un éclat nouveau ;
Et tes cent bouches immortelles ,
Sçavent mieux que l'Art des Apelles ;
Affranchir un nom du tombeau.
Pourquoi ce Guerrier intrépide,'
Court- il affronter le trépas ?
En vain ta valeur qui le guide ,
Voit l'abyme ouvert sous ses pas ;
Est-ce le mépris de la vie ,
Est -ce l'amour de la Patrie ,
Qui conduit le jeune Vainqueur ?
Non , mais sous les yeux d'une armée ,
• Il combat pour sa Renommée ;
Seule elle anime son grand coeur.
Quel Mortel ici se presente ,
Dont la docte tranquillité ,
Par une route differente ,
Sçait trouver l'immortalité
Sa voix enfante des miracles ,
Et des misterieux Oracles ,
Sa plume éclaircit le cahos ;
Quel espoir le flatte et l'anime ?
C'est de se voir dans notre estime ,
A côté même des Heros,
Qui
AVRIL:
967 1731.
Oui, l'équitable Renommée ,
A placé dans un rang égal ,
Le Chantre (a) de Troye enflammée ,
Et le fier vainqueur (b) d'Annibal :
Ces grands hommes dignes d'un Temple ;
Serviront à jamais d'exemple ,
Aux coeurs jaloux d'un nom fameux
Les vertus qu'ils ont fait paroître ,
De leurs cendres semblent renaître ,
Et parmi nous vivre pour eux.
Mais que cette estime est trompeuse !
Que mal à propos notre orgueil ,
Porte sa vûë ambitieuse ,
Au-delà même du cercueil !
Vains efforts ! frivole esperance !
Nous cherchons une récompense ,
Dont nous ne serons plus témoins ;
Ah ! plutôt d'un prix si sterile ,
Dédaignons l'honneur inutile ;
Bornons nous à nos vrais besoins
Loin ce pernicieux langagé ,
Triste fruit des Reflexions ;
Suivons d'un favorable usage
Les flateuses impressions ,
>
(a) Virgile. (b) Scipion
Pro
968
MERCURE DE
FRANCE
Proposons - nous ces grands modeles ,
Qui malgré les Parques cruelles ,
A leur trépas ont survécu :
Aspirons à la même gloire ,
Et pour atteindre à leur memoire ,
Osons imiter leur vertu.
粥
Heureux qui peut pendant sa vie,
Recueillir le fruit précieux ,
Des Eloges qu'envain l'envie ,
Dispute à son nom glorieux !
Témoin du tribut legitime ,
Qu'à ses écrits rend notre estime ;
Lui-même en goute les douceurs ;
Déja ses sublimes ouvrages ,
S'attirent autant de suffrages ,
Qu'ils trouvent de nouveaux Lecteurs.
Comme un Fleuve auprès de sa source ;
Voit se perdre mille Ruisseaux ,
Superbe au milieu de sa course ,
Voit tout à coup enfler ses eaux ;
Ou comme la neige en la Trace,
Des floccons voisins qu'elle entasse
Grossit et roule en augmentant ,
Telle est plus abondante encore ,
D'un nom que notre estime honoré
La gloire croît à chaque instant,
Vous
AVRIL. 1731.
969
•
Vous donc , qu'un noble feu consume
'Auteurs , redoublez vos travaux
Que desormais chacun rallume ,
L'ardeur de vaincre ses Rivaux ;
Méprisez les vils Plagiaires ,
Ces Chantres dont les Airs vulgaires ,
Sçavent moins toucher qu'ébloüir ;
Et malgré l'envie allarmée ,
Faites-vous une Renommée ,
Dont vous-mêmes puissiez joüir.
Par M. de M. D. S. d'Aix la Chapelle:
O D E.
Ymphe qui d'une aîle legere ,
Parcours sans cesse l'Univers ,
Qui , diligente Messagere ,
Annonces nos succès divers ,
Interrompt la route inconstante ,
De ta Trompette impatiente ,
Suspends le son audacieux ,
Sois attentive à ta loüange ,
Et va de l'Hebre jusqu'au Gange ,
Reprendre mes Vers en tous lieux.
M
Cent fois dans un foible courage ,
Tu fis naître un noble transport ,
Cent fois jaloux de ton suffrage
Il brava les fers et la mort ;
De l'honneur Arbitre suprême
T*
$ 66 MERCURE DE FRANCE
Ta voix peut à la vertu même ,
Ajoûter un éclat nouveau ;
Et tes cent bouches immortelles ,
Sçavent mieux que l'Art des Apelles ;
Affranchir un nom du tombeau.
