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p. 220-222
PHYSIQUE. Lettre de M. Ferrand, Maître-ès-Arts de la Faculté de Paris, & Chirurgien à l'Hôtel Royal des Invalides, à M. Vacher, Docteur en Médecine, sur la mort d'un homme, occasionnée par le tonnerre.
Début :
Monsieur, connoissant votre goût pour la Physique, & l'avidité avec laquelle [...]
Mots clefs :
Causes physiques, Tonnerre, Mort, Autopsie du cadavre, Soldat invalide, Observation médicale
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texteReconnaissance textuelle : PHYSIQUE. Lettre de M. Ferrand, Maître-ès-Arts de la Faculté de Paris, & Chirurgien à l'Hôtel Royal des Invalides, à M. Vacher, Docteur en Médecine, sur la mort d'un homme, occasionnée par le tonnerre.
PHYSIQUE.
LETTRE de M. Ferrand , Maître-ès-Arts
de la Faculté de Paris , & Chirurgien à
l'Hôtel Royal des Invalides , à MVacher,
Docteur en Médecine , fur la mort d'un
homme , occafionnée par le tonnerre.
Monfieur , connoiffant votre goût pour la
Phyfique , & l'avidité avec laquelle vous ſaiſillez
JU IN. 1756.
227
tous les objets qui ont rapport à votre art, j'ai cru
devoir vous communiquer ce qui a été obſervé à
l'ouverture du cadavre d'un Soldat Invalide , tué
par le tonnerre le 22 Mai.
Une petite portion de cheveux brûlés au côté
gauche de la tête , & une ( 1 ) échymofe affez confidérable
aux paupieres de l'oeil droit , firent d'abord
foupçonner que le coup avoit exercé fon
action fur le crâne & fur le cerveau ; ce qui déter
mina M. Guerin , Chirurgien - Major des Moufquetaires
, à examiner l'un & l'autre ' : mais il n'y
trouva rien qui pût vérifier le foupçon . Il n'y
avoit point de fente à la boîte offeuſe , point de
fracture , point de contufion. Le cerveau , avec fa
couleur & fa confiftance naturelle , paroiffoit n'avoir
fouffert aucun ébranlement . Il n'y avoit
point d'épanchement dans fes ventricules , ni fur
aucune partie de fa fubftance ; les vaiffeaux étoient
feulement engorgés comme ils le font à la fuite
des morts violentes : en un mot , le cervelet & la
moëlle alongée étoient abfolument fains .
On fut donc obligé de tourner fes recherches
du côté de la poitrine. J'en fis moi- même l'ouverture.
Le coeur étoit en bon état auffi -bien que
le lobe droit du poulmon ; mais le lobe gauche
étoit affaiffé , & les trois quarts environ de fa furface
poftérieure étoient couverts d'une tache violette
tirant fur le noir.
Je penfe , Monfieur , què d'après ce petit expofé
, on pourra deviner la caufe de la mort de cet
homme : l'affaiffement du lobe gauche du poulmon
femble l'indiquer. En effet , ne pare it- il , pas
vraisemblable qu'il a été étouffé foit par la vapeur
(1) Tache noire à la peau occafionnée par l'effe
fion du fang hors de fes vaiſſeaux.
K iij
222 MERCURE DE FRANCE.
foufre , qui , au fentiment des Phyficiens , eft un
poifon très-prompt pour tous les animaux , foir
par le défaut d'air . Car ne pourroit-on pas dire auffi
que lorfque la foudre , dans l'inftant de la détonation
aura chaffé ce fluide en le privant de fon
élafticité , cet homme ſe ſera trouvé dans un vuide
parfait , & qu'il fera mort de la même maniere
que les animaux que l'on enferme fous le récipient
de la machine pneumatique ?
Je pafferois les bornes que je me fuis prefcrites ,
fi je faifois les frais d'une differtation en regle.
Mon but a feulement été de vous faire part de
l'obſervation pour vous laiffer le foin d'en raifonner.
J'ai l'honneur d'être , & c .
LETTRE de M. Ferrand , Maître-ès-Arts
de la Faculté de Paris , & Chirurgien à
l'Hôtel Royal des Invalides , à MVacher,
Docteur en Médecine , fur la mort d'un
homme , occafionnée par le tonnerre.
Monfieur , connoiffant votre goût pour la
Phyfique , & l'avidité avec laquelle vous ſaiſillez
JU IN. 1756.
227
tous les objets qui ont rapport à votre art, j'ai cru
devoir vous communiquer ce qui a été obſervé à
l'ouverture du cadavre d'un Soldat Invalide , tué
par le tonnerre le 22 Mai.
Une petite portion de cheveux brûlés au côté
gauche de la tête , & une ( 1 ) échymofe affez confidérable
aux paupieres de l'oeil droit , firent d'abord
foupçonner que le coup avoit exercé fon
action fur le crâne & fur le cerveau ; ce qui déter
mina M. Guerin , Chirurgien - Major des Moufquetaires
, à examiner l'un & l'autre ' : mais il n'y
trouva rien qui pût vérifier le foupçon . Il n'y
avoit point de fente à la boîte offeuſe , point de
fracture , point de contufion. Le cerveau , avec fa
couleur & fa confiftance naturelle , paroiffoit n'avoir
fouffert aucun ébranlement . Il n'y avoit
point d'épanchement dans fes ventricules , ni fur
aucune partie de fa fubftance ; les vaiffeaux étoient
feulement engorgés comme ils le font à la fuite
des morts violentes : en un mot , le cervelet & la
moëlle alongée étoient abfolument fains .
On fut donc obligé de tourner fes recherches
du côté de la poitrine. J'en fis moi- même l'ouverture.
Le coeur étoit en bon état auffi -bien que
le lobe droit du poulmon ; mais le lobe gauche
étoit affaiffé , & les trois quarts environ de fa furface
poftérieure étoient couverts d'une tache violette
tirant fur le noir.
Je penfe , Monfieur , què d'après ce petit expofé
, on pourra deviner la caufe de la mort de cet
homme : l'affaiffement du lobe gauche du poulmon
femble l'indiquer. En effet , ne pare it- il , pas
vraisemblable qu'il a été étouffé foit par la vapeur
(1) Tache noire à la peau occafionnée par l'effe
fion du fang hors de fes vaiſſeaux.
K iij
222 MERCURE DE FRANCE.
foufre , qui , au fentiment des Phyficiens , eft un
poifon très-prompt pour tous les animaux , foir
par le défaut d'air . Car ne pourroit-on pas dire auffi
que lorfque la foudre , dans l'inftant de la détonation
aura chaffé ce fluide en le privant de fon
élafticité , cet homme ſe ſera trouvé dans un vuide
parfait , & qu'il fera mort de la même maniere
que les animaux que l'on enferme fous le récipient
de la machine pneumatique ?
Je pafferois les bornes que je me fuis prefcrites ,
fi je faifois les frais d'une differtation en regle.
Mon but a feulement été de vous faire part de
l'obſervation pour vous laiffer le foin d'en raifonner.
J'ai l'honneur d'être , & c .
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Résumé : PHYSIQUE. Lettre de M. Ferrand, Maître-ès-Arts de la Faculté de Paris, & Chirurgien à l'Hôtel Royal des Invalides, à M. Vacher, Docteur en Médecine, sur la mort d'un homme, occasionnée par le tonnerre.
La lettre de M. Ferrand, Maître-ès-Arts de la Faculté de Paris et chirurgien à l'Hôtel Royal des Invalides, adressée à M. Vacher, Docteur en Médecine, décrit l'autopsie d'un soldat invalide tué par la foudre le 22 mai 1756. Les premières observations notaient des cheveux brûlés et une ecchymose sur la paupière droite, suggérant une action du coup sur le crâne et le cerveau. Cependant, l'examen du crâne et du cerveau n'a révélé aucune fracture, contusion ou épanchement. Le cerveau semblait intact, et les vaisseaux sanguins étaient engorgés, comme souvent observé dans les morts violentes. Les recherches se sont ensuite orientées vers la poitrine. Le cœur et le lobe droit du poumon étaient en bon état, mais le lobe gauche du poumon était affaissé, avec environ trois quarts de sa surface postérieure couverts d'une tache violette tirant sur le noir. M. Ferrand suggère que cet affaissement pourrait être la cause de la mort, soit par l'effet toxique de la vapeur soufrée libérée par la foudre, soit par un manque d'air dû à la perte d'élasticité du fluide pulmonaire. Il conclut en laissant à M. Vacher le soin de réfléchir sur cette observation.
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