Pourquoi ce Guerrier intrépide,'
Court- il affronter le trépas ?
En vain ta valeur qui le guide ,
Voit l'abyme ouvert sous ses pas ;
Est-ce le mépris de la vie ,
Est -ce l'amour de la Patrie ,
Qui conduit le jeune Vainqueur ?
Non , mais sous les yeux d'une armée ,
• Il combat pour sa Renommée ;
Seule elle anime son grand coeur.
Quel Mortel ici se presente ,
Dont la docte tranquillité ,
Par une route differente ,
Sçait trouver l'immortalité
Sa voix enfante des miracles ,
Et des misterieux Oracles ,
Sa plume éclaircit le cahos ;
Quel espoir le flatte et l'anime ?
C'est de se voir dans notre estime ,
A côté même des Heros,
Qui
AVRIL:
967 1731.
Oui, l'équitable Renommée ,
A placé dans un rang égal ,
Le Chantre (a) de Troye enflammée ,
Et le fier vainqueur (b) d'Annibal :
Ces grands hommes dignes d'un Temple ;
Serviront à jamais d'exemple ,
Aux coeurs jaloux d'un nom fameux
Les vertus qu'ils ont fait paroître ,
De leurs cendres semblent renaître ,
Et parmi nous vivre pour eux.
Mais que cette estime est trompeuse !
Que mal à propos notre orgueil ,
Porte sa vûë ambitieuse ,
Au-delà même du cercueil !
Vains efforts ! frivole esperance !
Nous cherchons une récompense ,
Dont nous ne serons plus témoins ;
Ah ! plutôt d'un prix si sterile ,
Dédaignons l'honneur inutile ;
Bornons nous à nos vrais besoins
Loin ce pernicieux langagé ,
Triste fruit des Reflexions ;
Suivons d'un favorable usage
Les flateuses impressions ,
>
(a) Virgile. (b) Scipion
Pro
968
MERCURE DE
FRANCE
Proposons - nous ces grands modeles ,
Qui malgré les Parques cruelles ,
A leur trépas ont survécu :
Aspirons à la même gloire ,
Et pour atteindre à leur memoire ,
Osons imiter leur vertu.
粥
Heureux qui peut pendant sa vie,
Recueillir le fruit précieux ,
Des Eloges qu'envain l'envie ,
Dispute à son nom glorieux !
Témoin du tribut legitime ,
Qu'à ses écrits rend notre estime ;
Lui-même en goute les douceurs ;
Déja ses sublimes ouvrages ,
S'attirent autant de suffrages ,
Qu'ils trouvent de nouveaux Lecteurs.
Comme un Fleuve auprès de sa source ;
Voit se perdre mille Ruisseaux ,
Superbe au milieu de sa course ,
Voit tout à coup enfler ses eaux ;
Ou comme la neige en la Trace,
Des floccons voisins qu'elle entasse
Grossit et roule en augmentant ,
Telle est plus abondante encore ,
D'un nom que notre estime honoré
La gloire croît à chaque instant,
Vous
AVRIL. 1731.
969
•
Vous donc , qu'un noble feu consume
'Auteurs , redoublez vos travaux
Que desormais chacun rallume ,
L'ardeur de vaincre ses Rivaux ;
Méprisez les vils Plagiaires ,
Ces Chantres dont les Airs vulgaires ,
Sçavent moins toucher qu'ébloüir ;
Et malgré l'envie allarmée ,
Faites-vous une Renommée ,
Dont vous-mêmes puissiez joüir.
Par M. de M. D. S. d'Aix la Chapelle:
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Résumé : LA RENOMMÉE, ODE.
Le poème 'LA RENOMMÉE', publié dans le Mercure de France en avril 1731, personnifie la Renommée comme une messagère ailée qui parcourt l'univers pour annoncer les succès divers. Elle est capable de suspendre le temps et d'immortaliser les noms grâce à ses 'cent bouches immortelles'. Le texte explore les motivations des guerriers et des savants, soulignant que la quête de la Renommée anime leurs actions. Il met en parallèle des figures historiques comme Virgile et Scipion, illustrant comment leurs vertus et leurs exploits leur ont assuré une place éternelle dans l'estime des hommes. Cependant, le poème critique l'orgueil humain qui cherche une récompense posthume, jugée vaine et inutile. Il encourage les auteurs à redoubler leurs efforts pour mériter une Renommée authentique et à mépriser les plagiaires. Le poème se conclut par un appel à la persévérance et à la quête de la gloire légitime.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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